Août
06

Cinéma asiatique

TOKYO BORDELLOJe découvre Hideo Gosha dont je connaissais mal les films : TOKYO BORDELLO est très stylisé. Couleurs et décors magnifiques. Film très esthète jusque dans les maquillages, les coiffures, un esthétisme qui n’édulcore jamais la cruauté du sujet.
FEMMES DE YAKUZAFEMMES DE YAKUZA est tout aussi somptueux visuellement. Gosha évoque les rapports de classes, les luttes meurtrières qui opposent différents clans de yakuzas d’Osaka à travers leurs femmes qui dirigent les clans pendant que leurs maris sont en prison. En essayant de maintenir le clan Domoto, l’héroïne, Tamaki, va devoir s’opposer à sa sœur qui est tombée amoureuse d’un tueur qui a rejoint un groupe de félons. Photo magnifique. On voit l’influence d’un film comme celui-là sur Tarentino.

L’OMBRE DU LOUP, histoire d’une femme qui s’éprend peu à peu de son protecteur sur fond de rivalités de yakuzas, possède les mêmes qualités. Et si l’on veut être plus restrictif, suit les mêmes recettes. Il me reste à voir LE ROYAUME DES GEISHAS. Je salive d’avance.

Coffret Johnnie ToSPARROW

Le Coffret Johnnie To comblera les amateurs de ce cinéaste prolifique et éclectique dont est sorti l’assez décevant VENGEANCE avec Johnny Hallyday. Le début est brillant, très élégamment filmé mais le scénario tourne court. Je préfère de beaucoup le très inventif et drôle SPARROW (MOINEAU) sur des pickpockets pieds nickelés manipulés par une belle fille.

HARAKIRI avait été un vrai choc quand je l’avais vu au Festival de Cannes en 1963 où il remporta le prix spécial du jury. Les séquences finales (le Hara-Kiri du titre décrit avec une minutie totale, exempte de voyeurisme) avait passablement secoué un public prompt à applaudir les couchers de soleil. Toutes ces séquences ont gardé la même force et la rigueur du film qui attaque le bushido, le code d’honneur des samouraïs, son dépouillement, sa force dramatique n’ont pas pris une ride. Kobayashi reste un metteur en scène un peu trop oublié. J’aimerais revoir KWAIDAN d’après Lafcadio Hearn et découvrir les mélodrames sociaux qu’il tourna avant sa grande fresque, LA CONDITION DE L’HOMME.

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Juin
02

SparrowsDans la série des Mary Pickford diffusé par Bach Films, l’extraordinaire SPARROWS, dirigé par William Beaudine qui termina sa carrière en filmant des séries Z aux titres pittoresques : BILLY THE KID vs DRACULA ou JESSE JAMES MEETS FRANKENSTEIN’S DAUGHTER qui sont sortis chez Bach films.
Rien de tel dans SPARROW, film extrêmement soigné dont l’action se déroule entièrement dans des marais du sud des Etats-Unis avec des personnages sortis de DELIVRANCE. Les premiers Intertitres sont célèbres. Le premier nous dit que Dieu voulant créer un endroit digne de l’enfer, choisit ces marais (que l’on voit envahis de brumes pestilentielles). Le second ajoute que pour parfaire sa tâche, Dieu ajouta Mr Grimes (que joue brillamment Gustav von Seyffertitz). La course de Mary Pickford et les autres enfants au milieu des sables mouvants et des alligators reste un grand moment de cinéma. Il me reste à voir d’autre Beaudine avec Pickford dont LITTLE ORPHAN ANNIE.

The FuriesIl convient aussi de saluer en fanfare la sortie inattendue en zone 1 de deux westerns majeurs qui tous deux battent en brèche les clichés du genre. Commençons par THE FURIES, un film d’Anthony Mann très difficile à voir. Il avait disparu de la circulation depuis des décennies et j’avais dû aller à Londres pour le voir il y a de cela plus de quinze ans.
Criterion vient de combler ce manque. Et cela avec un coffret qui joint au film le roman de Niven Busch qui servit de point de départ au scénario de Charles Schnee.

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Mar
03

DINO RISI a disparu. Je n’arrive pas à écrire Dino Risi est mort tellement je le trouve vivant lui et ses films voltairiens. J’avais revu AU NOM DU PEUPLE ITALIEN, satire prémonitoire de Berlusconi, voici peu de temps. Je vais me précipiter revoir PARFUM DE FEMME et surtout UNE VIE DIFFICILE, LE FANFARON.

Au nom du peuple italienParfum de femmeUne vie difficileLe Fanfaron

Place aux jeunesMake Way For TomorrowBeaucoup d’œuvres majeures, de films importants ou rares sont de sortis. Je voudrais commencer par en citer deux qu’il est absolument INDISPENSABLE d’acheter :
MAKE WAY FOR TOMORROW (PLACE AUX JEUNES chez Bac Films), sans doute le chef-d’œuvre de Léo McCarey et l’un des 10 plus grands films hollywoodiens des années 30/40. C’était aussi l’avis de Lubitsch, de Jean Renoir et à la sortie du critique Frank Nugent, futur scénariste de John Ford : il louait la chaleur humaine, l’humanité, l’honnêteté de cette œuvre mais aussi son humour. Un humour qui n’est jamais utilisé pour atténuer l’intensité dramatique des situations ni déguiser leur sérieux mais au contraire pour les renforcer, pour les authentifier. L’expérience vécue ne se divise pas en moments dramatiques ou cocasses, mais mêle intimement les deux registres. Je pense à l’échange téléphonique entre la grand mère et le grand père, bouleversant et drôle, qui vient perturber la partie de bridge. McCarey aborde là un sujet grave, encore plus actuel (le rapport avec des personnes âgées) et réussit un bouleversant exercice de corde raide. Je défie quiconque de ne pas pleurer durant la dernière demi-heure. On consultera les bonus très intelligents de Bernard Eisenschitz en regrettant qu’on ne soit pas allé interroger Pierre Rissient qui acheta et fit découvrir MAKE WAY, et rencontra McCarey. Je travaillai avec lui à cette époque. A Acheter et à offrir.
Du coup j’en profite pour recommander un McCarey beaucoup plus connu, L’EXTRAVAGANT Mr RUGGLES, excellente comédie où triomphent Laughton en valet britannique que son maître perd au poker mais aussi Charles Ruggles, Mary Boland et Roland Young. McCarey y pratique comme toujours de brusques changements de ton dont le plus célèbre permet à Laughton de réciter le discours prononcé par Lincoln à Gettysburg aux Américains qui l’ignorent.

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