Le DVD permet de revoir des films rares que l’on n’ose pas rééditer et qui ne sont plus visibles que dans les cinémathèques (et encore souvent dans de mauvaises copies) et sur le câble.
En zone 1, par exemple, est sortie toute une série d’œuvres que nous traquions dans les années 60, pour finalement les découvrir en Belgique ou en Angleterre.
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Ainsi Beachhead (1954 – La Patrouille Infernale) de Stuart Heisler, aventures guerrières très joliment mises en scène (on a presque envie de dire chorégraphiées) par un réalisateur prisé par les néo macmahonniens et Martin Scorcese et dont Claude Chabrol louait la grande élégance stylistique (« Heisler est le cinéaste qui réussissait les raccords les plus élégants à Hollywood « ). Les travellings du début ne dépareraient pas une comédie musicale. (sous-titres français).
The Purple Plain (1954 – La Flamme Pourpre) est une des grandes réussites de Robert Parrish d’après un scénario excellent du romancier Eric Ambler. Film de guerre, belle histoire d’amour inter raciale, (pour la première fois dans un film américain parlant, l’héroïne est jouée par une autochtone et la fin heureuse brise deux tabous avec une grande élégance). La Flamme Pourpre est l’un des meilleurs rôles de Grégory Peck. Parrish nous raconte comment un pilote suicidaire va reprendre goût à la vie grâce à cet amour. (Sous-titres français).
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Monkey on my Back (1957 – Quand La Bête Hurle) d’André De Toth est un bon film sur les ravages de la drogue, tourné en même temps que L’homme au Bras d’Or (1955) de Otto Preminger. Mais il faut surtout voir l’extraordinaire chapitre 10, hallucinante suite de scènes de guerre se déroulant dans la jungle, sous des trombes d’eau, SANS UNE NOTE DE MUSIQUE. On a rarement aussi bien rendu la notion de carnage, de massacre. (Sous-titres français).
Ajoutons un quatrième film plus mineur, mais qui ne manque pas de qualité Beach Red (1967 – Le Sable était Rouge) au message très pacifiste, joué et réalisé par Cornel Wilde (on espère voir un jour The Naked Prey – 1966 – La Proie Nue) une vraie réussite et un remake inavoué des Chasses du Comte Zaroff (1932 – The Most Dangerous Game). Beach Red est une œuvre extrêmement sincère jusqu’à l’ingénuité, qui nous montre, ce qui est rare, l’autre camps (les Japonais comme des êtres humains qui ont des enfants, qui souffrent, qui se souviennent de leur femme). Wilde utilise une multitude de petites voix of (« est-ce qu’il y aurait toujours des guerres si on n’avait pas inventé les montres ? »), des flash-backs, des flash forwards traités en photos fixes, des plans d’insectes et de fleurs. La chanson du générique est chantée par sa femme, l’actrice Jean Wallace (qui n’a joué que dans ses films) et que l’on voit dans un bref retour en arrière. Le premier affrontement entre deux personnes n’intervient qu’après quarante minutes de film consacrées uniquement à la progression des troupes américaines qui ont débarqué sur la plage sans qu’il n’y ait aucun autre conflit ou aucune autre intrigue parallèle.
Dans le livre Feux Croisés (Institut Lumière / Actes Sud), Oliver Stone écrivait : « Tôt ou tard, on reconnaîtra Cornel Wilde comme le cinéaste original et personnel qu’il était . The Naked Prey est un regard sans complaisance sur la réalité de la nature, humaine et non humaine…Beach Red est un film de guerre sans concessions qui m’a secoué par sa sauvagerie et ses scènes de batailles brutales… »
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Un autre film de guerre encore plus méconnu, Go Tell the Spartans (1978) de Ted Post doit sortir incessamment. C’est une des œuvres majeures consacrée à la guerre du Vietnam à laquelle on donna un titre français stupide qui l’anéantit (Le Merdier) ! Et aussi l’un des meilleurs scénarios de Wendell Mayes à qui on doit La Colline des Potences (1959 – The Hanging Tree) de Delmer Daves, Autopsie d’un Meurtre (1959 – Anatomy of a Murder) de Otto Preminger.
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Aventures plus exotiques, The Wind and the Lion (1975 – Le Lion et le Vent) le meilleur film écrit et réalisé par le tonitruant John Milius où Sean Connery joue un seigneur de la guerre arabe, Brian Keith interprète Teddy Roosevelt et où certains moments évoquent Fuller.
Justement en parlant de Fuller, on annonce la sortie imminente en zone 2 de The Big Red One (1980 – Au delà de la Gloire) de Samuel Fuller que l’on pourra enfin voir dans sa version intégrale, qui vient d’être restaurée.
Placer Kurosawa parmi les cinéastes méconnus est quelque peu exagéré. Pourtant ses films noirs ne me semblent pas être mis à leur vraie place. Chien Enragé (1949), Entre le Ciel et l’Enfer (1963), ce dernier d’après un roman d’Ed McBain, sont pourtant tout aussi puissants, âpres et inventifs que ses chefs d’œuvres historiques ou que Vivre (1952) ou Dodeskaden (1970). La description du Japon de l’immédiate après guerre (Chien Enragé), une très longue scène de suspense dans un train (Entre le Ciel et l’Enfer), la fin dostoïevskienne de ce dernier film comptent parmi les grandes réussites de Kurosawa.
Je rappelle l’indispensable coffret consacré par ARTE à ce cinéaste et qui comprend entre autres Sanjuro (1962), La Forteresse Cachée (1958), Le Château de l’Araignée (1957). Attention, ces titres sont uniquement disponibles chez Arte /www.arteboutique.com/ et ce jusqu’au 31 Juillet 2005.
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Tout aussi indispensables, les coffrets consacrés par OPENING à Mizoguchi. Il faut voir et revoir L’Intendant Sansho (1954), Les Contes de la Lune Vague (1953), Les Amants Crucifiés (1954), La Rue de la Honte (1956).
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Signalons aussi la sortie d’un autre chef d’œuvre qui passa trop inaperçu l’année dernière : Memories of Murder (2003) de Joon-Ho Bong, l’un des meilleurs films policiers de ces dernières années.
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D’autres films marquants du cinéma coréen sont disponibles. Plusieurs films magnifiques de Im Kwon-Taek : Le Chant de la Fidèle Chunyang (2000 – chez Arte vidéo) avec d’excellents bonus et Ivre de Femmes et de Peinture (2002).
Et ceux, tout aussi fascinants, de Hong Sang-Soo : deux coffrets essentiels. Le premier (distribué chez TF1 vidéo) comprend trois chefs d’œuvres : Le Jour où Le Cochon est Tombé dans le Puits (1996), La Vierge Mise à Nu par ses Prétendants (2000), Le Pouvoir de la Province de Kangwon (1998). A travers des récits totalement libres, chaotiques, percutants, Hong Sang-Soo nous décrit des personnages déboussolés, des scènes d’amour incroyablement franches, fortes (notamment celles qui mêlent ivresse et pulsions sexuelles) et pourtant dépourvues de voyeurisme. Le deuxième coffret (édité chez MK2) contient ce film magnifique, à la fin percutante : Turning Gate (2002).
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Tout aussi dur, un très beau film israélien, Mon Trésor (2004) de Keren Yedaya avec Ronit Elkabetz (Prendre Femme) qui avait obtenu la camera d’or à Cannes en 2004. En bonus, interview de la réalisatrice et de la comédienne. Court métrage, Lulu (1999) de Keren Yedaya.
Et enfin, deux films français très originaux, produits par Les Films Jean Giono, à redécouvrir absolument : Crésus (1960), écrit et réalisé par Jean Giono, fable drôle et noire sur l’argent qui ne fait pas le bonheur (un film qui doit être réhabilité). Et Un Roi sans Divertissement (1963), œuvre inclassable, insolite de François Leterrier avec une magnifique photo de Jean Badal, une belle chanson de Brel et une adaptation très libre, par Giono lui même, de son roman. Remarquables bonus qui analysent très finement les rapports entre Giono et le cinéma.
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Autre film qui passa injustement inaperçu Travail d’Arabe (2003) de Christian Philibert, excellente comédie sociale dans la lignée des meilleures réussites italiennes de Dino Risi (saviez vous que l’on vient enfin d’éditer le roman de Giovanni Arpino d’où est tiré Parfum De Femme). Avant Brigitte Roüan, Philibert nous décrit avec verve et compassion les escroqueries commises par des entreprises de travaux qui saccagent l’intérieur de la maison d’une vieille et très savoureuse mamie sous prétexte de respecter les normes européennes. Ce qu’il nous fait toucher du doigt, c’est le lepénisme ordinaire, quotidien qui imprègne notamment le sud est de la France. Un film à découvrir..
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