Quelques repentirs et des films US
3 septembre 2010 par Bertrand Tavernier - DVD
Repentirs
FILMS FRANÇAIS
J’avais oublié de mentionner plusieurs sorties de films exceptionnels notamment chez Gaumont. Tout d’abord le coffret Ophuls qui comprend trois chefs d’œuvre sublime que j’ai vu et revu : LA RONDE, LE PLAISIR, MADAME DE. Et aussi LOLA MONTES sur lequel je continue à faire des réserves malgré de nombreuses séquences fulgurantes (le cirque, bien sur, moment inouï de cinéma où la présence de Martine Carol fait corps avec les ambitions du film), Peter Ustinov, Anton Walbrook et Oskar Werner. Les restaurations sont somptueuses et Marcel Ophuls apporte un éclairage passionnant.
Saluons aussi la sortie longtemps attendue de LA POISON, un immense Guitry, noir, décapant et de UN CONDAMNÉ A MORT S’EST ÉCHAPPÉ, l’un des très grands Bresson avec PICKPOCKET, LES DAMES DU BOIS DE BOULOGNE, AU HASARD BALTHAZAR (sur le tournage duquel Anne Wiazemsky a écrit un livre très émouvant). Il faut acheter ces différents titres. J’avais été stupéfait d’apprendre que les premières ventes de UN CONDAMNÉ – œuvre jamais éditée en cassette – avaient été plutôt molles ce qui me paraît inconcevable et choquant. Ou alors il faut admettre une baisse de la passion cinéphilique, de la curiosité, un transfert de cette passion sur les cinéastes à la mode. Ou bien accepter le fait que nombre d’amateurs se contentent d’une cassette copiée lors du ciné-club de Claude Jean Philippe ou Patrick Brion et ne voient pas l’intérêt d’acquérir un magnifique dvd qui rend justice à la photo et à la bande son d’origine.
Dans la même collection Gaumont, j’ai vu le Blue Ray bien restauré du ROUGE ET LE NOIR et je dois confesser que je déteste ce film, sa mise en scène horriblement guindée, académique, aseptisée qui justifie – contrairement à la TRAVERSÉE DE PARIS, DOUCE, EN CAS DE MALHEUR, OCCUPE TOI D’AMÉLIE – les attaques de Truffaut et consort. Lara et Max Douy ne sont pas inspirés par la couleur. Tous les décors sont sur éclairés. La photo de Michel Kelber est d’une immense platitude. La comparaison avec des films anglais, américains tournés lors de la décennie précédente, prouve le retard, le manque d’inspiration des chefs opérateurs français. Ne parlons même pas de Powell, prenons un Basil Dearden (SARABAND FOR DEAD LOVERS), un Gordon Douglas comme la MAÎTRESSE DE FER qui placent leurs personnages dans le noir, savent utiliser les ombres. Dans ce dernier film, sorti par Warner Archives, on trouve un duel au couteau nocturne, dans une pièce dont les combattants ont soufflé les bougies. Douglas et John Seitz utilisent simplement la lueur des éclairs. On chercherait en vain une séquence aussi brillante, des recherches aussi réussies dans le film de Lara. Y a-t-il une belle photo couleur en France dans les années 50 en dehors de FRENCH CANCAN ?
Gérard Philippe, trop vieux pour certaines scènes, est vraiment bon face à Darrieux, toujours parfaite. En revanche le choix d’Antonella Lualdi pour Mathilde de la Môle est une grossière erreur.
Lara déclarait dans un passionnant entretien accordé aux Cahiers du Cinéma qu’André Bazin avait demandé à la commission de censure de couper certaines scènes dans le couvent. Je croyais qu’on les avait retrouvées, en particulier celle de l’œuf que cite souvent Aurenche, lequel ne voulait pas plus adapter ce livre que Pierre Bost. Ni l’un ni l’autre n’étaient contents de leur travail et ils préféraient de beaucoup LA TRAVERSÉE, AMÉLIE, DOUCE voire le méconnu LES PATATES.
Pour me remettre de cette épreuve, j’ai commencé à voir LES LETTRES DE MON MOULIN de Pagnol. Là encore, restauration magnifique. Dans ces deux DVD, je n’ai pu voir que le premier sketch, l’Elixir du Père Gaucher que j’ai trouvé cocasse, léger dans sa manière de jouer avec les interdits de la Religion. On peut y déguster une de ces scènes de transaction financière dont Pagnol avait le secret. Et Rellys est, tout comme dans MANON, confondant de justesse. Ce film avait été, je crois, froidement reçu, et j’ai du mal à comprendre pourquoi. Je n’ai été gêné que par le curieux synchronisme des chants religieux dont certains ont été ajoutés au montage.
Et revenons sur une comédie dont je pense avoir parlé dans ma première chronique blog : l’excellent TRAVAIL D’ARABE de Christian Philibert, œuvre trop méconnue qui n’est pas sans rappeler certaines réussites de Risi ou Monicelli.
FILMS ITALIENS
Parmi les films italiens, je vais revoir dès que possible LE GENERAL DELLA ROVERE, invisible depuis vingt ans et découvrir DOMMAGE QUE TU SOIS UNE CANAILLE dont on me dit grand bien.
FILM POLONAIS
Il faut revenir sur TRAIN DE NUIT de Jerzy Kawalerowicz que j’ai trouvé remarquablement filmé : l’utilisation de l’espace, des couloirs, des rapports entre l’extérieur et l’intérieur des wagons n’a rien à envier à Fleischer ou Mann. Le ton de l’œuvre devient de plus en plus âpre et cette âpreté culmine lors d’une chasse à l’homme qui se transforme pratiquement en lynchage. La musique du film exécute de jolies variations vocales et instrumentales sur Moon ray.
FILMS ANGLAIS
Deux Thorold Dickinson viennent de sortir et qui sont considérés comme ses réussites les plus marquantes avec GASLIGHT : SECRET PEOPLE et surtout QUEEN OF SPADES. Je n’ai eu le temps de ne voir que le second qu’admire énormément Martin Scorcèse qui y voit l’une des dates du cinéma fantastique.
Thorold Dickinson a eu une carrière très étrange qui l’a amené à tourner en Afrique, aux Indes et finalement en Israël (LA COLLINE 24 NE RÉPOND PLUS) avant de diriger le service cinéma des Nations Unies et de devenir l’un des premiers professeurs d’écriture filmique en Grande-Bretagne.
C’est Anton Walbrook avec qui il avait tourné GASLIGHT (que l’on peut voir sur le dvd zone 1 du film de Cukor) qui le réclame sur QUEEN OF SPADES et il s’embarque sur ce projet 5 jours avant le début du tournage. Il va devoir improviser, lutter contre les pires contraintes (plateaux si petits que le carrosse de la comtesse, que le décorateur a exigé de construire en taille réelle, ne peut bouger que sur deux mètres), ré écrivant le scénario avec le producteur Anatole de Grunwaldt durant la nuit.
Cette adaptation de Pouchkine (qui sera plus tard filmée de manière assez heureuse par Leonide Keigel et photographiée par Alain Levent) est très brillante visuellement, voire flamboyante. Les décors, les effets sonores, les costumes, les accessoires prennent une grande importance, dans une référence constante au cinéma muet ou du début du parlant, même si la caméra est très mobile. La photographie d’Otto Heller sublime les problèmes de production (qui semblent avoir stimulé toute l’équipe), joue avec invention des fausses perspectives, des miroirs.
L’interprétation se veut aussi excessive et là je dois dire que j’ai des réserves face au jeu expressionniste d’Anton Walbrook, acteur si génial chez Powell et Ophuls, qui surligne ici les sentiments de son personnage. Au contraire de Dame Edith Evans dont on ne peut oublier la démarche. Je regrette aussi certains effets de montage lors de la dernière partie de carte. Mais j’ai envie de revoir ce film. Dans les bonus, on entend, après la présentation de Scorcèse et une analyse approfondie de l’œuvre de Dickinson, une introduction très amusante du metteur en scène qui explique les conditions de tournage et notamment comme il a obtenu la neige (aucun sous titre)
FILMS AMERICAINS
Je sais, les archives de la Warner ont sorti des titres à un prix prohibitif (surtout si on considère qu’il n’y a ni bonus ni sous titres) – prix qui est nettement diminué si on les télécharge – mais certains de ces titres étaient tellement rares que je me suis rué dessus.
Je pense à I LOVE MELVIN, une comédie musicale assez charmante, pleine d’énergie, réalisée par Don Weis (le réalisateur des AVENTURES DE HADJI BABA que portaient aux nues les cinéphiles durant les années 60) et qui reste méconnue, même des amateurs du genre. Mon ami Jean Pierre Coursodon l’adore, le plaçant sur sa liste des 10 meilleurs « musicals » , vantant le scénario de George Wells, le traitement des parents de Debbie Reynolds (surtout de sa petite sœur) et cette étude de l’égoïsme gentillet, ordinaire propre à des gens gentils.
Je ne serai peut-être pas aussi enthousiaste que lui, mais il faut admettre que le remarquable ballet de Hermes Pan où l’exquise Debbie Reynolds, jouant le ballon, passe de main en main, est irrésistible et justifie à lui seul l’achat du DVD de même que les deux numéros acrobatiques de Donald O’Connor.
Tout aussi rare ALL THE MARBLES est l’une des réussites les plus exemplaires, les plus sidérantes d’Aldrich. On a l’impression qu’il a voulu prendre à contre-pied ses détracteurs. Sur un sujet qui aurait pu lui inspirer les excès, la frénésie qui font le prix de certains de ses grands films (THE GRISSOM GANG), le catch féminin, Aldrich témoigne d’une délicatesse, d’une légèreté surprenante. Il filme ses héroïnes avec la même empathie, la même chaleur que Cassavetes avec les strip-teaseuses de MEURTRE D’UN BOOKMAKER CHINOIS.
Dans la même collection The UNFAITHFUL de Vincent Sherman qui n’est pas mal du tout. La première moitié est même très efficace, bien filmée avec une belle utilisation des décors lors du meurtre. Steven Geray est cauteleux à souhait, Eve Arden distille quelques excellentes répliques (à Zachary Scott qui lui dit « moi, j’ai attendu 2 ans », elle répond : « oui dans le Pacifique Sud. Essayez Wiltshire Boulevard ». Belle photo d’Ernest Haller et la musique de Steiner parfois envahissante développe un magnifique thème quand Lew Ayres mène l’enquête.
Ce remake ou plutôt ces variations sur la LETTRE, s’écartent adroitement de l’original, tout en conservant les références obligatoires que note Jean Pierre Coursodon : « , la sculpture remplace la lettre comme pièce à conviction, la femme de la victime veut se venger, le prix du chantage est le même (dix mille dollars!). Il y a des idées de mise en scène semblables (Sheridan tourne le dos aux autres quand elle ment, comme Davis) et au moins une ou deux répliques sont empruntées mot pour mot au film de Wyler (Geray reprenant un propos du secrétaire asiatique de l’avocat dans LA LETTRE sur le même ton cauteleux, l’antiquaire tenant le rôle de l’entremetteur qui était celui de Sen Yung)…
Davis tuait par passion et jalousie alors que Sheridan tue en légitime défense. .Les scénaristes, David Goodis et James Gunn ont inversé la situation : Sheridan a rompu avec son amant lequel avait délaissé Davis. Et le dernier tiers s’écarte radicalement de la version précédente. .
Cela faisait très longtemps que je voulais revoir ABE LINCOLN IN ILLINOIS de John Cromwell, écrit par Robert Sherwood d’après sa pièce qui remporta un grand succès en 1938. C’est en quelque sorte une suite du chef d’œuvre de John Ford (dont il recoupe certaines scènes sous un autre angle), VERS SA DESTINÉE qui commence par une après-midi pluvieuse de 1831, lorsque Lincoln âgé de 22 ans (Massey fait là trop vieux pour le rôle) quitte la maison familiale. Le film va raconter les 30 années qui suivent, jusqu’au voyage en train de 1860 qui l’emmène à Washington où, contre toute attente, il remportera les élections… Raymond Massey que beaucoup considèrent comme la plus juste incarnation de Lincoln sera nommé aux Oscars pour ce rôle
Comme dans le Ford, son histoire d’amour avec Ann Rutledge tourne court car elle meurt subitement de maladie et Lincoln, redevenu avocat, va rencontrer et épouser Mary Todd que joue magnifiquement Ruth Gordon.
Le film de Cromwell qui abonde en extérieurs filmés avec une certaine ampleur, frappe surtout par son refus de toute l’imagerie traditionnelle, voire par sa noirceur. Lincoln est montré comme un personnage souvent velléitaire, parfois opportuniste, hésitant, refusant au début de s’engager à fond contre l’esclavage bien qu’il le réprouve.
C’est sa femme qui le pousse, l’oblige à prendre les grandes décisions. Il ne veut pas se porter candidat et elle doit le lui arracher tout en sachant que l’Histoire ne retiendra d’elle que l’image d’une femme revêche et effacée.
C’est une œuvre en creux, qui suggère, aborde de manière oblique, les conflits qui vont ravager le pays. Aucune narration épique, mais un ton discret, austère, toujours en demi-teinte que je trouve relativement attachant. C’est un complément indispensable au Ford.
3 Gordon Douglas
Les Archives de la Warner viennent de sortir 3 excellents Gordon Douglas, the IRON MISTRESS, biographie peu factuelle mais très agréable à voir de Jim Bowie (qui périra à Alamo) que j’ai déjà mentionné. I WAS A COMMUNIST SPY FOR THE FBI qui part d’un postulat douteux (les soi disant confessions de Matt Cvetic qui informa le FBI sur les réseaux communistes contre rémunération, ce que le film, bien sur, ne mentionne pas) mais l’exécute avec un brio indéniable. C’est sans doute l’un des films anti-communistes les plus teigneux de l’époque. Les « rouges » sont machiavéliques, abjects. Ils excitent les Noirs à se révolter et tiennent d’effarants propos racistes (ce qui n’est pas aussi faux qu’on pourrait le penser, en tout cas en URSS), méprisent tous ceux qu’ils sont censés défendre, cognent sur les militants syndicaux avec des matraques dissimulées dans des journaux juifs. Mais la mise en scène est brillante avec une belle utilisation de la profondeur de champ, une belle photo, des cadres dynamiques et inventifs, et la poursuite finale mérite de s’inscrire dans les réussites du film noir.
GOLD OF THE SEVEN SAINTS est un western nonchalant, très bien écrit par Leigh Brackett, qui fut un projet de Hawks. Le scope noir et blanc est très bien utilisé, dès la première séquence nocturne et les paysages remarquablement intégrés à l’action. Les rapports entre Roger Moore, Clint Walker et la charmante Laetitia Roman sont plaisamment décontractés et amoraux jusque dans la chute finale (Walker et Moore sont d’ailleurs plus déshabillés que la jeune fille contrairement aux canons du genre). Les retournements dramatiques ont un petit côté hustonnien et la fin, avec un Gene Evans qui gémit, écrasé par un rocher et sur qui Walker verse de la poudre d’or en disant « Meurs riche » est inoubliable. À découvrir.
A WALK IN THE SUN (Le Commando de la Mort)
Depuis 30 ans, ce film de Milestone dans le domaine public n’était visible que dans copies délavées, des minables et horribles contretypes. VCI vient de sortir en dvd qui permet enfin de le voir dans de bonnes conditions. (aucun sous titre mais un bonus absolument passionnant qui comprend un long interview de Norman Lloyd qui raconte l’épopée que fut le tournage de ce film, les risques pris par Milestone qui paya de sa poche plusieurs semaines de tournage.
J’ai relu le fort beau roman (Une Promenade au soleil) de Harry Brown qui retrace la vie d’une patrouille en Italie et j’ai pu constater que le scénario de Robert Rossen reprenait pratiquement tous les dialogues lyriques, brisés, de Brown. L’ouverture du film montre à quel point Rossen respect les digressions du romancier (les tirades de Norman Lloyd sur la prochaine guerre qui va se dérouler au Tibet), les questions auxquelles on répond quelques phrases plus tard.
Certains échanges dans la deuxième partie, filmée sur fond de transparence, deviennent à l’écran, assez pesants. D’autant qu’une ballade, efficace au début, semble redire ce qui vient d’être détaillé. En revanche, la sécheresse des séquences d’action, leur sèche brutalité n’ont pas pris une ride que ce soit la destruction d’une auto mitrailleuse ou l’assaut de la ferme.
L’ambition de Milestone, filmer la guerre à hauteur d’hommes et s’intéresser plus aux sentiments qu’à l’héroïsme, atteint pleinement son but comme dans cette rencontre surprenante, touchante avec deux déserteurs italiens.
Je reviendrai sur ce film.
TITANIC
REVU avec beaucoup de plaisir NO MAN OF HER OWN et, poursuivant avec Stanwyck, j’ai enfin vu TITANIC de Negulesco dont la première partie est vraiment pas mal, bien écrite par Charles Brackett, Walter Reisch et Richard Breen (lequel est prépondérant ?). Il y a plusieurs détails originaux par rapport aux autres versions : les premières scènes ne se passent pas en Angleterre mais à Cherbourg, ce qui nous vaut quelques dialogues en français de bazar….
On assiste à une messe dans la grande salle du paquebot, transformée en chapelle (messe présidée par le capitaine).La première apparition des morceaux d’iceberg est très bien filmée : Robert Wagner (qui est transparent) jette sa casquette dans l’eau. Elle tombe parmi des blocs de glace. Tout ce qui tourne autour des parties de bridge est plutôt bien. Trouvaille du scénariste ou du cinéaste ? Il y a une boutique de tailleur à bord et Clifton Webb se fait faire un costume et commande un vrai pantalon pour son fils, moment assez réussi. Les rapports entre Webb et Stanwyck sont plutôt bien écrits, avec quelques échanges au rasoir durant la première moitié. Mais dans la deuxième, les rebondissements deviennent prévisibles de même que l’évolution des personnages : la transformation de Webb qui de dandy cinglant et égoïste devient un héros est traitée avec une grande lourdeur. Les scènes de panique sont pauvres, statiques, sans suspense et elles ne relatent pratiquement aucun des actes honteux commis par des passagers. Le film est presque muet sur les déficiences du navire et sur les comportements des passagers. Tout cela est montré beaucoup plus intelligemment, beaucoup plus fortement dans A NIGHT TO REMEMBER de Roy Ward Baker (sorti aux USA par Criterion et an Angleterre) écrit par Eric Ambler pour moi la version la plus satisfaisante, moins brillante que le James Cameron, moins lyrique mais plus intelligente et plus juste. Mais qui l’a vue en France ?
UNION STATION
Je viens de revoir UNION STATION (Midi gare centrale) que j’avais bien aimé quand j’avais 15 ans. Je me souvenais parfaitement de la longue séquence de filature dans le métro qui provoque la mort du gangster dans les abattoirs. Elle tient drôlement bien le coup et est même plus longue, plus variée que dans mon souvenir. Cette séquence aurait paraît-il inspiré celle de FRENCH CONNECTION.
UNION STATION est un bon film, l’un des meilleurs de Mate avec DOA (Mort A l’Arrivée) que vient de ressortir Wild Side. Le récit est bien mené, les extérieurs sont très efficaces. Les puristes évidemment ont remarqué qu’on mélange les gares de Los Angeles et de Chicago (il n’y a pas de métro aérien à Los Angeles, surtout au-dessus d’abattoirs). Je me suis demandé, en revoyant ces deux films, si Maté dans ses films noirs n’influençait pas le chef opérateurs : il y a des plans, des cadrages, des choix d’éclairages qui rappellent son travail d’opérateur. Cette utilisation de la lumière, ce choix des lieux sombres et oppressants (sous sols, tunnels) contredisent quelque peu les ambitions néo-réalistes et documentaires visiblement inspirées de NAKED CITY. Le décor est très bien utilisé – Dieu que les gares sont plus cinématographiques que les aéroports – et contribue beaucoup à l’intérêt qu’on prend au film. Lequel bénéficie d’un bon scénario, tendu, épuré, sec de Sidney Boehm (REGLEMENT DE COMPTES de Lang). On part d’un détail remarqué par une personne et peu à peu on découvre toute une machination criminelle, le tout dans un lieu qui brasse des milliers de gens. L’animation, la présence de la foule, la géographie du décor servent de contrepoint dramatique aux sentiments personnels. Le ton du film évite les parenthèses sentimentales Les flics sont durs, violents. Le criminel incarné de manière inoubliable par Lyle Betger est effrayant de cynisme : il répond à Jan Sterling qui lui demande si après la remise de la rançon, le père récupérera sa fille : « oui dans la rivière… prépare-moi du café ». Un peu plus tard, l’entendant à nouveau hurler, il déclare : « payer 100 000 dollars pour ça… » Holden est une fois de plus excellent et son personnage écrit avec efficacité (la manière dont il fait régner la loi dans la gare est traitée de manière amusante. J’ai toujours aimé Nancy Olson comédienne discrète et juste. Et Berry Fitzgerald reprend efficacement son personnage de NAKED CITY.
Je discuterai simplement la manière dont Maté place les flics dans la gare. Cela donne des cadres efficaces mais les rend très voyants d’autant qu’ils ne font que regarder. Il n’y en a pas un qui lit un journal ou mange un morceau. Autre détail, sans doute juste par rapport à l’époque : il n’y a pas une seule femme flic alors que la victime est une femme. Musique de Heinz Roehmheld (déjà… On le retrouve au générique de THE BLACK CAT et quand il a travaillé sur les Boetticher, il devait être très âgé).
Vu DARKTOWN STRUTTERS le dernier film de Witney produit par Gene Corman. C’est une horreur, une parodie idiote des stéréotypes blacks avec des effets farceurs d’une lourdeur écoeurante (accélérés, poursuites saccadées, tartes à la crème). À Fuir.
J’ai aussi revu the GIRL HUNTERS de Roy Rowland qui doit sortir chez Carlotta, avec pas mal de plaisir malgré la photo banale, la mise en scène correcte mais routinière et la bande son. Il n’y a souvent aucun bruitage sauf ceux qui sont obligatoires (fermeture de porte, coups de feu), aucune ambiance. On dirait une version post synchronisée sans piste internationale. Le film aussi détient, je pense le record des plans où le héros enfile ou ôte son imperméable et son chapeau. Ils ont dû s’en rendre compte car aux trois quarts, Mike Hammer « oublie » son imper dans une voiture, sur un dossier de chaise… Mais Mickey Spillane qui joue Mike Hammer, possède une sorte de présence néanderthalienne et les séquences qui l’opposent à Shirley Eaton, laquelle, sans justification, se retrouve toujours en bikini, sont assez marrantes, la bagarre dans la ferme vraiment violente. La fin est comme dans J’aurai ta peau, assez misogyne. L’acteur qui joue Pat n’est pas convaincant contrairement à Lloyd Nolan et Spillane insisita pour qu’on prenne l’éditorialiste Hy Gardner dans son propre rôle et collabora au script de même que Roy Rowland.
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Quelques notes encore sur votre Princesse…:
-admirable casting où le jeu de chacun sonne juste (M thierry s’inscrit dans la chaîne de vos plus belles héroines: Sabine Azéma, julie delpy, Marie gillain ou Isabelle carré/ Lambert wilson est un superbe Chabannes et a compris le cadeau que vous lui offriez: je ne dévoilerai pas la fin du film à ceux qui ne l’ont pas vu mais les « rallonges » -que ce soit au début ou à la fin ainsi que tous les moments liés au savoir- opérée par vos soins et ceux de J cosmos rend justice à ce magnifique personnage vite « évacué » par la fin sèche de la nouvelle)
-travail sur l’espace magnifique et digne de l’amoureux de westerns que vous êtes: durées des chevauchées, passage des saisons, choix de décors naturels admirables (qui donnent au marcheur et amoureux des Carnets du grand chemin de Gracq que je suis de les arpenter!)
-pures idées de mise en scène à placer dans l’inventaire de vos plus beaux moments de cinéma: l’ouverture admirable qui sait jouer avec la confusion sans devenir confuse, la rencontre sur le lac, le plan des masques avec sa diagonale formée par le paravent admirable par sa composition comme par sa dimension dramatique, le dernier plan sur Marie où le visage de M thierry n’est pas sans atteindre à l’émotion brute de celui de N Kidman à la fin de Eyes wide shut
Bref, même si le combat de cette réalisation fut rude , vous avez gagné haut la main!!!
Cher Bertrand,
Même si ce n’est pas la vocation de ce blog, je tenais à vous dire combien votre adaptation de La princesse …m’est apparue comme un modèle de transposition tant vos choix dramatiques sont pertinents (je pense à la lettre de Chabannes notamment qui est un écho de l’importance qu’a la lettre dans La princesse de clèves ou pour en revenir à votre oeuvre à la lettre lue en off à la fin de La vie et rien d’autre), tant les informations historiques d’une précision inouie s’immiscent naturellement dans la texture du film (bien évidemment: la nuit de noces mais aussi la confusion liée aux uniformes, l’inconfort du carrosse…).
Je vous reparlerai de votre beau film ultérieurement.
Quant au beau portrait de NT Bihn pour « empreintes », je ne peux qu’en louer la pudeur et l’émotion!
Donnez nous encore de beaux films et merci de savoir partager vos passions avec enthousiasme!
A Ballantrae
Avec beaucoup de retard, et de pudeur
Merci
Merci
Merci
Je viens de revoir LE GENERAL DELLA ROVER et le souvenir que j’en avais ne m’a pas déçu, bien au contraire, cette vision m’a enchanté, une histoire formidablement conté, un traitement des personnages qui évite tout manichéisme et pathos dans lequel un tel sujet pouvait tomber, le jeu excellent et plutôt moderne de Vittorio De Sica.
A noter la sortie chez Gaumont de La main du diable de Maurice Tourneur dans une très bonne copie Blu-ray, là aussi sur le film tout à été dit, sublime.
A quand de bonnes copies des films de Jacques Tourneur, rendant enfin justice à la photo.
PS : merci pour la princesse
A Alain Gauthier,
Vous voulez dire MAURICE Tourneur ? Pathé vient enfin de restaurer AU NOM DE LA LOI et dans une copie HD sublime, le très remarquable JUSTIN DE MARSEILLE
Cher Bertrand Tavernier
Je parlais bien de Jacques Tourneur,le fils de Maurice et je faisais référence à des films comme Cat People, Night of the Demon et Berlin Express mon préféré.
Merci pour l’info sur JUSTIN DE MARSEILLE qui est un film que j’adore.
Bonjour,
Dans la très belle collection de classiques chez Gaumont, que penser de « La main du diable » et « Les maudits » en Blu-Ray ? Des films, que je n’ai pas encore vus, et de la qualité de la restauration ?
J’ai été tout simplement médusé par les nombreuses qualités de « French Cancan », aussi bien artistiques (la dernière partie est admirable de bouts en bouts, on se croit au milieu d’un rêve) que techniques (sur le Blu-Ray en lui même).
Merci !
A Julien,
Les MAUDITS est un film très important (avec quelques défauts) sur lequel je reviendrai (C’est un film restauré alors que ceux de la collection rouge à 12 euros ne le sont pas). Je n’ai pas encore vu LA MAIN DU DIABLE, beau film de Maurice Tourneur et tout le monde a loué FRENCH CANCAN. On peut aussi trouver l’AFFAIRE MAURIZIUS, LE DERNIER DES 6, UNE HISTOIRE IMMORTELLE de Welles, le sublime TONI, LE BLÉ EN HERBE…
J’attends tout particulièrement Une histoire immortelle, LE sublime film en couleurs de welles (F for fakes, c’est autre chose tant on est dans le détournement d’images d’autrui, le bricolage génial amis bricolage tout de même réservé aux fous de welles qui sont légion) et espère pour avoir vuplusieurs versions qu’elles figureront dans le DVD: le montage est différent , la durée aussi mais je ne saurais dire en détails quelles sont ces variations.La dimension métonymique des décors parvient à donner à sentir l’ambiance d’une enclave coloniale fin XIxème siècle (je pense à ces gréements en amorce, dignes des sublimes solutions d’Othello. et puis notons l’interprétation formidable,l’utilisation subtile d’erik satie enregistré par le maître en la matière A Ciccolini( la meilleure avec celles de Mallick et de allen, kitano pour violent cop m’avait moins convaincu…).
Je connais vos Amis américains et me demandais si vous aviez « en stock » des entretiens avec d’autres auteurs tels que welles, fuller ou encore aldrich pour ne prendre que trois auteurs qui m’éblouissent continuellement à chaque visionnage.
Je sais que Bertrand Tavernier n’aime pas parler de lui sur ce blog mais je voulais quand même dire que je me suis régalé devant le numéro de l’émission « Empreintes » qui vient de lui être consacré… et que l’anecdote du spectateur avec son réchaud et sa boîte de petit pois m’a tordu les côtes (et pourtant, ayant participé plusieurs années à l’animation de petites salles de cinéma de quartier, j’en ai vu passer des excentriques).
A tout hasard, je signale l’existence en DVD du film de Raffaello Matarazzo TRENO POPOLARE (1933). Il s’agit d’une édition italienne, sans sous-titres français (mais avec sous-titre italiens), très bien restauré. Le film a souvent été perçu comme un précurseur du néo-réalisme car il est tourné entièrement en décors naturels. Dans tous les cas, il se situe par son thème dans le sillage de LES HOMMES LE DIMANCHE de Siodmak ou de NOGENT, le court-métrage de Carné, puisqu’il raconte l’escapade dominicale d’un groupe de Romains à Orvieto, le gouvernement fasciste ayant institué des tarifs réduits en train pour permettre aux citadins d’aller en villégiature le dimanche. Formellement, le film se rapproche de certains Renoir comme TONI ou UNE PARTIE DE CAMPAGNE. En tout cas, le film est remarquable et son impression première est celle de la fraicheur. Au demeurant, je connais peu les films de Matarazzo, ceux que je connais me laisse penser que le dictionnaire de Lourcelles est dans le vrai lorsqu’il en fait l’éloge. Le dvd TRENO POPOLARE ainsi que bien d’autres films de Matarazzo ne sont trouvable que sur les sites italiens ou suisse-italiens comme http://www.dvd-italia.ch/
A Harry Lime
Merci de cette précieuse contribution. J’aime beaucoup Treno Popolare (une des premières musiques de Nino Rota ?) qui en effet annonce certaines recherches neo réalistes. J’aimerais revoir aussi LE NAVIRE DES FILLES PERDUES. Ses mélodrames sont souvent passiopnnants et Freda les admirait beaucoup. C’était même le seul cinéaste italien dont il disait du bien, vantant son intelligence et sa sensibilité. En revanche FUMERIE D’OPIUM ou LE RETOUR DE ZA LA MORT est un pastiche un peu essouflé des serials auquel aurait participé Fellini comme scénariste. Mais là je suis prudent.
Sortie aussi de L’ARME A GAUCHE le second film de Sautet que je vais enfin pouvoir revoir.
Et de OCCUPE TOI D’AMELIE un des grands Lara, au scénario prodigieusement inventif. Et quel travail de Max Douy…
Le Navire des Filles Perdues ne semble malheureusement pas sorti en DVD, même en Italie ! Le Cinéma de Minuit de FR3 a diffusé cette année L’Esclave du Péché, qui s’est avéré un très beau mélo.
Bonjour à tous,
Puisque Marcel Ophuls est mentionné dans cette chronique, c’est l’occasion de mentionner que l’extraordinaire Hotel Terminus sortirait très prochainement en DVD (on attend cette sortie depuis tellement longtemps qu’il est permis de douter !) chez l’éditeur US Icarus Films le 26 octobre 2010 :
http://homevideo.icarusfilms.com/press/kbpr.html
Je n’ai pas trouvé d’information sur la qualité de l’édition, mais je suis sûr que tous les lecteurs des merveilleuses chroniques de B. Tavernier partageront mon enthousiasme !
Ci-après la liste des titres (28) en DVD à la demande de GAUMONT pour le 8/11/2010
– L’AFFAIRE MAURIZIUS (JULIEN DUVIVIER)
– AUX DEUX COLOMBES (SACHA GUITRY)
– BOULEVARD DU RHUM (ROBERT ENRIC0)
– CARTES SUR TABLE (JESS FRANCO)
– COPLAN PREND DES RIQUES (MAURICE LABRO)
– LES DEUX ORPHELINES (RICARDO FREDA)
– LE DOS AU MUR (EDOUARD MOLINARO)
– FABIOLA 1ère et 2ème EPOQUES (ALESSANDRO BLASETTI) 2DVD
– FAITES VOS JEUX MESDAMES//FEU A VOLONTE (MARCEL OPHULS)
– LA FAMILLE FENOUILLARD (YVES ROBERT)
– LE FRANCISCAIN DE BOURGES (AUTANT-LARA)
– LE GRAND ESCOGRIFFE (CLAUDE PINOTEAU)
– HARDI PARDAILLAN (BERNARD BORDERIE)
– HERCULE (ALEXANDRE ESWAY)
– LE DIABOLIQUE DOCTEUR Z (JESS FRANCO)
– LOULOU (MAURICE PIALAT)
– MARIE-ANTOINETTE ( JEAN DELANNOY)
– LE MASQUE DE FER (HENRI DECOIN)
– LES MYSTERES DE PARIS (ANDRE HUNEBELLE)
– LA PETITE VERTU (SERGE KORBER)
– SANS LENDEMAIN (MAX OPHULS)
– SEPT HOMMES EN OR (MARCO VICARIO)
– TAXI,ROULOTTE ET CORRIDA (ANDRE HUNEBELLE)
– LES YEUX DE L’AMOUR (DENYS DE LA PATELLIERE)
– CECILE EST MORTE (MAURICE TOURNEUR)
– LA VERITE SUR BEBE DONGE (HENRI DECOIN)
– TROIS CHAMBRES A MANHATTAN (MARCEL CARNE)
Magnifique ! LE FRANCISCAIN DE BOURGES d’Autant-Lara va sortir en DVD, c’est un film à redécouvrir à mon avis, même si les caractéristiques du personnage principal furent nettement affadis selon Jean Aurenche. Qu’importe, cela reste un grand film humaniste. Le film de Carné, Trois Chambres à Manhattan, d’après Simenon, est pas mal non plus. Idem pour L’Affaire Maurizius. Fabiolo de Blasetti est un péplum qui a une certaine réputation mais je ne l’ai pas vu.
Bertrand Tavernier,
Une petite notification amusante :
Dans « cinquante ans de cinéma américain », dans la notule consacrée à Raoul Walsh, vous appelez Wes Montgomery, le personnage principal joué par Joel Mc Crae dans le très beau « Colorado Territory », Wes… Craven.
Cela marque peut-être chez vous un goût coupable pour ce cinéaste qui semble loin de vos préoccupations !
A Jean Pop,
Cette erreur peut s’expliquer par l’absence de video sur ce film et peut être aussi par la vf. Plus surement par une confusion.
Wes Mc Queen, non? Pour le Wes Montgomery, c’est peut-être tout simplement parce que vous aimez le jazz… Sacré guitariste, Wes Montgomery, il jouait avec le gras du pouce, très beau son…
Monsieur Tavernier,
Admirateur de vos films (que je ne connais pas tous!), je viens en fait vous remercier ici pour tous vos commentaires dans les bonus de DVD. Ancien lyonnais(j’ai vécu à Lyon jusqu’à 23 ans, et je fréquentais assidûment l’Institut Lumière et le Saint-Polycarpe), j’adore en particulier les westerns: Mann, Ford, Walsh, Rudolph Maté, Wellmann, Stevens, Daves, Hathaway, Farrow, de Toth, Boetticher, Dwan, Tourneur, etc. Les commentaires que vous donnez, indépendamment de votre immense culture, permettent au spectateur de mieux comprendre pourquoi il aime un film ! C’est à tel point qu’après avoir vu un film sans vos commentaires j’en viens régulièrement à me dire: » Qu’est-ce que Tavernier aurait vu qui est resté caché pour moi? »(je pense à « Vaquero » pour ne citer que lui).
C’est vraiment chic qu’un grand cinéaste, par un blog ou des bonus DVD, se donne la peine d’expliquer et de communiquer sa passion. Vraiment merci.
A Alexandre,
Merci. Je crois que j’ai parlé de VAQUERO dans un de mes précédents blogs. C’est un fort bon film, bien écrit par le talentueux Frank Fenton et où Quinn fait une fois de plus mentir sa réputation d’acteur cabotin. Je le trouve d’une grande sobriété dans un rôle où il aurait tout pu se permettre. La photo est magnifique et le film échappe aux conventions…
A Jean-Jacques MANZARENA
et à tous les habitués du blog
La sortie du coffret ETAIX est confirmée par la FNAC au prix de 49,99€ pour le 2/11/2010;pas de précision sur l’éditeur mais des bonus alléchants.
J’ai pu grâce à votre message revoir le film Scènes de chasse en Bavière; une sortie en DVD s’impose (idem pour les Cloches de Silésie).
Vous avez raison de noter les sorties de l’éditeur POTEMKINE qui par chance est même bien distribué dans certains magasins de grande diffusion (CHAPITRE par exemple).Il reste à espérer qu’il trouvera un large public malgré le prix de ses DVD, car des perles sont disponibles;les cinémas des pays de l’Est dans les années d’après guerre jusque dans les années 70 méritent largement d’être remis en valeur;MALAVIDA fait aussi des miracles dans ce domaine.
C’est ARTE l’éditeur du coffret.
Sur Arte boutique vous trouverez le détail complet sur les films, courts métrages et la teneur des bonus.
A ne pas manquer.
Merci Augelmann!
J’ai signalé dans la chronique asiatique la sortie de City of life and death de Liu Chuan: compte tenu de votre amour envers le cinéma russe et le cinéma de l’Est en général, vous devriez être en terrain connu question intensité des émotions, parti pris esthétiques foudroyants, sens de la dialectique aiguisé.
Désolé d’insister tant que je vous tiens: vous semblerait-il intéressant de concevoir avec un collectif de cinéphiles un dictionnaire des cinémas de l’Est? Je vous en sens capable mais ne vous en voudrais absolument pas si vous décliniez.
Amitiés cinéphiles!
Merci beaucoup ! Je cherche Les lettres de mon moulin.
Les films de Claude Autant-Lara ayant fait l’objet d’un certain nombre de message, je signale avoir revu récemment LE FRANCISCAIN DE BOURGES, qui date de 1967 et qui conte l’histoire véridique d’un moine-soldat allemand officiant comme infirmier auprès d’un centre de détention lié à la Gestapo. Parmi tous les films d’Autant-Lara des années 60 que j’ai vu, c’est celui que je préfère. Peut-être à cause de son sujet: comment conserver son humanité dans un monde inhumain ? Le traitement y est sobre, Hardy Krüger y est excellent et Autant-Lara prouve qu’il ne fut pas seulement excellent dans la satyre sociale. Pas d’édition DVD ou même VHS de ce film…
Revu également avec délectation pour la 2 ou 3ème fois DOUCE, qui n’a pas d’édition DVD non plus !!! René Château avait naguère édité une VHS.
GAUMONT sortira dans le cadre de sa série DVD à la demande « Le Franciscain de Bourges ».Il sera uniquement disponible sur le INTERNET.Il s’agit d’une version « Son et image d’origine »,pas de travail de restauration.Une première liste de 25 titres,détaillé lors d’un précédent message est sortie le 6/10/2010; une deuxième liste de 28 titres est prévue pour le 8/11/2010. Je la donnerai dans son intégralité dans un prochain message.
A Augelman
Il y a dans cette liste des titres épatants qui vont du sublime TONI de Renoir à UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE de Deray en passant par LES JEUX DE L’AMOUR de De broca, UNE HISTOIRE IMMORTELLE de Welles et, surprise, ESTOUFFADE AUX CARAIBES que j’ai acheté
Tout à fait d’accord avec vous Bertrand, concernant « le Rouge et le Noir » que j’ai découvert en blu ray. Je n’ai pas été emballé au contraire du « général della Rovere » que j’ai trouvé formidable. J’en profite pour saluer le travail de certains éditeurs comme Gaumont, Studio Canal (rééditions du 3ème homme, Elephant man…) et bien sûr Wild Side ou Carlotta.
D’autre part, j’espère assister à une avant-première de votre film pour en parler aux lecteurs de mon blog.
A bientôt j’espère.
Petit repère bibliographique……la bonne nouvelle pour les anglophones, c’est une nouvelle biographie de Patrick McGilligan, consacrée cette fois à Nicholas Ray, intitulée The glorious failure. Et, croisons les doigts, peut-être enfin la première biographie de John Huston digne de ce nom, par Jeffrey Meyers, l’auteur d’une remarquable biographie consacrée à Ernest Hemingway. Il faudra attendre l’automne 2011 pour les voir arriver dans les librairies américaines. Plus proche, au printemps, un Conversations with Martin Scorsese de Richard Shickel, qu’on annonce sur le modèle des Hitchcock Truffaut et Wilder-Crowe. Et déjà dans les rayons une biographie à l’américaine de Dreamworks, assez succulente, de Nicole Laporte, The Men Who Would be king. De ce côté de l’Atlantique, un Jean Luc Douin consacré à Jean-Luc Godard, un dictionnaire Eustache chez Leo Schhre et deux gros volumes entiers de chroniques de Pauline Kael.
If I might respond to Jeanpop2’s request for titles about pre-code Hollywood : the best text in English that I know of is Mark Vieira’s Sin in Soft Focus , well-informed, well-written, and beautifully illustrated. Should JP2 be interested in the Breen Office’s post-code depredations , he might seek out Jack Vizzard’s See No Evil. Vizzard was a member of the Code office for decades, so this is an account of censorship straight from the horse’s … mouth. And for dessert, might I suggest Richard Schickel’s essay « Auteur of Our Misery » ( in his book MATINEE IDYLLS ), which argues that the code imposed an adolescent mindset in regards to sexuality on several generations of Americans. Which it did. And the effects are still being felt.
Thank you Michael, I’ll check these books !
very good…too cool
Quelle guigne… Je pensais aller à votre avant-première de la « princesse de Montpensier » aux 400 coups le 30/09 mais c’était déjà complet. J’attendrai le mois de novembre.
Je suis donc allé voir le même soir « Des hommes et des dieux » qui est un film superbe et dont le Grand prix à Cannes est mérité : sujet plus que jamais d’actualité sur la tolérance (et l’intolérance) inter-religieuse et inter-ethnique couplé à des images et une interprétation magnifique.
Arthur Penn à son tour tire sa révérence…
Même si ce cinéaste n’a pas tourné ses grands films durant mes débuts en cinéphilie, j’ai l’impression que ses films étaient très présents dans mon imaginaire durant mon adolescence via la TV: à cette époque, il était possible de voir en prime time Bonnie and clyde, Le gaucher,Little big man… et il y avait une évidente parenté et avec des cinéastes antérieurs (Ford, aldrich, Fuller…) et avec les wonderboys (Coppola, Scorsese, cimino…).
Comme Peckinpah, il incarnait l’alliance entre choix esthétiques culottés et cinéma de genre.
Outre les titres cités plus haut, je retiendrai bien évidemment Miracle en Alabama ,La fugue (vous en dites tout le bien nécessaire dans vos 50 ans…), Georgia ( célébré en son temps je crois mais injustement oublié). J’aime aussi beaucoup le bizarre, biscornu et picaresque Missouri breaks qui possède un sens de l’espace et de l’absurde parfois confondant (je me trompe peut-être mais ne peut-on déceler le souvenir de ce film dans certaines scènes de There will be blood ?)et trouve de l’intérêt à The chase même s’il est très inégal.
En revanche, Target et Dead of winter ne me semblaient pas très réussis, alice’s restaurant ne me plait pas (c’est sûrement très subjectif)et je n’ai jamais vu Mickey one.
C’est vrai que GEORGIA est un film trop méconnu de Penn. Je ne l’ai pas revu depuis un bail et je pressens qu’il a du prendre la patine pas toujours très agréable des années 80. Mais il m’avait plu car c’est un de ces films sur l’amitié que les Américains ont le don de concevoir comme LE GROUPE, NEXT STOP GREENWICH VILLAGE, AMERICAN GRAFFITI, VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER ou… LES COPAINS D’ABORD que je viens de m’acheter et vais re-découvrir. Et il y a deux séquences difficilement oubliables : une « fin de party » tragique et un début de mariage qui l’est encore plus (elle m’avait fait bondir sur mon siège à sa sortie en salle).
Je suis sans doute fleur bleue mais j’aime énormément ALICE’S RESTAURANT malgré son gentil laisser-aller (qui est raccord avec le fond) et puis il y a la séquence des funérailles avec une chanson bouleversante.
Quant à THE CHASE, il reste – malgré ses excès à la limite de la caricature (les faibles sont très faibles, les lâches très lâches, les vicieux, les garces, les vulgaires, les masochistes etc.) un de mes films favoris pour plusieurs raisons :
1. Il est celui qui m’a le mieux rappelé l’atmosphère délétère, violente et moite d’un des bouquins les plus puissants que je connaisse, « Les Fous du Roi » de Robert Penn Warren (dont les adaptations au cinéma sont – à mes yeux – plus ou moins des catastrophes) ;
2. C’est un des plus beaux scope couleurs qui soit ;
3. La musique de John Barry est une splendeur (notamment le final quand Jane Fonda apprend la mort de James Fox à l’aube) ;
4. Angie Dickinson y est… à tomber (je conçois que ce critère est un peu limité mais j’assume à 200%).
Et j’ai moi aussi très envie de découvrir enfin MICKEY ONE dont je ne connais que des extraits très engageants et la somptueuse musique de Stan Getz et Eddie Sauter.
Les copains d’abord pour habile qu’il soit ne m’avait pas spécialement impressionné tant on y sent les volontés d’écriture de Kasdan qui ne s’avèrera pas un très bon cinéaste que ce soit dans le polar sulfureux (La fièvre au corps), le western (le sympa mais un peu boursouflé silverado et le terrifiant Wyatt Earp) ou encore la comédie ( I love you to kill). Comme dans le cas de James Lee Brooks, mike nichols ou plus récemment Paul haggis (excellent scénariste pour Eastwood en revanche) , les critiques américains surcotent des scénaristes/dialoguistes devenus cinéastes de manière un peu mystérieuse de ce côté ci de l’Atlantique.
Les hommes de théâtre devenus cinéastes semblent souvent plus convaincants ainsi en va t-il de Sam mendes dont le récent noces rebelles rattrapé en DVD m’a vraiment impressionné par sa densité, son refus des effets faciles, sa tension qusi bergmanienne pour appréhender l’implosion d’un couple.
La disparition d’Arthur PENN que je viens d’apprendre,au delà de l’émotion ressentie me fait penser à 2 films dont on parle peu : Georgia mais surtout « La Fugue ».
A Augelman
VOUS AVEZ MILLE FOIS RAISON
Avez-vous revu Missouri breaks depuis la rédaction de l’article consacré à A Penn? Je pense que ce film étrange gagne à être revu que ce soit pour les scènes picaresques autour des voleurs de la bande de Nicholson, pour les excès de Brando , pour la mise en scène des exécutions des outlaws ou la mort de Brando (c’est surtout à cette scène que je pensais quand j’évoquais There will be blood), pour le sens aigu de l’espace et la superbe photo.
Le scénario de La fugue, sa construction, l’interprétation de Hackman, la photographie…tout est absolument admirable. Détail amusant: la référence à Rohmer (selon un article de Kent jones, le scénario d’alan Sharp faisait référence à Chabrol) lors d’une réplique drôle autant qu’injuste « J’ai vu un film de rohmer une fois. J’ai cru regarder sécher une peinture. ». A posteriori, anecdote bizarre que la réunion de ces trois noms de grands disparus de l’année 2010…
Par ailleurs, aviez-vous rencontré Penn?
Revu avec un très grand plaisir un magnifique Duvivier LA TÊTE D’UN HOMME, diffusé au ciné-club de France 2. Il existe bien une version vhs (très rare) de ce film, mais pas de DVD et on peut raisonnablement se demander pourquoi. Comme beaucoup de films réalisés à l’aube du parlant, la mise en scène est très inventive (caméra subjective, scène hors-champ, plan audacieux…). L’interprétation est magnifique, notamment celle d’Alexandre Rignault; Harry Baur est un très bon Maigret et sa « partie d’échecs spirituel » avec l’assassin (Inkiinoff) très réussi.
J’ai vu pour la première fois BONNES A TUER de Henri Decoin que BT déconseillait. A juste titre. Scénario peu invraisemblable, interprétation très inégale. Un Decoin très moyen.
Vu également un Autant-Lara assez rare: LE BOIS DES AMANTS, avec Terzieff. Le film dans sa première partie n’est pas trop mal et sa peinture de l’occupation plutôt réussie. Mais, dès le début de l’histoire d’amour, ca ne tient plus. Tout devient invraisemblable. Terzieff n’est pas très bon à mon avis, les dialogues assez mauvais. A noter que l’éditeur, Studio Canal, a « oublié » de traduire les nombreux dialogues en allemand, si bien qu’un 20% du film peut rester énigmatique. Concernant Autant-Lara, j’avais revu dernièrement LE DIABLE AU CORPS, dont le Bois des Amants reprend bon nombre de thèmes (guerre, amours impossible…). Mais, au niveau de la qualité, il n’y a pas photo entre les deux films !
A Harry Lime, le scénario adaptait (ou plutot ignorait) une pièce poussiéreuse et vieillotte : Terre Inhumaine. Ce titre fut oublié car il évoquait selon Husson un film cannibale : Terrine Humaine) et les dialogues sont d’un auteur boulevardier sympathique mais mille fois moins talentueux qu’Aurenche, Albert Husson
Bertrand Tavernier,
Vous présentez tellement de suppléments DVD que j’ai presque l’impression de vivre avec vous, ce qui ne plairait pas à mon amie si elle habitait chez moi et si elle n’était pas mariée à un autre.
J’ai récemment vu « The scar » qui m’a absolument estomaqué. Le film m’a fait penser à Joseph H.Lewis, un grand cinéaste hétérogène (comme l’étaient dans leurs oeuvres des grands génies comme Kleist, Huysmans ou Conrad). Insistez auprès des autorités pour des rééditions de ce grand cinéaste, S’IL VOUS PLAIT.
Une question subsidiaire qui n’a rien à voir : Savez-vous si ont été écrits des livres (en Anglais aussi) sur deux périodes fascinantes et peu étudiées du cinéma américain :
– Les débuts du parlant avant le code
– Les années 60 des réalisateurs tels Frankenheimer, Mulligan, Schaffner, Leslie Stevens, etc. ?
A Jeanpop 2
Il y a un ou deux livres sur le premier sujet (un aux USA dont je ne me rappelle plus du titre et un d’Alain Masson)
Et il y a des études mais floues sur cette génération. Parfois des articles sur chacun des cinéastes
A Jeanpop 2
Mes pouvoirs sont très limités. Je n’arrive pas à mettre la main sur les autres Steve Sekely qui ont une bonne réputation : MY BUDDY entre autres
Monsieur Tavernier . Nous attendons tous un COFFRET DE TOTH
votre ami qui nous a quitté . Dans l’esprit de celui magnifique d’ALLAN DWAN . Et en VOSTF , bien sur . Vous pouriez peut-etre user de votre influence , qui n’est pas sans effet ! Ne soyez pas modeste .
Vu , THE SCAR – film étonnant , bien réalisé , en aucun cas
ennuyeux . Bravo a VINTAGE CLASSICS qui l’a sorti dans une belle copie .
Autre chose , qui ne vous est pas destiné = J’ai pas mal de
films VHS – tous en VOSTF . Les copies prisent sur CINETOILE
oou CLASSICS sont superbes pour des VHS .
Je les offre gratuitement a tous les cinéphiles du blog ,
je les ai transferés en DVD – et a 67 ans , ma religion !!!
m’interdit de jeter la culture quelle qu’elle soit .
TITRES ENTRE AUTRE = LILITH – RED PINK HORSE – LA GRANDE HORLOGE – MOONRISE – CAPIVE CITY – LA FAIM ( suédois )
ect …… Les personnes intéressés peuvent m’envoyer un
mail = bernard.faure7@free.fr .
PS = SORT HELAS EN ZONE 1 = JOHNNY STACATO – les 27 épisodes – sans sous-titres francais .
Bien cordialement
BERNARD
Cher Monsieur Tavernier,
je me permets de vous contacter pour vous parler d’un projet d’adaptation documentaire de mon livre « archives secrètes du cinéma français ». L’INA souhaiterait le produire et j’aimerai beaucoup que vous y participiez d’une manière ou d’une autre. Pourrions-nous en parler ce week-end, peut-être à l’issue de votre « malle aux trésors » à laquelle j’ai l’intention d’assister ?
Je suis évidemment à votre entière disposition.
Laurent Garreau
06 88 88 70 15
Personne ne parle de La Beauté du Diable, de R. Clair, dont une édition vient de ressortir ; qu’en pensez vous ?
J’ai un avis compliqué sur ce film, parfois j’adore, parfois il m’irrite au plus haut point par son côté faussement expressionniste, fantastique. Et puis Gérard Philippe n’est pas ce grand acteur qu’on dit trop souvent, je trouve.
N’est-il pas surévalué ?
hervé
A Hervé
Je n’aime pas beaucoup voire pas du tout, préférant de loin LE SILENCE EST D’OR et les muets. Et 14 JUILLET
Je préfère aussi les films de René Clair réalisé entre le début du parlant et Le Silence est d’Or, mais je n’ai jamais compris pourquoi cette BEAUTE DU DIABLE est tant détesté par certains critiques, hormis bien sur pour des raisons politiques qui ne sont plus d’actualité. On invoque parfois le fait que Simon surclasse Philippe, mais même si cela est vrai ce n’est pas une raison pour honnir le film.
Sans oublier Sous les toits de Paris, Le million et A nous la liberté , chefs d’oeuvre des débuts du parlant dotés d’une liberté de narration et de ton magnifiques.
La période américaine n’a rien d’indigne si on considère ces joyaux que sont Fantôme à vendre, La belle ensorceleuse, C’est arrivé demain: ces titres sont aussi allègres que des comédies strictement américaines signées Hawks,La Cava, Léo mac Carey.
Au très Le silence est d’or, j’adjoindrais durant l’après guerre Les grandes manoeuvres et Belles de nuit, deux collaborations avec Gérard Philippe effectivement plus convaincantes que La beauté du diable, un exercice de style « à la manière de » Carné lorgnant aussi vers le liliom de Lang: ce titre peine à faire un tout unifié comme si des ingrédients épars,isolément intéressants étaient collés sans plan préalable.
On pourrait tracer une diagonale dans la comédie française allant de Linder à Iosseliani (et Podalydès dans ses meilleurs jours: Dieu seul me voit, liberté oléron , le mystère de la chambre jaune) en passant par Clair, Tati et Etaix!
Je crois avoir lu quelque part que Ioselliani aime beaucoup René Clair. En tout cas, dans les quelques films de Ioselliani que j’ai vu, j’ai cru voir une parenté entre les deux cinéastes.
Oui, le fait est avéré: il y a bien affiliation consciente.
Pour les DVD US, quelques commentaires:
-All the marbles est effectivement un film au sujet improbable (aussi improbable que celui de Murder of a chinese bookie,Million dollar baby et plus récemment Tournée avec pour point commun un regard décalé sur la femme) qui emporte le morceau grâce à une écriture très libre et fluide sans les scories aldrichiennes usuelles -que par ailleurs j’adore!- et par un travail d’équipe qui peut évoquer effectivement Cassavetes ou le Eastwood de Bronco billy. Avez-vous rencontré souvent le grand Bob? Autre question: que pensez vous de emperor of the north sorti en DVD chez Opening sans boni mais dans une fort belle copie? Je vous pose la question car vous en parlez peu dans 50 ans … or il m’apparaît comme l’une des plus belles réussites d’aldrich aux côtés de ulzana’s raid,en quatrième vitesse ou Vera cruz.
-comme je l’avais déjà dit, j’ai pu comparer dans un court intervalle Young Mr Lincoln et Abe lincoln in illinois et trouve que le second, sans égaler le souffle fordien mais telle n’est pas son intention, s’impose par son réalisme que ne contredit pas une photographie inspirée et contrastée. Certaines ellipses sont frappantes après coup et le départ de Lincoln « vers sa destinée » dans le train marque l’esprit.L’interprétation est effectivement très moderne dans le registre sobre: Massey se refuse à tout effet, travaille sur les silences ou les zones d’ombre du personnage dépassé par ses contradictions.J’en reviens à la mine d’or que constitue le bouquin d’Howard zinn qui cite ainsi deux abolitionnistes à propos des vélléités de Lincoln: « une politique balbutiante, boiteuse, équivoque, irrésolue, faible et imbécile » (Garrisson) « comme homme de second ordre, il était de tout premier ordre »(Phillips). « Print the legend!!! »comme disait ford dans liberty valence…et je pense qu’il fait cela dans Young mr Lincoln!
Je pourrai parler des heures d’Aldrich, cinéaste que j’aime de plus en plus. L’EMPEREUR DU NORD est bien mais moins fort qu’ULZANAH et ALL THE MARBLES.
Je ne vais pas m’étendre car je suis sur le départ pour présenter mon film en Province.
Quant à Lincoln, il y a quand même une certain nombre de prescience et de décisions fortes, sans parler de l’adresse de Gettysburg, l’un des plus grands discours de tous les temps. Ken Burns parle bien de Lioncol dans THE CIVIL WAR. Sans sur valoriser son role mais en expliquant ce qui motive ses décisions ou ses hésitations
Le film de ken burns est effectivement très éclairant: n’étant pas historien de formation , je ne prétendais pas déboulonner Lincoln mais prendre note des documents soumis à la sagacité du lecteur par H Zinn et moduler l’hagiographie comme nous pourrions le faire pour nombre de nos hommes d’état entrés dans le mythe.
J’espère que nous pourrons parler plus tard d’Aldrich car ce cinéaste me tient de plus en plus à coeur, y compris quand il semble (ce n’est pas mon avis) se fourvoyer dans l’outrance comme dans Hush, hush.. ou bien the killing of sister Georges.Avec Fuller, il est le plus libre et le plus excessif des inventeurs de formes du cinéma américain apparus durant l’après guerre.Un digne héritier du grand Von Stroheim!!!
Pour en venir à La princesse de Montpensier:
-où le présenterez-vous en Province?
-le scénario sera t-il édité? d’autres documents du type journal de tournage? Je pense travailler sur la question de l’adaptation avec mes lycéens et ces documents me seraient utiles.
A Ballantrae
Je ne suis pas là pour parler de mes films mais je peux signaler que le scénario vient d’être édité par Flammarion avec le texte de Madame de Lafayette (12 euros)-
Cher Bertrand,je ne voulais pas vous importuner ici à ce sujet!
Par conséquent, j’essaierai de vous envoyer un courrier (manuscrit? je demanderai à mon vieil ami Jean Marie Barbaro comment procéder) concernant La princesse… afin de vous poser quelques questions sur le film mais aussi sur la possibilité de vous voir venir en Dordogne, pas tant pour mon « plaisir personnel » que pour la germination de graines cinéphiles supplémentaires chez des lycéens plutôt prometteurs.
A signaler aux habitués du blog: beau dossier sur le décor dans le positif d’octobre avec entretiens précis accordés par Assheton Gorton (Lester,Blow up , Reisz et Legend de ridley scott pas forcément abouti mais au décor génial)et par Guy Claude François décorateur génial de Molière et de nombre de vos films et aussi un article passionnant de JP Berthomé sur les décors de La nuit du chasseur.
Bonjour
Par le plus grand des hasards, votre tournée « princière » passerai t-elle par la bonne ville de Pau ??
Je viens de découvrir via canalsat Too late for heroes, un Aldrich de 1970 plutôt en mineur si on le compare à Play dirty d’A de toth (à quand une belle édition par les soins de l’institut lumière?) sur un sujet voisin et si on mesure les analogies nombreuses avec Dirty dozen mais il n’en demeure pas moins que même dans un projet poins ambitieux, le grand Bob réussit à insuffler énergie, fulgurances de mise en scène et esprit iconoclaste par intermittences.Et Michael Caine demeure toujours impeccable!
Gaumont vient d’annoncer une rafale de DVD pour sortie le 4/10/2010, au nombre de 25, avec pas mal d’inédits.
-TONI(RENOIR)…. enfin
-DEUX HOMMES DANS MANHATTAN (MELVILLE)
-UN PAPILLON SUR L’EPAULE (DERAY)
-UNE HISTOIRE IMMORTELLE (WELLES)
-LES JEUX DE L’AMOUR (DE BROCA)
-LE DERNIER DES SIX (LACOMBE)
-LADY PANAME (JEANSON)
-LES BELLES DE NUIT (CLAIR)
-LE JOUEUR (AUTANT-LARA)
-LE VAL D’ENFER (MAURICE TOURNEUR)
-LE BLE EN HERBE (AUTANT-LARA)
-GALIA (LAUTNER)
-LE MONTE CHARGE (BLUWAL)
-PEAU D’ESPION (MOLINARO)
-LES MYSTERES D’ANGKOR(DIETERLE)
-LES ABYSSES (PAPATAKIS)
-LES POSSEDES (WAJDA)
-SPLENDOR (SCOLA)
-LA VOUIVRE (GEORGES WILSON)
-PLEIN SUD (BERAUD)
-CONSEIL DE FAMILLE (COSTA GAVRAS)
+ LA TRILOGIE DES CAROLINE CHERIE ET ESTOUFFADE A LA CARAÏBE pour mémoire.
Ayant assez souvent reproché à GAUMONT ses promesses sans suite,il faut saluer les efforts faits et visibles depuis plusieurs semaines; j’attends notamment le MELVILLE,le DERAY,LE WELLES,LE DE BROCA.
A Augelman
Le Lacombe n’est pas mal et la premiere partie de LADY PANAME. Et le Scola et le Beraud
Sans oublier le « Melville » et le « Deray » !!! Ainsi que « Le blé en herbe » d’Autant-Lara…
J’ajoute, au risque de faire hurler les esprits chagrins, que l’édition d’ « Estouffade à la Caraïbe » constitue une très heureuse surprise. Produit par André Hunebelle, il s’agit d’un « film de série » fort divertissant, doté d’une distribution attachante (Frederick Stafford, Jean Seberg, Paul Crauchet, Serge Gainsbourg…) et d’un dialogue souvent savoureux (un officier tortionnaire affirmant avec zèle qu’«il vaut mieux torturer dix innocents que laisser échapper un coupable » !). Toujours avec Stafford (essentiellement connu des cinéphiles pour sa prestation – très honorable – dans « L’Étau » de Sir Alfred), j’appelle à la sortie en DVD de « L’Homme qui valait des milliards » (1967), réalisé par Michel Boisrond et réunissant notamment Raymond Pellegrin, Peter van Eyck, Anny Duperey et Christian Barbier. Une excellente adaptation d’un (bon) roman de gare signé Jean Stuart ayant pour titre Cendre et fumée. Dialogues percutants, mise en scène aérée et rythmée, belle affiche (avec Anny Duperey « à croquer » et Christian Barbier impressionnant de cruauté), belles bagarres (dont une, mémorable, entre Stafford et deux truands flanqués d’un couple de bergers allemands particulièrement féroces !)… Une série B à la française, en tous points digne de ses homologues contemporaines made in USA.
A Alexandre, On va vérifier. Merci
Et vous oubliez tous Les abysses de N papatakis, superbe adaptation des bonnes de Genet!Complément passionnant à La cérémonie de chabrol passé par Highsmith pour un sujet semblable ou aux blessures assassines de JP Denis (parenthèse:qui tourne en ce moment à côté de chez nous, je vais assister au tournage de son nouveau film Ici bas ce jeudi).
Mes deux grandes satisfactions sont la sortie de Toni qui est un diamant un peu délaissé aujourd’hui après avoir brillé pour les cinéphiles des 50’60’ et celle de une histoire immortelle, le joyau de Welles (reste àa savoir dans quelle version…).
Le Wajda est une curiosité très inégale et peu satisfaisante compte tenu de son ambition de raduire en moins de deux heures Les possédés de dostoievski , via la pièce de Camus.
Le Melville est intéressant mais ne m’apparaît pas commel’un des chefs d’oeuvre du maître.
A Jean-Jacques Manzarena
Merci pour vos messages sur Chabrol et sur la volonté de faire découvrir aux autres ses oeuvres.
Pour le film avec Jean-Claude Drouot, si je ne me trompe pas il devrait s’agir de « La Rupture »;film qui avec « Juste avant la nuit » sont peu évoqués,peut-être à cause de leur « dureté ».
Bien qu’ils soient différents,je ne peux m’empêcher de penser aussi à Claude Sautet: tous les deux dépeignent la société des années 1970 avec beaucoup d’acuité et mettent à nu la cruauté de cette société; je dis cela car à l’époque, nous parlions (à tort)de cinéastes « bourgeois » exposant les « petits bobos au coeur » des bourgeois.
Heureusement Sautet et Chabrol ont depuis retrouvé leur véritable place.
A Augelman
Entierement d’accord
Oui, c’est La rupture…terrifiant!
Rajoutons quelques titres tout aussi inattendus :La ligne de démarcation négligé trop souvent,L’oeil de vichy passionnant montage d’images d’époque, Le cri du hibou à l’atmosphère oppressante,le politique et perturbant Nada .
Et bien sûr le plus attendu Violette Nozières!
A Zéro de conduite et Bertrand Tavernier
Il existe déjà un DVD en zone 2 du film « Le Carrosse d’Or » sorti (une fois de plus) en Angleterre en2009. Vous pouvez le trouver sur le site d’Amazon en France (prix élevé : plus de 20€)ou bien sur le site d’Amazon UK (un peu plus de 7£;port à ajouter); plus pratique le site playcom (un peu plus de 11€,mais pas de frais de port).Je dois préciser que les informations sur les pistes sonores demandent confirmation(j’attends une réponse sur ce point)ainsi que sur les sous-titres: sont-ils amovibles ou imposés?je ne manquerai pas de nous en tenir informé. Le titre du DVD est : »The Golden Coach ».
Bon,j’ai dû y aller un peu fort avec Autant Lara!!!
Et pourtant, je vous jure que ce ne sont que mes impressions de spectateur, pas influencées -je crois…j’espère!- par l’a priori anti Autant Lara des « cahiers jaunes ». Douce m’a épaté au même titre que Occupe toi d’Amélie par sa force corrosive, son sens du rythme, des choix plastiques novateurs.
Désolé si mon habitude de la controverse l’a encore emporté…
Vous qui avez rencontré nombre de cinéastes, avez-vous déjà croisé Otar Iosseliani? Quelque chose me dit que vous pourriez vous entendre…
A Bertrand Tavernier
A propos des films de Claude Autant-Lara,il y a aussi « Tu ne tueras point » avec Laurent Terzieff (absolument remarquable)qui est tombé dans les oubliettes et qui est invisible que ce soit à la télévision.Ne parlons pas du DVD: il n’y en a pas;peu d’oeuvres d’Autant-Lara sont éditées en DVD.
Rien ne va plus pour le beau Claude Plus d’affaires de bonnes femmes Plus de parties de plaisir La Rupture It’s just after ,yes, after nightfall But the films ,yes, the films , remain this side of the line of demarcation. For C.C. 1930-2010
Je signale que fin novembre est prévu la sortie en plusieurs DVD des courts métrages KEYSTONE de Charles Chaplin. Ce sont les CM les plus anciens de Chaplin, ceux qu’il tourna pour Keystone, généralement sous la férule de Mack Sennett. C’est sauf erreur la première intégrale de ces courts métrages. Une autre intégrale regroupe les courts métrages ultérieurs (dès 1915)
Bonjour cher monsieur TAVERNIER .
je m’introduis a petits pas dans votre blog , que je viens
de découvrir . Comme disent les jeunes – QUE DU BOHNEUR !
Nous vous devons tous quelque chose pour vos films et votre
immense culture cinéphile , mais surtout vos analyses toujours passionnantes .
VOS AMIS AMERICAINS est un livre admirable .
Vous m’avez fait découvrir – un HATHAWAY superbe = la FILLE DU BOIS MAUDIT ( vostf)- acheté des sa sortie ( récente ) Des couleurs somptueuses pour un film de 1937 – Quoi de plus vivant , de plus beau , que les deux visages de GARY et S SIDNEY , cadré entre une fenetre en rondins = éternelle
et belle jeunesse .
J’ai apronfondi , grace a vous , l’oeuvre de votre DELMER DAVES , cet humaniste si sensible .
Je pourais multiplier les exemples , mais vous me trouvreriez peut-etre un peu flateur .
Nous avons des sorties DVD – prochaines tres intéressantes =
BIEN sur LE COFFRET F BORZAGE – annoncé un peu cher ( 65 euros ) VINTAGE classics doit sortir CAUSE FOR ALARM . (vostf)
Un film noir moyen , je pense .
Merci d’indiquer , pour tous les intervenants , dans les parutions ZONE 1 – la présence de sous -titres francais .
Beaucoup comme moi , ne maitrisant pas suffisament l’anglais . Allez , je me replonge dans LA CHEVAUCHES DES BANNIS – une merveille D’ANDRE De TOTH . Qui nous a quitté
centenaire magnifique .
Bien cordialement
Bernard faure
Et maintenant Claude Chabrol…quelle triste année!
Bonjour Mr Tavernier,
Bonjour et merci en ce mois de Septembre 2010 et pour votre assiduité de chroniqueur émérite et avisé.
Peu de réactions sur mon tabloïd pour cette rentrée DVD cinéma de la part de vos plus fidèles lecteurs de votre blog…Etonnant tout de même!
J’attends votre réponse concernant ma question restant en instance de validation lors de votre chronique précédente…Merci si vous avez un élément de réponse!
Bien à vous et merci encore de nous faire partager tant de passion et de clairvoyance sur ce que le cinéma peut nous proposer de mieux!!!! Un inconditionnel.
En ce dimanche sombre,la mort de Claude Chabrol me ramène des souvenirs concernant « La décade prodigieuse » qui est pourtant loin d’être réussi;film tourné dans ma région natale,l’Alsace,la présence d’Orson Welles a donné lieu à des sorties gastronomiques dignes d’Epicure qui restent dans les mémoires. Une belle image souriante à conserver : Chabrol le bon vivant.
Son envie,identique à celle de Bertrand Tavernier,de revisiter les cinéastes oubliés,Lang notamment pour « La Cinquième victime » dans une émission de télévision de Pierre André Boutang et surtout « Chasse à l’homme » qu’il plaçait très haut.
Je vais regarder ce jour « La Cérémonie » d’une manière différente évidemment. La sortie il y a peu de « les Noces rouges » est une occasion pour ce qui connaissent mal son oeuvre de la découvrir.
A Augelman,
J’adorais Claude Chabrol, et j’ai travaillé pour lui : LES BONNES FEMMES, LE BOUCHER, QUE LA BETE MEURE, BERRY, UNE AFFAIRE DE FEMME, L’IVRESSE DU POUVOIR. Sa mort me bouleverse comme celle d’Alain Corneau, autre ami, autre compagnon. Triste rentrée
De tout coeur avec vous, Bertrand.Comme toujours dans ces circonstances, les mots sont bien faibles…
De notre côté, nous ne pouvons rien faire d’autre que voir, revoir, faire découvrir leurs films qui nous tiennent le plus à coeur…et perpétuer leur vision ouverte du cinéma par notre cinéphilie.
Il faut revoir bien des chabrol millésimés à commencer par Les cousins, le beau serge,le boucher, que la bête meure, une affaire de femme, la cérémonie ou les noces rouges puis revisiter des chabrol tout aussi formidables mais plus oubliés tels que Les fantômes du chapelier, Betty (adaptation exemplaire de l’univers et de l’écriture de simenon), Masques ou encore ce terrible film où J cl Drouot s’en prend dès les premières images à son petit garçon et dont le nom m’échappe maintenant. Et pour rire, car claude chabrol aimait rire, même revoir ses « nanars » comme il disait: exemple, jours tranquilles à clichy!
A Ballantrae
Merci
Aux côtés de l’admirable Train de nuit- que je trouve (c’est une opinion et non un fait, je précise, cher bertrand!) supérieur à narrow margin qui restait plus habile que vraiment doté d’une pensée de l’espace- notons que le cinéaste est aussi l’auteur de :
– Mère jeanne des anges (1961) inspiré par l’affaire de Loudun qui constitue aussi le sujet des bien surestimés Diables de ken russel…le noir et blanc est magnifique, l’atmosphère réaliste s’emballe par moments à partir de l’observation du visage et du corps de l’héroine et atteint une folie bergmanienne ( avec l’intensité de Persona ou de l’heure du loup). Le film existe dans la même collection mais je ne l’ai pas encore acquis
-Pharaon (1966) est à mon sens la plus belle des reconstitutions concernant l’egypte antique. La photographie est de toute beauté, le scénario à tiroirs n’a rien du côté prétexte de land of pharaos de Hawks, les références historiques sont très scrupuleuses et ont bénéficié des apports des egyptologues polonais alors en pointe.Là aussi, un DVD existe mais ne l’ayant pas acquis , je ne peux en parler.
Une autre bonne nouvelle :
– « METROPOLIS » en version longue de 147mm sort en DVD et BLU-RAY chez KINO aux USA le 16/11/2010 et au Royaume-Uni chez EUREKA le 22/11/2010.
Comme Bertrand Tavernier en avait parlé avec fougue et enthousiasme « Un Condamné à mort s’est échappé » sortira chez Gaumont en BR le 2/11/2010 en même temps que « La Traversée de Paris » et « Les Yeux sans Visage ».
« La Main du Diable » sortira le même jour (DVD et BR).
Vais-je annoncer la nouvelle suivante au risque de me faire incendier par certains internautes?
GAUMONT confirme la sortie du coffret GODARD pour le 16/11/2010.Il m’a été précisé qu’un dixième DVD s’ajoute aux 9 prévus; il s’agit d’un entretien inédit de 2h05 avec JLG réalisé cet été.
LA MAIN DU DIABLE enfin en dvd, voilà un événement. Espérons que l’éditeur se fendra d’une bonne restauration, car ce petit chef d’oeuvre du film fantastique le mérite amplement…
Une bonne nouvelle :
L’intégrale de Pierre Etaix est annoncée en sortie en DVD le 2/11/2010 avec un coffret comprenant :
YOYO/LE SOUPIRANT/LE GRAND AMOUR/TANT QU’ON A LA SANTE/PAYS DE COCAGNE
Quelle bonne nouvelle, augelmann!!!
Chez quel éditeur sera t’il disponible?
A vous signaler , en revenant sur des conversations de l’an passé:
-scènes de chasse en Bavière est diffusé actuellement sur cinecinéma classic
-des DVD de cinéastes hongrois tels Bela Tarr ou Jancso sont disponibles dans la boutique Potemkine qui par ailleurs devient un éditeur impressionnant: notons les coffrets Rozier, Mikhalkov et bientôt Angelopoulos mais aussi quelques perles telles Mère et fils de sokourov, Requiem pour un massacre de Klimov
Je n’ai pas revu Le Rouge et le Noir depuis mon adolescence, mais ce que vous dites du cinéma français des années 50 et de la photo couleurs me semble vrai et je n’y avais jamais songé. Il y a peu de films français couleurs, mais encore moins d’oeuvres majeures. Hormi les Renoir, j’en citerais quand même deux: Les Grandes Manoeuvres de René Clair et un court-métrage Le Ballon Rouge de Albert Lamorisse. Il faut attendre Mon Oncle ou Plein Soleil, soit 1958-59, pour que les choses changent. Je crois me rappeler que Carné a écrit dans son autobiographie avoir voulu réalisé un film couleurs dans les années 40, mais que le matériel adéquat n’existait pas en France à l’époque.
Ce que vous dites sur les faibles ventes d’Un Condamné à Mort s’est échappé me surprend qu’à moitié bien que ce film de Bresson soit le film le plus grand public de cet auteur. Ce qui est sans doute vrai, hormis la crise économique qui peut expliquer en partie certaines chutes de vente, c’est que les jeunes cinéphiles ou plus largement le jeune public cultivé ne connait pas le cinéma avant 1970, voire 1980. Et de plus ne s’y intéresse que mollement. Il serait intéressant de connaître la moyenne d’âge des personnes fréquentant votre blog par exemple…Si ca se trouve, c’est moi le bébé, malgré mes 43 ans ! lol
Petite précision sur A NIGHT TO REMEMBER. Le film de Roy Ward Baker est trouvable en zone 2 dans un coffret nommé La Légende du Titanic. Je ne connais pas par contre la qualité de l’édition. Au demeurant, parmi les films de Baker, je conseille L’Evadé du Camp 1, avec Hardy Kruger.
Dommage que tu sois une Canaille est une aimable comédie, bien réalisée et surtout magnifiquement interprété.
A Harry Lime
D’accord pour PLEIN SOLEIL photographié par Decae, quelqu’un de la nouvelle génération (je voudrais revoir A DOUBLE TOUR)
Un autre film couleur des années 50 me vient à l’esprit: LA MEILLEUR PART, d’Yves Allégret, avec Gérard Philippe, avec comme chef opérateur Henri Alekan. Dans mon souvenir, le film, situé dans le cadre de la construction d’un barrage, est pas mal sans plus, mais hormis son intérêt sociologique ou historique, je me souviens que la photo était plutôt le point fort du film. Sous réserve.
A Harry Lime
J’ai pour ma part acheté « un condamné à mort s’est échappé » mais pas encore visionné et concernant la moyenne d’âge de ce blog, je vais la faire baisser puisque j’ai fêté mes 30 printemps au mois d’août !
Il est vrai que Tati est un des premiers réalisateurs français à avoir donné un rôle principal à la couleur (déjà dans « jour de fête » puis surtout dans « Mon oncle »).
A signaler aussi de Roy Ward Baker, quelques films fantastiques des années 70 qui sont sortis en DVD depuis 1 an ou 2 et sont souvent meilleurs que les autres productions du genre (avec de libres adaptations de Stevenson ou Le Fanu, des scénarios de Robert Bloch) sortis à la même époque chez Hammer ou Amycus . On peut citer parmi les titres disponibles « The vampires lovers » (1970), « Dr Jeckyll et sister Hyde » (1971), « Asylum » (1972)ou « And now the screaming starts ! » (1973).
A Bertrand Tavernier
A DOUBLE TOUR du regretté Claude Chabrol a été diffusé cet été dans un master haute définition sur Arte. Le travail de Decae y est intéressant mais, selon moi, pas du niveau de PLEIN SOLEIL (les couleurs tirant beaucoup sur les jaunes mais peut-être était-ce une volonté délibérée !?).
Merci Damien. Beaucoup de Roy Ward Baker que vous citez sont routiners et médiocres, voire presque nuls (VAMPIRE LOVERS), loin de MRONING DEPARTURE, QUATERMASS et A NIGHT TO REMEMBER
D’accord avec vous sur Ward Baker : il est vrai qu’il ne faut pas être trop exigeant sur ces films fantastiques dont je n’ai vu que « And now the screaming starts » film gothique au scénario assez improbable mais avec une bonne interprétation de Herbert Lom en châtelain sadique… Je n’ai pas encore vu « Vampire lovers » que j’avais acheté surtout pour Peter Cushing (s’il est nul, tant pis pour moi !)
Je pense très respectueusement que le qualificatif de « nul » pour désigner « Vampire Lovers » est tout à fait injuste et outrancier. Il faut, au contraire, voir et revoir ce film (qui est une adaptation très réussie – au même titre que le méconnu « Et mourir de plaisir » de Roger Vadim – du « Carmilla » de Sheridan Le Fanu)! Une œuvre troublante, nimbée de mystère, d’érotisme et de poésie morbide que l’on (re)découvre aujourd’hui avec un plaisir certain, à l’heure des productions infantilisantes, vaines et boursouflées de type « Twilight » et consorts…
Roy Ward Baker ne m’a guère convaincu, y compris avec quatermass , lors de visionnages TV:par un sens visuel peu en adéquation avec l’invention scénaristique et par des baisses de régime bien bavardes, on est loin de Terence Fisher qui a multiplié les réussites voire de freddie Francis dont il faut découvrir l’admirable Doctor and the devils d’après un fait divers sur des fournisseurs de cadavres pour la science dans une Londres expressionniste somptueuse (on comprend la connection avec la photo de Elephant man de Lynch).La Hammer fut une aventure collective passionnante mais inégale, si on fait abstraction de la nostalgie!
Petite parenthèse sur l’âge des blogueurs ici présents: j’ai quarante ans, d’autres en ont soixante, vous en avez trente et je suis sûr que des petits jeunes d’une vingtaine d’années peuvent y trouver ler compte!
La cinéphilie n’a pas d’âge: notre amour du cinéma adopte des voies différentes de celles que connurent les années 60 ou 70 mais il n’en demeure pas moins vif,curieux, un peu maniaque!Entre salle,DVD, TV que de manières de l’alimenter!
Ce qui manque peut-être, ce sont les espaces de discussion mais ce blog me semble un exemple précieux de ce que nous pouvons faire par delà les multiples exemples de sites superficiels.Signalons le vif intérêt de DVDClassik et de critikat(souvent pointu mais parfois un peu poseur).
Oui, peu importe l’âge du flacon (et le mien sent le bouchon), pourvu qu’il connaisse l’ivresse. Quand j’ai commencé à me passionner pour le cinéma, j’aurais été ravi qu’Internet existe et offre des espaces d’échanges et de connaissances comme celui-ci. Autre preuve de la justesse de la remarque de Jean Jacques Manzanera : l’excellent site DVDclassik dont les contributeurs sont de toutes générations.
J’ai fait un amalgame entre les deux versions de doctor and the devils: la plus belle, à savoir l’originale en N et B, est de J Gilling et non de F Francis qui signera le remake de 1985 tout à fait honorable mais en couleurs (il optera pour des couleurs franches qu’ont copié les frères Hugues pour leur adaptation très décevante du génial from hell d’Alan Moore).
Pour la Hammer, je pense que mes films favoris sont Le chien des Baskerville avec l’immense P Cushing (il EST Sherlock Holmes…en tant que grand fan de Conan Doyle que ce soit pour le célèbre détective ou le brigardier Gérard, la bande annonce de la pochade sortie en début d’année m’a plus qu’énervé: et voilà, on ne ressuscitera pas de sitôt ce mythe!!!J’en resterai à cette version de Baskerville, à la version Wilder que j’affectionne tant et aux TVfilms de la BBC) et un film inquiétant sur la démonologie dont le titre m’échappe en ce moment et qui n’est pas sans analogies avec le Tourneur de Rendez vous avec la peur (peut être un titre du style Les vierges pour Satan ou un truc du genre…).
Peut-être LE TRAIN DES EPOUVANTES (Dr. Terror’s House of Horrors) de Freddie Francis (1965) ? Un film à sketches inégal mais par moment avec l’esprit du Tourneur, même si ce dernier est hors-concours.
Jean-Jacques, d’accord avec vous : les films de la Hammer sont inégaux surtout sur la fin de période où le studio avait du mal à se renouveler. Le fantastique anglais restait très attaché au genre gothique et tournait parfois en rond. J’aime beaucoup Terence Fisher mais certains de ses films sont assez faibles. « La nuit du loup garou » revu récemment par exemple et souvent présenté comme un chef d’oeuvre est, malgré un début prometteur, un film qui s’enlise dans une mise en scène que j’ai trouvé assez routinière et ennuyeuse. « Le chien des Baskerville » est une bonne adaptation de Doyle (souvent sous estimée dans la filmo de Fisher) et son cycle Frankenstein est intéressant car il permet de voir l’évolution du baron au fil des années et de ses expériences (d’utopiste un peu naïf du début vers la folie totale du dernier opus » Le monstre de l’enfer »).
Hors Hammer, un réalisateur comme Michael Reeves dont la carrière fut brusquement interrompue par sa mort, redonnait du renouveau au fantastique anglais avec des films comme « le grand inquisiteur » ou « the sorcerers »…
Bizarre entreprise que se répondre à soi-même mais je peux ajouter après vérification que le Fisher en question est The devil rides out de 1968 (Des vierges pour Satan) très proche du Tourneur de Rendez-vous avec la peur (apparition diabolico-grotesque y compris) dont je dois rappeler que Sam Raimi a fait un remake inavoué et réussi avec Drag me to hell qui comporte une ouverture magistrale et quelques scènes d’anthologie (celles du parking souterrain, de la première attaque, du repas chez les beaux parents, des funérailles de la sorcière. La dérision malheureusement parfois revient casser l’illusion angoissante mais au total, c’est du grand art!A l’ancienne ou presque.
Cher bertrand, au vu de votre complicité avec Joe Dante ou Tarantino, une rencontre avec Raimi ou ses copains les coen se passerait fort bien!!!
PS: la bande annonce du remake de True grit par les coen est visible sur allociné…j’espère un miracle style no country…
Le Fisher sera diffusé sur cine classic cette semaine: ne le manquez pas, il vaut le détour!
Aside from the innumerable coat and hat donnings and doffings, I believe that « The Girl Hunters » may have also set some sort of record for proliferating exposition. Every time Spillane meets a guy in a bar, newspaper office , or cafe said guy takes the backstory further and further into the past(WW2,OSS,Vast international conspiracy predating Russian Revolution …). But Spillane makes a good tough guy (in addition to the fist fight, note the « Eat the Bullet » scene,which I can’t imagine many contemporary American actors being able to carry off)and Spillane’s role in the circus mystery « Ring of Fear » was actually beefed up because the designated sleuth in the film was somewhat lacking in personality.
Michael,
You are right. But RING OF FEAR was beefed because it was an AWFUL movie, badly written and directed. I told that William Wellman reshot two weeks in order to allow the film to be released (the chase at the end) and Duke considered that he saved the movie
Pour ce qui est de la photographie couleur en France pour les 50′, des titres épars surgissent dans mon esprit:
-effectivement French cancan de Renoir
-Lola Montès qui est une splendeur absolue et pour le coup l’une des références dans le cinéma mondial
-Mon oncle(1958) précédé par l’expérience alors non transformée de Jour de fête (cette restauration-là a vraiment du sens)
-Les grandes manoeuvres de R clair
Après, je dois avouer que je sèche!
Comment comprendre cette apparente pauvreté? Problèmes de technique, de brevets , de compétence (là, j’ai un doute…)?
Juste un élément (qui n’est pas une explication définitive mais peut-être une piste):
Le premier long métrage français sorti en salles était
« Le mariage de Ramuntcho » en 1947, le film datant de 1946.
Le premier film américain en couleurs datait de 1922.
L’Allemagne a présenté son premier film en couleurs en salles en 1942, réalisé par « l’épouvantable » Harlan Veidt.
A noter aussi,peut-être,que les oeuvres réalisées après la guerre étaient particulièrement sombres et que le noir et blanc convenait bien mieux que la couleur;je ne parle pas de l’aspect économique dans le cinéma de l’époque, domaine que je connais mal; je citerai un exemple : Jean-Pierre Melville a fait son premier film en couleurs en 1967 seulement, suivant en cela un de ses cinéastes préférés : Hawks.
A suivre
M.Tavernier, pardonnez-moi, vous soulignez la « nécessité » d’acquérir des DVD, et envisagez une « baisse de la cinéphilie ». Je suis certain que vous n’oubliez pas que certains cinéphiles ne disposent que d’un budget modeste, voire très modeste, qui les prive de céder à nombre de leurs désirs. Vous avez raison, ils se contentent (souvent) de l’enregistrement lors d’un passage télévisé de tel ou tel film, et parfois attendent longtemps ce passage .Combien de rêves n’avons-nous pas caressés, naguère, quand il fallait espérer un passage en cinémathèque ? Ou bien ils empruntent en médiathèque.
Ils apprécient au plus haut point vos travaux, de toutes sortes, et parmi eux votre blog et ses enthousiasmes. Autant de frustrations pour eux de ne pouvoir acquérir les DVD que vous présentez si bien. Ils le regrettent beaucoup.
Merci pour ce passionnant blog, M.Tavernier.
A Bernard
Je suis conscient de ce que coûtent les dvd et de leur prix (parfois exorbitant, sauf aux USA). Mais on peut trouver des soldes sur le net et j’ai préféré me passer de télé
Sur Le general della Rovere de Rossellini:
-il a été diffusé à plusieurs reprises sur cinecinema classic où je l’ai découvert
-beau scénario et interprétation magistrale de V de Sicca dont il faut rappeler la grandeur quelque peu oubliée ces années-ci (Le voleur de bicyclette, miracle à milan et umberto D constituent un bon échantillon de l’éclectisme et de la poésie du cinéaste) et qui n’a aucune raison d’être opposé à Rossellini comme le firent les Cahiers en pleine politique des auteurs, preuve en est de cette collaboration
-vous aviez défendu à juste titre La prise du pouvoir par louis XIV chez MK2, ajoutons à ce titre Les fiorettis chez Carlotta dans une copie magique
A BALLANTRAE
d’accord et aussi PAISA, EUROPE 51 et ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO entre autres
Bien évidemment, la liste de films de Rossellini que je dressai n’avait rien d’exhaustif: je citai deux DVD disponibles.
Une DVDthèque idéale devrait intégrer de toute évidence les trois titres que vous citez fort justement (j’ai un faible très net pour Paisa ) mais aussi les autres titres illustrantla collaboration avec Ingrid Bergman que ce soit Stromboli,Voyage en Italie (dont le dernier Kiarostami est une réécriture paradoxale compte tenu du peu d’importance accordé au décor), La peur voire l’étonnant Jeanne au bûcher d’après l’oratorio de Honneger. Notons aussi un Vanina Vanini (d’après le texte de Stendhal) aux très belles couleurs quasi viscontiennes avec le regretté laurent Terzieff.
Je crois que plusieurs films TV de R R sont sortis chez Carlotta pour un prix avoisinant les 60 euros mais je ne les ai pas acquis, ayant d’autres priorités: on y trouve je crois son Blaise Pascal (avec Arditi dans le rôle titre !)et son Descartes. Je ne connais pas ces titres mais avais vu sur arte (ou la 7 il y a bien longtemps!!!!)Le messie vraiment passionnant dans ses parti pris esthétiques.
Puisqu’on en est au chapitre « spirituel », je suis encore sous le choc de l’admirable film de Beauvois Des hommes et des dieux qui trouve d’emblée la juste distance et le juste tempo pour nous immiscer dans le quotidien de ces trappistes qu’on aurait pu qualifier hâtivement de naifs idéalistes, inutilement héroiques alors que ce sont avant tout des hommes qui vont au bout de leur idée de l’humain, par delà la problématique religieuse: admirable distribution dans son intégralité (Lonsdale, Lambert Wilson,O Rabourdin pour n’en prendre que trois!au passage signalons que les interprètes se sont éclipsés du générique de fin dans un très beau geste sincèrement humble je pense), photographie juste dans son épure qu’ils’agisse de sculpter la pénombre des intérieurs ou de magnifier les paysages d’Afrique du Nord sans les esthétiser ( Caroline champetier l’indispensable!!!), décors admirables ( Michel Barthélémy déjà à l’oeuvre sur Un prophète de Jacques Audiard pour un travail précis qui sait s’estomper tout en donnant l’impression que le lieu est un personnage en soi). Bref, un film admirable dont le succès est une belle et bonne nouvelle!
si je parle ici de ce film , c’est aussi parce que l’article de positif (numéro de septembre avec un dossier Lubitsch passionnant) mentionne l’influence des Fiorettis de R R sur Beauvois.
Cher Bertrand,
Merci pour cette chronique à laquelle je réagis à chaud pour la partie « cinéma français »:
-le coffret Ophuls chez gaumont est magnifique et la restauration exceptionnelle (autant que faire se peut dans le cas de La ronde)notamment pour Lola Montès pour laquelle je ne comprends pas vos réserves tant cet ultime titre brille par son génie baroque même s’il est un peu monstrueux (à la manière du Playtime de Tati)
-oui, le DVD de un condamné…est indispensable au même titre que le coffret MK2 rassemblant Pickpocket et les moins connus L’argent et Le procès de Jeanne d’arc (la plus belle Jeanne avec celle de Dreyer)et les deux titres chez arte Mouchette(mon préféré) et Au hasard Balthazar. Un recul de l’intérêt cinéphile envers Bresson serait une bien triste nouvelle tant cet auteur français a su créer une ligne de conduite unique et universelle dont je ne vois d’équivalent que dans le cas Dreyer ou au Japon avec Ozu. Petite erreur de votre part: un condamné… avait été édité en K7 par Gaumont vers 1994, je le sais car je l’avais alors acquise
-même si je ne suis pas un fan absolu de Guitry, La poison tout comme Le roman d’un tricheur ou Le diable boiteux me plaisent beaucoup et ce DVD serait bien tentant
-je n’aime pas non plus Le rouge et le noir pour toutes les raisons que vous dites auxquelles j’ajouterais l’évidente caricature du roman de stendhal qu’elle constitue: cet auteur n’a jamais été traduit correctement au cinéma… son style n’est pas des plus visuels malgré les apparences! quant à Autant Lara malgré les exceptions Douce (que vous me fîtes découvrir à Avallon il y a quelques années avec les Devaivre lors d’une carte blanche)et Occupe toi d’Amélie vraiment ébouriffant, je persiste à ne pas l’apprécier outre mesure
-du Pagnol, je n’ai qu’un souvenir vague venu de l’enfance et votre billet suscite un parfum digne du goût de la « Madeleine »…ma curiosité est aiguisée
Permettez-moi de rappeler ici le brio de la restauration des Vacances de M Hulot et le plaisir apporté par les nombreux boni que je détaillerai une autre fois: bravo à J Deschamps pour ce travail. Histoire de tresser un fil rouge tatiesque, signalons:
-la reprise des films du génial Pierre Etaix (bientôt j’espère en DVD)qui fut un assistant/disciple de Tati
-la sortie imminente de Chantrapas du grand Iosseliani où figure je crois Etaix
A Ballantrae
Lara a fait d’autres films épatants : LE MARIAGE DE CHIFFON, LETTRES D’AMOUR, LA TRAVERSÉE DE PARIS, EN CAS DE MALHEUR. Et j’aqime beaucoup des oeuvres moins célèbres comme LE NOUVEAU JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC (pas revu depuis la sortie), les PATATES. Bernard Chardère est un grand défenseur du MAGOT DE JOSEFA et les Cahiers ont soutenu (à tort) LES RÉGATES DE SAN FRANCISCO et l’impayable GLORIA
Vous citez LES PATATES dont je parlais par hasard récemment avec des proches et que peu de personnes connaissent. Je l’avais enregistré à la télévision il y a une quinzaine d’années et je conserve précieusement ma VHS (je ne crois pas qu’il soit sorti en dvd). Les acteurs, à commencer par Pierre Perret et Henri Virlojeux , sont admirables de justesse et le traitement par Lara (avec les dialogues d’Aurenche) des difficultés des habitants du nord de la France dans la « zone interdite » est poignant et émouvant. Le film alternant avec équilibre comédie et drame. Il faut voir une des premières scènes du film ou Perret et son père attrapent un lapin en pleine cérémonie d’enterrement d’un des habitants mort de faim (qu’ils offriront ensuite à sa veuve).
A Damien
Entièrement d’accord. Aucun rapport avec la TRAVERSEE DE PARIS
Je ne connais pas les deux premiers.
La traversée de paris est parfois intéressant mais en cas de malheur m’apparaissait comme un film parmi d’autres, pas déshonorant mais un peu terne.
Les patates jouent sur la gouaille de perret que je trouve sympathique mais pas franchement acteur…un peu une tentative de refaire La traversée de paris vingt ans après, non?
A Ballantrae,
Pas d’accord : EN CAS DE MALHEUR est un très beau film avec des personnages de femmes admirablement bien écrits. Et forts. Quand Bardot relève sa jupe devant Gabin, c’est le diable qui vient tenter le symbole de la réussite de la bourgeoisie d’alors…Tout chancelle. Et l’irruption de Nicole Berger est formidable. Le film tranche sur la misogynie du cinema français de l’époque, évoque des sujets tabous, glisse des décors insolites (l’hôtel à la fin avec la musique nord africaine). Et quel beau personnage que celui d’Edwidge Feuillère. Seul be mol, la manière rigide dont lara dirige certains seconds rôles (Madeleine Barbulée. Et il y a dans les PATATES des moments très originaux et fulgurants, une tirade d’Henri Virlojeux, les scènes de marché noir, le franchissement de la ligne de démarcation, la découverte de l’extrême jeunesse des soldats allemands…
A Bertrand Tavernier,
La faiblesse des ventes du « Condamné à mort s’est échappé » s’explique peut-être par le fait que GAUMONT a annoncé et reporté à plusieurs reprises la sortie en DVD; ayant moi-même attendu à plusieurs reprises en vain cette sortie (c’est mon film préféré de Bresson avec Pickpocket), très déçu par GAUMONT, j’ai été dirigé par des internautes sur ARTIFICIAL EYE en Angleterre qui a sorti depuis longtemps plusieurs oeuvres de Bresson; les sous-titres anglais sont amovibles etles DVD sont vendus par PLAYCOM SANS FRAIS DE PORT pour la France.
Gaumont a aussi annoncé (reste à vérifier si la promesse sera tenue)la sortie en novembre 2010 d’un coffret de neuf DVD de Jean-Luc Godard avec des inédits (comme Week-end, Sauve qui peut la vie,….)selon les dires de Gaumont; ces films sont en fait déjà sortis aux USA et au Royaume-Uni.
Il y’a peut-être simplement une impatience de la part des cinéphiles et lorsque Gaumont se réveille le train est déjà passé. Un dernier exemple : les films de Chabrol qui sortent en France aussi en dernier. « Juste avant la nuit » n’est toujours pas sorti en France.
Les cinéastes français importants ne sont pas prophètes en leur pays.
Bonjour B.Tavernier
Oui il y a enfin le coffret « tutti bene » de Max Ophuls, avec surtout « Madame de … » et « La Maison Tellier » (Le Plaisir) que j’adore, ce dernier étant un chef d’oeuvre d’humour et de sensualité….
Pour ce qui est de « All the Marbles » (Trois Filles au Tapis) d’Aldrich, c’est vrai que la sensibilité de ce film est très proche du « Bookmaker » de Cassavetes, Peter Falk et ses deux catcheuses (dont je ne me rapelle pas le nom) sont merveilleux, grand film… mais je vais rester sur ma VHS pour le moment.
Avez-vous vu « The Verdict » de Don Siegel ??
Catherine.
Gomme virtuelle ====> DEUX … Filles au Tapis.
A Catherine
Pio. Bon film mais moins personnel que d’autres Lumet
http://www.amazon.com/Verdict-Peter-Lorre/dp/B0026ZQJT8/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1284368743&sr=1-1
Hum, ce n’est pas du « Verdict » de Lumet dont je parlais mais celui de Siegel, édité égallement dans la collection de la Warner …
A Catherine,
Celui de Siegel est pas mal du tout, une prouesse visuelle compte tenu de la quasi absence de décors masquée par le brouillard
En parlant de Lumet , qu’avez-vous pensé de 12h 58, ce samedi là? Pour ma part, il m’a impressionné par sa densité,son élégance plastique et sa structure complexe sans confiner à l’abscons.
Bien d’accord avec vous sur LOLA MONTES, film légendaire et qu’il faut absolument voir pour ses séquences baroques et cruelles qui m’ont toujours fait penser à du Welles en couleurs mais qui globalement n’a pas toujours la grâce de la plupart des autres merveilles d’Ophuls.
Je ne suis pas trop étonné de la faible audience d’UN CONDAMNE A MORT car le cinéma de Bresson reste d’un abord difficile et sans doute encore plus aujourd’hui qu’il y a une génération. J’ai d’autant moins de mal à l’écrire que j’ai eu la chance de voir l’intégrale de son oeuvre très jeune (une rétrospective inoubliable à l’Institut Lumière au début des années 80) et qu’à ma grande honte, je n’en ai aucun en DVD. J’ai intérêt à me rattraper !
Pour répondre à votre question sur la couleur dans le cinéma français des années 50… euh… pas non plus trouvé mieux que le Renoir qui peut servi d’étalon. Ensuite, il y a peut-être justement LOLA MONTES et puis MON ONCLE (si on apprécie la froideur de la colorimétrie chez Tati).
Je n’ai pas revu ALL THE MARBLES depuis un moment mais c’était assez réjouissant. Pas mon Aldrich préféré mais Peter Falk faisait un sacré numéro si je me souviens bien (je souhaite à ce grand acteur la plus longue vie possible mais j’espère que le jour de sa disparition, les hommages ne se cantonneront pas à ne citer que sa – géniale – incarnation de COLUMBO et évoqueront aussi les Cassavettes, UN CHATEAU EN ENFER, LES AILES DU DESIR etc.).
THE GIRLS HUNTER est une curiosité sympathique filmée par un vétéran du film de genre mais Aldrich a mis la barre tellement haut et en sciant les derniers barreaux de l’échelle pour que personne ne le rejoigne avec KISS ME DEADLY*… Je vous trouve gentil avec Spillane : « néanderthalien », c’est encore en-dessous de la vérité. Son jeu – si on peut appeler ça « jeu » – se limite à garder ses mains dans les poches de son imper. Il aurait du prendre des leçons de jeu marmoréen avec Dana Andrews ou Lino Ventura. Mais il y a quelques séquences bien ficelées et puis la fin vacharde assez… aldrich-ienne.
(*) A part Lynch le voltigeur et ses deux chefs-d’oeuvres malades (LOST HIGHWAY et MULHOLLAND DR.) qui doivent tant au diamant d’Aldrich… qui d’ailleurs pris – heureusement – beaucoup de libertés avec la faible prose de Spillane (de l’avis de « Buzz » Bezzerides, le bouquin était une sacrée merde).
A Pierre
Merci. Dans ALL THE MARBLES, les filles sont formidables et filmées sans voyeusisme
L’aura difficile de Bresson est en partie mystérieuse pour moi: on en fait un cinéaste inaccessible alors qu’il est singulier mais lisible scénaristiquement parlant ( en dehors peut-être du Diable probablement plus éclaté, plus digressif). Sa singularité est affaire de rythme, de travail sur les modèles.
Je trouve curieux qu’on fasse de JLG une vache sacrée dont l’oeuvre s’impose de toute évidence et conjointement qu’on estime « difficile » de voir l’oeuvre de Bresson. J’aime beaucoup JLG que ce soit dans sa première carrière (avec une préférence nette pour Le mépris, une femme est une femme, Le petit soldat, Pierrot le fou et Alphaville)ou dans sa seconde ( là je jette mon dévolu sur Passion, Nouvelle vague, Eloge de l’amour et les touffues Histoire(s) du cinéma)mais je m’explique mal le quasi consensus dont il bénéficie actuellement (notamment au moment de son expo …pour le moins curieuse: la collaboration Erice/Kiarostami était bien plus convaincante ou encore l’expo organisée par agnès varda) alors que son oeuvre est abrupte,emplie de scories, abstraite… parfois clairement fumeuse si je peux oser cet oxymore!
Sur le chapitre de la modernité de kiss me deadly, je pourrais ajouter:
-que Fuller avec Shock corridor a conçu une autre bombe et est monté sur la même échelle que aldrich pour reprendre votre métaphore et ils ont scié ensemble les barreaux!
-que le lynch de lost highway et de mullohand drive est son principal héritier mais qu’on pourrait citer aussi certains moments dans le cinéma de friedkin (je pense à des passages de to live and die in LA et au splendide et méconnu Bug)ou à celui de Richard kelly même si son cinéma manque encore de maturité(l’intéressant et un tantinet surestimé Donnie Darko bien sûr et son atmosphère de fin du monde,le grotesque Southland tales et the box qui est bâti autour d’ une allusion trop claire à kiss me deadly et sa boîte de pandore)
Très bon film de Jerzy Kawalerowicz, en effet ! Malavida, l’éditeur du DVD, a aussi sorti la totalité des longs métrages de Wojciech Has. À côté du célèbre « Manuscrit trouvé à Saragosse », restauré par Martin Scorsese, et de l’excellent « Clepsydre », on découvre une série impressionnante de chefs-d’œuvre. « Une histoire banale » est une adaptation d’une noirceur ahurissante d’une nouvelle de Tchekhov. L’utilisation de la voix off est remarquable. L’acteur principal, Gustaw Holoubek, incarne un vieux professeur déçu par son entourage et ses élèves, qui sombre dans le cynisme et l’abrutissement. Ses expressions de visage et ses tonalités de voix sont fascinantes. On le retrouve, beaucoup plus jeune, dans un des premiers longs-métrages de Has : « Le Noeud coulant. » Il y joue un alcoolique que le film suit pendant 24 heures. Son travail d’acteur est là aussi excellent. Son jeu sans concession rend parfaitement aussi bien l’agressivité stupide, la veulerie, et l’abrutissement de son personnage, que ses sursauts éphémères de honte et ses velléités d’arrêter. Il donne l’impression d’être sans arrêt ailleurs, de ne parvenir qu’à de rares moments à se connecter avec ce qui l’entoure (et c’est d’ailleurs souvent pendant ces moments-là qu’il devient agressif). Has semble montrer que le cynisme que le personnage développe a un rôle tout aussi dévastateur que son addiction, les deux s’encourageant l’un l’autre. Un film là aussi très noir, et très loin du romantisme d’un Leaving Las Vegas (de Mike Figgis).
A Fabien
Intervention remarquable que tous les critiques de dvd et de cinema devraient lire
Merci !
Si on aime Bresson et surtout UN CONDAMNE A MORT S’EST ECHAPPE, ce qui est mon cas, on ne va pas attendre qu’il sorte en France, quand on peut se le procurer en Angleterre, édité chez artificial eye, par exemple, depuis deux ans. Alors, Bertrand, il n’y a pas à être choqué par la mollesse des ventes de ce chef-dœuvre absolu, ni inquiet de l’état de la cinéphilie. Ça fait longtemps qu’on va voir ailleurs, je suis sûr que je ne suis pas un cas isolé, moi qui ne me définis même pas comme un cinéphile, alors je ne vous parle même pas des vrais cinéphiles… (On ne trouve même pas DUEL AU SOLEIL, en France, pour dire…) De même, quand Hiroshi Shimizu et Larisa Shepitko seront édités par chez nous, si ça arrive un jour, les ventes seront sans doute un peu molles, car on aura déjà consulté depuis longtemps le catalogue CRITERION et les quelques curieux qui se seraient rués sur ces titres en seront déjà rassasiés… Il faut juste regretter la mollesse, le manque d’enthousiasme et de curiosité, la lenteur de la plupart de nos éditeurs hexagonaux… Ce sont eux, qui ne sont peut-être pas très cinéphiles… Sauvons tout de même CARLOTTA, même si ça fait parfois un peu CRITERION seconde classe… Bresson, il devrait être édité depuis longtemps et intégralement et impeccablement en France, c’est tout… Et L’HOMME DU SUD, alors, de Renoir, pour ne citer que celui-là, on devrait avoir depuis des lustres une copie restaurée, au moins présentable, c’est notre patrimoine, non?
A Jean- Charles
Vous n’avez pas tort mais tout le monde n’est pas aussi curieux que vous. Et l’édition Gaumont est formidable
Ce n’est pas seulement affaire de curiosité mais de finances effectivement et c’est pour cela que je conserve canalsat et le bouquet cinéma qui propose une offre variée et des copies de qualité la plupart du temps (ou alors mon oeil n’est pas assez attentif…).
J’achète un DVD s’il est exceptionnel question restitution visuelle/sonore, s’il possède des boni dignes de ce nom, s’il est introuvable par ailleurs, si j’adore le film, si je veux absolument faire un rattrapage salles.
Pour vous donner une idée, voici mes derniers achats:
-Un condamné à mort parce que copie magnifique, parce que bresson , parce que présence de boni intéressants
-Espions sur la Tamise de Lang parce que promo ( 6 euros), superbe édition de carlotta
-Valhalla rising de N W Refn car j’ai manqué le film en salles et que l’éditeur est Wild side
-Bright star car Jane Campion a fait un chef d’oeuvre frémissant, que le DVD est de toute beauté et possède comme boni trois courts passionnnants de Jane Campion
Je n’ai pas encore acquis le De toth mais ce sera mon prochain achat avec le coffret mikhalkov ou le coffret Angelopoulos + éventuelles promos (l’occasion fait le larron!).
Ce soir sur cinecinéma classic Occupe toi d’amélie de Cl Autant Lara que je vais revoir avec plaisir (à moins que je ne jette un oeil sur l’adaptation des vivants et les morts par Mordillat himself…j’ai quelque appréhension car les fictions de mordillat m’ont jusqu’alors moins convaincu que ses docus sur la bible, avec l’exception notable de son film sur Artaud avec un Sami Frey impressionnant et son réjouissant Vive la sociale il y a bien longtemps avec un jeune Cluzet déjà impeccable).
Tout à fait d’accord avec vous(hélas faut-il ajouter).
Pour Renoir, un autre exemple : « TONI » édité par EUREKA en Angleterre;l’édition et la distribution française sont très frileuses à part CARLOTTA et WILD SIDE. GAUMONT,pas exemplaire sur ce plan, semble vouloir enfin bouger en prenant des risques sur des sorties ciblées comme le gros coffret GODARD.
Claude Chabrol, qui nous a hélas quitté,est aussi très mal distribué en France; OPENING commence à sortir quelques films, mais il en reste beaucoup; pour « DUEL AU SOLEIL » une petite société l’a édité en France il y a quelques années déjà ainsi que « La lame nue » avec Gary Cooper.Cette société n’existe plus.Déjà cité aussi « L’Appât » de Mann qui va enfin sortir fin octobre. C’est vraiment triste, surtout qu’on peut voir éditer en DVD « Le Baltringue »;sans commentaires.
DUEL AU SOLEIL (ainsi que RUBY GENTRY du même King Vidor), tout comme L’APPÂT, sont disponibles en zone 1 sous-titrés en français, dans des belles copies et pour pas cher du tout pour ne pas dire bradés…
AUGELMANN dit :
« Claude Chabrol, qui nous a hélas quitté,est aussi très mal distribué en France; OPENING commence à sortir quelques films »
Oui mais problème, très souvent le format n’est pas respecté! (voir les tests).
Particulièrement vrai pour « Le Boucher ».
Peut-être qu’un éditeur plus rigoureux reprendra un jour les droits pour sortir un DVD digne de ce nom.
Je suis très content d’apprendre l’existence d’une édition restaurée des Lettres de mon Moulin de Pagnol, mais je ne la trouve nulle part. Est-ce la CMF qui l’édite, où est-elle disponible ?
A Philippe
Oui, c’est GMF qui la sort mais peut-être ai je reçu mon exemplaire plus tot
Bonjour Monsieur Tavernier,
Puisque vous parlez de ‘French Cancan’ avez-vous des informations sur une hypothétique sortie zone 2 du ‘Carosse d’or’ ?
Merci pour votre blog.
A zerodeconduite
Non aucune.