Festival Lumière, pirates et patrimoine
10 janvier 2011 par Bertrand Tavernier - DVD
Le festival LUMIÈRE à Lyon m’a permis de revoir dans des copies magnifiques plusieurs chefs d’œuvre. A commencer bien sur par les films de Milos Forman, le récipiendaire après Clint Eastwood, du prix Lumière. Quelle joie de redécouvrir, L’AS DE PIQUE, LES AMOURS D’UNE BLONDE ces comédies sur l’adolescence, sarcastiques, tendres, ces festivals de faux pas, de maladresses, d’audaces furtives ou grossières (dès que plusieurs hommes boivent ensemble), de tentatives de séduction avortées. Forman nous fait rire et dans le même mouvement, sentir sans aucune volonté démonstrative l’atmosphère oppressante, puritaine et machiste qui régnait en Tchécoslovaquie. Le dernier tiers des AMOURS D’UNE BLONDE est d’une rare pureté émotionnelle (MK2 distribution).
AU FEU LES POMPIERS (mk2) qui fut interdit pendant plusieurs années est plus noir, plus pessimiste. Il n’y a aucun espoir. C’est le triomphe de la pesanteur bureaucratique et absurde, du « chacun pour soi », du refoulement égrillard. Les lots de la tombola sont systématiquement volés, pillés et quand un responsable fait éteindre les lumières pour que les coupables puissent restituer ce qu’ils ont dérobé, on constate que cette initiative a fait disparaître encore plus d’objets. L’effet est aussi foudroyant aujourd’hui que lors de la sortie et on voit le lien qui unit ces films et des œuvres des cinéastes actuels roumains ou russes comme 12 HEURES 08, A L’EST DE BUCAREST ou LE DERNIER VOYAGE DE TANYA.
J’ai aussi revu le toujours splendide AMADEUS (projeté devant 5000 spectateurs) dans sa nouvelle version qui donne plus de force et d’ambiguïté au personnage de la jeune épouse de Mozart et nous fait découvrir cette leçon de musique pour les chiens et ce chef d’œuvre qu’est THE PEOPLE VS LARRY FLYNT dont l’audace n’a pas pris une ride. L’interprétation de Courtney Love et d’Edward Norton reste sidérante et Forman a su éviter aussi bien le moralisme que la complaisance.
LES FANTOMES DE GOYA est plus claudiquant en partie à cause d’un scénario moins inventif, moins fluide. La première partie qui, une fois de plus, dissèque de l’intérieur, les effets dévastateurs de la dictature, de l’oppression (ici religieuse, ailleurs politiques ou médicale comme dans VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU) est magistrale mais l’ellipse qui projette l’action et les personnages des années plus tard, ne passe pas. Elle déséquilibre le propos et le film peine à se remettre sur les rails, malgré quelques beaux moments. On ne se remet pas de la quasi disparition de Nathalie Portman.
On a pu redécouvrir dans une copie sublime la 317ème section, restaurée par Studio Canal et dont je ne cesserai de répéter que c’est un chef d’œuvre, l’un des titres phares des années 60 que l’on occultait systématiquement, Pierre Schoendoerffer ne faisant pas partie de la Nouvelle Vague (alors que la photo géniale de Coutard est aussi novatrice que dans les Godard). Belle et sombre musique de Pierre Jansen. Il faut absolument relire la critique magnifique, inspirée que Michel Cournot consacra à ce film et qui donne immédiatement envie de le revoir. Quel style, quelle hauteur de vue, quelle différence avec 90% de la prose actuelle.
Autre choc, FIVE EASY PIECES de Bob Rafelson conserve toute sa modernité, quand on pense à l’Amérique actuelle. Un film aussi drôle et mélancolique, aussi dépressif, aussi sarcastique dans sa description de certains personnages féminins où triomphe, dans un de ces rôles masochistes dont elle s’était fait une spécialité, Karen Black, pourrait il être financé aujourd’hui ?. Certaines méchantes langues affirmaient que les derniers plans contiennent traitent en quelques secondes de l’essentiel du sujet d’INTO THE WILD.
Chaque fois que je le pourrai, je reviendrai sur GO TELL THE SPARTANS (le MERDIER) de Ted Post, peut être le meilleur film sur la guerre du Vietnam en dehors d’APOCALYPSE NOW. En tout cas l’un des seuls qui aborde la première période, celle où le gouvernement américain se contentait d’envoyer des conseillers pour épauler les sud vietnamiens. Adaptant un livre écrit à cette époque, le scénariste Wendell Mayes (LA FUREUR DES HOMMES, LA COLLINE DES POTENCES, AUTOPSIE D’UN MEURTRE) qui écrivit le scénario de sa propre initiative, nous montre à travers le personnage sublimement joué par Burt Lancaster, que déjà la guerre est perdue, qu’il ne peut y avoir d’issue autre que dramatique.
Signalons encore le très grand succès que remportèrent dans des copies restaurées JUSTIN DE MARSEILLE, l’une des grandes réussites de Maurice Tourneur et LES CROIX DE BOIS de Raymond Bernard, films qui n’étaient toujours pas disponibles dans de belles éditions dvd en France.
Durant le festival, on pouvait acquérir à des prix intéressants, un énorme choix de dvd. J’ai pu ainsi m’offrir l’amusant ESTOUFFADE À LA CARAÏBE, célébré (de manière un peu excessive ?) dans ce blog et qui est en effet très supérieur aux réalisations sinistres d’Hunebelle, UNE HISTOIRE IMMORTELLE de Welles.
Et PEYROL LE BOUCANIER de Terence Young dont j’avais gardé un bon souvenir, ce qui arriva très rarement avec les films de ce réalisateurs qui accumula les petits films d’action conventionnels et sinistres dans la première partie de sa carrière avec une exception, CORRIDOR OF MIRRORS plus ambitieux mais guère convainquant. Après la parenthèse plutôt heureuse que constituent les deux premiers James Bond, il réussit à convaincre les producteurs de lui confier de grosses co-productions apatrides, sans sel ni saveur où cachetonnaient quelques stars internationales, le nadir étant atteint avec THE KLANSMAN (l’HOMME DU KLAN), qui vient de sortir en dvd avec Burton et Lee Marvin qui paraissent accoucher de leurs répliques dans une sorte de coma éthylique. On raconte qu’un journaliste félicita le maquilleur pour le travail effectué sur le visage de Burton qui venait d’être molesté et tué et qu’il répondit : « Mais il n’est pas maquillé ». Le scénario pâteux s’inspirait d’un sujet de Samuel Fuller.
PEYROL vaut mieux que cette abomination en grâce au scénario de Luciano Vicenzoni et de Jo Eisinger (LES FORBANS DE LA NUIT) qui s’inspire, excusez du peu, d’un roman de Joseph Conrad, THE ROVER. Cela explique sans doute le ton méditatif, introspectif, mélancolique, loin de la flamboyance des films de corsaire. Cela nous donne une oeuvre en creux. Peu d’action, un combat naval habilement avorté au début et une ou deux bagarres, un incendie (péripétie maladroitement amenée et filmée) dans le dernier tiers. Cette mélancolie est bien comprise et ressentie par Ennio Morricone dont la partition ne manque pas d’émotion, une émotion sensible dès le générique et par Anthony Quinn. Ce dernier est remarquable d’intériorité, d’humanité, de douceur meurtrie. Son jeu, dépouillé, est ici à l’opposé des grands rôles flamboyants qui ont fait sa gloire et qui l’on fait taxer, parfois à tort, de cabotinage. On a été injuste avec Quinn qui devait parfois se débattre avec des personnages difficilement sauvables ou des faux bons rôles. Il peut se montrer brillant, majestueux, inventif (LE MONDE LUI APPARTIENT, LAWRENCE D’ARABIE) ou comme ici (ou dans VAQUERO) extrêmement sobre, retenu, allant toujours à l’essentiel. Il tient PEYROL LE BOUCANIER à bout de bras. Il faut dire qu’à la nouvelle vision de ce dvd bien restauré par SNC, j’ai senti que le film patinait quelque peu dans le derniers tiers et surtout qu’il souffrait du choix et de l’interprétation calamiteuse de Rossana Schiaffino poupée inexpressive et trop âgée pour le rôle qui paraît totalement dépassée par son personnage. Elle ne joue jamais avec ses partenaires – que ce soit Quinn où, choix discutable, une Rita Hayworth peu crédible dans ce cadre- ne sait pas écouter. Elle lamine la plupart des péripéties, notamment son introduction (il faut dire que la figuration n’est guère convaincante). Young est plus heureux dans la manière dont il filme le décor, la chambre de Quinn à l’auberge ou le petit port, avec des plans en plongée assez heureux et la photographie de Leonida Barboni ne manque pas de qualités (version originale italienne et version française).
Signalons que les bonus consistent en une suite de bandes annonces de films de pirates italiens dont certaines sont croquignolesques : MACISTE CONTRE ZORRO, MARY LA PIRATE ROUSSE (elle paraît blonde dans la plupart des plans qui semblent tristement inertes), la CHARGE DES COSAQUES de Freda dont j’avais un assez bon souvenir. La palme revient aux PIRATES DE LA COTES dont le commentaire, chef d’œuvre désopilant d’emphase, vante la reconstitution méticuleuse des cabines, des mats, des voiles, détailles les péripéties (« violences, jalousies, orgies à base de femmes esclaves et de rhum » (sic) et vante » le réalisme d’une réalisation, pour la première fois sans doublures ni maquettes ». Le réalisateur de ce film, pour lequel on brula toute la flotte espagnole, est le talentueux Domenico Paollela dont j’avais aimé plusieurs films. J’attends vos avis.
CHEFS D’ŒUVRE DU PATRIMOINE.
J’ai plusieurs fois mentionné les admirables films muets de Borzage sortis en zone 1. Carlotta vient de distribuer dans de sublimes copies ces chefs d’œuvres inoubliables de lyrisme que sont l’HEURE SUPREME, LUCKY STAR, ce qui reste de LA FEMME AU CORBEAU, STREET ANGEL dans un coffret qui constitue un cadeau idéal en ce début d’année ou dans des magnifiques BLUE RAY. Ajoutons que les bonus et notamment les présentations, les analyses de Hervé Dumont, déjà auteur d’un indispensable ouvrage sur le cinéaste, sont de premier ordre. Heureux sont ceux qui vont découvrir ces éblouissantes réussites qui transfigurent le mélodrame en tragédie, une tragédie ponctuée de multiples petites trouvailles cocasses, tendres, familières qui tordent le cou à toute solennité.
Du côté français, Gaumont vient de sortir LA POISON, l’un des Guitry les plus décapants, les plus inventifs. J’ai revu plusieurs fois le formidable prologue, cette présentation des acteurs de Jean Debucourt à Jacques Varenne et surtout cet éloge si juste, si incisif de Michel Simon.
Compagnon indispensable de la BATAILLE DU RAIL (avec aussi le JERICHO de Henri Calef que je citerai chaque fois qu’il est possible), LES MAUDITS de René Clément est une œuvre passionnante, une indiscutable réussite formelle. Et cela dès les premières images, ces extraordinaires plans de ruines, de villes bombardées, de réfugiés qui rentrent sous des ciels tourmentés, plans d’apocalypse auxquels Clément oppose ces quelques personnes visiblement en fuite que la caméra isole dans des lieux- ports, hangars- déserts et sinistres. La voix off qui commente ces images, casse la chronologie de la narration, est là particulièrement efficace. Elle sera malheureusement plus lourde et pléonastique dans le reste du film.
LES MAUDITS, antithèse absolue de LA BATAILLE DU RAIL est un film audacieux, risqué dans son pari de noirceur. La plupart des personnages sont soit des monstres, soit des criminels, soit des lâches, des collaborateurs, des pervers, soit tout cela à la fois. Dans le contexte de la France de l’après guerre où l’on pense ses plaies, où l’on veut oublier, ces partis pris sont vraiment courageux. Face à ce conglomérat de salauds, Clément et ses scénaristes peinent à imposer un contrepoint. Le héros positif (encore qu’au début certaines touches le décrivent de manière acerbe), ce médecin mêlé malgré lui à cette odyssée maléfique, paraît falot. Il faut dire qu’il est joué par cet acteur très limité qu’est Henri Vidal, ce qui pèse dans la balance, mais aussi qu’il n’est pas très bien écrit. Il paraît dépourvu d’énergie, de conviction (ou d’opportunisme) pendant une bonne partie du film comme si les auteurs ne savaient pas comment le décrire, quoi faire avec lui. Je me demande même si certaines répliques, certaines péripéties, destinées à le faire paraître moins passif, n’ont pas été rajoutées après coup, durant le montage, le doublage. Difficile de s’attacher à lui et on doit se rabattre sur d’autres personnages qui deviennent sinon sympathiques du moins plus touchants, par défaut : le radio, l’homme d’affaire cocu. Ou sur les vrais monstres comme celui qu’incarne génialement Michel Auclair.
Cette faiblesse handicape une œuvre par ailleurs brillamment filmée. Rarement on a décrit avec autant d’invention, de brio, l’intérieur d’un sous marin et les premiers mouvements d’appareil, véritables prouesses techniques, coupent le souffle. Mais Clément est tout aussi inspiré dans des moments plus claustrophobiques, où tout le monde s’épie, se ment, se déchire, se trompe ou dans ce moment de violence, tout en ellipses fulgurantes, qu’est la mort de Dalio. Les dernières minutes palissent à coté de telles réussites.
Le documentaire sur Clément nous laisse un peu sur notre faim.
SNC vient de distribuer une œuvre quasi contemporaine, MANON et qui souffre, de manière plus accentuée, des mêmes défauts. L’ouverture du film sur le bateau, magistrale, les premiers flashes back décrivant les derniers combats, la libération et les trafics qui prolongent ceux du marché noir comptent parmi les grandes réussites de Clouzot. La prodigieuse séquence du train (aussi brillante dans sa description d’un univers bondé, surpeuplé que celles du film de Clément) peut rivaliser avec les meilleures scènes de QUAI DES ORFEVRES ou du CORBEAU. Les choses se gâtent dans le derniers tiers, ultra formaliste au point de paraître froid et désincarné. Je me demande si Clouzot et Jean Ferry ne sont pas victimes de leur volonté de trouver des équivalences plausibles aux péripéties imaginées par l’Abbé Prévost. Cela les amène à faire des choix idéologiquement périlleux (les juifs rescapés en place des prisonniers, des colons chargés de s’implanter en Louisiane) et surtout solennels. Comme si on appelait à la rescousse le Destin, la Fatalité, toutes les majuscules possible et imaginables. Autant j’ai été passionné par les deux premiers tiers, autant cette partie m’ semblé abstraite et lourde.
Lors d’un entretien très intéressant qui figure dans les bonus du film, Cécile Aubry (excellente dans le film) loue Clouzot, le décrit avec des nuances ironiques et chaleureuses, minimise son supposé sadisme mais révèle quand même qu’il lui mit de la cocaïne dans les yeux pour qu’elle les garde ouvert dans le désert…
Dans un registre plus souriant, voire même plus désopilant, il faut saluer la sortie longtemps espérée d’OCCUPE TOI D’AMÉLIE, l’un des meilleurs films de Lara avec DOUCE, LE MARIAGE DE CHIFFON, LETTRES D’AMOUR, LA TRAVERSÉE DE PARIS.
Le scénario, absolument génial, fut l’œuvre du seul Aurenche, déclara Lara (qui n’aimait pas Bost) et j’ai tendance à le croire. Je retrouve l’imagination débordante, cocasse, débridée, poétique de mon ami Jean. Il désarticule, condense, comprime la pièce de Feydeau, rajoute un prologue et des digressions fastueuses ou théâtre et cinéma s’enchevêtrent inextricablement, partis pris totalement novateur. Un plan commence dans la rue en cadrant une voiture à cheval puis la caméra remonte à la grue vers une fenêtre, entre dans un appartement, croise divers personnages, traverse une ou deux pièces et tout à coup, se retrouve sur la scène, face au public. Max Douy, décorateur ici si inspiré, se souvenait encore, quelques décennies plus tars, du numéro de ce plan unique.
Aurenche rajoute les entractes, sources de gags multiples, de trouvailles qu’il adorait (on projette une photo d’un barbu à l’envers plusieurs fois, ce qui suscite une bronca. La photo est brusquement projetée normalement et tout le monde applaudit ce barbu dont on ne sait pas qui c’est), incorpore la famille de bourgeois outragés par l’immoralisme de la pièce à la foule du mariage du dernier acte. Darrieux et Carette (« je ne serai jamais ni ton juge ni ton ascenseur ») sont tout simplement sublimes et Jean Desailly est inoubliable dans la scène de l’addition. Le bonus de ce chef d’œuvre nous offre une analyse souvent pertinente du film et de son contexte par Jean Olle-Laprune et Alain Riou à qui ont doit le merveilleux livre d’entretien avec Jean Aurenche, LA SUITE A L’ÉCRAN (Actes Sud Institut Lumière) A acquérir d’urgence.
SNC a aussi sorti deux polars plus récents, L’ARME A GAUCHE de Claude Sautet et la METAMORPHOSE DES CLOPORTES de Pierre Granier Deferre.
Commençons par le second qu’adorait Jean Pierre Melville qui m’avait fait remarqué que lors d’un travelling nocturne précédant Ventura et Daniel Ceccaldi, ce dernier était bousculé par 12, 15 ou 17 polytechniciens en uniforme (je ne suis jamais sur du chiffre car certains sont furtifs). Il adorait cette idée aussi insolite qu’inexpliquée.
En fait, il y a deux films dans la METAMORPHOSE (celui d’Audiard et celui de Granier, dit l’un des commentateurs), la description d’un casse foireux (qui donne des tirades assez poilantes à Géret et Aznavour) et une histoire de vengeance avec un rebondissement final discutable, misogyne et trop lié au genre, qui fait surtout passer Ventura pour un imbécile. Il y a plusieurs scènes réussies, bien filmées par Granier qui utilise habilement les extérieurs : la mort de Géret et surtout la découverte d’Aznavour en mage hindou – grand moment de cocasserie- sans oublier la chute de reins d’Irina Demick qui distille, nue sur un lit, des conseils sur le vocabulaire de l’Art contemporain. Mais le film reste un peu bancal, en raison de la fin déjà évoquée. Dans les bonus, Biraud donne une définition jubilatoire d’Audiard : « Shakespeare + les pieds Nickelés ».
Les premières 50 minutes de l’ARME À GAUCHE m’ont vraiment surpris. Elles m’ont paru non seulement meilleures que dans mon souvenir mais je les ai trouvées fortes, efficaces avec un découpage nerveux, incisif, sachant mettre en valeur un climat, une atmosphère dans le plus pur style de ce sous genre si riche, le film noir cosmopolite : ports francs, villes frontières, personnages déracinés, apatrides. On pressent chaque fois que Lino pénètre dans un nouveau décor (ses entrées sont formidablement bien filmées), salle de billard, café, couloir d’hôtel, une menace sourde, un danger latent. On flaire le piège, l’embrouille. D’autant que ce danger va prendre la figure de Leo Gordon, ce pilier du western, du film d’action qu’on avait vu chez Walsh ou Hathaway. Sautet l’avait repéré dans THE INTRUDER de Roger Corman (sorti en France par Bach film et dont j’ai plusieurs fois parlé). Gordon fait jeu égal avec Ventura, voire le surclasse car le personnage de ce dernier n’est pas merveilleusement écrit. Il faut le voir sauter autour de ses caisses qu’il trimballe comme un héros de dessin animé. Sa fin, d’une brutalité elliptique, inspire à Sautet le meilleur moment du film.
Malheureusement le troisième rôle est joué par Sylva Koscina, totalement bidon en Américaine (je me suis demandé pourquoi Sautet n’en avait pas fait une milliardaire italienne) et elle l’anéantit. Je peux reprendre mot pour mot ce que j’écris plus haut de Rossana Schiaffino. Il ne passe rien entre elle et les autres acteurs. Elle plombe toutes les situations. Cette expérience s’ajoutant à un tournage difficile, sans doute mal évalué et préparé (on découvrir sur place qu’on ne pouvait pas filmer dans les cabines du vrai bateau), traumatisa tellement Sautet, qui sentit dès le premier jour que tout était perdu (et Lino, misogyne bougon, n’a pas du arranger les choses que pendant des années, il refusa d’affronter tout sujet comprenant un personnage féminin important. Dans les bonus, une longue interview de Jacqueline Thiédot qui hélas n’a pas pris la peine de revoir le film sur lequel elle ne dit rien (quel est le chef opérateur qui reprit le tournage en studio ?) mais qui est plus diserte sur ses autres collaborations avec Sautet. Et un petit reportage marrant, un peu langue de bois, filmé à Epinay.
Remontons dans le temps avec LA MORT EN CE JARDIN de Buñuel (éditions Montparnasse) et surtout avec deux chefs d’œuvres, l’un russe, l’autre américain, sortis depuis un certain temps par Bach films LA JEUNE FILLE AU CARTON À CHAPEAU est une de ces contes de fées plein de charme et de délicatesse dont Boris Barnett avait le secret. Il s’agit ici d’une comédie tendre et poétique, truffé d’exploits physiques : comme dans ces serials (Mr WEST AU PAYS DES BOLCHEVIKS) les personnages, y compris l’héroïne que joue merveilleusement Anna Sten qui réussit à garder une grâce incroyable tout en en faisant le pitre, le clown, en accumulant les grimaces) courent sur de très longues distances, enchaînent les moyens de transport, cavalent, se bagarrent. Au détour de l’intrigue, on évoque dans des plans troublants, la crise du logement (comme dans 3 DANS UN SOUS SOL) et la manière de la résoudre grâce aux emprunts d’Etat. Je voudrais bien avoir des retours sur tous ces films de Barnett dont le sublime OKRAINA (LE FAUBOURG et UN BRAVE GARCON) disponibles chez Bach films.
L’HOMME QUE J’AI TUÉ de Lubitsch est un étonnant et poignant chef d’œuvre et le compagnon dramatique indispensable au génial TO BE OR NOT TO BE. Les premiers plans du film sont absolument sidérants d’invention, de concision, de beauté et de force. On a beaucoup cité ce défilé militaire célébrant au tout début du film le premier anniversaire de l’Armistice : le soldats avancent, musique en tête, en fond de plan. En amorce un blessé de guerre unijambiste. Mais je préfère tout ce qui suit : ce prêche dans une cathédrale vantant la paix pendant qu’un travelling décrit les sabres dépassant des travées, que la caméra s’attarde sur les étuis de révolver, les bottes avec des éperons Quand tous les militaires sont sortis dans un grand mouvement de casques et de capes, un immense mouvement de grue isole deux mains jointes, celles d’un homme resté seul dans l’église vide. Géniale ouverture d’un drame qui va se nouer très rapidement, le ton étant incroyablement elliptique.
Certes on pourra regretter ici et là quelques excès, une certaine raideur dans le jeu de Philip Holmes. J’ai presque envie de porter ces défauts si mineurs au crédit de l’œuvre. Holmes est par ailleurs très bon et très retenu, notamment dans des moments d’écoute où il dégage une rare intensité. Il est de plus extrêmement crédible en Français (mon épouse me faisait même remarquer qu’il avait une vraie ressemblance avec Raphael Personnaz). Comme sonnent justes la plupart des personnages allemands, très bien distribués.
THE MAN I KILLED est bien sur un film contre la guerre et le tourner en 32 dénote une vraie prescience chez Lubitsch. Mais c’est surtout – et c’est ce qui en fait tout son prix – une violente attaque contre tous les préjugés, les mensonges, les mesquineries, les aveuglements qui font le jeu du nationalisme « (le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme, c’est la haine des autres », disait je crois Jaurès). Et contre cet étalage de sottises, d’ignorance aux conséquences criminelles Lubistch oppose l’Art, en l’occurrence la musique, comme arme de construction massive. Ce qui nous vaut les bouleversants derniers plans. Voilà un compagnon indispensable à l’ÉVENTAIL DE LADY WINDERMERE que je vais vanter prochainement.
Et je ne peux pas passer sous silence, bien que j’y ai un peu collaboré la géniale édition par Wild Side de LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS, un de mes films cultes qui n’a pas pris une ride. Le livret écrit par Philippe Garnier est un modèle du genre. Cela va devenir un dvd collector.
WILD SIDE a sorti sous la direction de Jean Olle Laprune une collection de titres du domaine public dont certains avaient été déjà distribués par BACH FILMS notamment ces réussites que sont THE SCAR (le BALAFRÉ), MORT A L’ARRIVÉE de Rudolph Maté et le brillantissime MEURTRE AU CHENIL de Michael Curtiz sans oublier L’ANGE ET LE MAUVAIS GARCON. Si SPIDER BABY ne m’a guère convaincu, BRITISH INTELLIGENCE SERVICE du mystérieux Terry Morse se révèle distrayant même si les péripéties ont l’air inventées par des gamins de douze ans. Les espions allemands paraissent beaucoup plus malins que les anglais à un point rarement égalé dans les films de l’époque jusqu’à ce que les derniers coups de théâtre remettent vaguement les choses en place.
Bien au dessus se situe BIGAMIE, œuvre retenue, discrète. On découvre à partir d’une tentative d’adoption le passé d’Edmond O Brien. Pour une fois chez Lupino, le pivot dramatique tourne autour d’un homme, de ses erreurs, de ses contradictions mais la réalisatrice ne veut pas porter de jugement à priori. Elle dénude, ellipse, retient ce qu’il pourrait y avoir de mélodramatique, donne leur chance à tous ces personnages, veut nous faire comprendre leurs raisons et ne dresse jamais les deux femmes l’une contre l’autre. Il y a là une attitude assez rare dans le cinéma américain. A revoir aussi, de Lupino, ce road- movie policier en huis clos THE HITCH HIKER ; CAUSE FOR ALARM (JOUR DE TERREUR) est en revanche un nanar éprouvant, un film noir de pacotille écrit avec d’énormes sabots et qui gâche une ambition qui aurait pu être passionnante : faire naître la psychose, la peur dans un cadre ultra quotidien. Mais les personnages sont platement écrits et les rapports sentimentaux paraissent dramatiquement anémiques et conventionnels. On est étonné que Loretta Young se soit battue pour ce rôle tant le personnage paraît inepte, tantôt doucereuse, tantôt sans réactions. Elle prend systématiquement les pires décisions (en sur jouant méthodiquement de manière appuyée). Elle ne semble jamais réfléchir et s’enferre méthodiquement jusqu’à ce que son copain docteur qu’elle aurait du appeler tout de suite, dénoue la situation en quelques minutes. On se demande si le fait de s’être battu pour faire ce film n’est pas un témoignage de sottise, sottise qui transparait dans son jeu alors qu’elle est miraculeuse dans de nombreux films pré code. Dans le dvd, Jean Olle Laprune nous offre une phrase très marrante de Marlène Dietrich : ‘chaque fois que Loretta Young péchait, elle faisait construire une église. C’est pourquoi, il y a tant d’églises à Hollywood. Tay Garnett dont VOYAGE SANS RETOUR est tellement plus inventif, filme cela correctement mais sans style. Seules surnagent les scènes avec le facteur fatigué (Irving Bacon) qui ne parle de sa retraite, de loin le meilleur personnage du film et le plus pittoresque.
Pour se remettre rien de tel qu’un Preston Sturges : THE PALM BEACH STORY (MADAME ET SES FLIRTS) d’une invention fantastique. Fait assez rare dans le genre et surtout chez Sturges, le tempo ralentit dans la deuxième partie avec l’arrivée de ce milliardaire lunaire que joue avec une légèreté décalée, le merveilleux Rudy Vallée, qui note tout ce qu’il dépense sans jamais additionner. Le rythme est moins frénétique, moins trépidant et en fin de compte encore plus efficace. Chaque réplique fait mouche et les rapports entre Mary Astor et le minuscule Toto sont à mourir de rire jusqu’au gag final, pied de nez à la Censure.
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Commentaires (125)
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Sur les CLOPORTES, en dehors du jubilatoire déferlement de perles audiardiennes, ce film instaure un malaise ‘dû aux « deux films »?) Tout commence dans la parodie et le rire bonhomme ( Georges Geret surcharge un peu) et vire à l’humour noir, voire à la noirceur tout court. C’est étrange d’être autant entre deux mondes, un peu comme la « guerre des Roses » de De Vito. Les personnages avaient l’air si sympathiques au début et on finit dans la crapule originelle. Bizarre mais un sacré bon moment quand même.
à propos des MAUDITS, je reste toujours imprégné par cette image de la libération du camp de Primo Levi par les troupes russes (dans « Si c’est un homme ») et comment cet évènement avait été accueilli par une lassitude totale par les prisonniers. Levi voulait exprimer pour le moins (on peut aller plus loin) comment cette réclusion les avait vidé de toute énergie et comment la libération les avait surpris dans un état de fatalisme mêlé de dégoût de fatigue et d’indifférence. Le lien est ce coup de génie qui a saisi Clément de démarrer son film avec la libération de la ville de Royan montrant des habitants filmés écrasés en plongée, marchant péniblement dans les flaques d’eau, drainés de l’énergie de vie quotidienne qu’ils ont épuisé, depuis si longtemps qu’ils ont étés occupés. C’est un degré de lassitude ou fatalisme moindre que celui de la libération d’un camp d’extermination mais c’est le même dénominateur commun: ces gens retrouvent la liberté mais n’ont pas la moindre énergie à crier de joie. Ainsi, Clément fait le seul film post-2ème guerre qui s’ouvre par la libération en se refusant à exprimer la joie par les serpentins ou les marseillaises pour préférer exprimer chez les libérés un fatalisme lugubre et désespérant, le même que chez les morts-vivants de Primo Levi.
Dés ces premiers instants, qui montre le médecin joué par Vidal retrouver son appartement avec plus de lassitude blasée que de joie, comment s’étonner que Clément lui octroie le rôle de commenter l’action avec cette voix off lugubre et mortifère, supposée bien qu’émanant du seul juste (a priori puisqu’on ne sait trop rien de lui, il a peut-être soigné des nazis!) devoir condamner les salauds autour de lui: s’il condamne les salauds il ne peut plus le faire qu’avec cette distance douloureusement amusée, dégoûtée, défaitiste, imprégnée d’un sentiment amer d’injustice! Voilà pourquoi je défends totalement le choix de ce commentaire en voix off qui peut paraître gênant, qui reste pour moi, douloureusement juste (et je regrette que le classikien auteur de l’article cité tombe dans le panneau de rattacher cette voix off à la figure de style du monologue du privé des films noirs: il faudrait quand même sortir de l’ornière cinéphile qui veut à toute force rattacher dans n’importe quel film tel élément à tel autre déjà existant! et arrêter d’appeler Truffaut à la rescousse, qui a sorti un bon paquet de bêtises dans ses écrits (et qui voulait s’excuser auprès de Clément d’avoir mal jugé LE JOUR ET L HEURE, par ailleurs comme on l’apprend dans le doc de bonus excellent)).
C’est fou de lucidité que si proche de la libération (1947), Clément exprime ce dégoût immense pour la guerre au lieu de rappeler la joie qui l’accompagna (je pensais aussi à la fin de BERLIN EXPRESS). Il y a d’autres choses à dire sur LES MAUDITS.
A MB
Formidable analyse
à Bertrand: merci beaucoup, et j’ai massacré la dernière phrase c’est :
« que si proche de la libération (1947), Clément exprime ce dégoût immense pour la guerre au lieu de rappeler la joie qui accompagna la fin de celle-ci (la libération, donc) ».
Je me demande aussi si dans les entreprises filmiques qui nécessitent un lourd ensemble de contraintes matérielles pour les mener à bien, tt simplement: ces films difficiles à tourner parce que les caméras sont trop lourdes à trimballer, parce qu’il pleut trop ou pas assez etc. Quand on a réussi à hisser la caméra avec peine enfin, là où il fallait pour le plan, est-ce que ces difficultés ne déteignent pas sur autre chose que sur le plan lui-même, pour la réussite du film bien sûr, qqch comme la grâce.
Dernière chose, il me semble que le comportement du docteur joué par Vidal (son monologue, sa lourdeur) le rattachent plus au monde des morts qu’à celui des vivants, comme si un témoin mort était le mieux désigné pour observer et décrire cet échantillonage de maudits en fuite, puisqu’il est une de leurs victimes. Quand cette voix s’élevait çà et là dans le film je ne pensais pas de suite au docteur mais à un fantôme. Est-ce un moyen d’excuser une erreur d’interprétation d’acteur, ou une erreur de conception pour ce monologue? Ou n’est-ce pas le moyen peut-être inconscient de faire sentir au spectateur le truc impossible en-dehors du cinéma fantastique: un mort qui parle et qui accuse? Bien sûr j’ai ma réponse, car ce qui compte est ce qui se retrouve sur l’écran et qui influe sur mes sensations, pas ce qui était voulu consciemment au départ: je ne suis pas dans la tête du réalisateur, je ne sais pas si Clément a réellement pensé à ça, peut-être après tout!
a MB
Vous avez la raison et la voix off est ultra defendable (elle est surtout due à Jeanson je crois) mais soit Clément et ses scénaristes ont eu du mal à écrire ce personnage de docteur face à toutes ces crapules (la décence démocratique n’est pas spectaculaire et LIFEBOAT côtoie les mêmes risques sauf que Hitchcock est rusé), soit Vidal, acteur consciencieux mais souvent monocorde, peine à lui donner de la chair. Il suffit de penser à Dana Andrews dans un tel role ou encore à Lifeboat
à Bertrand: oui Jeanson et Clément ne pouvaient pas écrire un personnage de chevalier blanc, ils auraient affaibli leur propos. Et en effet comme Dana Andrews dans certains films, l’hypothèse de Vidal échouant à donner plus d’expressivité à son personnage joue en la faveur de celui-ci! Ou je pense aussi à d’autres acteurs tourneuriens: Glenn Ford dans APPOINTMENT IN HONDURAS, où la quasi-démission de l’acteur nourrit le personnage ou du moins, le fait tenir debout de façon plus convaincante. dans LES MAUDITS, la faiblesse d’acteur de Duval suggère a contrario un médecin qui aurait des choses à se reprocher, qui se serait compromis aussi dans je ne sais quel marché noir ou saloperie. Je sais que ça peut paraître pervers de faire jouer une faiblesse pour une qualité mais avec un film touché par la grâce pour la raison avancée plus haut, on peut s’attendre à des retours de flamme surprenants et illogiques a priori (qui peuvent crétiniser par l’étonnement des critiques comme le classikien cité au départ, sans doute habitué à un cinéma plus plan-plan: d’où il ne lui reste plus que le rejet pour s’en sortir: « cinéma de papa » mon oeil moi j’en veux tous les jours, des films de papa aussi libres!).
Le docteur est un maudit aussi!
et quand je pense que je n’ai rien dit des développements d’intrigue surprenants qui surviennent dés l’arrivée du sous-marin en vue des côtes sud-américaines…
et de l’impressionnant Jo Dest et de Auclair qui suggère 100 fois plus que ce qu’il dévoile clairement… quels acteurs!
à Bertrand: j’ai réagi mais tt d’un coup je ne suis pas sûr d’avoir pigé la citation de LIFEBOAT:
« la décence démocratique n’est pas spectaculaire et LIFEBOAT côtoie les mêmes risques sauf que Hitchcock est rusé ».
Revu récemment, LIFEBOAT me semble aller beaucoup moins loin que LES MAUDITS?…
A MB
On avait beaucoup reproché que les « démocrates » sont moins spectaculaires ou flamboyants que le nazi
J’avais trouvé la fin bâclée. Il me semble, en se tenant aux scènes qu’on voit, qu’il aurait été plus réussi de le clore sur un des plans précédents : sur Vidal finissant d’écrire ou sur le chat.
à Bertrand: OK, en effet les héros de LIFEBOAT sont un peu pâlots.
à Edward: en effet le docteur écrivant son récit à la bougie alors que le bateau se perd dans la nuit n’était pas mal, il était maudit lui aussi.
Bonjour,
Puisqu’on parle de Bunuel , si un éditeur avait envie de faire traduire en français ceci : « Memoirs of a Woman Without a Piano: My Life with Luis Bunuel » de Jeanne Rucar de Bunuel.
On m’en a dit le plus grand bien.
Cher Monsieur Tavernier
Je suis très intéressée pas la Chevauchée des Bannis et ,j’ai constaté sur Amazon,que pour une fois,le dvd est à un prix plutôt abordable pour mon porte monnaie ,étant donné que j’ai la fâcheuse habitude de vouloir acquérir des dvds édités il y a quelques temps qui sont proposés à des prix prohibitifs quant ils ne sont tous simplement plus disponibles !
Bref,auriez vous l’amabilité de me dire si dans les boni proposés,le commentaire du réalisateur est sous titré ?
Amicalement
Agnès, si c’est WILD SIDE, j’ai envie de vous répondre Oui
Tout à fait! J’y vais donc les yeux fermés! Et mille fois merci de me donner envie de découvrir tant de merveilleux films,de livres vous m’aidez à m’ouvrir l’esprit grâce à votre enthousiasme si communicatif! Et cela signifie énormément pour moi….
Monsieur Tavernier;
excusez-moi d’utiliser cette voie pour vous contacter mais il y a un cas de double-peine à Lyon, qui requiert de la mobilisation urgente. Plus d’info sur le site educationsansfrontières.org
A Colette
Merci
A Bertrand Tavernier: merci de m’avoir conseillé GO TELL THE SPARTANS, très bonne surprise de Ted Post que j’avais loupé à sa sortie, qui m’a fait parfois hurler de rire, en alternance avec des moments tragiques plus nombreux, particulièrement la fin avec Craig Wasson délirant dans le cimetière français (un acteur pas assez vu et qui semble avoir terminé hélas sa carrière). Burt Lancaster a décidément joué des rôles qui auraient fait s’évanouir John Wayne! L’édition HBO, z1, est moyenne, je ne savais qu’il y avait une édition Fnac, mais les st en français québecquois sont parfaits sur ce z1!
salut Bertrand
Moi aussi j’ai,revu avec plaisir TERROR IN TEXAS TOWN
Oui pour les scènes dans le saloon avec la grande confession
du tueur fatigué par son travail :Unique dans le western
et a se demander si le duel final n’est pas une forme de
suicide
Te signale la sortie en DVD d’un formidable docu anglais
A VERY BRITISH GANGSTER
et l’apport de DE TOTH dans le western c’est mieux que bien
DAY OF THE OUTLAW
Tout-à-fait d’accord pour « La suite à l’écran », ce j’ai acquis il y a quelques mois, et j’ai été très stimulé par la foultitude d’idées inclassables qu’Aurenche raconte. Je suis particulièrement frustré que le combat à coup d’arbres arrachés entre Cyrano et D’Artagnan ne se soit pas concrétisé. La fin surréaliste de Coup de Torchon avait aussi l’air très intéressante, heureusement on en voit quelques petits bouts dans les bonus du dvd (mais pas le bal de squelettes !)
En citant Domenico Paolella dans cette cronique vous avez reveillé mon interet pour sa filmographie éclectique et mal connue, malgré la vogue, en Italie, pour certains des genres à l’interieur desquels il a travaillé. Je venais d’ailleurs de decouvrir, quelques mois auparavant, votre ancienne critique à LA TERREUR DES MERS, qui m’a fait saliver: j’ai ainsi decouvert que son metteur en scène avait suscité un certain enthousiasme chez les cinephiles “nickelodeoniennes”. Je lui dois quelques agrèable souvenir d’infance à cause de ses peplums et de ses deux films avec Totò (pas les plus rejouissants du genial comique napulitaine mais assez bons tout de meme) dont IL CORAGGIO, inspiré par le chef-d’oeuvre de Renoir BOUDU SAUVE DES EAUX, avait eté proposé à Freda. Et j’ai vu a la tele, juste apres avoir lu ce texte, LA POLIZIA E SCONFITTA, incursion dans le policier droitier d’imitation friedkin-siegelienne, decevante en depit d’un memorable vilain joué par le très doué et très malhereux Vittorio Mezzogorno et de quelques eclat de brutalité assez étonnante dont l’eviration d’un traitre, moment traité avec efficacité et sans trop de complaisance par le metteur en scene. Ce petit polar peu reussi confirme quand meme la capacité à s’adapter aux genres les plus disparates d’un metteur en scene plus a l’aise dans les recits d’aventure et les mythologies italiennes. Ses Maciste ont leur defenseurs, surtout MACISTE CONTRE LES MONGOLS qui semble assez ambitieux et reussi (Goffredo Fofi signala dans un écrit sur le genre la “propension «democratique» et salgarienne chez ses Maciste” et, dans ce film en particulier, les echos d’ALEXANDRE NEVSKY et des CHEVALIERS TEUTONIQUES d’Alexander Ford). Je ne l’ai malhereusement jamais vu mais, si son film-jumeau MACISTE DANS L’ENFER DE GENGIS KHAN, vu assez recemment, m’a paru assez moyen, j’ai en revanche un souvenir emu d’HERCULE CONTRE LES TYRANS DE BABYLONE…
En définitif, le corpus le plus excitant de sa filmographie semble etre composé par ses cinq films d’aventures maritime qu’il touna au debut des anees 60, qui excitaient les cinephiles françaises et eurent droit a la citation dans LE SADISME AU CINEMA de Louis Seguin: “soulignons l’importance relative de récents films de pirates de Domenico Paollela […] tous ces films font preuve d’un talent certain et d’une juste appréciation, tortures, flagellations et viols à l’appui, de l’attrait érotique de la claustration et de la soumission.” Si LA TERREUR DES MERS est le plus reputé du lot, votre ami Boisset loua non plus LE BOUCANIER DES ILES: “un film d’aventures marittime d’une excellente facture, rapide, mouvementé et émaillé du soupçon d’érotisme et de la copieuse dose de sadisme désormais inséparables du genre (…) en dépit de l’évidente modestie des moyens, on retrouve dans les très nombreuses scènes de combats ou de supplices le sens de la violence du doux Paolella, dont il convient décidément de suivre avec attention la verve artisanale.” Mais j’ai du mal a trouver des nouvelles sur LE SECRET DE L’EPERVIER NOIR et L’ILE AUX FILLES PERDUES, qui pourraient pourtant etre de la meme eau, et je n’en trouve pas beaucoup non plus sur LES PIRATES DE LA COTE, à l’exception de la relation sadomaso entre l’impagable Livio Lorenzon et sa maitresse, detail qui semble prometteur… J’aimerais connaitre votre avis sur ces films et je profite de l’occasion pour signaler l’existence d’un coffret PIRATES ET CINEMA comprenant LE BOUCANIER et L’ILE. Je suis tempté de le commander… En tous cas, chaque renseignement sur Paolella serait precieux!
A Mario
Vous m’épatez avec vos connaissances bien supérieures aux miennes. Je ne peux guère vous aider. J’ai eu une correspondance avec Paolella à l’époque de ses films de pirates ou il me parlait de ses courts metrage, d’un film musical en couleurs et de certains titres qu’il jugeait expérimentaux. Je l’ai vu quelques heures à Rome. Il était très sympathique. Je n’ai pas retrouvé les notes sur ses propos.
Bonjour,
juste un petit mot à propos de L’HOMME QUE J’AI TUE de Lubitsch. J’ai lu il y a quelques mois dans « L’Express » que Carla Bruni initiait son mari aux découvertes cinématographiques et que le Lubitsch, figurait parmi ses films favoris !!!
Bonjour Monsieur Tavernier,
je voudrais revenir sur la sortie en DVD de « Peyrol le Boucanier » et notamment sur la petite réhabilitation que vous faites du jeu d’Anthony Quinn. Je suis entièrement d’accord sur le fait qu’il faut réévaluer au plus vite la carrière de cet acteur trop souvent mésestimé. En plus des films que vous avez cité, Quinn fut tout aussi admirable dans « La Strada », « Cyclone à la Jamaïque », le formidable péplum « Barabbas » et enfin dans « L’Homme aux colts d’or » où son amitié quasi homosexuelle envers Henry Fonda défie les conventions du genre. Elle n’a peut-être d’équivalent dans le western que les rapports tout aussi troubles entre Kirk Douglas et Burt Lancaster dans « Réglement de comptes à OK corral ».
Enfin, il est curieux de rappeler que 8 ans avant « Peyrol le Boucanier », Anthony Quinn avait lui même réalisé son unique film intitulé « Les Boucaniers », qui n’est autre qu’un remake des « Flibustiers » de son beau-père Cecil B. De Mille !
A Olivier Douarre
Exact et j’ai le souvenir d’un film qui après un démarrage pesant, laborieux n’est pas dépourvu d’une certaine beauté picturale très statique. Dans sa formidable bio de DeMille, Scott Eyman montre que le film ne se releva jamais de l’indécision de Quinn, de ses très mauvais rapports avec Yul Brynner qui refusait de l’écouter. Quinn, dit Eyman, élimina Boetticher à qui on voulait proposer le film en disant que lui pouvait faire mieux. Je croyais qu’ils étaient très amis. Mauvais point pour Quinn
Pour les fans de Anthony Quinn, je recommande également la lecture de son autobiographie MON PECHE ORIGINEL, qu’on trouve encore en occasion. C’est une des meilleurs autobiographie cinématographique que j’ai vu, avec peut-être celle de George Sanders (Mémoires d’une Fripouille) ou celle de Capra.
A A Desages
Je vais essayer de la trouver et de la lire.
L’éditeur WILD SIDE vient de nous annoncer que faute de matériaux de qualité il renoncait à sortir les coffrets THORPE et MINNELLI prévus;il a juste précisé que peut-être certains de ces films sortiraient en DVD simple.
Une déception encore plus grande est le retrait du coffret Lang dans la collection Classics Confidential toujours pour des raisons de qualité.
Après la sortie de « La Forêt Interdite »,le 8/06/2011, le coffret SARAFIAN est maintenu dans la collection Classics Confidential.
Bonjour,
L’autobiographie de Jack Cardiff, « Magic Hour » est-elle susceptible d’être traduite en français dans la belle collection Actes Sud / institut Lumière.
merci
A Amolad pas pour le moment mais on va voir
L’autobiographie de Cardiff est plutôt décevante comme c’est souvent le cas…
Commande d’éditeur visant un large public ou pas, il se contente trop d’être le témoin privilégié des tournages auxquels il a participé et d’être le rapporteur d’anecdotes parfois « people »…
Chez les chefs op anglais, je préfère, et de loin, les autobiographies de Walter Lassaly et de David Watkin, opérateurs plus atypiques par leur personnalité et leur parcours.
Cardiff m’a toujours paru un tantinet surestimé, on confond trop souvent le talent d’un chef opérateur avec la notoriété des films auxquels il a participé.
Sorti de Powell, il n’y a pas grand chose à sauver chez Cardiff…
J’avais oublié de préciser sur mon message concernant « La Lettre du Kremlin »
Pour contacter l’éditeur TWILIGHT TIME,le site est :
http://www.screenarchives.com
D’autre part, j’ai vu en DVD(il vient de ressortir)
« Les Guichets du Louvre »de Michel Mitrani;je l’avais découvert au cinéma lors de sa sortie.
Je le trouve largement supérieur à « La Grande Rafle »;la première partie du film notamment est remarquable et très émouvante (sans effets dramatiques appuyés).
Christine Pascal nous touche par son « innocence » dans le refus de croire à ce qui lui est décrit et raconté dans le début du film.
A Augelman
Merci pour Mitrani et Christine
WILD SIDE a prévu la sortie pour le 8/06/2011 dans la collection CLASSICS CONFIDENTIAL du chef d’oeuvre de Ray « La Forêt Interdite ».Il s’agit d’un nouvel inédit mondial en DVD tout comme « Menaces dans la Nuit ».
Les bonus s’annoncent « riches » et d’une qualité égale à celle de ceux du DVD de John BERRY.
Il ne reste qu’à souhaiter un public nombreux pour l’acquisition de ce DVD.
D’autre part,un internaute(qu’il en soit remercié)nous a informé qu’un éditeur TWILIGHT TIME, vient de lancer aux USA,depuis le 15/03/2011,une nouvelle collection : sorties tous les mois, d’un DVD inédit (tirage limité :3 000 DVD).le 15/03/2011 est ainsi sorti « La Lettre du Kremlin »;sont annoncés en prévision « Les Inconnus dans la ville » et « L’Egyptien ».
Pour les mois à venir, Critérion fait encore très fort !
En avril BLOW OUT de de Palma, WHITE MATERIAL de Claire Denis et le bouleversant KES de Ken Loach…
En mai, LES DIABOLIQUES de Clouzot, DANGEREUSE SOUS TOUS RAPPORTS de Jonathan Demme, le rare et étrange BLACK MOON de Louis Malle, LE DICTATEUR de Chaplin, FLEUR PALE de Masahiro Shinoda…
Et en juin, Malle toujours avec ZAZIE DANS LE METRO, INSIGNIFIANCE de Nicolas Roeg, un coffret de mélodrames de Raffaello Matarazzo, LES 4 SOEURS MAKIOKA de Kon Ichikawa et deux monuments absolus que la plupart d’entre vous devaient attendre depuis des lustres : LES HOMMES LE DIMANCHE de Siodmak, Ulmer, Zinnemann et Wilder et EN QUATRIEME VITESSE d’Aldrich !!!
Un détail tuant des Diaboliques, que je viens de revoir à la TV : peu avant la fameuse scène de la salle de bain, on entend une voix d’enfant réciter du Racine : « Je te plains de tomber entre leurs mains redoutables. »
Il fait nuit , les couloirs sont muets et obscurs ; on se demande bien d’où peut venir cette voix.
C’est vraiment bien trouvé. Un gosse qui révise quelque part ou la voix d’un ange annonçant le dénouement…
Et puis il y a le photographe, qui ressemble incroyablement à Jacques Prévert…
Bonsoir,
Après avoir entendu une nouvelle fois votre désir de réaliser un Voyage à travers le cinéma français, je me permets de vous demander ce que nous pouvons penser de deux films que je viens de découvrir dans la collection René Château, LA RIVIÈRE DES TROIS JONQUES et LES AVENTURIERS DU MEKONG (tous deux avec l’actrice Dominique Wilms). Les titres et les résumés laissent rêveurs, mais au final, que valent réellement ces deux titres ?
Je vous remercie.
A Julien Morvan, dans mon souvenir, le premier était plus regardable mais ce sont de vrais nanars et le transfert couleur chez Chateau ne m’a pas poussé à les revoir. Ce que je ferai néanmoins. Le réalisateur du premier était devenu directeur de la SFP et il s’était presque évanoui quand je lui avais posé des questions sur le film. Dans l’un d’eux il y a Lise Bourdin qui était très mignonne
Très belle anecdote à propos du réalisateur André Pergament, qui apparemment était très lucide sur le film. J’ai acheté et vu donc LA RIVIÈRE DES TROIS JONQUES avant d’avoir lu votre réponse. Un peu de patience m’aurait probablement été profitable, car vos souvenirs sont tout à fait exacts pour ce film, c’est un véritable navet où j’ai peiné à trouver quelque chose à sauver (je ne crois pas avoir trouvé, si ce n’est le titre). La faute à un scénario très mince, et des dialogues (Solange Térac ?) très mal écrits (seul Robert Dalban est amusant dans un petit rôle de chef des services secrets), mais surtout à une réalisation épouvantable : il n’y a que des plans larges, voir très larges (toute la séquence du début avec les deux voitures qui se suivent) qui mettent une distance terrible entre le spectateur et les personnages.
Pourtant, je suis presque convaincu que Dominique Wilms mérite mieux (dans une Malle aux trésors que j’écoute régulièrement en boucle – puisque vous y parler de Gary Cooper et John Wayne, et à la fin de Eddie Constantine – vous sembliez dire que LA MÔME VERT DE GRIS n’était pas si mauvais que ça. On y retrouve d’ailleurs aussi Howard Vernon qui, je trouve, a une « gueule »). Cette actrice a-t-elle tourné un film digne d’intérêt ? Il semblerait qu’elle soit toujours en vie, mais totalement retirée du cinéma. C’est en effet dans ce film que l’on voit la belle Lise Bourdin, qui joue la méchante princesse trafiquante d’armes, sans pour autant démontrer à mes yeux un talent particulier (je ne me souviens pas d’elle dans ARIANE, et j’adore le titre d’un de ses films CES DAMES PRÉFÈRENT LE MAMBO, dont je crois vous n’avez pas un grand souvenir).
Je ne sais pas si j’aurai le courage d’acquérir LES AVENTURIERS DU MEKONG, pour une autre raison que le plaisir de la découverte. Pourtant, je passe du temps à découvrir tous ces noms que je ne connais pas : ce film est réalisé par Jean Bastia, scénariste selon imdb d’un film intitulé LES ESPIONNES DU DIABLE (1967), et classé X dans sa version française, et réalisateur de quelques nanars connus (DYNAMITE JACK, LES TORTILLARDS) et de l’anonyme mais pourtant très prometteur LE CAÏD DE CHAMPIGNOL avec Michel Serrault. En savez vous plus sur ces films, que j’imagine assez aisément passables, mais qui constituent néanmoins ce que René Château appelle la mémoire du cinéma français …
A Julien Morvan
Prometteur le CAÏD DE CHAMPIGNOL ? Vous avez de l’estomac. Bastia a aussi tourné CERTAINS L’AIMENT FROIDE. Toutes ces raisons m’ont fait hésiter sur un achat eventuel des AVENTURIERS DU MEKONG
Dominique Wilms a-t-elle tourné un bon film ? Difficile à dire. Elle n’était pas maladroite. Je me souviens d’elle dans PAS DE COUP DUR POUR JOHNNY du mystérieux Mick Roussel (à qui Blain dédia LES AMIS) et LA SOUPE À LA GRIMACE (video chez Chateau) de mon ami Jean Sacha, film qu’on peut qualifier d’original : tous les personnages, y compris Noel Roquevert, sont censés être américains, l’action se passe en Amerique du Sud et le ton est très sérieux avec une fin à la Huston. C’est une curiosité
CES DAMES PREFÈRENT LE MAMBO est totalement nul et inerte.
A tout hasard, je signale avoir vu en Zone 1 avec une VOST français THE PURPLE PLAIN (La Flamme Pourpre), de Robert Parrish, 1954, avec Gregory Peck. Le film est basé sur un scénario de Eric Ambler, écrivain britannique que j’aime beaucoup. De tous les films de Parrish que j’ai vu, c’est le meilleur avec peut-être CRY DANGER. Beaucoup de scènes sont remarquables et la photo magnifique. La 2ème partie, après l’accident, n’est pas sans évoquer le film de Ford, Le Fils du Désert. A recommander vivement.
Je serais un peu moins laudatif avec THESE THOUSAND HILLS (1959, Richard Fleischer, zone 1, avec VF, mais pas de VOST). Le thème (l’arrivisme) est un peu insolite dans le western, mais il me semble que Fleischer a souvent été plus inspiré formellement, même si quelques scènes sauvent la mise. Parmi les acteurs, les prestations sont assez moyennes, sauf Lee Remick. En plus, l’image semble de qualité assez moyenne.
La rediffusion au cinéma de minuit de FR3 du MEDAILLON de John Brahm m’a donné envie de voir ou de revoir certains films de ce réalisateur. Il existe en Z1 un beau coffret intitulé FOX HORROR CLASSICS et qui comprend de 3 films de Brahm (tous avec une VOST français). THE UNDYING MONSTER est le plus mineur et ressemble un peu au film de la Universal de la décennie précédente. La photo de Lucien Ballard est magnifique. Les 2 autres films sont des chef d’oeuvre: THE LODGER (dont Hitchcock et Fregonese firent une version) et HANGOVER SQUARE qui est encore meilleur. Photo remarquable, Laird Cregar génial. A recommander très vivement.
Sur ces entrefaites, j’ai voulu aussi tâter de THE MIRACLE OF OUR LADY FATIMA, de Brahm également (VOST français), film qui date de 1952. J’avais comme intuition que ce film allait être une redoutable épreuve pour mes convictions anticléricales. Je ne fus pas déçu de ce point de vue. A cela s’ajoute dans la version américaine un anticommunisme forcené dans les premières scènes qui est très édulcoré dans la version française. Un peu comme pour le film de Fuller Le Port de la Drogue. Ceci dit, si on oublie l’arrière-fond idéologique, le film est tout à fait regardable et le jeu des enfants n’est pas mièvre, ce qui est un atout dans ce type de production. Par contre, Gilbert Roland cabotine un max. Une curiosité, donc !
A Harry Lime
J’avais parlé dans un des premiers blogs de ce dvd de PURPLE PLAIN et aussi du coffret John Brahm. Je suis assez d’accord avec vous sur FATIMA, redoutable.
Bonjour et merci pour la tenue de ce blog.
Y a-t-il, en plus des éditions Critérion, une édition dvd de qualité des Enchainés de Hitchcock. L’édition que je trouve régulièrement me semble une édition à la va-vite. Merci.
A Philippe- Michael
Je le demande avec vous. Celle de criterion avait des bonus exceptionnels
Bonjour, M.Tavernier,
Je n’arrive pas ici en Belgique à trouver des dvd des éditions Critérion. y a-t-il à Paris un lieu où on peut en acheter? Le seul que j’ai est « Coup de torchon »! Hé oui! Je n’ai jamais vu un dvd avec une aussi belle qualité d’image! J’ai eu l’impression de redécouvrir ce film.
Je viens de me procurer le coffret « Cinéma cinémas ». Quel bonheur! Fellini dirigeant une scène. Ou l’interview de Peter Falk, doublé par son doubleur habituel tant la prise de son avait été lamentable. Dommage qu’il n’existe plus à la télévision une émission sur le cinéma d’une telle exigence!
A Philippe Michael Jadin
Vous les commandez sur AMAZON et vous trouviez dans des boutiques MK 2 mais celle du cinéma dans Grande Bibliothèque a fermé. Essayez le net ou mailez à Criterion. Ils sont efficaces
Editions Montparnasse a pour projet de sortir les films de THOMAS HARLAN pour 2012.
Souhaitons que ce projet aboutisse pour honorer le cinéaste et aussi l’homme, si maltraité par son pays,mort dans l’oubli et l’anonymat le plus complet.
EM annonce aussi la sortie en août 2011 DANS LA COLLECTION RKO de :
– NIDS D’ESPIONS
– HOLIDAY AFFAIR
– MONTANA BELLE
– CORNERED (PRIS AU PIEGE)
Hello, M. Tavernier,
This has nothing to do with current DVD posts.
I am engaged in writing a very long review of the Ford at Fox box set for the online journal, Screening The Past. At this point I have decided to summarise some of what you wrote in the essay « La Chevauchee de Sganarelle ». Since no translation of the essay seems to exist in English, and since I think that it is one of the most important essays on John Ford’s films, I have translated certain parts of it.
I also think I ought to try to explain to Anglophone readers why the essay would have been titled « La Chevauchee de Sganarelle », and I have found myself struck by the coincidence of the date of the essay’s publication (1965) and the date of Marcel Bluwal’s telefilm, Dom Juan ou le festin de pierre (also 1965). Was this pure coincidence (I do hope not), or did you mean for your readers to recognise the reference not only to Moliere, but to Bluwal?
I will, of course, be only too happy to send you the text of the review if you would like to read it. That way you would be able to check my translations as well as my reasoning!
Here is a link to the first part of the review, which appeared in 2008. There have been five parts so far.
http://www.latrobe.edu.au/screeningthepast/23/ford-at-fox.html
Yours
Bill Routt
Heureux de pouvoir retrouver après une longue absence le blog et les participants (j’allais dire acteurs) du blog.
Juste pour signaler des sorties importantes qui viennent d’être annoncées :
-Scènes de chasse en Bavière (Peter Fleischmann) chez Montparnasse le 6/04/2011
-Wild Side toujours pour le 6/04/2011
INCIDENT DE FRONTIERE et LA RUE DE LA MORT (A.MANN) ainsi que LIBRE COMME LE VENT (R. PARRISH)
ces 3 TITRES DANS LA COLLECTION « LES INTROUVABLES »
Dans la collection Vintage Classics sont annoncés :
– Le 4ème Homme (P. KARLSON)qui vient aussi de sortir en Zone1 (en combo DVD+BR)
– IL MARCHAIT DANS LA NUIT (Alfred L. Werker et A. MANN)
– Je suis une légende (Sidney Salkow)
– DEMENTIA 13 (Francis Ford Coppola)
– BORDERLINE (W. Seiter)
– Rock, Rock, Rock (Will Price) (que je ne connais pas)
J’ai pu voir « Menaces dans la Nuit » de John Berry qui comme le disait Bertrand Tavernier est magnifique et venant après « La Chevauchée des Bannis » dans la même collection de Wild Side (coffret indispensable;les bonus sont des délicatesses à déguster)nous fait souhaiter longue vie à cette collection. A noter que le film de Berry (une fois n’est pas coutume)n’existe en DVD qu’en France.
A noter aussi :
– POTEMKINE sort le 3/05/2011 « HAXAN,la sorcellerie à travers les âges » (Benjamin Christiensen) dont beaucoup parlent de manière très élogieuse.
– MALAVIDA annonce pour avril (pas de date précise) la sortie de « Le Départ » de Jerzy SKOLIMOVSKI (enfin).
Je voudrai,pour finir, aussi parler de TAMASA qui a une ligne éditoriale originale : cinéastes peu diffusés, films « très personnels » venant d’horizons variés.
« La Classe Ouvrière va au Paradis » est annoncé en DVD pour octobre 2011; l’intégrale de Jean Eustache (7 films)devrait sortir en Novembre 2011 et « Mississippi Blues » qui devait sortir en février vient d’être repoussé en avril 2011.
Des moments de plaisir et de bonheur à saisir.
J’avais parlé du 4ème homme et je suis d’accord sur la plupart des titres mais on ne peut pas mettre sur le même plan MENACES DANS LA NUIT (formidable) et Rock, Rock, Rock (nul dans mon souvenir), le médiocre Je suis une légende
Je viens de découvrir JE SUIS UNE LEGENDE et je confirme : c’est très mauvais. Ceci dit, je l’ai vu dans un transfert médiocre comme tous ceux des films de genre présentés dans les coffrets « Science Fiction » et « Grands détectives » édités par LMLR et je ne doute pas que Wild Side proposera une copie plus décente mais il n’y a pas grand chose à sauver dans cette adaptation soporifique du roman de Matheson. Si j’osais, j’ajouterai que DEMENTIA 13 n’a qu’un intérêt mineur. A ne voir que pour découvrir les premiers pas de Coppola dans son apprentissage chez Roger Corman et parce qu’on y croise (trop brièvement) le génial Patrick Magee.
Ah! Vous voyez! Scènes de chasse…sort enfin en DVD!
Quant à Haxan, je confirme qu’il s’agit d’une oeuvre exceptionnelle pour la’voir vue à trois reprises dontune en salle avec accompagnement ad hoc!
Il s’agit d’une relecture de L’histoire de la sorcellerie à travers les âges de Michelet qui présente la particularité de montrer l’imaginaire de la sorcellerie à travers des tableaux baroques empruntant autant à Goya qu’à Bosch tout en proposant une analyse très détachée des phénomènes sociologiques qui suscitèrent cette peur de la sorcière. Loin de s’annuler l’une l’autre, les deux dimensions se nourrissent et terrifient vraiment.
Christensen est par ailleurs connu pour avoir été acteur chez Dreyer dans Michael ou dans d’autres muets (je crois stiller mais ne suis pas sûr).
Un film de visionnaire qui n’a rien à envier à mon sens aux chef d’oeuvre de Von Stroheim!
strictement rien à voir mais je ne saurais trop conseiller à tous les blogueurs de voir Mystères de Lisbonne le superbe film de Ruiz-à mon sens son chef d’oeuvre à ce jour dans une carrière riche.Récit complexe et foisonnant, inventivité (ruiz a cet amour des « trucs » bricolés absolument bluffants: mise au point au premier et à l’arrière plan scinéde par un flou au second plan,acteurs montés sur de petits cahriots qui redoublent par leur mouvement celui de la caméra,anamorphoses aussi belles que chez sokourov, etc…) et beauté plastique de tous les instants. Un CHEF D’OEUVRE vous dis-je!!!!
Par ailleurs, j’attends true grit des coen avec impatience après avoir entendu un extrait très référentiel (vous verrez quel est le morceau qui nourrit la mélodie!!!!) de la BO de Carter Burwell qui semble avoir conçu un travailaussi génial que les BO de Miller’s crossing, barton fink ou Fargo
Concernant les titres qui sont sortis ou vont sortir chez VINTAGE classics, la plupart avait été édité chez Bach Films. Pourrait-on me dire si ces nouvelles éditions améliorent la restauration. Dans le 4ème Homme et surtout Il Marchait dans la nuit (dont la photo est de John Alton si ma mémoire est exacte), ca pourrait être un net plus.
A HARRY LIME
Je voudrais avoir ces renseignements. Je possède les deux films que vous citez en édition américaine. Le 4 ème HOMME a été restauré la bas et le dvd comme celui de DOA était (enfin) parfait
Pour le peu que j’ai pu comparer : les dvd wildside « vintage classics » apportent un plus à la copie, par rapport aux éditions Bach films.
Le plus flagrant a été pour moi avec « Le balafré » de Steve Sekely dans une très bonne édition qui rend justice à la photo de John Alton (ce qui n’était absolument pas le cas de la copie Bach films, assez floue et peu définie).
J’attends donc les titres que vous citez, dont les copies seront je pense de toute façon supérieures à celles des éditions bach films. A suivre donc..
Cher Bertrand,
Heureux de vous voir saluer le travail de Bachfilms qui s’évertue à diffuser de grands classiques du cinéma sovietique.
Je n’ai acquis ni Okraina ni La jeune fille… mais peux dire tout le bien que je pense de Au bord de la mer bleue, film d’amour fou (c’est à dessein que j’emprunte cette expression à breton…je suis quasi sûr que le Delteil de Sur le fleuve amour provient de ce film de Barnett,il faut vérifier les dates) d’une pureté plastique et d’une liberté de ton admirable. Barnett possède un style évident,fluide ce qui le rend moins spectaculaire stylistiquement qu’Eisenstein ou Poudovkine mais le rapproche d’un autre grand: Alexandre Dovjenko dont La terre demeure l’un de mes films préférés de tous les temps!
Copie tout à fait correcte et en supplément un court du grand Ladislas Starewitch, futur génie de l’animation (Fables, Le roman de Renart…) dont un programme de courts est actuellement en salles soit dit en passant.
A Ballantrae
Entièrement d’accord
Je viens de voir « GO TELL THE SPARTANS » et je souscris totalement à ce que vous en dites. Le scénario est d’une grande originalité et l’interprétation (une fois de plus) de Lancaster est merveilleuse. On pourra regretter toutefois la relative pauvreté des décors mais cela ne gâche en rien la puissance qui se dégage de ce film et l’insert « 1964 » où Craig Wasson erre dans le cimetière français est d’une grande force… Il s’agit sans doute du meilleur film sur la guerre du Viet-Nam (pour ma part supérieur à PLATOON de Stone ou même à FULL METAL JACKET de Kubrick). Je ne le mettrai toutefois pas dans la même catégorie qu’APOCALYPSE NOW (chef d’oeuvre de Coppola qui est plus une vision hallucinée de cette guerre) où DEER HUNTER qui est, pour le coup, un film « sur » la guerre en général et ses conséquences.
Admirable autre découverte que THE MAN I KILLED de Lubitsch, d’une émotion rare et admirablement filmé qui prouve le génie de ce réalisateur, capable du meilleur également dans le genre dramatique. On peut remercier Bach Films et Patrick Brion pour cette sortie DVD.
M. Tavernier , May I compliment you on your excellent « Masterpiece in the Margins » segment of the beautiful new VCI DVD of THE PROWLER (although I think that first featurette would have been improved by the replacement of James Ellroy and That Hamilton Woman by Pierre Rissient , in whose debt I shall ever be for making it possible for me to see Losey’s M at the Museum of Modern Art on October 24, 1993). And might I suggest an encore of the Tavernier/Muller double act on future VCI transfers of CRY DANGER, TOO LATE FOR TEARS, and THE CHASE. And just what is the release problem with M ?
Than you again Michael. I have never seen the dvd of the PROWLER. They never bothered to send it to me
Cher M. Tavernier, J’ai beaucoup aimé votre discussion avec Richard Peña au Rendez-vous à New York. À propos du monde dvd, est-ce qu’on aura jamais le plaisir de voir votre chef d’oeuvre moyennageux, La Passion Béatrice, sur dvd. Je ronge mon frein depuis longtemps.
A Frederick Clark
PATHÉ va le sortir en France prochainement
Formidable émission sur Hitchcock et grande envie de lire cette nouvelle biographie très documentée!
Merci pour votre enthousiasme et vos lumières!
PS: le bouquin de L Bouzereau vaut-il la peine d’être acquis?
A Ballantrae
Le livre de Bouzereau ? J’ai un blanc…
Le livre de Bouzereau s’intitule « Hitchcock, pièces à conviction ». Il est préfacé par Patricia Hitchcock O’Connell et est édité aux Editions de la Martinière. Je ne l’ai pas encore acquis.
Je viens de découvrir THE SWIMMER (LE PLONGEON, 1968) de Frank Perry, brièvement évoqué ici par Bertrand en décembre 2005 comme un des nombreux films « ambitieux et curieux » tournés par Burt Lancaster dans la deuxième partie de sa si riche carrière. Le peu que j’avais entendu dire de Perry était plutôt en mal. Mais là, j’ai été époustouflé. L’idée de base est géniale et je ne vais pas la révéler pour laisser le plaisir de sa découverte. Et Lancaster est tout simplement prodigieux, au point que je me demande de plus en plus si il y eut un autre acteur américain de sa génération et de sa trempe qui peut se vanter d’avoir eu une carrière d’une variété et d’un courage aussi étonnants (y compris Kirk Douglas et Robert Mitchum qui ont pourtant placé la barre très haut). Il y a quelques faiblesses de réalisation (je ne suis pas fan des zooms et des ralentis et la musique est parfois redondante) mais l’impression globale est inoubliable. Il paraît que Sidney Pollack aurait en partie remplacé Perry, viré par la production. Quelle fut son influence sur le résultat ? En le sachant, on peut croire retrouver la marque du réalisateur de PROPRIETE INTERDITE et d’UN CHATEAU EN ENFER mais c’est peut-être subjectif. Reste une oeuvre inclassable, d’une originalité rare, qui laisse un drôle de goût dans la bouche et pas mal de questions en suspens. A mon avis, soit on reste scotché du début à la fin, soit on décroche vite. Les dialogues et situations sont d’une audace et d’une ambiguïté tout aussi étonnantes (les séquences avec la jeune fille, le petit garçon et celles de l’humiliation progressive dans la « party » de parvenus puis à la piscine publique). Et les autres acteurs sont au diapason de Lancaster, notamment Janice Rule en ex-maîtresse délaissée.
Le DVD n’est disponible qu’en VO sous-titrée mais franchement, tentez le coup, le film en vaut plus que la peine.
A Pierre
Entièrement d’accord. Je ne peux estimer la part de Pollack mais c’est vrai que le film malgré certains défauts mineurs est opriginal et inclassable comme par exemple THE GODESS de John Cromwell, SECONDS de Frankenheimer et certains films des années 7O que nous avons montré à Lyon. Et Frank Parry a signé un film (involontairement ?) réjouissant MOMMIE DEAREST et le célèbre (et daté) DAVID ET LISA. Ainsi que DOC que je n’ai pas vu
If I might answer Pierre’s question about Sydney Pollack’s contribution to The Swimmer: originally the part played by Janice Rule (the American actress most likely to reduce me to the debased, drooling, right hind paw pounding on back of head status of le loup de Tex Avery) in the film was originally played by extremely talented chronologically shortchanged actress-director Barbara Loden. According to Gary Fishgall’s biography of Lancaster, Loden pretty much thespicly wiped the floor with Lancaster ( there must be a French idiom for this). Overhead flying aircraft spoiled the sound. Knowing an opportunity when he saw one and over Frank Perry’s objections ( and refusal to participate ), Lancaster had the scene reshot with the aformentioned Janice Rule and this scene was the only one directed by Sydney Pollack. Best, Michael Rawls
A Michael,
Thank you for thios useful contribution
Merci beaucoup Michael pour cette passionnante précision même si mon anglais est insuffisant pour en goûter toutes les subtilités (je ne suis pas sûr d’avoir saisi si Loden et Lancaster s’étaient mal entendus sur cette séquence si critique du film ou si l’expression « wipe the floor » signifiait qu’elle lui avait volé la vedette. Par contre, j’ai parfaitement capté l’imagerie tex-averienne. ;P
« I’ll wipe (ou wipe up) the floor with you »: « je vais te réduire en miettes », je vois bien Loden en découdre avec le très volontaire Lancaster, elle ne devait pas être du style gnan-gnan!
Bonjour Monsieur Tavernier, un grand merci pour cette nouvelle édition du Festival Lumière. Du petit lait pour un jeune cinéphile comme moi de vous avoir entendu débattre sur la profondeur des road movies 68tards pour la projection de Five Easy Pieces à l’Institut. Vivement l’édition 2011
Cher Bertrand,
Annie Fratellini sera la compagne suivante de Pierre Etaix et c’est par amour de celle-ci et par amour du cirque que le cinéaste laissera la place au fondateur de l’école du cirque célèbre.
Il s’agit-j’ai cherché depuis- de Claudine Auger.
Logiquement, nous devrions reprendre le film en été lors du festival du mime Mimos à Périgueux et ce sera peut-être(soyons prudents!!!!) en présence d’Etaix.
Mon doigt a fourché sur le clavier: il s’agit bien sûr de Luce Klein et non de la charmante Claudine Auger qu’on retrouvera dans un autre chef d’oeuvre: La party de blake Edwards.
Euh… l’adorable de LA PARTY était Claudine… Longet. ;P
Claudine Auger fut l’épouse du réalisateur Pierre Gaspard-Huit, auteur de l’inanaroubliable SHEHERAZADE (1963) avec Anna Karina dans le rôle-titre.
Bonjour et merci pour vos précieuses chroniques.
En réponse à Malassenet : LES CROIX DE BOIS (film très important, qui n’a pas toujours été bien compris et reconnu) n’est hélas encore jamais sorti en DVD en France, pas davantage que ces autres chefs-d’oeuvre de Raymond Bernard que sont LE MIRACLE DES LOUPS (1924, ne pas confondre bien sûr avec le médiocre remake de Hunebelle !), LE JOUEUR D’ECHECS (1926, un des sommets du cinéma muet français, restauré par Lenny Borger et Kevin Brownlow et disponible en dvd aux USA avec la musique de Henri Rabaud composée à l’époque pour le film ) et LES MISERABLES (1933, avec Harry Baur, qui existe aussi en dvd aux USA, une des plus puissantes adaptations de Hugo). Cette absence constitue un manque évident pour la connaissance du cinéma français des années 20 et 30. Ne serait-ce que pour ces quatre titres, ce cinéaste est à redécouvrir, et sa carrière par ailleurs inégale comporte un certain nombre d’autres films notables (LE COUPABLE avec Pierre Blanchar, AMANTS ET VOLEURS,ANNE-MARIE avec Annabella sur un sujet de Saint-Exupéry, J’ETAIS UNE AVENTURIERE, délicieuse comédie à l’américaine avec Edwige Feuillère,les très méconnus ADIEU CHERIE avec Danielle Darrieux et LE JUGEMENT DE DIEU, etc). Vous aviez parlé lors de sa sortie en dvd des OTAGES, film qui me semble maladroit et décevant cinématographiquement, mais intéressant sur un plan historique (tourné à l’époque des accords de Munich).
A signaler, un livre a été publié récemment sur ce cinéaste, « Raymond Bernard, fresques et miniatures » (Eric Bonnefille, L’Harmattan, 2010). Souhaitons que les éditeurs de DVD prolongent cette redécouverte !
A Demachy
D’accord avec vous sur l’importance de Raymond Bernard et la terrible frilosité des studios français. J’ajouterai FAUBOURG MONTMARTRE mais pas MAYA qui est sorti récemment et qui est paléolithique. Je ne connais ni AMANTS ET VOLEURS ni ADIEUR CHÉRIE mais j’avais trouvé des moments intéressants dans un film à sketch CAVALCADE D’AMOUR
Concernant Raymond Bernard, je signale qu’il existe en DVD zone 2 UN AMI VIENDRA CE SOIR, qui date de 1945, avec Michel Simon. J’ai souvenir d’un excellent film dans sa première partie, mais plus décevant dans la seconde. Le point de départ est insolite puisque l’action se situe dans un asile d’aliénés pendant la guerre. MAYA m’a aussi semblé très daté aussi bien par sa forme que par ses thèmes. Par contre, je garde un meilleur souvenir que vous des OTAGES. Enfin, vous avez oublié de mentionné l’excellent TARTARIN DE TARASCON que l’on trouve également en DVDZ2. Mais il est effectivement pour le moins étrange que les films majeurs d’un cinéaste français soient mieux édités à l’étranger que dans son propre pays…
A Harry Lime
Je n’avais pas beaucoup aimé UN AMI VIENDRA CE SOIR ni TARTARIN DE TARASCON
Je suis plutôt d’accord avec Bertrand Tavernier pour ce qui concerne ces deux films : on aimerait aimer UN AMI VIENDRA CE SOIR, dans lequel Raymond Bernard a voulu rendre hommage au maquis du Vercors, où il avait trouvé refuge en 1943-44 (et où son frère Etienne Bernard fut médecin-chef des mouvements de résistance), mais les lourdeurs du scénario et de la mise en scène gâchent cette ambition sincère. Quant à TARTARIN DE TARASCON, la partie tarasconnaise, « à la manière de » Pagnol (co-scénariste), est plaisante, et Raimu réussit un joli croquis du personnage, mais la suite, en Afrique, est médiocre et assommante (Pagnol avait d’ailleurs « renié » cette partie, estimant que son scénario avait été coupé n’importe comment).
Dans le domaine de la comédie, Bernard réussira nettement mieux J’ETAIS UNE AVENTURIERE en 1938, ainsi que les trois films qui terminent sa carrière : LES FRUITS DE L’ETE (54), LE SEPTIEME COMMANDEMENT (57), tous deux avec Edwige Feuillère, et surtout LE SEPTIEME CIEL (57, avec Darrieux), savoureuse incursion dans l’humour noir à l’anglaise.
je voulais juste signale le coffret dvd Criterion (eclipse series 4) des films de Raymond Bernard comprenant Wooden Crosses (les croix de bois) et les deux films Les miserables ,avec a mon gout le plus credible(puissant) des jean valjean , Le genial Harry Baur.
ils sont edite en versions original donc en francais..
De Raymond Bernard, que vaut MARTHE RICHARD AU SERVICE DE LA FRANCE avec Edwige Feuillère (sorti en dvd chez studiocanal) ?
A Damien, je ne sais pas
MARTHE RICHARD ne fait pas partie des meilleurs films de Raymond Bernard, c’est plus ou moins un film de commande, mais qui est intéressant avant tout par la présence de Erich Von Stroheim, dont c’est le premier film en France, juste avant LA GRANDE ILLUSION. Stroheim, en enrichissant son personnage d’officier allemand de touches de baroque, de cynisme, vole la vedette à Edwige Feuillère (qui sera bien mieux servie par Raymond Bernard dans J’ETAIS UNE AVENTURIERE, l’année suivante). La scène du suicide de Stroheim, où il arrache ses galons parmi les chandeliers, sur fond de musique d’Honegger, vaut vraiment le détour.
J’aime beaucoup Five easy peaces mais trouve injuste que vous assimiliez Into the wild à un « délayage » des derniers instants du film de Rafelson.
J’ai trouvé très belle la manière dont Sean Penn s’emparait du paysage américain dans un geste à la Kerouac.Il constitue à mon sens une nouvelle preuve du talent du bonhomme qui sait allier sensibilité et rudesses depuis ses débuts avec indian runner.Pour l’instant, j’aime chacun de ses films à la manière dont je goûte les albums de Springsteen:ils incarnent la survie de l’Amérique que je préfère, celle des grands espaces et du parcours existentiel d’êtres abimés et humains.Penn acteur comme Penn cinéaste ne recule pas devant les effets (ralentis dans Indian runner ou Crossing guard,prolepse initiale de The pledge,incrusation de textes dans into the wild et ce ne sont que quelques exemples) mais j’avoue aimer ces scories d’écriture car elles sont le garant d’un style vivant, organique…très américain! Cf Fuller,Aldrich…
Puisque l’on parle toujours de western ici, je me permets de vous adresser, Monsieur Tavernier, une demande très personnelle. Je viens de découvrir (dans une édition DVD très simple, la seule qui existe je crois – Western Classics de la Columbia) le superbe western de Delmer Daves, JUBAL (L’HOMME DE NULLE PART) avec Glenn Ford et Ernest Borgnine notamment, et je suis très étonné de voir qu’il est assez peu évoqué dans vos ouvrages concernant le cinéma américain (un mot très court sur la musique dans 50 ans de cinéma, et quelques lignes dans Amis Américains).
Le film m’a permis, jeune cinéphile, de découvrir encore mieux Daves (dont j’ai vu THE LAST WAGON, THE HANGING TREE et 3.10 TO YUMA), de voir une continuité dans son œuvre (la trame de JUBAL est reprise dans THE HANGING TREE – arrivée d’un homme au passé trouble, relations tendues avec les autochtones, une femme qui bouleverse tout, des habitants qui forment une foule menaçante, un lynchage évité de justesse … -), de voir l’utilisation qui est faite des paysages (ils renforcent la scène, notamment quand Borgnine émet des doutes sur la fidélité de sa femme, il est seul au milieu de ses hommes, l’intensité dramatique est renforcée par les arbres autour, qui sont censés abriter le feu de camp), et le talent des acteurs (Bronson ne montre rien de génial, mais Glenn Ford est remarquable de contrôle de lui-même, et Ernest Borgnine est superbe – même si c’est le genre de rôle auquel il est cantonné).
Avez vous pensé autant de bien que moi de ce grand film ? Je considère 3.10 et THE HANGING TREE au-dessus tout de même, mais je le pense meilleur que THE LAST WAGON (la fin est plus subtile selon moi, avec ce superbe mouvement de caméra partant de la foule qui s’apprête à lyncher un homme et arrivant sur un crochet suspendu à la grange).
A Julien Morvan
Voila un passage que je trouve dans la nouvelle edition d’AMIS AMERICAINS
Et l’on se souvient dans toute cette oeuvre et pas seulement dans les westerns (il suffit de penser à un mélodrame lyrique comme THE RED HOUSE, PARRISH, à un film noir “urbain” comme DARK PASSAGE ) d’une immense et spectaculaire variété de paysages, parfois à l’intérieur d’un même film. JUBAL par exemple puise dans la diversité des extérieurs, de l’aridité dramatique des premiers plans aux sous bois élégiaques des séquences avec Felicia Farr, une partie de sa force et de son originalité, chaque nouveau décor, chaque nouveau lieu paraissant modifier l’éclairage du récit, son ordonnancement, infléchir les sentiments et les émotions. Les paysage ne servent pas simplement de cadre à l’action, ils l’épousent, semblent faire corps avec elle comme s’ils en étaient le moteur secret. Je n’ai jamais pu oublier les sous bois, les escarpements, le torrent de THE LAST WAGON, la terre craquelée par la sécheresse de 3. 10 TO YUMA, le camp Modoc de DRUMBEAT, la plage et le cimetière de bateaux de TO THE VICTOR, le camp de chercheurs d’or surplombé par le petite cabane qu’a achetée Gary Cooper (THE HANGING TREE), tous ces lieux chargés de sens – poétique plutôt que symbolique – filmés avec une force émotionnelle, lyrique, mais totalement exempts de pittoresque. L’oeil de Daves n’est pas celui d’un touriste, d’un globe trotter tel que l’épingle Chesterton : celui qui collectionne les impressions, qui traverse tout sans rien chercher à connaître. Non, ce qui intéresse Daves, c’est de tisser un lien organique entre un extérieur et le sentiment intérieur de la scène : le sable noir et brillant de la plage où débarque Louis Jourdan semble annoncer de manière prémonitoire le coté sombre et douloureux de sa rencontre avec Everett Sloane, magnifique personnage stevensonnien (BIRD OF PARADISE), plus tard dans le même film, l’éperon rocheux couleur de basalte sur lequel se déroule l’affrontement entre le grand prêtre et Jeff Chandler donne une vraie gravité à cette scène. Les plateaux rocailleux battus par les vents semblent, dans DRUMBEAT, à l’image des discussions périlleuses sur le traité de paix… La demeure qu’a choisi d’habiter Doc. Frail qui surplombe la petite ville minière, lieu d’exclusion, de réclusion et de domination, en dit beaucoup sur les contradictions qui le déchirent ( THE HANGING TREE). On a l’impression que les émotions des personnages doivent d’abord s’incarner dans les paysages qui les entourent.
Merci beaucoup pour cette réponse !
Dans ce contexte de nominations aux césars et puisque nous parlons de Delmer Daves, j’ose vous faire part d’une réflexion à laquelle j’ai pensé avec un ami à la suite d’une projection de LA PRINCESSE DE MONTPENSIER. Dans la première partie du film globalement (et dans les dernières minutes), et plus particulièrement sur les deux premiers plans du film, nous avons eu l’impression d’une inspiration « davesienne », dans les mouvements de grue notamment, qui m’ont rappelé (dans un autre contexte) le mouvement de caméra dans la première scène de LA DERNIÈRE CARAVANE. Était-ce volontaire, est-ce que cela se prêtait à la scène, où avons nous juste simplement fantasmé ?
A Julien Morvan
Les deux plans en question ne se réfèrent à aucun plan précis chez Daves mais j’ai pensé à ce metteur en scène en les imaginant. Daves est une des sources d’inspiration du film dans le traitement des extérieurs, des paysages
Bonjour à tous et bonjour Mr Tavernier,
Je me réjouis de la sortie imminente du collector en zone 2 du film « le locataire » de Roman Polanski.
D’une noirceur absolue ce film m’avait vraiment marqué.
Dans un autre registre, je viens d’acquérir le coffret d’Harry Langdon renfermant 3 de ses chefs-d’oeuvres (tramp,tramp,tramp; Long pants…) Cependant j’attends qu’un éditeur se décide à sortir: « papa d’un jour » qui reste pour moi son plus grand film. A quand une possible sortie?? Bien à vous.
bonjour monsieur Tavernier
j’ai récemment découvert UN BRAVE GARCON via le DVD Bach film.
voici pour le film: http://films.nonutc.fr/2010/12/23/un-brave-garcon-ceux-de-novgorod-boris-barnet-1943/
quant à la qualité du DVD, elle m’a semblé correcte.
A Christophe
Merci, j’ai aussi ce film qui est très chaleureux
bonjour monsieur Tavernier
j’ai récemment découvert UN BRAVE GARCON via le DVD Bach film.
voici pour le film: http://films.nonutc.fr/2010/12/23/un-brave-garcon-ceux-de-novgorod-boris-barnet-1943/
quant à la qualité du DVD m’a semblé correcte.
Monsieur Tavernier, quand vous écrivez à propos des « Croix de bois » N’ETAIT pas disponible en DVD (sauf bien sûr chez Criterion aux Etats Unis) est-ce que cela sous-entend qu’à présent il l’est ? si oui, chez quel éditeur ? Pour ceux que » la grande guerre » au cinéma passionne, je me permets de signaler un « petit » (de format)livre de Boris Barbiéri intitulé : « 14-18 au cinéma les 50 films de la grande guerre » (éditions de Passy) guide critique par ordre chronologique, de « Coeurs du monde » (1918) à « Les fragments d’Antonin » (2006)suivi des références des DVD (quand elles éxistent!)
je partage votre opinion sur « Go tell the Spartans » Il est aisément trouvable en DVD dans la collection fnac-cinéma (VO, VF, et sous titres Anglais ou Français)
bien que ce soit hors sujet (mais où pourrais-je sinon vous posez la question suivante ?) Pourquoi,du moins à ma connaissance, « La passion Béatrice » est-il le seul de vos films qui soit introuvable en DVD en France ?
Merci.
A Malassenet
Pathé veut le sortir prochainement. A ma connaissance, il n’y a pas d’édition des CROIX DE BOIS en France dans une version digne de celle de Criterion
Merci pour cette chronique très variée, à l’image du cinéma que nous aimons.. Je ne reviens pas sur des films dont vous parlez fort à propos et que j’ai beaucoup aimé (le magnifique LA CHEVAUCHEE DES BANNIS, le rafraîchissant L’AS DE PIQUE, entre autres…). Un mot sur 12h08 A L’EST DE BUCAREST que j’ai découvert (hasard du calendrier) le 23 décembre dernier : vous en aviez déjà parlé dans une chronique précédente. Corneliu Porumboiu déboulonne le mythe de la révolution roumaine avec humour et sensibilité. L’émission télévisée restera à jamais dans les annales du cinéma avec ce magnifique trio : le jounaliste local et raté qui se croit l’égal des plus grand, le vieux ronchon plein d’humour et le professeur alcoolique mythomane…
Par ailleurs, je viens de voir tout récemment OKRAINA (Le Faubourg) de Boris Barnet sorti chez Bach film et dont Jacques Lourcelles en disait également le plus grand bien. Le film n’est pas loin d’être un chef d’oeuvre, plein d’humanité et teinté d’humour. Le spectateur est parfois un peu décontenancé dans les 20 premières minutes : il s’agit du deuxième film parlant de Barnett et l’utilisation du son est encore approximative, même si déjà très inventive (à l’image de ces cris se confondant avec le démarrage du train, effet que reprendra par exemple Hitchcock dans The 39 STEPS; l’utilisation de sons surprenants pour les obus dans les tranchées ..).
Barnet arrive surtout à humaniser tous les personnages de ce petit village russe pris dans la tourmente de la guerre. Plusieurs scènes sont exemplaires : entre autres le soldat allemand prisonnier et employé comme cordonnier, battu par des soldats revenus du front (et défendu par la jeune fille « légère » du village. Le vieux cordonnier russe l’employant et venant d’apprendre la mort d’un de ses fils, concluant la scène par : « c’est un allemand, oui, mais c’est un bon cordonnier »). Et puis cette autre scène tout à fait originale dans le contexte de l’époque : le soldat sur le front apprenant la révolution d’octobre et répétant d’un air dubitatif : « ah, c’est la douma qui a pris le pouvoir : donc le peuple. Le peuple !… ». On comprend mieux certaines critiques dont le film a fait l’objet à l’époque et que rappelle Lourcelles (notamment dans l’absence réelle de parti pris). Ce qui le rend pour le coup, d’autant plus moderne aujourd’hui.
Merci donc d’avoir parlé de ce réalisateur parfois méconnu, qui loin de la mise en forme d’un Eisenstein ou d’un Poudovkine, n’en est pas moins un réalisateur majeur à découvrir. Je vais voir LA JEUNE FILLE AU CARTON A CHAPEAU… Avis aux éditeurs (Barnet a tourné jusqu’au début des années 60 !)
Mezrci Damien
Bonsoir Monsieur,
Permettez-moi, tout d’abord, de vous présenter mes vœux les plus respectueux et les plus sincères pour 2011.
Je viens de parcourir – avec un intérêt toujours renouvelé – votre dernière chronique sur ce blog.
Je me contenterai ici de quelques remarques très personnelles, en vous disant tout le bien que je pense de « Go Tell the Spartans » (« Le Merdier », en France), sans doute l’œuvre la plus réaliste, la plus intègre et la plus poignante consacrée au conflit américano-vietnamien. Et quelle prestation de Burt Lancaster en vétéran buriné, totalement lucide, dont la mort (elliptique et empreinte de miséricorde) est filmée avec une sécheresse, sinon un dépouillement, qui n’est pas sans évoquer – inconsciemment – « La Rue Transnonain » de Daumier ! Probablement le meilleur film de Ted Post, réalisateur solide bien qu’inégal, auteur du très beau « Fais ta prière Tom Dooley » (1959) avec Michael Landon et de l’attachant « Pendez-les haut et court » (1968), dont les scènes entre Eastwood et la regrettée Inger Stevens (durant le pique-nique et la nuit d’orage) étaient magnifiquement écrites et filmées avec une délicatesse rompant avec la brutalité générale du propos…
Je suis heureux que vous ayez apprécié « Estouffade à la Caraïbe », agréable film d’aventures (inspiré d’un récit de Marvin H. Albert, créateur – entre autres – du personnage de Tony Rome, incarné à deux reprises par l’ami Sinatra devant la caméra de Gordon Douglas) que je m’étais permis de « recommander » – avec mesure – sur ce blog : à mon sens, l’un des meilleurs rôles de Frederick Stafford, avec « L’Étau » et l’excellent « L’Homme qui valait des milliards » de Michel Boisrond (que j’ai déjà évoqué et que je recommande – pour le coup – avec un enthousiasme non dissimulé !).
Je n’insisterai pas sur André Hunebelle, cinéaste par trop discrédité (à l’instar de quelques artisans comme Maurice Cloche, Robert Vernay, Guy Lefranc ou Maurice Labro qui, s’ils ont tous alignés leurs quotas respectifs d’insondables navets, ont aussi réalisé quelques – rares – mais authentiques BONS films) sur lequel il y aurait beaucoup à dire, ni sur Terence Young, autre metteur en scène invariablement dénigré mais qui connaissait fort bien « son affaire » : outre les deux premiers « Bond », il conviendrait de revoir quelques réussites de début de carrière, telles que « Corridor of Mirrors » en effet, mais aussi « Trois des chars d’assaut » (1950) et « Les Bérets rouges » (1953), deux récits guerriers particulièrement efficaces, auxquels j’ajouterai « Safari » (1956) ainsi que « Les Collants noirs » (1960).
« Les Pirates de la côte » (1960), de Domenico Paolella, est un honorable film d’aventures maritimes, sauvé de la routine par la présence de Lex Barker, opposé une nouvelle fois au truculent Livio Lorenzon (« assurément l’un des meilleurs « seconds couteaux » du cinéma de genre italien des années 50/60 », pour paraphraser ma propre formule dans la dernière édition du « Guide des Films »), plus infâme et brutal que jamais !!! Dans le rôle d’un écumeur, on signalera la présence de John Kitzmiller (surtout connu pour son rôle de Quarrel, associé à James Bond/Sean Connery et à Felix Leiter/Jack Lord, dans « Dr. No »), premier acteur noir récipiendaire du Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes (édition 1957) pour le très beau « La Vallée de la paix » de France Stiglic.
Il faut absolument que je me procure en DVD « La Chevauchée des bannis » (sans doute LE chef-d’œuvre de De Toth, avec « None Shall Escape »), que mon père me vanta pendant des années, après avoir goûté le plaisir de le visionner jadis en salle : lui qui nourrissait, par ailleurs, une très profonde tendresse pour « La trahison du capitaine Porter » et « La mission du commandant Lex » me parlait si bien de ce film où l’on a tant froid…
A Sachalistaire : vraziment les BERETS ROUGES et SAFARI ? J’ai gardé le souvenir de film inertes, sans invention, aux déplorables scénarios. Il y avait un Paollela qui me semblait plus excitant que LES PIRATES DE LA COTE. Avec Silvana Pampanini que l’on voyait popur la première en reflet dans une flaque d’eau dans mon souvenir
Oui, « vraiment ». Et, si je devais faire dans la « provocation », je dirais même qu’un film comme « Cosa Nostra » ne manque pas d’intérêt : c’est même une œuvre particulièrement attachante, lucide et intègre, dans laquelle Charles Bronson – flanqué d’un rôle tragique et ingrat – se révèle bouleversant…
Chez Daves personne ne s’en sort tout seul, que ce soit dans des négociations de paix, dans le convoyage d’un hors la loi qui doit prendre le train de 3 heures 10 ou dans un “gunfight”. C’est uniquement grâce à Bronson qui lui jette une arme (un panoramique fulgurant lie les deux hommes) que Glenn Ford s’en sort dans JUBAL. Il aura besoin également de l’aide de plusieurs autres personnes, Felicia Farr, Valerie French, la petite communauté religieuse pour échapper à ses poursuivants
Il est d’ailleurs intéressant de relire les reproches adressés par Hawks cinéaste de l’individualisme s’il en fut à 3.10 TO YUMA. Il conteste tout ce qui fait le poids, la force, l’originalité du film commettant au passage quelques contre sens : contrairement à ce qu’il dit, Van Heflin n’est pas un “professionnel”, un marshall habitué à tuer, mais un fermier que les circonstances économiques forcent à accepter ce boulot ; ce qui explique ses hésitations, ses peurs, sa répugnance à utiliser la violence, et aussi sa volonté de défendre une collectivité, ce qui justifie sa décision finale. Bref tout ce qui rend le personnage si émouvant, si neuf pour l’époque, si proche de nous et qui donne tant de relief à son affrontement avec Glenn Ford.
Cette ouverture au monde, ce respect de la conscience collective expliquent d’autres singularités dans cette oeuvre notamment le fait qu’il ait consacré deux films à ce qui est généralement expédié en une ou deux scènes dans les westerns : les péripéties, les négociations, les discussions autour d’un traité de paix. C’est que pour Daves les causes et surtout les conséquences sont aussi, sinon plus importantes que les faits : les scènes d’action, de violence sont généralement rapides, voire fulgurantes : l’embuscade où périt Debra Paget expédiée en quelques plans splendides auxquels Daves donne moins de poids, d’importance qu’à ceux qui décrivent la réaction de Stewart quand il découvre le corps, la mort de Borgnine dans JUBAL. Non qu’il ne sache pas filmer la violence : il suffit de voir la scène sombre et terrible, admirablement filmée en mouvement,où Cooper tue Karl Malden dans THE HANGING TREE, celle où Glenn Ford abat froidement le cocher (3.10 TO YUMA). Simplement, il s’attarde davantage sur ce qui les a provoquées ou ce qui va en résulter. Une bataille c’est aussi pour lui l’occasio
Bonjour Bertrand, bonjour aux passionnés,
Bertrand, je repose ma question angoissée du 22 novembre qui a dû passer à l’as, je voulais savoir si l’Institut Lumière allait poursuivre l’édition Powell-Pressburger, vous voyez, j’attends avec impatience l’édition de The Small Back (ou Black?) Room!
J’ai revu La Ville Abandonnée, de Wellman, j’aime vous voir dans les bonus car vous parlez de cinéma en montrant que ça vous fait plaisir, au contraire de certains commentateurs qui semblent atteints d’une redoutable neurasthénie dés qu’ils abordent le sujet (et se contentent souvent de débiter noms ou filmographies, d’ailleurs), je n’aimais pas trop ce western quand j’étais gamin, à le revoir adulte, il devient magistral, curieux?! Et aussi, vous avez raison: Ann Baxter est au-dessus de toute la distribution: lumineuse, stupéfiante, magistrale! Et c’est pas du favoritisme pro jeunes femmes séduisantes, j’ai passé l’âge (croyez moi)!
A JLS : on est en négociation et on attend le résultat. Cela peut prendre dutemps
Merci infiniment, vite vite! Revoir Kathleen Byron, et cette incroyable scène de déminage avec la caporale jouée par Renée Asherson, qui communique avec Farrar par radio pendant qu’il officie (je parle de The Small Back Room), je l’avais vu à Chaillot mais j’avais rien compris pas de st! D’ailleurs, vous étiez, Bertrand, dans la file d’attente en train de parler de votre départ pour le Sénégal pour tourner Coup de Torchon! Je voudrais bien revoir aussi le magnifique Un de nos Avions n’est pas Rentré dans une bonne copie.
Je crois que les éditions Wild Side des Lupino devraient être meilleures que les éditions Bach Films! Ils exagèrent un peu, ceux-là, je suis sûr qu’ils ont édité Les 3 Diables Rouges d’après une cassette analogique, les cadrages ne sont pas respectés, en plus!
Je suis content que La Métamorphose des Cloportes qui n’est généralement pas cité dans les grands polars français soit apprécié ici, il est vraiment rigolo, et y’a la musique de Jimmy Smith! C’est après avoir vu ce film que j’ai commencé à acheter et écouter du J Smith! Le cinéma vous fait toucher à tout!
L’Arme à Gauche est excellent et depuis longtemps est sorti chez R Château Classe Tous Risques, tourné juste avant ou après: je suis vraiment surpris qu’on ait pu tourner un film aussi noir, la voix off en final glace le sang (« Un peu plus tard, Abel Davos fut retrouvé, arrêté, puis exécuté »), est-ce qu’on serait aussi noir de nos jours, je crois qu’on rajouterait une petite conclusion moins noire pour soulager le spectateur…Le fait que Leonard Maltin dans son guide juge ce film « trop paresseux et habituel » (je traduis…) est incompréhensible, c’est sec et nerveux et si tendu au contraire! Est-ce trop noir pour des esprits américains? Peut-être…
A Martin Brady
quel est le film que Maltin critique, L’ARME A GAUCHE ou CLASSE TOUS RISQUES qui est ressorti récemment avec de fort bonnes critiques
A Bertrand Tavernier:
C’est Classe tous Risques (The Big Risk aux USA) que Maltin juge vraiment sévèrement, j’ai tendance à passer d’un film à l’autre un peu rapidement, pardon.
Merci d’être si disponible pour répondre à nos questions, en tout cas. Salut à tous les passionnés.
Je viens tout juste de redécouvrir L’Arme A Gauche dans l’édition SNC (qui n’est pas celle de l’image ci-dessus), j’ai trouvé comme vous que toute l’introduction qui mène à la 1ère confrontation avec les bandits était passionnante (les flics de St Domingue tout à fait convaincants et jamais ridiculisés au contraire), interloqué que dans le « Guide des films » de Laffont, qqn commente: « un peu long à démarrer », c’est le contraire. Ventura est parfait y compris dans son laconisme de « tough guy » qui en imposerait à Bogart ou Mitchum! Dans ce style de personnage, il est au-dessus de Delon dont la mâchoire serrée paraît un peu trop serrée dans les Melville! Les quelques brefs sourires isolés qu’il accorde, contredisant un peu celà, sont très justes et bien placés, ils sont d’ailleurs réservés à Sylva Koscina dans des conversations rapides extrêmement concrètes (en gros, elle s’informe sur son plan), heureusement pas d’histoire d’amour! Je ne suis pas du tout d’accord avec Bertrand Tavernier sur Koscina qui plomberait les scènes, ce qui me paraît un peu méchant! Elle a juste l’air de ne pas se déprimer de sa situation de captive, ce qui est original ou invraisemblable, elle n’a pas dû être beaucoup aidée par Lino (et Sautet?)! Au contraire de « plombeuse de scène », je la trouve très légère, c’est à dire qu’au pire: trop, mais ceci étant, finalement, son attitude est convaincante, elle est un peu désabusée, c’est juste une fausse millionnaire, ruinée (vous rappelez-vous que c’est ce que le flic confie à Ventura?) sauf pour ce yacht qu’elle doit absolument récupérer. Certes, sa tentative de séduction de Leo Gordon était délicate à jouer, elle n’y arrive pas tout à fait. Gordon est formidable fou de rage sur son île, comme vous le dites ci-dessus. Les seconds rôles, Alberto de Mendoza en escroc raté et Antonio Martin qui fait peur dés la photo de jaquette, sont très bons. En ce qui concerne Martin, je me demande comment un acteur peut arriver à s’imposer autant en ayant si peu à faire! Espagnol, il a surtout poursuivi sa carrière comme producteur (IMDB).
J’ai trouvé le film meilleur que dans mon souvenir d’il y a vingt ans, Maltin n’en parle pas et sacrifie Classe Tout Risque en trois mots, mais ces Américains, dés qu’on s’aventure sur leurs terres!…
Bonne année Bertrand ! En tout cas, vous la faites commencer fort.
Je n’ai pas vu THE KLANSMAN mais en lisant le passage sur Burton et Marvin, j’ai aussitôt imaginé ce que ça avait pu donner sur et hors-plateau… et puis je lis l’anecdote du maquillage. Plié de rire !
Plus sérieusement, c’est vrai qu’Anthony Quinn était un grand acteur. Il en a parfois un peu trop fait mais il sut aussi faire passer une large palette d’émotions dans la sobriété, pas loin d’un Spencer Tracy ou d’un Lino Ventura, dont il partageait l’extraordinaire vitalité, l’énergie brute (ainsi qu’un certain talent comique). J’ai récemment découvert un petit polar très sec, ACROSS 110TH STREET (MEURTRES DANS LA 110° RUE, 1972, de Barry Shear) à mi-chemin de Don Siegel et de la Blaxploitation. Quinn y interprète un flic italo-américain raciste qui doit faire équipe dans Harlem avec un Noir plus éduqué que lui (l’excellent Yaphet Kotto). Lue comme ça, l’intrigue peut rappeler celle de DANS LA CHALEUR DE LA NUIT de Jewison transposée dans New York mais sans prétention aucune, le film vaut le détour pour sa crudité nerveuse, la violence (pas toujours contenue) de Quinn, le réalisme sans fard et l’apparition de quelques seconds couteaux qui feront bientôt les beaux jours de la TV et du cinéma grand public US (Antonio Fargas, Burt Young…). Dommage que la fin trop cliché affadisse un poil l’exercice. A signaler que le thème musical éponyme (signé du grand Bobby Womack) sera plus tard celui de l’ouverture majestueuse de JACKIE BROWN (mais mieux arrangé chez Tarantino).
LA METAMORPHOSE DES CLOPORTES contient certains des dialogues les plus « éclatants » d’Audiard. Avec, comme cerise sur le gâteau, le long monologue « off » de Ventura dans sa cellule qui regarde défiler les années, accompagné par des images d’actualité répétant les mêmes banalités du train-train gaullien. Ce qu’il marmonne en se promettant de régler ses comptes à ses « potes » équivaut à déguster un T-bone steak saignant tellement c’est hilarant. Je vous suis… sur toute la ligne en ce qui concerne la plastique d’Irina Demick, aussi agaçante que son ton fluté. Idem pour les saillies misogynes et autres (il faut entendre comment Ventura salue Brasseur lors du cocktail mondain et voir un jeune Jean Carmet en caricature maniérée de parangon de l’art contemporain !!).
Ida Lupino avait aussi réalisé un film au sujet étonnant pour l’époque : HARD, FAST AND BEAUTIFUL (JEU, SET ET MATCH, 1951), sur une jeune championne de tennis (Sally Forrest) cornaquée par une mère possessive et ambitieuse (Claire Trevor). Ceux qui le découvriront et connaissent un peu l’histoire de ce sport seront frappés par les similitudes avec la vie de certaines véritables championnes du tennis (et d’autres disciplines) modernes malgré l’énorme différence de contexte. Sans doute pas une merveille (c’est à la limite du téléfilm en noir et blanc) mais une sacrée curiosité. Inédit en DVD, sauf erreur.
Sinon, je viens d’acquérir l’édition Critérion de LA NUIT DU CHASSEUR. Parmi les rutilants suppléments, ceux du making-of où l’on entend Laughton donner ses indications à Shelley Winters et Mitchum font passer un véritable frisson dans l’échine du dos. Je n’ai pas encore tout regardé (c’est comme les truffes, un plat royal se déguste à petites doses) mais apparemment, Laughton qui fut un acteur craint et parfois détesté sur les tournages autant que prodigieux, a été tout sauf un dictateur comme réalisateur. Ce making-of s’achève en apothéose avec son générique illustré par l’intégrale de la chanson/psaume du faux-pasteur (« Lea-ning, lea-ning… ») et avec le rire tonitruant de Mitchum pour boucler le tout à la fin de la prise. Un DVD mons-tru-eux !
A Pierre, d’accord pour MEURTRES DANS LA 110ème rue. Je pensais que c’était d’Arnold Laven mais vous devez avoir raison
Bonsoir,
Tout à fait de votre avis concernant « Meurtres dans la 110e rue » : réalisation nerveuse, partition colorée, conclusion noire et abrupte…le tout servi par une distribution au diapason (avec une mention particulière pour l’excellent Tony Franciosa, dont la violence suave et sournoise se manifeste au travers de brusques accès de sauvagerie (voir, entre autres, le passage à tabac du malheureux Antonio Fargas…), préfigurant certaines compositions à venir de Robert De Niro ou de James Woods. Prématurément disparu à l’âge de 56 ans, Barry Shear a signé quelques réussites telles que « Les Troupes de la colère » (1968) ou encore « Le Shérif ne pardonne pas » (1973), western hautement recommandable porté par Richard Harris, Rod Taylor (dans un mémorable contre-emploi de « salopard ») et les inoubliables Neville Brand et Al Lettieri (autre « phénomène » trop tôt ravi à l’affection des cinéphiles)!
Reprenant le fil de votre chronique, je m’aperçois qu’elle recoupe des préoccupations cinéphiles de ces derniers mois:
1)Milos Forman est un cinéaste très important qui a su autant que Roman Polanski, ou Ivan Passer (que je connais moins bien)être un cinéaste de l’Est (avec toutes les qulités que cela suppose pour l’afficionado que je suis de ces cinématographies)tout en passant à l’ouest, aux USA qui plus est.
Oui, la vitalité ironique de ses films tchèques n’a pas pris une ride et sait exprimer à la fois l’air du temps (relire Kundera et voir ces Forman conjointement serait un exercice passionnant)comme l’universelle aptitude de jeunes cinéastes à remettre en question leur art et leur société.Vous avez raison d’insister sur l’art de la litote utilisé dans le féroce Au feu les pompiers qui est moins connu que Les amours d’une blonde.
Oui, Amadeus que je n’osais revoir depuis sa sortie (où j’allai le voir quatre fois en salles en un mois…j’avais alors 14 ans et avais tout à découvrir)malgré le DVD acheté depuis des lustres est toujours aussi éblouissant.Quelle intelligence dans le propos! Quelle aisance stylistique qui ne devient jamais pourtant lourde! Quelle aptitude à rendre fiévreuse, physique,palpitante l’abstraction que constitue la création musicale (note: je pense que Jane Campion a réussi une gageure analogue pour le domaine poétique dans Bright star)!
De ce fait, j’ai été un peu triste de ne pas autant aimer Les fantômes de Goya qui pourtant commençait si bien (au début , j’en concluai devant ma TV- car je n’ai pu le voir en salles- que les critiques étient simplement blasés face à la maestria intacte de forman)se désagrège par la structure trop schizoide du récit: l’ellipse pose souci et l’anecdotique l’emporte sur le savant dosage réalisme/invention du début. Qu’a t-il manqué pour que la sauce prenne?
Parmi les forman américains , j’aime énormément Ragtime malgré ses (à cause de ses) fragilités qui le rangent aux côtés de ces fresques magnifiquse que sut nous offrir le cinéma américain de la fin des 70′-début 80′: Deer hunter et heaven’s gate de cimino, days of heaven de Mallick, NY NY de scorsese (là c’est autre chose), Reds de Beatty (revu récemment et incroyable de justesse et de complexité politique: je reste sidéré que les USA préreaganiennes aient pu aussi générer ce film!!!!).
Valmont , »éclipsé » par le film de Frears, est un fort beau film, l’un des travaux les plus subtils de J Cl Carrière en matière d’adaptation, l’une des photos d’époque post barry lyndon les plus admirable le tout servi par un rythme léger qui en dit long sur les failles implicites des personnages (très beau casting avec colin firth et annette bening, tous deux magnifiques).
Je persiste à prendre un grand plaisir à Hair sur lequel vous semblez très réservé et y vois des liens avec les choix scénaristiques, le ton , l’esthétique de Larry flint et de Man in the moon (sacré beau film à mon sens aussi émouvant que Lenny de bob fosse, qu’en pensez-vous?).
2)Je vous ai dit avoir revu récemment en présence de R coutard et J perrin La 317ème section et ne peux qu’abonder dans votre sens pour ce qui est de son importance dans le cinéma français en particulier et dans le cinéma tout court. c’est tout simplement un film qui a ouvert de nouvelles voies dans le filmage de la guerre et n’a pas pris une ride.La copie est superbe effectivement et j’ai halluciné en voyant comment coutard utilise ses petites lampes lors des scènes nocturnes, en constatant sur grand écran le sens admirable de la topographie que supposent l’architecture des plans ou le montage.C’est un film majeur et je pense que Schoenderffer aurait pu faire une carrière plus riche encore s’il avait eu droit à une reconnaissance légitime (peut-être en a t’il une esquisse au moment du crabe-tambour, je ne sais?).Il est bien triste qu’il n’ait pu faire L’adieu au roi car le matériau augurait autre chose que l’horreur commise par Milius…
A Ballantrae
Le rapprochement entre LENNY et MAN IN THE MOON est interessant. Scoendoeffer a payé son isolement (il a eu une grande reconnaissance critique mais ne faisait partie d’aucune chapelle), sa méticulosité (il mettait beaucoup de temps à écrire un livre puis le scénario) et le fait qu’il se spécialisait dans un seul genre, ce qui est rare en France. Il n’est jamais sorti du film de guerre sur des guerres coloniales et les producteurs n’osaient pas lui proposer autre chose. Il est vraiment regrettable qu’il n’ait pas pu tourner son adaptation moderne et magnifique de TYPHON de Conrad. C’est un scénario splendide qui n’a pas pu être monté.
J’ignorais ce projet!!!
Schoenderffer/conrad mais oui bien sûr, cela sonne comme une évidence cristalline…sauf aux oreilles des producteurs!
Cela est bien triste et rejoint l’échec de Sergio leone face au projet 900 days entre autres galères de cinéastes.
En parlant de cinéastes maudits, j’ai découvert Yoyo de pierre etaix sur grand écran dans une copie superbe en attendant d’acheter le récent coffret. Je vois dans ce film la preuve que l’élève Etaix a sinon surpassé le maître Tati l’a au moins égalé en génie comique qu’il s’agisse de créer un univers, une relation particulière à l’espace,un travail précis sur le son comme sur l’image.Yoyo est un chef d’oeuvre absolu qui réussit le tour de force d’être semblble à nul autre et de revisiter rétrospectivement le comique au cinéma de Linder à Fellini en passnt par Chaplin, Keaton,Clair, la comédie du remariage ou Tati. Par ailleurs, j’y vois le plus beau film sur le cirque avec Les clowns de Fellini.
Jean-Jacques : totalement d’accord avec vous sur Pierre Etaix. J’ai reçu ce coffret durant les fêtes et ce fut une véritable découverte. Effectivement : un burlesque travaillé sur la gestuelle, le son, la mise en espace et avec une grande poésie aussi; qui rejoint certes l’oeuvre de Tati, tout en s’en détachant (l’ambition et les budgets d’Etaix n’étant pas les mêmes). Saluons donc Etaix, digne héritier du Keaton de SHERLOCK JUNIOR ou SEVEN CHANCES ainsi que la restauration de ces films oubliés pendant plus de 40 ans… LE SOUPIRANT, YOYO, TANT QU’ON A LA SANTE sont d’admirables chefs d’oeuvres surréalistes (la patte du scénariste Jean-Claude Carrière y étant aussi pour beaucoup).
Je crois que je vais me faire ce petit cadeau si tout est aussi beau que Yoyo mais il faut que je songe aussi au coffret Borzage!!!
Nous avons eu droit, à Périgueux à un docu tourné par deux membres de notre association consacré à une rencontre avec l’actrice qui incarnait la mère de Yoyo (elle n’a pu venir à cause de problèmes de santé mais a accordé un entretien exclusif et passionnant) alors compagne d’Etaix.J’ai oublié son nom mais sais désormais qu’elle vit non loin de chez nous. Si cela est possible, je vous le transmettrai.J’essaierai de la rencontrer moi-même.c’est une grande dame qui a travaillé avec talent pour la chanson et travaillait aux côtsé de Gainsbourg, Patachou, etc… et j’ai bien sûr oublié son nom!
A Ballantrae
Annie Fratellini
Très belle chronique à la mesure de notre attente!!!!
J’y reviendrai en détails.
Vous parliez de l’INDISPENSABLE édition de La chevauchée des bannis du grand André de toth (à quand Play dirty???????????).Permettez-moi de signaler dans la même collection chez wild side le DVD Jeux de Lang offrant deux opus méconnus et jumeaux (par le casting comme par l’ambiance) du maître: La femme au portrait et La rue rouge. Le livret de J olle Laprune confirme tout le bien que je pense de ce critique jadis officiant sur cinéclassic avec une précision et une distinction savoureuses.Pas de reportages ou entetiens en boni mais de nombreux documents imprimables tels que la storyboard original de woman… ou le scénario annoté par Lang de scarlett street.
Notons que ces deux Lang participent de cette veine du film noir finalement moins connue survenant après d’admirables films de propagande (dont Manhunt est à mon sens le sommet). Elle est empreinte d’onirisme et s’avère travaillée par les questions analytiques.On peut adjoindre à ces deux titres Secret beyond the door (1947) et house by the river (1950), tous deux disponibles dans d’admirables copies chez wild side.
Notons pour finir que scarlett street est un remake de La chienne de Renoir et que Lang suivra à nouveau le trajet de Renoir avec Human desire (remake de La bête humaine). J’ai toujours été intrigué par ces deux remakes et par les liens Renoir/Lang qu’ils dessinent…
Par contre j’ai été très déçue par THE BIGAMIST d’Ida Lupino, c’est finallement un point de vue très conventionel qu’elle porte sur cet homme que l’on finit par plaindre, tellement c’est dur de gérer deux « ménages » !! … Franchement, d’une personalité comme Ida Lupino, et sans tomber dans un féminisme excessif, j’attendais autre chose; il y a une peinture autrement corrosive de la « middle-class » américaine dans LES DESEMPARES/The Reckless Moment de Max Ophuls, même si c’est c’est dans un autre registre. J’ai découvert ce film il y a peu, et je trouve que c’est un mélange très réussi de romance (James Mason y est plus que mystérieux) et de (très) noir, un grand film …
Chère Caztherine, l’originalité de Lupino réside justement dans le fait qu’elle veut comprendre le personnage masculin, qu’elle ne le condamne pas (ce qui constitue une innovation par rapport à la Censure de l’époque. Elle le plaint sans l’absoudre mais sans le détruire bien qu’il ait commis un crime aux yeux de la loi.
Reste qu’Ophuls est un metteur en scène plus brillant et que son approche est plus européenne, plus distanciée
C’est de la compassion, et c’est un sentiment qui je trouve alourdit le film (qui n’est déjà pas très rythmé), et puis l’interprétation d’Edmond O’Brien est aussi lisse que son personnage, qui est en fin de compte un américain bien moyen qui ne se pose pas trop de questions (même s’il culpabilise quand même un peu)…j’ai trouvé tout cela ennuyeux, je n’ai pas accroché …
Je viens juste de découvrir BIGAMIE de Lupino et je ne suis pas vraiment d’accord avec Catherine : le personnage de O’Brien est peut-être « lisse » en apparence mais il nous touche d’autant plus car ses sentiments sont à la fois simples et sans arrières pensées. Ce n’est pas un coureur et Lupino filme le nouveau couple naissant avec infiniment de tendresse (par ex. la superbe scène de danse entre O’Brien et Lupino) et sans jugement moral (le jugement final ne le sera qu’au regard de la loi). Le film ne durant tout de même qu’1h15, je ne l’ai pas trouvé, pour ma part, ennuyeux…
D’accord Damien
Bonjour Mr Tavernier
J’ai particulèrement aimé « L’Arme à Gauche » de Claude Sautet, pour son ambiance très tendue et « exotique » digne des meilleurs noirs, les scènes sur le bateau de mémoire particulièrement, du coup, vous m’avez donné l’envie de le revoir, d’autant plus que Lino V. y est au mieux de sa forme. Ce qui n’est pas rien …
J’adore Milos Forman depuis plusieurs années (après la découverte de AMADEUS) et j’avais plutôt été agréablement surpris par ses premières œuvres. AU FEU LES POMPIERS ! est un film magnifique, où l’on est toujours un peu gêné de rire (des scènes formidables où tous les cadeaux de la tombola disparaissent petit à petit). Le bonus est intéressant, et Forman rappelle qu’il a été « sauvé » par Truffaut et Claude Berri, si mes souvenirs sont bons.
Je conseille le Blu-Ray de LA POISON. Outre la qualité du film, la restauration est superbe dans l’ensemble, et le son très bon. Ce Blu-Ray est techniquement bien meilleur que celui de LA MAIN DU DIABLE à mon avis (le film reste remarquable). Dans la même collection, j’ai hâte de voir autrement que sur cassette vidéo le chef d’œuvre de Melville, LE SILENCE DE LA MER.
Concernant le jeu de Anthony Quinn, je me souviens d’un excellent film, L’HOMME AU PISTOLET D’OR, où il était tout en retenue, d’une élégance folle, et entouré d’un grand mystère, allant même jusqu’à éclipser selon moi Henry Fonda, pourtant impressionnant, et Richard Widmark (dans un rôle sans relief malgré quelques belles séquences). Autre rôle qui m’a marqué, son incarnation du Pape dans LES SOULIERS DE SAINT-PIERRE. Je me sens souvent seul quand j’avoue adorer ce film (mise en scène conventionnelle je l’avoue), que je pense en avance sur son temps dans le message qu’il délivre (dans le dénouement final notamment).
J’ai acheté LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS (dont le dvd collector avec livret a été loué dans de nombreux magazines). J’ai été très impressionné par ce film, d’une grande beauté visuelle, à la mise en scène remarquable (la scène de bal est étourdissante, un modèle). Et que dire de Robert Ryan, que je découvre films après films (excellent dans UN HOMME EST PASSE ou LE PETIT ARPENT DU BON DIEU. J’aime également son affrontement très convenu avec John Wayne dans le passable LES DIABLES DE GUADALCANAL. J’ai hâte de le découvrir dans LA MAISON DE BAMBOU de Samuel Fuller).
Merci pour cet article cinéphile très enrichissant !
A Julien Morvan
D’accord avec presque tout sauf les DIABLES DE GUADALCANAL qui est au delà du convenu. Oui l POISON est un film génial, anarchiste, noir, décapant avec son prologue magnifique et très bien restauré
Je souscris pleinement à l’opinion de Monsieur Morvan concernant « Les Souliers de Saint Pierre », œuvre d’une grande sincérité – dénuée de tout prêchi-prêcha – comme l’était le roman de Morris West (publié en 1963) dont elle est tirée. La partition d’Alex North y est, en effet, de toute beauté et la mise en scène – pour « conventionnelle » qu’elle puisse paraître – ne manque pourtant ni d’habileté ni d’envergure. Michael Anderson ? Encore un cinéaste voué aux gémonies à tort et à travers…