Juil
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L’IMAGE MANQUANTE est un choc. Me frappe une fois encore la dignité, la retenue du regard de Rithy Panh. Et cette idée miraculeuse d’évoquer par des figurines ces images qui manquent, cette mémoire qu’on a voulu occulter, bafouer avec la complicité de quelques beaux esprits et journalistes européens. A voir absolument. Complément indispensable à S21.

limagemanquante

Je profite de la sortie du dernier film d’Hiner Saleem, MY SWEET PEPPER LAND, qui m’a un peu déçu, avec quelques passages réjouissants, malgré (ou à cause) de ses références westerniennes qui m’ont semblé scolaires, pour rappeler  ses précédentes œuvres dont le ton est assez unique, VODKA LEMON et SI TU MEURS JE TE TUE.

vodkalemon  situmeursjetetue

De même la sortie des TROIS SŒURS DU YUNNAN de Wang Bing m’a fait réaliser que je n’avais jamais mentionné À L’OUEST DES RAILS, un des films les plus étonnants, les plus passionnants de ces dernières années.

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epousesetconcubinesOn a beaucoup dit qu’ÉPOUSES ET CONCUBINES (très beau Blu-ray) de Zhang Yimou  était un film académique. Il est vrai que tous les plans sont tirés au cordeau, centrés, composés avec un soin infini, parfois pesant. Mais la réalité est plus complexe. On peut aussi y voir le désir du metteur en scène de restituer visuellement un ordre hyper ritualisé, où tout semble prévu, ordonné, dirigé d’une main de fer.  Le tout dans un décor épuré, géométrique, qui ne laisse aucune place à l’improvisation et au désordre. Les personnages doivent s’asseoir là ou c’est prévu et les cadrages entendent capter le poids de tout ce système. Et à l’intérieur de cet ordre, Zhang Yimou se permet des audaces qui le perturbent : des personnages sont  exclus du cadre (la belle mère qui scelle le sort de l’héroïne), le maitre des lieux est le plus souvent filmé de loin ou de dos. On ne nous montre pas vraiment son visage, audace discrète et payante. Ce sont les victimes qui ont droit au gros plan. La mise en scène se contente de l’intégrer au décor sans lui donner de substance charnelle. Il n’est en fait que l’exécutant quasiment anonyme d’un système oppressif. Et je suis toujours touché par la découverte progressive des différentes maisons, des terrasses. Il y a là quelques plans larges de toute beauté, quand la troisième épouse chante sur les toits.

J’ai été plutôt déçu par THE MURDERER de Hong-jin Na qui m’a paru en retrait sur THE CHASER, après un bon début. L’action s’embourbe dans des poursuites interminables où l’on brise des centaines de vitres, qui deviennent de plus en plus invraisemblables. L’accumulation des morceaux de bravoure étouffe la tension.

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Et comme le rappelait Ballantrae, on peut trouver chez Bach films en complément de HAMLET de Kozintsev (l’une des plus belles adaptations de la pièce avec celle de Laurence Olivier), LA CHUTE DE SAINT PETERSBOURG (sans la partition d’origine de Chostakovitch je crois) co-dirigé comme LE TRAIN MONGOL avec Trauberg, DON QUICHOTTE qu’il réalise seul comme LE ROI LEAR.

FILMS FRANÇAIS
poildecarotteJ’ai revu avec un réal plaisir le POIL DE CAROTTE, version parlante de Julien Duvivier. On est saisi par la beauté de certaines idées de mise en scène, certains raccourcis fulgurants. Une manière aussi d’intégrer la nature au propos, dans les quelques rares moments de paix (il y a de fulgurants travellings précédants ou suivants la carriole). Duvivier va souvent droit à l’essentiel, supprime les plans d’introduction, de description (l’ouverture est très forte) qu’affectionnent 90% des réalisateurs de l’époque. L’interprétation tenue, mesurée de Harry Baur, sa manière de parler bas,  sans détacher les phrases, sans les projeter, de ne pas paraître écouter est d’une modernité absolue. En revanche comme souvent l’actrice qui joue Mme Lepic (Catherine Fonteney), effrayant personnage, souligne trop sa dureté, l’explique au lieu de la solder. Les gros plans renforcent ce défaut alors que dans certains plans larges, elle dramatise moins. Christine Dor est, elle, très juste, en Annette.

Il est regrettable que le CAFÉ DU CADRAN de Jean Gehret, en fait Henri Decoin, et LA FILLE DU DIABLE toujours de Decoin ne soient disponibles qu’en VHS. Le premier est une excellente chronique unanimiste, populaire, écrite par Pierre Bénard, le directeur du Canard enchainé, le second est un film étrange, noir, poétique qui commence par une étonnante scène de fusillade, une sorte de Fort Chabrol, sans pratiquement aucun dialogue. Puis le ton change et oblique vers une rêverie mélancolique sublimée par la présence d’Andrée Clément, actrice rare et émouvante. Magnifique musique, excusez du peu, de Henri Dutilleux (qui écrit aussi un petit air de jazz pour le CAFÉ DU CADRAN). Cela devrait suffire pour donner envie de voir ce film sur lequel Paul Vecchiali a écrit un beau et chaleureux texte enthousiaste.

caféducadran  fille_du_diable

J’ai revu avec un bonheur infini CASQUE D’OR, chef d’œuvre absolu. La concision dense de la mise en scène, son appréhension de l’espace (le décor du duel), la peinture très aiguë, sans clichés, sans commentaire du milieu des « apaches », des marlous et des prostituées (regardez comment Becker épingle le machisme des truands et regarde les femmes), le dialogue incroyablement épuré, net, précis, la rapidité de la narration (influence si bien assimilée du cinéma américain tout en gardant un regard français), tout cela en font un de mes films favoris. Très belle musique de Georges Van Parys. Dans un autre registre, RENDEZ-VOUS DE JUILLET possède des qualités identiques dans un registre en apparence plus léger.

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Il est réjouissant de voir comment Guitry tord le cou à tant de clichés qui paralysent les biopics dans LA MALIBRAN. L’ouverture du film notamment est un triomphe d’invention, de légèreté, d’ironie souriante. Guitry atomise les points de vue, brise la narration avec une invention étonnante. Le plan ou Jeanne Fusier-Gir explique dans l’escalier qu’ils « percent le masque » est une merveille tout comme l’entrée de Guitry dans le film. Ce dernier interprète, fait assez rare, un personnage assez noir voire méprisable, maquereau, maitre chanteur. La scène où il est démoli par La Fayette est des plus réjouissantes.

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maigrettendunpiegeJe crois n’avoir jamais dit tout le bien que je pensais de MAIGRET TEND UN PIÈGE de Jean Delannoy. A commencer par le scénario du au critique R.M. Arlaud, à Delannoy et à Audiard qui signe là d’excellents dialogues (la crise de colère de Maigret mais aussi des moments plus mesurés où affleurent le doute et l’émotion). Gabin campe un magnifique Maigret et cela dès le premier plan. Il nous fait comprendre par sa démarche, ses gestes, une façon d’entrer dans une cuisine, la fatigue du personnage, la manière dont ces meurtres l’atteignent. Delannoy utilise adroitement le décor, ces rues qui longent la place des Vosges. Très efficace reconstitution du Marais en studio avec une belle et originale utilisation de la musique de Paul Misraki : la chanson qu’on entend à la TSF et qui ponctue les errances d’un inspecteur et celles de l’assassin. Magnifiques interprétations de Jean Desailly, acteur simenonien par excellence et d’Annie Girardot.
Je vais aussi revoir MAIGRET ET L’AFFAIRE SAINT-FIACRE, histoire plus intime, voire quasi autobiographique de Maigret qui revient sur sa jeunesse et qui m’avait tout aussi plu en attendant un DVD du GARÇON SAUVAGE dont j’ai une bon souvenir.

maigretsaintfiacre  dvdstavisky

A propos de Resnais, j’ai aussi revu STAVISKY que j’ai toujours trouvé sous-estimé même si le scénario de Semprun reste superficiel (le rôle d’Arlette n’est pas le mieux écrit). Il y a dans tout le film une élégance, une intelligence narrative. Une manière de sans cesse briser la chronologie. Belmondo est bien meilleur qu’on a voulu le dire mais la palme revient à Charles Boyer, formidable baron Raoul. Très belle musique de Stephen Sondheim et cela dès le générique avec ses pulsations. Très belle valse grinçante, une danse au dessus d’un volcan. Ce qu’est le film.

CINÉMA ANGLAIS
J’ai adoré CHAUSSURE À SON PIED de David Lean. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais voulu voir ce film. Ce qui était stupide. Il s’agit d’une des meilleures comédies de l’époque avec un Charles Laughton délectable, dans ses colères, son entêtement, ses injustices, son refus de voir la réalité. La vision des rapports hommes/femmes met à mal certains clichés qui encombrent le cinéma anglais. Ici les hommes sont montrés comme étant beaucoup moins intelligents, créatifs que les femmes même quand ils excellent dans leur métier. C’est en se mariant que John Mills évolue et prend de l’assurance. A noter que David Lean est sans doute le metteur en scène qui aura le mieux utilisé Mills à deux reprises, ici et dans LA FILLE DE RYAN.

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On ne trouve, hélas, que des VHS de THE SPIDER AND THE FLY de Robert Hamer, œuvre perçante, aiguisée, ironique avec un élan romantique qui se cache derrière une narration rapide, un regard apparemment sceptique. Le début avec toute une série d’ellipses et de magnifiques plans de nuit (une des constantes de ce film) est foudroyant. Et la vision de Paris avec cette suite d’immeubles haussmanniens ou 18ème, fort réussie. Le scénario s’inspire je crois d’un fait divers qui s’acheva durant la guerre de 14. Un perceur de coffre fut engagé par le gouvernement pour dérober des papiers importants. Eric Portman est épatant dans le rôle de l’inspecteur qui cherche désespérément à coincer le cambrioleur (Guy Rolfe, le plus immense des acteurs britanniques dont le charme est sidérant). Nadia Grey fait de jolis débuts et le traitement de son personnage est exempt de toute misogynie comme toujours chez Hamer. A découvrir absolument.

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folieduroigeorgePlusieurs des critiques français parlant de LA FOLIE DU ROI GEORGE (Koba) ne citent même pas le nom d’Alan Bennett le scénariste du film tiré de sa pièce. C’est pourtant lui qui impose ce regard acéré, décapant, ironique, cultivé sur cet épisode rocambolesque de l’Histoire de la monarchie anglaise. Quels que soient les mérites de la mise en scène très honorable de Nicholas Hytner, le ton du film est celui de Bennett, génial dramaturge dont j’ai vanté ici les magnifiques, drolatiques, poignants monologues de femmes (à ma connaissance il n’y a qu’un seul homme dans tous ces portraits) filmés par la BBC dans TALKING HEADS 1 et 2 (ils ont été traduits par Jean-Marie Besset sous le titre MOULINS À PAROLE et montés souvent au théâtre), le scénario de PRICK UP YOUR EARS de Stephen Frears. J’adore aussi son roman, LA REINE DES LECTRICES, désopilante apologie de la lecture avec une inoubliable ouverture durant laquelle la Reine Elizabeth demande à Nicolas Sarkozy ce qu’il pense de Jean Genet.
La FOLIE DU ROI GEORGE est un film merveilleusement écrit et dialogué (« il fait froid comme dans le museau d’un chien de chasse »), avec une intelligence, un sens du raccourci qui font mouche et donnent aux différents acteurs une partition  éblouissante sur laquelle ils peuvent broder les variations les plus délectables : Nigel Hawthorne est bien sûr splendide mais on ne saurait oublier Ian Holm, Rupert Everett (Prince de Galles  incroyablement maléfique), Helen Mirren (les rapports entre le roi George, le seul à n’avoir jamais eu de maîtresse, et la reine Charlotte sont particulièrement touchants). Aucune pesanteur idéologique dans cette description ironique, sceptique de la Monarchie, de l’étroit fossé qui oppose William Pitt à Fox, candidat réformateur qui veut abolir l’esclavage (ce qui ne soulève pas le moindre enthousiasme chez le prince de Galles). Tout d’ailleurs dans ce film paraît contemporain. Et le moment magique où Bennett fait se rencontrer l’Histoire au présent avec Shakespeare donne lieu à une séquence mémorable. Nicholas Hytner réussit son premier film même s’il veut trop parfois nous faire oublier les origines théâtrales dans une débauche de travellings et de très gros plans parfois insistants.

CINÉMA AMÉRICAIN
laiglenoirTHE EAGLE de Clarence Brown  (Bach films). Sans doute la meilleure adaptation du roman de Pouchkine (1841), supérieure même à la version de Freda (mais pas à LA VENGEANCE DE L’AIGLE NOIR). Le début, elliptique, rapide, avec de brillants travellings qui voit Dubrovsky sauver une jeune fille dont le carrosse s’est emballé, est éblouissant. Le film mélange avec brio durant la première moitié l’aventure, la romance et surtout l’humour (les scènes de séduction de la tsarine où les deux tourtereaux font semblant de boire l’alcool.). Il y a de nombreux détails charmants ou drolatiques (la réaction d’un témoin en fond de plan qui commente l’action). Et de jolies idées visuelles comme ce court travelling avant dépassant les personnages et avançant légèrement vers une fenêtre ou va poindre le jour. Sans oublier les moments d’action où l’on retrouve le Clarence Brown qui dirigeait de magnifiques de seconde équipe chez Maurice Tourneur : ainsi cette vision d’un carrosse sur une plage, se terminant dans les vagues, meilleure scène du guindé LORNA DOONE (DVD zone 1). Dans la deuxième moitié, le héros pris dans des quiproquos calqués sur ceux de Zorro paraît hélas un peu godiche et le film en souffre malgré une fin amusante.

Pour les amateurs d’histoires sentimentales, je recommande EVANGELINE (1929, Les films du Paradoxe), illustration soignée du poème de Longfellow (le chêne d’Évangeline est l’endroit où Bootsie et Dave Robicheaux scellent leur amour) et l’une des rares œuvres qui évoquent la déportations des Acadiens : l’intrusion des Anglais, les plans de la déportation même s’il édulcorent la réalité, ne manquent pas de puissance. Un film d’ Edwin Carewe qui signe là, la troisième version après celle de Walsh en 1919.

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ABRAHAM LINCOLN (Bach Films). Ce film de DW Griffith, meilleur, moins statique qu’on a bien voulu le dire, contient même de fort beaux plans (le travelling d’ouverture, des plongées traduisant la solitude de Lincoln dans la Maison Blanche), des séquences de montage assez nerveuses très inspirées des photos de Matthew Brady et aussi une bataille maladroitement filmée. Le scénario n’évite pas les pièges du « biopic », certains acteurs surjouent et déclament (Una Merkel en Ann Rutledge dont la mort hélas n’est pas ellipsée). Mais Kay Hammond est crédible en épouse de Lincoln, E. Alyn Warren fort bon en Général Grant (étrangement on lui fait jouer aussi Stephen Douglas) et surtout Walter Huston est magnifique en Lincoln. Il donne une vérité profonde au film. On a retrouvé une séquence d’ouverture de quelques minutes décrivant la traite des esclaves avec une grande âpreté comme si DWG voulait revenir sur l’idéologie de Birth of a Nation.

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Aux USA, j’ai pu revoir une magnifique copie 35 de PLATINUM BLONDE, un de mes Capra favoris, une des meilleures comédies de journaliste, écrite par le talentueux Jo Swerling avec la collaboration de Robert Riskin. On sent la patte de Capra dans le rythme, la manière de mettre en scène le dialogue, de lui donner une rapidité, une évidence, de faire en sorte qu’il propulse l’action. Une longue scène entre Robert Williams et Jean Harlow semble totalement improvisée. Il faut dire que Robert Williams qui, hélas, mourut quelques semaines après la sortie du film, était un acteur génial qui surclasse même Lee Tracy pourtant inoubliable dans ce genre de personnages. Loretta Young et Jean Harlow sont succulentes. Bref un régal.

doorwaytohellPhilippe Garnier m’avait donné envie de voir THE DOORWAY TO HELL (Trésor Warner, sous-titres) bien que le metteur en scène soit Archie Mayo, incarnation de la routine la plus plombante. Il faut dire que le film était tiré d’une nouvelle de Rowland Brown (en fait d’une pièce), ce fulgurant auteur réalisateur à qui on doit QUICK MILLIONS, HELL’S HIGHWAY et BLOOD MONEY, tous très durs à trouver en DVD : comme me l’écrit Garnier, « c’est vraiment le compagnon de QUICK MILLIONS, le même ton, le même humour laconique, le même rythme. Le flic joué par Kenneth Thompson (formidable) est un personnage de Rowland Brown. Pour une fois Mayo ne dirige pas comme s’il avait deux pieds gauches. Il y a de l’humour visuel aussi. C’est dur de dire ce qui est du à Zanuck ou à Brown qui travaillèrent main dans la main sur ce film, Zanuck revendiquant la majorité du scénario (l’écrivain crédité et un prête nom) mais on est dans le monde de Brown. On a pu dire que le film avait été coulé par le casting de Lew Ayres et c’est vrai qu’il n’est pas crédible en bootlegger atteint du complexe de Napoléon. Mais dans les moments tranquilles et à la fin, il est fort bon. » Que dire de plus, sinon qu’il y a quand même des scènes assez plates avec le petit frère du héros. L’ouverture avec ses ellipses est typique de Brown et toutes les séquences finales, le dialogue avec le jeune livreur de journaux, avec le flic (le personnage le plus original), ce dîner qu’on vient livrer en ajoutant qu’il est payé et que ce sera le dernier, méritent le détour. La toute fin qui se termine par un plan de la dernière page du livre qu’écrivait le héros, est étonnante.

THE LADY AND THE MONSTER est la première des adaptations du CERVEAU DU NABAB de Curt Siodmak. La copie de Loving the Classics est horrible et ne rend pas justice à la photo de John Alton que l’on devine spectaculaire. Il se permet même des audaces assez naïves comme de changer l’éclairage, la lumière chaque fois que le personnage de Richard Arlen est possédé par le cerveau de Donovan qu’Erich Von Stroheim a ranimé après la mort de ce dernier. La mise en scène de Sherman, plaisante, joue avec les ombres et l’espace, créant une tension surtout dans la première partie. Et cela malgré un scénario écrit à la serpe et surtout l’interprétation décalée, relativement absurde dans sa manière de dire les répliques, de Vera Rhuba Ralston.

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Pour les amateurs de sérial, Roland Lacourbe présente la réédition de THE MIRACLE RIDER, le dernier film où joue Tom Mix. Le premier épisode très pro indien convoque Daniel Boone, Buffalo Bill, Davy Crocket qui, tous, tentent de protéger les Indiens. En vain. C’est un western moderne avec des touches de SF. Tom Mix ne manque pas de charme et d’une certaine vérité ce qui paraît surprenant vu les péripéties qu’on lui fait affronter.

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Il ne faut pas manquer non plus en zone 1, TUMBLEWEEDS, le dernier vrai western de William S. Hart qui co-réalisa certaines séquences dont l’époustouflante « ruée vers l’Ouest », cette course au lopin de terre qui surclasse les séquences similaires des deux CIMARRON. C’est le grand moment de ce film qui contient des séquences très soignées, avec un souci de vérité cher à William S. Hart. Mais aussi deux ou trois séquences sentimentales ou explicatives très plates avec une fort mauvaise actrice. Pour une réédition en 1939, Hart fit ajouter un prologue très touchant où il parle de son amour pour l’Ouest et les cow-boys. Même l’emphase déclamatoire du ton est émouvante. Ce moment suffit à justifier la vision d’un film dont 40 minutes au moins sont remarquables.

THE MAN I LOVE de Raoul Walsh est un vrai chef d’œuvre  dont l’intensité grandit. C’est aussi un film où tous les personnages d’hommes sont faibles, mesquins, velléitaires. Certains sont malades ou blessés. Démunis en tout cas face aux femmes beaucoup plus actives (dans le bien comme le mal). Qu’il s’agisse d’un musicien (étrange choix de le faire jouer par Bruce Bennett, assez payant), d’un truand misérable (Alan Alda). Voir la manière dont Ida Lupino désarme le mari qui veut abattre un gangster et le gifle plusieurs fois, Ida Lupino, magnifique, déchirante qui chante « The Man I love » d’une façon inimitable.

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Le charme de THE MASK OF DIMITRIOS opère toujours à chaque nouvelle vision. Bien que le scénario de Frank Gruber ne tire pas le maximum du roman d’Eric Ambler. Il préserve néanmoins certains dialogues délectables : toutes les scènes savoureusement cyniques avec un excellent Victor Francen qui joue ironiquement avec tous les clichés que trimballe son personnage. Et surtout les séquences qui opposent un Peter Lorre, remarquable en écrivain enquêteur qui préfigure le Joseph Cotten de THE THIRD MAN, à Sidney Greenstreet, l’inquiétant monsieur Petersen, lequel énumère constamment des maximes qui exaspèrent Lorre. L’une d’entre elles, qu’il cite plusieurs fois, ponctue sa sortie du film : « I told you sir, there is not enough kindness in the world. » (on la retrouve, via Wayne Shorter, grand cinéphile dans AUTOUR DE MINUIT). La mise en scène de Jean Negulesco brillante, inventive visuellement, avec de multiples plongées ou contre-plongées entraîne le récit à l’écart du film noir typiquement américain, lui donne une saveur plus européenne, un côté Mitteleuropa qui préfigure Carol Reed et le Welles d’Arkadin. L’écrivain enquêteur, restitué avec une grande finesse par un Peter Lorre très attachant, est l’antithèse des héros habituels et ses séquences avec le formidable Sidney Greenstreet ont une saveur tout à fait unique, à part dans la filmographie de ce duo stupéfiant. On sent que Dimitrios est en fait un personnage malléable, sans existence réelle, qui semble chaque fois recréé par ceux qui l’emploient et qu’il imite, idée passionnante. Séquence très marrante de filature dans le métro parisien (Ballard est écrit avec deux l) où le portillon automatique est remplacée par une grille.

THE THREAT de Felix Feist est un film noir tendu, hyper violent qui donne un de ses meilleurs rôles à Charles McGraw en gangster assoiffé de vengeance qui kidnappe le flic et le magistrat qui l’ont envoyé en taule. A ne pas manquer.

thedevilthumbsRappeler que Feist avait réalisé, vu aussi à la Cinémathèque, THE DEVIL THUMBS A RIDE que l’on ne trouve qu’en VHS, hélas, qui  nous offre comme dans les deux autres meilleurs Feist (THE THREAT et TOMORROW IS ANOTHER DAY) un personnage de méchant mémorable joué par Lawrence Tierney. La tension du film vient moins de ce qu’il fait (un meurtre au début) que de ce qu’on pense qu’il peut faire. On se dit tout le long que l’explosion va être imminente et terrible. La violence, on la sent quand il saoule le veilleur de nuit et là encore, on sait que cela pourrait être pire. La description des policiers n’est pas trop mal venue, exempte de tout prêchi-prêcha et le personnage du jeune pompiste qui se révèle un formidable joueur de poker est plutôt réjouissant. Le dernier quart est moins tenu et la distribution donne de vrais signes de faiblesse. A noter que le criminel n’est pas abattu par le flic qui le pourchasse. Feist signe le scénario et la photo est de Roy Hunt.
Ce film a fait l’objet d’une étude de la part du romancier Barry Gifford, THE DEVIL THUMBS A RIDE AND OTHER UNFORGETTABLE FILMS. Dans ce livre, il qualifie BLUE VELVET de « pornographie académique », ce qui est marrant vu que Lynch adaptera un de ses livres qui deviendra le magistral SAILOR ET LULA. Tous deux collaboreront sur THE LOST HIGHWAY.

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4 TUEURS ET UNE FILLE est un agréable western dont j’avais surtout apprécié la première partie et le charme gracile de Colleen Miller. Mais il y a quelques touches bienvenues quand les personnages entrent dans la petite ville (décor Universal ultra classique), un ou deux mouvements de grue assez habiles.

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LE FIER REBELLE fut aussi une jolie découverte bien que le DVD sorti par Artus ne rende pas justice à la photo de Ted McCord qu’on devine beaucoup plus belle. On retrouve l’art du découpage qu’avait Curtiz, la façon de jouer avec l’espace, de privilégier des plans larges avec des amorces décadrées, l’utilisation des courtes focales et de la caméra basse. Olivia de Havilland donne une grande vérité, une dignité à un personnage qui aurait pu rester conventionnel et on sent une véritable alchimie entre Alan et David Ladd ce qui décuple la force de cette histoire sentimentale et touchante. Harry Dean Stanton (crédité Dean Stanton) est excellent tout comme Dean Jagger en méchant.

lesangdelaterreLE SANG DE LA TERRE de Marshall est catalogué comme un « AUTANT EN EMPORTE LE VENT du pauvre » avec une distribution moins éclatante. Il vaut mieux que cela : bien photographié par Lionel Lindon et Winton Hoch, il frappe par ses notations idéologiques plus subtiles. Contrairement à son modèle et à la majorité des films, il n’est pas pro-sudiste. Certains confédérés sont même odieux et se comportent mal (le fiancée de Susan Hayward). Le personnage de Van Heflin, moins flamboyant que Gable, est plus nuancé et il n’incarne pas les valeurs du Sud (il dénonce les propriétaires d’esclaves parmi lesquels son père). Susan Hayward s’ingénie à calquer Vivien Leigh ce qui n’est pas toujours heureux. Mais il y a des péripéties curieuses : ce désir qu’incarne Ward Bond (remarquable) de créer une zone neutre qui ne se soumette ni à l’Union ni aux Confédérés, ce qui les amène à se battre contre ces derniers. Mise en scène classique, parfois routinière, parfois plus exigeante (plans plus longs que d’habitude) de Marshall, certaines des qualités devant être portées au crédit du producteur Walter Wanger.

Je n’ai jamais compris pourquoi THE BLOB (DANGER PLANÉTAIRE) était un film culte au point que Criterion l’avait sorti. Oui, il y a Steve McQueen, qui cabotine et dans certains plans ne sait pas quoi faire mais qui s’en sort grâce au charme, pas totalement étouffé par une photo hideuse et un maquillage trop épais. Le film est bariolé en couleurs flashy (ce qui a du plaire), tourné avec un amateurisme consternant, aussi mal écrit que joué. Je préfère de loin les deux autres réalisations d’Irvin Yeaworth, LES MONSTRES DE L’ÎLE EN FEU et THE 4D MAN   dont j’avais dit du bien. Il avait tourné des films religieux avec message social avant de se lancer dans la SF pour revenir ensuite à ses premières amours. Il tourna THE BLOB pratiquement dans sa cour en Pennsylvanie et n’était pas du tout fier du résultat. Il avait raison.

theblob

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Mai
21

Je crois n’avoir jamais parlé des coffrets de la World Cinema Foundation sortis par Carlotta après que certains films aient été montrés à Cannes et dans certaines salles. Des films très rares que l’on croyait disparus pour certains et qui ont été restaurés grâce à des financements collectés à travers sa fondation par Martin Scorsese.

coffretworldcinemafondation

Les 4 films sont :

LE VOYAGE DE LA HYÈNE de Djibril Diop Mambety, dont DVDClassik  écrit : « Cette édition du VOYAGE DE LA HYÈNE est le fruit d’une restauration menée en mai 2008 par le laboratoire L’Imaggine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. Le travail a été effectué après une numérisation en 2K des négatifs originaux image et son 35 mm. Le résultat est en tous points exceptionnel et l’on a le sentiment de découvrir un film tourné la veille, la copie ne présentant aucun défaut et les couleurs se révélant éclatantes. Le transfert numérique est également parfait, que ce soit en termes de définition ou de compression. Pour un film aussi rare, qui plus est issu d’une cinématographie particulièrement mal diffusée, cette édition est un véritable miracle. »

voyage-de-la-hyene  transes

TRANSES est un film marocain que découvrit Scorsese et qu’il sauve de la perdition et de l’oubli.

LA FLÛTE DE ROSEAU, pour moi, a été une découverte. C’est un film cristallin, d’une grande poésie. Comme on l’écrit dans DVDClassik : « Ce document consiste en une interview du réalisateur Ermek Shinarbaev réalisée par les équipes de Carlotta et Allerton Films. Cet entretien est le bienvenu pour les cinéphiles qui n’avaient jamais entendu parler de ce cinéaste et de son œuvre. A vrai dire, on est content d’apprendre qu’il existe une activité cinématographique kazakhe compte tenu de la situation générale de ce pays. Le cinéaste commence par présenter son parcours dans le contexte si particulier de l’avant et de l’après Perestroïka, depuis ses études jusqu’à ses premiers films, et donne surtout quelques clés pour comprendre où il a voulu en venir, avec son scénariste-écrivain Anatoli Kim, en réalisant cet énigmatique Flûte de roseau. De l’antagonisme poésie/pouvoir jusqu’à la liberté de l’artiste et au bouddhisme, quelques thèmes sont égrenés par Shinarbaev sans trop s’appesantir pour ne pas nuire au mystère du film. Enfin, cette interview a surtout le mérite de révéler l’existence de la diaspora coréenne au Kazakhstan, issue des déportations opérées dès 1940 par Staline à partir de la Russie extrême-orientale. On relèvera également une savoureuse anecdote sur la sélection rocambolesque du film pour le Festival de Cannes 1989. »

flute-de-roseau  revoltesalvarado

REDES (THE WAVE ou LES RÉVOLTÉS D’ALVARADO) de Fred Zinnemann et Emilio Gomez Muriel que j’ai enfin pu revoir  dans une  copie beaucoup plus belle que tout ce qu’on avait pu voir dans les années 60, restaurée et sauvée grâce à Martin Scorsese. C’est une tentative originale et courageuse, un film social et militant sur une révolte menée par des pêcheurs exploités par des patrons sans scrupule qui les paient des clopinettes. Le  film co-réalisé par Zinneman (après sa participation à LES HOMMES LE DIMANCHE) et Emilio Gomez Muriel se situe dans la lignée de la RÉVOLTE DES PÊCHEURS de Piscator et anticipe sur SALT OF THE EARTH : décors naturels (le film fut tourné à Alvarado), acteurs non professionnels (il n’y a qu’un seul comédien) recruté parmi les pêcheurs. Le projet fut initié et produit par le grand photographe du réel Paul Strand qui en devint le chef opérateur avant de travailler avec Leo Hurwitz et les fondateurs de Frontier Films. Durant le tournage, Zinnemann s’opposa violemment à Strand qui approchait la mise en scène comme une suite de plans très cadrés, et non comme un art du mouvement et termina seul le film. Le film paraît en effet parfois statique avec un rapport maladroit entre des plans souvent beaux mais aux recherches très archétypales : visages se détachant sur le ciel, contre plongées, cadrages formalistes, importance des nuages, des reflets dans l’eau. Mais son enracinement dans la réalité, sa force de conviction, l’élan de plusieurs séquences   possèdent un pouvoir de conviction, une force indéniable et éclairent l’engagement démocratique de Zinnemann sensible dans TERESA, THE SEARCH, THE MEN (œuvre sous estimée) et surtout ACT OF VIOLENCE, un splendide film noir.

theworld  stilllife  useless

La sortie du magnifique A TOUCH OF SIN, constat décapant, impitoyable sur la violence qui gangrène la vie quotidienne chinoise est un bon moyen de rappeler les autres films magnifiques de Jia Zhangke : PLATFORM, THE WORLD, STILL LIFE. Je n’ai jamais vu USELESS.

J’ai éprouvé un vrai choc émotionnel devant TEL PÈRE, TEL FILS de  Hirokazu Kore-eda et suis allé tout de suite revoir NOBODY KNOWS, I WISH, STILL WALKING, une série de titres fondés sur le doute, le questionnement et l’espoir.

telperetelfils  stillwalking  iwish

QUELQUES OBSCURS FILMS FRANÇAIS

jetattendraiLors de la projection de JE T’ATTENDRAI (ex LE DÉSERTEUR) au festival Lumière, présenté par Quentin Tarentino, ce dernier fit applaudir le nom de Léonide Moguy dont il aimait les œuvres américaines : PARIS AFTER DARK (Loving the classics),  assez bonne histoire de résistance écrite par Vladimir Pozner  et Harold Buchman qui sonne beaucoup plus juste, plus engagée que le THIS LAND IS MINE de Renoir, mieux joué  avec des personnages d’ouvriers résistants et George Sanders dans un rôle sympathique. Tarantino louait aussi ACTION IN ARABIA, toujours avec Sanders, co-écrit par Herbert Biberman l’auteur du SEL DE LA TERRE (Moguy fréquentait beaucoup de personnalités d’extrême gauche). Je le trouve très indulgent pour le pénible TRAGIQUE RENDEZ-VOUS dont le seul titre de gloire est d’avoir permis à Moguy de dénicher Ava Gardner, dont c’est le premier film (Bach Films).

JE T’ATTENDRAI qui possède de véritables qualités de mise en scène (un train en 16 sous les bombes, un village français ravagé par la guerre avec une sorte de cantine ou se réfugie une foule hétéroclite) en plus du fait d’être peut-être le premier film à faire coïncider le temps de l’action et de la projection, sera bientôt distribué par Gaumont. Corinne Luchaire qui tourna trois fois avec Moguy y révèle une présence, une beauté originale, une façon d’aborder de biais les scènes sans technique qui paraît assez moderne aujourd’hui.

conflitOn la retrouve dans CONFLIT (René Château) produit par Arnold Pressburger, où son jeu se fait beaucoup moins pesant, daté que celui d’Annie Ducaux qui plombe plusieurs séquences. L’ouverture est filmée de manière elliptique, rapide, inventive. Les scènes d’interrogatoire qui suivent sont transcendées par la présence de Jacques Copeau, incroyable de justesse, de modernité en juge d’instruction. Il anéantit tous les clichés, donne une vérité surprenante à la moindre réplique. On retrouve dans ce mélodrame à la Goulding, Roger Duchesne, le futur Bob Le Flambeur, Claude Dauphin, excellent dans un personnage ignoble, répugnant ce qui n’est pas sa couleur habituelle. Et tout à coup, une séquence vous frappe par sa force surprenante : Corinne Luchaire veut se faire avorter. Sa sœur l’accompagne et les deux femmes pénètrent dans une cour et commencent à gravir un immense escalier extérieur. La caméra les accompagne alors dans un magnifique mouvement de grue, travelling chargé d’émotion, surplombant peu à peu les deux personnages avec une très belle musique de Wal Berg (et Jacques Ibert non crédité au générique). Ce moment suffit à prouver que Moguy faisait vraiment du cinéma et qu’il faudrait se pencher sur ses films dont je ne connaissais que l’intéressant PRISON SANS BARREAUX, toujours avec Luchaire.

prisonsansbarreaux     dondadele

Passons très vite sur LE DON D’ADÈLE (René Château), adaptation consternante de la première comédie écrite par Barillet et Gredy. Emile Couzinet rajouta un prologue campagnard d’une réelle lourdeur visuelle.

metropolitainMETROPOLITAIN de Maurice Cam (qui a vu des Maurice Cam ?) est défendu par Paul Vecchiali. Il est vrai que le film est assez particulier. Il change constamment de ton de manière chaotique, passe de l’intrigue policière à des notations sociales, de la comédie au mélodrame très prévisible et le scénario prend l’eau très souvent. Même disparité chez les comédiens où la décontraction de Préjean se heurte au jeu solennel d’André Brulé et la vérité gouailleuse de Ginette Leclerc. Le postulat présente une vraie ressemblance avec CÉCILE EST MORTE de Tourneur, mais on reste sur sa faim pour tout ce qui concerne le métro.

APRÈS L’AMOUR est aussi un mélodrame qui inspire moins Maurice Tourneur que PÉCHÉ DE JEUNESSE malgré un double flashback, avec deux versions différentes et un retournement final qui aurait pu être mieux exploité. Les 20 premières minutes retiennent l’attention mais peu à peu le film se délite, le jeu de Pierre Blanchard et le dialogue de Jean Bernard Luc n’arrangeant rien. On a l’impression que Tourneur traite cela de loin, sans vraiment s’impliquer.

Ma grande découverte, c’est le PAQUEBOT TENACITY qui n’existe pas malheureusement en DVD. Duvivier disait à Chalais que c’était son film favori. Très belle musique de Jean Wiener.

paquebottenacity

7emejureOn avance dans le temps avec LE 7ème JURÉ de Georges Lautner qui est un de ses meilleurs, un de ceux où il recherche des effets de mise en scène parfois voyants mais marrants, vifs, qui dénotent un désir de surprendre, de chercher : on voit un personnage à travers un verre d’alcool au milieu de l’image, la caméra part d’un bouchon oscillant au film de l’eau, dans une orgie de reflets pour terminer en plan large. Les extérieurs matinaux, brumeux (on est à Pontarlier) constituent une exception dans l’œuvre de Lautner et l’inspirent plus que la Côte d’Azur. Le propos du film est asséné avec franchise et conviction à travers des dialogues pugnaces, anarchistes de Pierre Laroche, qui collabora à tous les premiers Lautner. Il impose un ton franc qui annonce la couleur, n’hésite pas à utiliser une voix off littéraire, assez belle. Bien sûr, les personnages sont posés et leur description ne va pas brouiller les cartes. Ici et là, peut-être que le film aurait gagné à introduire des zones d’ombre, à nuancer les couleurs (dans le personnage de Delorme), à faire sourire Bernard Blier par ailleurs remarquable, d’une grande vérité organique tout comme Maurice Biraud et un Francis Blanche assez sobre. Mais le film vous emporte et son manque de tiédeur joue aujourd’hui en sa faveur. C’est du cinéma sanguin, roboratif qui attaque frontalement, sans prendre de gants. On peut se demander si le médecin que joue Biraud n’est pas une projection de Laroche.

Autre policier qui sort enfin en Blu-ray, UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE sans doute le film le plus accompli de mon ami Jacques Deray avec LA PISCINE, SYMPHONIE POUR UN MASSACRE et des moments d’AVEC LA PEAU DES AUTRES.

unpapillonsurlepaule

Nous avons justement donné, à l’Institut Lumière, le prix Jacques Deray à ZULU, polar sous estimé, fort bien mis en scène par Jérôme Salle (j’avais trouvé son ANTHONY ZIMMER très prometteur ; on avait affaire à un vrai metteur en scène même si la fin partait en quenouille). A des années lumières de son remake américain. ZULU est d’abord admirablement joué par Forrest Whitaker et Orlando Bloom que je n’ai jamais vu aussi bon. La manière dont le scénario, adapté d’une série noire de Caryl Ferey, nous fait découvrir peu à peu le climat de violence, de corruption qui recycle ce qui reste de l’idéologie de l’Apartheid et pourrit les rapports sociaux en Afrique du Sud. Les crimes du présent ont leurs racines dans le passé comme chez James Lee Burke.

zulu      renoir

On change d’humeur, d’atmosphère avec RENOIR, belle évocation de la fin de vie d’Auguste Renoir, de ses rapports avec Jean, Pierre, avec une jeune modèle qui deviendra Catherine Hessling à qui Christa Theret donne une grâce, une luminosité incroyable. Elle est un régal pour les yeux et aussi d’une justesse qu’on avait déjà décelée dans LA BRINDILLE. Vincent Rottiers révèle des couleurs surprenantes, une musique qu’on ne lui connaissait pas et Michel Bouquet est bien sur impérial. Le film, magnifique à regarder, est une réussite qui méritait une nomination aux Oscars. Mais sa discrétion, sa retenue l’a sans doute desservi.

FILMS AMÉRICAINS : DE LA SÉRIE B À SPIELBERG

ladygangsterRobert Florey détestait tellement LADY GANGSTER (Bach Films) qu’il demanda à la Warner de signer d’un pseudonyme, Florian Roberts. Il est vrai que le scénario accumule les rebondissements improbables et que les personnages paraissent souvent antipathiques, incohérents voire stupides. Mais ici et là, un détail, un plan adroit, une idée de mise en scène retiennent l’attention. La description de l’univers carcéral évite nombre de clichés mélodramatiques (Florey choisit même quelques figurantes aux trognes inoubliables) et la détenue sourde qui lit sur les lèvres, espionnant les conversations pour le compte de sa « maitresse » est à porter au crédit du film tout comme le charme de Faye Emerson.

Le coffret de RED RIVER/LA RIVIÈRE ROUGE (Wild Side) est une merveille de même que celui de GUN CRAZY (toujours Wild Side), le chef d’œuvre de Joseph H. Lewis qui contient le texte définitif sur ce film dû à Eddie Muller. Voilà deux titres qu’il faut posséder.

riviererouge

PIRANHAS : la version de Joe Dante qui vient de sortir en Blu-ray, possède la désinvolture, le charme, l’allant de certaines des productions Corman surtout quand elles sont tournées par Jonathan Demme ou Joe Dante. Comme dans tout film d’horreur qui se respecte, les rebondissements sont toujours le fait de personnages qui refusent d’écouter ce qu’on leur dit, de lire des pancartes ou d’assimiler des conseils. En fait, ils provoquent des catastrophes par bêtise crasse et on devrait les haïr plus que les savants fous. Heureusement Joe Dante avec la complicité de John Sayles donne à tout cela une bonne humeur, une énergie ludique, distribue des icones du genre (Barbara Steele ultra inquiétante, Kevin McCarthy qui essaie de sauver la situation et le formidable Dick Miller). Aussi bien dans les costumes que dans le jeu des interprètes féminines, il saisit l’atmosphère des années 70, s’amuse à saccager, à piétiner les garde-fous de l’Amérique : l’Armée, les savants, les puissances d’argent. Les poissons carnivores vont mettre à mal les spéculations financières, immobilières d’un requin sans scrupule. Tout un ordre moral.

piranha

angelsinamericaAprès WIT de Mike Nichols que Jean Pierre Coursodon considère comme un chef d’œuvre, j’ai revu ANGELS IN AMERICA  qui continue de mettre à mal la vision simpliste et négative d’œuvre télévisuelle. Voilà en effet une minisérie qui témoigne d’une ambition peu commune, d’une volonté de traiter des sujets évités par la plupart des films. Au départ, il y a une pièce de Tony Kushner sous-titrée Fantaisie Gay sur des thèmes nationaux, en deux partie dont le total fait 7 heures qui remporta le Prix Pulitzer et fut un incroyable choc théâtral dans le monde entier. Située en 1985, cette chronique des années Reagan passe de la comédie à des élans lyriques ou épiques, d’échanges politiques violents extrêmement documentés à des digressions fantastiques, retrace les liens complexes qui unissent 6 New-yorkais liés par leur rapport au parti Républicain, l’’homosexualité, la menace de la mort, leur questionnement du divin et leur expérience de la marginalité, dont les destins vont s’entrecroiser. L’auteur met sur le même plan les ravages meurtriers  provoqués par l’irruption du sida et ceux qui sont causée par la politique des Républicains qui détruit systématiquement les acquis du New Deal, pervertit les lois, gangrène le système, annihilant toutes les défenses immunitaires démocratiques. Ce qui nous vaut plusieurs scènes très fortes, remarquablement écrites et d’une rare franchise, celles où l’avocat Roy Cohn (Al Pacino absolument génial), ami de Joseph McCarthy, qui se voit comme l’incarnation du conservatisme, affronte dans des rapports violents et complexes sur son lit de mort Belize, son infirmier noir et gay (Jeffrey Wright, seul rescapé de la pièce est sensationnel).
Ce qu’il y a de moins bon dans le film, ce sont les anges du titre plus redondants que dans la pièce et certaines échappées fantasmagoriques nous laissent froid. Je ferai une exception pour tous les moments sarcastiques, bien écrits où le fantôme d’Ethel Rosenberg revient persécuter Roy Cohn. Se rappeler que Tony Kushner devint le scénariste de MUNICH et de LINCOLN.

munich  unjourenseptembre

MUNICH écrit par Eric Roth et surtout Tony Kushner, traite moins de l’assassinat en septembre 72, durant les Jeux Olympiques, des 11 otages israéliens par un groupe  palestinien terroriste, Septembre  Noir, que de ses conséquences et des représailles décidées par le gouvernement de Golda Meir. Un passionnant documentaire malgré un commentaire emphatique et une musique envahissante  de Kevin Macdonald, le petit fils d’Emeric Pressburger, UN JOUR EN SEPTEMBRE décrit minutieusement  ce que Spielberg expédie en un brillant montage de quelques minutes, notamment les erreurs colossales de la police et de l’armée allemande.
Comme dans ses meilleurs films, il conjugue de réels dons de conteur, une maitrise formelle, un goût du spectacle avec une volonté d’exigence dans le propos, un désir d’affronter les horreurs du monde plus du tout sur un mode binaire,  en prenant en compte les contradictions, les ambiguïtés, les ambivalences qui peuvent miner le sujet. Très vite le commando qu’on a chargé de venger les athlètes assassinés et d’éradiquer les terroristes afin de contrecarrer la visibilité internationale qu’ils ont obtenu, découvre qu’il avance en terrain piégé, sur des renseignements qui ne sont pas toujours fiables. A Paris, leur contact est un étrange et trouble dandy, Louis, joué finement par Mathieu Amalric,   qui fournit cibles et explosifs, se fait grassement payer tout en refusant de travailler pour un quelconque gouvernement, suivant en cela les exigences de Papa, son père et le chef de cette organisation, lequel  déclare « qu’il a réussi à éliminer la merde de Vichy pour la voir remplacée par la merde gaulliste ». Et que depuis il se méfie de tout.. Michael Lonsdale donne une épaisseur extraordinaire, une drôlerie inquiétante, une chaleur à cet agent double ou triple mais aussi épicurien. Dommage que la fin du film soit plombée par des flashbacks maladroits (on se demande si cette idée ne survint pas au montage car rien ne les justifie organiquement) surtout durant une scène d’amour.

TWISTED NERVE avait été recommandé par un internaute participant à mon blog. J’ai suivi son conseil et ai découvert un thriller angoissant, tendu, jouant très habilement sur l’aspect physique des deux jeunes acteurs, Hywel Bennett, super inquiétant et Hayley Mills dont le charme virginal suscite des convoitises (la caméra l’espionne en train de se déshabiller, de courir en maillot de bains). Le scénario est co-écrit par Boulting et Leo Marks (LE VOYEUR) et dans la distribution on retrouve Frank Finlay, Billie Whitelaw (Hitchcock la reprit ainsi que Barry Foster pour FRENZY). La musique de Bernard Hermann, remarquable, fut aussi reprise par Tarantino dans KILL BILL.

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Avr
17

foxesofharrowTHE FOXES OF HARROW (DVD espagnol) de John Stahl est un film surprenant, avec des séquences étonnantes, jamais vues (Rex Harrison qu’on abandonne sur un banc de sable parce qu’il a triché sur un bateau à roue), des décors incroyables (cette salle de jeu immense qui sert de restaurant, de Bourse, de marché aux esclaves, de salle de jeux). Il y a des séquences de rites vaudous, on y parle beaucoup français. Maureen O’Hara chante (en créole ?) et la mise en scène de Stahl est somptueuse avec une splendide photo et de très beaux mouvements d’appareil (je ne sais pas à qui on doit les deux inserts ridicules au milieu d’une chevauchée nocturne super bien filmée). Il contient des notations fortes et rares sur l’esclavage (le suicide de la jeune femme noire), d’autres traités très quotidiennement, sans distance critique, comme si c’était la réalité normale de l’époque. Belle scène de duel dans le restaurant susnommé entre Rex Harrison, excellent et Hugo Haas. La Fox cacha que le romancier  Frank Yerby était noir. Il écrivit plusieurs best-sellers et, critiqué sur le tard pour son manque d’engagement idéologique, se réfugia en Europe.

Sidonis vient de sortir deux œuvres très importantes : d’abord, le dernier film réalisé par André De Toth, PLAY DIRTY / ENFANTS DE SALAUDS (1968) qui est un chef d’œuvre. Cette variation sur LES 12 SALOPARDS (1967) – la guerre ne peut être gagnée que par des criminels – est supérieure au traitement d’Aldrich. De Toth garde une distance, un recul ironique, qui lui permet d’éviter de se faire piéger par la surenchère des effets et de la pyrotechnie. Le ton reste toujours lucide, caustique, tranchant, aidé par un dialogue concis et fulgurant et des acteurs comme Michael Caine, absolument remarquable, ou Nigel Davenport… La fin stupéfie par son audace anarchiste (la dernière réplique est fullerienne). Je me retiens à grand peine de la raconter, mais elle reste toujours aussi forte après de nombreuses visions.

enfantsdesalauds  flammepourpre

LA FLAMME POURPRE est une des grandes réussites de Robert Parrish d’après un scénario excellent du romancier Eric Ambler. Film de guerre, belle histoire d’amour inter-raciale, (pour la première fois dans un film américain parlant, l’héroïne est jouée par une autochtone et la fin heureuse brise deux tabous avec une grande élégance). LA FLAMME POURPRE est l’un des meilleurs rôles de Gregory Peck. Parrish nous raconte comment un pilote suicidaire va reprendre goût à la vie grâce à cet amour. Toutes les séquences avec Brenda de Benzie, très émouvante en directrice d’orphelinat et Bernard Miles en docteur sont remarquables.

Pathé vient de ressortir dans des copies sublimes (le Blu-ray vaut vraiment le coup) ce qui pour moi est le chef d’œuvre de Coppola, CONVERSATION SECRÈTE et aussi COUP DE CŒUR et OUTSIDERS que j’avais moins aimé mais que je vais revoir.
Et Carlotta nous permet de voir VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER, le chef d’œuvre de Cimino dans des conditions exceptionnelles.

conversation secrète  theoutsiders  coupdecoeur

Idem pour GUN CRAZY, coffret Wild Side avec un livret qui bouscule tout ce que l’on croyait savoir sur le film. Eddie Muller a trouvé de nombreuses réponses expliquant le ton si particulier (dès les trois premiers plans, magistraux) de ce chef d’œuvre, si amoral. L’équipe Philippe Garnier/Eddie Muller est inégalable pour le cinéma noir.

guncrazy

THE OUTFIT  (Wild Side) est une fort bonne adaptation par John Flynn qui signe scénario et mise en scène, de Richard Stark alias Donald Westlake. Le choix de Robert Duvall, audacieux, surprenant, se révèle payant et Karen Black joue une jeune femme entrainée malgré elle dans cette histoire de vengeance, souvent rageuse et au bord de la crise de nerfs. La fin heureuse fut imposée par la MGM. Je préfère nettement ce film à ROLLING THUNDER toujours de John Flynn qu’on trouve dans le même DVD.

theoutfit

doubledetenteRED HEAT/DOUBLE DÉTENTE de Walter Hill constitue une nouvelle et agréable variation, nerveusement mise en scène, sur  le principe dramatique de 48 HOURS, très supérieure à la calamiteuse suite, ANOTHER 48 HOURS. Ici en place d’un flic Noir et d’un Blanc, nous avons un policier Russe et un Américain, qui recherchent tous deux, à Chicago, un dangereux criminel qui veut inonder la Russie de cocaïne (« les Russes ont supporté Staline, ils peuvent accepter un peu de drogue »). Dans des rôles taillés sur mesure, James Belushi et Arnold Schwarzenegger, tous deux impeccables, s’envoient des vannes souvent très marrantes sur les droits de l’Homme (le Russe, laconique, se montrant plus expéditif), la justice, la loi, les mœurs policières, comparant les deux systèmes respectifs. : l’un où l’on assomme le suspect et l’autre où on lui glisse un sachet de drogue dans les poches pour l’inculper. Schwarzenegger pulvérise son rival aux échecs et découvre le Magnum .44, « moins bien que son équivalent russe ». Ninotchka transposé dans un film noir. Hill ouvre son film sur deux formidables peignées, l’une où l’on passe d’un sauna mixte à un champ de neige et l’autre, dans un café où le capitaine Danska arrache une jambe artificielle qui se révèle être une cache de drogue. Tous les personnages, au début parlent en russe et RED HEAT fut la première production américaine à pouvoir tourner sur la Place Rouge.  Le scénario auquel collabora le vétéran Harry Kleiner (FALLEN ANGEL de Preminger, LA DERNIÈRE RAFALE de Keighley) qui était né à Tiflis, devient répétitif dans le dernier tiers et abuse de quelques clichés (le méchant indestructible) même si en utilisant des autobus, Hill renouvelle vaguement la poursuite en voiture finale, morceau de bravoure archétypal. Gina Gershon est très belle.

JADE est une de ces histoires érotico-policières (ou l’inverse) aux multiples rebondissements qui fut une des spécialités du scénariste Joe Eszterhas (lequel désavoua le film tant on avait changé son script) après BASIC INSTINCT. Là, la mayonnaise ne prend pas après une brillante introduction, un meurtre traité en off : coups de théâtre prévisibles et surlignés, poursuite en voiture superfétatoire, invraisemblable et interminable, personnages et narration en toc, avec deux rebondissements à la fin, frôlant le ridicule et renvoyant à la pire littérature policière.  Friedkin, plus à l’aise avec les histoires d’hommes, n’est guère inspiré ici par les scènes sexuelles qu’il ne sauve pas de la banalité.

jade  bug

En revanche, BUG se révèle une vraie surprise. Comme si les contraintes en apparence très restrictives – budget limité (4,5 millions de $),  un décor quasi unique, 5 personnages – dynamisaient le talent de Friedkin, l’obligeaient à s’économiser, à ce concentrer sur l’essentiel, freinant ses embardées pyrotechniques, ses tendances à diluer le propos. En partant d’une pièce de théâtre de Tracy Letts (un auteur/acteur du prestigieux théâtre Steppenwolf de Chicago, pépinière de talents), qu’il adapte avec l’auteur, il impose dès le premier et extraordinaire plan, un travelling subjectif en hélicoptère dans une nuit hyper bleutée vers un parking semi désert à coté d’un motel perdu au bout du monde, un vrai climat d’angoisse et de menace.  Avant ce mouvement, nous avons eu une vision très fugitive et toute aussi bleutée d’un corps (gisant/cadavre) pendant que retentit une sonnerie de téléphone mixée très fort. Une voix de femme qu’on réveille, décroche et répond. Personne à l’autre bout de la ligne. Cette sonnerie qui commence sur du noir, ces questions sans réponse, et ce téléphone qui sonne encore, se continuent durant une partie du travelling en hélicoptère, se mêlant au bruit des pales.

rushRUSH de Ron Howard est une belle surprise dans le genre super ingrat qui, pour moi, engendre le plus souvent une indifférence somnolente, des films sur les courses automobiles. Elles sont ici filmées avec une réelle originalité, Howard et son chef opérateur multipliant les angles inhabituels (caméra à ras du sol montrant les roue qui dérapent dans l’herbe ou les bordures, entrées de gens fracassantes), ne captant que certains aspects de la course, des moments déconnectés de l’ensemble. Et surtout il n’hésite pas à couper une compétition et à donner le résultat après quelques secondes après avoir consacré de longues minutes à la préparation, à l’attente. Mais surtout l’excellent scénario de Peter Morgan (FROST ET NIXON, THE QUEEN) se concentre sur la rivalité qui va opposer James Hunt et Niki Lauda, deux coureurs que tout oppose. Autant le premier est casse cou, fêtard, impulsif , séducteur, avide de remporter un triomphe, autant le second est méthodique, ordonné, discipliné. « Je ne veux prendre que 20% de risques », répète-t-il. Et il veut obliger les organisateurs à annuler une course que la pluie rend hyper dangereuse. Cette rivalité qui s’exerce autant sur la piste que devant les médias et dans des affrontements personnels, prend des proportions énormes et finit par faire passer tout le reste à l’arrière plan. Howard ne cherche pas à prendre parti, les deux coureurs étant simultanément sympathiques et détestables, monomaniaques et vulnérables. Un autre succès pour Ron Howard qui fait preuve d’une délicatesse, d’une absence de manichéisme qui sont les vraies qualités du cinéma moderne.

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