Biographies et autres lectures : Marcello Pagliero, Bing Crosby, Michel Legrand…

14 novembre 2018 par - DVD

Après le coup de chapeau à un ami de cinquante ans, Pierre Rissient, que j’évoquais dans le numéro d’été de Positif, parlons de plusieurs livres de cinéma et monographies consacrées à des metteurs en scène. Jean Gili éclaire un auteur sous-estimé et même disons-le, carrément oublié, MARCELLO PAGLIERO, L’ITALIEN DE SAINT- GERMAIN-DES-PRÉS qui fut scénariste (de PAISA), interprète (on peut le voir dans ROME VILLE OUVERTE, DÉDÉE D’ANVERS, LE BEL ÂGE, LES GAULOISES BLEUES) et réalisateur influencé par Sartre. Beaucoup de ses films, italiens ou français, sont très difficiles à voir (je n’avais pas aimé LA P… RESPECTUEUSE) et récemment à Bologne, certains furent de vraies découvertes : ROME VILLE LIBRE (alias LA NUIT PORTE CONSEIL), chronique étrange, personnelle qui se passe pendant une nuit, à Rome où De Sica campe un personnage de mythomane mémorable.

Le film est sorti en DVD avec une belle présentation de Gili. On apprend une foule d’informations précieuses sur des œuvres ambitieuses comme VÉTIR CEUX QUI SONT NUS d’après Pirandello, LES AMANTS DE BRASMORT, voire d’obscurs nanars comme L’ODYSSÉE DU CAPITAINE STEVE. Je vais revoir UN HOMME MARCHE DANS LA VILLE, tentative très audacieuse qui avait été boycottée par la CGT et le Parti Communiste avec des articles abjects, des réactions de curé stalinien comme l’écrit à Gili, Roger Boussinot, auteur d’un de ces articles venimeux dans l’Ecran Français, qu’il dit regretter amèrement. Il demanda à Pagliero de collaborer à son encyclopédie du cinéma. On trouve en DVD LA PROIE DU DÉSIR coréalisé par Rossellini (le livre de Gili apporte des informations capitales sur ce tournage et les combines de Rossellini).

  

Restons un peu dans le cinéma italien pour signaler la sortie chez Bach Films de deux mélodrames de Mario Soldati (écrivain majeur dont IL FAUT DÉCOUVRIR Les Lettres de Capri, La Confession, L’Enveloppe orange) : LE MARIAGE DE MINUIT et surtout MALOMBRA, histoire d’amour sombre et romantique où Soldati s’opposait au néo-réalisme. Là encore les deux films sont analysés par Jean Gili.

Pour les fanatiques de la délicieuse Catherine Spaak dont je fais partie, je recommande ELLE EST TERRIBLE (SND), son premier film je crois, de Luciano Salce. Très amusant, un de ces vrais films de plage que tournaient les cinéastes italiens. Il est juste un peu trop étiré et répétitif.

Nous passons maintenant aux Etats-Unis avec une série d’ouvrages remarquables dont certains hélas, ne sont pas près d’être traduits (j’attends toujours un feu vert d’Actes Sud pour la magnifique biographie de Scott Eyman consacrée à John Wayne).
Le premier est une biographie très chaleureuse d’un réalisateur que j’aime beaucoup : CHARLES WALTERS, THE DIRECTOR WHO MADE HOLLYWOOD DANCE par Brent Phillips. On lui doit quelques petites merveilles raffinées, délicates et au Nickel nous avions un faible pour lui. LILI, revu encore récemment avec un grand plaisir, qui ne tombe jamais dans la mièvrerie. On apprend dans le livre que c’est Walters, danseur remarquable (il chorégraphia certains numéros) qui double Jean-Pierre Aumont.

J’adore SUMMER STOCK, LA JOLIE FERMIÈRE où il parvient à transcender, à illuminer avec la complicité de Gene Kelly, un scénario qu’il jugeait banal, en ajoutant une foule de petits détails sur le travail et des numéros tout en douceur et délicatesse dont « You Wonderful You » et « Friendly Star », ballades filmées en très peu de plans où l’on passe avec fluidité du dialogue à la chanson puis à la danse. C’était, selon NT Binh, deux des numéros musicaux favoris d’Alain Resnais tout comme la danse que partait improviser Kelly à partir d’un journal et d’une planche de bois qui grince. Le livre analyse les rapports chaleureux (mais parfois difficiles) de Walters avec Judy Garland qui l’aimait énormément. Il savait lui parler, lui donner un espace de liberté tout en lui mettant des limites, se montrant plus psychologue que Minnelli. Phillips montre aussi que son homosexualité ouverte mais jamais tapageuse, retarda sa rencontre avec Louis B Mayer, homophobe convaincu, qui le reçut un an et demi après l’avoir engagé.

Walters n’était pas un coloriste inventif, un esthète raffiné comme Minnelli ; il n’avait pas le bouillonnement, l’énergie, la vitalité d’un Stanley Donen. Son point fort, c’était l’intimisme et souvent, il abandonne les ballets spectaculaires, fondés sur des prouesses physiques ou athlétiques à un Robert Alton (dans le merveilleux PARADE DE PRINTEMPS), pour se concentrer sur un moment délicat entre deux ou trois personnages et quelques danseurs. Et là, sa liste de réussite est considérable à commencer par les numéros de HIGH SOCIETY, film pour lequel nous étions trop sévère dans 50 ANS, qu’il règle avec une grande finesse, une grande intelligence, mettant admirablement en valeur une Grace Kelly qui n’a jamais été mieux habillée. C’est son grand rôle avec les Hitchcock et elle se sort très bien de son duo avec Crosby dans le délicat « True Love ». Plusieurs des autres chansons de Cole Porter sont aussi très bonnes (« Who wants to be a millionnaire », le duo Amstrong-Crosby et celui, époustouflant, entre Crosby et Sinatra). LE TENDRE PIÈGE est une comédie intelligente et joliment enlevée et Sinatra fait de la chanson-titre un moment inoubliable. Sa reprise n’est pas mal non plus. On découvre que Walters n’aimait pas du tout THE BELLE OF NEW YORK, jugeant le sujet très démodé (la pièce était de 1890 et des poussières) mais Arthur Freed dont la conduite paraît souvent erratique, l’imposa. Il détestait Vera Ellen qui n’était que technique, sans aucune sensibilité. J’ai appris qu’ANNA ET LES MAORIS que j’avais défendu dans les Cahiers avait été très édulcoré par la Censure qui aurait coupé les deux scènes les plus importantes aux yeux de Walters. Phillips ne cache pas les échecs de Walters, souvent dus à des diktats imbéciles d’un producteur ou du studio. Il avait réussi à imposer ce qu’il voulait pour LILI et le même producteur pour se venger lui assigna LA PANTOUFLE DE VERRE qui comprenait tout ce que Walters avait évité dans le film précédent : une chorégraphie lourde, des ballets démonstratifs, des intentions poétiques appuyées. On découvre aussi qu’il a joué un rôle important en dirigeant certaines séquences avec Kelly ou Garland avant son premier long métrage.
FILMS : LA JOLIE FERMIERE, PARADE DE PRINTEMPS, HAUTE SOCIÉTÉ, LILI, LE TENDRE PIEGE
LIVRE D’ALAIN MASSON SUR GENE KELLY

Autre ouvrage capital, celui que Joseph McBride a consacré à Lubitsch : HOW DID LUBITSCH DO IT ? Dès les premières pages, on est ébloui par le sérieux, la passion de McBride qui fait brusquement surgir un détail très révélateur du génie de Lubitsch durant l’écriture du scénario (les rapports avec le tandem Wilder-Brackett sont passionnants et aussi ceux avec Samson Raphaelson), la préparation ou sur le plateau. Il sera impossible de parler de NINOTCHKA, THE SHOP AROUND THE CORNER, sans se référer à ce livre. Et McBride nous montre la manière dont le cinéaste piège la Censure. Mais il sait aussi brillamment analyser ce qui fait la beauté, l’émotion, la force unique de ces chefs d’œuvres que sont LA FOLLE INGÉNUE, LE CIEL PEUT ATTENDRE, UNE HEURE PRÈS DE TOI, TO BE OR NOT TO BE

McBride avait fait paraître avant ce monument un recueil regroupant ses articles et ses interviews, TWO CHEERS FOR HOLLYWOOD, souvent complétés, remis à jour, commentés. On y trouve un essai percutant sur les premiers films de Capra, une réfutation brillante et très argumentée de toutes les sottises qu’on a pu déverser sur Ford (McBride va lire le roman qui inspire FORT APACHE et dont l’idéologie raciste est contredite par le scénario de Frank Nugent, qui dit exactement le contraire et prend le parti de Cochise). J’ai adoré l’interview très marrante de Steppin’ Fetchit, de son vrai nom Lincoln Theodore Monroe Perry (trois présidents des USA), qui déclare avoir voulu subvertir les stéréotypes (McBride donne des exemples convaincants des liens qui l’unissent au Juge Priest). Il déclare « qu’Hollywood dans les années 30 était plus raciste que la Géorgie » et on apprend qu’il fut un ami du boxeur noir Jack Johnson (à qui Ken Burns a consacré un beau documentaire trouvable en DVD) et un proche de Mohamed Ali. Je l’adore dans THE SUN SHINES BRIGHT ressorti en Blu-ray dans sa version intégrale. Le McBride contient aussi des essais très pertinents sur Cukor, Huston, Joe Dante, Spielberg, des interviews de Wilder, des reportages par exemple sur le tournage de THE SHOOTIST
COFFRET EARLY CAPRA, LE MASSACRE DE FORT APACHE, THE SUN SHINES BRIGHT en Blu-ray

A côté de ces sommes, HOLLYWAR de Pierre Conesa (auteur d’un revigorant Guide du Paradis) paraît assez léger, truffé d’affirmations contestables (premier film à montrer les noirs ou…) assénées de manière péremptoire, de jugements à l’emporte-pièce (ce qu’on trouve souvent dans les articles sur le cinéma du Monde Diplomatique). Non, LA CHARGE FANTASTIQUE n’est pas magnifiée par les paysages de la Monument Valley (le film a été surtout tourné en Californie) et les Indiens ne sont pas des ivrognes incapables. Ils foutent une raclée aux Tuniques Bleues et Quinn joue un Indien altier et noble dans cette histoire qui est un contresens historique. J’ai repéré plusieurs approximations par page.

  

Plus sérieux LA GUERRE AU CINÉMA par Jean-Pierre Andrevon, célèbre auteur de science-fiction, analyse longuement un grand nombre de films pays par pays. Certains puristes et mon ami Michel Ciment vont bondir devant les critiques que fait Andrevon aux SENTIERS DE LA GLOIRE (en gros, ce sont celles de Tardi, notamment sur la largeur des tranchées, construites pour la caméra) dont il salue pourtant le premier tiers et l’attaque, qu’il juge magistrale. Je ne serai pas d’accord avec lui sur la non-contribution de Jim Thompson au scénario. Je pense que beaucoup des mégotages, des chantages entre les généraux français sont dus à Thompson. Je retrouve son ton acerbe, grinçant, son humour noir qui va au cœur des choses.

Bing Crosby

GARY GIDDINS remarquable critique et biographe vient de faire paraître le volume 2 de sa magistrale biographie de Bing Crosby, SWINGING ON A STAR. J’entends déjà les réactions : Bing Crosby, ce chanteur sirupeux avec son orchestre de violons. Alors avant d’aller plus loin, je demande à ces détracteurs souvent ignorants d’acquérir le coffret MOSAÏC consacré à Crosby (dont le livret est de Giddins) : ils découvriront 4 DVD (certains doubles) où il chante presque tous les grands standards de Cole Porter, Kern, Gershwin accompagné par Buddy Cole et son quartet. 160 chansons, tirées de son programme radio chez CBS sur 10 ans dont 16 seulement furent éditées en disques par Decca. Pas de cordes mais une musique qui swingue et un chanteur toujours juste, souvent novateur (la manière dont il altère ou transcende certaines lignes mélodiques, décale des harmonies sans avoir l’air d’y toucher, me rend très admiratif). C’est devenu un coffret indispensable.

« Like buried treasure reclaimed from the past, this remarkable set is like no other Bing Crosby collection ever released. Here is the great crooner and a quartet led by his longtime accompanist Buddy Cole, occasionally augmented by a few wind instruments, in a thesaurus of 160 songs recorded in the most informal of circumstances at 16 sessions, during a period (1954-56) when Bing was in exceptionally good voice. » – Gary Giddins, liner notes

PERSONNEL:

On all sessions:
Buddy Cole – piano, organ, celeste, harpsichord
Vince Terri – guitar. banjo
Don Whitaker – bass
Nick Fatool – drums, percussion

On session L, add:
Matty Matlock – clarinet
Fred Falensby – tenor sax
Clyde Hurley – trumpet
Abe Lincoln – trombone

Dans son livre, Giddins montre l’écart qui sépare la vie privée de Crosby avec une épouse alcoolique, de son image où tout paraît lui réussir. Ce soi-disant paresseux, tournait trois films par an, animait une heure de radio chaque semaine, participait à de nombreux tournois de golf où souvent il devait chanter à la fin, s’engagea avec Bob Hope pour vendre des bonds et soutenir les troupes durant la Seconde Guerre. Il analyse ses rapports chaleureux avec les musiciens de jazz dont Louis Amstrong qu’il imposa dans plusieurs films. Giddins consacre 160 pages à Leo McCarey et à l’élaboration tumultueuse de LA ROUTE SEMÉE D’ÉTOILES qui naquit malgré les studios (la RKO refusa cette histoire de prêtre chantant où l’on entend plus de chansons que de prières et la Paramount fut ultra-réticente). McCarey dut investir son propre argent. Le scénario s’écrivit dans la douleur, personne ne comprenant les intentions de McCarey qui refusait toute solennité, voulait imposer une liberté de ton, amicale, joyeuse. Même si l’on doit créditer Frank Butler et Dick Cavett d’avoir réussi à écrire une version filmable d’après une histoire de McCarey, le film fut grandement improvisé dans le bonheur (75% dit Crosby) et le résultat est une petite merveille très finement analysée par Jacques Lourcelles avec pourtant une seule chanson vraiment mémorable dans celles qui furent écrites pour le film par Burke et Van Heusen, « Swinging on a Star » (on entend une jolie version de « Silent Night »). Barry Fitzgerald, dont la carrière déclinait, est magistral. Il campe un vrai personnage de vieillard, bougon, têtu, borné et attachant, et on se souvient de PLACE AUX JEUNES et la rencontre avec sa mère est traitée avec une retenue quasi-elliptique. Crosby dégage un charme fou (McCarey lui répétait qu’il ne devait jamais penser qu’il jouait un prêtre : « Je veux sentir qui tu es vraiment » et le climat d’improvisation qui lui convenait, l’obligeait à rester concentré).
Mais Crosby est tout à fait sensationnel dans des petites merveilles sous-estimées comme RHYTHM ON THE RIVER (coffret Bing Crosby the Silver Screen Collection, 24 $ pour 24 films et un excellent documentaire. Sous titres anglais)
Cette entraînante comédie musicale, très sous-estimée, écrite par Dwight Taylor d’après un sujet de Billy Wilder et Jacques Théry lança Oscar Levant. Bing Crosby joue un compositeur et Mary Martin une parolière qui deviennent, à l’insu l’un de l’autre, les nègres d’un auteur, Courtney, en panne d’inspiration. Ce dernier incarné avec une solennité semi-parodique par Basil Rathbone est toujours accompagné de son homme à tout faire, Oscar Levant qui, à son habitude, égrène des aphorismes et qu’il présente comme : « Celui qui pense pour moi. » Ce à quoi Levant rétorque : « C’est un emploi à mi-temps. » Les méprises, les péripéties astucieuses – les éditeurs refusent les chansons des deux nègres parce qu’elles sont trop proches du « style » de Courtney – sont traitées avec légèreté et un vrai sens du rythme par Victor Schertzinger qui signe aussi (fait rare chez les cinéastes américains) une très bonne chanson : « I Don’t Want to Cry Anymore » que chante très bien Mary Martin. Schertzinger qui réalisa aussi BIRTH OF THE BLUES, ROAD TO ZANZIBAR et une adaptation en Technicolor du merveilleux THE MIKADO de Gilbert et Sullivan (DVD CRITERION), était à l’aise dans la comédie musicale et il filme avec élégance et souplesse les excellentes chansons dues au talentueux tandem James Monaco et Johnny Burke, dont « When the Moon Comes Over Madison Garden » que Bing Crosby chante devant un éditeur qui téléphone et classe des papiers, « Ain’t It a Shame About Mame », délicieusement interprétée par Mary Martin, « Only Forever » qu’on entend en solo et en duo. Crosby trouve ici, vocalement parlant, une partenaire à sa mesure, toujours juste et en place, énergique, radieuse. A la vue de ce film (et de BIRTH OF THE BLUES du même Schertzinger), il est difficile de comprendre pourquoi Hollywood l’a boudée. Le clou du film est la chanson-titre, très rythmée, où Crosby, soutenu par le trompettiste Wingy Manone, un disciple d’Amstrong, et son orchestre, déambule dans une boutique de prêteur en marquant le rythme avec des baguettes dont il frappe une cymbale, le comptoir, le mur. Il se sert avec élégance et désinvolture de multiples accessoires durant le film et ce numéro influença fortement celui, plus célèbre, de Fred Astaire dans EASTER PARADE.
THE BIRTH OF THE BLUES (que l’on trouve dans le coffret déjà cité et dans un double DVD avec BLUE SKIES et des sous-titres français) entend décrire de manière fictionnelle comment se créa l’Original Dixieland Jazz Band, le premier orchestre de jazz blanc qui quitta la Nouvelle Orléans pour Chicago. Au début, le traitement honteux des musiciens noirs qui cherchent d’où sort le son de leurs instruments inspire les pires craintes. Mais cela s’améliore et l’on voit clairement que les Blancs sont des élèves et les Noirs des professeurs notamment dans une excellente scène ou Eddie Rochester montre à Mary Martin comment swinguer. Il en résulte un merveilleux duo où Crosby et Martin revitalisent « Wait Till the Sun Shines Nellie ». Parmi les autres délices de ce film, truffé d’excellentes chansons, le dernier tourné par Victor Schertzinger, signalons Crosby qui chante aussi magnifiquement « My Melancholy Baby » et une très bonne chanson écrite par Johnny Mercer, « The Waiter, and the Porter and the Upstairs Maid », interprétée avec brio par Mary Martin, Crosby et Jack Teagarden (qui fait un solo de trombone). Ruby Elzy qui incarna Serena dans la PRODUCTION originale de Porgy and Bess chante Saint Louis Blues. A la fin, on rend hommage à plusieurs grands musiciens de jazz dont Ellington et Amstrong

Et l’on pourra se reporter aussi à UNE FILLE DE LA PROVINCE (THE COUNTRY GIRL) de George Seaton dont j’ai dit du bien dans une lointaine chronique et où Crosby était magnifique.

Les amateurs pourront aussi faire leurs délices des meilleurs ROAD TO… dont l’humour, les vannes, les blagues référentielles paraissent, dans les meilleurs moments anticiper sur le ton des comédies trash de Judd Apatow : menacé par des Bédouins, Bob Hope déclare qu’il se sent protégé par… Paramount, n’ayant pas achevé son contrat de cinq ans. On trouve plein de blagues peu politiquement correctes (Crosby vend Hope comme esclave sans le moindre remord, Hope se moque d’un handicapé, un chameau commente l’action). Les meilleurs sont ROAD TO MOROCCO, ROAD TO ZANZIBAR, ROAD TO UTOPIA (malgré des interventions pénibles de Robert Benchley). On les trouve dans le coffret Crosby et dans un coffret ON THE ROAD WITH, 4 FILMS où il y a des sous-titres. On entend une très bonne chanson dans ROAD TO MOROCCO.

Michel Legrand
Dans  ses très savoureux mémoires, J’AI LE REGRET DE VOUS DIRE OUI écrits avec la complicité de Stéphane Lerouge dont je retrouve l’humour décapant, Michel Legrand approfondit les ouvrages précédents. Il est difficile de ne pas rire ou sourire quand Legrand évoque l’arrivée de Michael Jackson lors d’une représentation du PASSE MURAILLE, les hésitations de la productrice Mag Bodard après la première projection des PARAPLUIES. Mais on est touché par le récit de sa complicité si créatrice avec Jacques Demy (jusque dans leurs différends) ou Jean-Paul Rappeneau, par le portrait très juste qu’il dessine de Joseph Losey (l’histoire de la musique du MESSAGER est loin de la version donnée par Losey à Michel Ciment). J’ai beaucoup aimé l’évocation de l’amitié qui l’unit à Francis Lemarque (le sauveur des PARAPLUIES), Claude Nougaro et bien sûr tous les musiciens de jazz de Quincy Jones à Henry Mancini (voici un portrait amical, chaleureux), de Miles Davis à Bill Evans et les pages qu’il leur consacre sont précieuses et émouvantes de même que les chapitres sur Barbra Streisand, Sarah Vaughan. J’adore cette citation de Mark Twain qui déclare après la mort d’un écrivain qu’il n’aimait pas : « Je n’ai, pas pu me rendre à l’enterrement mais j’ai écrit pour dire que j’étais d’accord. »
Bonne occasion pour citer ici les coffrets des musiques de film de Michel Legrand réunis par Stéphane Lerouge.

Très tonique et réjouissant est l’ouvrage de Benoit Duteurtre (dont j’adore l’émission ÉTONNE-MOI BENOIT), LA MORT DE FERNAND OCHSE où il évoque un curieux personnage, ami/amant de Reynaldo Hahn, qui composa une opérette hélas perdue, CHOUCOUNE, écrivit des morceaux de musique, travailla comme décorateurs dans des dizaines de spectacles célèbres (de LOIE FULLER, des ballets de Debussy), fut ami de Ravel et Debussy. Duteurtre avec passion fait revivre l’univers si créatif de ce monde musical, défend comme des chefs d’oeuvre certaines compositions, opérettes de Messager, Hahn, Lattes, Maurice Yvain dont il trace des portraits passionnés. Il analyse LE DIABLE DANS PARIS de Flers, Croisset, et Lattes et donne les paroles de l’air du diable (Dranem parait-il génial) désopilante. Il restitue toute une part de la création française dans la tradition d’Offenbach (Debussy déclarait durant LES BRIGANDS, « ça, c’est de la musique ») qui a été éradiquée au profit d’une soumission à l’Amérique. Duteutre participe à un jury qui remet le prix de la carpette anglaise, récompensant quelqu’un qui s’est écrasé, aplati devant la tyrannie de l’anglais, dernier prix remis à Anne Hidalgo pour son slogan en anglais sur le Paris olympique : Made for Sharing qui fut le slogan d’une marque de pizza américaine.

Je voudrais signaler le dernier Cahier de l’Herne qui est consacré à Curzio Malaparte, personnalité fascinante, complexe, anarchiste, mégalomane, qui passa du fascisme à l’antifascisme, flirta avec le communisme pour le dénigrer et passa sa vie à la recrééer, effaçant ses pires zones d’ombre. C’est dans sa villa de Capri que Godard tourna LE MÉPRIS.. On connaît ce livre extraordinaire qu’est KAPUT (la description de la guerre en Russie fut saluée par Blaise Cendrars et Henry Miller) et aussi LA PEAU tout aussi fort et provoquant mais on ignore des dizaines d’ouvrages comme ce cinglant BAL AU KREMLIN qui paraît chez plusieurs éditeurs. Analyse cinglante, caustique de ce qu’il appelle l’aristocratie communiste qui se pavane durant un bal en 1930. Lire aussi la biographie que lui consacra Maurizio Serra qui a un mal fou à rétablir la vérité.

LE CABINET DES CURIOSITÉS SOCIALES de Gérald Bronner (PUF) est une suite de petits essais amusants incisifs qui essaient d’analyser des faits en apparence irrationnels : pourquoi les chantiers sont-ils toujours en retard, pourquoi François Mitterrand allait écouter Elizabeth Teissier, Jean-Luc Mélenchon menacé par son golem, le rapport entre les téléphones portables et les soucoupes volantes. Bronner examine aussi les théories complotistes, la stupidité des sondages, le retour des Illuminati. C’est décapant, intelligent.

  

UNE PRIÈRE POUR L’ÉCOLE de Fréderic Beghin (Plon) est une enquête approfondie sur les dérives qui menacent le concept de laïcité. L’auteur fait parler un grand nombre d’enseignants, de conseillers pédagogiques et ce qu’ils racontent est plus qu’inquiétant. De nombreux sujets (sur le rôle des femmes, la création, la Shoah sont contestés et pas seulement par les musulmans intégristes mais par les protestants, les témoins de Jéhovah, les catholiques intégristes.

On ne sort pas indemne de VULNÉRABLES de Richard Krawiec (éditions Tusitala) qui nous parle des laissés pour compte de l’Amérique, de ceux qu’on oublie au bord de la route et qui en conçoivent un désespoir qui les pousse à prendre les pires décisions. Ce sont des personnages qui devraient toucher Yves Rouxel. Il y a une dureté de ton, une concision, une violence viscérale qui évoques les admirables livres de Larry Foundation (EFFETS INDÉSIRABLES réédité par, encore, Tusitala, après que Fayard ait laissé tomber). Comme l’écrit le Blog du Polar de Velda : « Billy Pike aurait pu être un bon garçon… Travailleur, respectueux et aimant envers ses parents, bon époux, bon père. Il est tout le contraire. C’est à la fin des années 80 que Richard Krawiec a écrit ce roman fulgurant. Il le dit dans sa préface de 2016 : « Le personnage principal de Vulnérables, Billy Pike, est de ceux qui sont tombés avant de découvrir qu’il n’y avait personne pour les relever. » Vulnérables n’a jamais trouvé d’éditeur aux Etats-Unis… Les uns après les autres, les éditeurs ont déclaré qu’un tel livre ne trouverait pas de public : « Ils avaient peut-être raison. Il faut tout un village pour élever un enfant, et aussi pour le détruire. Il faut tout un village pour engendrer des familles qui dévorent leurs membres. Peut-être que le pays n’avait pas envie de lire une chose pareille », écrit Richard Krawiec. » Ajoutons que la fin bouleversante, laisse planer un léger espoir.

J’ai été touché par LES RÊVEURS, le premier roman d’Isabelle Carré avec qui j’ai eu tant de joie à travailler sur HOLY LOLA. C’est un récit tendre, délicat que l’on sent devenir de plus en plus personnel et autobiographique, sur des personnages largués par la vie, qui se réfugient dans le silence ou dans la névrose. Comme l’écrit Martine Landrot dans Télérama : « Son premier chapitre Quitter Pantin est une main rétrospectivement posée sur l’épaule de sa mère, mise en quarantaine par ses parents, à cause d’un accident de jeunesse procréateur. Ce n’était pas la future Isabelle qui grandissait clandestinement in utero, mais son frère. Peut-être parce qu’elle a connu la place deux ou trois ans plus tard, Isabelle Carré décrit à merveille l’éveil du nid maternel, constitué de silence, de peur et d’effacement, un nid que l’entourage voulait hologramme, ou pourquoi pas, totalement invisible
REVOIR SES FILMS : SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES, QUATRE ETOILE, LA FEMME DÉFENDUE, CŒURS, LES BUREAUX DE DIEU et tant d’autres.

    

AVEC ÉDOUARD LUNTZ: LE CINÉASTE DES ÂMES INQUIÈTES (par Julien Frey et Nadar chez Futuropolis) est une bande dessinée sur le destin et la vie d’un cinéaste, Edouard Luntz (dont j’ai été l’attaché de presse sur LE DERNIER SAUT écrit par Antoine Blondin) et de ses films qui ont disparu de la circulation. L’aventure et le désastre du GRABUGE, où il porte une lourde responsabilité, très bien montrée dans un essai documentaire passionnant par Michel Ferry (DON’T SAY YES UNTIL I FINISH TALKING !), l’a tué (le luxe des hôtels, la coke, la folie du Brésil et de l’argent qui coulait à flot) mais son destin est tout à fait poignant. Les films de Luntz sont difficiles à trouver. Cet ouvrage pose la question des œuvres bloquées quelquefois par des ayants droit caractériels (Eustache), quelquefois par ces monstres informes que sont les compagnies américaines. A noter également chez Futuropolis, une autre bande dessinée, UN HOMME EST MORT (par Kris et Etienne Davodeau), sur le cinéaste René Vautier et son combat pour défendre les ouvriers et les dockers et un DVD qui vient de sortir aux Editions Montparnasse.

LE VENT DE LA PLAINE est un admirable roman d’Alan Le May, une sorte de miroir de LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT, un livre inspiré, profond, provoquant. Le May joue avec maestria sur l’attente, l’incertitude. J’ai voulu qu’on traduise ce livre dès que suis tombé sur la phrase disant que Cash était le seul de la famille à avoir maîtrise l’étrange dialecte Kiowa qui comprenait 82 voyelles….
Comme l’écrit le blog de Lea Touch : « LE VENT DE LA PLAINE est un roman sublime, un roman d’aventure fabuleux qui met en lumière un personnage féminin fort et intrépide. Si Alan Le May décide d’installer son intrigue dans un cadre spatial assez restreint, les paysages sont sublimés par une écriture d’une grande beauté : le nature writing se mêle aux moments d’action avec maestria. »
La force de ce roman repose sur cette tension constante liée à la certitude d’une confrontation à venir entre les Zachary et les Indiens. Cette confrontation étant subséquente au secret inhérent à la naissance de Rachel.
Mais il faut aussi citer l’article du très érudit François Forestier qui écrit sur le film : « Si je vous en parle, c’est pour Alan Le May, l’auteur du livre. Mort en 1964, il est totalement oublié, malgré ses deux titres les plus connus LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT» (porté à l’écran par John Ford) et THE UNFORGIVEN (rien à voir avec le film de Clint Eatswood). Alan Le May, qui a signé des dizaines de romans-westerns, un roman d’aventures fluviales (OLD FATHER OF WATERS, 1928) et quelques polars (dont ONE OF US IS A MURDERER, 1930), mérite d’être redécouvert. THE UNFORGIVEN, qui a servi de base au VENT DE LA PLAINE, est un roman complexe, riche, passionnant, nettement plus noir que le film de John Huston. Une traduction française s’impose. Appel aux éditeurs…
Je ne crois pas que le Nouvel Obs, malgré cet avis comminatoire, ait mentionné ce livre qui figure avec L’ÉTRANGE INCIDENT parmi mes titres favoris.

    

Erskine Caldwell est un écrivain qu’il faut redécouvrir. Romancier audacieux, abordant de plein front les problèmes sexuels et les relations raciales (BAGARRE EN JUILLET est une forte dénonciation du lynchage), il ne renia jamais son engagement, resta fidèle à ses convictions politiques contrairement à hélas Dos Passos et Steinbeck. Lisez bien sur LA ROUTE AU TABAC et LE PETIT ARPENT DU BON DIEU qui furent tous les deux édulcorés, voire massacrés lors des adaptations cinématographiques, surtout LA ROUTE qui est une honteuse trahison et l’un des pires films de Ford.
CLAUDELLE INGLISH de Gordon Douglas est plus honorable en partie grâce à une interprétation nuancée de la ravissante Diane McBain, de Constance Ford, d’Arthur Kennedy et surtout de Claude Akins formidable en soupirant riche, pataud et éternellement éconduit. Mais le scénario reste terne et la précision sèche de Douglas achoppe sur sa timidité (DVD WARNER on demand sans sous titre).
On vient de rééditer LE BÂTARD dont les derniers chapitres sont parmi les plus puissants, les plus désespérés que j’ai lus récemment et LES VOIES DU SEIGNEUR qui est formidablement bidonnant. Cette histoire de pasteur itinérant qui rackette une bande de ploucs blancs ignorants, fainéants (une constante chez Caldwell, il n’y a que les Noirs qui travaillent), pique tout leur alcool, vole leur voiture est aussi décapante que gondolante. Ce livre doit faire partie des sources d’inspiration du Charles Williams de FANTASIA CHEZ LES PLOUCS qui vient d’être réédité par Gallmeister sous le titre LE BIKINI DE DIAMANTS et l’on pense constamment au Jim Thompson de POTTSVILLE 1280, traduction enfin intégrale de ce qui m’inspirera COUP DE TORCHON.

Commentaires (209)

 

  1. Baude dit :

    M. Tavernier,
    savez-vous si une traduction des Mac Bride est prévue?
    Merci d’avance.

  2. Baude dit :

    M. Tavernier,
    je viens enfin de voir « The conversatio », de Coppola.
    Outre le 1er plan magistral, effectivement, j’ai été marqué par la critique de la paranoïa américaine, incarnée à merveille par Gene Hackman, dont la manière dont il ouvre la porte de son appartement est anthologique.
    Coppola parvient à créer une tension dramatique considérable à partir de quasiment rien et montre régulièrement Hackman seul, en contrepoint de cette fameuse 1ère scène.
    Une oeuvre absolument extraordinaire (les années 70 de Coppola sont ahurissantes, quand on y pense) et matricielle.

  3. Denis Fargeat dit :

    Message pour signaler une belle archive, un ciné-club à Pontarlier avec Edouard Luntz à l’occasion d’une projection des « Coeurs verts ». C’était il y a une éternité et pas grand chose n’a changé. https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/connaitre-le-cinema-les-coeurs-verts-dedouard-luntz-1

  4. Alexandre Angel dit :

    Il est question de Lubitsch via le livre chroniqué ci-dessus que j’adorerais lire traduit.
    J’ai revu CLUNY BROWN (La Folle Ingénue, 1946) et je commencerais par louer cet excellent dvd Carlotta paru en 2004. Et particulièrement son appareil éditorial : les intervenants sont inspirés (Noémie Lvovsky, Chabrol, Desplechin et Pierre Salvadori rivalisent de pétillement lorsqu’ils évoquent le maître) et Jean Douchet, que nous ne verrons jamais, fait entendre sa « musique » (mais ce n’est pas sa voix que l’on entend) lors d’une courte mais géniale analyse du film.
    J’ai toujours considéré CLUNY BROWN, que j’ai vu quelques fois, comme un Lubitsch à connaître, agréable mais un tantinet mineur, ce que je m’empresse de réfuter : je ne l’avais jamais vraiment bien regardé.
    J’ai toujours pensé que c’était là un des tous meilleurs rôles de Jennifer Jones. C’est mieux que cela encore.
    Si NINOTCHKA est le film où Garbo rit, CLUNY BROWN est celui où Jones joue le mieux (je n’ai pas revu LA RENARDE). Il faut tout le génie de Lubitsch pour canaliser avec une telle autorité mutine des minauderies dont pas une, en l’occurence, ne provoque le moindre embryon de crispation. On est émerveillé devant la palette d’une actrice que l’on pensait à jamais limitée: enfantine, sensuelle, nuancée…
    Et la séquence analysée par Douchet (Cluny servant à table juste avant que Charles Boyer la reconnaisse) présente sans doute le plus beau plan que l’on ne verra jamais de l’actrice, qui est celui où, vêtue de l’uniforme de circonstance, elle a l’outrecuidance de « forcer » le maître de maison dans son choix du meilleur morceau de roti. Ce plan, donc, où Jones surplombe Reginald Owen de son autorité sexy et mutine, plateau en mains, est un des mille et un bonheurs que procure un film qui, selon une expression qui m’a toujours amusé, devrait être remboursé par la Sécurité Sociale.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Angel
      Formidable
      J’en profite pour reproduire cet excellent texte de Francois Aymé QUI MET LES CHOSES ET REPREND TES ARTICLES INSENSÉS DE CERTAINS JOURNALISTES
      L’ÉDITO DE FRANÇOIS AYMÉ, PRÉSIDENT DE L’AFCAE
      Cinéma français : quand on veut tuer son chien
      Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage… surtout s’il est en bonne santé. En forçant le trait, c’est ce qui arrive au cinéma français en général et au Centre National du Cinéma dans plusieurs articles de la presse généraliste nationale. Une petite musique libérale lancinante
et insistante égratigne le secteur.
Prenons la dernière tribune de Michel Guerrin, publiée dans Le Monde daté du samedi 15 juin, et titrée « Nombre de lms ne sont-ils pas peu vus parce qu’ils sont médiocres ? ». Dans sa conclusion, le journaliste se félicite du million de spectateurs en salle promis au lm Parasite, en pointant néanmoins que les qualités de la Palme d’or sont justement celles qui manquent à certains lms français. « Voilà un lm inclassable, attractif et complexe à la fois, qui croise les genres et qui est d’une force plastique sidérante. N’est-ce pas cet alliage qui manque souvent au cinéma français ? » Effectivement, si l’on compare la plupart des lms à la Palme d’or, on risque de constater qu’ils sont moins bons.
On peut aussi relever, après Roland-Garros, que la plupart des joueurs
de tennis sont décevants sur terre battue comparés à Rafael Nadal.
Plus sérieusement, puisque l’on parle du Festival de Cannes, on glissera
au passage que la Corée du Sud aura tout de même attendu 72 ans avant de décrocher sa première Palme d’or. Et surtout que le cinéma français
      fait excellente gure au palmarès : Grand Prix à Mati Diop pour Atlantique, coproduction franco-belgo-sénégalaise ; Prix de la mise en scène aux
frères Dardenne pour Le Jeune Ahmed, coproduction franco-belge ;
Prix du scénario à Céline Sciamma pour Portrait de la jeune lle en feu;
      Prix du jury (ex æquo) à Ladj Ly pour Les Misérables ; mention spéciale à Elia Suleiman pour It Must Be Heaven, coproduction franco-palestinienne ; Caméra d’or à Nuestras Madres, coproduction franco-belgo-guatémaltèque ; Grand Prix de la Semaine de la critique à Jérémy Clapin pour J’ai perdu mon corps ; label Europa Cinemas à Nicolas Pariser pour Alice et le maire et j’en passe. Hors Palme d’or, le cinéma français fait une razzia au palmarès avec des œuvres variées, inspirées, pour beaucoup excellemment écrites,
et l’on fait la ne bouche ? C’est tout bonnement incompréhensible.
La quasi-totalité des titres ne sont pas encore sortis en salles, mais on peut être con ant sur leur accueil public. Et si Parasite va rencontrer un tel
succès en salle en France, c’est AUSSI parce qu’il a reçu la Palme du plus grand festival de cinéma du monde et qu’il est soutenu par un parc de salles au public exceptionnellement cinéphile. Nous signalons au passage, que contrairement à ce que dit l’article précité, le public des lms d’auteur* résiste nettement mieux que celui des lms grand public (en particulier pour les titres américains en 2018).
Faut-il une énième fois le rappeler ? Le cinéma français est champion européen toutes catégories : fréquentation, parc de salles, production. C’est le résultat d’un système ancien, solide, cohérent sur l’ensemble de la filière, maintes fois copié. Alors pourquoi désigner un verre à moitié vide quand
il est aux trois quarts plein ? La critique ici se concentre sur la surproduction e lms et la question de son éventuelle corrélation avec l’argent public. Deux terrains bien dangereux. Michel Guerrin parle de
la «prolifération» des œuvres.Un terme étonnement négatif pour parler de production culturelle. Oui, il y a beaucoup de lms, oui beaucoup d’entre eux ne touchent pas leur public en salles.
Mais quelques éléments pour relativiser ce constat : l’exploitation publie TOUS SES CHIFFRES (même les mauvais) quand les autres diffuseurs ont plutôt tendance à ne parler que des bons et des moins bons, voire à ne rien communiquer du tout (cf. les plateformes) ; la forte production aboutit à une véritable diversité qui est nécessaire au renouvellement des talents, un système dont la rentabilité est à penser sur le long terme : en 2009, l’Allemande Maren Ade n’enregistre que quelques milliers d’entrées avec Everyone Else et atteint pourtant plus de 300 000 entrées sept ans plus tard avec Toni Erdmann. Peut-on dire que Everyone Else était un échec ? Artistiquement, ce fut une réussite, économiquement, c’était une étape indispensable dans la carrière de la réalisatrice.
Ce temps de mûrissement des talents, cette nécessaire diversité sont de moins en moins audibles dans les médias, sur la scène politique et dans les stratégies industrielles. On touche ici, justement, à la pertinence de l’intervention publique, qui, dans l’esprit, vient compenser les logiques économiques à court terme qui peuvent faire des enjeux culturels. On lit, toujours dans le même article précité, que s’il y a « prolifération » des œuvres, hypothèse, ce ne serait pas « sans lien » avec l’abondance d’argent public. S’il y avait moins d’argent public, il y aurait effective- ment sans doute moins de lms : pour le véri er, il suf t de jeter
un coup d’œil sur les productions italiennes, allemandes, espagnoles, britanniques, japonaises… Est-ce que, pour autant, leur production
est de meilleure qualité ? Non, loin s’en faut. Nous sommes tout de même ahuris qu’un quotidien national de référence pose comme hypothèse crédible la baisse de l’intervention publique pour dynamiser un secteur culturel. C’est sans doute un signe des temps qui intervient quelques jours après la publication d’un rapport parlementaire signé par la députée Marie-Ange Magne (LREM) et quelques jours avant
le renouvellement du poste de présidente du CNC. Un CNC, qui
« a plutôt bien fonctionné pendant soixante-dix ans » (sic) mais que la députée Marie-Ange Magne ne considère pas comme suf samment transparent, qu’il faudrait contrôler un peu plus et, en n, dont il faudrait plafonner les ressources même si les taxes perçues venaient à augmenter avec notamment « la nécessité de redéterminer les caractéristiques de la vie d’une œuvre cinématographique dont l’aboutissement n’est peut-être plus nécessairement la sortie en salles ». Une formulation bien abusive :
cela fait des décennies que la salle n’est pas « l’aboutissement » de la diffusion mais sa première étape, ce qui est notoirement différent. Franck Riester, ministre de la Culture, a contesté point par point cette analyse, et l’on peut s’en féliciter. Mais il demeure une impression tenace : malgré tous les succès que le cinéma français peut enregistrer,
il arbore, comme un stigmate, les marques du vieux monde. André Malraux et Jack Lang sont des références mais c’est le passé ! Côté nouveau monde, où en est le projet emblématique de la campagne présidentielle annoncé par Françoise Nyssen comme une « révolution », je veux parler du Pass Culture ? Rappel, l’objectif est de donner aux jeunes de 18 ans une belle somme pour consommer de la culture sans pour autant nancer et développer la transmission du goût, de l’envie et de la curiosité. Dit autrement, mettre du carburant dans une voiture dont la courroie de transmission n’a pas encore été véri ée. Il y a deux ans, le gouvernement annonçait à terme 800 000 Pass à 500 euros.
Soit 400 millions d’euros : plus de la moitié du budget du CNC, tout secteurs confondus (audiovisuel et cinéma) ! Deux ans après l’élection de 2017, 12 000 jeunes détiennent le Pass Culture, soit 1,5 % de la classe d’âge. En 1948, deux ans après la création du CNC, le fonds
de soutien était créé dans le cadre des accords Blum-Byrnes.Apprenti sorcier besogneux et donneur de leçons, le nouveau monde a encore
à apprendre des méthodes et de l’esprit du passé.•
      * En 2018, les lms recommandés Art et Essai représentent 21,5 % du marché contre 19,5 en 2017. Source : Rentrak.

      • Denis Fargeat dit :

        Merci pour ce beau texte. « Qui veut noyer son chien… » on connaît l’adage, mais il est toujours bon de le rappeler, car la mauvaise foi déplace les montagnes. Et ce qui fait mal, c’est de voir comment une logique comptable, vaguement déguisée en leçon de morale, gagne peu à peu la société ; on entend ce type de discours dans la bouche des personnes les plus inattendues. Ionesco n’avait pas tort, avec son « Rhinoceros », la contagion de la bêtise est toujours d’actualité.

  5. Catherine dit :

    Peut-être doublon, mais le texte n’apparait pas…

  6. Catherine dit :

    Bonsoir Mr tavernier,

    Merci à vous d’avoir fait l’éloge de l’acteur James Garner, en bonus de « Hour of the Gun » (J.Sturges) !!
    Je l’avais découvert avec « Victor-Victoria », où il était plutôt en fin de carrière, et par là-même son talent, son charisme, d’acteur de comédie.
    Il s’en sort aussi très bien face à Doris Day dans « The Thrill of it All » de N.Jewison.
    Du coup j’ai évidemment adoré « Les Jeux de l’Amour et de la Guerre » d’Arthur Hiller, où là il donne la preuve qu’il est aussi à l’aise avec l’humour noir des situations (sur un scénario du provocateur P.Chayefsky), et Julie est parfaite, le courant passe bien entre ces deux là, et leurs affrontements ‘moraux’ sont épiques (elle est anglaise, il est américain). Sans compter Melvyn Douglas en Général de Marines fou (pléonasme), et un James Coburn en roue libre !!
    L’un des rares films où je ris à chaque vision (si).

    • Catherine dit :

      Il faut lire Mr Tavernier bien sûr.

    • Yves Rouxel dit :

      A Catherine.Il est aussi à l’affiche au coté de Clint Eastwood dans »Space cow boys »ou des des papis vont dans l’espace.Puis James Garner à beaucoup tourner pour la tv dans des séries.Je vous conseille »The rockfordfiles »série policière de la fin des années 60.Comme beaucoup d’acteurs il n’a pas vraiment eu la carrière qui méritait comme David Jansen ou James Farentino.

      • Catherine dit :

        Il était archi connu aux USA, couplé à D.Day et avec une série western-comedy (which Idon’t remember the name for now) dans le rôle d’un shérif !!
        Donc il a bénéficié, et tant mieux pour lui, d’une immense popularité de son vivant, et il la vaut bien.
        Il y aussi cette comédie policière de B.Edwards, « Sunset » avec toujours J.Garner qui interprète un Wyatt Earp à la retraite, qui vient conseiller un acteur de western à Hollywood, interprété par Bruce Willis, j’aime beaucoup aussi.

  7. MB dit :

    Je me souviens de qqn qui disait ne pas comprendre pourquoi on accumulait tant de dvds sur les étagères plutôt que de voir des films à la tv, et bien j’ai la réponse: on pique dedans et on se rafraîchit la mémoire dés que l’envie s’en faire sentir, récemment j’ai senti le vent des plaines de Chine me farfouiller les cheveux, fébrilement j’ai donc extrait DRAGON INN de King Hu et je m’en suis retapé une bonne claque de lames de métal fendant l’air, de brassages d’étoffes « frrrrfrrrrououou » par le vent de la chute depuis un arbre ou un mur, de belles femmes absolument redoutables dés qu’elles se saisissent d’un sabre, d’agents doubles, de mendiant en fait agent secret, de comptable en écritures en fait rebelle désirant abattre un régime injuste, de moine terriblement poli et doux, qui une seconde + tard vous colle un bourre-pif de derrière la cheminée pour vous enjoindre de bien vouloir je vous prie céder à ses intructions etc. Je me suis gorgé de paysages montagnes, plaines, cascades et J’ai enchaîné avec L AUBERGE DU PRINTEMPS, à mon avis son chef d’oeuvre, L HIRONDELLE D OR (délicieuse Cheng Pei Pei),RAINING IN THE MOUNTAIN et du coup j’ai commandé LA LEGENDE DE LA MONTAGNE tourné en même temps que le précédent (pas de batailles dans celui-ci sinon de magie) . Bon A TOUCH OF ZEN est un peu long et sa conclusion mystico-bouddico-zenienne me fait trébucher.
    Carlotta a édité récemment tous ces films en bluray (L AUBERGE est chez HK), il semble d’après ceux qui ont vu tous les King Hu qu’il manque surtout THE VALIANT ONES/PIRATES ET GUERRIERS. Il faut faire fi des libertés de scénario qui offrent des ellipses irrationnelles: tel personnage se retrouvant sans explication d’un lieu à un autre, et se délecter de ces méchants qui combattent des adversaires supérieurs en nombre (en général, en conclusion de l’histoire) au mépris de la règle du combat singulier et loyal du romanesque occidental dans lequel le fourbe traître doit avoir sa chance!

    • MB dit :

      … oui enfin L HIRONDELLE D OR c’est chez Wild Side et RAINING chez Moravioff avec un master pas mal du tout. Les 3 autres sont bien chez Carlotta!

  8. Henri Patta dit :

    Je viens de visionner avec un rèel plaisir le film du realisateur Autant-Lara , OCCUPE TOI D ‘AMELIE.
    quelqu ‘un d ‘entre vous sait-il comment le film a etè acceuilli a sa sortie ?
    Cette idee de mise en scene , cette sorte de mise en abime est vraiment une idèe sublime.Tout est fluide , leger, virevoltant.
    Quel grand ecart avec quelques annees plus tard avec LE ROUGE ET LE NOIR ou au contraire tout semble pesant et inanimè.
    Il y a t-il une explication rationnelle a cette diffèrence enorme ?
    Il est impossible de deviner qu ‘un meme realisateur est aux commandes de ses 2 films.
    Probleme de producteur trop rigide et directif peut-etre pour l ‘adaptation de Stendal.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Henri Patta
      Lara est comme écrasé par le respect qu’il éprouve envers Stendhal, par l’ambition du sujet. La couleur n’arrange rien, mal utilisée, dans une photo académique. Et aurenche et Bost m’ont dit qu’ils s’étaient opposés à cette adaptation qu’ils jugeaient condamnée d’avance mais Lara voulait porter à l’écran les romans de Stendhal. Dans AMÉLIE il se sent plus libre et le scènario d’Aurenche (Lara dit que Bost malade n’écrivit rien) y est pour beaucoup

      • Henri Patta dit :

        a Bertrand Tavernier.
        Merci pour ces prècisions.
        Ce qui est certain c’est que cette vieille lune de pas mal de critiques disant qu ‘un realisateur ‘fait toujours le meme film ‘ au fil de sa carriere est battue en brèche par Autant-Lara.
        Son cinema a une palette tres etendue.

    • Damien D. dit :

      Et moi j’ai visionné ce week end DOUCE un des plus beaux Lara tant vanté par Bertrand et J-Pierre Bleys. Je ne pousserai pas très loin l’analyse mais le ressenti à sa vision est l’impression d’une grande liberté de ton : la fin du film mélodramatique est évacuée de tout pathos par la musique de Noël utilisée de manière totalement ironique, ramenant l’anticléricalisme de Lara et le côté anar et libertaire qui a du aussi plaire à Aurenche et Bost.
      Découverte de voir une Madeleine Robinson très belle, une Odette Joyeux jouant admirablement les jeunes mutines idéalistes et surtout une Marguerite Moreno extraordinaire en bourgeoise parisienne truculente, réactionnaire, figée dans les conventions mais aussi si pittoresque par sa gouaille, sa liberté de ton. Encore une fois les rôles de femmes sont très bien mis en valeur par Lara et son duo de scénaristes. Le père de Douce joué par Jean Debucourt est tout aussi juste et touchant dans ses sentiments : malgré la critique très acerbe et violente des rapports de classes qui détruisent tout, on ne sent aucun jugement sur les personnages qui sont tous prisonniers d’un système les empêchant de s’épanouir et d’être heureux. On sent Lara posant sur chacun d’eux un regard attentif et compréhensif. Le personnage de la vieille mère jouée par Moreno se révèle tout à la fois cassante et blessante (« il ne faut pas habituer les pauvres à avoir de beaux habits ») qu’attentionnée à visiter une famille vivant sous les toits et refusant de prendre son ascenseur au retour de sa tournée d’aide aux indigents…

      En cette période de fêtes de fin d’année voyez donc ou revoyez DOUCE, sorte de conte de Noël touchant et corrosif comme savait les mettre en scène Claude Autant Lara dans ses meilleurs films.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Damien D
        Il est enfin sorti en DVD ?

      • DUMONTEIL dit :

        à DD
        Moreno : « patience et résignation »
        Pigault : « impatience et révolte »

        • Damien D. dit :

          A Dumonteil, oui un très beau passage choisi par Bertrand dans son VOYAGES A TRAVERS… et qui incite à lui seul de voir le film.

        • DUMONTEIL dit :

          Oui ,il y a des séquences comme celle dite de « la visite aux pauvres » qui à elles seules justifient la vision du film(« douce » est mon CAL préféré)
          Pour en rester dans le cinéma de ces années noires , la séquence dite de la lampe « du bien ou du mal » dans « le corbeau « (HGC) ou celle dite de « la bénédiction par l’évêque de la meute de chiens » dans « la vie de plaisir » d’Albert Valentin sont de celles-là.

        • MB dit :

          « douce » est mon CAL préféré
          moi ce sera UNE FEMME EN BLANC les 2 mais j’ai pas vu tous les CAL!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Impossible d’avoir un favori mais je mettrai très haut DOUCE, LE MARIAGE DE CHIFFON, LETTRES D’AMOUR, OCCUPE TOI D’AMÉLIE et les deux FEMMES EN BLANC ainsi que EN CAS DE MALHEUR

        • MB dit :

          je vais combler mes lacunes
          et vous aviez signalé LES PATATES que j’ai vu avec plaisir, film qui m’aurait fuir ventre à terre sans votre avis!

  9. Yves Rouxel dit :

    « Mes provinciales »est un film de Jean paul Civeyrac qui se détache complètement des sorties habituelles.Puis c’est avant tout un film qui parle de cinéma et ça c’est un veritable régal pour nous cinéphile.On va suivre Etienne ,20 ans qui va quitter parents et copine et sa ville de Lyon afin de rallier une école de cinéma à Paris.Il va débarquer avec son sac à dos plein d’illusions,de soif de connaitre et d’apprendre un art si large qu’est le cinéma.Amitiés,amours d’un soir,fètes dans un appartement ou il co-habite avec des étudiants venus tous de province.Comme il affirme dans une scène: »quand on habite Lyon,on est pas des provinciaux mais tout simplement des Lyonnais ».Puis il va y avoir la rencontre qui va changer sa vision des choses en la personne de Mathias venu de Bordeaux.Mathias c’est un rebelle,un écorché vif qui est contre ce formatage et la caricature des personnages dans les films.Pour lui,il faut revenir aux sources avec de vrais dialogues.Il à beaucoup lu dans sa jeunesse et affirme que le cinéma s’est toujours reposer sur les œuvres littéraires alors que le cinéma n’a pratiquement rien apporter à la littérature .Civeyrac à tourner son film en noir et blanc afin de donner un réalisme plus profond et intense.Le choix des acteurs est vraiment à la hauteur et l’on pense évidemment au cinéma de Bresson,Eustache,Godard ou Truffaut.Le dernier plan du film se termine sur une fenètre ouverte qui donne sur les toits de Paris.Etienne qui n’a pas été jusqu’au bout se souviens des copains,des beaux moments de l’existence puis des deceptione et les échecs.Pendant deux heures on est viscéralement happer par cette histoire et on en ressort pas intact.A découvrir ce film unique et singulier,en bonus on trouve le premier court de Jean paul Civeyrac.

    • Yves Rouxel dit :

      Toujours du même réalisateur,je vous conseille »Les filles en noir »qui aborde de façon remarquable le mal de vivre et le suicide de la jeunesse désoeuvrer et perdue.Ici on suit deux lycéennes qui sont très proche mais on dut mal à supporter le poids de la vie,des concessions que l’on doit faire,l’avenir incertain.Tableau noir et réaliste d’une société à la dérive ou le bien matérialiste ne suffit pas à rendre les gens heureux.Civeyrac qui vient de la femis et qui enseigne en faculté à une vision juste des personnages qu’il filme,avec délicatesse,soin des lieux(zones urbaines ou les visages ne se regardent plus dans les transports)puis surtout il est phase totale avec notre époque ou tout va trop vite.C’est un cinéaste à découvrir.

  10. Scof dit :

    Bonjour

    Je ne parviens pas à comprendre l’attitude des responsables d’Actes Sud au sujet de la biographie de Wayne? Quels sont les obstacles rencontrés par cette maison d’édition pour ne pas publier cet ouvrage de référence? Est-ce Jean-Pierre Coursodon qui va assurer la traduction?

    Cordialement

    • MB dit :

      WAYNE/EYMAN: faudrait leur poser la question plutôt qu’ici. Mais c’est simple il y a sans doute des contraintes de calendrier donc de budget, combien ça coûte des droits de publication + de fabrication et j’en passe? Actes Sud peut-il tout publier d’ailleurs?
      Il y a d’autres éditeurs, je ne sais pas si ASud a acheté les droits, déjà. Donc, je ne vois pas ce qu’il y a de difficile à comprendre, désolé. bonne journée.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A MB
        Posez la questions à Thierry Fremaux sur le site de l’Institut Lumiere

      • Scof dit :

        A MB

        Actes Sud/ institut Lumière avait programmé la sortie de cette biographie en mars 2018. Thierry Fremaux fait une référence explicite à la publication de ce livre dans son livre. Je m’interrogeais juste sur ce silence. Je compte envoyer un mail aux éditeurs.

        • MB dit :

          à Scof: toutes mes excuses les plus plates, je ne savais pas que c’était « officiellement » au programme des sorties Actessud, laissez un mail et tenez nous au courant svp, merci.

  11. Mr Tavernier,

    Puisque vous mentionnez (furtivement) la très grande biographie de John Wayne par Scott Eyman, j’aimerai signaler ici la sortie de son dernier livre HANK AND JIM, consacré à l’amitié profonde de James Stewart et Henry Fonda.

    Au-delà des innombrables anecdotes drôles, touchantes et parfois tragiques entourant la vie de ces deux géants, Eyman dresse en creux le portrait de toute une galerie de personnages méconnus, à commencer par le photographe John Swope ou l’agent Leland Howard, pour ne citer qu’eux. On y apprend aussi à quel point Margaret Sullavan a hanté, dans sa vie comme dans sa mort, l’esprit des deux hommes, jusqu’à la fin de leurs vies. Les années de galère à New-York en pleine Depression, la collocation à Hollywood et les folles années 1930, la guerre et le retour difficile à Hollywood, l’exil à Broadway de Fonda alors que Stewart explose les compteurs grâce à Mann et Lew Wasserman, et puis sa lente et inconsolable dépression après la mort de son fils au Vietnam… Tout cela, et bien d’autres choses, sont consignées dans ce livre Incroyablement dense et précis. Eyman retranscrit certaines lettres magnifiques de Fonda, comme celles qu’il écrit à ses enfants Peter et Jane alors qu’il attend, comme Mr Robert, que quelque chose vienne enfin troubler l’ennui profond et le sentiment d’inutilité qu’il ressent au-milieu du Pacifique, où rien ne se passe.

    Il y a, pour finir, certaines très belles pages d’analyse du jeu de chacun des deux acteurs. Eyman dit notamment ceci, que je trouve pour ma part très juste et très beau :

    «Beyond that, they differed in every way. [Stewart] was undoubtefully the most versatile leading man of his generation, but in a familiar vein: the Good American, an inately decent man who finds himself in a difficult place. There had been actors like that before (Gary Cooper) and there would be actors like that again (Tom Hanks, although he has been careful never to play anything like Vertigo).
    But there hadn’t been an actor like Fonda before, nor would there be again. In his sense of compression, of minimalist tightness, where emotion is communicated by a slightly emphasized syllable or the flicker of an eye, Fonda was practically japaness. (Fonda was the only American actor who could have worked for Ozu.)
    The joy in watching Fonda comes from his pointillist technique, as well as those times when his tension meets relaxation and relaxation wins -when he sees Jane Darwell for the first time in The Grapes Of Wraths and exclaims « Ma! »; when he does his dance on the post in Clementine. He’s a hold-and release actor ».

    Pardon si vous avez déjà mentionné ce livre dont vous avez sans doute déjà entendu beaucoup de bien. J’espère que l’on verra un jour une traduction française en librairie, aux côtés du John Wayne du même Eyman.

    Bien à vous,

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Piletitch
      Bravo et merci pour cet texte qui met l’eau à la bouche

      • Alexandre Piletitch dit :

        Merci à vous.

        Je me relis et remarque que j’ai écorché le nom de ce pauvre Leland HAyward (et non pas Howard). Profitions-en pour dire, pour que ce message ne soit pas parfaitement inutile, que sa fille Brooke (veuve de Dennis Hopper et fille de Margaret Sullavan, encore elle !) a écrit une autobiographie paraît-il excellente : HAYWIRE.

        (Et je parlais bien de Mr. RobertS. )

      • Alexandre Angel dit :

        Henry Fonda :le seul acteur américain qui aurait pu travailler pour Ozu.
        C’est inattendu et intéressant!

  12. DUMONTEIL dit :

    TCM a la bonne idée de proposer un cycle Lewton producteur ;je viens de revoir « the seventh victim » pour la 3ème fois,et je suis encore plus époustouflé devant une pareille réussite avec une telle économie de moyens ;tout distille la peur ,d’autant plus impressionnant que tout se déroule dans l’univers de tous les jours ;le film semble contenir en germe énormément de films à venir .je citerais plusieurs scènes d’une angoisse inouïe ,à une époque où le cinéma fantastique substitue les effets spéciaux (surtout depuis « the exorcist ») à un scénario « écrit »

    -Kim Hunter (dont c’était le 1er film) et le détective dans le couloir ,puis la scène du métro.

    -la première apparition fantomatique de la soeur (la beauté mystérieuse de Jean Brooks ,femme du réalisateur,actrice assez obscure chez nous,est idéale)

    -la douche de KH ,avec cette ombre noire derrière le rideau .

    -La réunion du cercle d’adorateurs du diable ,où la « normalité  » des participants est d’autant plus terrifiante ;je suis presque certain qu’ Ira Levin a été influencé par ce film :la fameuse bouteille de parfum avec le signe maléfique est l’équivalent de la racine de « tannis » .

    -la longue errance de la soeur ,avec encore un effet d’ombre qui vous prend à la gorge .

    -Enfin la scène finale ,qui atteint ,si l’on peut dire, un paroxysme dans l’économie de moyens :seulement un bruit (qui pourrait presque passer inaperçu)nous suggère l’horreur du denouement .Le réalisateur(Robson) ne se permet même pas de revenir sur le nouvel amour de Kim Hunter pour « rassurer » le spectateur.

    Le cycle propose d’autres films très intéressants : « cat people « (évitez son remake) et sa sequelle qui n’est pas sans qualités (« the curse of the cat people « ) » I walked with a zombie » « leopard man » « the ghost ship » (avec un sensationnel Richard Dix en capitaine fou), »the body snatcher » , »mademoiselle fifi » ,qui comme le film de Christian-Jaque « boule de suif » ,amalgame les deux nouvelles de Maupassant .

    • MB dit :

      à Dumonteil: Lewton d’accord sur tout ce que vous avez dit sur 7th VICTIM (ah, la femme manchote dans la réunion des satanistes, montrée sans aucune insistance!) et sur Lewton en général. La 1ère apparition de J Brooks m’avait fasciné ce personnage-mystère qu’on recherche depuis le début apparaît soudain avec une discrétion inhabituelle, et très furtivement!
      Je suppose que vous avez lu le petit bouquin indispensable de J.E. Siegel que Lourcelles recommande. La notice de Lourcelles sur 7Th est d’ailleurs magistrale.
      THE CURSE est un très bon film de Wise, qui tire plus sur le merveilleux que sur le fantastique ou l’angoisse, avec une jeune actrice que j’adore, Ann Carter, à qui Fleischer confia le monologue final déchirant de CHILD OF DIVORCE. On la voit aussi un peu dans BOY WITH GREEN HAIR avec la scène fantasmée des enfants victimes de la guerre et pas mal dans RUTHLESS/L IMPITOYABLE de Ulmer où elle joue l’héroïne enfant. Manque de chance elle a dû interrompre sa carrière adolescente, à cause de la polio. L’un des acteurs-enfants les plus marquants de Hollywood, mais que des seconds rôles.

      • DUMONTEIL dit :

        A MB

        Non,je ne l’ai pas lu mais je le ferai certainement.Merci du conseil; »7th victim » est extraordinaire ,et il ne dure que 71 min!
        l’apparition de Jean Brooks et le débat sur le bien et le mal qui soutient la comparaison avec la lampe du « corbeau »,wow!;BT avait souligné la filiation de « Rosemary’s baby » avec les productions Lewton et Ira Levin avait vu le film ,j’en suis presque sûr.

        « the curse » ,dirigé par Robert Wise (dont « the haunting » (1963) est un de mes films cultes) ,est tout à fait intéressant ;j’aime les apparitions fantômatiques ,au sens propre cette fois, de Simone Simon – il faut s’armer de patience pour la voir apparaître enfin!-,définitivement la femme-chat ;la relation père/fille est intéressante .

        « the ghost ship » est aussi insolite,original,magistralement interprété par Richard Dix et sait créer une atmosphère fantastique à partir d’éléments qui ne le sont pas .

        dans un autre genre « child of divorce  » est un très bon film,un des premiers qui s’intéresse aux victimes,cad les enfants.

        • MB dit :

          à Dumonteil: d’accord sur Lewton, donc et rien à voir: avez-vous vu THEY CAME TO A CITY (pas de titre français) de Basil Dearden? ya une promo sur le site de BFI qui me tente (bluray), mais ça m’a l’air ambitieux dans le mauvais sens du terme.

      • DUMONTEIL dit :

        A MB

        je ne connais pas « they came to a city  » (il a un titre français : »ils vinrent dans la cité « ,dixit Tutard):c’est basé (imdb) sur une pièce de JB PRIESTLEY ,un dramaturge obsédé par le temps qui a donné des pièces mémorables comme ‘time and the Conways  » , » I have been here before » et surtout son chef d’oeuvre « an inspector calls » que Guy HAMILTON (le futur directeur de « Goldfinger » ) a adapté très honorablement bien que de manière académique (il eût fallu Mankiewicz);on a déjà évoqué Dearden sur ce site :il a courageusement abordé l’homosexualité dans « the victim » ;son sketch de « dead of night » (le coureur automobile) n’est pas mal ; « la femme de paille » est un bon thriller; « assassination bureau » est souvent très drôle ; »the man who haunted himself » donne à Roger Moore son rôle le plus original sur le thème du double.
        donnez lui une chance !

        • Bertrand Tavernier dit :

          A DUMONTEIL
          Vous omettez certains de ses meilleurs films : POOL OF LONDON, THE LEAGUE OF GENTLEMEN, SPAPHIRE. Deux de ces titres traitent du racisme

  13. MB dit :

    Vu grâce à Brion SEULE CONTRE LA MAFIA/LA MOGLIA PIU BELLA de Damiani, une grande réussite et vraie découverte avec Ornella Muti (à 15 ans!) tout à fait excellente, un cinéaste dont je ne savais trop quoi penser malgré l’excellent CONFESSION D UN COMMISSAIRE DE POLICE… et EL CHUNCHO. Le 1er surtout était très convaincant, le 2ème intelligent et réussi bien qu’un peu prévisible. PERCHE SE UCCIDE UN MAGISTRATO vu aussi au CDM ne m’avait pas bouleversé. Je vais revoir CONFESSION et revoir ses autres films sociaux ou politiques: LA MAFIA FAIT LA LOI vu ya trop longtemps mais qui m’avait plu et NOUS SOMMES TOUS EN LIBERTE PROVISOIRE, mauvais souvenir mais qui sait. Il y a aussi UN JUGE EN DANGER et L AVVERTIMENTO qqn les a vus?

    • Pierre dit :

      A MB :

      Damiani me parait être un cinéaste tout à fait intéressant, je suis d’accord. A titre personnel, je recommande son AMITYVILLE 2. Je suis à peu près certain d’avoir assez peu de soutien de ce côté là, mais c’est un film de mon point de vue infiniment supérieur au premier, un peu fou, qui part un peu dans tous les sens, mais dont la mise en scène est inventive et qui diffuse un réel malaise. Je serais bien curieux de votre avis !

      • MB dit :

        à Pierre: AMITYVILLE 2 je vais avoir du mal à le voir, disons que je note je note…

      • DUMONTEIL dit :

        Amytiville: perso,je préfère revoir « the haunting  » ,pas la farce de Jan de Bont ,mais l’excellente adaptation du livre de Shirley JACKSON par Robert Wise (1963) pour la dixième fois!Et tant pis si « j’ai assez peu de soutien » !

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Dumonteil : ( THE HAUNTING). Non, vous n’êtes pas seul. J’ai personnellement toujours considéré cette oeuvre de WISE comme étant LE sommet du genre. Je l’ai découvert à douze ans, un soir aux « Dossiers de l’Écran », seul à la maison. Je ne m’attendais pas à ça ! Terreur absolue. Chaque nouvelle vision (revu il y a quelques semaines) diffuse toujours le même climat d’angoisse. Je ne prétend pas être un « aficionado » de ce genre cinématographique, mais de tous les autres films que j’ai eu l’occasion de voir dans ma vie, AUCUN n’a pour moi atteint une telle tension. La force de WISE est justement de ne rien montrer ,mais d’atteindre le sommet de l’angoisse par le travail de mise en scène, la bande-son (chuchotements, voix étouffées, rires, pleurs, grondements… jamais ridicules), la terrifiante musique de Humphrey Searle, la photographie hallucinante de la bâtisse (paraît -il filmée avec une pellicule infrarouge qui lui donnait une impression de respiration), et des scènes angoissantes inoubliables. Les comédiens sont tous excellents.
          Par contre je n’avais pas trouvé le livre de Shirley Jackson (« Le Masque Fantastique », il y a quelques années) vraiment emballant et sûrement très inférieur au chef d’oeuvre de Robert Wise. Vous m’avez « tendu la perche ». Il y a longtemps que je voulais exprimer tout le bien que je pense de THE HAUNTING.
          Le film de De Bont ne sert à rien. Je n’en sauve que ses très beaux décors. Le reste est ridicule.
          Absolument d’accord avec vous pour LA SEPTIÈME VICTIME.

        • DUMONTEIL dit :

          A JPS

          Avez-vous lu le magnifique article que lui consacre Lourcelles dans son guide des films ?je me dois de citer ces lignes
          « si réaliser un film (…) c’est mettre le spectateur en condition de vivre par lui-même une véritable EXPERIENCE (…) alors à cette aune et au vu de ce seul film ,nul ne peut dénier à Wise la qualité de vrai et pur metteur en scène . »

          Pour l’anecdote ,Claire Bloom s’étonnait que Julie Harris devînt distante avec ses partenaires vers la fin du film ;Harris s’en est expliquée ensuite;elle voulait vivre son personnage jusqu’au bout.

          dans le navet de De Bont, Catherine Zeta-Jones affiche dès le début son homosexualité ,avec une remarquable maladresse;Bloom procédait par petites touches ;une scène la montrant quittant sa partenaire avant de venir au château fut coupée par Wise,justifiant son patronyme.

          Dans le roman de Jackson,la femme du prof était accompagnée d’un autre personnage Arthur,que Wise a sagement supprimé de son scénario.

          Les nouvelles de Jackson ne sont pas faciles à lire : »the lottery » fait partie des histoires courtes à lire « une fois dans sa vie » cependant.

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Dumonteil : (THE HAUNTING). Non, je n’ai pas eu l’occasion de lire cet article de Lourcelles, mais un entretien avec Wise dans un mag ciné, il y a fort longtemps où il expliquait sa volonté de ne vouloir que SUGGÉRER les manifestations dans la maison, et laisser avant tout le libre choix au spectateur sur l’interprétation des phénomènes : réels, issus des esprits dérangés d’Eleanor et Theo ? Il ne souhaitait rien imposer. D’ailleurs mis à part la scène où le groupe, reclus dans une pièce du rêve de chaussée voit (comme le spectateur) la porte gonfler sous les assauts d’une terrible force extérieure, il n’impose rien, et c’est là du grand art. On y revient, celui de la suggestion, déjà magnifiquement utilisé par Jacques Tourneur et Val Lewton chez RKO – dont Wise a visiblement retenu les lecons – qui permet au spectateur d’imaginer LE PIRE. Ce joyau traverse le temps sans avoir pris une ride, même si un jour ma fille m’a raconté que lors d’une projection dans un cercle étudiants, beaucoup riaient. Mais le rire peut aussi être une arme pour évacuer un malaise grandissant…

        • DUMONTEIL dit :

          A jPS :

          j’ai vu « the exorcist » en salle avec un Américain; certaines scènes me faisaient éclater de rire ,et pas pour évacuer la peur ,car à force de montrer ,on finit par annihiler toute terreur.
          Mon compagnon américain semblait indigné par mon attitude: »mais ce n’est pas drôle! » protestait-il.
          Polanski aussi avait retenu la leçon :si on avait montré le bébé de Rosemary ,la scène finale aurait perdu 99% de sa force émotionnelle.Et pourtant de nombreux spectateurs avaient affirmé l’ avoir vu :le pouvoir de suggestion dont vous parliez .

        • Denis Fargeat dit :

          A Dumonteil et JPS
          Pardon si je tempère un peu l’enthousiasme , je crois avoir vu « The haunting » trop tard pour être saisi à ce point ; comme souvent , la réputation du film me l’a un peu gâché. Mais c’est vrai que certains éléments du film sont restés ancrés en moi , et notamment le jeu des acteurs ; outre ceux que vous avez cités, je repense au jeu subtilement étrange de Russ Tamblyn (réactivé c’est vrai par son rôle dans Twin Peaks) . Et merci pour l’info sur les vues de la maison sur pellicule infrarouge, ce ne doit pas être pour rien dans l’impression physique qu’elle laisse.
          A vrai dire le film de cette période qui m’a fait la plus grande impression , c’est « Les innocents » de Clayton, antérieur de deux ans ; là aussi, suggestion, une maison omniprésente, et un travail subtil du chef op – Freddie Francis en l’occurence , qui faisait peindre les arbres pour qu’ils soient plus éclatants, tel un valet de la reine de coeur.

        • DUMONTEIL dit :

          A Denis ,

          loin de moi l’idée de négliger « the innocents  » la meilleure des trois adaptations de « turn of the screw » de Henry James que j’aie vue (oublions celle avec Brando, »the nightcomers « );Deborah Kerr est de la même classe que les actrices de « the haunting »
          Jack Clayton a repris la jeune Pamela Franklin de ses innocents dans « our mother’s house  » (« chaque soir à neuf heures ») dans un film déroutant où elle rencontre Dirk Bogarde,une sorte de Peter Pan adulte (le nom est Charlie Hook) -ce que Spielberg avait raté avec « Hook » ,Clayton l’avait réussi bien avant ;une lumière crépusculaire dans un paysage automnal qui devient ténèbres dans la dernière séquence ;des enfants orphelins qui veulent continuer comme si leur mère était vivante , »la fracture du myocarde  » vingt ans avant mais avec une atmosphère plus « fantastique « ;superbe musique de Delerue.

          je n’ai pas besoin d’être convaincu pour le film de Clayton ;par contre , pour « amytiville « (1,2 ou 3) (d’où est partie la discussion) , si on ne peut rien dire de gentil….

    • MB dit :

      LA MOGLIE pas « MOGLIA »

  14. Alain Barriere dit :

    Le temps d’un message je détourne la vocation de ce blog pour remercier les nombreux artistes de cinéma qui soutiennent les gilets jaunes. Fidèle à elle-même la corporation du 7eme art a toujours été à l’avant garde des mouvements populaires. Une fois encore on la retrouve engagée aux côtés de ceux qui la font vivre : Les spectateurs, souvent courageux d’utiliser leur voiture pour se rendre dans les cinémas. Je sais que vous serez nombreux demain au rassemblement de la rue Lauriston, une adresse pleine de nostalgie pour un grand nombre d’entre vous.

    • Yves Rouxel dit :

      J’ouvre et referme la parenthèse des gilets jaunes car on doit rester dans le cinéma avant tout.Je ne veux aucunement créer des querelles de chapelles et de convictions pour les uns et les autres.Mais je tiens à écrire que certains tels Franck Dubosc(même si il vient d’un milieu modeste)ou Philippe Lellouche n’ont rien à voir avec ce mouvement.Si ils veulent soutenir dans ce cas qu’ils demandent audience auprès du pouvoir.Enfin le pire c’est Pamela Anderson qui à dit sur une radio qu’elle voulait poser sur un calendrier en maillot de bain de couleur jaune.La jaunisse envahit les Gaulois,je vais réecouter le nouveau Johnny qui reste l’idole des jaunes!!!!

    • Pierre dit :

      A Alain Barrière

      C’est vrai : vous détourner la vocation de ce blog.

    • Denis Fargeat dit :

      A tous
      Je propose, en réaction à ce genre de message qu’il convient de renvoyer à sa propre inanité, la pratique du message vide: un post avec rien dedans, comme un miroir glaçant renvoyé à la Méduse. Pratique dont je m’abstiens évidemment ici , et dont l’idée m’a été involontairement suggérée par Bertrand : un de ses messages ne contenait rien , il y a quelques jours, et ce fut fort heureusement corrigé peu après.
      Fraternellement vôtre !
      Ah , au fait , après vérification Alain Barrière n’est pas aussi mort que Jean Lecanuet… par respect anthume pour l’immortel auteur de « Elle était si jolie  » ou « Et tu fermes les yeux », on peut amicalement suggérer comme pseudo Alfred Barricade, Albéric Portillon, Albert Tourniquet , ou bien Albin Passageaniveau… liste non limitative.

      • MB dit :

        à Denis Fargeat: je ne suis pas d’accord, j’ai choisi de ne pas répondre du tout. Il faut voir que si Bertrand publie ces âneries (à mon avis, il pousse la liberté d’expression un peu loin), c’est qu’il ne veut pas se donner la peine de faire le tri. Moi je m’embêterais à le faire si c’était mon blog mais c’est lui le patron alors…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Je ne contrôle pas les messages du blog – il y a un modérateur – mais parfois j’en élimine après les avoir lus

        • MB dit :

          à Bertrand: ah ok, vous être très tolèrant quant à choisir ce qui pourrait être supprimé.
          Par ailleurs, j’ai vu qu’on n’avait plus de plantage avec messages qui disparaissaient comme à une époque, merci le webmaster!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Liberté d’expression

  15. Yves Rouxel dit :

    Quand on évoque John Guillermin on pense à »La tour infernale »ou »Mort sur le nil »qui sont deux films à revoir,mais on oublie que cet ancien documentariste de l’armée né à Londres de parents français est l’auteur d’une œuvre curieuse mais pas ininteressante du tout.Il s’agit d »Un cri dans l’ombre »qui raconte l’histoire d’un aventurier américain vivant à Paris et qui va se retrouver à enquéter sur la disparition d’un petit garçon à travers la France.Mais le point fort reste le contenu de l’organisation qui rappelle fortement l’OAS et les nostalgiques des colonies en Afrique.La scène ou la famille visionne des films en noir et blanc dans la salle à manger en se souvenant qu’ils étaient les maitres sur une terre qui n’était pas la leur.Le film va un peu dans tout les sens avec des moments rocambolesques et des scènes droles à l’humour british.N’oublions la présence d’Orson Welles qui à dut donner quelques indications à Guillermin pour la fin du film.En effet on retrouve Welles avec son physique de colosse,capé d’un grand manteau,coiffé d’un chapeau et toujours le cigare au coin des lèvres en haut du Colisée.Georges Peppard joue son role en dilettante et on est pris par son personnage.Enfin je terminerais en rendant hommage à Francis Lai qui compose une partition inventive et loin des chabadas d’un homme et une femme.Concernant Guillermin je n’ai toujours pas vu son film qui raconte,comment les américains ont réussit à bluffer les nazis grace à un sosie de Montgomery????

    • Bertrand Tavernier dit :

      A YVES ROUXEL
      J’ai parlé plusieurs fois ici de Guillermin, réalisateur pour qui j’ai une certaine tendresse et que j’ai rencontré dans les années 60 à cause de LA PLUS GRANDE AVENTURE DE TARZAN, de GUNS AT BATASI, film très conservateur mais réussi et étrangement lucide, et bien sur de MORT SUR LE NIL. Sur le plateau, c’était un tyran obsédé par les travellings

      • Alexandre Angel dit :

        J’ai encore revu LA TOUR INFERNALE, que je trouve toujours assez bien, et, en effet, on y trouve tout plein de travellings, plus que dans d’autres films catastrophe de l’époque.
        Cela confère à ce film une espèce de modernité, malgré les dialogues bateau et les clichés.

      • Yves Rouxel dit :

        A Bertrand.Merci pour votre réponse.Je sais que le blog est consacré aux oeuvres du patrimoine au sens large du terme.Mais je voulais mettre en avant et défendre la carrière et le travail minitieux de Guillaume Nicloux qui trace un sillon et apporte à chaque film une originalité et une puissance en tant que réalisateur. »Les confins du monde »nous entraine en Indochine en 1945.Dès le départ on sent une athmosphère humide et moite avec un soldat assis,fatigué,le regard vide.Nicloux filme la jungle vietnamienne de façon minitieuse avec de longs plans silencieux.Les hommes ne se parlent pas,ils écoutent les bruissements des feuilles,la pluie qui envahit leurs corps.Le cinéaste ne prend pas position pour le camp français ou pour l’opposant indochinois.Puis on retrouve la carrure imposante de Depardieu(fidèle du réalisateur)écrivain qui ne croit plus à rien et surtout pas à la guerre.L’oeil de l’acteur et son regard sombre nous en disent beaucoup sur le deuil du fils mort au combat en Europe contre les allemands.A mon humble avis Gerard Depardieu fait partie des derniers dinosaures du cinéma mondial.Il est capable de s’engager mème pour des petits films qui ne feront pas forcément 3 millions d’entrées au cinéma.Mais il s’en fout et nous prouve que c’est un homme libre et sage.

      • DUMONTEIL dit :

        à TOUS LES DEUX

        considerant « tower inferno » et « death on the Nile » ,on ne croirait jamais qu’il a fait une oeuvre aussi intimiste que « rapture » aka « la fleur de l’âge  » (1965);reprenant Patricia Gozzi qu’il a sûrement découverte dans « Cybèle ou les dimanches de ville d’avray « , Guillermin la fait ,comme dans le Bourguignon, tomber amoureuse d’un homme plus âgé qu’elle (Dean StocKwell),alors qu’elle entretient avec son père (Melvyn Douglas) une relation trouble ,faite d’amour desespéré,de haine et de ressentiment ;filmé dans les paysages magnifiques mais ici lugubres de la Bretagne avec une sequence impressionnante d’une poupée sur les rochers auquel fait écho le final qui est son équivalent et qui n’est pas sans rappeler celui de  » Cybèle »

        A ce propos, ce n’est pas Serge Bourguignon qui a découvert Gozzi ;elle avait déjà tourné dans « recours en grâce  » de Lazlo Benedek (rappelons « death of a salesman » ,1ere version qui doit surtout à Fredric March et à Kevin McCarthy et oublions « the wild one » )et surtout dans « Léon Morin Prêtre  » :coincidence dans les deux films ,elle est face à la grande Emmanuelle Riva.

        • Bertrand Tavernier dit :

          a DUMONTEIL
          Mais il aussi fait à ses débuts des films qui se veulent intimistes comme celui qui se passe dans un grand magasin dont je crois avoir parlé et le policier TOWN ON TRIAL écrit (pas très bien) par Ken Hughes

        • Mathieu dit :

          A Dumonteil:

          D’accord pour RAPTURE (en fait je m’escrimais péniblement à écrire un commentaire sur ce film quand le vôtre est apparu sur le blog). Le film ne m’a pas entièrement convaincu, quoique beaucoup plus après une deuxième vision, mais il est visuellement brillantissime, par exemple ce plan séquence tout en travelling lors d’une noce, ailleurs un montage serré de plans en mouvement traduisant le désarroi de la jeune fille perdue dans Paris… mais ce n’est jamais gratuit, ni tape-à-l’oeil , et je reverrai volontiers le film une troisième fois, d’autant plus que le BR Eureka est magnifique.

        • MB dit :

          à Mathieu/EUREKA! j’ai l’impression que le nombre de films Eureka atteint une très bonne proportion de ma dvdthèque. je les recommande (frais de port gratuit mais st in english et no st over special features et my tailor is rich, good blood of good night!).
          https://www.eurekavideo.co.uk/store

          J’espère que vous avez vu les trois HUMAN CENTIPEDE?
          moi non, le cerveau malade qui a créé cette série a fini en psychiatrie aux dernières nouvelles (à moins que ce ne soit lui-même qui ait sorti cette fake new, pour rire).

        • Denis Fargeat dit :

          À MB
          J’ai dû rater un truc, je ne m’attendais pas à ce que vous citez ce human chose…. Qui a l’air de tenir la promesse de son titre. Semble faire partie des films qui ont le mérite d’exister, mais qu’on peut se féliciter de ne pas voir – l’ignorance peut être une vertu… Peut être.

        • Mathieu dit :

          A MB:

          Jamais entendu parler de HUMAN CENTIPEDE. Oui Eureka est un des meilleurs éditeurs de DVD et Blu-Rays. Pas plus tard qu’avant hier soir j’ai regardé le BR Eureka de ACE IN THE HOLE de Billy Wilder, film que je n’avais pas revu depuis mon enfance et qui à l’époque m’avait fortement marqué, aussi parce que c’était la première fois que j’étais autorisé à voir un film à la télé à 20h30 (les temps ont bien changé…) Je conseille ce film formidable et toujours d’actualité à ceux qui penseraient que Wilder est devenu plus cynique à partir des années 60 et l’échec critique de KISS ME STUPID (je ne sais pas pourquoi on traite de cyniques les gens qui font la peinture du cynisme…). Le regard de Wilder sur la société américaine et l’espèce humaine en général y est encore plus dur et désespéré que dans THE FORTUNE COOKIE par exemple, où la comédie fait passer beaucoup de choses en douceur et où le personnage incarné par Jack Lemmon est beaucoup moins négatif. Dans ACE IN THE HOLE le personnage interprété par Kirk Douglas est à la fois le Matthau et le Lemmon de THE FORTUNE COOKIE. Comme Lemmon il a un sursaut moral à la fin, mais qui ne résout rien, qui n’absout rien.

          Parmi les Eureka indispensables (pour moi), outre les Murnau et les Lang muets, je citerais LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI, très beau transfert très propre, ce qui ne gâche rien (très peu de rayures pour un film de 1920), THE QUIET MAN de Ford…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Mathieu
          et CANYON PASSAGE

        • Denis Fargeat dit :

          À Mathieu
          Vous donnez envie d’aller voir les br Eurêka. Sur Wilder, très très d’accord. On peut remplacer le terme de cynisme par celui de lucidité, et sous ce rapport le grand Billy est resté remarquablement fidèle à lui-même, de ses débuts de scénariste à ses derniers films peu défendus. Il me semble qu’il est resté un vrai berlinois – quoique viennois de naissance-, dans l’ironie, l’intelligence, le moralisme un peu anar, le sens du grotesque, la tendresse au fond. Je repensais à ses films berlinois en particulier, la « Scandaleuse » avec Dietrich, et « 1,2,3 » qui ne fait pas dans la dentelle mais qui pointe efficacement les enjeux de l’époque – Berlin en 1960.
          Et, forever, le « Sherlock Holmes » dont j’espère toujours voir une version intégrale -75 minutes coupées, tabernak! Wilder lui même gardait espoir, c’est l’impression qu’il donne a la lecture du beau et cahotique – et très bien traduit par Coursodon- livre d’entretiens avec Cameron Crowe.

        • MB dit :

          à BT: CANYON PASSAGE n’est pas chez Eureka, mais peu importe le dvd Sidonis est magnifique (il y a d’ailleurs des bonus assez intéressants…hum), c’est même l’un de leurs meilleurs transferts.
          à Denis Fargeat: Ce HUMAN CENTIPEDE est un mauvais gag, je ne crois pas qu’il faille tout voir, parfois le résumé suffit. Oui, je sais, c’est pas moral vive l’ignorance! Verriez-vous PRISONNIERES DES SS?
          à Mathieu: parmi les films pour lesquels Eureka est en avance pour l’instant sur la France soit en qualité d’image soit parce que inédits ici, on aurait ASPHALT, LA PROIE NUE, NASHVILLE, PASSE TON BAC, 2 FOR THE ROAD, WINGS, Carlotta ne peut pas tout faire, on regrettera juste l’absence de stf.

        • Mathieu dit :

          A MB:

          j’ai le BR Eureka de WINGS qui est magnifique, superbement restauré, teinté et colorié pour certaines scènes aériennes (les flammes qui s’échappent des avions touchés), tout cela respectant l’original bien sûr. Plus les films sont anciens plus j’apprécie la HD. WINGS n’est pas mon film préféré de cette époque si riche en chefs-d’oeuvre (la fin du muet) mais il contient beaucoup de très belles choses. Il est en tous cas très nettement supérieur au HELL’S ANGELS de Howard Hughes (et James Whale) qui le plagie sans scrupule et m’avait ennuyé en dehors d’une ou deux scènes assez fortes.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Mathieu
          HELL’S ANGELS est dans l’ensemble un fort mauvais film en dehors des séquences aériennes

  16. Yves Rouxel dit :

    Aucun rapport avec l’actualité cuisante que traverse la France,j’ai revu »Paris brule t-il »de René Clement et suis rester encore sur ma faim.Tout d’abord on est perdu par le nombre de personnages qui incarnent pour certyains des figures marquantes de la résistance et de l’occupation allemande.Delon dans le role de Chaban-delmas n’est pas crédible du tout,Cremer campe un Rol tanguy qui essaie de sauver les meubles en s’apercevant que l’on prend des décisions à sa place,en revanche le général Leclerc incarné par Claude Rich apporte grace à la ressemblance un soupçon de réalisme à ce scénario.Est ce que le film à été tourner en français dans la totalité car les acteurs allemands,américains ou anglais sont doublés.Puis on peut s’interroger sur l’utilité de ce film après avoir vu « Le jour le plus long »qui est nettement superieur à l’oeuvre de Clément.Puis il y à trop d’images d’archives qui plombent l’arrivée de la 2ème db à Paris.Allez je vous laisse avant qu’un pavé me tombe sur la tète!!!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Yves Rouxel
      Je partage votre opinion. Avez vous remarqué que Claude Rich joue deux personnages

      • Yves Rouxel dit :

        A Bertrand.Oui effectivement.J’ai aussi remarquer la présence rapide de Patrick Dewaere,de son frère Yves marie Maurin ainsi que de deux chanteurs:Michel Fugain et Michel Sardou,lors de la scène de la rafle de jeunes résistants communistes qui sont fusillés sur dénonciation de Monsieur Serge(Jean louis Trintignant).

  17. Cher Bertrand Tavernier,

    Juste un petit mot pour vous remercier. (Je n’ai jamais osé le faire avant…)

    Tout d’abord, pour votre œuvre magnifique qui a contribué à ouvrir mon regard, m’a fait réfléchir, rire, pleurer, sourire.

    Ensuite, pour ce blog, véritable caverne d’Ali Baba, dans laquelle je puise depuis des années idées de DVDs, en allant de découvertes cinématographiques en retours vers des titres autrefois vus dans divers cinéclubs. Votre vision m’est précieuse et a contribué à aiguiser la mienne.

    Et, finalement, pour ces merveilleux « Voyages à travers le cinéma français », qui approfondissent encore votre propos. Maintenant, j’ai envie de les (re)voir tous !

    Avec ma respectueuse admiration,
    Emmanuelle

  18. Philippe dit :

    Bonjour M. Tavernier,

    Serait-il possible de rectifier le titre et son illustration de votre billet de la BD évoquant une enquête sur la disparition de l’oeuvre d’Edouard Luntz? C’est bien « Avec Edouard Luntz: le cinéaste des âmes inquiètes », scénarisée par Julien Frey et dessinée par Nadar aux éditions Futuropolis (mai 2018). Quant à la BD « Un homme est mort », elle est co-scénarisée par Kris et Etienne Davodeau (qui l’a dessinée) chez le même éditeur (octobre 2006).

    Le cinéma Nova à Bruxelles, qui vient de commencer une rétro sur Edouard Luntz jusqu’au 16 décembre, avec notamment « Les Coeurs verts » en 35mm (très belle copie par ailleurs), avait aussi parlé de la BD « Un homme est mort » en 2007, en présence de ses auteurs, de René Vautier, ainsi que du réalisateur Paul Meyer dont le dernier film non abouti, « La mémoire aux alouettes », était en train d’être transposé en BD par le dessinateur bruxellois Merkeke (projet lui-même inabouti faute de soutien d’un éditeur).

    Il serait bien aussi de spécifier que DON’T SAY YES UNTIL I FINISH TALKING ! de Michel Ferry est un essai documentaire sur le tournage du Grabuge d’Edouard Luntz, et non un livre. Riche en archives, il est vrai que ce film suit d’abord le point de vue du proche collaborateur de Zanuck, Christian Ferry (le père de Michel Ferry), et est assez partial dans sa démarche. Mais malgré cette réserve, il reste néanmoins le seul témoignage filmique (à côté de la BD) sur un cinéaste oublié de la mémoire collective. Il serait temps que les historiens et critiques du cinéma français réhabilitent Luntz dans sa juste valeur. Chose que la BD de Frey et Nadar ont réussi. Mais aussi de rappeler que c’est grâce à Edouard Luntz, qui a fini par se défendre seul, sans avocat, face à la FOX, que les réalisateurs français ont définitivement acquis le Final Cut…

    Bien à vous,

    Philippe du Nova

    • Bertrand Tavernier dit :

      Je vais le faire. Juste un point, les réalisateurs français avaient obtenu le final cut avant Luntz à la suite des batailles d’Autant Lara, de Duvivier et autres Le Chanois. La loi de 1957 donnait déjà ce droit en accord avec le producteur (le réalisateur disposait en outre du droit moral) et ce fut conforté par la loi de 85. L’originalité de la bataille de Luntz est qu’il affrontait Zanuck, une multinationale et l’Amérique (qui n’a jamais reconnu la convention de Berne accordant le droit moral) et ce combat était spécial. Mais sa victoire ne l’a pas aidé parce qu’il n’existait pas dans aloi un article que nous avons enfin fait introduire sur l’obligation à une exploitation suivie

      • Edgar dit :

        La loi de 57 ne précisait absolument pas qu’un réalisateur était l’auteur de son film. C’est bien le procès Luntz/Zanuck qui a permis de l’établir et de valider le droit moral. Il suffit de lire la presse de l’époque pour s’en assurer. « La morale prime le droit » était une titre de l’Aurore si je ne m’abuse, au lendemain du jugement. C’était un procès contre une société française (Fox Europa) et concernait donc strictement le droit français. Le procès a fait jurisprudence, et ce n’est pas un hasard si ses conclusions sont encore étudiées aujourd’hui dans les facs de droits. Cette victoire de Luntz a été en son temps reconnue par la SRF, ou par des gens comme Pierre-Henri Deleau qui ont (et ils sont rares) soutenu Luntz à l’époque. La loi de 85 doit d’ailleurs beaucoup aux conclusions du procès. Donc oui, les réalisateurs français doivent énormément à Luntz. Vous devriez lui rendre un véritable hommage, plutôt qu’ainsi du bout des lèvres. Et revoir ses films qui sont magnifiques. cordialement.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Edgar
          Je ne vous ai pas attendu pour défendre Luntz. Je me suis battu pour le DERNIER SAUT et aurai du faire L’HUMEUR VAGABONDE si les dates n’avaient pas été changées.
          Un avocat spécialiste du droit d’auteur, Hubert Tillet de la SACD me confirme bien que : « La loi de 1957 reconnaissait la qualité (présumée) d’auteur au réalisateur mais pour les œuvres de cinéma.
          La loi de 1985 a étendu la présomption aux œuvres autres que de cinéma stricto sensu (œuvres TV) ; mais la jurisprudence leur avait déjà reconnu cette qualité avant 1985, et même avant 1957. »
          S’il n’y avait pas eu cette loi, son combat aurait été plus difficile même si des cinéastes avant elle ont réussi à imposer leur montage au producteur, Lara par exemple

        • MB dit :

          à Edgar: c’est la défense de Luntz ou l’attaque de Tavernier qui vous agite?
          On a peut-être fait le tour, non?

      • Philippe dit :

        Merci M.Tavernier d’avoir corrigé votre billet.

        à MB: je suis loin d’être sûr que le sujet concernant l’apport crucial d’Edouard Luntz en faveur du droit moral des auteurs soit clos, et certainement pas en supposant comme vous le faites que le commentaire d’Edgar serait une simple charge contre M.Tavernier…

        Il est temps de réhabiliter Edouard Luntz injustement oublié, non seulement sur ce point juridique et l’incroyable bataille qu’il a menée seul face à une puissante Major au profit de toute une profession, mais aussi sur la haute valeur artistique de ses films depuis trop longtemps dénigrés par ses pairs et leurs exégètes, même si à leur décharge, les films d’Edouard Luntz étaient devenus invisibles depuis ce fameux procès…

        Bonne journée,

        philippe

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Philippe
          Puis je corriger quelques points. LE DERNIER SAUT a été plutôt bien reçu par la critique (j’étais l’attaché de presse choisi par Luntz, je le sais) et il fut sélectionné pour représenter la France à Cannes, ce qui n’est pas un signe de dénigrement. Puis, Luntz a souvent été soutenu financièrement par ses pairs, les auteurs, siégeant au Conseil d’administration de la SACD, aides sociales, aides à des projets. Ce qui lui est arrivé est tragique mais il n’est pas besoin de noircir le tableau. Il avait le soutien de Jean Louis Livi, le bras droit de Lebovici et l’un des dirigeants d’Artmedia, la plus puissante agence française. Je peux vous citer de nombreux cinéastes qui ont été beaucoup moins épaulé. Et, comme vous le dites, ses films ont été oubliés parce qu’invisibles…

        • Edgar dit :

          Cher Bertrand Tavernier,

          Si j’ai pu paraître agressif, je vous prie de m’en excuser : telle n’était pas mon intention. Mais je pense en effet que le sujet du final cut et du procès Luntz mériterait d’être plus longuement développé. Même si ce n’est peut être pas ici le lieu.
          Cordialement

        • MB dit :

          à Philippe: « en supposant comme vous le faites que le commentaire d’Edgar serait une simple charge contre M.Tavernier…  »
          oui et pourtant le ton d’Edgar est différent du vôtre, et heureusement. Sinon j’aurais adressé cette réponse aux deux.

  19. Yves Rouxel dit :

    « Action immédiate »de Maurice Labro est un film policier qui lance le personnage de Coplan à l’écran.Henri Vidal alias Coplan est à la hauteur malgré une mise en scène un peu flaibarde et des dialogues aproximatif(Jess Hahn marmonne des mots avec son accent ricain!!).Heureusement Labro artisan soigneux et efficace signe une œuvre alerte et dynamique avec un Louis Arbessier qui incarne »M »de la série James Bond.Il faut que je trouve les deux films de Freda dont celui ou Coplan enquète sur le kidnapping de deux allemands aidés par les services secrets Israéliens(il me semble que c’est le second).Quand au film d’Yves Boisset il est quasiment impossible à voir en France.Il faudra revenir sur la carrière de Labro.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Yves Rouxel
      Le Freda que j’ai co écrit est absolument nul et bâclé. L’autre Coplan est légèrement meilleur. Celui de Maurice Cloche est très médiocre ( Cloche était beaucoup mieux inspiré dans REQUIEM POUR UN CAID, Gaumont collection rouge). Quant à Maurice Labro, j’ai toujours trouvé que c’était un réalisateur calamiteux, même pas un bon technicien et le fait qu’il préférait Henri Vidal à Lino Ventura en dit beaucoup sur son peu d’inspiration quant aux acteurs

      • Denis Fargeat dit :

        A Bertrand Tavernier
        … tout de même , je dois dire que les quelques lignes consacrées à « Coplan ouvre le feu… » ( dans « Le cinéma dans le sang », p.126 ) m’ont donné envie de le voir, au 3ème degré , et pour les dialogues : l’anecdote des acteurs sans texte, qui disent « bla-bla-bla » et pour lesquels vous avez dû inventer un dialogue « truffé de labiales »… on dirait du Queneau.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Denis forgeât
          Mais le film est tellement bâclé, tellement filmé sans conviction et sans le moindre travail même dans les « morceaux de bravoure » qui viennent comme des cheveux sur la soupe. Je le savais et je me disais qu’il se rattrapperait dans d’autres séquences que j’avais inventées pour lui : Coplan qui entre la nuit dans les abattoirs. Mais même la photo est terne et sans intérêt

    • DUMONTEIL dit :

      A yves
      « Coplan FX 18 casse tout » (si l’on peut dire)
      Le Coplan où on enquête sur les savants est une sorte de « you only live twice  » du pauvre (et je n’aime pas ce James Bond,qui est ultérieur ,les puristes vont me dire) où Richard Wyler (pas de parenté avec le grand metteur en scène*) endosse l’habit : il n’est ni meilleur ni pire que Vidal ou Lang Jeffries dans celui auquel BT a collaboré (si l’on peut dire); la seule chose interessante de cette histoire de japonais qui veulent venger Hiroshima en déclanchant une 3ème guerre mondiale n’a ni queue ni tête ;son seul intérêt est la présence du cascadeur Gil Delamare -qui devait disparaitre helas deux ans plus tard en doublant Jean Marais et qui apparut en BD dans une aventure de Michel Vaillant « les casse-cous »- dans le rôle de l’agent israelien allié de FX18 .

      Le meilleur des Coplan** est,à mon avis , celui de Boisset :le metteur en scène brise les codes en mettant le héros avec le bras en écharpe une bonne partie du film ;d’ailleurs le réalisateur de « Dupont-Lajoie » avantage les seconds rôles joués par des acteurs d’expérience :Blier, Servais, Topart ;on a l’impression que le futur réalisateur de « RAS » se fiche du héros comme de sa première chemise et on y retrouve des clins d’oeil cinéphiliques : « the most dangerous game  » (l’ombre du comte Zaroff plane sur le film)  » freaks » (les nains ) « vertigo » (les jumelles) les gallio italiens (la mort de Blier) et à la mythologie grecque : la boîte de Pandore et la Gorgone ;je m’arrête là où va me prendre pour le Jacques Saada du pauvre (le chroniqueur du guide des films qui voit dans tout ce que fait madame Stone un monde de nuances et de significations.)

      *à propos de Wyler ,le directeur :revu « the collector  » avant-hier ;pas une ride et le fait qu’il se passe en vase clos le met à l’épreuve du temps ;la direction d’acteur (Terence STAMP et Samantha EGGAR) est digne des plus grands éloges ;mais à ce stade le réalisateur de « little foxes  » n’avait plus rien à prouver.
      On en a fait des histoires de séquestration depuis (« la drolesse » de Doillon) et avant (« rapt » de Kirsanoff) souvent fort bonnes ,mais peu (s’il y en a ) approchent La subtilité de « collector » ;on peut aussi admirer l’économie de « voix off » -très peu utilisée- car WW sait s’exprimer en langage cinématographique.

      ** »coplan sauve sa peau « 

      • Bertrand Tavernier dit :

        A DUMONTEIL
        J’avais oublié le Boisset dont j’ai pourtant été l’attaché de presse. Le titre original était les JARDINS DU DIABLE et le scénario était co écrit avec Claude veillât (RAS, LA QUESTION,ET D’AUTRES BOISSET) qui avait écrit le roman d’où est tiré CENT MILLE DOLLARS AU SOLEIL. Se souvenir de Claude Veillot qui fut multi décoré durant la campagne d’Italie et revendiquait donc le droit d’être anti militariste. Je te salue Claude, grand ami et belle conscience

        • DUMONTEIL dit :

          A BT

          Merci pour ces renseignements ;je pense que le titre a été changé à cause du western de Hathaway qui est presque identique à part le nombre .

        • Bertrand Tavernier dit :

          a DUMONTEIL
          Pas du tout. Le distributeur détestait ce titre qui zappait Coplan et imposa un titre pour lui plus accrocheur

        • DUMONTEIL dit :

          zapper Coplan me semblait logique! il est la plupart du temps dépassé par les événements ,le bras en écharpe comme je l’ai signalé ;ce Coplan ne ressemble décidément pas autres …

  20. Pascal Stref dit :

    Je voudrez attirer votre attention sur Sans Adieu de Christophe Agou, film sorti en dvd le 20 Novembre.
    Le film a été présenté à Cannes en 2017 dans la sélection de l’ACID.
    Christophe Agou était photographe et vivait à New -York. il est décédé lors de la post production de son unique film.
    Originaire du Forez, il est revenu dans sa région à partir de 2002. Il en a tiré un livre de photos : Face au Silence publié chez Actes sud sortie en 2010 et prix du meilleur livre européen de photographie.
    En même temps il a filmé en vidéo les mêmes lieux et les mêmes personnes mais encore plus longtemps, sur une dizaine d’années.
    Le film montre le quotidien de petits paysans âgés et dépassés par l’époque, qui vivent dans une grande précarité.
    Il y a ce plan incroyable dans le film, filmé de profil sur une route, un des personnages voûté marche avec une canne suivi bientôt par une vielle femme qui elle marche plus lentement et avec deux cannes soudain deux coureurs à pied la dépassent.
    Ces petits paysans ont du mal avec leur temps, leur époque et la présence des horloges dont certaines sont arrêtées semble le démontrer.
    Ils vivent souvent isolés mais ils ne sont pas seuls tant la présence des animaux est importante. Le film aurait pu s’appeler Des animaux et des hommes.
    Évidemment le film a des affinités avec les très beaux Profils paysans de Raymond Depardon mais les personnages ne sont pas les mêmes. Et ce que Depardon filme avec respect Agou le fait avec plus d’empathie.
    Et quels personnages !
    Le personnage principal du film c’est Claudette qui au début du film a 75 ans. Elle continue de s’occuper de sa ferme et de ses bêtes malgré les difficultés. On la voit marcher avec sa canne et en même temps tirer une bâche de foin. Elle se bat et enrage contre l’administration qui veut l’obliger à vendre sa ferme à une personne qu’elle déteste. Elle craque à un moment mais quel courage, quelle force, quelle résistance, quelle femme !
    Et Jean-Clément qui connaît le même malheur que le personnage d’Hubert Charuel dans Petit Paysan, on lui enlève tout son troupeau pour cause de vache folle. Mais il proteste et se bat avec ses moyens. Il fait preuve de dignité et de force de caractère avec le soutien de sa femme.
    Plus tous les autres personnages du film.
    Le film se termine avec Claudette qui s’adresse au réalisateur : c’est bouleversant.
    Quel beau film !
    Je vous souhaite à tous de le voir.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Pascal Stref
      Je me précipite pour l’acheter après une telle défense

    • Pascal Stref dit :

      Rectification :
      Claudette qui tire une bâche de foin le fait avec ses deux bras.
      J’ai revu le film ce matin.
      Elle marche le plus souvent avec une canne. Quand elle n’a pas sa canne elle boite.
      Mais dans ce plan c’est moi qui lui est rajouté une canne : c’est formidable ce que l’on peut faire avec les effets numériques.
      Mea culpa.
      Mais joie de retrouver Claudette, Jean-Clément, Raymond, Christiane, Jean et les autres

  21. Yves Rouxel dit :

    Revu « Dernier domicile connu »de José Giovanni qui est un film que j’affectionne beaucoup à diverses raisons.Bien sur la composition remarquable de François de Roubaix apporte une tension à cette histoire d’un vieux flic qui à perdu femme et enfant,qui va se retrouver à enquéter sur la disparition d’un homme qui sait beaucoup de choses.Le duo Ventura-Jobert est attachant.Elle arrive de Lyon toute fraiche émoulue et va se retrouver à chasser les maniaques dans des salles pornographique et lui va ètre déplaçé vers un commissariat de quartier ou il se passe pas grand chose.Entre les deux ètres va se tisser des liens d’amitiés et d’affection fort.Une fois de plus Ventura avec son coté rugueux ne tombe pas sous le charme de la jeune inspectrice mais on sent dans son regard l’homme seul,désabusé et qui n’a plus rien à perdre.Le seul point faible du film reste la fin car on s’attend à ce que le personnage campé par Michel Constantin soit arreter par la police.Puis Giovanni à mis apparemment des choses qui l’à vécut.Lors d’un dialogue entre Ventura et Jobert,il lui dit: »Un jour on est décoré et le lendemain on est fusiller »!!!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Yves Rouxel
      Il s’agit d’une des meilleurs films de Giovanni et j’en ai été l’attaché de presse dès le tournage

      • MB dit :

        à chaque vision DERNIER DOMICILE reprend de la valeur à mes yeux, ce film se régénère irrationnellement avec les ans. Jobert est formidable pour ne pas dire plus, c’est son meilleur rôle avec le Pialat.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Et pourtant entre elle et Lino, c’était pas toujours la fete. Lino était formidable mais brut de décoffrage avec les femmes et elle, traqueuse, posait cent mille questions, voulait contrôler toutes les photos et craignait que les deux mecs José et Lino se liguent contre elle

        • MB dit :

          à Bertrand: remarquez, avec ces deux gaillards, on peut la comprendre la Marlène d’avoir été un peu… sur ses gardes.
          Et c’est marrant ce que vous dites sur le côté brusque de LV, à l’écran il est si doux avec Marlène, l’absence de sentiment amoureux est par ailleurs une originalité du scénario, il y a juste une vraie amitié entre les deux.

      • Yves Rouxel dit :

        Pourtant Giovanni à eu très peu d’ami(es)dans le milieu du cinéma.On lui à fait quantités de reproches sur ses activités pendant l’occupation.Découvert également un bon documentaire sur la Continental dans lequel vous intervenez.Instructif sur la personnalité étrange et ambigue d’Alfred Greven qui vivait seul en plein Paris.Je ne me souviens pas le nom de la réalisatrice de ce film.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A YVES ROUXEL
          GIOVANNI avait beaucoup d’ami dans le cinéma, de Claude Sautet à Lino Ventura en passant par le distributeur Hercule Mucchielli. On connaissait certaines accusations (pas toutes. elles ont été révélées tard par Frank Lhomeau dans Temps Noirs) et la position de Sautet était : il a payé de dix ans de prison et un an dans la cellule des condamnés à mort. Cela efface tout
          Le documentaire était moyen et survolait cette histoire qui est bien plus intelligemment traitée par Christine leteux dans son livre

    • Pierrick dit :

      J’ai revu le film hier soir et outre les qualités du film (interprétation, musique, rythme etc…), ce qui est extraordinaire et renforcé par le propos du film est son aspect documentaire. Tout film de fiction (du moins les films qui ne reposent pas sur un excès d’effets spéciaux) est aussi un document mais ici l’enquête, minutieuse et meême fastidieuse pour les protagonistes, intensifient en montrant tous ces commerces, rues, métiers etc.. Aussi une mention spéciale à Marcel Peres dans son rôle de Lenoir, très émouvant (« je suis de la vieille école »)

      • Henri Patta dit :

        Tout a fait d ‘accord. Ce film est a redècouvrir.
        Il y a de tres belles scenes d ‘exrerieurs qui sont un presque temoignage des annees 70 quand Paris etait encore une ville populaire.
        J ‘adore ce film qui est en fait une analyse de ( des ) la solitude. Solitude de Ventura , solitude de marlene Jobert. Mais aussi de la petite fille et de son pere. Et solitude de paul Crauchet toujours excellent et qui a tournè tant de fois avec lino Ventura.
        Et quand on rajoute l ‘excellente musique de françois de Roubais , on arrive au final a un très bon film plus que mesestimè.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Henri Patta
          Je vous corrige aussi sur mésestimé. La presse a été excellente lors de la sortie de DERNIER DOMICILE CONNU et le film a gardé sa réputation. C’est Giovanni qui a pris un coup avec la publication du dossier Temps Noir. Puis les ravages du temps, l’absence de mémoire des critiques et des médias

        • DUMONTEIL dit :

          Voyez,Henri,comment dans « les aventuriers » ,après avoir confié à la mer leur amie Laetitia (dans une séquence époustouflante) , les deux héros se heurtent ,après avoir vécu une aventure au sens le plus noble du terme ,car ils sont des aventuriers de chair et de sang ,ce que disons Indiana Jones ne fut jamais ,se heurtent au monde « réel  » : d’un côté des gangsters ,de l’autre les braves gens ,un horrible
          couple de petits bourgeois mesquins .Mais il y a le petit garçon tout près à suivre les héros :une nouvelle amitié qui survivra probablement quand Ventura se retrouvera seul .Giovanni n’était pas un misanthrope.

          dans « le rapace » ,bien que Ventura mercenaire tourne en dérision les idées révolutionnaires de son jeune compagnon (lui-même manipulé par ses amis guerilleros),on sent vers la fin du film une certaine amitié.Ou quelque chose comme çà.

          A Mathieu:
          Bravo pour avoir évoqué « ace in the hole » aka « the big carnival » !!J’ai vu tous les Billy Wilder ,celui-ci fut mon premier et il est resté mon préféré ;pour l’anedocte ,dans son autobiographie ,Kirk Douglas raconte qu’il a failli réellement étrangler Jan Sterling !si vous connaissez un film où le quatrième pouvoir est traité avec plus de force cynique ,dites-moi lequel…Douglas confirme que le film fut un échec cuisant sur le plan commercial ,mais est devenu un film de cine-club .
          Le public ne pouvait suivre car il savait très bien qu’il aurait pu être parmi la foule faisant la fête autour ce « gouffre aux chimères »

      • MB dit :

        à H Patta: « J ‘adore ce film qui est en fait une analyse de ( des ) la solitude.  »
        Vous avez 100% raison tonnerre de Brest! Exact, je n’y avais pas pensé mais c’est flagrant. La transformation du quartier du 13ème parisien avec mélange de moderne et ancien entre la limite du 14ème et l’avenue d’Italie (et un peu plus à l’est en fait) participe de celà. Je ne veux pas parler de la fameuse déshumanisation des grands ensembles modernes mais la réalité des travaux en cours qui montre ensemble ancien et moderne fait sentir sur le même moment le temps qui passe autrement qu’avec un carton « quelques années plus tard… » ou autre moyen à la disposition des cinéastes. Giovanni n’a même pas besoin pour celà de montrer de la destruction d’ancien ni de la construction de neuf (même s’il le fait un peu). Il « suffit » de montrer les deux côte à côte. C’est évident dans LE CHAT tourné dans les mêmes années là, c’est plus subtil, ça apparaît sourdement à la surface du genre policier. Or, le temps qui passe ne peut que mener à la solitude (désolé de cette note noire!).

        • MB dit :

          DERNIER DOMICILE bien sûr le sentiment de solitude est aussi appuyé par les gens que les deux flics vont questionner, pour certains, et aussi que ces deux héros ne tombent pas amoureux l’un de l’autre, ce qui est singulier!

        • Henri Patta dit :

          a M.B
          Oui la solitude esr le theme central du film parachevè par la derniere scene du film ou l ‘on voit Ventura le regard vide dans le metro parisien.
          Film très noir avec une fin pas du tout « happy end’.
          Giovani n ‘aimait pas le genre humain et sur ce film cela lui sert a reveler son talent certain.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Henri Patta
          Comment pouvez vous écrire cela. Giovanni débordait de tendresse. Il a écrit un nombre important d’histoires d’amitiés (LE TROU CLASSE TOUS RISQUES, LES AVENTURIERS) ou des histoires où l’amitié et les sentiments comptent. Il adore le personnage de Ventura et de nombreux autres protagonistes dans DERNIER DOMICILE. Il était même parfois trop sentimental

  22. Lafleur dit :

    Voilà le coffret des Voyages a rejoint celui du s ma dvdtheque (mais j’avais déjà vu la serie lors de sa diffusion sur Cine Classic). Ceci dit on y revient comme dans un ouvrage de référence (le Lourcelle ou vos 50 années) quand on se plonge dans un film ou une œuvre. Je suis en train de le faire avec les Becker d’après guerre : quelles merveilles de drôlerie, de rythme et de souci documentaire ! Je suis étonné que, malgré son aura chez les cinéphiles, il n’y a pas ou peu d’ouvrages qui lui soient consacrés. Finalement Becker semble un peu islé dans le cinema français et presque écartelé entre deux générations.
    Sinon content et amusé que Gili consacre ce livre à Pagliero : le premier numéro (le 10 de mémoire) acheté de 1895 contenait un article de lui sur ce cinéaste . J’étais allé voir Un homme marche dans la ville à la cinémathèque et le film m’avait impressionné (étrangement les belles scenes où Antoine, dans un contexte diffrent, marche dans le film de Becker ont un peu cette tonalité avec la belle musique qui l’accompagne. Mais Paris n’est pas Le Havre.). Que Pagliero ait collaboré avec Klaus Mann sur Paisa me le rend aussi très précieux (mais je ne sais pas si ils se sont réellement beaucoup croisés)

    • MB dit :

      à propos de Lourcelles, je rêve qu’il reprenne et mette à jour son Dico des Films, mais je ne sais pas s’il est toujours en activité.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A MB
        AUX DOCUMENTS CINÉMATOGRAPHIQUES, ON TROUVE AUSSI CELA
        Deux découvertes grâce une fois de plus, aux Documents Cinématographiques et ce dans de beaux tirages : Brazza, ou l’épopée du Congo, épopée colonialiste filmée par Léon Poirier, au pittoresque parfois involontaire, qu’il est bon de revoir dans le cadre du débat sur les bienfaits de la colonisation. À signaler un des cartons les plus amusants de l’histoire des génériques français : après avoir vu défiler les noms des acteurs, on peut lire « Monsieur XXX, secrétaire personnel de Savorgnan de Brazza viendra dire quelques mots à la fin du film ».
        Et surtout Lourdes et ses miracles (1955), documentaire en trois partie de Georges Rouquier (assistant Jacques Demy). Rouquier intervient dans deux parties : l’enquête sur les miracles, qui nous vaut trois interviews très pittoresques de miraculés et la conclusion. Il reste silencieux pendant l’épisode central durant lequel il filme sans commentaire une journée de pèlerinage, avec plusieurs plans impressionnants. À la fin, il revient sur deux guérisons qui se seraient produites durant cette journée ET SEMBLE LES ACCRÉDITER.

      • Yves Rouxel dit :

        A MB.Il est vrai que les fines analyses de Jacques Lourcelles sont pertinentes pour la plupard des films traités.Mais je recommanderais de lire « Le cinéma français sous l’occupation »paru chez René château et qui est épuisé depuis belle lurette.Il y à trois pages consacré à Robert le vigan qui fut entrainé par Céline dans des prises de position qui n’égalait aucunement son talent.L’homme qui à finit sa vie dans la misère était devenu paranoiaque et dormait avec une hache au pied de son lit.Signalons également le film de Clouzot qui à fait couler beaucoup d’encre lors de sa sortie en 43 et plus tard en à fait un film maudit.Honnétement il faut remettre les pendules à l’heure sur cette période délicate pour quantités de techniciens,acteurs et réalisateurs qui devaient continuer de travailler malgré l’occupation allemande.A ce propos je recherche un film de Pierre Riche qui n’est visiblement inconnu au bataillon »Forces obscures »aborde les sociétés secrètes.Dans un autre registre j’ai découvert un film de Jacques Nolot ami de Téchiné »La chatte à deux tètes »nous entraine dans le milieu interlope d’un cinéma pornographique durant la fin des années 90.On retrouve des hétéros,homos et travestis qui vont et viennent dans une insouciance qui à disparu aujourd’hui.Nolot à fait appel à plusieurs figurants qui ont improvisés des scènes pas si facile.Aucun jugement sur ces personnages qui ont tous leurs vies,leurs parcours et leurs pulsions intérieures.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A YVES ROUXEL
          Il s’agit de FORCES OCCULTES qui était l’oeuvre de Jean Marques Rivière, produit par Robert Muzard qui ne travailla qu’avec les Allemands, réalisé par Jean Mamy qui avait tourné un film et surtout écrit plein d’articles. Il avait été franc maçon et dans cette oeuvre abjecte il dénonce tous ses anciens camarades. Par ailleurs il dénonça un réseau de résistance. Il fut fusillé en 1949. Pour le reste, LE CORBEAU n’a été un film maudit que pendant quelques années à la suite des mensonges du parti communiste et de Georges Sadoul (il avaient prétendu que le film avait été distribué en Allemagne sous le titre d’UNE PETITE VILLE FRANCAISE)

        • Guilhaume Jean-Romain dit :

          Le moyen-métrage « Forces Occultes » est disponible en dvd depuis février 2009, accompagné d’un livret de 92 pages.Editeur : VÉGA
          ISBN : 978-2-85829-520-3. Une recherche sur la toile permet une acquisition facile.

          Cordialement,

          J-R Guilhaume

  23. MB dit :

    UN HOMME MARCHE DANS LA VILLE/ « …tentative très audacieuse qui avait été boycottée par la CGT et le Parti Communiste avec des articles abjects, des réactions de curé stalinien  »
    Sadoul a reconnu aussi son erreur car parlant de sa propre tiédeur pour le film à sa sortie: « erreur (…) imputable au critique qui ne doutait pourtant point, en s’opposant timidement à une critique terroriste, de la sincèrité de Pagliero. » (dico des films, Seuil 1965).

  24. Alexandre Angel dit :

    A Bertrand (et autres avis)
    Je n’ai pas le souvenir que vous vous soyez exprimé ici, ne serais-ce qu’en le citant, sur le beau (d’allure)coffret Potemkine consacré à Jean Epstein, paru en 2014.
    L’avez-vous testé? Appréciez-vous Epstein?
    Votre avis m’importe d’autant que je ne me suis pas précipité sur ce coffret faute d’avoir jamais été vraiment accroché par le peu d’Epstein que je connais (LA CHUTE DE LA MAISON USHER, LA GLACE A TROIS FACES).
    Et pourtant, je lorgne sur ce coffret depuis 4 ans.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Angel
      A vrai dire, je dois honteusement avouer que je ne l’ai pas encore vu n’étant guère attiré, ce qui est un tort, par Epstein même si je suis moins négatif que vous sur USHER

      • Damien D. dit :

        Le USHER d’Epstein possède une ambiance très intéressante et très différente de ce qu’en fera Corman 30 ans plus tard. Pas encore eu le temps de me pencher sur les autres films du coffret.

        L’avant-garde du cinéma français des années 20 a été en effet souvent négligée par les cinéphiles (à tort parfois. Je me rappelle de Ado Kyrou qui dézinguait ce genre de film dans son bouquin). Qui a vu L’INHUMAINE de L’Herbier qui était sorti chez Lobster ? Le film a plutôt bien marché en ventes et Lobster films dans une interview a été même assez surpris de ce petit succès. Là encore la forme, les décors et les expériences visuelles l’emportent sur le fond.
        Du même L’HERBIER, j’étais passé totalement à côté d’un autre film muet EL DORADO que Gaumont avait sorti. J’essayerai de voir FEU MATHIAS PASCAL qui a une réputation et qui est lui sorti aux ETats-Unis en dvd/blu ray.

    • Mathieu dit :

      A Alexandre Angel, Bertrand et Damien D:
      Du coffret Potemkine consacré à Jean Epstein je n’ai vu que la partie intitulée « poèmes bretons » et je dois dire que j’ai été très déçu, d’autant plus que j’avais beaucoup aimé FINIS TERRAE qu’on retrouve dans le coffret mais qui avait précédemment été édité dans la collection rouge de Gaumont (exactement le même transfert, et la même musique pour ce film muet). J’ai trouvé dans ces courts métrages beaucoup de maladresse, de naïveté, de prétention, et j’avoue avoir abandonné en cours de route l’autre long métrage du coffret, L’OR DES MERS… Je vais revoir FINIS TERRAE, qui se présente comme un film de fiction, et en est un, même s’il contient peut-être plus de vérité documentaire qu’un documentaire comme MAN OF ARAN de Flaherty, où il y a beaucoup de fiction…

      • MB dit :

        à Mathieu/EPSTEIN: ressenti quasiment la même chose pour USHER, coffret que j’ai abandonné en cours de vision, un film « breton » avait retenu mon attention (celui où des pêcheurs doivent passer des mois sur un île visible depuis le rivage), mais pas l’autre (oublié les titres). J’ai capitulé devant une histoire en Asie (LE LION DES MONGOLS?). J’avais l’impression de commettre un sacrilège à ne pas être branché à ce cinéma d’où mon soulagement à vous lire, je m’attendais à un délire visuel digne du muet pour USHER, aïe!

        • Alexandre Angel dit :

          Mouais j’ai comme l’impression que ce coffret Epstein va continuer à ne pas être ma priorité.

        • MB dit :

          à A Angel: je suis contre les coffrets c’est un peu de la vente forcée!

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Le film dont vous parlez avec les ramasseurs de goémon sur un ilot inhabité près d’Ouessant c’est FINIS TERRAE et c’est de loin le plus intéressant de ces films bretons. J’ai été souvent déçu par le cinéma français de la période muette, par exemple L’HOMME DU LARGE de l’Herbier, que j’avais trouvé ridicule. L’ATLANTIDE de Feyder est pour moi à mourir d’ennui, et je n’aime pas non plus les films muets de Renoir tournés avec Catherine Hessling.

        • Alexandre Angel dit :

          A MB
          Disons qu’il y a coffrets et coffrets. Un coffret soigné sur le plan éditorial, c’est un peu comme une belle anthologie en littérature : ça peut créer un effet « lampe d’Aladdin », comme un concentré d’effluves.
          J’aime les coffrets qui sont pensés comme ça, et il y en a quelques uns.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          Et même pas mal

        • MB dit :

          à Mathieu: FINIS TERRAE oui, je l’ai probablement vu en premier à cause de son titre admirable!
          Pour le cinéma muet français euh… ça demande à être nuancé?

        • MB dit :

          à BT: « et même pas mal » pas tant que ça la plupart c’est du remplissage de boîtes à l’occasion de Noël ou tt le temps.
          je ne veux pas acheter les coffrets Wiseman même si j’aime les films car j’aime bien l’approche en douceur plus que le gros paquet de films qu’on est supposé se farcir d’un coup et dont souvent on en a déjà quelques uns: doublés! Bon c’était pas le cas du Epstein, mais je suis sûr que certains auraient préféré découvrir Epstein ou Wiseman pas à pas et pour leur porte-monnaie et pour leur sensibilité. Bien, ne pensons pas négatif: les coffrets c’est bien, quelques fois.

      • Denis Fargeat dit :

        Dans cette génération de cinéastes qui expérimentait beaucoup, Jean Epstein me paraît un des plus aboutis – mais je suis loin d’avoir tout vu. Je me souviens avoir été ébloui par la « Chute de la maison Usher » ; si quelques aspects ont vieilli, je me rappelle avoir disséqué image par image une scène d’orage , qui m’a marqué par sa précision diabolique. Bunuel je crois a débuté comme assistant sur ce film , et il est tentant de tirer ce fil là dans l’oeuvre future de Don Luis. ( L’enfermement , la nuit , dans « L’ange exterminateur » ou « Viridiana » par exemple).
        Le vrai objet de ce post est une interrogation : je me souviens avoir été frappé par la force des images d’Epstein (surtout Le tempestaire, film tardif et impressionnant) insérées dans une série qui m’avait enthousiasmé et dont, c’est là que je voulais en venir , je ne retrouve pas le titre. Une série sur le cinéma français muet , dont le générique était la chanson que David Jisse composa pour « Le cinéma des cinéastes ». Quelqu’un aurait-il une piste pour cette série diffusée au début des années 80 , qui de fait me semble un excellent compagnon aux « Voyages »?

        • Julia-Nicole dit :

          A Denis Fargeat
          Il s’agit de la série de Claude-Jean Philippe ENCYCLOPEDIE AUDIOVISUELLE DU CINEMA, diffusée pour la 1ère fois sur FR3 en 1979, et consacrée non pas seulement au muet français, mais à un panorama du cinéma français des origines aux années 50. Il y avait 40 épisodes de 30 mn, dont chacun était consacré à un cinéaste, ou à un thème. Le numéro sur Epstein comportait effectivement des scènes du TEMPESTAIRE, aux images magnifiques. J’ajoute que le commentaire, souvent plein de poésie, de cette belle série était dit par Jean Rochefort.
          En ce qui concerne Epstein, j’ai toujours été très déçue par LA CHUTE DE LA MAISON USHER, qui possède un climat certes étrange, mais que je trouve lassant au bout de 5 minutes.
          Un film à mon sens beaucoup plus réussi est COEUR FIDELE, qui date de 1923. Un autre très curieux est CHANSON D’ARMOR (1934), tourné en breton. C’est un film de fiction, mais qui n’est jamais loin du documentaire. Je n’ai jamais vu LE LION DES MONGOLS, mais c’était une commande, sans doute peu représentative de l’univers d’Epstein.

        • Julia-Nicole dit :

          J’ai écorché le titre du film d’Epstein: il s’agit du LION DES MOGOLS (et non MONGOLS).

        • Denis Fargeat dit :

          A Julia-Nicole
          Merci beaucoup pour les précieuses informations. Je ne me souvenais pas de quelque chose d’aussi conséquent ; 40 épisodes, voilà qui fait rêver. J’ai pu retrouver le générique sur YT, une sacrée madeleine… je n’ai pas trouvé trace d’une édition en DVD ( si , à la BNF, mais ce doit être un report.)

        • Julia-Nicole dit :

          A Denis Fargeat
          Moi aussi, ce générique me fait frissonner et me rappelle plein de souvenirs. Il faut noter que le texte est un poème de Guillaume Apollinaire, « Avant le cinéma », d’abord mis en musique par Francis Poulenc. C’est une version totalement différente de celle utilisée par C-J.Philippe, interprétée par David Jisse et Dominique Marge:
          https://www.youtube.com/watch?v=enRIpqZJv-U

    • ballantrae dit :

      Je n’ai hélas plus le temps de revenir vers vous aussi souvent que je le voudrais pour des raisons indépendantes de ma volonté…mais il faut que je défende le cinéma d’Epstein encore largement méconnu et minoré dans le champ du cinéma français. Longtemps assimilé à la seule avant garde (Lherbier, Dulac, Gance) il n’est pas une simple curiosité mais un inventeur de formes un peu fou qui traque les possibles d’un langage qu’il pense en termes de révolution esthétique voire ontologique. il y a des scories certes mais tout comme dans le cinéma sovietique qui lui aussi traçait des sentiers neufs à travers films et manifestes.
      En plus, après ses films manifestes comme La glace à trois faces ou la superbe Maison Usher (mille fois supérieure aux Corman d’après Poe…seul rival sérieux en la matière Jan Svankmajer qui lui aussi a compris l’essence poétique du grand novelliste et poète)il s’est aventuré sur des territoires semi documentaires avec son « cycle breton » qui ne sont pas sans évoquer L’homme d’Aran de Flaherty et encore plus I know where I’m going de Powell/Pressburger.
      Vous auriez tort chers blogueurs de passer votre chemin car Epstein compte parmi les trésors cachés de notre cinéma et contribue à l’élargissement de son champ d’action.

  25. DUMONTEIL dit :

    à JPS

    Henri CALEF!
    « Jericho  »  » les chouans  » « la maison sous la mer  » « les eaux troubles  » sont des incontournables ;il est curieux de noter comme Mouloudji a des rôles similaires dans « bagarres » et dans « les eaux troubles » (que j’estime plus que le précédent)
    Le voyage ,je l’ai déjà écrit, soutient le méconnu (et pour 1964 d’une grande originalité ) « l’heure de la vérité » ,un film qui ne souffre pas de sa distribution internationale (Karl Heinz Boehm ,Daniel Gélin , Corinne Marchand ,Brett Halsey….)

    Il y a des films indifférents : »la passante » ,déjà évoqué ; »ombre et lumière » (pourtant avec Signoret et Casarès ) ressemble presque à une mauvaise parodie du thriller freudien que faisaient Lang ,Hitchcock ,Tourneur et autres une décennie plus tôt ; »féminin féminin » son dernier film ,mieux vaut considérer « l’heure de la vérité  » comme son chant de cygne .

    Un film de Calef que je cherche à voir depuis des années : « la souricière » (1949)

    • Bertrand Tavernier dit :

      A DUMONTEIL
      Mon ami Rissient avait gardé un très bon souvenir de ce film et de l’interprétation puissante de Daniel Ivernel. Je trouve que la deuxième partie des EAUX TROUBLES est plus faible et notamment tout ce qui touche à l’action physique (ici la montée de la mer) que Calef si doué pour les atmosphères, les conflits psychologiques ne sait pas bien filmer. Il n’a aucun sens de l’action, du mouvement (sauf dans JERICHO). C’est très sensibles dans LES CHOUANS, dans la scene de bagarre dans les wagonnets de LA MAISON SOUS LA MER, voire dans LES VIOLENTS, scénario très médiocre. J’ajoute que c’est un défaut partagé par de nombreux réalisateurs à l »époque (Devaivre) qui ne savaient pas utiliser les ellipses ni centrer l’action autour de trois ou quatre faits significatifs ou procéder comme Melville par exemple par une série de choix esthétiques

    • SERVANT Jean-Pierre dit :

      A Dumonteil : (CALEF) de lui je n’ai vu que JERICHO, revisionné récemment et qui n’a rien perdu de sa force. Un très lointain souvenir des CHOUANS qui ne me permet pas d’en parler objectivement. Je vais découvrir BAGARRES, que les extraits dans VOYAGES… m’ont décidé à me procurer.
      En lisant sa filmographie (pas si énorme que celà d’ailleurs), effectivement LA SOURICIÈRE me parait intéressant.
      Bien que Je ne l’ai pas vu, il me semblait pourtant que LA PASSANTE pouvait avoir de l’intérêt.
      Je vais regarder si L’HEURE DE LA VÉRITÉ est encore disponible en vidéo. Le sujet me rappelle – toutes proportions gardées -un thriller de Atom EGOYAN, REMEMBER,sorti en salles il y a trois ou quatre ans.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A SERVANT Jean_Pierre
        Il y a même aux Documents cinématographiques où vous pouvez trouver LA MAISON SOUS LA MER, LES EAUX TROUBLES, L’HEURE DE VÉRITÉ et un petit livre d’entretien avec Calef malheureusement du à Philippe Esnault qui n’était pas du tout un bon intervieweur. Il savait d’avance ce qu’il voulait obtenir et ses idées préconçues sur les EAUX TROUBLES bloquent visiblement Calef, lequel se trompe totalement sur l’histoire de Jeanson et sa participation au journal Aujourd’hui. Il confond la période Jeanson très courte et celle où Suarez reprit le journal et en fin un organe collaborationniste. Sur ce petit point, il a un entêtement stalinien que partageait sa femme qui refusait d’entendre mes explications, confortées par de nombreux historiens

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier : merci pour toutes ces précisions. J’ai vu que c’est ce même éditeur qui propose aussi LES OTAGES de Raymond BERNARD, que vous abordez dans VOYAGES…et qui m’intéresse aussi beaucoup. Curieusement sur certains sites marchands internet il est étiqueté « comédie », ce dont je doute.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean-Pierre
          Il y a pas mal de passages cocasses mais le ton du film est plutôt sarcastiques que comique. Et cet éditeur a d’autres films français rares comme cette oeuvre de Jean Paul Paulin qui aurait du être tournée par Dreyer, L’ESCLAVE BLANC

        • DUMONTEIL dit :

          cette oeuvre de Jean Paul Paulin qui aurait du être tournée par Dreyer, L’ESCLAVE BLANC

          oui,curieux film que ce JPP et curieuse carrière aussi
          un colon puissant et son contremaitre « aident  » les natifs à exploiter leur pays;mais la fille du premier tombe amoureuse du second qui est chassé ignominieusement ;on lui conseille de prendre une fille du pays et il enlève une fille du village …qui le drogue pour le garder (d’où le titre) descente aux enfers avec une Eve noire ,qui apparaît seins nus et même plus encore dans une scène de bain;il va de soi que l’amoureuse française reste décemment habillée.
          Le film est superbement restauré avec de belles images africaines ;Henry de Monfreid ,l’auteur des « secrets de la mer rouge » et qui apparait dans « les cigares du pharaon » comme tout hergéphile le sait ,présente le film.

          il faudra reparler de JPP ,si ce n’a pas déjà été fait : l’amusant « abbé constantin »,remake d’un muet de Duvivier,le militariste « trois de saint-cyr  » ,le film préféré (et ahurissant )de Pétain ,dit-on « la nuit merveilleuse  » ,sur lequel il y aurait beaucoup à dire , »l’homme qui vendit son âme au diable  » qui souffrit de la comparaison avec le bien supérieur « la main du diable » , »échec au roy » qui se passe à la cour de Louis XIV au temps de Madame de Maintenon ,ce qui est rare ,une Maintenon qui a les traits de G. Dorziat.
          il faudra reparler de JPP .

        • Bertrand Tavernier dit :

          A DUMONTEIL
          Et le bonus recree en story board le film de Dreyer. Il est heureux qu’il ne l’ait pas traité car le propos est assez raciste. Henry de Monfreid dans sa présentation vante le réalisme d’un film où l’héroïne chante dans les premières minutes une barcarolle près d’un lac africain, ce qui est une curieuse définition du réalisme. Jean Paul Paulin n’a t il pas réalisé les FILLES DU RHONE ?

      • DUMONTEIL dit :

        à JPS

        oubliez « la passante  » aux péripéties téléphonées et foncez sur « l’heure de la vérité  » ;je ne connais pas le film que vous citez ,mais j’y trouve des analogies avec « music box » de Costa-Gavras

        « la souricière  » hélas ! pas la moindre trace …
        le scénario n’a rien à voir avec la fameuse pièce d’A.Christie jouée à Londres ad vitam eternam,d’ailleurs ultérieure au film de HC

  26. SERVANT Jean-Pierre dit :

    (VOYAGES…) Enfin trouvé et vu dans son intégralité dimanche dernier (maintenant je vais pouvoir revenir sur certains des segments, pour approfondir certains passages) et ces VOYAGES sont formidables, indispensables. Merci à vous Bertrand Tavernier.
    J’ai redécouvert des films que je connais bien sûr, mais j’ai aussi découvert certains auteurs comme Henri CALEF, dont j’avais stupidement boudé BAGARRES, lors de sa sortie DVD il y a 2 ou 3 ans, TOURJANSKI dont je ne connaissais que LE TRIOMPHE DE MICHEL STROGOFF (56), Jean BOYER, dont j’avais vu certains films mais pas ON NE MEURT PAS COMME ÇA, que je voudrais bien découvrir un jour.
    L’envie de redécouvrir PLEIN SOLEIL que – aberration – je n’ai pas dans ma vidéothèque, LUMIÈRE D’ÉTÉ de GREMILLON et LE CIEL EST À VOUS du même, toujours pas sorti sur galette…
    Je pourrai continuer ainsi longuement, tant ce film, hommage à notre patrimoine, est d’une richesse exceptionnelle, grâce aussi à des commentaires qui donnent l’envie de la découverte.
    Oui, VOYAGES À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS, « c’est du BSA extra-piste », comme disait Jean GABIN.
    Et je serais bien parti pour quelques heures supplémentaires avec en vrac, CHRISTIAN-JAQUE (auquel vous rendez hommage avec le magnifique UN REVENANT), PIERRE BILLON, HENRI VERNEUIL, JEAN DEVAIVRE. JEAN DREVILLE,et quelques autres…
    Un merci sincère.

    • Alexandre Angel dit :

      A Bertrand,
      Un ami, loin d’être aux fraises question cinéma français, a été ébloui par les images de LA TERRE QUI MEURT, de Jean Vallée, dont il n’avait jamais entendu parler. Pour lui, cela constituait le sommet de VOYAGES. Il était émerveillé.
      Vous vous êtes déjà exprimé là-dessus donc pardon de vous redemander mais quand est-il d’une éventuelle parution dvd et/ou br (soyons fous)?

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Alexandre Angel
        Les droits du film sont détenus par Chateau, je pense et pour le moment il n’a rien annoncé. Les droits de la restauration appartiennent je crois aux ARCHIVES DU FILM

        • MB dit :

          à Bertrand: pour LA TERRE QUI MEURT, j’ai celui de la Cinémathèque de Vendée mais j’ai cru voir que les extraits pour VOYAGES sont de meilleure qualité? C’était que les extraits que vous avez restaurés ou ya til une copie restaurée en entier chez Chateau?

        • Bertrand Tavernier dit :

          a MB
          Le film a été entièrement restauré par le CNC et les Archives du Film. Ce sont eux seuls qui possèdent cette version mais pas les droits du film avant restauration. Situation compliquée qui demanderait des négociations ardues

        • Alexandre Angel dit :

          Merci!

        • MB dit :

          merci Bertrand, j’ai l’impression que Chateau c’est le genre qui aime bien faire cavalier seul et que ça lui chante pas du tout de devoir faire alliance avec le CNC les Archives du Film, or actuellement c’est lui qui a les droits de diffusion et il ne l’a toujours pas édité dvd.
          Alors il y a les droits sur la restauration, ceux sur l’édition dvd, ceux sur l’exploitation cinéma, un cavalier seul, et parfois des héritiers ayant-droits aux egos démesurés qui contestent ou veulent plus d’argent que ce qu’on veut leur donner! au-secours!
          et nous on attend en vieillisant…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Il ne veut rien devoir à personne, refuse les aides pour ne pas être en état de dépendance

        • MB dit :

          « Il ne veut rien devoir à personne, refuse les aides pour ne pas être en état de dépendance »
          ben voilà… un fier! espèce redoutable!

          merci

      • Marc Salomon dit :

        Faut-il rappeler que le procédé couleur Francita fut utilisé un an avant LA TERRE QUI MEURT par le même réalisateur sur JEUNES FILLES A MARIER ?…
        L’excellent rendu des couleurs tient au procédé lui-même dit trichromie additive (expérimenté en photographie au milieu du XIXe siècle par Louis Ducos du Hauron) avec l’utilisation de filtres rouge, vert et bleu.
        Cette technique fut déjà utilisée au cinéma dans le Chronochrome Gaumont (ou Gaumontcolor) dès 1912, mais pas en fiction. Le défilé de la victoire en 1919 fut filmé en Gaumontcolor.
        Il y eut de nombreuses variantes comme le procédé Keller-Dorian (MATEO FALCONE en 1928), procédé qui inspirera plus tard le ThomsonColor (JOUR DE FETE de Tati en 1949).
        Rappelons que le Technicolor trichrome de 1932 reprenait le principe de la sélection trichrome par filtrage à la prise de vues.Il fut le seul système à avoir résolu les problèmes inhérents au procédé : mauvaise définition quand les photogrammes étaient trop petits, défauts dits de parallaxe de temps ou d’espace puisque les trois composantes impressionnées sont légèrement décalées.
        Le Rouxcolor ajoutera une quatrième couleur de sélection, le jaune (LA BELLE MEUNIERE de Pagnol en 1948)
        Enfin, précisons que dans le procédé FRANCITA, le dispositif optique permettant d’impressionner 3 photogrammes sur une pellicule 35 mm fut mis au point par le français Pierre Angénieux peu de temps avant qu’il fonde sa société d’optique, très célèbre aujourd’hui encore pour ses zooms cinéma fabriqués dans son usine de Saint-Héand, à côté de Saint-Etienne, dans la Loire.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Marc Salomon
          Merci par ces précisions essentielles

        • Denis Fargeat dit :

          A Marc Salomon
          Merci également ! Le procédé Gaumontcolor a été présenté dans le programme Kinemacolor, au festival Lumière, et c’était un éblouissement. Mais je n’ai pas trouvé de détail technique sur ce procédé, qui semblait fort lourd à mettre en oeuvre…

        • Damien D. dit :

          A Marc et Denis, ajoutons enfin que ces films en couleurs des années 1900-1910 passés au festival Lumière en séance « kinémacolor » sont disponibles en dvd à la cineteca di bologna (je l’ai d’ailleurs acheté à la boutique dvd du festival Lumière).
          Disponible sur leur site ici : http://cinestore.cinetecadibologna.it/bookshop/dettaglio/119

          Ou sur amazon mais plus cher…

        • Denis Fargeat dit :

          A Marc ( et Damien)
          Un grand merci, voilà un topo très clair !
          Il me semble que j’ai connu le Rouxcolor par un petit exposé du cher Patrick Brion avant la diffusion de la Belle Meunière. Equivalent cinéma de la quadrichromie ( le jaune remplaçant le noir). Mais la présence de 4 photogrammes sur chaque image fait que la définition est celle du 8 mm … et le film est seulement une curiosité – savoureuse si on est d’humeur. ( Tino Rossi en Schubert! Mais le tenorino a ses défenseurs , tel Jacques Drillon. Probable que Franz Schantait un peu comme ça, peut-être avec un accent corse un peu moins prononcé.)

        • Marc Salomon dit :

          Une explication très technique du procédé Rouxcolor par Pascal Martin, qui est professeur d’optique à l’ENS Louis-Lumière :

          https://journals.openedition.org/1895/4791#tocto2n3

          La définition est plutôt celle du format 16mm (plutôt que du 8mm !)

  27. DUMONTEIL dit :

    au père noel

    Le voyage est disponible sur amazon à 29,99€. (et attendez le vendredi noir)
    il y a déjà deux commentaires qui ne tarissent pas d’éloges ;je ne peux pas résister au plaisir de citer un extrait de l’un d’eux :

    « Le conteur-cinéphile change de format, huit épisodes de 52 minutes soit près de sept heures de projection, mais pas de générique : toujours ces images bouleversantes des grandes heures de notre cinéma qui défilent après que la voix de Louis Jouvet *nous a invités au(x) Voyages (cette fois-ci au pluriel donc…) : « Imaginez que vous êtes au cinéma »… Monsieur Tavernier, alors que je viens de revoir pour la je-ne-sais-combientième fois La vie & rien d’autre, les mots me manquent pour vous dire combien je vous aime et vous remercie… » (Hubert Meunier)

    *dans « les amoureux sont seuls au monde »

  28. Denis Fargeat dit :

    Beau dimanche matin sur France Musique, Alexandre Astier dans « Musique émoi » et l’émission suivante dédiée au parcours de Paul Misraki.

  29. DUMONTEIL dit :

    A propos de M.Pagliero ….

    « Un homme marche dans la ville « : film maudit mal accueilli par le syndicats qui n’acceptaient pas la description des milieux portuaires:brutes alcooliques qui battent leurs femmes qui couchent à gauche à droite ;on l’a comparé à « l’assommoir » ; le film n’a rien des peintures « prudentes » du cinéma français des années 50
    Deux moments ont particulièrement retenu mon attention:
    Ginette Leclerc,dont c’est le dernier grand rôle (ne me parlez pas de « joe caligula » ), met son gosse dans le train ;on dirait qu’elle met une pièce de bagage dans le wagon;tout la détresse d’un enfant est dans cette scène
    Le panoramique final,après la résolution de la tragédie ,sur le port du HAVRE , avec en fond sonore le gémissement lugubre d’une sirène.

    « La rose rouge » ,et ce n’est qu’une opinion personnelle, est sans aucun intérêt.

    Je serai plus indulgent pour « la p….respectueuse  » ;à l’époque on adaptait beaucoup Sartre (voir Audry,Delannoy ,Fernand Rivers). Le film est fidèle à la pièce ;je me suis souvent demandé si elle n’avait pas été en partie inspirée par Richard Wright ;l’auteur de « native son » *,réfugié dans notre pays connaissait bien l’écrivain.
    Barbara Laage n’est pas mal en fille de joie modèle Gloria Grahame;sa dernière scène avec le jeune noir est émouvante ;cependant ,il est difficile de croire que nous sommes dans le sud de l’Amérique

    * porté à l’écran par Pierre Chenal avec un erreur grossière:l’auteur dans le rôle principal .

    « vêtir ceux qui sont nus » adapte Pirandello ;une gouvernante dans un milieu bourgeois est accusée de la mort accidentelle d’une enfant ; cela rappelle le mélo italien tout en montrant que la vérité n’est ni bonne à dire ni forcément celle que l’on croit;un lugubre piano accompagne tout le film :Gabriel (sans e) Ferzetti ,Eleonora Rossi-Drago (que Pagliero retrouvera dans son film suivant) et Pierre Brasseur ne parviennent pas à rendre le film passionnant

    « destinées  » est un film à sketches :la femme dans la guerre en est le lien fort lâche
    celui de M.Pagliero ,j’aime bien : une veuve de guerre (Colbert) veut ramener les restes de son mari en Amérique .Elle découvre qu’il a eu une liaison avec une italienne (Rossi-Drago);cela n’échappe pas à certains poncifs (la nuit où l’orage gronde) mais le final est fort émouvant , »le fils restant près du père ».
    C’est le 1er sketch ;le second de Delannoy se déroule à un moment où Jeanne d’Arc a ses moments de doute et de peur dans un paysage morne recréé en studio ;c’est un sketch d’atmosphère ,on n’y trouve rien de la légende de Jeanne mais la foi du réalisateur est en évidence (le problème est que Michèle Morgan a 34 ans,soit le double de l’âge de l’héroïne..On peut préférer la Seberg de Preminger); bien que je sois admirateur de Christian-Jaque ET d’Henri Jeanson ,je trouve leur sketch sur « Lysistrata  » qui incita ses compagnes à faire la grève de l’amour tant que leurs maris feraient la guerre ,lourd et vulgaire ;beau sujet,certes,mais gâché.

    Chéri-Bibi :je sauverais Raymond Bussières , un bon « la Ficelle » ;il a été filmé en couleurs (rare pour l’époque) ;l’histoire est tirée par les cheveux .

    Ainsi se termine mon voyage chez Pagliaro;je n’ai pas eu la (mal)chance de suivre le capitaine Steve dans son odyssée comme M.Tavernier.

  30. SERVANT Jean-Pierre dit :

    J’ai vraiment apprécié de revoir hier soir GOING MY WAY (La route semée d’étoiles) de MacCAREY avec Bing CROSBY et Barry FITZGERALD, assez époustouflant dans le rôle du vieux prêtre ronchon et malicieux Fitzgibbon. Certes le scénario est prétexte aux numéros musicaux de CROSBY et du choeur d’enfants, mais l’ensemble est très agréable. Il y a des moments formidables comme l’arrivée de CROSBY à la recherche de son chemin, qui s’adrese aux femmes à la fenêtre, la balle de base-Ball qui fracasse la fenêtre suivie de la discussion entre CROSBY et le locataire, par exemple.
    J’ai été surtout bluffé par le jeu de FITZGERALD (56 ans à l’époque), absolument formidable en vieillard grincheux,(la scène ou il revoit sa mère, évoquée dans cette chronique,est d’une grande intelligence, parce que sobre dans sa mise en scène.
    Et CROSBY est vraiment bien lui aussi. Il apporte beaucoup d’humilité, de tendresse au personnage du père O’Malley, et inconsciemment le spectateur sait que les rapports divergents qu’il entretient avec le Père Fitzgibbon seront assez vite dissipés.
    Ce fut la découverte (j’avais oublié ce passage du film) de la mezzo-soprano Risë STEVENS dans un extrait de CARMEN,ou elle est remarquable.
    Et puis une pensée pour le merveilleux Gene LOCKHART,comédien très fin, vu dans grand nombre de films dont MAKE WAY FOR TOMORROW de MacCAREY aussi et THE SEA WOLF de CURTIZ dans lequel il m’a laissé un sacré souvenir.
    Le film « tient bien la route », avec quelques accents à la CAPRA (MacCAREY me fait parfois penser à CAPRA dans le traitement de ses histoires) et il mérite d’être redécouvert. J’ai ressorti la suite (BELLS OF STE-MARIE)pour ce week-end.

  31. ballantrae dit :

    Mazette que de lectures!Mais je vais devoir dévaliser ma librairie ou passer quelques commandes.
    Je commence par Isabelle Carré si délicieuse dans tant de films dont Holy Lola.Elle nous a fait l’honneur de tourner en Dordogne dans la minisérie Victor Hugo, ennemi d’état réalisée par Jean Marc Moutout.
    Le résultat est remarquable, documenté, précis, dynamique et courageux et nous rappelle tous les aspects de ce grand homme notamment sa force rhétorique lorsqu’il changea de camp passant des Royalistes aux Républicains. Isabelle Carré est l’interprète magnifique de Juliette Drouet.
    Je vous recommande vivement cette minisérie conçue par la scénariste Sophie Hiet en collaboration avecle cinéaste Jean Marc Moutout ( dont vous vous rappelez sûrement quelques titres marquants: Violence des échanges en milieu tempéré,De bon matin, La fabrique des sentiments). Leur travail a la densité par moments du Peter Watkins de Edvard Munch (qui réalisé d’ailleurs La commune!)

  32. SERVANT Jean-Pierre dit :

    CHARLES WALTERS.Effectivement ce livre doit être passionnant. De lui je n’ai vu que EASTER PARADE que j’aime beaucoup, LA PANTOUFLE DE VERRE sur j’ai totalement oublié, LILI que j’aime bien et son dernier je crois WALK DON’T RUN (1965),HIGH SOCIETY m’avait reellement ennuyé et je ne sais plus pourquoi aujourd’hui. Et enfin WALK DON’T RUN (65), une comédie avec CARY GRANT située durant les JO de Tokyo. Je n’ai pas accroché et je crois même ne pas avoir vu la fin. Je relis sa filmo et il me semble bien n’avoir pas vu ses autres productions.

    J’ai retrouvé l’entretien de Jean-Pierre AUMONT paru dans CINEMATOGRAPHE numéro 65 de février 1981. Un entretien passionnant avec Jacques FIESCHI et Bruno VILLIEN où il abordait entre autre les conditions de travail à Hollywood. Et voici ce qu’il disait sur sa collaboration avec Charles WALTERS sur LILI.

    […] « On ne souffrait pas spécialement, même si dans les discussions avec le metteur en scène, on se heurtait souvent à un mur. Je me permettais d’autant moins de remarques que je ne continuais qu’à comprendre qu’incomplètement ce que je disais !…
    Le seul cinéaste avec lequel je me sois franchement mal entendu, c’est Charles WALTERS pour LILI. Nous ne pouvions pas nous souffrir. Son grief initial était qu’il voulait Gig YOUNG, en désaccord avec MAYER et le producteur Eddie KNOPF qui me voulaient moi.
    Gig YOUNG et moi avons fait deux essais. Statu-quo et même désaccord dans les deux partis. WALTERS à du s’incliner mais au lieu de prendre la chose du bon côté, il a continué à m’en vouloir et me rendre la vie impossible.
    J’ai fait la connerie d’attendre la fin du film pour me plaindre – entretemps MAYER avait été remplacé par Dore SCHARY – WALTERS à été fichu à la porte et KNOPF à mis en scène lui-même les trois derniers jours. Celà dit, je ne suis vraiment pas un emmerdeur, car c’est la seule fois de ma vie que cette aventure m’est arrivée au théâtre comme au cinéma.
    Et LILI, qui a été un triomphe en Amérique, est selon des amis, le film, parmi les 90 tournés, où j’ai l’air le plus à l’aise » […]

    Voilà, c’est juste à titre documentaire, sans vouloir porter un jugement personnel sur le cinéaste.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A SERVANT Jean-Pierre
      Walters s’est merveilleusement entendu avec Astaire, Kelly, Sinatra, Crosby Et dans la biographie, on voit que c’est lui qui double Aumont dans les danses. Il ne l’aimait pas comme acteur. En revanche quand on demandait à Leslie Caron ce que lui inspirait Walter, elle disait : un immense sourire

      • SERVANT Jean-Pierre dit :

        A Bertrand Tavernier : comme quoi les rapports entre les personnes ne sont pas toujours identiques. La réflexion de Leslie CARON est agreable a lire et il faut être prudent sur les témoignages à replacer c’est vrai dans leur contexte.
        Mais c’est vrai qu’à chaque fois que j’entends ou lis un article avec ke nom de WALTERS, cette réflexion d’AUMONT me revient en mémoire, ce qui bien entendu n’est que l’opinion de l’intéressé se référant à des circonstances le concernant personnellement.
        Le plus curieux c’est que pendant longtemps et pour tout dire, dans ma jeunesse (donc bien avant internet et les possibilités de recherches qu’il apporte), je n’avais pas de bases sur WALTERS, ni dans mes encyclopédies ciné, aucun articles, aussi je m’étais imaginé (c’est le bon mot) un vieux monsieur, coiffé d’un feutre qui dirigeait en costume-cravate. C’etait très « cliché » bien sur.
        Je n’avais même pas vu une seule photo de lui. Mais là, je remonte à fort loin…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean Pierre
          Il y a une interview de lui par Pierre Sauvage dans Positif et il a été défendu par de nombreux critiques don NT Binh, Robert Benayoun (même pour LA BELLE DE NEW YORK pourtant décevant). Jacques Rivette adorait LA JOLIE FERMIÈRE qui est un film délicieux, inspiré, délicat, avec un inoubliable solo de Gene Kelly et le génial GET HAPPY chanté par Garland et chorégraphie par Walters

  33. Le Nain dit :

    La musique de film n’est désormais plus le parent pauvre du cinéma, bien que le sujet soit toujours traité à part. Aucune critique n’en fait jamais cas dans les sorties hebdo, aucun historien de cinéma n’a jamais questionné en profondeur un metteur en scène sur sa relation avec un compositeur (sinon Truffaut, ou J. Mc Bride avec Hawks) c’est toujours les compositeurs qui s’expriment sur leur relation avec les cinéastes. Dans la revue Soundrack, Elmer Bernstein disait avoir écrit la musique de 7 WOMAN sans n’avoir jamais rencontré John Ford qui se fichait complètement de la musique de ses films, laissant Max Steiner s’arranger avec le département musical du studio. Pareil pour Michel Legrand, les confidences viennent plus souvent de lui, compositeur majeur, ça ne sert à rien de le dire, qui cependant n’a pas du tout intéressé les réalisateurs de votre génération. Même constat avec Francis Lai. L’intervalle américain de Legrand lui a-t’il définitivement coupé l’accès au cinéma français (sinon un Rappeneau par-ci, un Louis Malle par-là) ? Jusqu’à l’oublier presque après 1980. Des jeunes réalisateurs comme Beauvois ou Steve Suissa, sont venus le chercher au soir de sa vie, pour des films hélas complètement ratés. Il y a eu comme une déperdition de Legrand, à une époque où il pouvait contribuer bien plus qu’il ne l’a fait au cinéma français. Et il faut toujours rappeler qu’une bonne bande originale peut sauver un film, autant qu’une mauvais peut l’affaiblir.

  34. Thomas dit :

    Je confirme que la Bande Dessinée concernant Edouard Luntz s’appelle « Avec Edouard Luntz » et pas « un homme est mort ». Visiblement M. Tavernier, vous ne l’avez donc pas lu. C’est d’autant plus dommage que l’ouvrage remet les pendules à l’heure, concernant « Le grabuge » en particulier, à propos duquel Michel Ferry a fait un documentaire (et non pas un livre, seconde erreur) biaisé et mensonger, portrait en creux de son propre père qui était le larbin de Zanuck qui avait viré Luntz uniquement parce que le montage ne lui plaisait pas (le tournage, lui, était bien allé à son terme, même s’il fut houleux). Contrairement à ce que Ferry affirme, Luntz a d’ailleurs gagné le procès qu’il avait engagé contre Zanuck, qui avait fait jurisprudence et changé le droit français pour les réalisateurs, depuis considéré comme auteurs de leur film.
    On vous a connu plus rigoureux, cher Monsieur Tavernier. Je vous invite à lire la Bande Dessinée
    cordialement

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Thomas
      Michel Ferry a aussi écrit un texte que je possède et j’ai fait une confusion dans les bandes dessinées que j’ai reçues en même temps. Je connais très bien de nombreux membres de l’équipe de Luntz dont son assistant qui m’ont confirmé ce que décrivait Ferry et bien sur Luntz a gagné son procès mais le film n’a pratiquement jamais été montré. D’autre part Christian Ferry n’était pas seulement le « larbin de Zanuck » mais un producteur passionné qui a financé de nombreux film de Louis Malle dont LACOMBE LUCIEN et le SOUFFLE AU COEUR, de Sautet (CESAR ET ROSALIE) et qui a sauvé QUE LA FETE COIMMENCE. Je lai vu aussi à l’avance sur recettes défendre des auteurs et j’avais une grande estime pour lui et ai tendance à croire que beaucoup de ce que son fils raconte n’est pas si éloigné de cela de la vérité. Il annonce d’emblée que son père ne croyait pas au projet, au scénario tel qu’il était écrit, ce qui est son droit

      • FREY dit :

        Cher Monsieur Tavernier,

        « Un homme est mort » est un excellent album. Vous devriez le lire. Pour ma part, j’ai réalisé « Avec Edouard Luntz », avec Nadar.

        J’ignorais que vous aviez travaillé avec Edouard Luntz. Si je l’avais su, je vous aurais posé quelques questions et j’aurais probablement bossé un minimum avant de le faire.

        Michel Ferry n’a pas publié de livre sur Le Grabuge. Il a réalisé un documentaire sur le tournage du film. Enfin, plutôt sur son père,Christian Ferry, co-producteur du film qui détestait Luntz. Documentaire très contestable en plusieurs points…

        L’invisibilité des films n’est pas seulement liée au caractère de Luntz ou aux producteurs US. Si vous lisez l’album, vous verrez qu’on y parle aussi de la Cinémathèque française, de la lourdeur des institutions qui, parfois, étouffent les films au lieu de les faire vivre.

        « Les Coeurs verts » est un film formidable, restauré l’an dernier. Mais jamais diffusé, ni projeté. Il faudrait se demander pourquoi on peut organiser une rétrospective Edouard Luntz à Bruxelles mais pas en France…

        Bien à vous,

        Julien Frey

        • Bertrand Tavernier dit :

          A FREY
          J’ai fait un mic mac avec la BD consacrée à René Vautier, les deux volumes étant superposés. J’ai été l’attaché de presse d’Edouard Luntz et ai défendu LE DERNIER SAUT. De plus, je lui avais demandé de dire la voix off finale de l’HORLOGER et je ne pouvais que soutenir son combat contre Zanuck. Je connais assez bien les problèmes qui bloquent les films de Luntz (et de nombreux cinéastes de cette génération à commencer par Chabrol) et je sais que les Institutions ne sont pas toujours claires. J’avais envoyé un mail à Christophe Tardieu du CNC lui demandant de lire la BD pour voir quels remèdes apporter. Je n’ai pas encore eu de réponses

      • Thomas dit :

        Cher Bertrand,

        Il y a eu deux camps dans cette histoire : ceux qui ont défendu Zanuck et ceux qui ont défendu Luntz, qui ne croyait pas non plus au scénario de Duvignaut mais qui avait réussi à en faire un film complètement dingue.
        Zanuck a fait massacrer le film au montage (par Zulavski). On n’a presque jamais vu le film parce que Zanuck a empeché que ne soit montré le montage de Luntz et que la version qui est sortie ne valait pas un clou. De l’avis de la monteuse du film, ou de Badal,le chef op, ou du critique Eliott Stein, pour ne parler que d’eux, la version de Luntz était sublime.

        Ferry père était peut être un bon producteur, mais dans cette histoire il était strictement du côté de Zanuck. Michel Ferry lui, dans son film, est resté du côté de son père, ce qui peut se défendre. Mais le coince. Du coup, son film est biaisé. Il n’est pas allé cherché les avis divergents.

        Si ça vous intéresse, je peux vous raconter l’autre version de l’histoire, je la connais bien. Vous pouvez me contacter en mp.

        Par ailleurs certains films de Luntz sont visibles et méritent grandement d’être revus.

        Bien cordialement

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Thomas
          Je connais les films de Luntz. J’ai été son attaché de presse et j’ai défendu LE DERNIER SAUT, obtenant pas mal de bonnes critiques. Luntz m’avait montré L’HUMEUR VAGABONDE mais j’ai oublié ce qui s’est passé car le film est sorti sans que je m’occupe des projections sinon d’une. Par ailleurs, c’est edouard Luntz qui dit la voix off finale de L’HORLOGER DE SAINT PAUL. Et il n’y a pas que deux camps. Il y a des positions intermédiaires qui se retrouvent sur un point : défendre son montage contre Zanuck dont l’avocat était si je me trompe, Edgar Faure qui malgré ses contacts politiques a perdu le procès.Je pense qu’il a su freiner l’exécution de la sentence. Moi je pensais qu’il était cinglé de s’embarquer là dedans, qu’il n’était pas armé, qu’il n’avait pas la carapace, la ruse de cinéastes comme Verneuil qui savait résister à des moguls. Et Zanuck avait été l’un des plus audacieux, des plus créatifs mais là, il était en bout de course, vidé. Déjà avec Danon, les rapports étaient tendus mais il avait avec lui les acteurs, Blondin (très bien vu par les journalistes) et Lira films, ce n’était pas la Fox. Je rêve de voir ce qu’il a pu en faire

        • Thomas dit :

          Il y a un rétrospective quasi complète (sauf le grabuge) des films de Luntz au cinéma Nova à Bruxelles à partir de jeudi prochain (29 nov). Avec jeudi soir « les cœurs verts » dans une très belle copie numérique restaurée, en présence de quelques acteurs du film, des auteurs de la bd et du fils du réalisateur. Pour nos amis belges ou ceux d’entre vous prêts à sauter dans un train.

      • Denis Fargeat dit :

        A Bertrand Tavernier
        Merci donc pour cette confusion , qui a ouvert une brèche ; je n’avais jamais entendu parler de cet Edouard Luntz.Une des choses précieuses de ce blog , que la découverte d’aspects totalement méconnus – que c’est stimulant!
        Et merci à tous, un portrait se dessine en creux, on a l’impression de vivre en direct un film de Welles ( Kane ou Arkadin, même si Luntz n’est aucun de ces personnages.)
        Je vais chercher sur Luntz.
        Un deuxième objet à ce post : vous parlez un peu, cher Bertrand, de la couleur dans votre « Voyages »… de « La terre qui meurt » à « French cancan » ou « Les aventures d’Arsène Lupin » , en passant par « Le rouge et le noir », on décèle une problématique passionnante du cinéma français ( sans parler du curieux « Belle meunière » où on s’attend à voir Schubert remplacer la truite par une belle rascasse)… quelqu’un aurait-il une piste sur l’histoire du cinéma en couleurs, ses techniques , ses chef op?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Denis Fargeat
          Ce serait en effet un sujet passionnant. Certaines séquences de la TERRE QUI MEURT paraissent révolutionnaire par rapport à l’utilisation timorée de la couleur dans les films des années 50, cette peur qu’on sent chez les cinéastes et les opérateurs de l’ombre. Bernard Stora qui était assistant me confirmait cette obsession du « vous êtes sur qu’on voit le décor » qui explique cette photo sur éclairée de tant de films qui semblent avoir des années lumières de retard sur les réalisations de Powell et autres cinéastes anglais sans parler de chefs opérateurs comme Leon Shamroy (AMBRE, WAIT TILL THE SUN SHINES, NELLIE) et autres. La séquence du duel au couteau dans une pièce obscure de la MAITRESSE DE FER (qui devait être considéré comme un sous produit de série B) a peu d’équivalents dans le cinéma français de l’époque. Quelques exceptions : LES AVENTURES D’ARSENE LUPIN de Becker, MITSOU qui est joliment colorié, les scènes nocturnes de l’AFFAIRE DES POISONS ou de OEIL POUR OEIL. Il y en a sans doute d’autres. Cela tenait peut être à ce que souvent les cinéastes voyaient les rushes en noir et blanc et ne pouvaient juger de la photo que lors de la copie standard ou zéro (Devaivre durant UN CAPRICE DE CAROLINE CHERIE) mais les opérateurs faisaient développer des images test

        • Denis Fargeat dit :

          A Bertrand
          Merci

        • Marc Salomon dit :

          A Denis Fargeat :

          Vous pouvez déjà vous procurer le livre de Benoit Noël intitulé « Histoire du cinéma couleur » paru en 1995.

          Mais c’est un vaste sujet et je suis entièrement d’accord avec Bertrand Tavernier quant à « l’utilisation timorée de la couleur dans les films des années 50 » en France.
          Les deux arguments souvent avancés selon lesquels cela s’expliquerait par la nouveauté technologique qu’il fallait apprendre à domestiquer et par le manque de maitrise des labos ne tient pas une minute quand on compare à ce qu’il s’est passé dans les autres pays quand ils ont abordé la couleur sous quelque procédé que ce soit (Etats-Unis, Allemagne, Italie, Japon…). Michel Kelber lui-même m’avait avancé ces raisons lorsque je l’avais interrogé sur ce sujet. Je n’avais pas osé le contredire…
          Je reste, par exemple, très admiratif devant le travail audacieux et inspiré de l’opérateur Werner Krien en 1944 dans LA PALOMA d’Helmuth Kaütner, en Agfacolor.
          En revanche, j’ai toujours été perplexe pour ne pas dire profondément agacé de voir la critique dans son ensemble s’extasier devant certains films français hideusement éclairés, à commencer par LE CARROSSE D’OR.
          Christian Matras est encore celui qui s’en est le mieux sorti avec BARBE BLEUE (Gevacolor), LUCRECE BORGIA (Technicolor) et LOLA MONTES (Eastmancolor).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Marc Salomon
          Et souvent les films en technicolor étaient tirés et développés à Londres d’où un retard pour les rushes souvent en noir et blanc pour des raisons d’économie. Kelber n’était vraiment pas doué en couleurs surtout si on le compare à Pierre Montazel qui sur ce point reste méconnu. Et vous avez raison les Renoir sont souvent surestimés : FRENCH CANCAN est inégal – des passages réussis – et des plans beaucoup trop éclairés. ELENA c’est pire. Je n’ai pas revu LE CARROSSE D’OR

        • MB dit :

          à Bertrand: vous avez raison FRENCH CANCAN est très éclairé mais pour moi avec des réussites en extérieurs, voyez la maison de Nini en haut de la butte où Gabin la poursuit. Ce sont les plans en intérieur qui pètent la lumiè
          Zre mais j’ai du mal à dire « trop » éclairé à leur sujet. Il faut voir que les plans en extérieurs sont tous en studio (Joinville) (peut-on parler d’extérieurs du coup?) et pourtant la lumière est plus contrastée (enfin, il faudrait revoir tous ces plans), la reconstitution de l’extérieur incite plus à des zones d’ombre.
          Bon, à scruter le film, peut-être me contredirais-je.

        • MB dit :

          et puis vous avez dit « DES plans beaucoup trop éclairés » pas tous, et je me suis emballé pour un film que j’admire de bout en bout. Supprimez mon message d’ailleurs très mal rédigé, svp si vous y pensez!

        • Denis Fargeat dit :

          A Marc Salomon
          Merci, je vais essayer de trouver…

  35. Denis Fargeat dit :

    A Bertrand
    Merci encore pour cette étourdissante livraison, qui prend justement à contre pied un certain nombre de (mes) préjugés , sur Bing Grosby, Charles Walters, voire François Forsestier dont la faconde Audiardienne ( il a d’ailleurs flingué ce père-là dans l’obs l’an dernier, à la suite du bouquin sur le passé trouble du dialoguiste) cache, c’est vrai , un grand sérieux journalistique.
    Merci de parler de « Lili », dont je me souviens comme d’une guimauve au caramel nappée de miel au sucre candi – je dois être un spectateur un peu diabétique… et la France vue par Hollywood , j’ai un peu de mal quand ce n’est pas par Wilder ou Edwardes à la limite. Mais à réévaluer. Je le reverrai au moins pour Leslie Caron, absolument craquante (la gaufrette de l’affaire, donc.)
    Vous mentionnez Oscar Levant , j’avais déniché je ne sais plus où un recueil de ses aphorismes, qui en font un concentré de Wilde , Bierce et Twain ( un de mes préférés est, de mémoire « Je n’ai aucun problème avec mes ennemis , ce sont mes amis qui m’empêchent de dormir « ). Du coup je me demande si c’est lui qui a inventé son personnage et ses répliques … C’était en tous cas un personnage attachant, grand pianiste souvent cité comme référence dans les oeuvres concertantes de Gershwin – on se souvient de lui dans « Un américain à Paris », pianiste , chef, musicien(s) et spectateur(s) du concerto en Fa…
    Merci également pour « High society », généralement considéré comme un mauvais remake de « Philadelphia story ». Je me souviens avoir été un peu (légèrement) déçu par ce dernier , en raison de ce qu’on m’en avait dit par rapport au film de Walters. Je pensais du coup manquer de goût… Vous m’autorisez à me souvenir du film comme très élégant, utilisant bien l’écran large, et je crois que l’apparition d’Armstrong n’était pas déshonorante – je veux bien sûr parler de l’utilisation d’un musicien noir par Hollywood. Et c’est vrai que Bing Grosby ne démérite pas en sa compagnie. L’incroyable Huck ( Daniel, saxophoniste et vocaliste) lui voue un culte, je crois. ( à Bing Grosby veux-je dire, voir sa version de « Round minight ».)

  36. SERVANT Jean-Pierre dit :

    La lecture de cette nouvelle chronique me rappelle que j’ai beaucoup aimé UN HOMME MARCHE DANS LA VILLE de Marcello PAGLIERO, unique film que j’ai vu de ce metteur en scène. Je le trouve très noir, bien interprété et l’occasion d’y apercevoir quasiment en « silhouette » la Grande FREHEL, très marquée, dans une de ses dernières apparition au cinéma.
    Charles WALTERS, me ramène à un entretien qu’avait donné Jean-Pierre AUMONT au magazine CINÉMATOGRAPHE dans les années 80 (il faut que je le retrouve) ,où l’acteur faisait part de la haine qu’avait le metteur en scène à son égard durant le tournage de LILI (1952). Je n’ai plus les détails en tête, mais il y avait visiblement un réel acharnement de WALTERS envers AUMONT.
    Vous me donnez envie de revoir LA ROUTE SEMÉE D’ÉTOILES (et sa suite ?). Oui Bing est formidable dans UNE FILLE DE LA PROVINCE !

  37. Samuel dit :

    La bande dessinée consacrée à Édouard Luntz s’appelle « Avec Édouard Luntz », de Nadar et Julien Frey (Futuropolis).

    • André dit :

      « Un homme est mort » n’est pas un album sur Edouard Lunt. L’album dont vous parlez est « avec Edouard Luntz » (de Nadar et Frey, Futuropolis). Et sauf erreur de ma part, Michel Ferry n’a pas fait de livre sur le tournage de Grabuge. Il s’agissait d’un documentaire. En réalité plus sur son père que sur Luntz.

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