Lectures

26 juillet 2013 par - DVD

Commençons par l’excellent petit opuscule, très bien documenté, la première étude en  français, que Renaud Machart a consacré à Stephen Sondheim (Actes Sud), compositeur et lyriciste (ses lyrics sont des merveilles) que j’adore. Je l’ai acheté juste avant de voir au Châtelet le magnifique, bouleversant, nostalgique, euphorisant SUNDAY IN THE PARK WITH GEORGE dont il existe un DVD aux USA. J’avais déjà adoré A LITTLE NIGHT MUSIC, transposition musicale de SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ qui comprend le célèbre et splendide « Send in the Clowns » que l’on peut entendre chanté par Barbra Streisand et… Glenn Close. J’avais hélas loupé SWEENEY TODD dont Stéphane Lerouge m’a dit un bien fou (le film de Burton omet pas mal de chansons). L’ouvrage de Machart recense les CD, les DVD, classe les bonnes interprétations. On y apprend la genèse de WEST SIDE STORY (qui s’appelait d’abord EAST SIDE STORY), que seules 4 de ses chansons furent préservées dans le A FUNNY THING HAPPENED ON THE WAY TO THE FORUM de Lester que Sondheim et Robbins détestent.

Je dévore grace à Michael Rawls, PECKINPAH A PORTRAIT IN MONTAGE et ai changé complètement de registre avec LE CERCLE LITTÉRAIRE DES AMATEURS D’ÉPLUCHURES DE PATATES de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows (13/18), un délice.

  

Je vais dévorer, mais il faut un peu de temps, L’EMPIRE COMANCHE de Pekka Hamäläinen, fortement conseillé par l’épatant Michel Le Bris qui a ressuscité nombre de livres de Stevenson, les faisant retraduire, et le roman qui inspira, lointainement, MOONFLEET. Il m’a aussi conseillé de lire, dans l’édition Phébus, L’HOMME DES VALLÉES PERDUES de Jack Schaeffer qu’il juge absolument essentiel.

 

Ruez vous aussi sur DU POLAR de François Guérif, entretiens très savoureux où Guérif nous communique son amour du roman noir, sa curiosité, et recense de manière hilarante les coupes et les manques dans la plupart des livres parus dans la Série Noire. Les exemples qu’il donne de la traduction d’Hammett sont frappants et le portrait qu’il fait de Lehane, Tony Hillerman et Burke rendent l’ouvrage indispensable.

Parmi les livres d’histoires sur la police, je signale LIAISONS DANGEREUSES – MILICIENS, TRUANDS, RÉSISTANTS de Jean Marc Berlière et François le Goarant de Tromelin (quand il signe, il faut qu’il fasse des heures supplémentaires) paru chez Perrin et qui complète le passionnant, POLICIERS FRANÇAIS SOUS L’OCCUPATION qui détruit bien des clichés. L’opuscule de Berlière sur Guy Moquet (Larousse) secouait passablement le cocotier et détruisait des légendes.

 

BALTIMORE (Sonatine) de David Simon, plongée dans le monde de la police criminelle de Baltimore. La source de THE WIRE. On doit à David Simon les meilleures séries US : TREME 1et 2 sur les ravages causé par Katrina à la Nouvelle Orléans, GENERATION KILL sur la guerre d’Irak et THE CORNER sur les ravages provoqués par le trafic de drogue dans un carrefour de Baltimore.

 

Chez l’excellent éditeur Gallmeister, DARK HORSE, un des meilleurs Craig Johnson (LITTLE BIRD, ENFANTS DE POUSSIÈRE), l’un des deux grands écrivains du Wyoming, l’autre étant CJ Box (CIELS DE FOUDRE, ZONE DE TIR LIBRE dont le héros est Joe Pickett, garde forestier), le premier étant démocrate, le second républicain et tous deux arborant le même chapeau.

LE DICTIONNAIRE IMPERTINENT DE LA CHINE, décapant, amusant et instructif.

  

De Glenn Frankel, THE SEARCHERS, THE MAKING OF AN AMERICAN LEGEND (Bloomsbury), indispensable et ultra documenté sur le fait divers qui inspira le roman d’Alan le May sur les différences entre le scénario et le livre et entre le scénario et le film. Et notamment la suppression par Ford d’une réplique qui éclairait le geste de Wayne soulevant Natalie Wood de manière trop précise.

Et j’ajouterai les deux derniers livres d’Alain Rémond dont j’adorais les chroniques dans Marianne : je conseille vivement la lecture de CHAQUE JOUR EST UN ADIEU (Seuil), JE MARCHE AU BRAS DU TEMPS (Seuil), TOUT CE QUI RESTE DE NOS VIES (Seuil, 2013).

   

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Commentaires (130)

 

  1. Alexandre Angel dit :

    Je n’ai pas vu TREME, ni THE CORNER, pas plus que BORGEN (dans un tout autre registre), ou HATUSIM. Un copain va me prêter FARGO (la série) et BATE’S MOTEL ainsi que TRUE DETECTIVE. Et je m’arrêterais à peu près là avant de reprendre autre chose plus tard. Je ne suis pas fou tant que cela des séries et pourtant, tout môme, j’en dévorais à l’instar du gamin que l’on voit dans le générique de DREAM ON.
    J’ai raffolé des SOPRANOS et de BREAKING BAD récemment mais il n’y a pas: je préfère le cinéma. Je me méfiais donc un peu de ceux qui proclamaient régulièrement la meilleure série de tous les temps:ce genre de clairon sonnant comme une arlésienne. Ça existerait donc, la meilleure série de tous les temps? Eh bien, oui, c’est THE WIRE que je viens de terminer. Une des meilleures fictions policières du cinéma et de la télévision confondus. Une série sans climax, sans vrais morceaux de bravoure (même si des séquences de fusillades sont ébouriffantes) , adulte des pieds à la tête, se payant le luxe d’insuffler du feuilletonesque à doses homéopathiques (le personnage d’Omar) et sans que l’on y trouve à redire. Une geste policière et sociale digne de la meilleure littérature américaine, complexe, exigeante, réquisitionnant la concentration du spectateur, aux imbrications langiennes (la dernière saison!). J’ai adoré ça d’un bout à l’autre et y reviendrait autant de fois qu’il me le faudra. S’il y a des défauts, ils sont tellement minimes et peu caractéristiques qu’il serait mesquin de les mentionner. THE WIRE est humaniste, engagée, compatissante, accablante sans misérabilisme, jamais complaisante (pas un coup de feu tiré par les flics en 5 saisons, et ce n’est pas de l’angélisme). Non vraiment, du grand matos!!

    • Alexandre Angel dit :

      Ah, et puis je pense que LA MAISON DES BOIS, de Pialat, est un chef d’œuvre mais c’est plus un feuilleton relativement court qu’une série.

  2. Laurent vachaud dit :

    Merveilleux Stephen Sondheim, dont on ne vantera jamais assez la magnifique bande originale pour le Stavisky de Resnais. Pour Warren Beatty, il a aussi composé le thème de Reds, et des chansons de Dick Tracy. Je suis très fan de Little Night Music aussi et de Follies. A signaler un amusant whodunit dont il écrivit le scénario avec Anthony Perkins, The Last of Sheila, et qui est assez difficile à revoir.

  3. Pierre EYROLET dit :

    Bonjour Bertrand Tavernier

    Les sorties de films anciens en DVD sont nombreuses et c’est très bien. Il existe pourtant des non-éditions mystérieuses:
    « Circonstances atténuantes » de Jean Boyer , sorti à l’époque en VHS mais invisible (à ma connaissance) en DVD.
    Pareil pour « La tête du client » (Norbert Carbonneau- 1965).
    Avez-vous des informations , des explications sur ces absences ? L’ancienneté de ces films ne devraient pas freiner leur diffusion.
    merci par avance
    cordialement
    P.Eyrolet Lyon

    • Rouxel dit :

      On peut trouver en format vhs les deux films cités mais le prix est trop élévé.Esperons qu’ils sortent en dvd dans les semaines à venir.

      • Pierre EYROLET dit :

        Bonjour et merci Rouxel , mais du VHS + un prix élevé c’est rédibitoire ! il faut du DVD en copie restauré.

  4. Découvrez les polémiques suscitées par la filmographie de Henri Georges Clouzot au près de la critique d’époque (Bazin, Mauriac, Sadoul, Truffaut…) dans « Clouzot critiqué » de Claude Gauteur, au sein de la fameuse collection « carré cinéma » des Editions Séguier
    http://bit.ly/19Jl1Rm

  5. Salabreuil dit :

    à Monsieur Tavernier :

    Je tombe ce matin sur une nouvelle qui m’a fait bondir de joie : Acte Sud lance une collection western sous votre direction.

    Avant d’être un genre cinématographique, le western a été un genre littéraire, que l’on perçoit en France tout au plus comme un matériau sans grand intérêt mais que les scénaristes d’Hollywood ont su transformer en or. Editions tronquées, traduction approximative, romans de gare, purgatoire des collections pour enfants, comme souvent avec la littérature dite « de genre », le western littéraire a été sous-estimé, pour ne pas dire méprisé en France.

    A côté de combien de chef d’oeuvre sommes-nous passés ? De London à Leonard, de Dorothy Johnson à Tom Franklin, en passant par Louis Lamour ou Zane Grey, le western a donné des chefs d’oeuvre littéraires, qui précédent ceux du cinéma. Les géniales nouvelles de Dorothy Johnson montrent aussi que sur le fond (la figure de l’indien, par exemple) comme sur la forme (construction, traitement), le western littéraire avait même quelques décennies d’avance sur le cinéma. Je me réjouis d’avance de cette collection Actes Sud et des découvertes qu’elle laisse espérer.

    Je vous sais aussi bien conseillé par Michel Le Bris, à qui tous ceux qui considèrent que la littérature n’est ni une affaire de salons parisiens, ni incompatible avec l’aventure et l’appel du large doivent une fière chandelle, mais je me permets de vous souffler à l’oreille un titre, que vous connaissez sûrement : Riders of the purple sage, de Zane Grey. Jamais publié, ce roman est considéré aux Etats-Unis comme l’archétype du roman western classique, et comme une des pierres d’angle du genre. J’espère que, grâce à vous, on pourra enfin le découvrir en France !

    Bien à vous,

    Salabreuil

  6. OLIVIER COMTE dit :

    SECOUSSES DE COCOS-TIERS

    Nous avons les preuves que Bertrand Tavernier, dit Red Bertie Tavernier, intellectuel notoire, avait fait passer en Belgique 57 communistes connus, sous couverture de visionnage de films américains.
    Ces rouges devaient former une organisation de sabotage du futur site de l’ OTAN à Bruxelles.
    Il est établi que le « général » De Gaulle, fidèle disciple de son ancien protecteur Staline, s ‘apprêtait à poignarder dans le dos notre bouclier Atlantique. Exploitant la libération de la France par l’ Armée Américaine, il avait installé les communistes au pouvoir et mené une politique communiste qui dépassait les pires excès de Roosevelt.
    Soutenu par Staline, De Gaulle avait fait assassiner l’ amiral Darlan, seule autorité légale reconnue par l’ Armée Américaine.
    Le récent soutien apparent de Red Bertie à des ouvrages scientifiques universitaires, démasquant le dragon rouge,
    ne doit pas endormir notre vigilance.
    (pièces jointes:TAVXXL/pages 3287-3582/trois « voyages en Belgique »)

  7. Ballantrae dit :

    Au chapitre des lectures estivales, je dois signaler l’intérêt de I am Spartacus de Kirk Douglas (95 ans!!!) sorti vers juin chez le très précieux éditeur Capricci.
    Lu en un Week end à peine, il s’agit d’un témoignage particulièrement éclairant concernant l’émergence d’une pris de conscience politique en plein marasme anti rouge outre la manière dont ressurgit tout un univers traversé par des personnages tels que L Olivier,Ch Laughton,B Lancaster, le jeune Kubrick ou encore la sublime Jean Simmons mais la vraie star demeure Dalton Trumbo, figure d’une intelligence et d’une rigueur éthique admirables.Je devinais que K Douglas était un type bien en plus d’avoir partcipé à de si nombreux beaux films, j’en ai la confirmation absolue avec ce bijou informatif, drôle et tellement utile pour notre époque en perte de repères.
    Je rappelle aussi que cet éditeur avait publié En un clin d’oeil, passionnant essai de W Murch sur le montage.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Il oublie juste un peu trop que Preminger a le premier défié la liste noire. Trumbo le redit dans toutes ses lettres et interviews. Et ne cite pas assez le producteur Edward Lewis. Mais cela n’enlève rien à son courage

  8. Rouxel dit :

    Pour rebondir aux reflexions de Bertrand sur les films »Quelques heures de printemps »et « Augustine ».Dans ces deux long métrages Vincent Lindon démontre qui l’est un veritable comédien qui compose ses films et choisit ses roles.En revanche j’ai été déçu profondement par »Les salauds »sortie récemment.On est perdu dans ce scénario confus,le montage du film utilise trop de retours en arrière entre le temps présent et le passé.Le seul bon point est la bande originale composée par le groupe Les Thundersticks qui apporte un climat étrange au film.

  9. Rouxel dit :

    Comme le rappelait Bertrand récemment,Alexander Payne est un réalisateur touchant et plein de sensibilité. »Monsieur Schmidt »avec un Jack Nicholson décalé dans ce personnage de sexagénaire qui va vivre des rebondissements dans sa vie tranquille de jeune retraité.On est vite embarqué dans cette aventure au gré des paysages et des personnes qui rencontre sur son chemin.Pour lui c’est peut etre une forme de quète dans ce monde agité et avide d’argent et de réussite sociale.La scène finale est d’une force impressionnante et nous interroge tous sur le fait de posseder et vivre dans le confort materiel.La vrai et veritable richesse n’est surement pas là!Bonnes vacances à ceux qui peuvent encore partir.

  10. Rouxel dit :

    Il y a des films qui ont marqué une époque »l’été en pente douce »réalisé par Gérard Krawzyck en fait partie comme »l’été meurtrier »ou »37.2,le matin ».Outre la sensualité à fleur de peau de la regéttée Pauline Lafont,on retrouve Jean Bouise et Jacques Villeret dans le role de Mo un simplet qui incarne le frère de Fane(Bacri qui avait encore des cheveux).La trame de l’histoire est assez banale sur la rivalité de deux frères qui tiennent un garage attenant de la maison de Fane et Mo.L’émotion est au rendez-vous malgré les poncifs carucaturaux du personnage de Guy Marchand qui joue les machos de service avec sa belle voiture rouge tandis que son frère Olive trime les mains dans le camboui.En pleine moiteur estivale ça fait plaisir de revoir le village de Martres tolosane près de Toulouse,endroit ou a été tourné le film.

  11. Rouxel dit :

    Non la comédie à l’italienne n’est pas morte,la preuve avec »Le premier qui l’a dit »réalisé par le turc Ferzan Ozpetek en 2010.Après des études de cinéma à la fin des années 70 en Italie,Ferzen se fait remarquer lors de la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1997 pour »Le dernier hammam ». »Le premier qui l’a dit »est une pure comédie grinçante sur une famille bourgeoise qui possède une usine de pates alimentaire.Le père règne en maitre au milieu de ses deux fils et sa femme malade.L’élément déclencheur va se dérouler lors d’un bon repas,les bouches vont s’ouvrir et heurter les convives mais je ne dévoile pas le pourquoi du comment.Signalons que Ozpetek a toujours affirmer ouvertement son homosexualité dans sa vie privée comme dans ses films.Son oeuvre défait les préjugés et les idées recus sur l’homosexualité.Il y a une scène assez forte ou la tante demande à un ami de Tomasso qui fait des études de medecine à Rome si »l’homosexualité est une maladie que l’on peut soigner? »il lui réponds avec détachement que ce n’étais pas une maladie mais une caracteristique pour certains individus!!!Ce film intuitif et plein d’intelligence revient aussi sur le temps qui passe et ne s’efface pas forcement dans le temps présent.Ferzen Ozpetek vient de sortir un nouveau film cette semaine »Forza magnifico ».

    • barbieri luciano dit :

      je pense que l’homosexualité il n’etais pas une maladie,mais une formes d’amour,qui cette personne n’e conprenderon pas jamais. allore avant avec cette registe,parceque les temps passe pour tous .malereusemnt, passe ancore plus pour qui n’etais pas conpris.

  12. Martin-Brady dit :

    J’ai trouvé sur l’excellent blog de Charles Tatum Jr ce lien sur Kubrick, en fait vers un petit doc à l’origine en ligne sur le site Gasface qui établit des éléments troublants concernant la scientologie, la franc-maçonnerie, donc la symbolique, tout cela lié au sort tragique de la fille aînée de SK, avec intervention de Michel Ciment et raisonnements sensés sur les théories de complot (pas une approbation en soi mais un relevé des évocations de celles-ci dans les films de SK, avec la figure récurrente du triangle par exemple). Ca m’a rappelé l’info de Rouxel sur le doc ROOM 237 sur SHINING qui m’avait laissé rêveur et dubitatif, et qui est cité par ailleurs.
    C’est un film de Laurent Vachaud (suite à son article de Positif de janvier 2013), voici les liens vers le blog de Tatum et sur le site Gasface, pour la même video, ce qui permet de découvrir les deux pour ceux qui connaissent pas (à part ça, Tatum est une encyclopédie vivante, son blog est inestimable):
    http://gasface.net/kubrick-and-the-illuminati/
    http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2013/08/01/27763194.html

    • John Mohune dit :

      @martin Brady :
      il est vrai que Viviane Kubrick est devenue scientologue a l’âge de 40 ans.
      On peut l’apercevoir dans 2001 quand le docteur Floyd discute avec sa fille via le visiophone.Elle a aussi réalisé le making of de shining.
      Eyes wide shut évoque la scientologie, l’ordre du temple solaire et toutes ces sectes effrayantes. Il est vrai aussi qu’il y a quelques références visuelles aux francs maçons.
      Il a été dit aussi que le tournage a été aussi long, un an et demi avec des pauses, pour faire pression sur Tom Cruise afin que la scientologie libère la fille de stanley kubrick.
      Mais toutes ces explications sont peut être un peu farfelues, comme la théorie selon laquelle le 21 juillet 1969 n’a pas été filmé en direct sur la lune mais dans les studios de Pinewood par la NASA durant le tournage de 2001….

      • Martin-Brady dit :

        à John Mohune: oui, mais comme c’est un mec de Positif qui est aux manettes du doc, j’ai tendance à prendre tout ça plus au sérieux, ceci dit, je m’intéresse plus à la mise en scène qu’à la symbolique.

      • Manux dit :

        Ce qui m’a le plus étonné dans cet article c’est qu’on puisse le lire dans Positif. Et que Frédéric Bonnaud, que je considère comme un aliéné, ait consacré une partie de son émission de radio à s’entretenir avec son auteur.
        Quand EYES WIDE SHUT est sorti en 99, Roman Polanski avait regretté que Kubrick n’ait pas laissé les personnages dans leur époque. J’étais d’accord avec lui dans le sens ou le sujet du film perdait de son relief en devenant contemporain.
        De plus, on ne comprenait absolument pas pourquoi pesaient de telles menaces sur Tom Cruise alors qu’il avait découvert des adultes consentants en train de partouzer. Rien de plus méchant. Quinze après, grâce à l’information alternative fournie par internet, et une littérature abondante, on est mieux renseigné sur les rituels sataniques pratiqués dans les loges maçonniques du 33ème degré. On prétend y violer des enfants avant de les mettre à mort… parfois même on les mange (comme le faisait, dit-on, ce ministre giscardien.)
        Il s’y passe ce que Pasolini décrivait dans SALO, qui n’est pas un film sur le seul pouvoir fasciste, mais un film sur le pouvoir tout court. Dans la scène du cérémonial, le maléfique n’est suggéré que par ces incantations dites en une langue inconnue tandis qu’on agite un encensoir. C’est saisissant mais insuffisant, en tout cas pour le grand public ignorant la réalité de ces rituels. Si Kubrick avait seulement filmé le visage d’un enfant, le film prenait une tout autre dimension. Quoi qu’il en soit, cet article de Positif et le documentaire qui l’illustre nous permet de lire autrement le film, garni de messages codés, et de revoir les précédents Kubrick, truffés en effet de symboles maçonniques, plus discrètement dissimulés cependant que dans les films de Robert Wise.

        • matti jarvinen dit :

          Tout finit par s’arranger, semble-t-il entre Frédéric Bonnaud et Bertrand Tavernier qui sera honoré à la Cinémathèque française la saison prochaine.

        • Bertrand Tavernier dit :

          a matti jarvinem
          Mais j’ai déjà dialogué avec Frederic Bonnaud dans des émissions de radio ou de tv et je l’ai soutenu lors des affaires Polanski et Brisseau

      • Nemo dit :

        sur eyes wide shut il y a un article interessant qui est paru dans positif.

    • Laurent Vachaud dit :

      @Martin-Brady: Je ne suis pas l’auteur de la vidéo « Kubrick & the illuminati » qui circule actuellement sur le web et sur laquelle je suis longuement interviewé ainsi que Michel Ciment. Les auteurs ne m’avaient jamais dit vouloir faire un petit film dans l’esprit de Room 237 à partir de mon article Le secret de la pyramide, paru dans Positif, et je ne cautionne en aucune façon le choix des extraits ni le montage qu’ils ont effectué, estimant qu’ils détruisaient l’argumentation nuancée de mon papier pour en caricaturer le contenu et en faire une théorie conspirationniste de plus au sujet de Kubrick et d’Eyes Wide Shut. Illustrer systématiquement chaque propos par une image finit par tout mettre au même niveau et c’est malheureusement ce qui se passe ici. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille de lire plutôt mon article.

      • Martin-Brady dit :

        à Laurent Vachaud: pour moi, ce petit film n’est qu’une introduction à la question de la symbolique dans le cinéma de SK, en effet, il n’est pas signé par un nom de réalisateur. Il a déjà le mérite d’appeler à aller y voir plus loin, d’ailleurs j’ai revu EYES dont je trouve toujours qu’il est trop long, la première heure et demie est magistrale, même si la dernière partie recèle encore des surprises. C’était quand même un grand plaisir de revoir le film.

  13. ballantrae dit :

    Que de disputes autour de the searchers mais après tout il est formidable que ce chef d’oeuvre continue à susciter autant de débats et controverses, preuves si besoin était de sa complexité persistante.En somme, toute la richesse fordienne y est cristallisée.Cela me ramène, Bertrand, à votre remarque concernant l’admirable Stalking moon de Mulligan ds 50 ans qui commencerait là où s’achevait The searchers et inverserait les rapports entre traqueur et traqué avec un sens de l’espace très fordien.
    En découvrant cet été le roman d’Harper Lee dont est tiré to kill a mocking bird du même Mulligan je me dis de + en + qu’il s’agit d’un cinéaste éminemment fordien ds sa discrète tout autant que magistrale mise en scène.du silence et des ombres n’est pas sans évoquer plusieurs « americanas » de Ford telles Judge Priest ou doctor bull et j’ai aussi songé au génial stars in my crown de tourneur lui aussi éminemment fordien.
    Avez-vous des indices concernant le lien effectif, avoué entre Ford et Mulligan?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Peu d’interviews de Mulligan, cinéaste discret, pas ramenard, adoré des gens avec qui ,il travaillait (le scénariste Eric Roth (THE NICKEL RIDE) ne tarissait pas d’éloges sur lui, Reese Witherspoon a tenu a prononcer son éloge funèbre tant elle l’avait apprécié. Mais il devait admirer Ford. Il y a une base classique chez Mulligan même s’il la décale de manière insidieuse, parfois quasi invisible

      • ballantrae dit :

        Tout à fait, un cinéaste pas du tout ramenard et dont la mise en scène s’avère aussi discrète qu’inventive.
        Je vais me faire un petit cycle Mulligan et vais lire aussi le roman dont est tiré the other afin de comprendre comment ce cinéaste envisageait les problèmes d’adaptation.J’aimerais mieux comprendre comment des effets très mesurés,insidieux parviennent à créer l’émotion (Un été en louisiane,Un été 42, Du silence…) ou l’angoisse (the other,the stalking moon, the nickel ride).
        Certes Malick apparait plus nettement comme un démiurge mais je trouve que ces deux cinéastes travaillent vraiment au coeur d’une vision américaine profonde, ancestrale et très ancrée ds des topographies marquantes.
        D’où ma rêverie autour d’une racine fordienne…au moins aussi probante que chez Clint qui en a retenu une forme de sécheresse,de netteté du dessin tandis que Mulligan en épouserait le rythme faussement nonchalant.

    • Martin-Brady dit :

      à Ballantrae: cette discussion sur THE SEARCHERS était passionnante, et recélait moins des disputes que des discussions acharnées, ce qui est différent. Mais on est d’accord vous le dites aussi, que Ford donne lieu à des interprétations très différentes par la richesse des émotions ou pensées qu’il suscite. Certaines sont très contradictoires entre elles! On verra moins souvent une discussion acharnée sur H Hawks ou je sais pas, Hitchcock… Et j’aime beaucoup Hawks (moins que Ford, quand même) Je vais copier-coller tous les commentaires de Minette Pascal, Bertrand, JCF et les autres pour les coller dans mon dossier Dvdblog et les retrouver quand j’aurai revu le film.
      Un autre cinéaste qui suscite la discussion controversée: Renoir. Ca doit former deux familles de cinéastes ça, ceux qui suscitent une interprétation plutôt unique et les autres, tiens, j’en rajoute un à la famille Ford: Fuller.

      • ballantrae dit :

        J’ai bien compris qu’ils’agissait d’une gentille dispute (disputio on va dire)et cela n’avait rien de péjoratif sous mon clavier: j’aime bien sentir que les classiques suscitent des désaccords, interprétations divergentes,réactions inattendues car c’est la preuve qu’ils sont vivants et non purement et simplement muséifiés!!!
        Que les discussions aillent bon train,que des avis différents les uns des autres surgissent tel est mon voeu le plus cher!!!c’est en lisant de tels échanges que j’estime avancer!

  14. Rouxel dit :

    Je conseille à Martin Brady et aux autres habitués de découvrir un documentaire de témoignage d’anciens soldats us revenant du Vietnam.Au départ il étaient 25 à partir pour le front,seuls trois jeunes d’une vingtaine d’années reviendront dans cette petite ville tranquille.La force de Michael Grisby rejoint le travail de Wisseman sur le témoignage sans poser de questions.Grisby disparu l’an dernier a laissé une série de films incroyable,notamment sur le monde des travailleurs(dockers,paysans,marins…).Ah oui le film s’appelle »Quand j’étais soldat »disponible en dvd.

    • Martin-Brady dit :

      à Rouxel: encore une fois, IMDB ignore le titre français mais on le retrouve sur Amazon qui est pourtant lié au premier! Le commerce prévaut sur la culture! Sur le dvd, c’est le titre original qui est mis en valeur (juste un truc: c’est Michael « Grigsby » plutôt?… amicalement) et Wiseman Frederick?… à plus.
      merci beaucoup pour l’info encore, inconnu pour moi…

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Martin Brady
        Je ne pourrai plus répondre jusqu’au 26. Vacances. Enfin

        • Martin-Brady dit :

          à Bertrand Tavernier: n’emmenez pas plus d’une cinquantaine de dvd avec vous, hein? faut se changer les idées!

          bonnes vacances

        • ballantrae dit :

          Bonnes vacances et c’est avec impatience que nous guetterons votre retour comme l’arrivée (avancée cf allociné)de Quai d’Orsay sur nos écrans!!!

        • Nemo dit :

          Bonnes Vacances M.Tavernier. ça sera donc mon dernier message avant la rentrée.

      • Rouxel dit :

        Avec cette chaleur caniculaire,mon doigt a dérapé du clavier.J’essai au maximum visuellement de faire travailler ma mémoire sur les noms,les dates et meme les numeros de téléphones que je mémorise.Mon repertoire est presque vide.Allez a bientot de vous lire,bonnes vacances à tous.

        • Martin-Brady dit :

          à Rouxel: je vous embête avec mes remarques orthographiques sur les noms propres mais c’est parce que vous citez des cinéastes que je ne connais pas, je recherche les fiches sur IMDB et bien sûr souvent je trouve pas toujours très vite à cause de ça! Bref, désolé. Le principal est que vous faites découvrir des inconnus ou peu connus (pour moi).
          à+

        • Sullivan dit :

          Martin Brady,

          I WAS A SOLDIER a été édité dans la super collection « Typiquement British » chez Doriane Films (qui propose un bon nombre de films du Free Cinema, signés Tony Richardson, Karel Reisz ou Lindsay Anderson…

          Les 2 derniers titres en date sont WINSTANLEY de Kevin Brownlow et Andrew Mollo ; et TEMPS SANS PITIE de Losey :

          http://www.dorianefilms.com/list.php?path=15&sort=Article&page=0

        • Martin-Brady dit :

          à Sullivan: excellent TEMPS SANS PITIE, et Doriane très bon éditeur dont on parle moins. merci pour l’info.

  15. Rouxel dit :

    Après avoir découvert »Les grandes personnes »avec un Maurice Ronet tout en retenu dans le jeu,j’ai enfin vu »Le gros coup »réalisé en 1963 par Jean Valère:cinéaste méconnu qui a terminer sa carrière à la télévision.Le film a du mal a démarrer avec l’accident de ce footballeur allemand incarné par Hardy Kruger plus habituer aux roles de soldats ou de baroudeur(un taxi pour Tobrouk de De la patelière disparu récemment).Ensuite on entre facilement dans l’histoire d’amour entre la sublime Emmanuelle Riva et Hardy Kruger.Toujours chez LCJ,j’attends de voir une petite merveille de Marc Lobet sur une musique de Pierre Perret »Prune des bois ».Une belle histoire sur des adolescents qui vont trouver un bébé dans un bois et s’en occuper comme leurs propres parents.

  16. Edward dit :

    A Bertrand Tavernier.
    J’apprécie énormément vos présentations de western chez Sidonis et ai deux questions à ce propos. La première : lorsque vous ne présentez pas un film chez cet éditeur, est-ce parce que vous ne lui voyez absolument aucun intérêt (j’ai bien noté que vous en présentez que vous estimez extrêmement routiniers pour utiliser un euphémisme) ? La seconde, après avoir écouté votre présentation de THE FIEND WHO WALKED THE WEST, je me suis demandé s’il existait d’autres films que celui-ci et COLORADO TERRITORY qui sont des adaptations westerniennes de films noirs (et l’inverse existe-t-il) ?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Edeward
      Si je ne commente pas certains films c’est soit parce que je ne les aime pas. Soit parce que je n’ai rien à dire de valable. Et 2° oui je pense qu’il y a d’autres titres de films ou romans noirs qui ont été transposés en western

  17. richpryor dit :

    Question intéressante: quel lien uni The Searchers à Taxi Driver, deux films tellement différents? Quelle inspiration Schrader (ou Scorsese) a-t-il puisée chez Ford?
    Travis Bickle comme Ethan revient d’une guerre terriblement meurtrière qui n’a pu que lui laisser des séquelles psychologiques et que son camp a perdu. Chacun est un solitaire (est Ethan n’est-il pas lui-même un peu perdu dans ce monde changeant à une vitesse folle, en quête de repères). Ils perdent chacun une jeune fille qui leur est chère sans vraiment la connaitre (Ethan ne voit pas sa nièce souvent). La haine des Noirs de l’un équivaut à la haine des Indiens de l’autre et d’ailleurs les pimps et chefs de gangs qui contrôlent la prostitution new-yorkaise vivent un peu à la façon d’une tribu qui parle son propre langage et s’habille de façon particulière toute en communicant parfois par signes distinctifs. Chaque jeune fille est au finale « consentante » mais d’une manière détournée (l’une est très jeune victime d’un rapt, l’autre devient prostituée à 12 ans, un âge où l’on ne peut être que manipulée, ce qui équivaut aussi à une sorte de rapt). Au-delà du racisme, ce qui alimente la rage de Travis et Ethan c’est le fait de voir deux jolies jeune filles blanches si pures et innocentes se faire « violer » par une force étrangère anti-américaine et pervertie sans que cela ne déclenche chez elles autre chose qu’une sorte de résignation passive. Pour chacun la solution instinctive est la violence, le massacre. La différence est que l’un se prends pour un chevalier en armure sacrificiel qui va faire triompher le bien et ramener sa petite fille au bercail, dans cette Americana rêvé tandis que l’autre n’aura au départ d’autres envies que de se défaire de ce qui aura été touché par le mal (pas de quartier, pas de décontamination possible). Mais au final c’est « let’s go home Debbie » donc le résultat est le même.
    La réplique que j’aime le plus dans The Searchers c’est ce personnage qui dit « it’s this country that killed my boy » à Ethan et il a bien raison: tout au long de son histoire l’Amérique c’est construite contre ses minorités et le résultat à New York en 1976 ou au Texas un siècle auparavant sera forcément le même.
    (Ce qui est marrant c’est que un des films que les personnages regardent dans Mean Streets c’est The Searchers bien sûr).

  18. Rouxel dit :

    Oeuvre majeure et naturaliste »le garçon dans l’arbre »réalisé par l’immense documentariste suédois Arne Sanckdorff est un film d’une grande beauté visuelle.Images épurées,ton sobre,on va suivre Gote adolescent rebelle qui tue des chevreuils afin de revendre la viande,histoire de gagner un peu d’argent.Lui meme sera pourchassé par les villageois comme un vulgaire animal.On pense au cinéma de Truffaut avec »l’enfant sauvage »mais aussi au « 400 coups »mais dans un autre contexte.Avant de réaliser des films de fiction Sanckdorff a signer des court-métrage puis une série impressionnante de documentaires sur la faune,la flore,les mineraux ou des reflexions sur le monde animal.Evidemment tout ces documentaires ne sont jamais sortis en vhs ou en format dvd.Une lacune de plus reste à combler en espérant qu’un distributeur français s’interesse à ce cinéaste hors-norme.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      Le film est sorti en dvd. Musique de Quincy Jones non ?

      • Martin-Brady dit :

        à Bertrand Tavernier: je ne voyais pas Quincy Jones dans un film suédois et je croyais que vous répondiez par erreur à un autre message! Mais vous avez raison! J’ai eu du mal à identifier le film en tout cas, il s’agit de POJKEN I TRADET (1961), difficile à retrouver par le titre français:
        http://www.imdb.com/title/tt0055315/combined

        • Martin-Brady dit :

          bof oui, on le retrouve bien par son titre français, j’étais mal réveillé, désolé. Et merci pour l’info à Rouxel.

      • Rouxel dit :

        Effectivement Bertrand la bande originale est composée par le génial Quincy Jones.Il y a des rythmes jazzy aux tempos languissants puis des jeux de batterie d’une grande douceur lors de la scène finale du film.Je ne sais pas si on peut trouver la musique sur cd?

    • Marc Salomon dit :

      Arne Sucksdorff (et non pas Sanckdorff).

      Quant à la « grande beauté visuelle » du film, elle est due à Gunnar Fischer, un des plus grands directeurs photos suédois qui avait débuté au côté du maître John Julius, avant de signer la photographie de douze films d’Ingmar Bergman entre 1948 et 1960 (dont LE SEPTIEME SCEAU et LES FRAISES SAUVAGES).
      Son art des forts contrastes et des compositions charpentées inspirera Conrad Hall pour INCUBUS de Leslie Stevens en 1965.

      Fischer est décédé centenaire en 2011.

      • ballantrae dit :

        Encore merci pour tous ces rappels précieux concernant les plus inventifs des chefs op!!!
        Vivement qu’on puisse lire la somme dont vous seriez capable sur le sujet…

    • Michael Rawls dit :

      To Rouxel, Sucksdorff’s LE GARCON DANS L »ARBRE, LA GRANDE AVENTURE, and L’ARC ET LA FLUTE are all available on amazon.fr and malavida, all PAL w/ French subtitles.
      There’s a wonderful essay, « THE WILDERNESS ART OF ARNE SUCKSDORFF », in Vernon Young’s book ON FILM. Comparing Sucksdorff favorably to Robert Flaherty, Young writes that « Flaherty never really felt beyond the motions of man to the universal situation of man-i.e. to man not seen simply as contesting nature but as an uneasy component of nature. In Flaherty’s films man is the sum of the work he does; in Sucksdorff’s he is the mystery of the web he inhabits. » The Sucksdorff works about which Young is most enthusiastic are the 8 minute short, A DIVIDED WORLD (« every image is what it appears to be yet has at the same time the force of a metaphor. ») and Sucksdorff’s last feature MY HOME IS COPACABANA, about « a handful (among thousands) of Rio de Janeiro’s homeless boys ». « A work so finely balanced between what I know to be actual and what appears too alive to be ‘true’ that long after seeing it I was in a mood of delight shot through with disbelief. » … »It sings all the way, soaring above the prose of implicit misery like the dancing kite with which the film opens. » Neither DIVIDED…nor MY HOME…is available on home video anywhere as far as I know (you can also forget about finding Sucksdorff’s Oscar winning portrait of Stockholm SYMPHONY OF A CITY). One of Young’s greatest gifts is making the reader have the feeling that he or she has seen a film which, in fact, the reader has not seen and is, alas, unlikely to see. Young’s prose is not a substitute for actually viewing the film, but in the case of Sucksdorff and some others (Kawalerowicz’s TRUE END OF THE GREAT WAR, Jung-Alsen’s DUPED TIL DOOMSDAY, Petri’s WE STILL KILL THE OLD WAY), I feel that I’ve gotten pretty close. Interested English friendly parties may find ON FILM at abebooks. In this case, amazon has fewer sources and costs more. Oh, and while Fischer did photograph THE BOY IN THE TREE, Sucksdorff usually served as his own cinematograper.

  19. Pascal Barraud dit :

    Je pense que le livre « L’empire comanche » va vous apporter pas mal d’éclairage sur les relations entre les comanches et leurs voisins au XVIII° et XIX° siècles. Il s’agit d’un ouvrage important. Les indiens n’y sont pas présentés comme des « sauvage sanguinaires » ni comme des victimes innocentes mais étudié comme des acteurs à part entière de l’histoire de l’Amérique du nord au moment de la colonisation. Profitant des faiblesses de l’Espagne puis du Mexique et des Etats-Unis, ils se sont intercalés entre les deux mondes et édifié une sorte « d’empire des steppes » (Absence d’état centralisé comme celui des Mongol) et ont exercé une politique de « grande puissance » à l’égard de leurs voisins. Les terribles raids de pillage qu’ils ont effectué jusqu’au coeur du Mexique et leur politique de quasi extermination des Apaches ont permis aux comanches pendant un temps de connaitre une certaine prospérité économique grace aux commerces des esclaves et des chevaux. Le rapt des femmes a permis aussi de combler les effondrement démographiques réguliers qui étaient provoqué par les grandes épidémies de variole. En fait, les comanches se sont comportés comme les autres peuples. Quand ils étaient confrontés au fort, ils négociaient, faisaient du commerce et face aux faibles, ils se servaient. Finalement, faibles eux-même, ils ont été balayés par les américains.
    Je ne sais pas si cela peut faire progresser la réflexion sur « The Searchers » mais l’ayant revu dernièrement, il m’a semblé évident que le personnage d’Ethan souffre d’un syndrôme post-traumatique lié à son expérience de la violence de guerre. On peut voir qu’il est familier de la violence extrême. Je me disais, alors, que finalement cette question a été abordée très tôt dans le cinéma américain.

    • Martin-Brady dit :

      à Pascal Barraud: Il fallait rappeler le facteur démographique en tant que motivation aux rapts, ça m’avait échappé et pourtant… vous l’avez donc fait, merci. le bouquin est dans ma liste d’attente.
      Je note aussi qu’une fois de plus, Ford est un précurseur -ou disons intervient très tôt dans l’histoire du ciné US- quant à la prise en compte du traumatisme guerrier durable. Souvent dans les films de retour de guerre, ce traumatisme n’est qu’un sale moment à passer qui se termine avec la rencontre d’une épouse aimante, SEARCHERS date de 56! Même des films bien plus tardifs sont souvent bien trop optimistes à ce sujet.

      • Pierre dit :

        Je pense que le cinéma hollywoodien tout entier a laissé transparaître le traumatisme de la guerre dès le milieu des années 40. Il est devenu beaucoup plus âpre, sombre, réaliste, cynique et cru. C’est évidemment notable dans ce qui deviendra l’âge d’or du film noir : un joyau comme CALL NORTHSIDE 777 d’Hathaway (1948) n’aurait eu la même noirceur tourné au début des 40’s. C’est même visible dans d’autres genres, comme avec LA VIE EST BELLE (1946) où James Stewart, absent des écrans depuis 5 ans n’est plus le même acteur qu’avant, lui qui fut une des rares stars hollywoodiennes à participer aux combats. Ce n’est plus le grand échalas un peu naïf des screwball comedies mais un homme mûri qui a encore augmenté sa palette d’acteur. Ou encore avec LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIE (1946) montrant le difficile retour à la vie civile des soldats, dont un qui a perdu ses mains. L’entrée dans la Guerre Froide et la guerre de Corée rajouteront bientôt une seconde couche de noirceur au cinéma hollywoodien… prêt à accueillir les visions plus adultes d’un Fuller, d’un Aldrich ou d’un Fleischer.
        Et pour revenir au géant Ford, c’est aussi après la guerre (qu’il vécut de près) qu’il donnera ses plus grands chefs-d’oeuvre.

        • Martin-Brady dit :

          oui c’est vrai mais dans PLUS BELLES ANNEES, qui est un chef d’oeuvre, on voit que des trois, seul Andrews est perturbé et seulement parce que sa compétence professionnelle n’est plus requise, des deux autres, March est accueilli à bras ouverts dans son ancienne banque et reprend son boulot sans état d’âme aucun, et seul Gus doit surmonter le handicap de la perte de ses mains dû à la guerre mais juste par rapport au doute qu’il ressent quant à l’acceptation de ce handicap par sa fiancée pour leur vie maritale future.
          La cause guerrière de ce handicap n’est jamais évoquée, la blessure psychologique ne vient pas directement de la guerre (dans son esprit!) mais du complexe de castration de la perte de ses mains. Il se demande s’il pourra être un bon mari à avoir besoin de sa femme tous les soirs pour le débarrasser de son appareil de prothèses. La scène durant laquelle il explique à la lumineuse Cathy O’Donnell, techniquement, froidement, comment elle va devoir s’y prendre n’est pas qu’émouvante, elle est d’une modernité stupéfiante!
          Dans ACT OF VIOLENCE, R Ryan trimbale de façon plus grave, un traumatisme lié à la guerre, un souvenir qu’il ne peut effacer, je crois que le génie de l’acteur exprime cela plus que la direction de Zinneman, celui-ci ayant traité le sujet directement avec THE MEN sans impressionner beaucoup. Plus tard, des films comme le Malden: TIME LIMIT et bien sûr MANCHURIAN CANDIDATE évoquent le souvenir brutal et persistant de la guerre plus sûrement.
          Maintenant, si vous élargissez le sujet à la tonalité plus amère du cinéma US après la guerre, en général, et non plus à la simple relation des effets de la guerre sur les personnages de films je sais pas, c’est un champ plus large. Pour 777, je me souviens pas que le film soit particulièrement noir, mais je l’ai adoré.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brady
          THE MEN c’était pas mal Et zinneman a beaucoup parlé des traumastismes de la guerre : dans TERESA, dans THE SEARCH même si le résultat final a été éduccoré par le producteur suisse

      • Martin-Brady dit :

        à Bertrand Tavernier: deux films que j’ai jamais vu, décidément j’ai des lacunes, FZ a quand même réalisé 25 longs métrages. Je n’aime pas trop HIGH NOON (normal, pour un mec qui adore RIO BRAVO!) et du coup j’ai souesestimé son oeuvre! Autrichien, il a même participé à LES HOMMES LE DIMANCHE!

        • Marc Salomon dit :

          Et il fait même partie de la seconde promotion de l’Ecole Louis Lumière, en 1929, avec Philippe Agostini (célèbre chef op) et Henri Tiquet (grand cadreur)…

        • Martin-Brady dit :

          à M Salomon: en effet, il est passé par la France fin des années 20, quel parcours!

  20. Michael Rawls dit :

    To Bertrand Tavernier, Another book on Sondheim that you might want to check out is Craig Zadan’s SONDHEIM AND CO. My first edition of ’74 only covers the work through A LITTLE NIGHT MUSIC stopping just a bit short of one of my favorites, SWEENEY TODD. There are lengthy interviews with Sondheim (who inexplicably rates Hammerstein above Hart as lyricist) and such collaborators as Arthur Laurents, Larry Gelbart, Harold Prince, Angela Lansbury… Also in depth examinations of the making of COMPANY and FOLLIES and no end of enjoyable showbiz back-biting, much of it directed at showboating Zero Mostel. Subsequent revised editions appeared in ’86 and ’94. All of these incarnations may be found on amazon and abebooks. The Sondheim TV adaptation of John Collier’s EVENING PRIMROSE, declared lost in the ’74 edition, turned up on DVD in this century. Starring Anthony Perkins, directed by Paul Bogart, featuring the song « I Remember ».

  21. richpryor dit :

    Sur The Searchers de John Ford: est-ce que je suis le seul à trouver le film raciste? Quand Ethan et Martin débarque dans un camp militaire et qu’un soldat leur montre toutes ces femmes blanches capturées par des indiens.. Elles sont toutes complètement folles parce qu’elles sont devenus indiennes et ont vécu des années comme des squaws? Ford semble bien délimiter la frontière entre sauvage et civilisé comme Kipling ou n’importe quel autre « white supremacist ». Peut-être que je me trompe mais c’est une scène que je n’ai jamais compris et le fait par exemple que Ford joue un membre du Klan dans Birth of a Nation me dérange beaucoup. Peut-être que l’un des nombreux admirateurs de Ford sur ce blog pourront m’éclairer (parce que je tiens vraiment pour possible de me tromper vu comme les critiques parlent de The Searchers comme le film humaniste de son auteur)

    • MinettePascal dit :

      A Richpryor :Sur les « Searchers », je pense que le sentiment anti-Indien des pionniers est juste une réalité, et même une réalité qu’on peut comprendre dans les régions où des raids sanglants avaient eu lieu et menaçaient de se reproduire. Il n’est pas difficile d’imaginer à quel point vivre dans une ferme de l’Arizona ou du Nouveau-Mexique pouvait être anxiogène à une certaine époque.
      Toutefois, il y a dans les « Searchers » des scènes où Ford contrebalance ce sentiment ambiant : le massacre de Comanches par l’armée , les enfants et les femmes abattus, la réplique de Ward Bond à Ethan qui tire sur l’Indien mort : »Quel plaisir ça vous procure ? »
      Et puis, finalement, ce n’est pas sur Ford que devrait se poser la question, mais sur nous-mêmes : Oui Ethan est raciste, pire, il est misanthrope, quasi un raciste anti-genre humain , mais comment se fait-il qu’on lui pardonne tout et avant même son geste final pour Debbie ?
      Je crois qu’Ethan est simplement le reflet du côté sombre qu’on a tous, mais ça n’engage que moi…

    • Martin-Brady dit :

      à richpryor: dans NAISSANCE, j’ai toujours entendu que c’était Walsh, mais même… En tant que figurant on n’est pas partie prenante des intentions d’un film.
      Par contre, je vous rejoins sur SEARCHERS qui me semble constamment inabouti malgré plein de grands moments. Ce côté inabouti justement, me paraît lié surtout à la représentation des Indiens Comanches, avec le personnage aussi de Look, l’épouse forcée de Martin, le rire de Wayne se moquant de Martin quand celui-ci vient d’en hériter est vraiment vulgaire et raciste (mais ce n’est pas le rire de Ford? difficile à dire).
      Ce n’est pas invraisemblable que les squaws blanches soient devenues folles, on peut imaginer la santé mentale d’une Indienne raptée et forcée de vivre chez les Blancs (le fait que nous n’ayons pas de témoignage de cela n’est pas probant, ça a pu se produire, prostitution forcée que sais-je…) mais Ford est gêné d’aborder l’image de l’Indien et il le fait mal ici. Dans 2 RODE TOGETHER, il en dit plus plus légèrement dans un film dit-on mineur, que j’adore.
      Je sais pas si SEARCHERS est un film humaniste, mais pour moi il est complètement loupé ou mal assumé malgré le début, la fin, les seconds rôles: la délicieuse Olive Carey, Frank Qualen, Henry Brandon, Hank Worden etc. Par contre, les premiers rôles sont moins bons que dans d’autres films: Jeffrey Hunter constamment énervé (sûrement intimidé par Wayne) et mal à l’aise, Vera Miles trop dans les rails, même le personnage de Ward Bond et sa rivalité comique avec Wayne est à côté de la plaque. Harry Carey Jr est formidable et il a rendu hommage à Wayne (constamment dans la note, parfait), pour la scène de nuit où Wayne lui apprend que sa fiancée est morte. Toutes les scènes avec Wayne sont bonnes et grâce à lui seul, sublime, mais pourquoi ne tue-t’il pas Debbie à la fin comme promis? parce qu’elle n’a pas l’air d’être devenue folle, elle? et qu’elle est bien mignonne dans son costume d’indienne hollywoodien? Ce dénouement est absurde.

      • Martin-Brady dit :

        Rectif: j’exagère, parfois Ford réussit très bien des scènes où des Indiens sont concernés: Wayne tirant sur les yeux des cadavres, ou la confrontation entre Wayne et Brandon dans laquelle ils se défient: aucun paternalisme de la part de Wayne, que de l’agressivité, et ils se respectent en se haïssant! Il y a une scène aussi qui échappe à tout cliché raciste: la 1ère rencontre entre Brandon et Debbie enfant: elle n’est pas effrayée et il ne pose sur elle aucun regard de possession ou mépris, il est juste froid. Brandon est valorisé visuellement: éclairage, allure, costume. On peut imaginer ce qu’il en eût été dans un film vraiment raciste!

      • Bertrand Tavernier dit :

        A MARTIN BRADY
        Pas d’accord et vous trouvez beaucoup de réponses dans l’ouvrage de Glenn Frankel. Je trouve au contraire le film abouti, profond, incroyablement noir et pessimiste. C’est le personnage le plus noir de Wayne depuis LE REVEIL DE LA SORCIÈRE ROUGE. Et TWO RODE TOGETHER a de très bons moments, libres, jubilatoires mais aussi souvent totalement bâclés.

        • Martin-Brady dit :

          à Bertrand Tavernier: en effet, pas d’accord: vous trouvez le dénouement de Ethan épargnant Debbie vraisemblable ou en accord avec le propos du film? Et le fait que Debbie ne paraisse pas changée, perturbée, traumatisée comme les autres captives: ça ne tient pas debout dans un film qui s’annonce quand même réaliste! Et le jeu énervé de Jeffrey Hunter, je l’ai vu meilleur ailleurs. En effet, 2 RODE était très inégal mais la scène du lynch dans laquelle le héros échoue à calmer la foule est inoubliable, et bien sûr, la discussion au bord de la rivière…

        • jean-charles freycon dit :

          À MB : N’oubliez pas que Debbie a été enlevée toute petite fille. On s’adapte mieux, à cet âge tendre…

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: ça c’est vrai, ah là là, faudrait pas que ça grandisse… c’est si mignon, petit.
          Pardon je m’égare…

          Qu’elle se soit très bien adaptée répond à la question « Et pourquoi Debbie n’est-elle absolument pas traumatisée ou changée malgré 10 ans chez les Comanches? » Par contre, ça provoque la question « Et pourquoi accepte-t’elle de retourner dans sa famille? ». Et ne me répondez pas « Oui mais adolescentes, les jeunes filles ressentent le besoin d’un retour aux origines, hein?!
          Si vous attrapez votre McBride, grâce à l’index extrêmement précis, vous verrez que celui-ci me donne raison sur l’invraisemblance du désir de Debbie à retourner chez les siens MAIS (le traître) me donne tort quant au revirement de Ethan à finalement épargner sa vie: selon lui, c’est vraisemblable, du coup, ça vous donne raison à Bertrand et à vous.
          J’ai repris tout ce passage (bigre, ça va faire long…):
          « Le point faible le plus évident de THE SEARCHERS est l’improbable changement d’attitude de Debbie au moment où Martin (…) vient la libérer dans le tipi de Scar. Revenant quasi instantanément sur sa détermination précédente de vouloir rester avec « les siens » (les Comanches) [qu’elle lui avait juste avant exprimé en allant brièvement le retrouver dans la nuit], elle crie quand réveillée par Martin mais l’étreint fortement, « Oh, oui, Marty! Oh, oui, Marty! ». Son comportement rappele avec malaise celui de la victime d’un viol qui consentirait à l’acte dans le seul but de se préserver, ceci lié à une perte de dignité empreinte de panique. Que ce deuxième rapt dans la jeunesse de Debbie soit mené par un membre de sa famille le rend encore plus troublant. Le fonds culturel [ou moral?] de Ford lui a interdit de trouver une alternative à cette solution dépourvue de toute motivation consistant en un retour de Debbie à son identité ethnique originale, [c’était ma question plus haut: « pourquoi accepte-t’elle de retourner dans sa famille? ». D’accord avec McBride], bien qu’il laisse des doutes s’installer à propos de son avenir. » [là, je ne vois pas où sont les signes du doute donnés par Ford].
          Mais McBride enlève aussitôt de l’eau à mon moulin: « Par contraste, le changement d’attitude de Ethan épargnant la vie de Debbie apparaît parfaitement crédible. Le conflit chez lui entre impulsions barbares et humaines constitue tout ce qui fait de Ethan un personnage fascinant. Son geste de soulever Debbie pour soudain la porter dans ses bras -alors que les poings de la jeune fille se crispent en défense- apparaît comme presque involontaire de sa part, comme une réaction spontanée face à un souvenir demeuré longtemps enfoui. Il fait écho à la première fois où nous l’avons vu avec Debbie enfant, la soulevant dans ses bras dans l’abri illusoire du foyer Edwards. La rudesse en point d’orgue de cette scène en style documentaire, l’opérateur perdant un instant le point sur les visages comme s’il ne s’attendait pas à ce que Wayne soulève Natalie Wood de ses bras, aide à juger la transformation de Ethan comme convaincante et tout à fait satisfaisante. » [pas d’accord!].

        • jean-charles freycon dit :

          À MB (et à Mc Bride tant que j’y suis) : Pourquoi accepte-t-elle de retourner dans sa famille quand elle avait exprimé plus tôt que sa famille était désormais comanche? Déjà, il faut préciser que sa famille a été presqu’entièrement décimée et que donc elle ne retourne pas dans sa famille, mais dans une autre famille, qui ne sera jamais que sa troisième. Tout simplement : parce qu’elle est partagée, tiraillée, tout à la fois d’ici et de là-bas. Pourquoi n’est-elle pas devenue folle? De part son caractère déjà. Et on ne connaît pas vraiment la nature et la qualité de ses relations avec Scar, qui l’a peut-être très bien traitée, fille adoptive d’un chef comanche ce n’est peut-être pas si mal. Ou alors future épouse? Si on voit dans le film trois filles qui sont devenues complètement folles, ça ne ne veut pas dire que la règle est absolue et que la quatrième suivra le même chemin. Dans The Searchers, c’est du trois contre une. Un détail : Il me semblait que son séjour chez les Comanches avait duré 5 ans, et non pas 10. (Laurie, dans la scène du mariage raté, engueule Martin qui ne lui a envoyé qu’une lettre en 5 ans…) Elle est enlevée à 10 ou 11 ans, en a 15 ou 16 donc quand elle est retrouvée. En pleine adolescence, donc, période de crises s’il en est. Il est vrai aussi qu’elle n’a pas tellement le choix. Elle est de nouveau enlevée, mais cette fois par Martin, sans quoi elle aurait été peut-être bien massacrée par les rangers en furie. Mc Bride trouve crédible le retournement de Wayne quand il la prend dans ses bras. Je trouve également crédible que Debbie, après un instant de terreur, s’abandonne en toute confiance dans ses bras. Ce qui pour moi ne veut pas dire qu’elle redevient la petite Debbie toute blanche du début. Elle n’avait rien oublié de son enfance, quand elle était chez les Comanches, elle le dit. Elle n’oubliera alors rien de son adolescence chez les Comanches. Pour moi, c’est un sacré personnage, un très fort caractère, même si elle n’a pas toujours, c’est le cas de le dire, les clés de son destin en main.

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: ça tient debout en effet.

      • jean-charles freycon dit :

        D’accord avec BT. Je trouve le film très abouti aussi. (S’il y a quelques petits défauts, de mon point de vue, c’est juste peut-être dans le casting côté Indiens, notamment le chef Scar, même s’il n’est pas si mal…) Fin absurde? Je ne trouve pas. C’est le cheminement d’un homme, très manichéen au début, mais il a ses raisons, puis les choses évoluent, pas si brutalement qu’on le croit, pas seulement à la toute fin du film quand Wayne prend dans ses bras Natalie Wood quand il pourrait tout aussi bien la tuer tant sa passion est extrême et ambivalente. Le titre : The Searchers, dit tout. Ils cherchent, mais aussi ils SE cherchent. Autant Ethan Edwards (Wayne) que Martin Pawley (Hunter). Progressivement, alors que Wayne rejetait Hunter comme un « sang mêlé » et donc un « sauvage », un 8ème de sang Cherokee suffisant à le contaminer entièrement, il va en faire un genre de fils adoptif et même son héritier. C’est l’histoire d’une guérison, pour moi. Je ne vois vraiment pas comment ont peut parler de film raciste, car c’est en définitive tout le contraire. La famille « reconstituée » : un vétéran de la guerre de sécession rongé par la haine des Indiens, un jeune homme qui a du sang cherokee, monte même à cru, une jeune fille qui a vécu chez les Comanches et qui donc culturellement est « un peu » comanche… Voilà, l’état des lieux, à la fin. Les choses ne sont plus simplistes comme au début, avec les Indiens d’un côté et les colons de l’autre. Un voyage initiatique, donc. (Il n’y a pas d’âge, pour évoluer.) La fin est très belle, très violente, poignante. Il s’en faut de peu pour que Wayne bascule irrémédiablement dans la noirceur et se perde donc irrémédiablement. Il est sur le fil. Il revient de loin. Voyage au bout de la haine, on pourrait dire. Il lui aura fallu cheminer très longtemps. (Et comme le désert est magnifique, en Blu ray…)

        • Bertrand Tavernier dit :

          A jean charles Freycon
          Frank Nugent avait écrit une phrase quand wayne soulève debbie dans la lumière du soleil sur le fait qu’elle était trop belle popur mourir. Et Ford l’a sucrée au tournage pour rendre moins explicite, plus animal et obscur le geste de Wayne

        • jean-charles freycon dit :

          À Bertrand Tavernier : Une coupe inspirée. J’essaye d’imaginer la fin avec cette réplique heureusement supprimée… Comment Wayne l’aurait-il joué?… Peut-être qu’alors on aurait eu le dénouement absurde dont parlait MB…

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: ça me fait penser, avez-vous un conseil sur un lecteur de BR?

      • MinettePascal dit :

        A Martin-Brady : Je vous trouve courageux de dire que « Searchers » est inabouti quand on pense à toutes les louanges (des thèses, même) dont il a fait l’objet.
        Il donne prise à tant de commentaires, tant d’angles de lectures, tant d’intentions artistiques, tant de force émotionnelle que j’ai du mal à le mettre ailleurs que sur le haut du panier.
        Je l’ai sans doute vu une trentaine de fois et je n’ai pas l’impression de l’avoir épuisé.
        Mais je ne suis pas une référence et je respecte parfaitement votre ressenti.

        • Martin-Brady dit :

          Courageux non, je ne me base que sur mon plaisir durant le film, et un film pas totalement réussi avec tant de moments forts, ça ne m’empêche pas de le revoir de temps en temps en passant sur les moments faibles.
          Et puis zut, Ford est complexe et plein de contradictions, pourquoi ne pas admettre que ses films inaboutis sont plus intéressants que tel ou tel autre réussi formellement en tant qu’objet signé X ou Y… j’adore 2 RODE TOGETHER qui est loin d’être parfait, ou 7 WOMEN qui est bêtement méprisé par pas mal d’esprits forts qui s’arrêtent à des conventions ou des maladresses, et oublient l’essentiel.

        • Nemo dit :

          tout à fait d’accord avec minettepascal, ce film laisse la place à une très grande part d’interprétations. il y a beaucoup de non dits derrière des apparences illogiques voir caricaturales. on n’évite pas la haine et les réactions sanguines qui sont l’apanage de la nature humaine.effectivement le politiquement correct de nos jours « empêcherait » de montrer certains types de réactions et certaines paroles. mais nous savons tous que tout est plus complexe. l’environnement, les circonstances, la culture et les moeurs expliquent aussi beaucoup de choses.

      • Pierre dit :

        John Ford n’était pas un cinéaste réaliste. C’était un cinéaste… fordien. Qui dépeignait des êtres humains tels qu’il voulait les voir (quitte à passer pour naïf ou idéaliste) et en avait certainement rencontré. Un humaniste assez buriné pour rendre ses personnages complexes et pas forcément aimables (comme Fonda dans LE MASSACRE DE FORT APACHE ou… Wayne dans LA PRISONNIERE DU DESERT). C’est vrai qu’il y a deux poids deux mesures entre les femmes enlevées devenues folles et le personnage de Natalie Wood, infiniment moins marqué. N’empêche… chaque fois que je revois le colosse Wayne la soulever comme une plume et marmonner son fameux : « Let’s go home, Debbie », j’ai tous les poils qui se dressent. C’est la magie du cinoche et le génie de Ford.

        • MinettePascal dit :

          On disait la même chose de Corneille : celui qui peint les hommes tels qu’on voudrait qu’ils soient alors que Racine les peint tels qu’ils sont ( ce serait d’ailleurs à discuter).
          J’avoue que j’ai mis pas mal de temps, en grandissant, à comprendre qu’il n’y a pas de héros fordiens dans la vraie vie. A part mon papa, bien sûr…

    • Bertrand Tavernier dit :

      A richpryor
      Je vous en supplie, soyons moins simplistes. Comment voulez que réagissent des femmes qui ont surement du être élevées dans des principes stricts avec le poids d’une religion chrétienne, réagissent quand on les transplente de force dans une autre civilasation, d’autres moeurs. Et d’autre part, Ford montre juste après Moon qui a été exécutée, elle par des soldats. Elle n’a pas eu la chance de devenir folle. D’autre part le personnage de Wayne, raciste, haineux va avoir un éclair d’humanité et va être comme évacué du film et de l’Histoire. Lisons la mise en scène. Le fait que Ford ait figuré (ce qui est peut être une légende qu’il propageait) dans NAISSANCE D’UNE NATION,ne veut pas dire qu’il a joué le mopindre rôle dans l’idéologie du film que le même Griffith remettra partiellement en question dans son Lincoln. Walsh a joué John Wilkes Booth, participation autrement plus importante, cela en fait il un adversaire haineux de l’abolitionisme. Ford veut s’opposer au lynchage dès JUDGE PRIEST et cela à une époque ou le Président américain le plus progressiste refuse de déclarer que le lynchage est un crime. Je suis heurté aussi quand lis des phrases aussi simplificatrices et fausse que ce que vous dites de Kipling écrivain aux multiples facettes, qui a su comprendre en progfondeur l’âme de l’Inde comme le montrent certaines nouvelles, des reportages, de nombreux passages du sublime KIM, des épisodes du LIVRE DE LA JUNGLE : les villageois qu’un barrage force à quitter leur village. Kipling a dénoncé le racisme dans certaines nouvelles sur la guerre des Boers. Il a été nationaliste, guerrier, anti militariste, chantre des « public servants  » et pas des tete d’oeufs qui dirigent la colonisation. Il est le chantre des fantassins. ce qu’a montré Borgès (qui lait sa langue sublime). Robert Escarpit a montré que le Fardeau de l’Homme était joujours compris à l’envers comme un droit alors qu’il s’agit d’un devoir des civilisations riches envers celles qui sont plus pauvres. Kipling, c’est aussi quelqu’un qui a dénoncé dans ses dernières nouvelles le fanatisme religieux, l’antisemitisme (dans PUCK LUTIN DE LA COLLINE)

      • richpryor dit :

        Comprenez moi bien: je ne dis pas que Ford n’est pas un grand metteur en scène et Kipling un grand écrivain, loin de là. Comme vous j’essaie de replacer une oeuvre et un artiste dans leur contexte bien particulier. Beaucoup de poèmes de Kipling font partie de mes préférés et même si Ford n’est pas mon cinéaste favori j’aime My Darling Clementine, She Wore A Yellow Ribbon. Ce qui m’inquiète dans cette scène de The Searchers, je me suis mal exprimé, c’est que le comportement de ces femmes est plus proche du sauvage que de la folie humaine (quels indications a donné Ford a ses actrices j’aimerais le savoir). Je ne reproche pas à Ford de ne pas avoir été Delmer Daves mais faire autant de films avec autant d’indiens jusqu’aux années 60 et les traiter dans 99 pour 100 des cas comme des bêtes sanguinaires pose forcément problème. Et puis inverser les choses en prenant les pionniers comme victimes (et il y en a eu bien sûr) sans jamais faire allusion à un génocide évident… Pour le fardeau de l’homme blanc chacun son interprétation et elles sont diverses mais la mienne n’est pas la votre et pour moi le poème correspond au dessin de Victor Gillam. Pour Ford comme pour Kipling je peux les aimer mais quand ils s’éloignent du sujet des ethnies ou civilisations qui leurs sont au fond inconnus et qu’ils regardent de haut (Kipling connaissait l’Inde bien sûr mais en tant que province de l’empire ce qui en fait tout autre chose). Quand à tous les acteurs de Birth of a Nation (et même les quelques Noirs que l’ont aperçoit) il est difficile de les excuser d’avoir joué dans une adaptation de The Klansman, ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas (Walsh, Ford ou autre).
        Je sais que les choses sont toujours plus complexes que ce que j’ai pu dire mais le piège est de se laisser aveugler par l’admiration que l’on porte à un artiste, l’autre piège étant de se laisser aveugler par son intransigeance humaniste. J’ai relu Heart of Darkness de Conrad plusieurs fois en espérant y trouver des excuses justement parce que j’aime ce roman comme peu d’autres mais en lisant Chinua Achebe j’ai compris que je faisais fausse route. Il faut prendre le bon (voir le génial) avec le mauvais.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A richpryor
          Et Cochise dans Fort Apache, il est traité comme un sauvage. Oui, Fonda le traite ainsi. Ne pas oublier aussi comme le rappelle Frankel que Ford aida plusieurs fois les navajops, faisant jouer ses relations pour leur faire envoyer des vivres par avion militaire lors d’une inondation et après une terrible sécheresse. Il détestait les gens qui s’apitoient sur les Indiens et ne lèvent pas le petit doigt quand ils rencontrent de vrais problèmes.

        • John Mohune dit :

          Pour prendre la défense de John Ford, n’oublions pas le sergent noir, en 1960, ou il donne un rôle d’importance à Woody Strode ( qu’il fera jouer aussi dans les deux cavaliers, l’homme qui tua liberty valance et frontière chinoise).
          Peu de cinéastes osaient employer des noirs, Robert Wise l’a fait avec Harry Belafonte dans le coup de l’escalier, Otto Preminger avec Carmen Jones, Preston Sturges et les voyages de Sullivan en 1941….
          Il a pris la défense de Mankiewicz ( qui réalise la porte s’ouvre en 1950 avec Sidney Poitier) lors de la réunion organisée par Cecil B. DeMille à la screen directors guild, lors du maccarthysme.
          Il était le réalisateur le plus puissant d’hollywood, si il avait été du côté de De Mille, beaucoup l’auraient suivit.
          DeMille a été sifflé lors de cette réunion pour son antisémitisme.
          Ce qui ne l’empêche pas d’avoir réalisé le roi des rois et deux versions des dix commandements (Il faut revoir les dix commandements , dans un transfert HD flamboyant. Lorsque Charlon Heston revient du mont Sinai avec les deux tablettes magiques, un air illuminé et un superbe brushing grisonnant crée par la grâce de Dieu …c’est magnifiquement ridicule. )
          Le racisme était quand même monnaie courante chez les personnes nées au début du vingtième siècle.
          D’après Bertrand Tavernier, Howard Hawks compare des singes à des militants des black panthers ! Pourtant ses films paraissent humanistes et progressistes…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A richpryor
          Les gens qui vivaient en 1868 au Texas ne pensaient pas en terme de génocide. Certaines personnes, des religieux, des avocats avaient défendus les Indiens et avaient parlé de massacre dans le Dakota, au Woming, dans le Colorado. A des milliers de Kilometres, à l’époque où la presse n’existait pas de manière nationale. Combien de temps a-t-il fallu pour in tégrer dans la vie quotidienne le terme de génocide après 1942. Personne dans le resistance ne l’emploie…Cessez de penser comme si les notions qui se sont imposées cent ans après étaient ressenties de la même manière par les gens qui les vivaient. Les personnages de Ford et c’est ce qui fait leur justesse, ne comprennent que 20% de ce qui arrive autour d’eux. Et encore certains ont fait des études. Quand on se penche sur griffith, on s’aperçoit que la plupart du temps, personne ne connaissait le scénario. Parfois Lilian Gish dans certains films. Les metteurs en scène du muet étaient des tzars, des autocrates. Ils règnaient sur le plateau et Walsh m’a dit qu’on lui disait ce qu’il devait faire au jour le jour. Il n’y à ni à excuser ni à condamner des gens qui ne pèsent en rien sur le sens d’une oeuvre. Aucun figurant sur mon film n’est responsabler de ce qui est dit et c’était cent fois plus affirmé au temps du muet. Quand vous pênsez que quelqu’un comme Brooks interdisait à quiconque, même au chef op, de lire le scènenario des Professionnels…Walsh jouait dans un film de quelqu’un qui avait juste inventé le cinéma et penser qu’un acteur doit être d’accord ou non avec le personnage qu’il joue me parait ingénu. Oui Mandelbaum dans le Monde pensait qu’un film de Dupeyron était pétainiste parce que 1°il parlait des paysans et 2° Dufilho qui jouait dedans avait joué Petain. Ce qui fait des Sentiers de la Gloire une apologie du maccarthysme puisqu’on y voit Adolphe Menjou.
          Kipling connaissait profondément l’Inde et ses coutumes et de grands écrivains indiens lui ont rendu hommage à la justesse de sa perception

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: très belle intervention. C’est marrant, il n’y a que Ford qui nous agite réellement sur ce blog.
          Je ne vais pas bateler avec Bertrand Tavernier et vous-même sur les faiblesses du film qui me paraissent évidentes et pas à vous. D’ailleurs, un film mal abouti et imparfait peut rester un film fort! Surtout cehz Ford, on aurait jamais la même discussion avec un Hawks: dans les films de HH, soit c’est réussi soit ça l’est pas, terminé!
          Mais vous ne me convaincrez jamais ni l’un ni l’autre que les retrouvailles avec Debbie soient tout à fait honnêtes et indiscutables: pourquoi ne la tue-t’il pas? Parce qu’il a changé? Mais quand est-ce que c’est signalé antérieurement, je ne dis pas pointé au trait gras mais au moins suggéré. Et pourquoi Debbie n’est-elle absolument pas traumatisée ou changée malgré 10 ans chez les Comanches? Et pourquoi accepte-t’elle de retourner dans sa famille? Une bonne fin aurait été son désir de rester avec sa nouvelle famille.
          Sur le casting, on est toujours pas d’accord, Henry Brandon est parfait, par contre! Si vous lisez le McBride, il y a une anecdote intéressante sur les rapports de Brandon et JF, Brandon ne se laissait pas marcher sur les pieds vous verrez… Et je le trouve parfait en Scar, personnage cruel ou brutal mais qui a ses raisons et je n’ai jamais vu un Indien de western associer comme lui ces deux « qualités » à une vraie dignité, ce regard de Ford sur les Indiens est adulte, oui.

        • richpryor dit :

          Je ne suis pas d’accord. Pour Birth of a Nation le scénario avait beau ne pas être connu dans sa totalité par les acteurs et figurants (probablement) on adaptait là une oeuvre elle bien connue qui vantait la ségrégation raciale que Dixon voulait voir maintenue dans le Nord. En gros un tract pour une idéologie bien précise et je pense que même à l’époque on savait au moins deux ou trois choses sur un plateau non? Aucun figurant sur vos films n’est responsable de ce qui est dit parce que vos opinions ne font pas l’apologie de crimes envers l’humanité (je sais encore une notion récente). Qu’en est-il des figurants des films de Reifenstahl? Je ne dis pas que le fait d’avoir participé à la fabrication du Triomphe de la Volonté ou de Birth of a Nation rends quelqu’un coupable de quoi que ce soit juste que ces personnes ont, à un moment donné, acceptées les préceptes d’une certaine idéologie criminelle de façon consciente ou simplement en refusant de la rejeter (je penses bien que au moins quelques personnes, même dans l’Amérique de 1915, ont eu la bonne idée de refuser d’apparaitre dans une adaptation de « The Clansman: an Historical Romance of the Ku Kux Klan » et ont dit à Griffith d’aller se faire voir). Walsh n’avait pas besoin d’être d’accord avec son personnage mais il avait besoin d’être d’accord avec le film pour tourner dedans. Et il savait que Griffith admirait The Clansman et allait lui faire honneur dans son adaptation.
          Ce que je reproche à Ford ce ne sont pas ses personnages blancs qui sont très juste mais ces personnages indiens, noirs, mexicains. Et je dis Ford mais je pourrais dire presque n’importe quel autre metteur en scène hollywoodien de l’époque et il y a bien pire que lui. Mais à ceux là on peut opposer par exemple Tourneur qui en 1943 fait I Walked with a Zombie (Tourneur the « nigger lover ») ou Daves qui en 1956 fait The Last Wagon.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Richpryor
          Ne mélangeons rien et ne faisons pas de comparaison oiseuse. L’amérique de Wilson n’est pas l’Allemagne nazie et one ne sait même pas si Ford a vraiment joué dans Birth Of a Nation. En tout cas un grand nombre de ses films ne recoupent pas la même idéologie même s’ils ont des position parfois tributaires de leur époque qu’on peut juger discutables. Pour des gens comme walsh la question ne se posaient pas de la même façon. Ils tournaient dans le film parce qu’ils apprenaient leur métier. C’est APRÈS ce film qu’on a commencé à parler de l’idéologie que pouvait véhiculer une oeuvre, par ailleurs soutenue par Wilson qui par ailleurs cree la SDN pour maintenir la Paix et mettre la guerre hors la loi. Walsh en tout cas ne se sentait pas prisonnier de l’oeuvre de Griffith. Jouer dedans ne voulait pas dire qu’il l’épousait. Et 1943 et 1956 ce n’est pas 1914…Il y a juste deux guerres entre ces dates. Et Cochise cela n’est pas rien en 48, avant Daves (mais il y a des westerns muets qui rendent justice aux Indiens) Et le vieux chef Indien qui parle à Wayne. Et tout autant que Tourneur on doit rendre hommage à Val lewton pour le traitement des noirs dans toutes ses productions comme dans des petites série B comme Tell no tale écrit par Edward Chodoroc scénariste black listé.
          L’un des premiers noirs qui a un poste officiel important se trouve dans NONE SHALL ESCAPE de de Toth ou il figure parmi les juges de la cour internationales. Quant aux mexicains maltraités par Ford ???

        • richpryor dit :

          Mea culpa pour les mexicains, c’était une belle erreur de ma part. Quand à Tourneur et Daves je voulais les opposer à Ford et autres et non à Griffith bien sur.
          Il est vrai aussi que je passe à côté de Fort Apache de façon un peu injuste mais avouons que c’est une exception pour Ford.
          Quand à ma comparaison entre Birth et Le Triomphe avouez que malgré les contextes très différents ces deux films ont beaucoup de points communs: chacun fait l’apologie et la propagande d’une idéologie haineuse et chacun est considéré comme un classique dans l’histoire du cinéma pour des raisons de technique (en tous cas je vais bien moins loin que quelqu’un comme David Thomson qui malgré toutes ses qualités a la fâcheuse coutume de comparer à peu près tous les cinéastes virtuoses qu’il ne comprends pas, dont un grand artiste comme De Palma, à Reifenstahl). Ce qui m’énerve en fait ce n’est pas que de tels films soit mis sur un piédestal mais que beaucoup de critiques et historiens du cinéma puisse les considérer de façon détachée en dissociant le fond de la forme (c’est moins vrai pour Le triomphe). Avant de voir Birth j’avais beaucoup lu sur le film et j’avais presque cru comprendre que les trucs racistes étaient une back story négligeable. En le voyant j’avais juste envie d’arrêter le massacre et de relire J’irai cracher sur vos tombes.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Richpryor
          Je suis d’accord avec vous sur ce point BIRTH est un film detestable ideologiquement et j’ai du mal à oublier cela quand je le vois. Mais griffith a du le sentir car INTOLERANCE répond en partie et plaide pour un humanisme qui épargne les gens différents de vous et on m’a dit que les deux bobines retrouvées de son Lincoln paignaient la traite des noirs avec beaucoup de force. Beaucoup de cinéastes et scénaristes de gauche essayerent de modifier cette approche. Chez Rossen/Polonsky, Mankiewicz vous avez des personnages de noirs qui sortent des clichés. Et en France John Berry tourne le soustimé TAMANGO premier personnage de noir revolutionnaire

        • jean-charles freycon dit :

          À MB : C’est vrai, Scar est très bien. (Après avoir revu le film cet après-midi.) Donc je n’ai plus aucune réserve. La mémoire rafraichie, je vous avais aussi un peu causé du désert, de la bible, Moïse, Aaron, Ethan et Déborah, et de la haine, et de quand Wayne, à la fin, tellement soulagé, comme sortant du dentiste après une rage de dents, l’abcès purgé, s’en va, seul, de dos, en direction du désert, tandis que la porte se referme. Mais mon (long) commentaire s’est volatisé quand j’ai cliqué sur « envoyer ». (Décidément…) Pas eu le courage de le retranscrire. Pas si grave. Mais vous avez raison : Ford nous réveille drôlement. Preuve qu’il est bien vivant.

        • MinettePascal dit :

          A Martin-Brady : Vous demandez pourquoi Wayne ne tue pas Debbie à la fin. Ce pourrait être parce qu’il revoit en elle la femme qu’il a aimée autrefois, Martha, la mère de la petite. Et n’y a-t-il pas une chance pour que Debbie soit carrément sa fille ? Il peut aussi simplement se souvenir de la petite fille qui lui faisait du charme pour avoir un bijou au début du film ?
          Ce sentiment qui relie Ethan et Martha est une touche d’une subtilité incroyable dans le film. Le regard apparemment détaché de Ward Bond qui s’en rend compte est un pur bijou. C’est une sous-histoire qui explique l’acharnement d’Ethan à retrouver les enfants et aussi ce geste final, à mon avis.

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: je trouve que vous êtes un excellent exégète fordien, et je ne plaisante pas, que vous soyez d’accord ou pas avec ma pomme! Je regrette la réaction de la machine du blog!
          Vous illustrez très bien ce que Ford évoque, plus que ce qu’il montre clairement, or, ce qu’il évoque (et qui échappe aux imbéciles) fout en l’air toutes les critiques haineuses sur les détails de ce qu’il montre clairement, qui seraient racistes ou autre.
          à Bertrand Tavernier: ne sousestimons pas 2 RODE TOGETHER malgré ses moments bâclés, ce qui est réussi dedans n’est pas du tout seulement constitué des moments relax comme la pause-cigare au bord de la rivière, voyons comment Stewart rivalise avec Wayne dans son boulot de comédien au niveau des rapports avec les Indiens: pas une once de paternalisme, mais une dureté faite de souci pour la réalité de leur vie, un pragmatisme sans illusion. Je trouve que sur ce plan, Stewart a été au moins aussi bon que Wayne, il est formidable, mais le personnage est bien sûr moins fouillé, c’est juste sur ce plan du regard sur les Indiens, et c’est la même noirceur dûe à leur passé mystérieux (aucun flash-back pour l’éclairer, bien sûr!), que Stewart exprime avec un humour cynique. Les deux personnages restent différents mais McCabe est comme une variation sur Ethan.
          Et 2 RODE contient la seule scène de lynch dans laquelle le jeune héros blond ECHOUE à calmer la foule déchaînée: l’Indien sera pendu malgré son intervention. Et c’est Ford le traditionnaliste qui l’a tournée, en 61! Pas un jeune loup de Hollywood oeuvrant au renouveau du western dans les 70!

        • Martin-Brady dit :

          à Minette Pascal: ça tient debout aussi votre approche, je crois que je vais revoir le film, donc.

        • jean-charles freycon dit :

          À Minette Pascal : Ce que vous dites est, je trouve, un peu contredit par le fait que Wayne, au début, quand il prend Debbie dans ses bras, croit que c’est Lucie, l’aînée. (Signe qu’il est quand même très déphasé.) J’imagine mal un adultère sous-jacent. Votre thèse aurait mieux fonctionné s’il s’était agi de l’aînée, qui aurait été conçue avant mariage. Bref. En tout cas, elle a sa préférence, Debbie, dès le début. Le visage tendu de Wayne s’illumine, quand il la voit, comme si déjà elle commençait à le soigner. Il faut dire qu’elle a la grâce et que c’est là sa grande force, genre de petite Pocahontas. La tendresse de Wayne pour la mère. Un peu comme si elle était sa sœur. Il est plus distant avec Aaron. Pourtant, pour des histoires de patronyme, ce serait plutôt Aaron son frère. (Mais ma grand-mère, par exemple, portait jeune fille le même nom (Blanc) que mon grand-père et son futur époux, ce qui était courant dans les campagnes faiblement peuplées. Edwards était-il un nom courant?)

        • Bertrand Tavernier dit :

          a Jean Charles Freyçon
          Il est clair qu’Ethan et Martha se sont aimés. Dans The Searchers énormément de scènes restent ambiguées, non expliquées. Très souvent Ford, on le voit dans le livre de Frankell, coupe le dialogue ou le réécrit sur le plateau (toute l’arrivée au ranch a la fin est entièrement improvisée par Foprd. Le scénario de Nugent s’arrétait avec un plan de Martin et Ethan + Debbie s’approchant du ranch des Jorgensen. Une grande partie du petit dejeuner est aussi improvisé et de nombreuses scènes d’interieur: toute l’histoire de la lampe). Ford coupera tout ce qui est explicatif et retire de la profondeur. Ajoutons que quand on parle de la folie des femmes dans le Ford, (moment qui rejoint totalement le fait divers qui inspîre le film), pour Ford ces femmes sont devenues folles parce que certaines ont été possédées par plusieurs guerriers (ce que le fait divers confirme) MAIS AUSSI parce qu’elles ont connu DEUX DERACINEMENTS, DEUX MOMENTS DE VIOLENCE : le rapt des Indiens ET le massacre des blancs (elles ne sont pas spécialement bien traitées dans le Fort, en fait on sent que les soldats ne savent pas quoi faire. Wayne a tout de suite senti que le très rapide travelling avant sur son visage quand il entend le cri d’une femme et sursaute était un moment capital. Capital et jamais expliqué (« c’est un sacré plan », dit il à Bogdanovich qui peut avoir des tas d’explications »). Réagit il à des horreurs qu’il a commises, à d’autres qu’il a vues, antérieures à l’histoire de Debbie. Wayne pensait aussi que c’était un début de rédemption…..Frankel montre d’ailleurs que le film dit clairement que les hommes de guerre doivent mourir ou disparaitre (Scar et Ethan qui survit parce qu’il quitte le monde de la mort), que ce sont les femmes, Martha, Mme Jorgensen, Laurie et leur allié Martin qui prennent en main le monde. En fait le film s’arrète là ou beaucoup de westers commencent.

        • jean-charles freycon dit :

          À Bertrand Tavernier : Passionnant. À propos du fameux travelling très rapide sur le visage de Wayne, le « sacré plan », Ford utilisait-il fréquemment cette « figure de style »? La dernière fois que je l’ai vu, ce sacré plan, je me suis demandé en quelles autres occasions je l’avais rencontré chez Ford. Je n’ai pu me souvenir que du fameux plan sur Wayne, dans Stagecoach, quand il apparaît enfin.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A jean charles freyçon
          Vous avez raison, c’est très rare et le plan fait un effet boeuf. Je trouve qu’on l’a peu analysé…Quant à Hunter que je trouve remarquable, il dit que Ford a été très sympa avec lui, lui parlant doucement, lui disant des choses très claires alors qu’il était d’une rare injustice avec Wayne

        • jean-charles freycon dit :

          À Bertrand Tavernier : Bien mystérieux, ce sacré plan. Dans Stagecoach, ça marque l’arrivée de Wayne comme figure centrale du cinéma de Ford. Il y est très lumineux. Dans The Searchers, c’est autre chose, de très sombre. On se le prend littéralement dans les deux cas dans la gueule. Je serais bien curieux de savoir si cette figure se retrouve dans d’autres films de Ford, et sur d’autres acteurs que Wayne. Le cas non échéant, ce serait encore plus mystérieux, comme si un canal reliait les deux œuvres. Mais je délire peut-être un peu.

        • MinettePascal dit :

          Que les femmes mènent le monde, c’est quelque chose qui revient chez Ford : le rôle central de la mère de « Qu’elle était verte ma vallée », celle des  » raisins de la colère ». Ce dernier film s’achève d’ailleurs par le père disant à sa femme que c’est grâce à elle que la famille survit. Cette réplique a le don de me bouleverser. Les gens qui ne voient dans Ford qu’un macho devraient revoir quelques passages…

        • MinettePascal dit :

          A JC Freycon : Sur Ethan père de Debbie : oui, mais l’adultère de Martha n’est pas non plus impossible et elle peut très bien n’avoir rien dit à Ethan, qui s’en serait rendu compte tout seul, par exemple en notant que la petite ne ressemble guère à ses deux frère et sœur ?
          Sur la confusion d’Ethan au sujet des prénoms des filles, c’est une intention de clarté étonnante de la part de Ford qui tient à ce que le public ne confonde pas les deux personnages au cours de l’histoire et comprenne, par exemple, tout de suite que c’est l’aînée qui a été entraînée dans le canyon.

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: en ce qui concerne « le fameux plan » le travelling sur le visage de Wayne exceptionnel comme tout mouvement de caméra chez Ford, voici ce qu’en dit à peu près Wayne dans le bouquin de Frankel (traduction scolaire): «  »Un sacré plan », expliqua-t’il à Bogdanovich. « Et chacun peut y mettre son interprétation. Personne n’est forcé de penser ceci ou celà » (« And everybody can put their own thoughts to it. You’re not forced to think one way or the other. »). Et voilà pour ceux qui voient Wayne comme le mec pour qui une chaise est une chaise et rien d’autre! Quant à Ford, cette façon de voir les choses, de refuser de désigner clairement, le rapproche d’un cinéma pas forcément plus récent mais plus progressiste, plus culotté disons.

        • Minette pascal dit :

          Sur Ford et l’art de suggérer, c’est assez incroyable qu’il soit aussi un maître dans celui d’être clair, d’exposer les choses avec pédagogie, en les répétant au besoin.
          Je me disais ça en revoyant STAGECOACH sur Arte.
          Finalement, il y en a un monde dans (et sur) cette diligence ! C’était vraiment une folie d’espérer parler d’autant de personnages à la fois (un échantillon quasi complet de la société).
          Comme Verdi dans ses ensembles.
          Pourtant, chacun est très soigneusement défini, et reconfirmé en permanence.
          Par un comble de virtuosité, toutes les âmes en présence sont intéressantes, voire attachantes.
          Je me demande si Ford fait toujours partie des programmes dans les Ecoles de cinéma ?

      • Nemo dit :

        je suis d’accord avec richpryor sur un point. birth of a nation devrait être un film honni de tous les cinéphiles de tout poil. je sais qu’on va me répliquer qu’une partie des techniques du cinéma est né avec ce film et bien laissons le que pour ce qu’il est qu’un catalogue des premières techniques usitées pour etudiants en cinéma. mais de grâce arrêtons de le citer dans les plus grands films de l’histoire du cinéma.

        • Martin-Brady dit :

          à JCF: bravo! Ford ne fait jamais un mouvement d’appareil sauf à suivre qqch en mouvement et là, il le fait!
          Par ailleurs, dans la « liste des qualités » du film il faut quand même ajouter la musique de Max Steiner, refrain absolument sublime, ce qui me tue c’est que je me souvenais pas du nom et qu’en allant vérifier j’ai été scié de voir que c’était le compositeur que j’associe plutôt à de la musique guerrière symphonique, comme quoi, rien à voir avec sa musique pour OBJECTIVE BURMA!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brady
          Ford en coupa plus de la moitié, ajouta des airs folkloriques et demanda à Stan Jones d’écrire une chanson, unthème qui représente la quete. Et Steiner ensuite ré orchestre subtilement cette chanson. Ford detestait les énormes formations hollywoodiennes : « il y a deux types seuls dans un canyon…Je ne vois pas où mettre les 200 musiciens qui jouent »

        • jean-charles freycon dit :

          À Nemo : Vous êtes en train de vous pisser sur les chaussures…

        • Martin-Brady dit :

          à Nemo: merci de fournir les instructions à suivre par tous, heureusement qu’il y a un guide moral et politique sur ce blog!
          Et arrêtez de vous exciter contre un film datant d’il y a un siècle, on a assez à faire avec ceux tournés de nos jours pour fourbir notre conscience politique! Amicalement.

        • Martin-Brady dit :

          à Bertrand Tavernier: merci pour les précisions sur la musique, j’oublie que JF intervenait sur tout, j’ai tendance à aller vite, j’aurais pu fouiller un peu plus. Je sais que Stan Jones a connu Ford en osant contester qu’il y avait de l’eau dans les « cactus-barils » dont Wayne devait couper une tranche pour donner à boire au bébé dans FILS DU DESERT!
          Jones était garde-forestier dans la Vallée de la Mort où le film se tournait. Du coup, Ford l’a employé pour la musique (chansons uniquement) à partir de CONVOI DES BRAVES (source « La Compagnie des Héros » de Harry Carey Jr, éd des Riaux). C’est Jones qui a composé le fameux « Riders in the sky » repris par Burl Ives, Bing Crosby et même Dick Dale le guitar-surfer sous le titre de « Ghostriders in… »(excellente version!).

        • MinettePascal dit :

          Sur la musique des « Seachers », Martin-Brady a drôlement raison de souligner sa qualité, même si, pour ma part, je trouve excessifs les accents wagnériens de la scène post-funérailles où Mme Jorgensen met Ethan en garde contre les risques de l’expédition. Pour le reste, c’est un délice.
          Et puis j’adore comme Ford se sert de la musique pour toujours nous rappeler la présence des Comanches sans qu’on ait besoin de les voir. Quelques touches de tambourins ou de cymbales, une petite mélodie à la flûte font qu’on ne peut jamais oublier qu’ils sont quelque part par là et menacent les personnages. Ford fait la même chose au visuel grâce à des riens comme ce tapis de selle indien posé sur un tréteau devant la maison des Edwards sur la première image du film. Les Comanches s’instalent dans notre esprit avant même qu’il en soit question. Bon, je brise là avant de devenir insupportable d’ennui. Et bonnes vacances à Mr Tavernier. Ride away…ride away…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Minette Pascal
          Je crois que Ford a jeté une bonne partie de ce qu’avait composé Steiner qui en a été marri

      • jean-charles freycon dit :

        À Minette Pascal : Oui, vous avez raison. Mon commentaire, et vous l’aviez compris, concernait avant tout votre questionnement (et non votre affirmation) : Et si Debbie était sa fille? Et d’ailleurs, je me dis maintenant : pourquoi pas? Guerre de sécession (1861-1865) + 3 ans d’errance jusqu’en 1868 + 9 mois = grosso modo l’âge de Debbie. Ce qui pourrait aussi expliquer la confusion Debbie/Lucie… Même si je n’y crois pas vraiment. J’ai toujours ressenti le rapport Ethan/Martha comme un rapport frère/sœur (j’ai ce même genre de rapports avec ma sœur) plutôt qu’anciens amants. Leurs marques d’affection ne sont pas cachées. Quand il l’embrasse, sur le front, avant de s’en aller avec les rangers… Plutôt un amour très ancien alors, je me dis et Martha aurait choisi l’un des deux frères pour telle ou telle raison, Aaron à défaut d’Ethan, Ethan le guerrier qui ne tient pas en place, quand Aaron c’est la sécurité… Bref, on spécule… Une chose est sûre, ma prochaine vision sera nourrie de cette discussion.

        • MinettePascal dit :

          Les « Seachers » est un film qu’on a toujours envie de revoir. Comme vous le dites avec votre sœur, on reconnaît forcément quelque chose de sa propre famille dans cette galerie incroyable de personnages. Peut-être se reconnaît-on soi-même dans l’un ou dans l’autre ?
          Pour moi, les subtilités de ce film, tant dans le savoir-faire narratif que dans la profondeur du propos séparent définitivement Ford des autres réalisateurs de westerns, tout comme « My Darling Clementine » ou « Lberty Valance ».

        • Nemo dit :

          @ JCF ah non ce n’est pas moi qui en ait parlé le premier.

          @ à Martin Brady, moi guide moral ? mais qui a commencé à parler de l’intégrité moral de Ford sur ce blog. il y a prescription depuis pourtant.

        • jean-charles freycon dit :

          À Minette Pascal : Bien d’accord avec vous. Et j’élargis même ce que vous dites au cinéma tout entier. J’ai le même genre d’émotions chez Ozu (qui adora Ford à ses débuts) que je place aussi tout en haut. Les vides nous en disent parfois plus que les pleins.

        • Martin-Brady dit :

          à Minette Pascal et JCF: Je suis en train de faire la synthèse des commentaires sur Ford et de tous les relire (sans doute grâce à Tarantino qui a réveillé mon intérêt…) et ça m’apparaît évident maintenant, que Ethan serait le père de Debbie: le choc de voir sa propre fille raptée par les Indiens, le fait de devoir refouler ça puisque ce serait un adultère, sa peur des Indiens et sa haine, tout ça justifie mieux son obstination à vouloir la retrouver et la tuer -on peut préciser sans souligner d’un trait gras: avant sa puberté- et finalement son revirement quant à l’épargner quand il la tient enfin dans ses bras. Tous les pères déçus et aigris par leur fille qui a mal tourné (quoique la pauvre Debbie, mal tourné… c’est pas vraiment de sa faute…) craquent à la fin en la retrouvant (Henri Poupon dans ANGELE!…). Ce revirement qui me gênait, ne me gêne plus avec l’idée de Ethan papa de Debbie. Ceci dit, Ford aurait pu donner plus de pistes là-dessus, la légèreté, la suggestion c’est bien mais peut-être aussi que c’était une simple intuition de Ford? Est-ce qu’il y a plus de précisions dans le roman que j’ai toujours pas lu?

        • Martin-Brady dit :

          Il y a un bout de réponse sur le peu d’éclairage de JF sur la paternité de Ethan avec ce que dit B Tavernier: « Ford coupera tout ce qui est explicatif et retire de la profondeur. « . Mais couper ce qui est explicatif pourquoi? Pour des raisons de durée du film?
          En tout cas, sur Ethan papa de Debbie, vous aviez raison, Minette… Bonne piste!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brady
          Pas pour des raisons de longueur. Par souci de ne pas expliquer par le dialogue

        • MinettePascal dit :

          A Martin-Brady : sur Debbie fille d’Ethan, je crois qu’il faut que ça ne reste qu’une hypothèse plausible, et pour cette raison que vous citez justement que Ford ne l’a pas dit clairement. Après tout, Ethan peut simplement agir parce qu’il revoit en elle la femme qu’il a aimée jadis, sentiment renforcé par le numéro de séduction que lui sert la petite à son arrivée dans la maison ? Son désir de la tuer serait de la pure jalousie : Debbie femme de Scar, ce serait Martha couchant avec un autre. Et tiens, si Ethan tuait Scar pour exprimer qu’il a voulu tuer Aaron par jalousie ? Scar et Aaron ont des ressemblances : tous deux sont des chefs de famille et meurent attaqués chez eux par une horde d’ennemis se glissant sans bruit dans la nuit. Mais c’est peut-être aller un peu loin ?

        • Martin-Brady dit :

          à Minette Pascal: on ne va jamais trop loin avec Ford! Pourquoi? Parce que (cf BT juste au-dessus) il ne veut pas que ce soit trop explicatif, que plein de choses ne soient pas éclaircies ou exprimées par le dialogue mais par le spectateur dans son for (Apache… pardon je le ferai plus) intérieur! Je savais que c’était pas un souci de durée. Il y a des interprétations contradictoires des dernières paroles de York sur Thursday à la fin de FA parce que JF refuse de donner des signaux (une phrase de commentaire en plus de tel ou tel personnage, un gros plan révélateur en plus, que sais-je…) pour avancer son opinion à lui, qu’on ne connaîtra que par ses interviews et encore… si le vieux bougre veut bien dire ce qu’il pense et pas ce que son intervieweur veut entendre… (ce qui ne rend pas ses propos moins intéressants, d’ailleurs!).
          L’année prochaine, paraîtra chez Yellow Now un livre collectif sur JF qui accompagnera la rétrospective de la Cinémathèque française de août 2014, on devrait proposer nos services!

  22. Martin-Brady dit :

    merci pour toute cette lecture. Le Peckinpah de Simmons découvert grâce à M Rawls est passionnant, finalement presque moins pour le cinéaste que pour le fonctionnement de Hollywood. Je continue à ne pas adhérer à l’admiration pour WILD BUNCH (comme beaucoup d’autres, d’ailleurs), quand en revoyant PAT GARRETT, je suis de plus en plus convaincu que c’est un film sublime (avec GARCIA aussi), film qui m’avait laissé froid dans sa version pourtant revue de 88 au studio Action. Simmons est l’un des quatre commentateurs peckinpahiens des éditions de 88 et 2005 en double disque de PAT GARRETT et d’autres films de SP.

    • Sullivan dit :

      GARCIA se redécouvre en Blu Ray avec beaucoup de plaisir. C’est chez Filmedia, ex-Opening. Pour info, l’éditeur sort enfin THE ROOTS OF HEAVEN le 15 octobre prochain (en BRD et DVD)

      • Martin-Brady dit :

        à Sullivan: vivement le lecteur BR! Isela Vega est bouleversante, de quoi foutre en l’air l’idée d’un SP macho, même si c’est de sa faute à lui, si cette idée a pris corps…

        • Sullivan dit :

          Je ne peux qu’être d’accord avec vous.
          Quand j’ai revu le film il y a peu de temps, j’ai réalisé à quel point la musique de Jerry Fielding était importante. Elle soutient, voire induit ce rythme de balade (et de ballade) tout-au-long du récit.

    • Rouxel dit :

      Dans la meme veine scénaristique et de mise en scène que Peckinpah,je signale une resortie percutante,violente et sans concessions humaine.Il s’agit peut etre du meilleur role de Walter Mathau trop habitué aux comédies légères mais qui tourna aussi dans des westerns ou des thrillers. »Tuez Charley Warrick »de Don Siegel est une pure merveille dans la construction de l’histoire et le climat malsain et desespéré des personnages qui sont d’un pessimisme affligeant.Tarantino cite souvent ce film qui l’a marqué visuellement puis rajoute qu’il a inclus une phrase que prononce le tueur incarnée par Joe don Baker dans son film »Reservoir dogs ».

      • Pierre dit :

        Vous me donnez très envie de revoir TUEZ CHARLEY WARRICK ! Grand souvenir d’un formidable Matthau. Un acteur qui n’a pas été toujours bien servi comme son talent le méritait. Il y a chez lui ce détonnant et inquiétant mélange de malice et de méchanceté qu’on trouve aussi chez Richard Boone, Gene Hackman (ou chez Philippe Noiret). Il faut absolument le revoir dans l’exceptionnel POINT LIMITE de Lumet où il campe un expert d’un cynisme ahurissant, un des personnages les plus détestables jamais vus à l’écran. Il a aussi une séquence inoubliable avec une pin-up de salon qui tente de le draguer dans sa bagnole. Quand on voit le film, on ne peut plus imaginer un autre acteur dans son costume (même si Hank Azaria est très bien dans le superbe remake tourné pour la télévision câblée par Stephen Frears en 2000).
        Pour les curieux, Matthau a tenu le rôle principal dans son unique passage à la réalisation : GANGSTER STORY (1960). Un petit polar fauché, bourré de défauts mais plutôt original.

        • Rouxel dit :

          Effectivement Walter Mathau est épatant tout le long du film,il machouille du chewing-gum et ça lui donne un coté détaché de l’action du personnages et des multiples rebondissements de cette oeuvre atypique.

        • Martin-Brady dit :

          reste gravé dans ma maoire la façon dont il s’introduit dans la bouche la tablette de chewinggum à la fin en regardant brûler l’avion depuis sa voiture! Les détails qu’on va retenir!…

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