Chronique n°16

5 novembre 2007 par - DVD

Sans SoleilQue ceux qui n’ont jamais vu Sans soleil (1982) de Chris Marker sachent qu’ils vont éprouver un immense bonheur. Bonheur répété car ils vont certainement, comme moi, le revoir plusieurs fois. Pour se délecter de ce feu d’artifice, ce passionnant kaléidoscope inspiré par les lettres de Sandor Krasna (je ne sais si je préfère la voix française de Florence Delay ou celle, anglaise, d’Alexandra Stewart) où se télescopent le Japon et l’Afrique, les girafes qu’on tue et les émeus d’Ile de France. Les digressions succèdent aux collages, les parenthèses aux coqs au chat (on comprendra pourquoi je cite cet animal plutôt que l’âne du dicton), aux réflexions sur le souvenir ou plutôt la fonction du souvenir. Marker oppose le souvenir personnel à la mémoire collective, celle qui forge la version officielle de l’Histoire. Il utilise des images de synthèse pour évoquer ce qui n’est pas, ne sera jamais montré par cette mémoire officielle, l’inmontrable : les déclassés dans les rues de Tokyo, les pilotes Kamikaze qui s’opposaient à l’Empereur. Chemin faisant, il recense ces « moments qui font battre le cœur » qu’avait recensé Sei Shonagon, fait un pèlerinage sur les lieux où fut tourné Vertigo, film sur le souvenir ou sa manipulation, sur le temps. Il parle bien mieux des jeux vidéos que Roland Barthe, évoque les luttes contre la colonisation, prend un certain recul tout en s’associant à ceux qui, « comme Che Guevara, tremblent d’indignation chaque fois qu’une injustice est commise ». Comment oublier ce couple banal qui va se recueillir dans un temple, sous la pluie, pour assurer le repos de l’âme d’un chat disparu ou cet homme qui se suicida par ce qu’on avait prononcé le mot printemps. À noter que la phrase en exergue de la version sortie en France, « l’éloignement de pays répare en quelque sorte la trop grande proximité des temps » et qui est de Jean Racine, est remplacée aux USA par une citation magnifique de TS Eliot tirée de Ash Wednesday : « Because I know that time is always time/ And place is always and only place/ And what is actual is actual only for one time/ And only for one place ».
Les amateurs compareront la version Criterion et celle sortie en France. Toutes les deux comprennent un autre titre majeur de Marker, La jetée (1962). En attendant le Joli mai (1962), film essentiel, on peut acheter Le tombeau d’Alexandre (1992).
Et aussi Paris nous appartient (1961) le premier film de Jacques Rivette, que j’avais beaucoup défendu.

Le tombeau d'Alexandre Paris nous appartient

La transition de Marker au cinéma asiatique sera très facile. J’avais très envie de louer deux films. Tout d’abord The host (2006) de Joon-ho Bong à qui l’on doit l’extraordinaire Memories of murder (2003 – que ceux qui ne l’ont pas vu se ruent sur le dvd, que les exploitants le reprogramment) et qui est, en apparence, un film de monstre dans la tradition des Godzillas. Une énorme bestiole aquatique surgit du fleuve et va causer des ravages. Sa naissance est provoquée par un savant américain, omniscient, cassant, dogmatique qui provoque une catastrophe écologique. Ce personnage, très important dans le contexte politique sud-coréen et que le réalisateur tire vers une sorte de Dr Strangelove, provoqua aux USA des réactions mitigées de la part des amateurs qui trouvèrent ces séquences trop anti-américaines. Mais ce thème satirique va vite faire place à une sarcastique charge contre les médias, contre les organismes officiels qui rivalisent d’incapacité, laquelle est alimentée par un vrai esprit de classe. La famille qui a eu affaire au monstre est très pauvre et du coup personne ne l’écoute, ne la prend au sérieux alors qu’ils détiennent la clé du problème. Ils connaissent très vite la cachette de la bête, mais ne parviennent pas à la communiquer. Cela nous vaut des scènes de comédie très rares dans le genre. Autre originalité, The host devient très vite un film sur la famille, une réflexion sur la cellule familiale, sur la survie de cette cellule. J’adore la petite fille qui cherche désespérément des téléphones portables dans les poches des victimes du monstre.
Dernière originalité, le monstre, très bien animé et fort impressionnant dans ses sauts et cabrioles, apparaît très vite, avec un minimum de justifications narratives ou psychologiques. La scène de panique qu’il suscite est l’une des plus réussies du genre.
Je n’ai vu que le dvd américain qui contient des bonus fort amusants. Avec une politesse très asiatique Joon-Ho Bong s’excuse auprès des acteurs qu’il a dû couper ou dont il a réduit le rôle, demande pardon pour n’avoir pas complètement utilisé certains décors.

The Host Memories of Murder

Peking opera bluesAutre œuvre passionnante, Peking opera blues (1986) de Tsui Hark, n’est pas je crois, distribuée en France. Ce qui est fort dommage car la mise en scène, absolument éblouissante, fourmille de tant d’idées, cocasses ou dramatiques, de tant de plans superbes, qu’il faut sans cesse revenir en arrière pour les assimiler.

Les amateurs de cinéma de genre asiatique qui reste encore un peu mystérieux pour moi doivent absolument se précipiter sur le site de Wild Side (www.wildsideproject.com), qui vient de sortir plusieurs coffrets de films rares ou inédits : La rivière noire (1957) de Masaki Kobayashi, L’été du démon (1968), Le vase de sable (1974) de Yoshitaro Nomura, Les derniers samouraïs (1974) de Kenji Misumi.
Onibaba – les tueuses (1964), œuvre remarquable de Kaneto Shindô mérite une mention spéciale pour son lyrisme et l’utilisation du scope noir et blanc.

La rivière noire L'été du démon
Le vase de sable Les derniers Samouraïs
Onibaba

Frobidden HollywoodJ’ai fait une grande découverte dans le coffret Forbidden Hollywood qui comprend 3 films d’avant le Code Hays*. Il s’agit de Baby face (1933) avec Barbara Stanwyck, géniale, d’Alfred E. Green, enfin dans sa version intégrale (le disque propose celle qu’on a longtemps vue et qui était censurée et cette copie que l’on vient de retrouver). On a écrit que cette œuvre avait joué un rôle dans la création du Code. Second opus, Red-headed woman (1932) de Jack Conway avec Jean Harlow et enfin Waterloo bridge (1931) de James Whale qui avait complètement disparu de la circulation et qui justifie à lui seul l’achat du coffret. On le croyait même perdu et l’on devait se contenter de la version académique et guindée de Mervyn Le Roy datant de 1940. Celle de Whale est autrement forte, plus lyrique, plus audacieuse. La déchéance de l’héroïne, de petite théâtreuse à prostituée, n’est pas du tout édulcorée, ni le contexte social. Le ton est nettement plus fiévreux, tragique, sombre. Et Mae Clarke est tout simplement éblouissante. Je me souvenais surtout d’elle dans L’ennemi public (1931) de Wellman. James Cagney lui écrasait un pamplemousse sur le visage, on ne la citait que pour cette scène. J’ai découvert une actrice puissante, inventive, moderne (à une scène près) qui dynamise le film. Je trouve Douglas Montgomery plus original que Robert Taylor et l’on a droit en prime à une apparition de Bette Davis.

CagedJohn Cromwell est un metteur en scène peu étudié et, à mon avis, sous-estimé, dont j’ai pu lire une intéressante interview dans le Film Fan Monthly de Léonard Maltin (www.leonardmaltin.com/store.htm). On lui doit Since you went away (1944), mélodrame sur les femmes durant la guerre (écrit par David O Selznick), Caged (1950), peut être le meilleur film de prison, et des œuvres qu’on ne trouve pas en dvd comme le passionnant The Goddess (1958 – La Déesse), écrit par Paddy Chayefsky, Abe Lincoln in Illinois (1940). Cromwell étant très marqué à gauche, Howard Hughes lui demanda de réaliser I married a communist , projet qui servait de test pour mesurer la loyauté patriotique des cinéastes. Cromwell s’en tira en feignant un enthousiasme tellement démesuré qu’il fit exploser le budget dès la préparation et on lui retira le film. On a pu le voir en tant qu’acteur dans Un mariage (1978) et Trois femmes (1977) de Robert Altman où il est formidable.

Caged Since you went away

Prisonnier of ZendaOn peut voir sa version du Prisonnier de Zenda (1937 – sans sous-titres), adaptée du roman éponyme d’Anthony Hope qui fit les délices de mes 14 ans, couplée avec le remake de Thorpe dans le même dvd. Le film de Cromwell, un tantinet académique, est de loin le meilleur, Ronald Colman étant supérieur à Stewart Granger, Madeleine Carroll mieux utilisée que la pourtant magnifique Deborah Kerr. Seul James Mason me paraît légèrement supérieur, en Rupert de Hentzau, à l’excellent Douglas Fairbanks Jr., très adroitement distribué à contre-emploi. Mais surtout, on découvre que Thorpe décalque tous les plans, tous les mouvements d’appareil, voire tous les inserts. Le dialogue du remake suit fidèlement l’original. Le duel seul est différent – et les quelques séquences qui le précèdent – assez statique, pas très bien filmé, malgré les retournages dans la version Selznick. Meilleur chez Thorpe, grâce aux acteurs, escrimeurs plus brillants. Mais la MGM croit qu’elle améliore l’original en doublant la superficie des décors : les douves que franchit Rassendyll à la nage sont trois fois plus larges, le puits est plus profond et la cellule deux fois plus grande. Je crois bien qu’on a ajouté un rat qui me semble absent de la version précédente.

VCI vient de sortir une œuvre beaucoup plus rare, So ends our nights (1941 – sans sous-titres) écrit par Talbot Jennings d’après Erich Maria Remarque. Les décors (très stylisés et frappants) sont de William Cameron Menzies et la photo de William H. Daniels. Il s’agit d’une version itinérante de Menaces (1940) d’Edmond T. Gréville. Une collectivité d’exilés sans passeports traqués de pays en pays (dans le Gréville, ils étaient regroupés dans un hôtel près du Panthéon). J’ai été frappé par le nombre incroyable de péripéties, de retournements, de retrouvailles et la manière rapide, elliptique avec lesquelles Cromwell les traite, des fins de scène souvent surprenantes même si le ton reste assez hollywoodien et les gags comiques plutôt pesants. Le moment où Fredric March, qui est suivi, rencontre sa femme, Frances Dee, dans le marché, lui parle sans la regarder, le détour qu’ils font pour pouvoir se voir est digne de Borzage, tout comme Glenn Ford grattant des allumettes dans la nuit pour que Margaret Sullavan le reconnaisse de la fenêtre de l’hôpital où elle se trouve. Stroheim est très sobre et la peinture de certains collaborateurs suisses surprend par son âpreté. Les héros se heurtent à une ribambelle de vieilles femmes radines ou odieuses. Comme dans les productions de cette époque, on trouve beaucoup d’acteurs exilés.

So ends our nignts

Blackout et Stolen FaceLe week-end du Memorial Day m’a permis de voir deux des Terence Fisher noirs (toujours chez VCI). Très mineurs, avec des scénarios où l’improbable le dispute au mal écrit. Blackout (1954) est le plus visible, avec un rythme assez rapide et un enchaînement de rebondissements plus ou moins crédibles. Fisher se sort honorablement du budget très limité, mais on note peu de trouvailles, sauf peut-être dans les scènes avec Betty Ann Davis. Belinda Lee est assez jolie et bien photographiée et deux, trois moments laissent entrevoir timidement l’adoration que Fisher portait à Borzage, son cinéaste favori. C’est lui qui me l’a dit. L’intrigue a de fameux trous, notamment certains plans machiavéliques concoctés devant témoin.
Le dernier tiers du rocambolesque Stolen face (1952) est aussi distrayant et contient plusieurs plans cadrés de manière intéressante. Mais la première partie est terne et Lizabeth Scott vraiment mauvaise dans un double rôle. Cette fois elle n’est plus chanteuse de beuglant mais pianiste classique, ce qui laisse rêveur, et dans l’autre personnage, qui repousse davantage les frontières du vraisemblable, une garce faubourienne cockney (est-elle doublée ?). Le scénario, variation sur Les mains d’Orlac, est vaseux et fumeux, mais s’anime à la fin avec Paul Henreid dans son sempiternel rôle masochiste… La copie américaine distribuée par Lippert boucle l’intrigue avec une stupéfiante désinvolture qui en devient originale (coupures ?). Les bonus sont d’une pauvreté consternante. Le type qui les commente ne sait rien sur le sujet.

John Sayles est un metteur en scène passionnant, dès ses premiers films comme The return of the Secaucus 7 (1980), qui fut extrêmement copié et plagié. Cette réunion d’anciens amis qui se remémorent leur jeunesse, leurs rêves plus ou moins enterrés, inspira notamment Lawrence Kasdan. On y retrouve certains des comédiens fétiches de Sayles comme David Strathairn, toujours épatant de justesse et le dialogue est toujours aussi inventif.
Casa de los babys (2003) parle d’adoption au Mexique. Procédure très différente de celle que j’ai décrite dans Holy Lola. Sayles ne choisit que des femmes (les personnages d’hommes, bien écrits, sont tous Mexicains) qui habitent dans le même hôtel, ce qui entraîne des conflits et des rivalités. J’ai trouvé le personnage joué par Marcia Gay Harden un peu trop appuyé, encore que, j’ai rencontré des femmes comme cela. J’ai tendance à préférer le jeu de Mary Steenburgen et de Daryl Hannah, surprenante et qui révèle ici une sensibilité rarement exploitée.

The return of the Secaucus 7 Casa

The thin manLe coffret The thin man (1934 – L’introuvable) vient de sortir en France. Je n’ai vu que celui de la zone 1, mais les transferts, excellents, doivent être identiques. Je n’ai pas vérifié pour les bonus. Je viens de revoir les trois premières suites réalisées par W.S. Van Dyke II et j’avoue les avoir trouvées épatantes, extrêmement drôles. L’original, tourné avant le code Hays, est bien sûr encore étourdissant. La manière dont Nick et Nora, sans jamais arrêter de boire (il faut avoir vu William Powell tenir ou ramasser des verres dans les situations les plus critiques) se heurtent à une collection de pochards obsessionnels, nous vaut nombre d’échanges nonsensiques, sans queue ni tète, très bien écrits par Frances Goodrich et Albert Hackett qui écriront les deux suivants. Ils affrontent des truands plus ou moins dangereux sans jamais cesser de biberonner, le tout sur un rythme frénétique et avec une très belle photo de James Wong Howe. Les 3 suites ne déméritent pas, mais, Code Hays aidant, notre couple s’alcoolise moins directement. On fait des allusions, on amorce des commandes, mais on vide moins de verres. En revanche, on insiste davantage sur les infidélités passées de Nick, ce qui d’ailleurs ne trouble jamais Nora (leurs rapports désinvoltes et farceurs sont un des grands atouts de ces films d’autant que Powell et Loy les parent d’un naturel, d’une invention constante). Les acteurs secondaires sont formidables, Elissa Landi, James Stewart, Joseph Calleia, Jessie Ralph dans After the thin man (1936), Otto Kruger, Sheldon Leonard, Nat Pendleton, Marjorie Main dans Another thin man (1939), le meilleur des deux, Sam Levene, Stella Adler, Henry O’Neill et Lou Lubin dans Shadow of the thin man (1941). Nick tombe tout le temps sur des truands qu’il a envoyés en prison et qui lui témoignent une reconnaissance aussi exubérante que cocasse. Le quatrième de la série est écrit par Harry Kurnitz et donne un rôle assez marrant au fils de Nick et Nora à qui son père donne les pronostics de courses en guise de conte de fées. Quand on dit à la nounou noire qu’il ressemble à son père, elle répond : « Oui, je l’ai vu jouer avec un tire bouchon ». Il était traité avec la plus grande désinvolture dans le troisième, Another thin man, où il était bébé. Quand on demandait aux parents s’ils l’aimaient, ils répondaient : « Oui, un peu, on est bien forcé ».
La manière dont Nick parvient à démasquer les coupables reste, pour moi, rigoureusement, fortement hermétique (je défie quiconque de vraiment comprendre l’histoire du jardinier et de la serrure de After the thin man et les déductions de Shadow of the thin man). Jean Domarchi trouvait que cela ajoutait au charme de ces films, et je suis d’accord.
Dans les bonus des dessins animés d’avant la grande époque, des courts-métrages pas terribles avec Benchley (How to be a detective -1936) et de Georges Sidney. (Sous- titres français dans l’édition américaine sauf pour les bonus).

*Code Hays
En 1922, l’industrie cinématographique américaine crée son propre organisme de censure sous le nom de Motion Picture Producers and Distributors of America (MPPDA, organisation des producteurs et distributeurs américains), dirigé par William Hays. Établi en 1930, appliqué à partir de 1934, le « code Hays » formule un ensemble de règles particulièrement puritaines. Aboli en 1966, ce code d’autocensure visait à faire face aux critiques de plus en plus nombreuses contre la violence et le sexe à l’écran.

Commentaires (14)

 

  1. merci pour l’article.

  2. Ce Chris Marker est certainement le plus étrange de nos grands cinéastes français par son mystère (je ne pense pas savoir à quoi il ressemble!!!), par sa prolixité (je pense avoir vu nombre de ses films courts ou longs… mais j’en découvre régulièrement d’autres!!!) et par sa liberté folle!
    Au cinéma, il est un essayiste au moins (voire plus) passionnant que JLG et s’inscrit aisément aux côtés d’un Paulhan, du Malraux du Musée imaginaire, de l’Aragon de Matisse-roman!

  3. Catherine dit :

    A Bertrand Tavernier

    Ce blog n’est pas dédié à la polémique je le sais, mais j’aimerai réagir à la citation vous concernant qui se trouve en introduction du livre « Hollywood Classique » de Pierre Berthomieu.

    Mr Berthomieu (puisqu’apparement vous lisez ce blog)

    Vous citez en ouverture de votre récent ouvrage « Hollywood Classique » un extrait de la chronique ci-dessus:

    « J’ai été frappé par le nombre incroyable de péripéties, de retournements, de retrouvailles et la manière rapide, elliptique avec lesquelles Cromwell les traite, des fins de scène souvent surprenantes même si le ton reste assez hollywoodien. »

    Puis, un peu plus loin: « [Des fins de scènes souvent surprenantes même si le ton reste assez hollywoodien]. La phrase est plutôt terrible. …Terrible pour les idées reçues qu’elle trahit et pour le plaisir dont elle fait l’économie…Hollywood classique vu par l’institution. »

    Avez-vous des comptes à régler avec B.Tavernier ?? Est-ce le rite de passage « il faut tuer le père qui a écrit des livres somme sur le cinéma américain » ??
    En tout cas, moi qui m’apprétais à aborder votre pavé, j’ai été carrément rebutée par cette citation inapropriée, celà m’a cassé l’ambiance comme on dit…
    Vous avez isolé ce commentaire parce qu’il vous fallait une opposition pour démmarer ?? C’est nul. N’avez-vous trouvé aucune autre citation d’un critique vraiement manichéen, lui, sur le sujet des films hollywoodiens & populaires ??
    Il fallait peut-être oser aller voir du coté des « Cahiers du Cinéma » (comme au ‘bon vieux temps’).
    Ce blog est pour moi pédagogique et inestimable venant d’un grand réalisateur & critique et Bertrand Tavernier a l’ouverture d’esprit nécessaire pour nous parler de films connus ou non, ce qui n’est apparement pas votre cas.

    Catherine.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Catherine,
      Je ne sais pas si cette citation est vraiment polémique. En tout cas pour moi, hollywoodien est loin d’être toujours teinté de connotations péjoratives. Il peut parfois l’être mais j’aurais pu (du ?) choisir un autre terme : »tributaire de l’esprit de l’époque » ou « s’inscrivant dans un cadre précis ». Hollywoodien par rapport à un sujet comme celui là, voulait dire soumis plus ou moins aux diktats du Front office. Il y a beaucoup de films politiques dans ce cas à l’époque de POUR QUI SONNE LE GLAS où le mot fasciste n’est jamais prononcé à BLOCKADE. C’est le recours à des conventions qui peuvent nuire à un projet qui prétend aller contre le courant et aborder des sujets audacieux. Mais je louais de nombreuses scènes dans ce film et le fait déjà de m’intéresser à Cromwell qui signe par ailleurs un film HOLLYWOODIEN génial SINCE YOU WENT AWAY où les conventions sont absorbées dans le propos devrait m’être crédité.

      • Catherine dit :

        Je ne sais pas si cette citation est vraiment polémique. En tout cas pour moi, hollywoodien est loin d’être toujours teinté de connotations péjoratives. Il peut parfois l’être mais j’aurais pu (du ?) choisir un autre terme : »tributaire de l’esprit de l’époque » ou « s’inscrivant dans un cadre précis ».(sic)
        …c’est personnellement la tonalité que j’avais perçue.

    • Damien DOUSSIN dit :

      J’avais déjà signalé à Bertrand Tavernier mais sur une autre chronique cette citation de Berthomieu qui ouvre de façon étrange et pseudo-polémique le livre « Hollywood Classique ». Je suis d’accord avec Catherine sur le fait qu’il valait mieux prendre la citation d’un critique plus manichéen sur le sujet et il y en a (pour rester dans les polémiques de chapelles : pourquoi pas effectivement un critique des Cahiers du cinéma, puisque nous sommes sur ce blog surtout je crois des « Positivistes » !)
      Toutefois après une lecture plus en avant et en faisant abstraction de vaines polémiques, le livre de Berthomieu est loin d’être insatisfaisant (un superbe chapitre sur Michael CURTIZ notamment). Le problème de Pierre Berthomieu -si cela en est un- c’est qu’il ne semble apprécier QUE le cinéma dit « hollywoodien » : je vous renvoie à son top 10 des meilleurs films des années 2000-2009 dans POSITIF (numéro de février 2010).
      Vous soulignez Catherine l’importance critique de Bertrand Tavernier : je lui redirai ici qu’avec sa soif de découvertes (quelques soient les époques et les genres), son ouverture d’esprit et son humanisme, il reste personnellement le réalisateur-critique-analyste le plus proche de ma sensibilité cinéphilique.

  4. Glasberg Alain dit :

    Je viens de voir Menace de T Greville,etonnant film par sa forme mais le seul film à ma connaissance qui aborde la question des exilès allemands en France dans les annèes 30
    je ne trouve pas le DVD du film que je voudrais revoir. Existe t’il d’autres films ou doc sur ce tême datant de la même pèriode 1930/1940
    merci

  5. Jean-jacques Cavalier dit :

    Fervent d’un certain cinéma découvert dans les années 60, je pose « Masque du Démon » en recherche… Et tombe sur un autre cinéma que j’aime tout autant (mais déciuvert plus tard) Chris Marker.
    N’est-ce bizarre comme association, en quoi l’oeuvre de Chris est-elle un masque, je la « sentais » plus démasquante, et enfin en qoui est-elle démoniaque, je la pensais au contraire démo-cratique, faisant appel à notre intelligence, à l’inverse du « vrai » masque du démon qui fait lui appel à quelque chose de plus animal en la personne de l’épouse de Louis Malle.

    Le cinéma n’est pas un mais multiple, serait-ce cela que voulait exarcerber la réponse de votre blog, il est vrai que dans son travail sur le commentaire (les ouvriers asiatiques refaisant des routes à Moscou), marker disaient bien la valeur de ce commentaire mais je reste quand même surpris par le vôtre sur Barbara Steele.

  6. Quel meilleur article que celui qui s’ouvre sur une photo de « La Jetée » de C.Marker pour vous faire partager une information ?
    De cinéphile assidu à l’Institut Lumière à cinéphile président de ce même Institut Lumière, je voulais vous faire connaître mon modeste blog. Consacré à mon odyssée au sein de la programmation de l’Institut, mon blog est susceptible de vous intéresser, du moins je l’ai pensé.
    En espérant que vous y laisserais une trace amicale.

  7. caron dit :

    Cher Bertrand Tavernier,

    Je profite de l’aubaine de votre blog (qui me coûte fort cher en achat de dvd, en plus j’en suis heureux).

    Puis je faire un peu de pub?
    Je suis libraire de quartier:
    Librairie Page 189.
    189 rue du Faubourg Saint-Antoine
    Paris 75011

    Alain CORNEAU nous fait l’honneur de venir dédicacer son livre « Projection Privée » le Samedi 8 Décembre à 17h. Si vous pouviez vous en faire l’echo j’en serai ravi.

    Par avance merci

  8. Pierre dit :

    Le menu est toujours aussi copieux, merci !

    C’est très amusant d’apprendre que Borzage est le cinéaste préféré de Terence Fisher. J’ignorais également que le ridicule code Hays avait tenu jusqu’en 1966. Le seul bénéfice de cette censure aura été de décupler l’imagination des scénaristes et des cinéastes. L’interdit rend toujours plus inventif. De toute façon, les censeurs brillent souvent par leur bétise et on ne compte plus les films qu’ils auraient pu « anastasier » (comme « Péché mortel » de John Stahl pour n’en prendre qu’un, au scénario bien gratiné).

    Je confirme que voir « Sans soleil » rend heureux, comme la plupart des films et documentaires de Chris Marker que j’ai pu voir, bien que j’ai toujours eu plus de mal avec son oeuvre la plus commentée, « La jetée ».

    La série des « Thin man » est un régal. C’étaient des comédies policières champagne avec un très pétillant duo Powell-Loy. Plus un fox-terrier à la Milou autrement plus marrant que Rin-Tin-Tin ou Lassie.

    « Paris nous appartient »… Rivette est un immense cinéaste mais je trouve que ce film a pris un petit coup de vieux comparé à d’autres classiques de la même période comme « Lola », « A bout de soufle », « Adieu, Philippine » ou « Cléo de 5 à 7 ». Il y a quelques séquences sympas comme celle du cabot de théâtre et les apparitions de ses amis de la Nouvelle Vague. Mais je désespère de voir un jour un éditeur proposer enfin en DVD « L’amour fou ». Je ne l’ai vu qu’une fois, très tard un soir à la télévision et suis resté scotché quatre heures, émerveillé devant l’écran.

    Bravo d’avoir remarqué la jeune comédienne Céline Cuignet, qui m’avait fait une très forte impression dans le court-métrage « Manques » de Malika Saci et dans le téléfilm « Autrement » d’Otzenberger. Elle est de ces actrices qui ont un « plus » dans la personnalité et le jeu. Je pense à d’autres belles étranges et inclassables comme Hélène Fillières (courrez vous procurez le DVD de « Un homme, un vrai » des frères Larrieu qui contient également le très beau court-métrage « La brêche de Roland » et celui de « Aïe » de sa soeur Sophie Fillières), Raphaële Godin (vue entre autre chez Jean-Claude Brisseau et dans l’inclassable « Mods » de Serge Bozon, OVNI musicalo-demy-bressonien) et à Nathalie Boutefeu, actrice-fétiche de la formidable réalisatrice Valérie Gaudissart (ses trois courts-métrages « Apesanteurs », « Mes insomnies » et « Céleste » sont réunis dans un DVD édité par Chalet Films).

  9. milou dit :

    juste un grand merci Mr Tavernier pour ces chroniques toujours passionantes.

    J’ai cru comprendre que votre prochain long-métrage est en post-production. Avez-vous déjà d’autres projets? (pardonnez mon indiscrétion)

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