Westerns de Farrow, De Toth et films muets
17 février 2020 par Bertrand Tavernier - DVD
WESTERNS
HONDO, L’HOMME DU DÉSERT vient enfin de (re)sortir en France avec un bonus très intéressant sur les Apaches et une présentation de Leonard Maltin. J’avais découvert ce western à sa sortie au Napoléon (mais pas dans la version en relief qui ne fut pas exploitée en France) puis revu toujours en VO à l’Artistic Douai et plusieurs fois en VF. On ne le dit jamais mais ce film fut critiqué de manière très positive par André Bazin dans Radio Cinéma, l’ancêtre de Télérama. J’ai réussi une fois à voir une vidéo américaine avec la version 3D et des lunettes (je le montrai à Jean-Claude Brisseau, admirateur du film). Farrow concentre les effets 3D durant la spectaculaire bagarre entre Wayne et Rodolfo Acosta et utilise le relief pour faire ressortir les entassements de rochers rouges, les ravins, pour dramatiser le paysage et donne une grande proximité aux séquences intimes particulièrement réussies, bien écrites par James Edward Grant. Elles sont denses, retenues, complexes même si on sait ce qui va se passer (ce qui fait partie du plaisir). Il faut dire que le choix de Geraldine Page est une remarquable idée. Elle débarrasse le personnage de toute mièvrerie, lui donne une force, une crédibilité, une profondeur assez rare et se révèle l’égale de Hondo. Ce choix est à porter aussi au crédit de Wayne, producteur du film (il adorait jouer avec des partenaires fortes et avait demandé Danielle Darrieux pour le BAGARREUR DU KENTUCKY) qui revendiquait également le traitement nuancé des Indiens : Hondo leur donne raison (ce sont les Blancs qui ont dénoncé le traité et ont menti) et parle avec émotion de sa femme indienne. Il les combat certes, pour défendre sa peau. Et Vittorio très bien incarné par Michael Pate est évoqué avec chaleur, sympathie mais sans fausse idéalisation. En fait Hondo constitue un trait d’union capital entre l’humanisme de Daves et LA FLÈCHE BRISÉE et le réalisme désenchanté d’Aldrich et de FUREUR APACHE qui vient de sortir en Blu-ray avec la version du réalisateur et celle de Lancaster. Voilà qui promet des comparaisons passionnantes. De Farrow, cinéaste passionnant, ne pas oublier LA GRANDE HORLOGE, le surprenant et visuellement très brillant UN PACTE AVEC LE DIABLE (Anthologie du Film Noir chez Sidonis) où Ray Milland incarne un Diable sophistiqué, qui sifflote dans le brouillard et qu’on ne voit jamais entrer dans une pièce. Deux remarquables scénarios de Jonathan Latimer sans oublier VAQUERO. Mais CALIFORNIE TERRE PROMISE est une déception que ne rachètent pas certains plans très longs – une obsession de Farrow – qui là ne rajoutent rien. Cette chronique est écrasée par le luxe de certains costumes (le premier que porte Stanwyck tue toute crédibilité), par un scénario mal centré, ponctué de curieux intermèdes musicaux avec choeurs et cloches. Les rapports entre Ray Milland et Stanwyck recensent tous les clichés du genre. On peut sauver le personnage que joue George Coulouris : un trafiquant d’esclave toujours hanté par le bruit des chaines.
LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS est sortie chez TCM dans la version habituelle, un peu mieux restaurée. Rappelons que le DVD des Editions Montparnasse comprenait aussi la version longue, en fait une série de séquences plus développées, se perdant encore plus dans les méandres du récit qui faisaient tout le charme, le prix de cette œuvre exceptionnelle (hélas, cette version était restituée dans une copie souvent horrible) ainsi qu’une remarquable analyse de Todd McCarthy, le brillant auteur du HAWKS paru à l’Institut Lumière Actes Sud. On peut remarquer que Hawks est un des rares cinéastes qui énonce dans la voix off le thème qui inspire tant de ses films : « deux hommes étaient amis, survient une femme et ils ne le sont plus », facilitant ainsi les commentaires et exégèses. Mais le résultat est heureusement plus complexe que ce simple énoncé.
LE CAVALIER TRAQUÉ (Warner) dans les Randolph Scott dirigé par André de Toth est un des meilleurs titres. Surtout après la quinzième minute (encore que le début soit mieux filmé que dans mon souvenir), quand Scott parvenu dans une petite ville se heurte à l’incrédulité des habitants qui le prennent pour un complice des bandits qui ont attaqué la diligence alors qu’il venait les mettre en garde. Ce qui nous vaut une collection de crétins butés, soupçonneux, qui n’écoutent rien, des obsédés de la peine capitale : un personnage quasi-muet passe les deux tiers de l’histoire à se trimbaler avec un nœud coulant. De Toth multiplie les cadrages de film noir : contre-plongées ou encore plus nombreuses, plongées avec amorce, surgissement de personnages en gros plan. Il utilise très souvent en bordure de cadre les poteaux, les embrasures et utilise admirablement l’espace. Il rajouta le personnage du tenancier de « cantina » minable joué par Fritz Feld qui passe de l’espagnol baragouiné, à l’allemand voire au hongrois (« Mais quelle langue est-ce que je parle ? » dit il), tout en cherchant à protéger son miroir. Chester Morris est excellent en shérif débonnaire mais astucieux qui refuse tout lynchage. Quand un excité de la gâchette se vante devant lui, il lui tend son arme en disant « vas-y » dans un plan merveilleusement soldé. De Toth considérait Randolph Scott qu’il avait surnommé dans ses mémoires (éditions Actes Sud) « Machoire de granit », comme un vrai gentleman, un acteur limité mais courtois. Il produisait deux films par an tout en jouant à la bourse, sa vraie passion. Il était attaché à une formule assez routinière mais ni lui ni son associé, le producteur Harry Joe Brown, compétent et économe, n’avait la moindre sensibilité scénaristique. Pourvu que le film respecte un certain nombre de règles budgétaires mais aussi morales, il, laissait une vraie liberté aux réalisateurs pour la distribution (acceptant des partenaires qui pouvaient lui voler des scènes), le choix des extérieurs, le ton qu’allait donner la réalisation. De Toth disait de lui qu’il était imbattable dans un duel où il pouvait utiliser le Wall Street Journal. On pouvait s’en sortir mais il fallait lutter contre la paresse et la routine. Et Boetticher bénéficiera des combats menés par De Toth.
On trouvait THUNDER OVER THE PLAINS (LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER) en zone 1 dans un DVD Warner regroupant dans de belles copies sans sous-titres trois Randolph Scott les deux autres étant LE CAVALIER TRAQUÉ cité plus haut et le médiocre THE MAN BEHIND THE GUN (LA TAVERNE DES RÉVOLTÉS) de Felix Feist. Quand on voit la paresse des cadres, des angles, la banalité des décors et des extérieurs dans le Feist, on apprécie d’autant plus le travail de De Toth dans THUNDER OVER THE PLAINS. Même quand il se heurte à des situations conventionnelles, il tente de les animer en utilisant des ravins, des déclivités, des terrains en pente qui lui permettent de faire surgir des cavaliers en fond de plan en partant d’une action près de la caméra. Et ces décors, chaque fois doivent compliquer les prises mais on sent qu’il y prend plaisir. Cela dynamise les surgissement de personnages, dramatise leurs rapports dans l’espace, d’autant qu’il joue sur les buissons, les troncs, les rapports entre les zones d’ombre et de lumière d’arbres pour aiguiser l’action, secondé par le grand chef opérateur Bert Glennon qui éclaira déjà le CAVALIER TRAQUÉ et ce policier mémorable CRIME WAVE (le film favori de Glennon me disait son fils) : un derringer en fond de plan tire sur une main qui tient un revolver en amorce. Le sujet est assez intéressant même si les rapports sentimentaux auraient pu être conventionnels. L’officier que joue Lex Barker (Tarzan à la RKO) voulant séduire la femme de Scott. De Toth traite cela avec sécheresse et cela renforce le mépris que Porter éprouve pour Barker pas trop mal distribué dans un personnage fayot, rigide et faux derche qu’il dissimule derrière son côté beau gosse. On peut aussi admirer Elisha Cook, grand copain de De Toth (il lui apprit la pêche à la mouche) et Charles McGraw en une sorte de Robin des Bois. Et j’avoue éprouver un vrai faible pour Phyllis Kirk, actrice que De Toth aimait beaucoup, la jugeant fine, intelligente et très sensible (il la dirigea dans THUNDER, dans CRIME WAVE/ CHASSE AU GANG (zone 1) où elle est magnifique, L’HOMME AU MASQUE DE CIRE). Souffrant de poliomyélite, elle dut presque interrompre sa carrière et devint attachée de presse. Démocrate militante, elle s’engagea contre la peine de mort, alla plusieurs fois visiter Cary Chessman, le célèbre condamné à mort dont le combat défraya la chronique et cet engagement freina sa carrière. Elle finança aussi après les émeutes de Watts des installation pré scolaires. Vive Phyllis Kirk !
Sidonis a récemment sorti l’admirable VALLÉE DE LA PEUR de Raoul Walsh, FEMME OU DÉMON de George Marshall, œuvre décontractée, nonchalante et farceuse plutôt qu’une vraie comédie qui évite les pièges de la parodie grâce à James Stewart et Marlene Dietrich (le film relança sa carrière) dont l’interaction est superbe et aux goûts de Marshall pour la bonne humeur joviale. Glenn Ford qui le découvrit durant le très plaisant TEXAS (zone 1) avait beaucoup de respect pour lui et le choisit pour LA VALLÉE DE LA POUDRE, racontant que Marshall demandait que les acteurs exécutent la plupart de leurs cascades eux-mêmes.
LES CHEVALIERS DU TEXAS (Sidonis) est un scénario traditionnel et conventionnel de James Webb avec des personnages sous-écrits. Quand on le découvrait, on ne retenait que l’histoire des éperons qui reste juste à l’état d’idée. Détail amusant, Alexis Smith s’appelle Rouge de L’Isle et on se demande qui on doit créditer de cette trouvaille savoureuse. Ray Enright donne un petit peu de dynamisme avec ses entrées de champ en contre-plongée et quelques cadrages dynamiques mais son travail reste fonctionnel. Les couleurs et la photo donnent du brillant à cette routine. Mieux vaut voir pour juger du talent d’Enright, BLONDIE JOHNSON (Warner, sous-titres français), un de ces épatants films pré-Code où le studio, le chef opérateur Tony Gaudio, les scénaristes jouent un rôle important. Mais la mise en scène est vive (les quatre premières scènes témoignent d’un réalisme cynique imparable) et sert bien un propos assez décapant où triomphe Joan Blondell, l’une des actrices phares de cette époque. Son personnage finit par contrôler un gang sans séduire ou tomber les truands, juste par son intelligence, ce qui est tout à fait original, voire contraire aux codes du genre. Dans la même collection aux jaquettes noires (qui hélas semble arrêtée), il ne faut pas manquer les remarquables FASCINATION et ÂME LIBRE de Clarence Brown (l’ouverture de FASCINATION reste l’une des plus fortes du genre de même que le plan de grue final), BABY FACE, mélodrame féministe tranchant et audacieux où Stanwyck est inoubliable, L’ANGE BLANC de Wellman, vanté ici à plusieurs reprises en même temps que HÉROS A VENDRE.
Il faut revoir le très agréable (et en fin de compte bien mis en scène), QUATRE TUEURS ET UNE FILLE pour les scènes d’action bien chorégraphiées et filmées, comme le pointe Erik Maurel sur DvdClassik et surtout pour tout ce qui concerne l’éveil amoureux de la jeune héroïne que joue la ravissante Coleen Miller. Qui a rarement été aussi bien mise en valeur. Il est difficile d’oublier le moment où elle va retrouver Rory Calhoun dans une chemise de nuit fort légère. Il y a là un érotisme léger, une sensualité rare dans le genre.
L’ÉNIGME DU LAC NOIR, film pour moi totalement inconnu s’est révélé une excellente surprise. On peut y voir, comme Erik Maurel sur DvdClassik, une ébauche réussie de DAY OF THE OUTLAW : une bourgade enneigée où ne sont restées que des femmes, est envahie par une petite bande de bagnards évadés. Le ton dépouillé, la mise en scène sobre, ramassée, évitent un grand nombre de clichés, imposent une tension notamment lors d’une scène avec Ann Dvorak, seule dans une grange, et transcendent les extérieurs reconstitués en studio. Le scénario d’Oscar Saul (revu dit-on par Ben Hecht) contient même quelques vraies surprises (un personnage original de psychopathe) et les séquences finales tournent autour du thème de la délation. Or quand Gordon le tourne, il sait qu’il est mis sur la liste noire et que la protection de Zanuck pour qui il tournera ses deux derniers films (ce western et I CAN GET IT FOR YOU WHOLESALE écrit par Abraham Polonsky) touche à sa fin. Ce qu’il devait éprouver se ressent dans ce western et donner une forme d’urgence au propos. Glenn Ford, excellent, joue toutes les premières scènes en retrait de manière fort intelligente et Gene Tierney, fort belle, est vraiment crédible.
I CAN GET IT FOR YOU WHOLESALE (zone 1, pas de sous-titres) mérite d’être découvert ne serait-ce que pour la description de l’univers du prêt-à-porter dans les années 50 et pour l’interprétation remarquable de Susan Hayward dont le personnage possède la force, la volonté, le cynisme, l’ambition que l’on donnait à des acteurs comme Cagney ou Gable. L’ESCADRON NOIR m’a semblé meilleur que dans mon souvenir et toute la partie « traditionnelle » (poursuites, meetings politiques, attaque de diligence) est filmée par Walsh avec son dynamisme habituel. La course de la diligence vers un à pic sera maintes fois imitée. Le traitement de Quantrell (bien joué par Walter Pidgeon) est plus problématique. Le scénario qui trahit sans vergogne un beau roman de WR Burnett que j’espère faire traduire et publier, fait de ce criminel certes un forban sans vergogne, un pillard mais édulcore ses actions criminelles et surtout fait avorter son action la plus célèbre, le massacre de Lawrence où il assassina 162 civils. Le personnage stoppe le raid (imaginons un film où quelqu’un viendrait s’opposer au massacre d’Oradour). Tout le contexte politique du livre (la lutte entre les abolitionnistes et les esclavagistes, les reniements de Quantrell qui est dans le camp abolitionniste au début) est évacué du film. Normal on est à la Republic, studio ultra conformiste et familial. Cela dit Wayne est excellent et il a un charme fou même si sa romance avec Claire Trevor est moins complexe que chez Burnett. Roy Rogers sorti de ses westerns chantants, se révèle un acteur plus qu’acceptable. On peut préférer néanmoins LES AVENTURES DU CAPITAINE WYATT que je découvris à sa sortie au Triomphe et qui m’a toujours enthousiasmé par son allant, son dynamisme, la pulsion de la mise en scène (on a l’impression que la caméra pousse les personnages). Certes, ce remake d’AVENTURES EN BIRMANIE ne possède pas les enjeux, la force intérieure de l’original (les Séminoles sont un danger moins grand que les Japonais) mais le travail de Walsh est souvent exemplaire malgré quelques raccords en studio rajoutés par le producteur Milton Sperling (des plans de crocodiles qui ne raccordent pas avec les bayous). Belle musique de Max Steiner et l’intrigue sentimentale bien écrite par Niven Busch nous vaut deux scènes touchantes qui retournent brusquement le propos du film : Wyatt raconte comment sa femme indienne fut assassinée par des soldats.
Et puisque je cite le scénariste Niven Busch, bonne occasion pour rappeler la sortie chez Actes sud de son magnifique roman, inédit en France, LES FURIES.
LE FLEUVE DE LA DERNIÈRE CHANCE de Jerry Hopper (dont sort l’agréable UNE AVENTURE DE BUFFALO BILL, western historique complètement faux mais fort amusant), n’est pas trop mal écrit avec des extérieurs dans le Colorado amples, spectaculaires. Le premier tiers est d’ailleurs plutôt efficace avec une bonne interprétation de William Tallman. Malheureusement, dès la descente de la rivière, d’horribles transparences figent la mise en scène et le propos.
Je rappelle aussi des titres peu commentés et rarement cités qui sont pourtant remarquables comme FORT MASSACRE de Joseph Newman écrit par le scénariste de DÉTOUR, Martin Goldsmith, DUEL DANS LA SIERRA de George Sherman.
FILMS ANGLAIS
Sortie chez Doriane de THE BROWNING VERSION d’Anthony Asquith d’après Terence Rattigan (la pièce fut montée par Didier Bezace) dont j’ai dit plusieurs fois ici tout le bien qu’il fallait en penser. Interprétation inoubliable de Michael Redgrave. On doit aussi à Terence Rattigan les scénarios du MUR DU SON, l’un des David Lean les plus secrets et les plus touchants et du ROCHER DE BRIGHTON de Roy Bouting.
Au Festival Lumiere j’ai revu avec un immense plaisir LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ, un des chefs d’œuvres de Lean et la copie restaurée mentionne bien les noms de Carl Foreman et Michael Wilson comme scénaristes (ils étaient sur la liste noire et l’Oscar fut décerné à Pierre Boulle qui ne parlait pas anglais, ce qui provoqua une polémique). Mais selon Brownlow Lean participa énormément au scénario. Ce film est une des études les plus percutantes, les plus justes, les moins dogmatique de la Collaboration et je ne regrette qu’une seule réplique : le « Mais qu’est ce que j’ai fait ? » du colonel Nicholson dans la dernière séquence.
Tamasa vient de sortir toute une série de films passionnants : POOL OF LONDON (LES TRAFIQUANTS DE DUNBAR) de Basil Dearden, loué plusieurs fois ici même. En dehors de la spectaculaire poursuite finale, on peut découvrir une des premières intrigues amoureuses interraciales du cinéma anglais, audace incroyable pour l’époque. Elle est forte et pudique. Dearden reviendra sur ce sujet dans SAPHIRE.
THE BLUE LAMP toujours de Basil Dearden a davantage vieilli jusque dans ses ambitions néo-réalistes. Le scénario est co-écrit par Alexander Mackendrick et on remarque Dirk Bogarde.
Toujours chez Tamasa, L’HOMME DE BERLIN qui a ses défenseurs. Je l’avais revu il y a quelques années et n’avais pas été convaincu, le scénario de Harry Kurnitz me paraissant nettement moins original et incisif que celui de Graham Greene pour le TROISIEME HOMME.
Et enfin un policier qui devient culte, PAYROLL de Sidney Hayers avec Françoise Prévost.
FILMS MUETS
L’ARGENT de Marcel L’Herbier (Lobster), pour moi son chef d’œuvre le plus brillant, le plus inspiré, quasiment dépourvu des afféteries qui pèsent sur une partie de son œuvre : les séquences à la Bourse avec les travellings vertigineux qui surplombent les personnages, volent au dessus d’eux n’ont rien à envier au LOUP DE WALL STREET. Il ne faut pas manquer le remarquable AUTOUR DE L’ARGENT de Jean Dréville, sans doute le premier making of de l’Histoire du cinéma et l’un des plus réussis. Je ne me souviens plus qui avait écrit que Lherbier présentait un étrange air de ressemblance avec Jean-Luc Godard.
LARMES DE CLOWN (HE WHO GETS SLAPPED) chez Bach films, copie correcte. Deuxième film américain de Victor Sjöström rebaptisé Seastrom, après NAME THE MAN pour Samuel Goldwyn, HE WHO GETS SLAPPED est une œuvre noire, très européenne, qui traite de l’humiliation, de l’avilissement, de la bassesse humaine, sujets rarement abordés dans le cinéma américain. Il faut dire que Sjöström et son co-scénariste Carey Wilson adaptent en toute liberté un auteur réputé pour son pessimisme, Leonid Andreïev, écrivain et dramaturge russe, anti-tsariste et anti-bolchevique dont Gorki disait qu’il était « d’une effrayante perspicacité ». Un savant, Paul Baumont, se fait dépouiller de ses recherches et voler sa femme par le baron Regnard, un soi disant mécène qui l’humilie devant ses confrères de l’Académie des Sciences. Il va se réfugier dans un cirque en devenant clown, invente un numéro où, sans cesse giflé, il est à nouveau humilié mais remporte un triomphe. Il va retomber amoureux d’une belle écuyère (Norma Shearer, juste et gracieuse) et ce sera une nouvelle désillusion. Sjöström domine son sujet avec une incroyable maestria, passant avec une rare fluidité de l’allégorie tragique avec ce clown faisant tourner un ballon qui devient le globe terrestre – lancinant leitmotiv – cette piste aux étoiles symbolisant le monde dans ce qu’il a de plus aveugle, de pire, à des séquences réalistes qu’il traite avec une concision fulgurante : trois plans suffisent pour évoquer l’abjecte muflerie avec laquelle le baron renvoie sa femme, une fermeture à l’iris sur un collier signifie que le père de l’écuyère a vendu sa fille. Le ton du film, décapant, impitoyable, mais empreint de compassion, évoque l’univers d’Ibsen, de Strindberg et on comprend l’admiration que Bergman éprouvait pour Sjöström qu’il fit jouer dans LES FRAISES SAUVAGES et sans doute pour ce film auquel il rend hommage dans LA NUIT DES FORAINS. Interprétation géniale de Lon Chaney. Son plus grand rôle avec L’INCONNU de Todd Browning.
Les muets de Clarence Brown sont introuvables sauf THE EAGLE dans une copie des plus médiocres chez Bach Film et le très beau visuellement THE FLESH AND THE DEVIL dans un coffret Garbo sorti par TCM, un de ses meilleurs films avec WOMAN OF AFFAIRS. Célèbre pour ses scènes d’amour passionnées et le duel célèbre avec ce gigantesque travelling arrière qui fait sortir du champ les deux adversaires qui se détachent sur la ligne d’horizon et les relègue en hors champs lors des coups de feu.
On trouve en zone 1 THE TRAIL OF 98 (Warner archive), évocation épique de la ruée de 1898 vers le Klondike pour y trouver de l’or qui inspira aussi Chaplin. Les scénaristes Benjamin Glazier et Waldemar Young choisissent au début une structure chorale, avec de multiples personnages, figures emblématiques du genre – jeunes gens sans expérience, un chauffeur de locomotive, couple de commerçants, un jeune garçon, aventuriers divers, escrocs – qui, peu à peu, s’épure, se resserre autour de quelques destins. Ces personnages sont souvent ballottés, voire noyés, dans la foule, ce qui nous vaut de nombreuses scènes avec des multitudes de figurants étonnantes de réalisme (elles sont truffées de détails pittoresques) et spectaculaires : embarquements sur des bateaux archi combles, camps de chercheur d’or, villes champignon en proie à l’agitation, à la folie, ascension de la terrible Chilkoot Pass. Les intérieurs sont tout aussi soignés du saloon remplis d’ivrognes, de joueurs aux décors misérables de cahutes, de cabanes où le héros abandonne sa fiancée, idée dramatique assez forte que son revirement ne parvient pas à combler. Voilà une des œuvres – il n’y en a pas tant que cela – qui renvoie à l’univers de Jack London.
LE DERNIER DES MOHICANS est une belle et puissante adaptation du roman de Fenimore Cooper parue en 1826, dont la traduction vient enfin d’être revue en 2017, rétablissant aussi certains passages coupés ou censurés (éditions Gallmeister) et qui avait été immédiatement salué par George Sand comme le note François Guerif : « … par la voix tranquille mais retentissante du romancier, l’Amérique a laissé échapper ce cri de la conscience : Pour être ce que nous sommes, il nous a fallu tuer une grande race et ravager une grande nature… Ce que chante et pleure Cooper, c’est une noble race exterminée, c’est une nature sublime dévastée, c’est l’homme. » Un ou deux plans de paysage, amples, majestueux remplacent de longues descriptions d’autant que pour la première fois, Tourneur et Brown utilisaient la pellicule panchromatique permettant enfin de photographier les ciels et les nuages. Les plans très larges et très impressionnants tournés par Brown à Yosemite Park ont rarement été égalés et le combat entre Cora et Magua, sur un éperon rocheux, garde une puissance intacte, filmé au dessus du vide, On sait que ces séquences d’extérieurs furent tournée par Clarence Brown, Tourneur s’étant cassé la jambe après quelques jours de tournage au lac de Big Bear. Christine Leteux lui attribue environ 50% du film.
FILMS DE MARY PICKFORD
Dans les films de Mary Pickford sortis dans des copies correctes par Bach Films, il faut regarder THE LITTLE AMERICAN de Cecil B. DeMille, un film dont le tournage débuta sans doute avant que l’Amérique entre en guerre nous dit Patrick Brion. DeMille utilise le torpillage du Lusitania, ce qui lui inspire une assez belle séquence nocturne où l’on voit les passagers sauter dans l’eau, éclairés par de rares projecteurs. Les Allemands sont tous décrits comme des brutes sadiques qui violentent les domestiques et femmes de ménage (« mes hommes ont besoin de se relaxer », répond un officier allemand à Pickford), saccagent stupidement le mobilier et les tableaux, achèvent les blessés. Le ton est hyper patriotique et dès le générique, Pickford est drapée dans un drapeau américain (l’un de ses soupirants lui offre des bonbons avec tous les états et les étoiles). La course des amants qui se sont enfin retrouvés à travers les ruines nous vaut quelques plans admirables qui font oublier une interprétation très inégale (Pickford qui s’entendit mal avec le cinéaste est nettement plus juste que ses partenaires masculins) et les conventions mélodramatiques du scénario.
POOR LITTLE RICH GIRL de Maurice Tourneur est le deuxième et, hélas, dernier film qu’il tournera avec Pickford. Pour une fois, elle ne joue pas une orpheline mais une petite fille que ses parents fort riches délaissent : son père est absorbé par ses combines financières et sa mère par ses soins de beauté et ses occupations mondaines. La gamine est abandonnée à des domestiques, à une gouvernante acariâtre et rigide qui lui interdit de se promener à pied, d’inviter des amis. Le ton du film, écrit par la grande Frances Marion, est vraiment adulte et ambitieux si l’on excepte une médiocre bagarre dans la boue que Tourneur ne voulait pas filmer, la trouvant hors sujet comme l’écrit Christine Leteux. Quand Pickford tombe malade, le ton devient onirique et côtoie le fantastique. On y croise des silhouettes maléfiques (la mort ?), des animaux étranges et l’on passe sans cesse de la réalité au rêve. A découvrir.
CLASSIQUES AMÉRICAINS
OF HUMAN HEARTS (Warner Archive), une vraie découverte, est moins handicapé par les conventions dramaturgiques même si, vers la fin, une ou deux coïncidences permettent de résoudre des problèmes et tirent le film vers la fable. Brown avait acheté quelque années après sa parution en 1917, les droits de BENEFITS FORGOTS, une longue nouvelle de Honore Morrow, incluse dans une de ses biographies de Lincoln (il en écrira au moins deux autres par la suite). Le titre reprend une citation de Shakespeare dans COMME IL VOUS PLAIRA que cite Lincoln face à une fenêtre, dans le film : « Gèle, Gèle, ciel rigoureux / Ta morsure est moins cruelle / est moins cruelle/ Que celle d’une bienfait oublié ». Véritable hymne à l’amour maternel, cette chronique pastorale, tout comme THE YEARLING, se révèle étonnamment complexe, voire sombre. Là où l’on attendait une exaltation des petites communautés provinciales – l’action se déroule dans une bourgade de l’Ohio – refuge des valeurs traditionnelles, on a droit à un portait sans complaisance de villageois égoïstes, avares qui rabiotent le salaire du pasteur, donnent leurs habits les plus usés. Ils sont ragoteurs, étroits d’esprit. Leur pauvreté n’excuse pas une radinerie manifeste sans parler du désir de voler et gruger l’autre, à l’image de cet épicier prêteur sur gages qu’incarne excellemment Guy Kibbee. Remis vertement à sa place par le pasteur (Walter Huston), il n’en continuera pas moins à dépouiller sa femme tout en l’ensevelissant sous les compliments cauteleux. Les rapports familiaux sous des dehors rassurants sont tout aussi conflictuels, empreints de dureté, comme dans THE GOOSE WOMAN, THE YEARLING, INTRUDER IN THE DUST. Le pasteur, droit, courageux, vit pratiquement aux crochets de sa femme qu’il n’écoute guère, fait preuve envers son fils Jason de rigidité, d’intolérance, lui interdisant de lire les livres qu’il n’a pas choisis, jetant les revues données par le médecin du village, parce que c’est un ivrogne qui joue aux cartes. Un plan poignant nous montre le jeune garçon (remarquable Gene Reynolds, si bien choisi) prostré dans une étable, éclairée par une seule lampe. Et quelques années plus tard, Jason (James Stewart dans une interprétation sous-estimée) finira par se battre avec son père pour pouvoir partir étudier la médecine. Mais loin de se transformer en héros idéaliste, son personnage avec ses pulsions égoïstes, sa vanité, anticipe sur les personnages complexes, tourmentés qu’il jouera chez Mann, Hitchcock, Capra.
Excellentes éditions que celle des CHASSES DU COMTE ZAROFF (Lobster) loué par Philippe Roger dans le dernier numéro de Jeune Cinéma. qui fut tourné en même temps que KING KONG. Ce fut particulièrement éprouvant pour Fay Wray qui le jour était poursuivi dans la jungle par un gorille et la nuit par Zaroff et ses terribles séides. C’est l’un des seuls films où un acteur noir, Noble Johnson, joue un Caucasien. Choix admirable que celui de Leslie Banks pour interpréter Zaroff. Bonne occasion de citer KONG le beau livre de Michel Le Bris sur les auteurs de ZAROFF et KING KONG.
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Commentaires (359)
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Il y a aussi la fin de « on the beach »(et sa séquence du soldat dans un San Francisco désert ) film assez bien accueilli à sa sortie en France (voir « saison cinématographique 1960 », »guide des films « de Sadoul ,répertoire 60 de l’ OFC ),unanimement honni ici ensuite;il a une meilleure réputation sur son sol.
Tout le monde a, je crois, en tête ces vues curieuses de villes désertes (ce qui est bizarre, c’est évidemment moins les vues en elles même, possibles en d’autres temps, que leur permanence et le silence qui en émane.)… soit par la fenêtre, soit via d’autres médias…. pour ma part je ne peux m’empêcher de penser aux cinéastes pour qui ce serait une superbe aubaine, ces rues vides…
Je songe à deux films, parmi un certain nombre, qui montrent des cités sans le moindre clampin: l’étrange « Seuls Two » d’Eric Judor et Ramzy Bedia, et la dernière scène de « Sweet charity » de Bob Fosse, dont le tournage à Wall Street dut coûter quelques bras à la production… ( entre parenthèses, voici le cas unique, en ce qui me concerne, d’un film que j’ai toujours plaisir à voir, mais par petits bouts, jamais en entier.)
A Denis Fargeat
C’est un film fatiguant ou Fosse en fait trop. Il y aussi LE MONDE LA CHAIR ET LE DIABLE
A Bertrand Tavernier
Merci! Il faut que je le voie… je ne sais pas, j’ai toujours eu peur que ce soit un pesant film à thèse…
Pour Bob Fosse, d’accord et c’est ce qui me fait le voir par pastille (les numéros musicaux.) Il y a un parti pris de pléonasme entre musique et danse que je trouve tour à tour irritant et fascinant… c’est à se demander -comme dans le domaine de la chanson-, ce qui vient en premier, geste ou danse… et ce côté mécanique hypnotise, si on veut bien se laisser embarquer.
A Denis Fargeat
Oh c’est pesant et Ranald McDougall n’est pas un cinéaste enthousiasmant sauf aux yeux de Brion alors qu’il fut un fort bon scénariste. THE SUBTERRANEANS était un écrémage aseptisé de Kerouac. Les beatniks vus par la Metro
… je vois que Ranald Mc Dougal, le réalisateur , dont le nom ne me disait rien, a été un scénariste important, et qu’il a réalisé en 1959 « The Subterraneans » … d’après Jack Kerouac !
En métrocolor et CinemaScope! Produit par Arthur Freed! Apparemment pas franchement un chef d’oeuvre, mais un film MGM d’après Kerouac avec Leslie Caron et George Peppard, en 59, les Brabant tombent…
A Bertrand,
Sur SWEET CHARITY, on sera tous facilement d’accord : le film n’a jamais eu bonne réputation de toute façon. Et comme Denis Fargeat, ce que je revoie du film sont ses numéros musicaux dont deux ou trois sont excellents (notamment et surtout, à mon sens, celui avec Sammy Davis Junior qui annonce la manière d’ALL THAT JAZZ.
Et justement, à l’aune de 100 ANS, quel regard jetez-vous maintenant sur l’oeuvre du cinéaste Bob Fosse? A-t-il changé depuis 50 ANS?
Cette oeuvre a-t-elle vieilli pour vous ou conserve-t-elle sa pertinence (vous étiez très favorable à LENNY)?
Je tiens à préciser que, compte-tenu que je l’ai découvert, à sa sortie, à pile poil 14 ans, ALL THAT JAZZ fut pour moi le premier film 100% pour adultes qui m’ait fait autant jubiler dans ma vie de spectateur de film. J’étais littéralement amoureux de ce film.
A Alexandre Angel et Denis Fargeat:
D’accord pour SWEET CHARITY, un film auquel on ne peut même pas reprocher sa vulgarité, parce qu’on vous répondrait qu’elle est voulue, mais qu’on peut sauver pour le numéro de « The Rythm of Life » avec Sammy Davis Jr.
A Denis et Bertrand,
Il y a aussi THE OMEGA MAN (Le Survivant, de Boris Sagal, d’après Richard Matheson, dont les vues de Los Angeles désertes (suite à une pandémie) n’étaient pas sans angoisser.
A A A
.. c’est vrai , j’avais oublié… flippant… il faudra surveiller les yeux des voisins en ce moment…
Sydney Salkow serait le responsable de la version U.S.
Michele
Dans la plupart des cas, c’est lui qui faisait tout, le réalisateur italien étant juste imposé par les syndicats. Freda, je le sais, a déclaré qu’il avait entièrement dirigé DE L’OR POUR LES CÉSARS, de Toth faisant la fête sur la Via Venero et de Toth a répondu qu’il lui laissait avec joie la totale responsabilité du film, ajoutant : « je ne comprends pas comment on peut réclamer la paternité d’une telle nullité. Je la lui abandonne avec joieA et soulagement ». Bava dirigea une bonne partie de LA BATAILLE DE MARATHON, fort médiocre. On dit que dans HANNIBAL, il y aurait quelques plans de Bragaglia mais l’ensemble est uniformément terne
… j’ai entendu parler de cette histoire de syndicats au sujet de « Flesh for Frankenstein », dont on disait qu’il avait été dirigé en sous-main par Antonio Marghereti… il semble que Paul Morrissey soit bien le responsable ( il y a eu procès pour fraude, la mise en scène par un cinéaste étranger impliquant une pénalisation fiscale), quand à Warhol producteur, on dirait un gag à la Marcel Duchamp… Flesh for Fake.
« Il y a aussi THE OMEGA MAN (Le Survivant, de Boris Sagal, d’après Richard Matheson, dont les vues de Los Angeles désertes (suite à une pandémie) n’étaient pas sans angoisser. »
Heston seul spectateur au cinéma : « ils en font plus des films comme ça »
Faut dire qu’il est en train de regarder la marée humaine du festival de WOODSTOCK !
Le roman de Richard Matheson, Je suis une légende, avait déjà été adapté en Italie par un certain Ubaldo Ragona avec Vincent Price dans le rôle du LAST MAN ON EARTH. Pas terrible d’ailleurs.
A Michele
Horrible film tourné par Sydney Salkow
A MB
…en regardant WOODSTOCK.
Quel plaisir de vous écouter à la radio cher Bertrand!
Vous êtes au moment où j’écris ce message en train de parler cinéma et peinture puis costumes. Vos propos sur la fraise sont formidables , sur l’intuition matinée de connaissance.
Vous pouvez être légitimement fier de cette justesse que maints spectateurs ont célébré.
Merci encore j’ai l’impression d’avoir voyagé joyeusement et oublié complètement le confinement.
c’est quelle émission ça peut servir si on veut l’écouter Ballantrae?
A MB
Je me permets de renchérir, la voix de Bertrand est un traitement contre la morosité, un réactivateur d’enthousiasme. Alors pour ne pas trop couper l’herbe sous le pied du cher Ballantrae, je dirai que c’était hier, sur une radio publique…
Et au chapitre du passage de pommade (c’est un peu gênant ces compliments, mais il faut bien redire de temps en temps une des raisons qui font fréquenter ce blog, et qui tiennent à la personnalité de son hôte) je rebondis sur ce qu’écrivait Michèle : Autour de minuit, pour moi le meilleur film sur le jazz… et aussi, ceci n’a pas été trop dit, l’occasion de deux albums merveilleux « Round midnight » et « The other side of Round Midnight ». Casting incroyable, quelques versions peu connues mais impérissables – Round midnight justement, avec les contrebasses de Mats Vinding et Ron Carter. ( C’est rare, deux basses…)
https://www.youtube.com/watch?v=mulJx6a_RHA ( j’essaie en général de restreindre les liens YouTube, mais si vous êtes comme moi coupés de vos disques préférés…et de l’émotion à les réentendre, encore plus belle que le souvenir…)
J’y repense, et je me dis que ces deux disques sont sans équivalent. Déjà, il est rare de voir William Flageollet crédité « recording engineer » sur un dique de jazz, et d’après ce que j’ai compris de ce que disait Bertrand, on pourrait lui associer Trauner, qui épata les musiciens par la qualité acoustique de ses décors. Et puis avec le recul il me semble que les musiciens jouent ici comme nulle part ailleurs ; comme si la pression du studio ou de la scène, avec laquelle ils savent composer, était battue en brèche par la nouveauté du dispositif. Jouer sur un tournage, dans des conditions exceptionnelles de qualité et de bienveillance, a dû les cueillir d’une façon particulière*, et ce que je réécoute ce matin en est le fruit incomparable. Quelque chose qu’on pourrait résumer par l’évocation de Dexter Gordon par Bertrand, hier : « After that, Lady Bertrand »… c’est Tavernier qu’on entend, mais c’est bien , intact, le phrasé unique de Gordon. Je me rappelle l’avoir écouté beaucoup à la sortie du film, en mesurant la permanence de ce phrasé-là dans son jeu.
Je termine en soulignant que personne ici ne cherche à jouer comme à l’époque supposée du film, le début des années 60… je ne sais pas si alors, la question est venue à l’idée de qui que ce soit, c’est en tous cas un sage choix, et il me semble bien qu’à la première vision j’ai été ému par cette superposition des deux époques, celle du temps supposé de l’action et celle de la sortie du film. Regard à la fois mélancolique et plein d’espoir, regard sur un temps disparu et confiance dans l’esprit du jazz, qui durera toujours, par delà les musiciens et leurs admirateurs.
* à relativiser peut-être… je repense à l’anecdote un peu cruelle de Freddie Hubbard, qui semble-t’il n’était pas très conscient de tourner un film… un peu perché, Freddie…
A Denis Fargeat
Merci pour ces éloges. Petite correction : cette version de Round Midnight n’a pas été filmée et enregistrée dans les décors de Trauner mais au Studio Davout et l’on y voit William Flageollet qui a enregistré et mixé nombre de mes musiques dans ce studio. C’est là qu’on a enregistré la chanson Paris Jadis de Sarde et Caussimon avec Marielle et Rochefort
Tout à fait d’accord avec vous !
Il y a pas mal de films dont la musique est du jazz (je citais Ascenseur pour l’échafaud et Autopsie d’un meurtre – Miles Davis et Duke Ellington ! – qui sont parmi les meilleurs), mais il y a finalement assez peu de films sur le jazz en dehors des traditionnelles biographies. Autour de minuit n’est pas très éloigné de Paris Blues de Martin Ritt, dont la musique était composée de thèmes d’Ellington, mais le film de Bertrand lui est infiniment supérieur tant par le scénario, la mise en scène et la musique. D’accord avec vous, au risque de faire rougir notre hôte, c’est l’un des meilleurs films, peut-être LE meilleur film sur le jazz (avec Shadows de Cassavetes et The Connection de Shirley Clarke).
On peut juste constater que tous ces films sont tout de même bien sombres, avec l’alcool et la drogue toujours à l’affût. Cela peut sembler un cliché mais le jazz ne semble pas souvent faire bon ménage avec la joie et le bonheur (peut-être dans le film de Louis Malle, Milou en mai, avec la musique de Stéphane Grappelli) et être plutôt associé à la nuit et à la série noire.
A Michele
Mais la vie de beaucoup de jazzmen a été sombre sur tout dans la génération du be bop. Et même quelqu’un qui était loin de l’alcool et de la drogue comme Clifford Brown est mort très jeune dans un accident. Une fatalité. Il y a eu des survivants comme Gillespie, Sonny Rollins, Art Blakey et à ce que disait Maxine Gordon, cela tenait souvent à leurs femmes. D’autres ont eu des éclipses mais ont tenu. Parmi les plus résistants, Armstrong, Grapelli, Bechet,Basie, Ellington, Lionel Hampton mais diriger un orchestre vous rendait plus responsable. Ajoutons que la plupart des films sur le jazz étaient des biographies consacrées à des musiciens blancs
Il faut reconnaître que l’ouverture signifiée par ces joyaux que sont Autour de minuit puis Bird n’a pas eu de véritable descendance. Je crois avoir lu que votre film avait d’ailleurs ouvert la voie pour Clint Eastwood.
J’essaie de me remémorer d’autres titres et aucun ne m’emballe autant depuis: Mo better blues de S Lee, Bix de P Avati…
J’aime beaucoup Cotton club mais ce n’est pas à proprement parler un film « sur le jazz » malgré son titre mais un film d’ambiance, le fantasme d’une époque selon le prisme du cinéma…pas la quête de l’essence d’une musique sidérante.
A Bertrand : « Il y a eu des survivants comme Gillespie, Sonny Rollins, Art Blakey et à ce que disait Maxine Gordon, cela tenait souvent à leurs femmes. »
… d’où l’importance, dans Autour de minuit, du personnage de Buttercup qui semble tyrannique et qui, en fait, sauve la vie de Dale Turner.
A Michele
Mais qui l’exploite surtout et doit piquer les droits d’auteurs. C’est Francis qui sauve Dale.
A Ballantrae
Dans Cotton Club, le jazz bien sûr, et Richard Gere est étonnant au cornet, je ne lui soupçonnais pas ce talent-là… mais l’effet de réel qui m’a cueilli dans ce film, vient des danseurs de claquettes, Gregory Hines étourdissant, son frère Maurice pas mal non plus, Henry Letang qui fut leur professeur… l’admiration que leur porte le cinéaste est palpable dans des scènes pas indispensables à l’intrigue, mais essentielles au rythme du film…
A Denis Fargeat
Mais Richard Gere déséquilibre le film. Il n’y avait pas de blancs dans les orchestres du Cotton Club et la créativité de Ellington n’est pas assez soulignée : les combinaisons de cuivres jamais tentées avant (clarinette basse, trompette bouchée, saxo alto ou trombone, ténor et clarinette).Ecoutez creole love call ou East of Saint Louis Toddle oo ou Black and Tan Fantasy. Sans parler de la voix de Baby Cox utilisée comme un instrument. Le batteur était une attraction à lui tout seul comme les plus grands batteurs de rock
A Bertrand Tavernier
Merci pour votre réponse… je ne peux qu’être d’accord avec vous, Ellington était un orfèvre du son, très pauvrement portraituré dans le film… les personnages historiques du film ne sont que des figures de cire, et Gregory Hines aurait été un Duke beaucoup plus convainquant s’il n’avait eu un autre rôle à jouer… mais les numéros de claquette valent le coup. J’aime aussi beaucoup Fred Gwynne en Frenchy Demange, voix et physique impressionnants.
« MB dit :
4 avril 2020 à 8:43
c’est quelle émission ça peut servir si on veut l’écouter Ballantrae? »
c’est là:
https://www.franceculture.fr/emissions/les-masterclasses/bertrand-tavernier-je-fais-un-cinema-de-partage
à D Fargeat, Ballantrae:
merci les gars super de penser à partager les infos intéressantes z’êtes trop cool franchement, ah ben on vit dans un monde fuligineux fait d’imprécision brumeuse et même foggienne, quoi… c’est la vie
Désolé MB mais je n’ai pas toujours le réflexe « lien » et c’est absolument involontaire… mea culpa!
à Ballantrae: ça ira pour cette fois! mais n’y revenez pas!
CRIME WAVE de De Toth (pour rejoindre le contenu de cette page) est un film que je revois fréquemment (moi qui ne suis pas un grand revisionneur ça veut dire une fois tous les trois ans… toujours fasciné par Truffaut qui raconte qu’il a vu 5 fois LE ROMAN D UN TRICHEUR de 14h à minuit au Champollion…). Je n’arrive pas à me lasser de ce film où je crois que c’est la discrétion de l’interprétation, le refus d’appuyer les effets, la sobriété générale (malgré Timothy Carey qui cabotine comme toujours) qui permet une non lassitude du spectateur à revoir les mêmes scènes, discrétion qui d’ailleurs fait penser à Tourneur, je retrouve souvent ce point commun chez les deux cinéastes. Je suppose que si on dit à certains cinéphiles qu’on a vu 5 fois CRIME WAVE et une seule fois LE CUIRASSE POTEMKINE on doit se faire traiter de débile… mais la « noblesse » d’une oeuvre ne vient pas du sujet mais de la facture, ce qui n’est jamais contesté au niveau de la peinture, La Joconde de Vinci est admirée pour son style sa facture pas par son thème d’arrière-plan un peu lourdingue (les 4 éléments). Bon et ben je croyais que j’allais parler plus de CRIME WAVE tant pis.
et no Rouxel à l’horizon… you-hou?!
et POTEMKINE c’est bien aussi!
A MB
Utile intervention
je ne dirais pas que c’est ironique mais j’ai un doute.
(bon, je sors)
A MB
Aucune ironie bien au contraire
« A MB
Aucune ironie bien au contraire »
merci Bertrand
et j’espère que les gens ne sont pas malades je les entends (lis) pas beaucoup ces temps-ci
A MB
Je saisis l’occasion pour saluer tout le monde, et faire une intervention pas forcément utile… Le CRIMEWAVE que je connais n’est pas celui ci, mais un film qu’a pas eu de chance ( sorti au mauvais moment). Scénario des frères Cohen, réalisation par Sam Raimi entre 2 Evil Dead. Il a le charme des films méconnus, fait partie des tentatives de transposition du cartoon au cinéma – c’est pour moi assez réussi, voire irrésistible. Et il y a Paul L. Smith, acteur féru de poésie mais au physique de brute, qui débuta dans… « Exodus » de Preminger.
Dès que possible – les contraintes du confinement se doublent d’un surcroît de (télé)travail – je me rue sur le De Toth… d’autant qu’on y trouve Sterling Hayden, au sujet duquel je recommande le touchant ( précieux, richement illustré) livre de Philippe Garnier.
chic quelqu’un!
je note ce CRIMEWAVE dont j’entends parler depuis un certain temps
Même titre, films aux antipodes l’un de l’autre.
Le film d’A de Toth est un joyau de polar sec, intelligent , implacable.
A éditer tout comme un chef d’oeuvre rare None shall escape.
Le Raimi est marrant mais inférieur pour le côté cartoon à Raising Arizona des Coen.
Sinon oui j’espère que tt le monde va bien.Rouxel n’hésitez pas à nous envoyer un petit message…même si c’est une bonne vieille digression pas facile à suivre?
A Ballantrae
CHASSE AU GANG existe chez Warner en zone 2
« CHASSE AU GANG existe chez Warner en zone 2 »
bonne image en plus
est probable que je ne sois pas compris, et…)
… dammit, vous donnez envie de le voir, ce De Toth… pour ceux qui n’y auraient pas accès, voici ce que le cinéaste disait de Hayden (cité par Ph. Garnier, p.128): » … moi, les acteurs ne m’intéressent que pour ce qu’ils sont dans la vie, j’utilise leur personnalité, mais surtout le défaut dans la cuirasse si j’en repère un. Haden détestait faire l’acteur, il trouvait ça dégradant. Malgré son physique imposant, c’était un homme très vulnérable. Le policier qu’il joue est quelqu’un de très bon dans son métier, mais qui pour l’accomplir est amené à faire dezs choses très discutables, comme du chantage auprès d’un ex-taulard. Et tout ce temps-là, il y a quelque chose qui l’empêche d’être ce que son métier voudrait qu’il soit, c’est-à-dire ue machine à broyer les hommes, sans un soupçon d’humanité. Cette chose-là, c’est le cure-dent, c’est le fait qu’il a arrêté de’ fumer. Tout le film est écrit avec cette dernière image en tête : contre toute attente, il laisse partir le couple avec des invectives bourrues. Il les regarde se diriger vers le bus, incrédules, et là, sans réfléchir, le lieutenant Sims allume une cigarette. Ce n’est qu’après la première bouffée qu’il réalise ce qu’il a fait. Il chiffonne la cigarette dans son poing et sourit. La seule fois dans le film où on le voit sourire. Hayden m’a dit que c’était la première fois qu’il n’avait pas l’impression d’être un imposteur sur un plateau de cinéma. Il n’avait pas eu l’impression de « faire l’acteur ». J’avais repéré ce côté torturé de sa personnalité. Je savais qu’il avait un problème avec l’alcool. Il avait sûrement recours à ce genre de placebo pour arrêter de boire. Peut-être pas un cure-dent, mais quelque chose d’approchant. »
(on pourrait écrire une anthologie du cure-dent au cinéma…)
… en attendant de pouvoir voir ce film, je trouve ce portrait très touchant, il donne une chair incroyable à l’acteur, à son metteur en scène, à la nature humaniste de leur rapport.
A Denis Fargeat
Magnifique texte où un cinéaste parle mieux d’un acteur que beaucoup de critiques
Le Crimewave de Sam Raimi est sorti en France (et en DVD)sous le nom de MORT SUR LE GRIL.
Comme vous tous je suppose, je profite du confinement pour faire une cure de ciné en DVD. J’ai entrepris un cycle jazz et cinéma avec tous les classiques bien connus (Ascenseur pour l’échafaud, Autopsie d’un meurtre, Straight no chaser, bien sûr Autour de minuit (!), etc… J’ai revu un film un peu oublié intitulé All Night Long de Basil Dearden : une version jazz d’Othello qui donne l’occasion de voir et d’entendre Dave Brubeck, Charlie Mingus, Tubby Hayes, Johnny Dankworth, etc… Une curiosité !
Un petit bonjour en passant car là ou je suis il n’y a aucun acces à internet.Je vais bien après quelques soucis.A bientot chers amis cinéphiles.Que la FORCE SOIT AVEC VOUS!!!!
A Yves Rouxel
Ah, enfin… Rouxel !!! Le retour…. Bonne santé, soignez vous
A Bertrand.Cette parenthèse fut pour moi un moment d’égarement dans la vie ou l’on se demande si on est vivant ou mort .On revient du coma avec une odeur acre dans la bouche et l’on voit les choses differemment.Bon j’arrete ici car le confinement interieur me fait perdre l’appetit que j’ai retrouver.Ah ce magret de canard grillé au feu de bois ,quel régal mes chers amis!!!
à Rouxel: ma parole mais vous êtes une vedette! Dés qu’on vous lit plus, tt le monde s’inquiète!… suis jaloux voilà na!
A MB:
CRIME WAVE je ne l’ai vu que deux fois mais c’est tout à fait le genre de film que j’espère bien revoir d’autres fois.
Parmi les grandes qualités du film et les raisons de le revoir il y a l’utilisation des décors naturels et comment ceux ci influent sur le jeu des acteurs qui semblent habiter réellement ces décors. Ça n’est pas si courant dans le cinéma hollywoodien de cette époque un film où l’oeil et le cerveau ne sont pas perturbés par un artifice, un éclairage, un raccord, une transparence, qui détruisent le sentiment de réalité.
Ce sentiment de réalité, de naturel, d’absence d’artifice, d’homogénéité entre intérieurs et extérieurs, acteurs et décors, je l’ai ressenti au plus haut point en découvrant TOL’ABLE DAVID, le chef d’oeuvre de Henry King, à conseiller à tous et en particulier à ceux qui penseraient que cinéma muet est synonyme de conventions de jeu dépassées, de manque de sobriété et de naturel. King raconte que Harry Cohn lui avait proposé de refaire une version parlante de son film et qu’il avait refusé, certain qu’il ne retrouverait plus les conditions idéales de tournage de l’original, à commencer par les décors réels d’un village des collines de Virginie, la plupart des extérieurs naturels des films hollywoodiens étant filmés en Californie, à commencer par les westerns.
A propos de westerns, LA VALLÉE DE LA POUDRE est disponible en édition dvd Warner avec STF, peut-être épuisée, mais probablement trouvable dans votre mediatheque quand elle rouvrira…
Et à propos de mediatheque, je pense que le silence de Rouxel est dû au fait qu’il n’a pas de connexion internet chez lui et qu’il utilise habituellement les ordinateurs de sa mediatheque, ce qui était aussi mon cas jusqu’à ce qu’on me prête le SmartPhone sur lequel je tape péniblement ce commentaire (avec un seul doigt).
« A propos de westerns, LA VALLÉE DE LA POUDRE est disponible en édition dvd Warner avec STF, peut-être épuisée, mais probablement trouvable dans votre mediatheque quand elle rouvrira… »
introuvable dans la mienne, le dvd français ne m’avait pas échappé mais atteint des prix un peu intimidants il me semble.
Je dois voir ce TOL’ABLE DAVID dont j’entends parler depuis longtemps.
à Mathieu
« Ça n’est pas si courant dans le cinéma hollywoodien de cette époque un film où l’oeil et le cerveau ne sont pas perturbés par un artifice, un éclairage, un raccord, une transparence, qui détruisent le sentiment de réalité. »
tout à fait exact, ceci dit sans en faire un plaidoyer anti-star ni anti-gros budget (les sympathiques petites séries B si sympathiques et authentiques et patati tata… alors que beaucoup d’entre elles s’empressent de respecter les clichés les plus lourdingues qui permettent des ellipses évitant d’affronter des difficultés dramatiques trop coûteuses à mettre en scène) il me paraît que certains de ces films peuvent aussi exprimer une authenticité très séduisante grâce à leurs acteurs peu connus, et même plus: de ces acteurs qui savent qu’ils ne seront jamais des grandes vedettes et l’acceptent! Quand on reconnaît Wayne qu’on a déjà vu dans cent films on ne peut qu’être rappelé au fait qu’on est dans une fiction totale, alors que l’acteur inconnu fait « documentaire » car on le reconnaît tout simplement pas, ou moins (car on finit par acquérir une certaine culture en seconds rôles, D Fargeat citait Paul L Smith ou Pierre je crois James Donald! mais ça c’est le Dvdblog!).
D’autre part, dans CRIME WAVE Sterling Hayden bien plus connu que Phyllis Kirk ou Gene Nelson, et qui ailleurs a tendance à en faire beaucoup (on aimerait qu’il en fasse un peu moins dans ASPHALT JUNGLE) est sans doute contraint à une certaine mise en veilleuse par De Toth, qui le rend plus authentique et discret. Je rapprochais ainsi De Toth de J Tourneur pour leur direction d’acteurs incitant à la sobriété à la discrétion, mais quand je disais ça plus haut, je me livrais à une hypothèse pas sûr de moi tt à fait.
En citant rapidement quelques films policiers traitant du racisme, je voulais bifurquer sur les westerns sur ce thème et donc évoquer TOLABL’ DAVID (quasi 100 ans quand même), vu à la cinémathèque de Beaubourg, dans les 80’s, un de mes premiers classiques (mmh les sièges pas top) . C’est malin, j’ai vraiment envie de le revoir. Dispo ?
CRIME WAVE, incontournable comme la majorité des de Toth.
A Jacques Maltais:
TOL’ABLE DAVID n’est ni un western ni un film évoquant le thème du racisme. On le trouve chez Flickr Alley en dvd-r avec une qualité d’image correcte pour un film si ancien mais inférieure à ce que cet éditeur propose souvent pour des films de cet époque. Espérons un jour un blu-ray car souvent le manque de définition des films anciens ne provient pas de la source argentique mais d’une numérisation ancienne et de qualité médiocre. Cf l’édition Blu-ray de SAFETY LAST de Harold Lloyd chez Criterion qui reprend la même source que les anciens dvds mais avec un résultat spectaculairement supérieur. TOL’ABLE DAVID a beaucoup influencé Harold Lloyd au moment où celui-ci voulait tourner son premier long métrage (GRANDM’AS BOY) et cherchait un élément dramatique nécessaire à l’élaboration d’un film de long métrage même comique. Mais le film de Lloyd qui doit le plus à TOL’ABLE DAVID c’est THE KID BROTHER, qui est comme une version comique du film de King et sans doute le chef – d’oeuvre de Lloyd, un film où l’on sent qu’il a voulu se dépasser et mettre le maximum, son MÉCANO DE LA GÉNÉRAL à lui, un film à conseiller à tous.
A Mathieu
Entièrement d’accord
à Bertrand: à revoir EXODUS récemment, tout en admirant la complexité de la facture impliquant intrigue et personnages, je me dis qu’à la conclusion c’est bien les Arabes qui sont le problème! et dés le départ! est-ce que l’intervention d’un certain activiste nazi joué par Marius Goring, muni de 80 hommes qu’il veut lancer à massacrer les Juifs est bien historique? rien sur son allié le grand Mufti non plus.
(je m’excuse vous ne parlez pas du film sur cette page désolé)
A MB
Vous avez partiellement raison bien que les anglais ne soient pas du tout épargnés. Le traitement des Arabes est trop simpliste même si l’alliance de certains arabes avec les nazis est un fait historique via le grand mufti
cette question des activistes nazis que je croyais en débandade en Amérique Latine en 48 m’a surpris: manque de culture historique. Le Mufti en question était en relations amicales avec le régime nazi depuis longtemps. Je continue à me documenter.
La copie de EXODUS passée par Arte, reprise du bray Sidonis, était amputée de 11′ pour la même fréquence d’images (25/ »: Je croyais que les bray proposaient tous du 24/ » et bien non (cf test Dvdclassik)), dommage. Newman ou Eva Marie Saint se retrouvent tour à tour passant d’un plan à l’autre à des kms de distance! La piqûre que Saint fait à Newman (cf Lourcelles) a disparu, à demi-mort, Newman se retrouve sur pied dés le plan suivant!
bon ça fout un peu le film en l’air quand même…
A MB
Dès sa sortie, il y avait des différences entre les copies d’Exodus, certaines en VF incluant deux scènes qu’on ne trouvait pas dans la VO. De plus toute une bobine avait disparu après un passage à la Cinémathèque et longtemps on vit un film amputé de la grève de la faim sur l’EXODUS. Il faut poser la question à Olivier Père
à Bertrand: EXODUS j’ai laissé un mot sur le site de O Père (excellent) mais le master Arte était celui de Sidonis yen a pas d’autres, et les durées sont bien inégales de 11′ car d’après le test Dvdclassik sur le bray c’était une copie 25im/ », sur Arte aussi (je me suis amusé à enregistrer un bout du film sur mon pc et vu aussi 25/ » en l’ouvrant avec Mediainfo) donc la durée + courte à la tv ne vient pas d’une différence de fréquence d’images mais surtout, ya des ellipses qui ne peuvent venir de coupures raisonnées faites par montage « intelligent » comme dans les versions dites « producteur » ou autre: la guérison immédiate de Newman!
anecdote authentique? un spectateur qui trouvait le film trop long à la première: « Preminger! laisse ton peuple s’en aller! ».
EXODUS- à Bertrand, réponse d’Olivier Père:
« Olivier Père dit :
29 mars 2020 à 19 h 27 min
Non si une version plus courte du film a été diffusée, ce n’est pas en raison d’impératifs d’horaires, mais parce que c’était le seul materiel diffusable dans les trois versions (française, originale et allemande) sans avoir recours à un nouveau doublage ou à des passages sous-titrés au milieu de la VF. cela arrive, malheureusement, assez souvent dans des productions des années 60 qui connurent plusieurs versions selon les pays. »
A MB / VALLEE DE LA POUDRE
C’est simple, ce film est passé sur le câble, une bonne copie numérique doit donc circuler (vhs?).. J’ai.
Votre sujet, comme toujours, me donne envie de voir le Tourneur, LE DERNIER DES MOHICANS (pub : et je viens de lire l’excellente bd très graphique de Georges Ramaïoli, autre grand amateur de westerns). Tourneur père et fils furent de sacrés visionnaires. Hier soir (au phone), nous dissertions sur le possible parallèlisme entre LA MAIN DU DIABLE et RENDEZ VOUS AVEC LA PEUR. Et j’adore l’entretien filmé par FR3 BORDEAUX en 1977, vraiment à déguster (avec un jambon au Chablis, qu’il adorait).
Je suis malheureusement éloigné par le confinement de mes archives, j’ai donc hâte de revoir cette bagarre du CAVALIER TRAQUE.
Sidonis : Mr Carradore est un passionné qui nous propose ce qu’il peut selon les studios de contrat , parfois auguillé par des aficionados éclairés. Pour le meilleur et le moyen (oui trop de G. Montgomery souvent pas terribles, en attendant THE IROQUOIS TRAIL, oui je défend les excellents Phil Karlson, les spectateurs cinéphiles étaient scotchés à la sortie de JUSTICIER SAUVAGE, en fait une suite historique de THE PHENIX CITY STORY, les truands ayant fui leur
ville pour recommencer plus loin).
Mais aussi et surtout du Dan Duryea et Audie Murphie
Tiens SILVER LODE aurait été tourné en 3D?.
Dans le rayon film noir Sidonis, nous attendons toujours TIMETABLE, Mr Tavernier, vous avez jadis encouragé cette série B.
Un rapide retour sur les films noirs traitant du racisme (partiellement ?) : FEUX CROISÉS (waah Robert Ryan) et THE WELL (de Russell Rouse).
Las déjà de rester confiné, nous peaufinons les retours après virus, dont un passage au Normandy, ciné de Vaucresson. Ce n’est pas qu’on y mange bien, mais ça reste très sympa et on y est surtout entouré de photos fabuleuses de salles de cinéma parisiennes années 40-50, et des titres fameux, qui ne pourront que plaire à l’ami Dumonteil. Et puis quoi, tant qu’à faire, le début de SUIVEZ CET HOMME est tourné justement à Vaucresson.
Everybody take care.
A Jacques Maltais
C’est le CAVALIER DE LA MORT, pas le Cavalier traqué
à J Maltais: et JUSTICE SAUVAGE! pas justicier
bon, allez après c’est bon.
TIME TABLE est de et avec Mark Stevens? tiens, alléchant…
mais dites-moi pour Audie Murphy il vient d’où dans votre approche?
THE WELL est un film que je poursuis depuis des lustres un dvd US sans st, damn!
Egalement déjà vu mais ya un bail: ENQUETE A CHICAGO/CHICAGO DEADLINE DE Lewis Allen où Alan Ladd était rigolo toujours dans un demi-sommeil à tourner autour de June Havoc qui désespérait de le voir à chaque rencontre s’endormir sur son canapé au lieu de…
A MB
mais Lewis Allen le torpillait même si le résultat est supérieur à APPOINTMENT WITH DANGER
CHICAGO il y avait l’originalité de cette enquête qui sentait la mort, et je garde un bon souvenir de ce détective qui s’endort dés qu’il voit une femme à qui il plaît! mais faudrait le revoir.
A MB
C’est ce qu’il y a de mieux
A MB
Je n’ai pas parlé de TIME TABLE mais de CRY VENGEANCE. L’autre je ne l’ai pas vu
TIMETABLE, je vous le recommande fortement Mr Tavernier, réalisé et avec Mark Stevens, ce n’est pas n’importe quoi, une série B noire constamment inventive, où chaque plan apporte une info, bref sans lenteur, et très instructif sur les tensions sociales de l’époque. MARK STEVENS avait vraiment du talent, voir et revoir CRY VENGEANCE. Et puis Mr Mark Stevens est déjà responsable de JACK SLADE, western plutôt franchement noir. Encore un prince de la série B.
Je sais que c’est une digression par rapport aux sujets abordés dans les choix de Bertrand mais je tenais à signaler la beauté absolue de Roma d’A Cuaron que je découvre avec retard non sur Netflix ( j’ai assez de dvd et br et suis abonné à canalsat…et en plus le télétravail comme pour bcp donne envie de ne pas se confiner plus que de raison face à un écran ?)mais via le dvd édité par Criterion édition française.
Dernier dvd acheté en magasin avant bouclage il donne à voir une richesse de sensations assez extraordinaire comme mû par le désir de coller le plus possible aux souvenirs d’enfance avec une gourmandise et une exigence singulières. Construction des personnages, sens de l’espace, rythme tout est absolument juste comme si Cuaron avait mis son sens logistique aigu conçu à Hollywood au service d’un sujet qui habituellement semblerait ténu. Le deploiement de principes savants et sophistiqués au service de l’ineffable cela rappelle forcément Proust. Je pense que Cuaron a conçu une oeuvre importante que j’aurais aimé voir sur grand écran.
Note en passant: j’espère que les salles de cinéma se relèveront de cet épisode…peut-être faudra t-il dans un premier temps repenser la possibilité de bonder les salles avec un blockbuster par simple souci de santé publique? Ce n’est que simple detail dans la trame de tout ce qu’il faudra réinventer.
… en ce temps de confinement, le hasard a vu se succèder sur le mur de la maison deux films sans rapport : « Scream and scream again » un Amicus de 1070 signé Gordon Hessler, et « To Rome with love’, le Woody Allen millésime 2012.
Je dis sans rapport, sous le rapport du genre, de l’aura des auteurs, de la thématique , mais il y en a un, qui motive ce post: il s’agit dans les deux cas d’intrigues absolument paralléles. Chez Allen, 4 qui ne convergent jamais. Comme un curieux brouillon, sorte de film à sketch dynamisé par le montage alterné. Pas génial mais sympathique, ne serait-ce que par son inachévement ; comme si Woody nous disait: j’ai plusieurs idées, je ne sais pas trop quoi en faire, en tous cas il n’y a pas matière à faire un long métrage… et pourtant si.
Chez Hessler qui n’a pas vraiment le même statut, 3 histoires se déroulent et se rencontrent à la toute fin. Ce n’est pas grandissime, mais divertissant, bien british (tellement british que je n’ai compris que 5 % de ce que l’enquêteur raconte, et c’est bien sûr le plus bavard de tous.) Mais ça a le charme des bons vieux « Chapeau melon », et un mauvais esprit très anglais.
Bon courage à tous, portez vous bien!
A Denis Fargeat
Je me souviens d’une bonne scène de poursuite et de quelques moments bien filmés dans SCREAM AND SCREAM AGAIN
A Bertrand Tavernier
Merci. Assez remarquable effectivement, la poursuite: 5 minutes en voiture, 5 minutes à pied et on est scotché. Et outre la réunion de Vincent Price, Christopher Lee et Peter Cushing, mensongère car ils ne font que se croiser, un autre bel atout est la musique de David Whitaker. Ah, et je corrige une fraute de fappe, le film n’a pas été tourné en 1070, Guillaume le conquérant ne l’aurait pas permis.
… désolé de ne pas coller à l’actualité du blog…. mais je voulais signaler cette stimulante archive:
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/mardis-du-cinema-jean-cocteau-le-reve-partage-1ere-diffusion-17091985
Beaucoup de fraîcheur, d’intelligence et d’acuité dans cette émission sur le cinéma de Cocteau.
Il est agréable et étonnant de voir ou revoir des films de fiction qui tombent en plein dans l’actualité.Prenons l’exemple de »Contagion »de Steven Soderbergh sorti en salles en 2011 et dont le thème débute précisément à Honk kong.Tout commence avec un jeune barman qui rentre chez lui avec de la fièvre et qui titube dans la rue sans que personne ne lui vienne en aide puis tout s’enchaine à une vitesse grand v.Les virus ne connaissent pas les frontières du bien ou du mal .Ensuite on se retrouve sur le continent d’Amerique du nord avec la femme d’un americain moyen qui va succomber rapidement.On revient en Europe au siège de l’oms en Suisse ou l’on sent bien que cette organisation depuis qu’elle existe sait des choses sur les différentes pandémies en Afrique,en Asie ou même en Europe.Soderbergh arrive à lever le voile des vérités cachés à l’opinion publique grace à un jeune journaliste free lance qui révele des informations aux médias.On n’en sera pas plus sur le personnage.
Le film m’avait alors semblé assez moyen…et je n’ai absolument pas envie de le revoir pas plus que de meilleurs films sur un sujet voisin en ce moment.
Bon courage à tous pour cette entrée dans l’inédit.Prenez soin de vos proches et de vous … Entre deux moments de télétravail ou de travail tout court lisons, voyons des films, écoutons des musiques (faisons aussi un peu d’exercice!) et méditons ce moment qui devra nous amener sûrement à repenser un monde à hauteur humaine car c’est cette perspective qui est prioritaire et non le profit, la croissance, etc…
» lisons, voyons des films, écoutons des musiques (faisons aussi un peu d’exercice!) »
n’oublions pas les jeux video et la belote et la pétanque en appartement et la sieste surtout, la sieste!
Chez nous aucune passion pour les jeux video…ce n’est surtout pas en ce moment que nous allons nous y mettre!
Bertrand va pouvoir peaufiner 100 ans de cinema américain par contre.
à Ballantrae: euh… pour les jeux videos… je plaisantais…
mais pas pour la sieste!
(bon, je sors)
…bah, la sieste, pas évident, avec le voisin du dessus qui joue à la pétanque…
à D Fargeat: vous êtes incorrigible les bras m’en tombent, en plus je croyais que l’humour décalé m’était réservé, pour être original va falloir que je pioche dans l’humour basique style
Almanach Vermot, grr… quelle plaie ce blog fréquenté par des intellectuels fin de siècle guitryiens dopés aux oeuvres complètes de Francis Ponge, dressés las dans leur peignoir d’intérieur, toujours un fin verre de Xérès à portée de main…
Autres suggestions de lectures/séances :
-La stratégie du choc de N Klein qui analyse comment le Néolibéralisme sait faire feu de tout bois ( M Wintterbotom en a tiré un bon docu très aisé à suivre)
-Le hussard sur le toit de Giono chef d’oeuvre sur la manière dont une epidemie re façonne la société avec ses héros, ses salauds, ses gestes appropriés ou irrationnels ( le film de JP Rappeneau est à voir avec des moments visionnaires)
-il faut lire Orwell que ce soit pour 1984 avec le potentiel implosif d’un état de guerre permanent ( bon c’est pas joyeux et il faut ne pas être trop déprimé: je l’ai en tête juste parce que je l’ai relu il y a un an dans l’excellente nouvelle traduction) ou ses écrits sur la décence commune ( chez Agone) , celui-ci étant la bonne
solution
Et bien sûr voir/ revoir des classiques , lire/relire des classiques. En trouver le temps afin de ne pas péter un plomb en télétravail constant.
Le flux d’infos peut aussi être interrogé: s’en tenir à l’essentiel factuel me semble suffisant car je ne pense pas que se connecter à un état d’alerte permanent soit utile.. he pense que c’est même dangereux.
Il est plus utile de prendre des nouvelles de parents ou amis que de connaître les chiffres de tel ou tel jour presque en temps réel.
A l’heure du premier chant des oiseaux,j’allume la radio.FIP annonce le décés du comédien Didier Bezace,homme engagé et discret qui laissera une trace dans le monde du théatre et du cinéma.Je pense bien sur à »L627″réalisé par Bertrand que je vais revoir pour la 20ème fois.Je n’ai pas eu la chance de le voir sur les planches mais lors du marathon des mots à Toulouse ou il nous avait lu quelques vers de Paul éluard.
Didier Bezace fut remarqué en Jérôme De Fontanin ,dans la seconde version des « Thibault « ,pourtant inférieure à celle de 1972 avec Vanel ,car s’écartant beaucoup trop de l’oeuvre littéraire.
J’avais bien aimé cette adaptations des Thibault, et Didier Bezace y campait un pathétique coureur de jupons, très convaincant. J’ai profite pour dire mon regret de voir le service public abandonner peu à peu le domaine des « fiction de prestige »…
coronavirus oblige, les médias ont très peu parlé du décès de M. Bezace, c’est regrettable; quant à Suzy Delair… silence radio, silence tv.
… sur Suzy Delair, redif d’une émission de France Musique: https://www.francemusique.fr/emissions/tour-de-chant/suzy-delair-1-2
C’est impressionnant, elle vient de nous quitter, et elle a tourné son premier film en 1930!
Didier Bezace, rien vu passer…
Acteur de théâtre et de cinéma formidable. L 627 d’abord dans ce domaine ci mais aussi La petite voleuse de Claude Miller.
A Ballantrae
Et les heures Blanches, pièce montée par Bezace que Miller filma
Je vous conseille « Les voleurs »d’André Téchiné,ou Didier Bezace détonne dans le role d’un truand à col blanc.En revanche j’ai été décu de la revision de « Barocco »oeuvre foutraque qui va dans tous les sens.
Ah oui il était très bien dans Les voleurs c’est vrai : assez beau mélange de respectabilité et de crapulerie.
Je vous trouve dur avec Barrocco Yves car le film assez complexe et expressionniste était ambitieux dans ses choix esthétiques et narratifs antinaturalistes même si très different de ce que ferait ensuite Techine.
à Yves Rouxel: BEZACE mais oui j’avais oublié Bezace dans l’un de mes Téchiné préférés: il est parfaitement crédible, hors de tout cliché en truand, je revois LES VOLEURS régulièrement. Je ne sais pas ce qu’est devenue Laurence Côte, actrice fascinante. (en fait elle tourne tout le temps mais jamais dans des films que je vois voilà tout…)
« Chester Morris est excellent en shérif débonnaire mais astucieux qui refuse tout lynchage. »
il s’agit de Wayne Morris
la couv de dvd de POOR LITTLE RICH GIRL est celle du remake de I Cummings avec Shirley Temple, pour le Tourneur, je le vois dispo chez Alpha Video, ce qui ne m’attire guère étant donné la réputation de ce Bach américain (en attendant Lobster?).
Cher Bertrand Tavernier,
Je me souviens avoir vu, dans les années 90, sur la chaîne La Sept, un moyen-métrage que vous aviez réalisé et qui, dans mes souvenirs, narrait la rencontre dans un décor très bucolique de Poilus de la Première Guerre Mondiale avec une jeune femme. Le personnage principale était campé par Philippe Léotard. J’ai gardé de ce film des images impérissables et je cherche depuis des années à remettre la main dessus. Pourtant, je n’en trouve mention nulle part sur internet, ni dans votre filmographie, ni dans celle de Léotard. Pourriez-vous me rafraîchir la mémoire ? Y a-t-il un moyen de le revoir ?
Ce message n’a pas grand-chose à voir avec votre billet, mais je ne savais pas comment vous contacter autrement.
Merci.
Frédéric
A Frederic
Je voudrais bien vous rafraichir la mémoire mais il faudrait rafraichir la mienne car je ne pense pas avoir tourné ce film. Je n’ai dirigé qu’une seule fois Philippe leotard dans UNE SEMAINE DE VACANCES
Cher Bertrand,
Merci pour votre réponse. J’étais convaincu, tout ce temps, que c’était de vous. J’ai j’ai fini par trouver : il s’agissait de « Camille ou la comédie catastrophique », de Claude Miller, avec Philippe Léotard, donc, et Juliet Berto, en 1971. Au moins, cette méprise m’aura permis de remettre un titre sur ce film. Merci encore.
Frédéric
« Camille ou la comédie catastrophique »… photographié par PW Glenn, donc un certain rapport avec Bertrand Tavernier quand même ! Même si c’est 4 ans avant L’HORLOGER DE SAINT-PAUL.
à Frédéric: Eric Chardin vous avait répondu le 17 mars savez-vous?
à Dumonteil: enfin découvert GIBIER DE POTENCE je comprends pourquoi vous avez parlé d’un des deux meilleurs rôles d’Arletty.
Elle y joue du fleuret: relève de sa légèreté de ton le fait que le mystère demeure jusqu’à la fin (le moment où Marchal lui confie leur décision à Courcel et lui de se marier) pour le spectateur de savoir s’il s’agit d’une s… ou pas. Cette résolution du mystère est retardée par l’apparente gaieté continuelle du personnage qui la fait apparaître digne de confiance, encore plus fort par -et c’est là qu’elle joue du fleuret- le fait qu’elle serait une victime (le viol qu’elle subit dont l’aveu pourrait être vrai) et même comme une amoureuse platonique de Marchal (ses pleurs quand elle le retrouve). En fait, on peut considérer le viol authentique et voir Mme Alice comme victime ayant grandi et mûri avec au coeur une absence totale de sens moral, qui la fait se juger totalement incapable de sentiment amoureux. Ou c’est un mensonge de plus car elle a ça dans la peau! Cependant sa rencontre avec Marchal est réellement empreinte d’amitié un peu maternelle, et le mariage projeté de la fin provoquant cette scène où elle est touche au génie à vouloir se venger de lui en dévoilant son passé à Courcel est moins une rage de ne plus pouvoir gagner des sous avec lui que de devoir prendre conscience qu’elle perd son amitié! Je dis génie car, sur le fil, elle exprime là autant de méchanceté pure que de jalousie. La comédienne a su garder son fameux sourire quasi constant qui a fait son succès populaire, mais a injecté dans cette gaîeté a priori une belle giclée de haine, je me demande ce que les spectateurs en ont pensé.
Mme Alice avait trouvé avec Marchal un ami qui lui faisait un peu oublier ses petites besognes, tant qu’ils étaient ensemble, ils partageaient la honte de ces agissements, lui parti, elle doit tout assumer seule. L’amour de Courcel va autoriser Marchal à oublier son passé, quand Mme Alice n’a plus rien. C’est tout ça, cette dualité redoutable que Arletty fait sentir, chapeau!
HUIS CLOS: je vois que Arletty lesbienne amoureuse retrouve Courcel en vain (pour son enfer) puisque cette dernière refuse son amour, amusant, dans le Richebé, Courcel la déteste instinctivement.
Ne serait-ce pas La vie et rien d’autre ?
A Frédéric
C’est un court métrage de Claude Miller : »Camille Ou La Comédie Catastrophique » (1972) avec Francis Girod, Jeanne Goupil, Juliet Berto, Marc Chapiteau, Michel Delahaye, Philippe Léotard. Je l’ai vu en bonus d’un DVD, mais hélas je ne me souviens plus lequel …
À Éric Chardin
Je découvre votre réponse du 17 mars. Bizarrement, je ne l’avais pas vue avant le message de MB, le 22/3. Merci pour votre réponse — quelle culture !
Et si c’était Philippe NOIRET dans La vie et rien d’autre ?
c’est un moyen métrage disait Frédéric
Pour continuer sur le muet, je suis un grand admirateur du roman de F Cooper qui me fascine depuis tout jeune et l’adaptation de CBrown et M Tourneur est effectivement de toute beauté.J’ai le coffret Lobster qui est très bien (avec Victory et Blue bird).
Le jeu des acteurs me semble assez naturel , ce qui est un bel exploit en 1921 et des contraintes de tournage en extérieurs aussi complexe.
Avec Greed de Von Stroheim et Le cheval de fer de Ford c’est l’un des films de la période qui utilise le mieux les extérieurs américains dans leur démesure et leur aspect tout à tour enthousiasmant et menaçant.
Un roman épique fait pour des cinéastes particulièrement soucieux de filmer l’espace avec ampleur: c’est une adaptation tout aussi mémorable que celle de M Mann qui d’ailleurs trouve des angles, des découpages parfois étonnamment voisins de ceux du film muet.
Il me semble que j’ai vu la version des années 50 qui était assez oubliable et un téléfilm assez plan plan.
A ballante
Une nouvelle traduction du roman est parue chez Gallmeister
Je vais la lire.
Gallmeister est un éditeur formidable.
C’est assez rigolo, Bertrand , que vous évoquiez un parallèle entre Le loup de Wall Street et L’argent car justement j’ai fait le même avec mes élèves d’option cinéma via deux extraits histoire de prouver que la virtuosité de Scorsese était nourrie par celle du muet notamment.
Je crois qu’avec Th Schoonmaker il avait bcp revu les grands Russes au moment du montage de Kundun ou de Gangs of NY mais aussi je crois pour Casino donc ce ne serait pas surprenant qu’il ait revu L’argent pour donner cette impression de vertige qui nous saisit dans Le loup de WS.
J’ai une certaine tendresse envers L’homme du large moins connu que L’inhumaine ou L’argent mais très beau, très inventif.Il existe dans un coffret Gaumont avec El dorado un peu plus raide.
Zola a été particulièrement bien servi par quelques films muets: outre L’argent Nana de Renoir, La nouvelle Babylone(d’après une partie de ce roman absolument génial et sous estimé qu’est La débacle) de Kozintsev et Trauberg.
Cesfilmsprouvent que l’un des traits degénie de Zoal est son sens visuel, la vivacité de ses descriptions.
André Antoine a réalisé une adaptation de La terre que je n’ai hélas pas vue. Et je trouve que La roue de Gance est une sorte d’hybride semi hugolien semi zolien ( La bête humaine bien sûr à laquelle Gance emprunte la fusion homme/machine et le motif de l’accident ferroviaire)
A Ballantrae.Puisque vous évoquez les parallèles ,voici un film de Peter Collinson que j’ai découvert hier soir et que je ne connaissais pas.Il s’agit des »Barroudeurs »sorti en 1970 avec Charles Bronson et Tony Curtis dont le personnage ressemble étrangement à Danny Wilde de la série »Amicalement votre »(blouson en cuir marron,gants en cuir et allure désinvolte du personnage avec un brin d’humour au coin des lèvres).Je suis d’accord avec Patrick Brion qui souligne la ressemblance avec « Vera cruz »puisque l’histoire raconte la rencontre entre un américain échoué sur un vieux rafiot qui va ètre pris en charge par un traficant au large des cotes grecques.Malgré la beauté de Michèlle Mercier,la présence de Patrick macgee dans le role d’un sultan turc enturbanné,Bronson et Curtis s’en donnent à cœur joie et nous offre un bon divertissement.Dans le bonus on retrouve un portrait très interessant sur la carrière de Tony Curtis qui était assez exigeant sur les tournages.J’ai appris qu’il voulait savoir de façon exacte la position de la camera,les gros plans,les panoramiques,et si son jeu était bon ou pas.Merci à Alain Carradore et à son équipe pour cette pépite.
L’édition de Larmes de clown est une excellente nouvelle car toute redécouverte de Sjostrom est en soi salutaire tant ce cinéaste moins célébré que Murnau a su négocier de manière magistrale lui aussi le passage de l’Europe vers les USA où il travaille dès 1924.
Je ne connais qu’une poignée de ses films mais tous sont magnifiques: Les proscrits, La charrette fantôme, Larmes de clown, La lettre écarlate (avec L Gish…je pense que c’est la meilleure adaptation du classique de Hawthorne), Le vent bien sûr.
Un cinéma d’émotions fortes d’autant plus fortes qu’elles sont retenues longtemps, d’autant plus fortes que le langage de Sjostrom est très épuré mais sait laisser sourdre d’un simple plan saisissant comme vous le dites très Bertrand le tragique d’une vie, le dérisoire d’une situation sans que la vie ne s’absente par trop d’affèteries.
Effectivement Larmes de clown comme La nuit des forains de Bergman content la tragédie de l’homme ridicule que devient un clown.Dans le Bergman , la scène d’humiliation renvoie à la forte expressivité du muet et il est heureux que les deux cinéastes aient pu travailler ensemble notamment sur Les fraises sauvages , encore un chef d’oeuvre à voir et revoir.
Vous parlez du génie de Lon Chaney ce qui m’amène à espérer un de ces jours la sortie d’un coffret Browning /Chaney complet car P Brion m’avait comblé lorsqu’il diffusa Le club des trois, The blackbird, Road to Mandalay, A l’Ouest de Zanzibar mais surtout L’inconnu et Loin vers l’Est.
Loin de Hollywood la série documentaire de K Brownlow déjà vantée ici parlait remarquablement bien de ces cinématographies du nord de l’Europe avec Stiller,Christensen et bien sûr Dreyer entre autres.
L’édition du Vent mérite d’être acquise aussi mais hélas à ma connaissance même un chef d’oeuvre tel que La charrette fantôme (aussi indispensable que Faust de Murnau, Les 3 lumières de Lang, etc…) ne peut être trouvé qu’à tarif prohibitif.
Je commande Larmes de clown pour envoyer un signe positif aux éditeurs et me fais une joie de le revoir car je ne l’ai pas revu depuis ma période k7 révolue depuis près de 15 ans.
A Ballantrae:
Mais l’édition chez Bach Films de LARMES DE CLOWN n’est pas récente et franchement je ne dirais pas que la copie est « correcte », j’ai abandonné le visionnage au bout de quelques minutes tant l’image est floue et instable. Il y a une autre édition chez Warner Archive Collection (en dvd séparé ou dans un coffret consacré à Lon Chaney) que je ne connais pas mais qui doit être meilleure. En attendant un Blu-Ray de Kino ou Criterion…
A Mathieu
Il y a peu de Bach films corrects, certains deMille…
Je ne connais pas le Larmes de clown de Bach films mais possède Le vent pas horrible mais très loin par exemple des restaurations de Murnau ou Dreyer chez Mk2 puis Potemkine.
Mon dernier visionnage du film était un enregistrement K7 ( ciné Classik? TCM? je ne sais plus) il y a pas mal de temps.
Sur 100 ans, sur quel auteur travaillez vous en ce moment avec JP Coursodon? Reprendrez vous les notules sur Huston et Aldrich ( 2 auteurs sur lesquels je me penche en ce moment)telles quelles ou les modifierez vous, allongerez vous?
A Ballantrae
Sur Huston, Hathaway,, les compositeurs de musique. Il y aura des ajouts considérables, voire des réécritures quasi intégrales pour Heisler, Sherman et quelques autres
Très bien!
Vous manque t’il beaucoup de matière pour estimer que vous avez terminé?
A Ballantrae
Pas trop. Terminer un article sur les évolutions technologiques dans la production et diffusion. Mais il faut relire le tout et le mettre en forme
mais Frémeaux ne va pas retarder dans son programme d’édition suite à C19?
ceci dit on verra!
dans 30 ANS vous aviez fourni un dico des acteurs de 1er et 2nd plan, je suppose que vous aviez assez de boulot pour refonder ça? Un dico des producteurs peut-être?
A MB
Non, les acteurs de second plan ont disparu avec la disparition des studios et des contrats de 7 ans et on ne peut pas comparer les années 70/2014 avec ce qui précède en bien comme en mal. Pas de dictionnaire de producteurs dont la fonction déjà mal définie à l’époque (ou se situait la ligne de démarcation entre Wallis et henry Blanke) est devenue maintenant indécryptable.Des cinéphiles français se sont extasiés sur des producteurs parce qu’on retrouvait leurs noms sur de bons films et on apprenait que c’était parfois du au hasard ou qu’ils n’avaient rien foutu ou que c’étaient juste des yes men. Attention au syndrome Yordan, pour Truffaut le meilleur scénariste américain dont on sait maintenant qu’il n’a pratiquement jamais écrit un scénario Il y a cinq cartons de producteurs. Quand même on mentionnait précisément leur rôle chaque fois qu’il était passible
A Bertrand:
Je viens de revoir avec un plaisir extrême ALL ABOUT MANKIEWICZ, longue interview réalisée par Michel Ciment pour la télévision au début des années 80 en deux émissions de 52 minutes et disponible en bonus sur les dvds Carlotta de DRAGONWYCK et A LETTER TO THREE WIVES. On y trouve une définition du rôle du producteur sous forme d’allégorie (un scénariste, un metteur en scène et un producteur sont perdus dans le désert…) que je ne vais pas raconter mais que je laisse découvrir à ceux qui posséderaient les dvds (on trouve également le documentaire sur youtube).
à BT merci pour la réponse détaillée.
A Mathieu
… ça c’est drôle, je viens de voir Dragonwyck (drôle d’objet, film gothique qui ne veut pas l’être, réalisé par un Mankiewicz qui n’en voulait pas, et prévu pour un Lubitsch dont on se demande bien ce qu’il en aurait fait)… et donc, merci Carlotta, le bel entretien avec Mankiewicz, chouette personnage, grand conteur pince-sans-rire.
Je n’avais jamais pu voir The remarkable Mr Andrew de Stuart Heisler. C’est l’adaptation par lui-même du roman de Dalton Trumbo, écrit durant l’été 1940, en pleine campagne électorale (après quelques films avec Farrow à la RKO) Son héros y prend, dit-on, des positions clairement pacifistes, contre l’entrée en guerre des Etats-Unis. Quand le film, tourné l’été 41, sort en mars 42, le message est clairement atténué. (Il ne reste en effet qu’une seule évocation du conflit mondial, lorsqu’à l’énumération des pays en guerre à l’époque, un des personnages clôt le débat en s’écriant : « C’est assez ! »). L’histoire est amusante, celle d’un honnête comptable qui décide de dénoncer la corruption de la mairie où il travaille. Quelques personnages historiques, qu’il est le seul à voir, (parmi lesquels George Washington, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson Andrew Jackson et..Jesse James !) viennent à sa rescousse, bien décidés à faire triompher les vertus de la démocratie. Après un générique parlé à la Guitry, Stuart Heisler commence fort, cerne en quelques plans très dynamiques la vie quotidienne de notre héros, joue de l’ellipse, puis le film commence à faire du surplace et sombre peu à peu dans une torpeur un peu molle. Beaucoup de scènes subissent le même trajet, Heisler les débute par deux ou trois idées assez fulgurantes, des angles audacieux, puis plus rien ne se passe. La moitié du film joue sur le même gag (les quiproquos dus au fait que seul le héros voit et parle avec les personnages historiques qui l’entourent). La mayonnaise ne prend pas vraiment. Les personnages principaux (et leurs interprètes, en particulier William Holden) restent lisses, sans épaisseur, naïfs. On ne peut néanmoins s’empêcher de penser pendant le procès de ce héros, porteur des valeurs fondamentales d’une société délaissées par ses représentants, à ce qu’allait subir Trumbo quelques années plus tard. Une sorte de prémonition qui fait froid dans le dos. Je ne sais pas si le livre est meilleur. Il n’a jamais été réédité depuis 1941, (volonté des ayants-droits ou manque de curiosité des éditeurs ?).
A DIXON STEELE
MERCI
A BT
Merci de votre réponse.
Décidément la famille FARROW est à l’honneur sur cette page!
« j’accuse » est le seul RP que je n’ai (encore) pas vu.
Outre ceux que vous citez ,j’aime beaucoup « le locataire » « carnage » (son plus comique) » le pianiste » « Tess » « la jeune fille et la mort » ; »répulsion » est très bon aussi.
Quitte à faire hurler ceux qui le réévaluent en ce moment , je tiens « quoi » pour son plus mauvais film.
Ce serait sympa si d’autres donnaient leurs RP favoris :une manière de rendre hommage à l’ARTISTE.
A titre personnel, je milite – seul mais dans la dignité – pour la réévaluation de « bitter moon » dont je n’ai jamais compris qu’il soit si mal aimé.
On se rend compte dans ce type de regards rétrospectifs que Polanski a eu très tôt le talent d’être inattendu et dans le même temps de ne pas donner l’impression de se perdre dans la diversité à la manière de classiques tels que Hawks, Walsh ou Powell.Il procède du même goût de l’éclectisme que Boorman ou notre ami Bertrand et ça c’est une qualité rare et précieuse.
Je trouve que jusqu’à Tess son parcours est remarquable même si certains titres sont mineurs (Quoi?), d’autres méconnus ( Macbeth est un joyau qui n’a pas à rougir face aux versions de Welles et Kurosawa) et bien sûr certains encore sont des réussites absolues et reconnues ( Le couteau dans l’eau, Répulsion, Cul de sac, Le bal des vampires, Rosemary’s baby,Chinatown, Le locataire, Tess).
Avec Pirates film sûrement trop longtemps désiré pour conserver sa fraîcheur commence une période plus inégale où se fait jour le maintien de l’ambition logistique de Tess ( Le pianiste, le sous estimé Oliver Twist, J’accuse), le recours aux fictions paranoiaques avec un degré de réussite plus ( The ghostwriter et dans une moindre mesure Frantic) ou moins aboutie ( La 9ème porte).Et enfin il demure un certain goût pour la théâtralité qui n’est pas à mon sens sa veine la plus aboutie (Resnais est bien plus fort à ce jeu là) même si La jeune fille et la mort, La vénus à la fourrure ou Carnage ont leurs très beaux moments.
Et puis il y a le très curieux Lunes de fiel , film incongru au mauvais goût assez poussé, cherchant le grotesque pour parler de désir et d’amour.Je ne le trouvais pas très réussi mais le reverrais volontiers pour vérifier ce qu’il est devenu avec le temps.
Bref, oui il faut découvrir ou revoir des films de Polanski.
Je suis tombé sinon sur un extrait d’émission où intervient notre pauvre Michel Ciment qui tente de parler cinéma à des interlocuteurs dont ce n’est pas le souci.Triste que le langage de la raison soit aussi démonétisé.Tout se mélange, tout est cri et dénonciations de l’offense dont se srait rendu coupable MC envers les femmes bafouées. Il ose à un moment se souvenir qu’A Haenel aurait dit qu’oeuvre et homme sont indissociables tout en défendant Céline pour l’écriture et il se fait tacler: hallucinante confusion mentale.
Une révision (que j’ai fini par interrompre) récente de PIRATES a été fatale. Moi qui l’avais aimé à sa sortie (mais bon, j’avais à peine 20 ans, le film était tout beau, tout neuf, la salle était bien équipée en Dolby Stereo), je le trouve maintenant calamiteux malgré Walter Matthau. C’est lourd, ça brasse de l’air et on s’ennuie ferme.
Les dix premières minutes avec leur côté « Rackham Le Rouge » annoncent bien des réjouissances mais on déchante vite.
Pour moi, LE vrai ratage de toute la filmo.
à AA PIRATES hélas d’accord
A Alexandre.Ce fut un énorme budget mais hélas le film n’est pas à la hauteur.Dire que le bateau est rester amarer plusieurs années dans la rade de Cannes.Qu’est devenu l’acteur Chris Campion depuis?En dehors de « J’accuse »qui m’a interpeller dans le ton et la mise en scène impressionnante ainsi que pour le jeu des acteurs,j’ai un bon souvenir vers »Ghost writer »qui lorgne bien sur vers Hitchcock et reste un bon suspense.
Pirates est un film assez raté, au souffle court malgré des moyens assez importants.
Je l’avais beaucoup désiré et déjà lors de sa sortie il m’était apparu comme très peu inventif voire un peu ennuyeux comme si Polanski ne savait que faire de son beau galion, de ses costumes, de cet univers peu abordé. Matthau cabotinait à mort et la verve comique du Bal des vampires absolument pas au RDV.
Et pourtant Brach et Polanski l’avaient désiré ce film.
Tess a comme clos une période avec un élan émotionnel sidérant de force et de finesse. Dans le Tarantino on voit Sharon Tate acheter Tess de Thomas Hardy avant d’aller au cinéma et savoir que l’adaptation lui sera dédiée crée un pincement au coeur et quand on voit Once upon a time et quand on revoit Tess.
Le roman est sublime et le film l’est tout autant.
J’ai beaucoup d’affection pour PIRATES,parce que je l’ai vu vers l’âge de six ans , en vhs . C’etait d’ailleurs une des rares cassettes que je pouvais regarder avec ma sœur. On le voyait plusieurs fois dans l’année,et on rejouait même certaines scènes dans le jardin. C’est évidement un peu mince pour le réhabiliter, mais j’en connais assez peu,de mon âge qui ont grandi avec, comme certains avec Disney. Je l’ai revu il y a cinq environ, et là c’est vrai que ça passe moins. Hormis la première heure,que je trouve impeccable, drôle et enlevée,. Ca patine méchamment dans l’île. Mais je peux certifier que sur les gosses le film fait son effet. Il effraie, ça ne finit pas très bien, on mange et on boit des trucs bizarres, et il y a un coté malsain ,déliquescent qu’on avait du mal à formuler mais qui semble un peu plus évident aujourd’hui, avec un regard plus mûr. J’aime sincèrement la catégorie de films plus populaires de Polanski comme FRANTIC et la NEUVIEME PORTE. bizarrement, pour ces deux films, leur plus gros défaut est la dernière partie, comme si on avait du mal à boucler l’histoire. Mais le sens du décor, la façon dont on »jette » l’anti héros dans un.environnement qu il ne maîtrise pas est toujours fascinante. A noter aussi les beaux scores sur ces films, avec des génériques très soignés.
A Dumonteil
pour répondre tardivement à votre demande pour nos Polanski favoris, pour moi, c’est « Répulsion », véritable plongeon vers la folie d’une Catherine Deneuve terrifiante (quelle expérience très spéciale pour très une jeune actrice, l’a-t-elle bien vécue ?) . Et puis « Chinatown », avec Jack Nicholson ultra cynique, dont on retrouve des fragments de sa vie.
Avez-vous vu PERFECT MOTHERS de Anne Fontaine qui passe demain sur Arte?
aussi GIBIER DE POTENCE (Richebé) chez Brion lundi vers minuit, je suis sûr que Dumonteil l’a vu!
A MB
Lourcelles a vu GIBIER DE POTENCE
à MB
Oui ,j’ai vu « gibier »et je l’ai fait découvrir à pas mal de gens qui en étaient restés au jugement lapidaire de Jeanson; L’un d’eux a « réévalué » Arletty par ce film ;puisque vous êtes un habitué de l’imdb , je vous renvoie aux commentaires du site,tous positifs ;le film a une note de 7,2 ,ce qui est assez remarquable pour un film en noir et blanc d’un metteur en scène peu estimé (la moyenne est de l’ordre de 6,8) .Le thème de l’homme-objet était plutôt rare en 1951;Jacqueline Audry l’avait aussi abordé dans sa version de « la garçonne » 1957.
Je rappelle brièvement les films de Riche-B dignes d’intérêt:
« l’agonie des aigles » ,admiré par Tulard ,sur les demi-soldes , « l’habit vert » déjà évoqué, « madame sans -gêne » (numéro fantastique d’Arletty) « monseigneur » et « gibier »;j’y ajoute « la fugue de Monsieur Perle » dont la morale est « mieux vaut être dans la maison d’une folle qu’ être interné dans un asile de fous » .
Les cinéphiles ont dû protester ,mais Paramount Channel a remis « Rosemary’s baby » (le 5 mars) et « Chinatown » (le 7) ;il y a tout de même une justice ,pour des films inscrits tous deux au prestigieux « national film registry » (films à préserver).Tout de même!
j’ai revu « Rosemary » en VOST ;pour moi ,pas photo: ce fut mon second Polanski (le premier « le couteau dans l’eau « ) ,mais il est resté mon préféré ,j’ai dû le voir dix fois ;je vais revoir « Chinatown » .
je serais curieux ,puisque l’on parle beaucoup du réalisateur ,de savoir,cher collègue érudit, quel est votre Polanski favori ;et pourquoi pas,aussi, celui des autres usagers ,non moins érudits ,si je n’en demande pas trop?
(J’espère ne pas avoir fait trop de fautes ,surtout dans les noms propres)
A Dumonteil
Pour moi c’est CHINATOWN puis ROSEMARY’S BABY et J’ACCUSE et le COUTEAU DANS L’EAU. Je n’ai pas revu REPULSION depuis longtemps
Je marcherais sur les même traces. Par contre je ne maîtrise pas du tout mon COUTEAU DANS L’EAU, que je n’ai du voir qu’une fois (en salle) il y a longtemps.
Celui, dans les classiques de l’auteur, qui me pose toujours problème, c’est LE BAL DES VAMPIRES. C’est toujours en fonction de l’humeur : tantôt je trouve (enfin, je trouvais) que c’était un chef d’œuvre du film de vampires, pas si loin de Dreyer ou de Murnau, tantôt je le trouve un peu balourd et laborieux. C’est assez bizarre.
TESS vient assez vite après les titres pré-cités.
A Alexandre Angel
J’avais oublié TESS et LE PIANISTE et n’ai jamais vu MACBETH
…et j’oubliais LE PIANISTE !
…et LE LOCATAIRE, et après j’en ai fini avec le peloton de tête.
MACBETH fait une forte impression (surtout la séquence où les séides assassins de l’intéressé investissent une place forte et tuent un enfant, scène qui annonce un moment similaire du PIANISTE) mais est toujours critiqué pour un certain grand guignol. En même temps, le grand guignol fait aussi partie de l’inspiration polanskienne (dans LE LOCATAIRE, c’est évident).
à AA
La première fois que j’ai vu « le couteau » ,je n’avais pas adhéré non plus;une seconde vision me l’a fait réévaluer.
Si l’on en croit son beau-frère , »Rosemary’s baby » était un des films préférés de Kubrick .
N’oublions pas Le Locataire! (Qu’admirait beaucoup, selon son fils, Louis De Funès!)
Je crois avoir vu tous les films de Polanski, y compris ses courts-métrages et ses « bizarreries » comme What? ou Macbeth. Ils ont tous été édités en DVD. Je n’en trouve aucun « mauvais », même si j’ai quelques favoris : Cul-de-sac (Françoise Dorléac !), Rosemary’s Baby, Chinatown, Le locataire, Carnage, The Ghost Writer et j’ai adoré La Vénus à la fourrure dans lequel Emmanuelle Seigner est extraordinaire !
à Dumonteil même choix pour moi sur vos deux préférés, GHOSTWRITER est distrayant, CARNAGE est vraiment drôle, je trouve que REPULSION et CUL DE SAC sont décevants à la revision, et LE COUTEAU un peu austère!… pas vu J ACCUSE honte. Ah DEUX HOMMES ET UNE ARMOIRE me souviens plus! merci pour le Richebé , j’avais même pas vu le Lourcelles j’étais pressé d’avoir un avis avant le CDM de demain!
A MB
Je conseille « gibier de potence »à tous ;c’est l’un des deux meilleurs rôles d’Arletty d’après-guerre (l’autre étant la lesbienne Inès dans la version de « huis clos » d’ Audry);mon ami Writer’s Reign qui écrit sur imdb qualifie Madame Alice d’asexuée ,on ne peut mieux la définir.Georges Marchal y trouve aussi son meilleur rôle,après ses Bunuel.
La centrale catholique du cinéma lui a donné la cote » maximum « :5= par discipline chrétienne ,il est demandé de s’abstenir d’aller voir ces films ,qui prônent ouvertement des idées mauvaises ou submersives »
Brion,Tulard et Lourcelles défendent le film …à vos enregistreurs!
Pas trop coutumier de ce genre d’exercice… je mettrais dans l’ordre « Le locataire », « Répulsion », « Rosemary’s baby », « Ghost writer », « Le couteau dans l’eau ».
Je me rends compte en écrivant que les critères changent suivant les films ; ils pourraient tous figurer dans un top 5 suivant l’humeur – sauf peut-être « la 9ème porte » . Disons que ce qui me touche chez Polanski, c’est la paranoïa, l’enfermement – il raconte dans son « Roman » l’histoire de cet oncle qui passa une partie de la 2nde guerre mondiale enfermé dans un placard. Ceci n’est pas une anecdote biographique, c’est devenu un motif important de son cinéma.
En tous cas « Le locataire » est pour moi central, depuis ce jour de 1976 où j’en ai vu un extrait à la télé de l’époque. Trelkovsky arrivait dans l’immeuble, et tout était d’une étrangeté littéralement surréaliste : plus que vraie. Je n’ai vu le film que beaucoup plus tard, et ce fut pour constater qu’il était en tous points conforme à ce que l’extrait m’avait laissé imaginer. Un extrait, et tout est dedans. On pourra me dire tout ce qu’on voudra, Polanski en quelques plans a changé mon regard sur le monde – ce n’est pas un conditionnement mais un enrichissement, je le dis pour les bonnes âmes qui se croient salis par les oeuvres, à cause de ce qu’on dit de leurs auteurs.
A tous :
Dans le domaine du fantastique, connaissez-vous une scène finale qui dépasse en force,en horreur et en émotion celle de « Rosemary’s baby « ?Si oui,laquelle ?
Toujours sur le même sujet et si vous aimez Polanski et Ira Levin ,évitez-vous « son of Rosemary » ,roman qui réussit la double performance d’être une des pires « suites » au monde et de rendre caduc l’ouvrage initial.
Pour répondre à votre question sur des films fantastiques aussi forts , horribles et émouvants à la fois dans leur scène finale que Rosemary’s baby oui je peux en citer quelques uns: Les innocents est assez terrible, je trouve très fortes les scènes finales de L’orphelinat de Bayona, Les autres d’Amenabar, Le labyrinthe de Pan de G del Toro. Celle de Martyrs de P Laugier ( plus horreur que fantastique mais vraiment impressionnant et puissant) m’avait laissé dans un état de sideration absolu.
Faux semblant de Cronenberg propose aussi une fin d’une force peu commune, atroce et belle.
à Dumonteil: c’était dans le roman? en tout cas c’est un hommage à l’instinct maternel, et peu familier du cinéma d’épouvante si je ne me trompe…
Une fin qui, dans le cinéma d’horreur, surpasserait en force, en horreur et en émotion, celle de Rosemary’s Baby ? DON’T LOOK NOW de Nicholas Roeg, ALIEN 3 de David Fincher, BLOW OUT et PHANTOM de De Palma.
… sur la maternité, il y a « It’s alive » de Larry Cohen… pas vraiment Polanski, mais quelque chose d’aussi troublant/dérangeant. Et c’est porté par la musique de Bernard Herrmann, alors…
« Dans le domaine du fantastique, connaissez-vous une scène finale qui dépasse en force,en horreur et en émotion celle de « Rosemary’s baby « ?Si oui,laquelle ? »
A Dumonteil
Qui dépasse celle de ROSEMARY’S BABY, non, mais pour moi, c’est le plus grand film d’épouvante, alors…
Dans le domaine du fantastique horrifique, les fins de LA MOUCHE et de FAUX-SEMBLANTS, de David Cronenberg, me paraissent remplir l’office.
Mais pour en revenir au Polanski, ce qui est prodigieusement effrayant, c’est la manière dont Mia Farrow devient le réceptacle physique de l’innommable, comme si à elle seule elle devait porter les stigmates de l’épouvante. C’est elle qui me fait peur dans le film, à la fin, avec ses cheveux courts tirant sur le rouge et son teint blafard. C’est ce visage-là, déformé par l’horreur, qu’accompagnent les stridences de Komeda alors qu’elle regarde l’intérieur du landau et que des yeux de chat apparaissent en surimpression (il est d’ailleurs fameux que beaucoup de gens ont vraiment cru voir le bébé).
J’adore aussi le fait que les sorciers ont (à une exception près) tous l’air prévenants, rassurants (le Docteur Sapirstein et l’autre gynéco)voire joviaux (le photographe japonais). J’aime cette façon qu’a Polanski de jouer avec les aspects les plus grossiers du folklore comme pour banaliser le mal (les tableaux sinistres sur les murs du passage secret volontairement « too much », la manière détachée, presque badine, qu’ont les convives de dire « Gloire à Satan » une coupe de Champagne à la main). Tout un humour noir et à l’œuvre.
Non, vraiment, il avait fait fort.
à Dumonteil: c’était dans le roman? en tout cas c’est un hommage à l’instinct maternel, et peu familier du cinéma d’épouvante si je ne me trompe…
Très belle phrase ,Martin;quand j’ai vu le film avec ma mère aujourd’hui décédée ,elle m’a chuchoté : »ils vont l’avoir par l’amour maternel » ; tous les éléments sont dans le roman mais un réalisateur aussi fort que RP les a sublimés ;songeons à ce qu’un tâcheron du film d’épouvante en eût fait!
A Pierre
excusez-moi de ne pas partager votre opinion sur « don’t look now » ; contrairement à Levin,qui a été royalement adapté par Polanski , Daphné Du MAURIER a été trahie par Nicholas Roeg: zooms,effets voyants ,scène érotique,remplissage; tout ce qui faisait le mystère ,l’angoisse (le mari est complétement perdu à la fin de la longue nouvelle,bien avant la scène finale,le suspense est intense ), l’atmosphère poisseuse de Venise . »Rebecca » « the birds » (dont la courte nouvelle a complètement été réécrite ,le héros étant un fermier) et « my cousin Rachel » (surtout la version noir et blanc avec Olivia De Havilland et Richard Burton) rendent plus justice à l’écrivain.
Mais ce n’est qu’une opinion ,et le film de Roeg est très coté ,alors sans rancune .
(je ne sais plus si son patronyme prend deux g ;alors gare à MB!)
à Pierre/ROSEMARY LA FIN
les films que vous citez (sauf DON T LOOK que je n’ai pas vu) ne proposent pas pareil choc terriblement original et contre-nature, entre deux valeurs: l’instinct maternel glorifié tabou-ifié par le romanesque américain car élevé au niveau d’un mythe, est ici proposé comme s’alliant à ce qu’il y a de plus répugnant et de plus anti-américain: le Mal, autre mythe constamment entretenu et ravivé par des présidents républicains, d’ailleurs renouvelé récemment par Bush Jr et Trump. RP (et Levin?) ont réussi à parler de l’Amérique par son puritanisme insensé et sa volonté de simplisme moral maladif. Un autre grand film LE PRINCE DES TENEBRES de Carpenter commet ce même forfait anti-américain (quant au seul mythe du Mal): le Diable ou le Mal est extra-terrestre, matériel, il n’appartient pas à la sphère spirituelle ou religieuse et cléricale et pouvant être combattu par la foi, ainsi il renie le bien-fondé de la foi chrétienne sacrilège à faire s’étrangler les grenouilles de bénitier (asséchées)! mais contrairement à ROSEMARY Carpenter ne le présente pas comme s’opposant à une valeur adversaire comme le mythe maternel (ou alors peut-être est-ce l’esprit scientifique représenté par l’équipe des chercheurs (c’est moins violent comme choc).
Mais revenons à vos fins de films: celle de ALIEN 3 à côté de ROSEMARY ne se termine que par un pessimisme bien conventionnel que l’on devine 5 ‘ plus tôt et que l’on attend patiemment, rien de bouleversant, BLOW OUT me semble hors course: c’est une pirouette cynique cliché que d’utiliser le cri réel et pris sur le vif de la femme aimée pour servir à un film désigné comme nanar d’épouvante, rien de très excitant. Ces films ne jouent pas dans la même cour que le RP. Je vous laisse le bénéfice du doute pour PHANTOM, film que j’ai vu deux fois et complètement oublié ce qui ne signifie rien de plus, et pour le Roeg je ne sais pas pas vu(un seul « g » enfin quand même Dumonteil! mais attention à George Waggner).
… ceci dit PRINCE de JC et ROSEMARY de RP cest pas la même cour non plus
et c’est les bénitiers qui sont asséchés pas les grenouilles.
A Dumonteil et MB
Et bien ça m’apprendra à jouer le jeu ! Moi je réponds à la question et du coup je me fais tailler en pièces !
On a demandé de lister des fins de films d’horreur, qui mêlent épouvante et émotion.
De ce point de vue, je maintiens qu’ALIEN 3 est imparable, je vous assure – avec d’ailleurs la même idée de maternité monstrueuse que dans ROSEMARY’S BABY (ce qui n’est pas un hasard quand on sait le culte que voue Fincher à Polanski).
Le fait que l’on anticipe avant la fin ce qui va arriver n’enlève strictement rien à la force de la conclusion, voire la renforce (c’est justement ça, la tragédie, quand on sait à l’avance comment ça va finir) : Ripley qui se jette dans le feu (geste sacrificiel tout de même notable dans un blockbuster hollywoodien), la créature qui nait en même temps et qu’elle prend dans ses bras (geste encore plus osé que le précédent), Lance Henricksen qui hurle, puis la planète prison désertée, avec les rayons du soleil qui réapparaissent à la fin (seule lueur d’espoir dans une fin atroce), le tout sans dialogue, sur la musique d’Elliot Goldenthal. C’est une conclusion magnifique – pour qui aime le genre bien sur – et qui mêle vraiment horreur et émotion.
ALIEN 3 est un film très mal aimé, y compris par Fincher lui-même : je pense vraiment qu’il a tort, de mon point de vue c’est son meilleur.
A Pierre
Je trouve très bien ces échanges mais ils tournent un peu un rond, virent des manies que je n’aime guère (établir des classements, des palmarès, les quatre meilleurs films où une grenouille rentre gauche cadre) ce qui souvent empêche que l’on discute des oeuvres.Pas toujours car il y a eu des analyses intéressantes. Pour le moment aucun commentaire sur les films muets et sur des titres un peu plus rares
Les chasses du comte Zaroff m’a bien fait flipper. Notamment ce plan rapproché en travelling arrière sur Leslie Banks avançant dans les herbes qui est tout bonnement effrayant. C’est une image forte dans un film vraiment très original où l’on ne sait jamais quand va survenir la terreur. Il avait longtemps hanté ma grand-mère qui l’avait vu à l’époque en 1ère partie, m’a-t-elle dit, d’un autre film.
A MB
« Prince of darkness » ne m’a pas fait peur.Ce film jouit d’une bien meilleure réputation ici-bas qu’aux USA (et encore ,BT le qualifie d' »abominable « dans « 50 ans » !)où Maltin lui donne la plus mauvaise cote (bomb) ;par comparaison ,il donne la note maximale à « Rosemary » (4 étoiles)
D’accord avec vous pour tous les autres films ,en particulier le Travolta.
Puisque vous parlez de la relation contre-nature ,rappelez -vous le parallèle passionnant fait par BT entre « Rosemary » and « Chinatown » dans lequel il y a aussi une autre relation contre-nature qui porte aussi ses fruits.
Dans les fins impressionnantes ,je pense que celle de « the haunting »de Wise (1963!surtout pas l’horrible remake!) ,qui est aussi celle du roman de Shirley Jackson(« the haunting of Hill house » ) , laisse aussi pantois.
Et n’oublions pas dans le fantastique /sci-fi « planet of the apes » (1967) dont nous avons si souvent vanté la fin (différente du roman de Boulle ,cité dans l’éditorial pour « bridge « )!
Je vous conseille le livre de LEVIN en anglais puisque vous maîtrisez parfaitement la langue ;on y découvre pas mal de choses ,notamment que le bébé est né le 26 juin « exactement à l’opposé de qui-vous -savez » en juin 66.6/66!
A Dumonteil D
Et de lire THE BIG GOODBYE signalé par DIXON STEELE. Livre passionnant sur la conception et le tournage de CHINATOWN
Dans le domaine du fantastique, rien ne vaut pour moi la littéra-ture. Maupassant et Mérimée cherchent toujours le cinéaste adaptateur qui pourra leur donner une forme convaincante.
Sinon, c’est vrai que ROSEMARY m’a plutôt traumatisé. Surtout le bouquin.
Et puis, plus effrayant encore, il y a les histoires vraies !!
Est-ce que la première fin terrifiante (unhappy ending !) n’est pas celle du Bal des vampires de Polanski où Sharon Tate que l’on croit sauvée des suceurs de sang se révèle être une vampire?
On a vu pire depuis, mais à cette époque, les salles de cinéma étaient terrifiées !
à Pierre et bien vos arguments détaillés sur ALIEN 3 m’amènent à revoir le film!
ce qui est intéressant c’est justement quand c’est argumenté, il est vrai que sous forme de liste c’est un peu court, ou quand qqn dit que tel film est bien supérieur à tel autre comme ça, boum rideau (oui oui ça m’arrive mais si on me le fait remarquer du coup, je blablate pour expliquer mieux pourquoi en quoi)
euh « taillé en pièces » c’est un peu exagéré quand même?!
à Bertrand: j’ai une belle liste de films avec les meilleurs plans de grenouille entrant par le cadre droit, pas gauche, je peux la transmettre ici quand même je pense?…
euh non… ptet pas…
à Dumonteil/PRINCE:
je ne comprends pas le problème avec PRINCE OF DARKNESS je crois que Coursodon-Tavernier sont passéS à côté (étant donné le nombre de fois où ils ont tapé dans le mille quelle importance!) , je ne sais pas si ça doit faire peur les films d’épouvante ne sont pas supposés faire peur mais épouvanter, c’est pas pareil (ah… ça fait du bien de charrier un peu vous avez eu peur hein?), l’épouvante c’est un jeu intellectuel: on regarde où vont les pions jusqu’à ce qu’ils se rendent sur une case étrange… La rencontre du scientifique rationnel et de l’étrange (l’extra-terrestre) fait mouche chez moi, avec ces chercheurs réduits à l’immobilité (pour l’oscar du second rôle c’est loupé) par Mr Sous-Sol vert de rage là tout en bas dans les combles (au sous-sol, quoi), espiègle petit tour qui réduit à la passivité totale, comme on le voit dans ASSAUT avec le père de la petite fille qui va se faire dégommer par l’aryen blond (et même pas poli en plus). C’est peut-être inspiré des MONSTRES DE L ESPACE de Baker en tout cas la même rencontre entre deux mondes.
euh… Maltin ça fait pas foi hein, faut bien trier.
ZAROFF est une véritable réussite, le film réussit très bien les scènes de discussion du début chez le général et ce qui suit, l’action, la poursuite dans la jungle qui pourrait lasser. Cette poursuite est magistrale. La musique continuelle n’y est jamais assommante ou redondante.
Perfect mothers ne me semble pas valoir le détour car typique de son cinéma recherchant le petit côté sulfureux mais en restant très sage au final.Une manière de jouer avec les attentes du spectateur tout en restant en demies teintes.Nettoyage à sec déjà oeuvrait dans les mêmes eaux de l’épate bourgeois à peu de frais. Une forme de ronronnement dans le registre du sujet a priori scabreux qui devient un objet choc sur papier glacé.
Pire que lorsque Ozon ou Honoré vont dans la même direction car dénué de questions formelles un peu intéressantes.
à Ballantrae
« Nettoyage à sec déjà oeuvrait dans les mêmes eaux de l’épate bourgeois à peu de frais. Une forme de ronronnement dans le registre du sujet a priori scabreux qui devient un objet choc sur papier glacé. »
exactement ça, il y a une scène homosexuelle complètement grotesque et qui sent l’esbrouffe, on dirait un bourge qui s’encanaille, ce film, un peu comme les films de Sciamma quand ils veulent évoquer l’ambigüité sexuelle c’est fait avec des gros sabots, d’ailleurs je l’ai zappé ce PERFECT MOTHERS. J’ai vu par contre sur Arte un très troublant film de Jennifer Fox, THE TALE/LE PASSE RECOMPOSE qui surprend assez par une sophistication de forme qui passe juste à côté de la joliesse mais aborde la pédophilie de façon originale et fine, par le refoulement qui peut se produire chez la victime mais avec ce détail que celle-ci peut transformer en bénéfique les évènements qu’elle a subis jusqu’au conte de fées où elle embellit et idéalise ses prédateurs, pour éviter d’affronter la souffrance de la vérité. La forme est agile pour passer habilement du passé au présent, faisant se rencontrer et dialoguer la petite fille victime et la femme adulte qui tente de se souvenir, j’ai pensé à SOUDAIN L ETE DERNIER, entre autres, la mosaïque se met en place peu à peu. Ce film reste en riplèille sur aRTE jusqu’au 12.
J’ai revu WITHOUT WARNING! que j’avais complètement oublié, ce film très agréable laisse entendre que Laven évoluerait ensuite vers les grands cinéastes de la B mais… Il y a qqs idées intéressantes dans ce film, assez pour 76′, l’intérêt des petis budgets c’est qu’on peut y voir des acteurs de 2nd rôle pour une fois au premier plan, ainsi Adam Williams en tueur aux yeux clairs, un peu poupin (il jouait un des deux méchants qui saoûlaient Grant dans LA MORT AUX TROUSSES), aussi Edward Binns (l’un des 12 HOMMES EN COLERE) en flic un peu trop souriant et décontracté étant donné la gravité des crimes qu’il cherche à élucider mais justement ça c’est peut-être « trop » par rapport aux conventions habituelles du film d’enquête. Binns affiche qqs éléments de comportement qui me semblent échapper à de la direction d’acteur, le genre de truc que le cinéaste na va pas forcément indiquer: « tiens là, avant de quitter la pièce tu jettes un coup d’oeil l’air de rien sur le flic qui relève les empreintes, ça fait vrai! », les acteurs ont des trouvailles… L’actrice féminine est un peu faible mais la brochette d’enquêteuses-séductrices blondes chargées de draguer le tueur sont des figurantes plus que convaincantes, en plus de beautés fatales. Joseph Biroc à la photo offre des plans d’insert magnifiques sur ces femmes ou d’autres personnages (aussi de jolis plans de nuit urbaine) et tel plan de Willams enfin coincé à la fin, sécateur à la main, est admirablement éclairé. Au contraire DE L HOMME A L AFFUT il n’y a aucune approche psychanalitique. Merci de l’avoir signalé.
Gag avec l’excellent personnage du légiste dans son labo quand il se sert un café…
cf https://www.tavernier.blog.sacd.fr/cinema-americain/
A Bertrand Tavernier : merci d’avoir évoqué le très beau film de Michael Gordon, L’ÉNIGME DU LAC NOIR (The Secret of Convict Lake), sorti il y a bien un an et que j’avais totalement zappé. Rien à ajouter à votre commentaire précis qui me donne envie de découvrir certains films de Gordon, tournés avant celui-ci (THE WEB, ANOTHER PART OF THE FOREST, AN ACT OF MURDER, THE LADY GAMBLES, WOMAN IN HIDING,dernier titre qu’ il me semble vous avez évoqué ici dans une précédente chronique).
Ce qui m’a frappé c’est la différence de genre à partir de son retour à la mise en scène en 1959. Excepté PORTRAIT IN BLACK (1960) – revu il y a deux jours sans grand enthousiasme – on trouve quasiment que des comédies chez Universal ou MGM.
J’ai un souvenir plaisant de PILLOW TALK avec Doris Day et Rock Hudson, mais je ne l’ai pas revu.
Ses autres comédies, tout comme TEXAS ACROSS THE RIVER avec Dean Martin et Alain Delon le sont totalement inconnues.
Etait-ce un choix de sa part d’oeuvrer dans une certaine « facilité » après sa longue absence liée au maccarthysme ou une volonté des studios de ne lui confier que ce type de sujets ?
THE SECRET OF CONVICT LAKE donne une idée du talent de cet homme. Très heureux d’avoir découvert ce film.
A SERVANT Jean Pierre
Ses premiers films sauf CYRANO DE BERGERAC sont souvent excitants et audacieux notamment ANOTHER PART OF THE FOREST, prequel de la VIPERE, AN ACT OF MURDER sur l’euthanasie, the WEB (bon film noir). Quand il est de nouveau engagé, je pense que c’est un homme brisé, décérébré par la liste noire et ses films sont inertes, privés de toute substance. C’est juste un mercenaire qui tourne à la chaine des films dont un ou deux sont vaguement dans l’air du temps et paraissent horriblement démodés. Son western parodique est une horreur. Je pense qu’il n’y a pas de choix de sa part : il accepte ce qu’on lui donne et ne veut plus traiter de sujets sérieux
A mi chemin du mystique et du polar des années 60,David Perrault avec « Nos heros sont morts ce soir »une oeuvre singulière qui se détache complètement des sorties habituelles et fait de ce jeune cinéaste un cas vraiment particulier.Tout débute avec des images d’archives sur la guerre d’Algérie et l’on va suivre un ancien légionnaire qui revient en France.Cet homme est hanté par les violences et les barbaries commises par l’armée qu’il à servit.Un jour dans un café il rencontre un homme qu’il lui propose de combattre sur un ring en mettant un masque.Le voilà dans la peau d’un catcheur au nom de « L’équarisseur de belleville ».Il affrontera son ami dit »Le spectre »dont le visage est dissimulé d’un masque blanc.Tourné en noir et blanc le film dégage une force impressionnante et donne du relief et de la profondeur a ce sport qui n’a jamais été mis en avant au cinéma.Les deux personnages sont incarnés par Denis Ménochet(revu depuis dans »Jusqu’a la garde »)et Jean pierre Martins,tout deux apportent à la foi une vision sincère de l’amitié masculine mais surtout les coulisses du catch.En effet l’entraineur du cercle campé par le toujours juste Philippe Nahon nous dévoile l’envers du décor,la mise en scène des effets de prises et les coups qui ne sont heureusement pas portées pour des raisons de sécurité sur les corps.Puis David Perrault a sut créer un univers personnel lui qui ne connaissait rien de ce sport médiatisé durant les années 60 par l’unique chaine de télévision sur des commentaires du fameux Roger Couderc.David Perrault vient de sortir un western »l’état sauvage »dont l’action se déroule aux états-unis.Il y a eu trop peu de copies en France,je me rattraperais avec la sortie en dvd.
A propos de NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR :
https://www.afcinema.com/Le-directeur-de-la-photographie-Christophe-Duchange-parle-de-son-travail-sur-Nos-heros-sont-morts-ce-soir-de-David-Perrault.html
A Yves, merci pour la découverte. A Marc, merci pour l’entretien ; je ne pense pas souvent au site de l’AFC, mais dieu que c’est précieux.
A Denis fargeat.Je vous conseille fortement de découvrir un film réalisé par l’islandaise Nietschka Keane qui a pour titre « Quand nous étions sorcières ».Le scénario est tiré d’une œuvre des frères Grimm et se déroule en Islande pays des fjords et des sorcières.On retrouve dans son premier role à l’écran la chanteuse Bjork du groupe Sugarcubes qui a fait depuis une carrière en solo.Au niveau filmage on est proche du cinéma de Bergman voire de Bela Tarr.Images dépouillées,climat austère avec des personnages plein de mystères qui ne parlent pas beaucoup mais qui expriment à travers les prières,les coutumes du respect de la terre et des animaux.L’éditeur Capricci se détache complètement en proposant des films que l’on ne voit pas dans les salles mais qui existent heureusement en format dvd.
à Yves Rouxel chapeau pour vos découvertes!
sur les différences de perception: A revoir LE GAUCHO, j’ai aussi revu votre bonus et j’ai percuté à écouter votre approche de la fameuse séquence:
« Admirable gros plan de Gene Tierney allongée dans la nuit, avec l’ombre des feuilles sur le visage. Et un contrechamp sur Rory Calhoun sur fond de ciel qui la regarde. »
(https://www.tavernier.blog.sacd.fr/westerns-de-farrow-de-toth-et-films-muets/)
que vous développez dans le bonus en mettant en avant selon vous, une expression de plus du pessimisme de Tourneur, en effet le même cadrage et même paysage est répété après le contrechamp sur Tierney mais avec l’absence de Calhoun, ce qui devrait laisser pressentir la disparition future de Calhoun, son comportement suicidaire, d’où le tragique inéluctable du film, mais bien sûr chez Tourneur comme on le voit souvent plutôt un brouillage sur ce qui va se passer très indéfini (plus indéfini que de préciser « comportement suicidaire » ou mort à venir), donc un refus de JT de définir précisément quoi que ce soit de tragique pour faire sentir l’impossibilité totale de savoir quel sera précisément le destin du héros joué par Calhoun sauf qu’il sera fatal (Calhoun excellent dans ce film) d’où je m’explique: chez JT (je crois chez Maurice aussi) le sens du tragique est tel que le spectateur n’est même pas autorisé à deviner EN QUOI cette issue tragique va consister.
C’est l’incertitude sur la nature exacte de l’issue fatale qui constitue le tragique, c’est l’incertain: que disent les murmures dans un corridor lointain? Ils sont inintelligibles c’est ça qui fout la trouille. OR, et c’est là que je voulais en venir (désolé si c’est trop long ou confus) mais si je reconnais ce thème de l’incertain tragique ailleurs chez JT, je ne l’ai pas reconnu là.
En effet pour moi, quand Tierney s’est réveillée au milieu de la nuit et qu’elle a vu la silhouette de Calhoun, puis clos les yeux une seconde et vu que la silhouette avait soudain disparu, ça l’a rassurée car elle a senti que Calhoun était passé la voir et qu’il était là tout près et qu’il veillait sur elle, comme les enfants qui entrevoient ou sentent confusément dans leur sommeil qu’un parent est passé les voir pour remonter la couverture et reparti vers leur chambre à côté! C’est un sentiment d’apaisement et de tranquillisation que j’ai senti, pas le sens du tragique familier de JT. Par contre, la disparition finale du couple dans la cathédrale mortifère (pléonasme) est déchirante, mais quelle génie visuel autant que la présence de la musique avec cette flûte toute simple qui souligne certains échanges…
A MB
Belle analyse
merci Bertrand, je l’ai senti commme ça peut-être parce que j’étais d’humeur primesautière hier soir… disons que JT est riche en impressions.
Je veux entendre « la flûte qui souligne certains échanges »!!
Bravo MB et reparlons un peu cinéma! Je vais revoir LE GAUCHO.
LE GAUCHO/à AA: et ce qu’il y a de curieux c’est que la qualité d’image qui est moyenne, est parfaitement supportable, sans doute parce que l’éliquibre des couleurs est respecté, ce fin brouillard filtrant l’image ne s’appele pas « flou », mais figure de style. Il est vrai que le talent peut piétiner les considérations techniques (certaines).
Encore un truc: je n’avais jamais vraiment vu ailleurs que JT était un esthète je voyais sa personnalité ailleurs, ça reste visuellement superbe et l’apport de la musique est très finement traité (la flûte parbleu!) d’où le mot « élégiaque » que BT cite dans le bonus, et pas pour faire le malin (quoique): qui m’était venu à l’esprit pendant le film.
Encore encore un truc: la religion: elle est partout, elle s’exprime de l’importance du curé au pendentif de Tierney, en passant par la cathédrale dans laquelle la 1ère fois se déroule un enterrement dont nous nous souviendrons à la fin (la cathédrale) pour le mariage, d’où pourquoi l’entrée des futurs mariés dans celle-ci est teinté du souvenir de l’enterrement et que ce mariage sans témoin sonne comme une glaçante montée à l’échafaud (sans compter Boone qui attend les mariés à la sortie et pas pour embrasser la mariée!). Pour dire qu’il s’agit d’un film où la religion est partout mais sûrement pas pour la défendre et l’illustrer!
« LE GAUCHO/à AA: et ce qu’il y a de curieux c’est que la qualité d’image qui est moyenne, est parfaitement supportable, sans doute parce que l’éliquibre des couleurs est respecté, ce fin brouillard filtrant l’image ne s’appele pas « flou », mais figure de style. Il est vrai que le talent peut piétiner les considérations techniques (certaines). »
A MB
Ça me fait penser à ce que dit notre hôte, dans un autre dvd, du rendu Ansco Color, à priori ingrat, de STRANGER ON A HORSEBACK du même Tourneur : c’est pas folichon mais ça finit pas servir le film. Et c’est vrai que l’atmosphère de cet autre beau Jacques Tourneur est indissociable de la texture plastique, même par défaut.
A Alexandre Angel
Sauf que dans LE GAUCHO, les couleurs à l’origine étaient somptueuses (tandis que celles de STRANGER étaient viciées à l’origine avec les deux matrices au lieu de 3) mais Fox pratique très peu de restaurations (et cela ne va pas s’améliorer) ce dont se plaignent les directeurs de cinémathèques aux USA
à AA en fait j’ai écrit sur l’image du GAUCHO de façon hasardeuse en ne sachant pas trop d’abord est-ce qu’une image floue peut avoir respecté un équilibre des couleurs (je crois que c’est ce dont est chargé l’étalonnage, bon ce n’est pas absurde), de toute façon il faut reconnaître que la somptuosité de l’image dés le départ supporte que l’usure du temps retranche de la qualité, le résultat sera encore séduisant contrairement à un film moyen visuellement dés le début. Mais je voulais tenter quelquechose voir si on m’aurait contredit… Je pense que si LE GAUCHO est finalement restauré et qu’on le voie en bray ça va être grandiose!
GAUCHO à AA me souvenais plus que j’avais causé du film en 2015 en parlant de la même scène de Tierney sous l’arbre et que je rejoignais BT sur la couleur tragique de la scène, tt le contraire de ce que je dis ci-dessus, bon, ça mérite une psychothérapie ou bonne une cuite non?
https://www.tavernier.blog.sacd.fr/cinema-americain/#comment-372403
je m’en sors en disant que le film de Tourneur est si riche qu’il suscite des avis très différents selon les époques!
C’est bien de rappeler l’importance des classiques, de leur découverte ou redécouverte.
Ainsi Le pont de la rivière Kwai reste un film magnifique absolument pas épuisé par les revisionnages. Assez incroyable de penser au triomphe du film au vu de la complexité des personnages, du refus d’une approche tapageuse , de sa réflexion sur l’armée. Le sens de l’espace et de la narration de Lean n’est pas neuve ( les Dickens, Brève rencontre,…) mais s’amplifie avec une ambition impressionnante que confirmeront les films suivants notamment Lawrence d’Arabie.
ET en Post-scriptum : Dissocier l’homme de l’artiste est une aberration, comme l’a noté ce jeune acteur plein de bon sens à la soirée des césars. Pour la simple raison que si l’homme avait été mis sous les verrous, il n’aurait pas pu produire d’oeuvre.
A Gilles
Déclaration très dangereuse. Certes on ne doit pas absoudre un artiste « coupable seulement de trop aimer le cinéma », tiré du manifeste en faveur de boisseau signé par toute l’intelligentsia, mais un artiste est un être contradictoire où le pire peut co exister avec le meilleur. Henri Guillemin avait montré que daudet, Vigny, Racine pouvaient être parfois des personnages répugnants, est ce que cela ôté quoi que ce soit à la beauté de ses vers. Et quand on attaque un créateur, on oublie souvent le contexte : tous les philosophes, les prescripteurs de morale des années 60 qui prenaient la liberté sexuelles, la pédophilie comme une éducation de l’enfant au nom de la liberté, n’ont jamais été remis en cause. Leurs oeuvres n’ont pas été retirées de la vente et jamais Virginie Despentes n’oserait s’en prendre à Foucault, Deleuze, Sollers, Sartre, Simone de Beauvoir Barthes, Francoise Dolto ces pourfendeurs du puritanisme et de la morale bourgeoise qui avaient tous signé le texte de Matzneff, défendu la pédophilie. Je dis cela non pour excuser Polanski dont l’action était horrible (mais sa « victime » a tout remis en perspective en demandant qu’on cesse de le poursuivre non par parce qu’elle niait sa culpabilité mais parce qu’elle sentait chez les « justiciers » ce désir de la garder comme une victime ») sa mais essayer de montrer quelle était le climat de l’époque. Eux s’en tirent très bien (au passage la plupart ont soutenu les dérives quasi génocidaires du maoïsme et des Khmers Rouges sans éprouver de honte). Et mis sous les verrous au nom de quel jugement ? de quelle décision judiciaire ? Celle du Comité de salut public des Internautes. Plusieurs enquêteurs remettent fortement en cause les derniers témoignages contre lui et Libération récemment a émis de sérieux doutes sur les accusations de Charlotte Lewis. Ne pas oublier que la carrière de Fatty Arbuckle fut brisée à la suite de fausses allégations ? Que Chaplin dut fuir les USA parce qu’il vivait avec une mineure qui est restée sa femme toute sa vie, que Flynn, personnage parfois douteux, fut poursuivi pour viol par des femmes qui avaient installé leurs filles sur son yacht. Et, cher ami, si vous regardez M, vous découvrirez les moeurs des religieux juifs orthodoxes qui normalement devraient – ce n’est pas le cas des cinéastes – être le garant des moeurs et du respect du corps humain, la base de leur enseignement. Qui pour le moment n’est pas dispensé dans les studios
Entièrement d’accord Bertrand: les charges méritent d’être interrogées.
Tout comme l’ire mediatico internautique qui a des accents de lynchage dignes de To kill a mockingbird, Furie ou Young Mr Lincoln et j’en oublie.
Messieurs, à voir de cette émission de télévision le sketch liminaire de Foresti, il est assez inévitable d’abonder dans votre sens tant il est mauvais. Ce type de réquisitoire « humeuristique » n’est rien de plus que l’expression d’une commune pensée, et, paraphrasant Léo Ferré, n’accouche que d’une pensée commune. L’honnêteté m’oblige à avouer que « l’humour » ne me fait sourire que lorsque, bien écrit, il porte un regard de côté, tels les Monty Python, Jérôme Savary ou Pierre Desproges pour dire les multiples formes que cela peut prendre. Ce soir-là, nous était assénée cette forme uniforme qui coule comme une eau froide des robinets que sont les antennes de télévision et de radio. Ces banalités égrenées à longueur de journée ne bouleversent en rien la platitude de l’horizon préservée par le discours populiste ambiant.
Néanmoins, si la réaction d’Adèle Haenel et la forme adoptée par Virginie Despentes dans son papier, peuvent sembler contre-productives, elles ne doivent pas cependant occulter l’objet de leur colère, la violence faite aux femmes dans quelque milieu que ce soit, du cinéma aux fédérations sportives, entendu que l’attraction du cinéma étant supérieure à celle du patin à glace, à l’aune des chiffres de fréquentation respective cinémas/patinoires, l’effet loupe tombe conséquemment sur l’un plutôt que l’autre. Il eut été peut-être plus bénéfique pour cette cause, juste, qu’à l’image de la discussion contradictoire mais respectueuse qu’eurent Christine Angot et Sabine Prokhoris à propos du livre de Vanessa Springora dans l’émission de Finkielkraut de samedi dernier [https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/les-lecons-de-laffaire-matzneff], à l’invective et la prose ordurière soit substituée une critique, aussi vindicative fut-elle. Il est à déplorer ici, une fois encore, une opposition frontale entre deux groupes, deux communautés, dont ne peut résulter que l’ouverture d’une nouvelle voie pour le pourrissement qui gagne l’ensemble de notre société et mène au délitement des interactions avec nos semblables.
Quant au cinéma dans tout ça, on n’en parle plus alors qu’il est de par son essence un observatoire de la société. Pour ma part, je n’ai jamais saisi l’intérêt du principe même de cette soirée des César, dont le modèle découle des comices agricoles et de ses élections de la reine et de ses dauphines. Si ce n’est fournir à la chaîne qui diffuse, à peu de frais, l’opportunité de faire une émission de télévision. Quant à la politique de Canal+ en termes de production, de promotion du cinéma, elle est dénuée de toute intelligence, et ce, depuis la création de la chaîne : foot – blockbuster – porno. Ça précise immédiatement les « ambitions » qui ont présidé à sa création.
Note époque a de navrant que chacun se persuade de sa légitimité à se faire procureur à la place des professionnels, par définition, formés. Il ne viendrait à personne l’idée de s’improviser chirurgien cardiaque, pilote de chasse ou ouvrier désosseur en abattoir. Pas encore du moins.
Mais, messieurs, dont je suis, peut-être serait-il intéressant que s’exprime ici des femmes, assez absentes de ce blog semble-t-il ?
A Bertrand.J’irai plus loin dans le débat.On reproche même à Vincent Cassel qui à 53 ans et qui était à la cérémonie des cesars d’aimer et de vivre avec une femme qui a seulement 22 ans.Qui à le droit de porter un jugement sur une personne qui en aime une autre plus jeune que lui ou inversement.Concernant les accusations portées contre Polanski j’ai lu sur un site québecois que Jean Dujardin avait décider de quitter la France car a t-il dit « les odeurs sont trop nauséabondes à mon gout ».Sage décision de sa part.
Il me semble que ni Gilles, ni Adèle Haenel, ni Darroussin, ni Virginie Despentes, ni Edwy Plenel, ni Le Canard Enchaîné, ni C à vous, ni Télérama, ni internet et ses rézosocios ne sont habilités à faire le procès d’un homme, qu’il s’appelle Polanski, Brisseau ou même dans un autre domaine Fillon.
Laissons faire la justice, elle seule a la compétence et la ligitimité de le faire. On doit pouvoir lui faire confiance (et cela en dépit du honteux « mur des cons »).
Cette république de la délation permanente me répugne.
à Michèle bien sûr exact mais allez donc expliquer ça aux furibards qui hurlaient à la sortie de la cérémonie des C. vous vous seriez fait écharper! comprennent pas.
juste un détail: ces affaires ne sont pas jugées pour cause de prescription, facile de déposer une plainte en sachant que ce ne sera pas jugé, il ne devrait pas exister un délai de prescription pour ce type de crime, 40 50 ans après on juge.
Lire « légitimité », bien sûr !
Je ne me connecte que par épisode sur ce blog où je lis à tous les coups des échanges au sujet de l’odeur des chiottes qui empeste de plus en plus le cinéma. Je crains, et je suis même certain qu’elles soient définitivement bouchées, ce qui immanquablement va les conduire à déborder pour se répandre dans toutes les pièces. J’entends par là que l’heure semble être venue de savoir par qui nous avons été nourri depuis 50 ans, prêt à mettre ma tête sur le billot au sujet des Polanski/Weinstein, qu’on a chargés à leur dépens de porter tous les pêchés de leur corporation. Non, cher blogueur, je pense que désormais on ne puisse plus jamais parler de cinéma l’esprit léger. Le sujet, parasite, de second plan mais qui aurait dû être au premier dès le départ, reviendra sans cesse sur le tapis, et maintenant qu’on en a soulevé le coin, c’est toute la moquette qui va venir avec. Ces « découvertes » ne sont que des confirmations de choses qu’on soupçonnait sans vouloir les admettre, et ce depuis bien longtemps. Par petits messages, glissés ça et là : Frederic Raphaël au sujet de Kirk Douglas dans 2 ans avec Kubrick, Billy Wilder sur les troubles mentaux de Marilyn Monroe dont on connait désormais les causes etc… Le sujet ne se limite pas à des dérives sexuelles permises par l’air du temps d’une certaine époque. Il s’agit de choses autrement plus graves, enracinées dans une classe sociale incluant les milieux artistiques, sportifs et politiques, exprimées par des crimes dont un acteur américain a parlé tout en reconnaissant y être impliqué lui-même. C’est pas chez les prolos qu’on torture des enfants lors de messes noires. En regard, l’affaire Adele Haenel c’est du petit lait, cependant quand Costa-Gavras, face à Edwy Plenel, fait mine de tomber des nues (après 60 ans de métier) il nous prend pour des lapins de trois jours. Désormais, depuis peu, mais c’est définitif, je ne peux plus regarder un film sans me demander si… et je comprends enfin ce dont à voulu réellement parler Robert Aldrich dans LE GRAND COUTEAU.
Je vais continuer à aller sereinement au cinéma, à lire tout aussi sereinement.
La lecture « tous pourris! » n’est pas la mienne.
Dans tous les milieux on trouve de tout y compris des imprecateurs drapés dans leur jolie vertu.
Le fonctionnement de la société américaine m’échappe quelque peu que ce soit pour le communautarisme ou le côté ligue de vertu.
A Gilles
Je pense que vous simplifiez Il y a eu beaucoup de films cette année parmi ceux que les votants des Césars avaient retenu qui ne sentaient pas les chiottes. Ni CAMILLE, Ni LA VIE SCOLAIRE, ROUBAIX, CAMILLE, LE CHANT DU LOUP, QUE RESTE T IL DE LA REVOLUTION, NOS VIES FORMIDABLES, BEAU JOUEUR, ATLANTIQUE, LES HIRONDELLES DE KABOUL ALICE ET LE MAIRE, PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU – la liste n’est pas exhaustive et tous les gens qui ont fait J’ACCUSE de Alexanders displays à Gregory gazebos ou Louis Garrel. Durant toute ma carrière, je n’ai jamais été témoin d’action scandaleuse et personne n’en a couvert dans mes films. J’ai entendu quelques histoires sordides, souvent avant que je devienne metteur en scène où des producteurs exerçaient un droit de cuissage. Ou des relations tarifées avec des prostituées. Peut être étais je innocent ou préservé avec des gens comme Noiret, Rochefort, Gamblin, Marina Vlady. Ajoutons aussi que les institutions, association d’auteurs, de producteurs n’ont pas couvert des dérives constantes contrairement aux fédérations sportives, à des corporations comme l’ordre des médecins qui ont bloqué des enquêtes sur des viols. Je n’ai jamais été témoin d’une quelconque omerta. Je rappelle au passage que j’avais soutenu les actrices qui avaient porté plainte contre Brisseau qui était pourtant mon ami et qui a été défendu par une grand nombre de personnes qui se ruent contre Polanski. J’avais aussi soutenu Frédéric Bonnaud quand la retrospective Brisseau était attaquée. Oui, le cinéma à coté du monde politique (où là tout était clair), sportif, de la mode, de l’entreprise, de la justice souvent incroyable réactionnaire ou antifeministe,c’est un peu de la petite bière
Entièrement d’accord avec Bertrand.
Je ne pense pas que des milieux tels que la politique, le sport, la police sans oublier bien sûr le business soient plus vertueux que le cinéma…bien au contraire.
Il y a dans cette mise en scène lamentable autour de R Polanski un effet de loupe qui ne trompera que ceux qui sont nés de la dernière pluie.
Le texte de J P Andrevon ci dessous est très bien sauf sur un point: Foresti n’a pas de talent comique particulier .En revanche j’ai été sidéré par la hauteur de ses émoluments. Son départ sera t’il déduit du montant de ceux-ci. 130000 euros est-ce son forfait Césars ou est-ce un tarif à l’heure? Et après elle s’autoqualifie de courageuse! Wouah…elle est juste vénale.
Pour en revenir au cinéma le centenaire de la naissance de Fellini m’a amené qqs uns de ses films dont La cité des femmes très sous estimé qui en 2020 ferait sûrement hurler s’il était présenté à Cannes comme en 1980.Snaporaz pourrait connaître de nouvelles aventures inédites dans notre contexte…
J’ajouterais à cette liste LE DAIM
A DH
Exact et bien d’autres
A DH.N’oublions pas »Gloria mundi »de Robert Guédiguian avec sa troupe habituelle d’acteurs puis la jolie Anais Demoustier récompenser pour « Adele et le maire »de Parizer.Dans un autre post je reprochai à Darroussin son attitude lors des césars en tant qu’homme bien sur.Ensuite les acteurs ne sont pas semblables aux personnages qu’ils incarnent,heureusement!!
A Gilles.J’apprécit votre réaction et vos propos sur la situation actuelle qui s’est envenimés à cause de journalistes d’une certaine presse bien pensante(Télérama,Lacroix)mais le mal est plus profond au sein de notre pays.Combien de femmes furent violées durant les années 40,50 et 60 en villes ou dans les campagnes sans que personne ne parle?C’est pareil pour la pédophilie qui ne touche pas que les prêtres et l’église mais toutes les religions voire les associations sportives,les scouts,les fameuses colonies de vacances si chères à Pierre Perret.La liste serait trop longue et ce blog n’est pas fait pour ça il me semble.Bertrand évoquait « le droit de cuissage »de certains producteurs et réalisateurs dans le milieu du cinéma ou de jeunes femmes et aussi des hommes étaient obligés de couchés afin de faire une carrière et d’avoir des roles.Quand est il aujourd’hui et dans les mois et les années qui viennent de l’avenir artistique d’Adele Haenel qui aurait dut récuperer sa récompense et quitter la salle en fermant sa bouche.
A Yves Rouxel
Sauf qu’elle n’a pas été récompensée et que les votants ont préféré Anais Demoustier. Mais je suis assez d’accord avec vous. Le monde du cinéma permet de créer un buzz. Le sénateur McCarthy l’avait compris qui centra sa chasse aux sorcières communistes autour de Hollywood où pourtant le nombre de communiste comme l’a montré Pat McGilligan était très faible. Mais générateur d’articles qui s’en prirent du coup à des anciens membre du PC, à des démocrates qui avaient soutenu les Républicains espagnols, attaqué Hitler. En revanche tous les studios soumirent leurs scénarios se déroulant en Europe au consul allemand, nazi fanatique qui fit couper toutes les illusions aux traitement des juifs, au fascisme. Les seuls producteurs qui résistèrent furent Zanuck avec THE MAN I MARRIED (mais il dut remplacer les juifs par les tchèques) et les frères Warner, seul studio à avoir coupé avec l’Allemagne à la fin des années 30, après le meurtre d’un de leurs employés juifs. L’influence du consul cessa après Pearl Harbor
Je n’avais pas regardé les Césars depuis bien longtemps et j’aurais peut-être dû persévérer dans ce choix.
Non que je me sois converti au J’accuse bashing ( je persiste à trouver le film bon et utile) mais le spectacle des petites contradictions un peu narcissiques me semble bien vain par les temps sociaux qui courent.
Je m’explique: si j’etais une actrice ou une réalisatrice en désaccord avec les nominations d’un cinéaste tel que Polanski -dont il me semble encore POSSIBLE de prononcer le nom -alors j’aurais boycotté la soirée…à moins que j’ai secrètement songé à mon propre triomphe à la faveur d’une agitation certaine et en partie fondée.
Mes consolations dans une soirée où la petitesse pouvait régner: la classe de R Zem recevant un cesar pour son rôle de Daoud dans Roubaix une lumière ( Blanquer a parlé de séparatisme pour cette ville… que le grand A Desplechin connaît tellement mieux), le charme irrésistible d’A Demoustier, l’enthousiasme de l’équipe des Miserables avec un discours sobre et juste de L Ly et les 2 Césars remportés par le superbe J’ai perdu mon corps.
Sans oublier la récompense octroyée conjointement à Polanski et à son coscénariste Th Harris déjà à la manoeuvre sur Ghostwriter.
Je crois que par delà cette affaire d’autres périls potentiels guettent le cinéma celui de l’exception culturelle en tête.
A Ballantrae
Entièrement d’accord. j’ai vu le lendemain des extraits avec des interventions d’un humour gras et vulgaire où Foresti réduit J’ACCUSE à un film sur la pedophilie dans les années 70 et se moque de la petite taille du cinéaste due à sa vie dans le ghetto. Et l’on oublie Brisseau que toute une partie du cinéma français défendait mordicus tandis que certains journaux accusait les actrices qui avaient protesté contre son harcèlement, de cruches. C’est marrant de lire la liste des signataires. J’avais soutenu les victimes mais aussi soutenu la Cinémathèque contre les clans qui exigeaient le retrait de sa retrospective (là moins de défenseurs)
https://www.transfuge.fr/billet-cinema-cesars-ignoble-soiree-anti-polanski,453.html
J’ai été particulièrement révulsé par l’attitude de Jean-Pierre Darroussin que je pensais pourtant bien aimer. Ne prononçant pas le nom honni, il lui préfère un borborygme xénophobe, limite (?) antisémite à la mode des années 30. Juste infect.
Hors cérémonie, ne parlons pas de l’obscène tribune de Virginie Despentes dans Libé, vomissante de haine, en écho au comportement d’Adèle Haenel, juste après son coup d’éclat, qui lance un « Vive la pédophilie! » en sortant de la salle Pleyel devant des filles et des garçons de vestiaire médusés.
Mais on écrivant cela, je ne peux qu’être pour le viol et la pédophilie. C’est ainsi que le nouvel ordre moral raisonne.
A ALEXANDRE ANGEL
Une réponse de jean Pierre Andrevon
« La violence des réactions sur les réseaux sociaux, ce week-end, permet de réaliser que beaucoup n’ont pas encore compris la révolution #MeToo… » L’accroche de cet article est vraiment surréaliste ! Je crois que son auteur, la journaliste Marie Sauvion, n’a pas encore compris le rejet total de la « justice médiatique » auto-instituée ! Où vit-elle ? Elle est d’abord obligée de ramer à contre-courant de Florence Foresti et sa désastreuse et infâme prestation. Avec une telle avocate, sa cause s’affiche sous le jour le plus minable ! Puis elle s’accroche à cette pitoyable idée d’une justice féministe primant sur le Droit juridique et l’institution judiciaire. La dictature des réseaux sociaux manipulée par les médias ! Et, il faut le dire, bien souvent Télérama – parmi d’autres – n’est pas éloigné de ces manipulations, qui portent un nom : l’Agit’prop.
« J’ai du mal à juger les vivants, soit parce que je les connais, soit parce que je ne les connais pas » : belle formule modeste de Philippe Lançon dans son article sur J’accuse à la sortie du film, dans Charlie. Formule qui est l’exact inverse du délire d’une Virginie Despentes en perte totale de repères (il vous émeut aux larmes à Télérama ? je m’inquiète), comme on pouvait déjà le voir avec effroi dans son article sur l’attentat contre Charlie justement – où son raisonnement politique en arrivait à dédouaner les terroristes, au motif qu’ils sont les humiliés d’une société « plus meurtrière qu’eux ». La honte !
Pas « censuré » ? et combien de déprogrammations tentées (dans le 93) et souvent réussies (Rennes, Poitiers : dans des salles appartenant à des scènes nationales) ? ce qui s’appelle réécrire l’histoire J’observe, à la lecture des commentaires, qu’heureusement, s’il y a pas mal d’internautes pour soutenir Polanski, il apparaît clairement que c’est par seule solidarité de chromosomes XY et que ses défenseurs voient manifestement en lui une sorte de symbole de la domination masculine à protéger. Ainsi il ne font que crier combien l’éventuelle perte de leurs privilèges leur semblerait injuste. Et combien ils ont mal. Je crois qu’en ces temps troublés, la douleur et la souffrance des hommes qui se sentent en crise n’est pas assez prise en compte. En tout cas, moi je compatis.
Non, je n’ai pas eu l’impression que Fanny Ardant, Emmanuelle Bercot ou Claire Denis crachaient sur Roman Polanski. Inutile donc de chercher à lancer une guerre des sexes !
2 LikesLe plus affligeant dans cette soirée, outre hélas la prestation sinistre de Florence Foresti à milles lieues de son talent, c’est la fauxculterie d’une grande partie de l’assistance qui pousse des « hou » scandalisés quand le nom de Polanski est prononcé alors qu’il n’y a pas un an tous intrigaient pour travailler avec lui : acteurs, actrices, techniciens, scénaristes, ingénieurs, décorateurs et habilleurs, alors que tous savaient déjà ! La aussi il y a de la honte ! Si ce n’est pas un lynchage c’est une condamnation indue, illégale, sans enquête, sans questions, sans réponses, sans avocat mais avec tous les juges autoprocclamés des rezosocios, l’anathème bandé pour tout et pour rien, la conscience tranquille capable de condamner à la soviétique parce que sa force est son droit. Même les accusés de Nuremberg ont eut des avocats !
Jean-Pierre Andrevon
L’insolence aurait été de quitter la salle son césar en main.
A Alexandre.Je suis moi mème très surpris de l’attitude et le comportement de Jean pierre Darroussin qui nous as habituer depuis 40 ans à ètre discret.Lui qui incarne toujours chez Guédiguian des ouvriers,des gens qui viennent du peuple .C’est assez désolant de sa part.
A Yves Rouxel
Ce ne sont pas les acteurs qui écrivent leurs personnages. Fernandel n’était pas si drôle dans la vie
Je pense que comme dans tout phénomène de haine collective il y a ceux qui acquiscent de bon coeur pour hurler avec les loups et ceux qui le font par peur d’être associés à celui qui est honni.
Darroussin n’est sûrement pas un mauvais bougre, il est même qqn de bien…mais ce soir là il y eut une petite lâcheté.
Je ne le boycotterai pas pour autant ne voulant pas donner dans le triste spectacle donné par Sciamma, Haenel et d’autres…
Il reste un excellent acteur!
à Ballantrae
« une petite lâcheté »? vous rigolez ou quoi? une grosse, oui, il a été lamentable pas la peine de tempérer
et pas question de le boycotter bien sûr
et un bon acteur n’est pas une personne parfaite je le sais depuis mes quinze années d’âge
vous auriez dû vous lancer dans une carrière diplomatique, arrondir les angles, tout ça, sacré Ballantrae!
Humour gras et pas drôle de Foresti qui sur la fin ne vient plus…mais est venue quand même! Pour les sous?
Et si on reprend point par point:
-la question d’A Haenel est un point en particulier: la parole s’est libérée et a fait son chemin.Tant mieux.
-le questionnement autour de J’accuse avait opportunément surgi juste après le témoignage d’A Haenel qui avait suscité « spontanément » celui de V Monnier avec en fond les tentatives d’interdiction qui avaient surgi ds telle ou telle ville ( avec qqs benêts pour obtempérer)
-le cas C Sciamma est encore autre chose: elle milite pour la parité, pour la visibilité LGBT…et pour celle de sa carrière. Je crois avoir compris qu’elle imputait au semi échec commercial de Portrait de la jeune fille en feu d’autres causes que l’appetence en demie teinte du public. Qu’elle avait du mal à avaler la nomination des Misérables aux Oscars.Etc…
Il y avait là des questions de pouvoir qui ne disaient pas leur nom pour le spectateur lambda.
Très bien le papier de Transfuge.
Le plus étonnant est ce mécanisme qui conduit certains au zèle dans une attitude qu’ils n’auraient imaginée il y a deux ans quitte à devenir puants.
R Girard a très bien décrit le phénomène du bouc émissaire sacrifié par la communauté pour « s’epurer » et se solidifier.
Cette communauté, celle du cinéma français, devrait plutôt réfléchir aux meilleurs moyens de ne pas se perdre dans les années qui suivent avec la question du financement, celle des aides du CNC, le rôle des plateformes.
très bon article! Haenel et Sciamma ont quitté la salle. Que n’ont-elles plutôt protesté en montant sur scène pour tirer le rideau puisqu’elles ont des convictions? Et Darroussin tu m’as déçu.
Césars: voir aussi G Ketz:
https://laregledujeu.org/2020/03/01/35738/polanski/
et F Margolin:
https://www.lefigaro.fr/vox/culture/ceremonie-des-cesar-on-a-refuse-de-dire-le-nom-de-roman-polanski-comme-si-celui-ci-n-avait-plus-le-droit-d-exister-20200302
ça protège un peu de l’odeur de pestilence qui s’élève tout doucement dans ce pays, Foresti est vraiment descendue très bas…
Pardon MB, mais dans ces deux articles je vois un argumentaire dangereux…. pas fan du point Godwin, mais là on cumule. Avec ces Césars, l’amalgame n’est pas loin, je veux dire qu’on nage dedans. Face aux invectives, l’argumentation précise ne tient pas – je veux dire qu’on ne peut se faire entendre, comme d’habitude la mauvaise foi déplace les montagnes. Il faudrait que tout le monde se calme, et ceci n’arrivera que si on prend le temps de réfléchir au lieu d’obéir à telle ou telle injonction. Choisir son camp, c’est courir à sa perte. Se battre pour être dans le camp du bien , ça n’est pas très glorieux.
Si on me demande mon avis…. tout ça est triste. Je ne sais pas vous, mais j’aimerais bien parler sereinement des films, là il s’agit de tout sauf ça. Il faudrait que tout ça se calme, mais il faut croire que la guerre est déclarée. La guerre au mâle blanc de plus de 50 ans… paraît-il.
J’ai été voir un peu Florence Foresti. Je n’ai rien contre, ni pour elle. J’ai en revanche un immense respect (de principe) pour les humoristes, qui savent mieux que personne ce qu’est la sanction immédiate du public. Et dans son cas, elle se livre avec courage à un numéro d’équilibriste. Ce qu’elle met en scène, c’est un personnage, un personnage qui s’appelle Florence Foresti mais qui n’est pas sa personne propre.
Ce clown, ce « Joker » sous les atours desquels elle est apparue, a eu quelques vannes malheureuses, c’est certain. Mais je veux croire que ni elle, ni Darroussin ne cherchent à ressuciter l’antisémitisme des années 30 – et il me semble que le commentaire de David à la tribune de la Règle du jeu le dit avec assez de force.
Qu’est-ce que c’est , les Césars? Pour la plupart des gens (tout le monde à part ceux qui sont concernés par l’obtention de la massive statuette ) , une cérémonie en deux espaces. La scène, avec ses discours plus ou moins convenus, et la salle, où des professionnels plus ou moins aguerris jouent la décontraction, la surprise, la joie, l’indignation. S’il s’agit de communication, une sortie furibarde-offusquée est assez efficace -Adèle Henel a peut-être choisi la meilleure option.
Pardon, tout ça est un peu confus et je ne cherche pas à distribuer les bons et mauvais points… mais cette agitation n’est pas bonne. Ici se jouent des questions importantes, et les noms d’oiseaux (violeur, antisémite entre mille autres) donnent envie d’en être un. D’oiseau. Et de regarder tout ça d’en haut, avec le recul nécessaire.
à D Fargeat/Césars
je ne comprends pas ce que vous dites, il ne faut pas avoir d’avis?
moi j’ai juste mis ces deux articles en lien parce que je trouvais que ça apportait un peu d’air frais, on n’est pas tout seul au moins.
A MB
c’est vrai que je n’ai pas été bien clair, j’ai voulu dire trop de choses à la fois… la faute au climat énervé, au kronembourvirus* ou à un plus banal rhum…
Mais j’ai peur des amalgames, qui ne manquent jamais de venir troubler notre entendement. Ici du moins les esprits ont l’air de se calmer.
(*c’est comme le corona en moins bien, on finit toujours en bière de toutes façons.)
« (*c’est comme le corona en moins bien, on finit toujours en bière de toutes façons.) »
mais???!!? on ne l’arrêtera jamais?!?!?!?! faites qqch quelqu’un?!
à DF/CORONA sérieusement je peux réutiliser la blague en disant qu’elle est de moi? allez…
A MB
Bad broblem
à DF
bas de bois
(bon je file au bieu avec un brog)
(faut que je sorte un comm intelligent en vitesse pour rattraper tout ça voyons voyons… ah!)
Ce que c’était rasoir les Césars !
Même Florence Foresti était à bout de science.
Surtout, il n’y a eu personne pour recadrer les donneurs de leçons.
Pour rappeler qu’il vaut mieux juger les hommes indépendamment de leurs oeuvres; afin de pouvoir encore voir un film, lire un livre…
Et même, voyons les choses en face, pour pouvoir fréquenter un seul être humain.
A Tous.Le pire dans tout ça est la réaction pleine de haine de la part de la porte parole du gouvernement qui a emboiter le pas de Marlène Schiappa qui a demander ouvertement en novembre dernier de ne pas aller voir « J’accuse »de Roman Polanski.J’en ai vraiment assez de cette cabale contre un homme qui est un génie reconnu et que je défendrais toujours.Je me félicite de l’intervention courageuse de Fanny Ardant à la fin de la cérémonie ainsi que des propos tenus à la radio par Lambert Wilson qui ne mache pas ses mots contre le ministre de « l’inculture »qu’est Franck Riester.Ce dernier à quand même demander au personnel du Louvres de reprendre le travail.Quel manque d’a propos et de conscience alors que l’on s’attaque ouvertement aux régimes des retraites,enfin ceci est une autre histoire.
A B TAVERNIER
Bonsoir, je lis sur l’étuis cartonné du Cercle noir « Présentation de Patrick Brion et Bertrand Tavernier. » Erreur d’imprimerie ?
A l’attention de MB – et des autres amateurs de western, voici l’adresse, désolé pour le loupé
http://jeffarnoldblog.blogspot.com/search/label/aaa%20WESTERN%20MOVIES%20AND%20TV%20SHOWS%20REVIEWED
à JMD merci nous allons examiner celà!
Bonjour monsieur Tavernier, je dois dire que le western est un genre que je connais très peu. J’ai vu quelques classiques mais est-ce qu’il y a des films peut-être moins connu, que vous conseilleriez à quelqu’un qui essaye de construire une cinéphilie plus solide ?
A Pierre Bear
Pourquoi commencer par les titres moins connus. Voyez LA PRISONNIERE DU DESERT, le MASSACRE DE FORT APACHE, LA COLLINE DES POTENCES, 3 HEURES 10 POUR YUMA, L’APPAT, LES AFFAMEURS, LA VALLÉE DE LA PEU, LA CHARGE HÉROIQUE, L’AVENTURIER DU RIO GRANDE, LE JARDIN DU DIABLE, L’ETRANGE INCIDENT,LA VILLE ABANDONNÉE, LA CIBLE HUMAINE, LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS, LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE, 7 HOMMES A ABATTRE, FUREUR APACHE et on reparlera des titres moins connus dont beaucoup figurent sur ce blog
Et TOUS LES SERGIO LEONE. Rien d’autre en matière de western européen, sinon SOLEIL ROUGE, pas un bon film mais très divertissant.
Les films de Corbucci et d’autres bien meilleurs que SOLEIL ROUGE
Bonjour,
Je signale aux amoureux du western, le blog en anglais d’un américain vivant en France, une mine de renseignements et une incroyable encyclopédie, même si l’on ne partage pas tous ses goûts – il n’apprécie pas vraiment Les Aventures du capitaine Wyatt ou Springfield rifle et encore moins Vera Cruz ou Heaven’s Gate, nobody is perfect…!
Bonjour
et vous le signalez où?
On ne lit que du mal d’Un lion dans les rues de Raoul Walsh, avec James Cagney. Ou plutôt on ne lit pas grand-chose sur le film mais beaucoup de choses dissuasives sur son environnement : les menaces de la famille de Huey Long, un politicien de Louisiane dont s’inspire le livre adapté ici ; un scénario revu de fonds en comble à la dernière minute pour éviter le procès ; une sortie en catimini ; la présence écrasante d’un autre film, Les fous du roi, sorti quatre ans plus tôt et qui, peu ou prou, raconte la même histoire, mais avec un ton dans un style radicalement différents…Bref, quand on s’installe un dimanche soir devant son écran, on se s’attends à rien de bien glorieux. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles ce film m’a littéralement cueilli. Après un générique mémorable (un lion qui marche devant la statue du Lincoln Mémorial), Cagney interprète un colporteur (dont le slogan est : « you name it, I’ve got it » !) qui prends fait et cause pour les paysans des champs de coton et les habitants des marais contre ceux qui les exploitent. Peu à peu, il se prend au jeu populiste, puis à celui de la politique jusqu’à une fin tragique. Aussi Walshien que dans l’Enfer est à lui, impressionnant de verve, de malignité et de vitalité, parlant plus fort que tout le monde, envahissant au possible, Cagney arrive néanmoins à faire passer une véritable empathie au spectateur, qui se demande jusqu’à quel point il est sincère, et qui lui en veut de peu à peu se compromettre. Tous les acteurs sont formidables. Dans toute la première partie, traitée sur le ton de la comédie, Walsh s’en donne à cœur joie dans la chronique, ce qui nous vaut des scènes quasi oniriques dans une campagne qu’il filme mieux que personne, une attaque d’alligator presque sensuelle lors d’une ballade dans les Everglades, des scènes de vie quotidienne, de musique et de danse au cours desquelles les femmes pétrissent la pâte en tapant dans leurs mains, des scènes documentaires, comme la pesée du coton, etc. On pense souvent à Ford, celui de Tobacco road ou du Soleil brille pour tout le monde dans le portrait de cette communauté rurale vivant dans la boue, réelle et métaphorique, qui ouvre le film et lui fera prendre son tournant crucial. Il y a des inventions formidables, comme ce long travelling arrière suivant l’homme d’affaires qui tente de corrompre Cagney tout en nourrissant ses « petits poissons » dans ses aquariums, un sens de la composition souvent magique (les dernières scènes sous une nuit bleutée sont quasiment des tableaux), des décors remarquables. On y apprend comment les conditions météorologiques peuvent jouer sur les résultats d’une élection, on trouve même dans cette révolte sociale du « petit peuple », autour duquel rôde le populisme et les fake news, des échos avec ce qui se passe aujourd’hui en France. Le film a aussi, certainement, ses défauts, mais quand on s’attends à un film mineur, médiocre, de son auteur, ceux-ci disparaissent aussitôt devant toutes ses qualités. C’est certes un cran en dessous d’Elmer Gantry ou d’Un Homme dans la foule, mais si vous aimez Walsh (et même si vous ne l’aimez pas), ca vaut le coup d’œil ! Et c’est disponible en zone 1 en Warner archives, ou, avec sous-titres, sur de nombreux sites VOD américains.
A DIXON STEELE
Luther Davis le scénariste qui écrivit une ou deux versions du scénario que Wellman rejeta parce trop gauchiste déclara que Walsh détruisit le film en coupant radicalement le dernier tiers, ce que confirme William Cagney sous le prétexte qu’il « ne voulait pas que Jimmy devienne une merde ». Davis affirme que Walsh ne savait pas qui était Huey Long (ce qui parait étonnant) et s’en foutait. De plus, les pressions politiques aidant, on châtra le propos et selon Pat Mc Gilligan Cagney ne travailla pas du tout son accent qui est souvent très new-yorkais et changea d’avis sur Long, le jugeant stalinien alors qu’il était fasciné par son évolution dix ans avant (in Cagney the actor as author)
Oui, cela fait partie de toutes les «bonnes » raisons qui jusque ici m’avaient dissuadées de voir le film. A tort. On ne se méfiera jamais assez des « réputations », et rien ne vaut d’aller juger sur pièces. Et quand la pêche est bonne, cela arrive; quel plaisir!
Juste pour préciser ma pensée, je trouve qu’il n’y a rien de mieux, quand c’est possible (et ce l’est de moins en moins avec l’âge qui vient et les sources d’informations qui se multiplient) que de voir un film « en toute innocence ». Ce Walsh, je l’aurais vu, et aimé il y a longtemps déjà si je n’en étais resté, un peu bêtement, à sa réputation, à ses problèmes de production, à toutes les informations disponibles. C’est un peu comme si on m’avait dit, avant de voir La mission du Commandant Lex : « oui, pas bien sérieux, il vaut mieux voir Le train sifflera trois fois, sorti trois mois avant. Et puis il ne reste rien du film de De Toth, il est châtré, on lui en coupé presque une heure, tout ce qui humanisait les personnages, la scène dans la brume, etc… » Tout cela est vrai, tout cela n’empêche pas le plaisir fou que j’ai pris à voir ce film, comme le plaisir que j’ai pris à voir The lion in the streets. Il y a des scènes formidables, de vrais moments de bonheur, surtout quand, comme moi, on pensait avoir un peu fait le tour de la filmographie du bonhomme. Alors après, que l’un ou l’autre trouve le film trop de gauche, trop de droite, qu’il soit moins que ce qu’il aurait pu être…tout cela est passionnant en aval, à condition que cela ne tue pas la fraîcheur. Pas de réelle inquiétudes, néanmoins, celle-ci renait toujours quand le film est un bonheur, quoi qu’on ait pu en dire ou en lire.
A DIXON STEELE
Le film étant invisible et les photos prometteuses, on en parlait avec Walsh qui paraissait sincèrement stupéfait qu’on veuille voir ce film, tout comme GLORY ALLEY. D’autre part de Toth ne m’a jamais dit que la MISSION DU COMMANDANT LEX avait été sévèrement coupé. Oui, ici et là, des plans des bouts de scène ont été sacrifié mais comme dans tous les films. Et il ne le dit pas non plus dans le livre de Slide
« D’autre part de Toth ne m’a jamais dit que la MISSION DU COMMANDANT LEX avait été sévèrement coupé. Oui, ici et là, des plans des bouts de scène ont été sacrifié mais comme dans tous les films. » Là, vous m’étonnez Bertrand, puisque ma source…c’est vous. Dans Amis Américains, page 486 de l’édition 2008/ : « Le film que vous avez vu n’est qu’un squelette. En fait j’avais tourné l’un des films les plus longs après Gone with the Wind, presque deux heures et demie, et on m’en a coupé près de trois quart d’heure. On a supprimé tout ce qui humanisait les personnages et notamment celui de Gary Cooper dans ses relations avec sa femme. Sans parler de longues scènes dans la neige et d’une bataille dans la brume. Elle, je l’avais vraiment tournée dans la brume. Les combattants se cherchaient et ne se voyaient pas. C’était magnifique. Mais il n’en reste rien » 1H33 au lieu de 2H15, c’est plus que quelques scènes.
A DIXON Steele
J’avais complètement oublié et n’ai jamais eu confirmation. Je viens de relire. Ca doit être un blocage
A Dixon Steele,
Vous parlez tellement bien de A LION IS IN THE STREETS que soit vous exagérez (mais sympathiquement) soit on est quelques uns à être passés à côté d’un film que j’ai du voir deux ou trois fois (à la grande époque des cycles de Patrick Brion et des vhs) et que j’avais trouvé agréable (verve narrative, sens de l’évocation, vous rejoignant en cela) mais mineur, sans grands enjeux.
Mais la richesse du style de ce réalisateur (et son savoir-faire extraordinaire) est telle que bien des films mineurs qu’il a fait laissent derrière eux des effluves de cinéma délicieuses . Je n’ai pas encore vu KLONDYKE ANNIE (cité par Bertrand) mais pour l’instant, le Walsh le plus faible que j’ai vu, est, il me semble, LA BLONDE ET LE SHERIFF.
Le fait que Walsh n’aime pas ce film n’est pas forcément probant. Le créateur de l’œuvre n’est pas toujours le mieux placé pour apprécier son travail. Je me souviens de Jim Harrison disant par exemple à quel point il détestait Sorcier, et qu’il aurait donné ses deux annulaires pour que l’on retire définitivement ce livre de la vente. Il avait ambitionné quelque chose de bien plus ample, en trois parties, avant de finalement se contenter de ce qu’il avait déjà écrit (et qui aurait dû être la seconde partie) pour bien vite l’adapter et le rendre à son éditeur, afin de toucher un à-valoir dont il avait besoin. Le résultat est tout de même plaisant. Meilleur même à mon sens que certains de ses derniers romans (je pense à la série des Sanderson) qu’il affectionnait davantage car l’ambition de départ était moins haute, le résultat plus conforme à ses attentes. Idem, Ford qui parlait des Deux Cavaliers en disant que c’était « la pire merde que j’ai tournée depuis 20 ans ». Le film est un peu bancal, ce n’est pas un de ses grand chef d’œuvres, il n’empêche que je le revois toujours avec plaisir. Quand à ce « maudit » Lion in the streets, pour en finir avec lui, mon enthousiasme a aussi été musclé par le peu que j’en attendais. Je pensais vraiment que c’était un ratage total, c’est loin d’être le cas. Mais je ne voudrais pas vous induire en erreur et vous faire faire un itinéraire inverse au mien : croire débusquer un chef d’œuvre caché de Walsh et tomber sur un film « seulement » très agréable à regarder (Il aurait été signé d’un réalisateur de moindre talent, je pense qu’il aurait meilleure réputation.) Mais j’avoue que j’ai aussi un faible pour les films « sans grands enjeux » du bonhomme. J’ai davantage revu Les aventures du Capitaine Wyatt qu’Une fille du désert, pourtant moins contestable. Vice que je ne pousse néanmoins pas jusqu’à visionner tous les ans La Blonde et le Shérif !
A DIXON STEELE
Là, je vous suis totalement. Les auteurs ne sont pas toujours les meilleurs juges surtout aux USA où ils sont conditionnés par le succès, la réputation du film. Très peu ont le recul nécessaire. Sur les CAVALIERS, il est vrai que c’est un film qui a été entrepris dans la hate, sans attendre que le scénario soit bouclé et que la mort d’un cascadeur a littéralement anesthésié Ford qui a bâclé les derniers jours. Cela se sent mais on y trouve quelques belles séquences et cette envie de réconciliation qui court à travers son oeuvre
A Dixon Steele,
Attention quand je parle d' »enjeux », je parle moins du sujet (LION traite d’un sujet important) que de mobilisation formelle. Je fais partie de ceux qui estiment que LES AVENTURES DU CAPITAINE WYATT est un film important sur le plan formel, et un film d’aventures magnifique au même titre que L’AIGLE DES MERS dans un autre genre. L’enjeu, ici, c’est le projet. Et la parution du film en BR fin 2018 a constitué pour moi un événement.
Alors bien sûr, les enjeux dramaturgiques d’AVENTURES EN BIRMANIE sont plus forts comme dit plus bas mais on reste dans le haut du panier de la filmographie avec ce cher Wyatt.
De toute façon, on est d’accord sur l’essentiel : Walsh, c’est bath!
A Bertrand,
Vous parlez des CAVALIERS ou des DEUX CAVALIERS?
A Alexandre Angel
Des CAVALIERS. Sur les 2 CAVALIERS, Ford, après les premières semaines a brusquement détesté ce projet et le bâcle outrageusement, ce que m’avait laissé entendre le chef opérateur
attention Dixon parle des 2 CAVALIERS, vous des CAVALIERS/HORSE SOLDIERS (mort de Fred Kennedy cascadeur fordien), j’aime malgré ses loupés le 1er au minimum pour cette discussion au bord de la rivière et certaines séquences qui développent THE SEARCHERS (l’attitude de Stewart est tt à fait analogue à celle de Wayne).
A MB
Exact mais les décors sont laissé à l’abandon, la mise en place dans la deuxième moitié est sommaire, sans le moindre travail (reste le début, la séquence de la rivière, du lynchage et le bal qui ont dues être filmées durant les premières semaines (mêmes décors)
à Bertrand 2 CAVALIERS « les décors sont laissé à l’abandon, la mise en place dans la deuxième moitié est sommaire, sans le moindre travail »
ce sont les loupés dont je parle mais je vois plus un film pour ses qualités que pour ses défauts: on n ‘oublie pas le lynch que vous citez qui montre le héros échouer à l’empêcher en raisonnant la foule (on est loin de MR LINCOLN!), modernité surprenante.
à AA/WYATT
» Et la parution du film en BR fin 2018 a constitué pour moi un événement. »
un truc intéressant est que ce film que j’avais rangé dans le tiroir « Moyens » (pardon!) s’est retrouvé dans le tiroir « grands films » grâce au bray Sidonis, à cause des feuilles: si on n’a pas la possibilité de pouvoir distinguer chaque individu-feuille d’arbre s’agitant sous le vent dans le film, on n’a pas vu LE CAPITAINE WYATT, on a vu un remake torché par un paresseux. On sous estime facilement l’apport de la qualité d’image quand c’est celle des arrière-plans.
Avec LES AVENTURES DU CAPITAINE WYATT, on est quand même très loin d’OBJECTIVE BURMA : le premier quart d’heure fait croire à une production disney (le récit off et les cartes, style île aux trésors), le ton général est très léger, la prise du fort est invraisemblable comme la réalisation de 5 pirogues en un temps record avec des haches sorties d’on ne ne sait où, le marivaudage avec une femme qui tente d’abord de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas, quand bien même, plus tard, le ton entre ceux dont on devine aisément qu’ils tomberont dans les bras l’un de l’autre, devient plus grave. On reste très loin des réflexions du correspondant de guerre et du ton résolument militaire et tragique d’OBJECTIVE BURMA. L’épilogue en combat des chefs est aussi peu crédible que caricatural avec un Gary Cooper qui a l’air bien trop vieux pour le combat et qui, ensuite, a trouvé une nouvelle mère pour son fils (il est peu crédible que même si elle abandonne son projet de vengeance, elle décide de vivre isolée sur cette île et rien ne laisse penser que Cooper va retourner à la civilisation). Enfin, si la guerre contre les Japonais était légitime, celle contre les Séminoles …
Tout ça ressemble au traitement (la critique ne vise pas la mise en scène ni la musique, très réussie, mais le scénario et la production) d’un film de série B et c’est peut-être ce qui explique qu’il n’ait pas bénéficié du Cinemascope alors que l’histoire et les lieux de tournage mériteraient un écran large.
Si je l’avais vu la première fois à l’âge de 10 ans, je l’aurais adoré et je continuerais certainement malgré les défauts que l’on repère adulte mais j’ai attendu 50 ans pour le voir et ma déception est à la hauteur de l’attente.
a Edward
C’est vrai que le scénario est nettement plus faible mais Walsh lui insuffle une énergie, un souffle remarquable qui explique les enthousiasmes de jeunesse et le délire de certains critiques. Et j’aime bien ces brusque changement qu’apportent les rapports entre Cooper et Mari Aldon qui brusquement donnent une autre couleur au contexte racial. J’y vois là l’apport de Niven Busch. Mais attentions aux termes que vous employez : c’est pas une série B, terme qu’on prononce à tort et à travers (Tourneur était exaspéré qu’on parle de ses séries B, beaucoup de ses films bénéficiant de budgets importants : les productions Fox, EXPERIMENT PERILOUS, CANYON PASSAGE, EASY LIVING, OUT OF THE PAST est). Pas un film avec Cooper, énorme vedette à l’époque, tourné en grande partie en Floride, ce qui représente une grosse infrastructure. Mais le co auteur Milton Sperling avait lui tendance à écrire et penser série B, ce que contredisent Walsh et Busch. Et le film se revoir avec plaisir. Et le scope n’était pas encore si utilisé que cela et surtout Walsh sentait que le sujet ne le demandait pas : les bayous avec ces grands arbres sont plus oppressants en 1/33 qu’en écran large avec le petit nombre d’objectifs à l’époque
Je trouve que c’est filmé avec un dynamisme trop rapide pour que le sentiment d’oppression de la nature (chaleur, humidité, insectes, … on ne voit d’ailleurs personne transpirer, être agressé par les nuées d’insectes qu’il devait y avoir, juste une fois un alligator) soit ressenti par le spectateur (à la différence à nouveau d’OBJECTIVE BURMA). On ne ressent jamais véritablement l’isolement alors qu’ils ont 150 miles à faire dans un univers hostile au milieu de nulle part. Quand je dis série B, c’est pour illustrer le sentiment d’un traitement scénaristique peu subtil et parfois invraisemblable, voir expédié. Je me demande aussi si les meilleurs films de Walsh ne sont pas déjà derrière lui, à tout le moins scénaristiquement (en tout cas aucun des suivants ne m’a marqué comme tant de ses films des années 40).
a Edward
Comme vous y allez…LES NUS ET LES MORTS, LES IMPLACABLES, L’ESCLAVE LIBRE, THE REVOLT OF MAMIE STOVER, LA FEMME A ABATTRE, LE MONDE LUI APPARTIENT, CAPITAINE SANS PEUR voire certaines scènes d’UN ROI ET QUATRE REINES ce n’est pas si mal. Cela fait un joli palmarès dont certains se contenteraient. Et dans ce blog, j’ai lu des réhabilitations de GUN FURY ce me semble. C’est en tout cas une période plus productive, plus riche que les années Paramopunt absolument sinistres
WALSH je regardais la filmo à partir de 1950 épaté par le nombre de films non vus par moi, par exemple A LION IS IN THE STREETS ou GLORY ALLEY avec Ralph Meeker et Leslie Caron (Michel Marmin l’a porté très haut mais j’ai perdu son bouquin de chez Seghers le petit format carré… dommage).
En effet j’avais été surpris par la pêche de GUN FURY dont j’avais causé ici, avec l’évidence qu’une bonne part de la réussite du film était dûe à cet acteur inaperçu de moi jusque là: Philip Carey, et aussi à l’épatante Donna Reed toujours juste et légère (pas que moi: « Donna Reed et Phil Carey sont les acteurs les plus convaincants du casting. » (signé Jeremy Fox que je critiquais récemment honte sur moi!), ce qui ne signifie pas que Walsh n’aie rien à voir avec l’excellence des acteurs!
J’ai revu récemment BATTLE CRY pour vérifier que c’était en effet très fort, Aldo Ray y joue une sorte de sergent Croft qui entre dans le film avec la même amertume mais évite de suivre la même voie tragique que celui des NUS ET LES MORTS, trois ans plus tard (le cinéma américain devient plus pessimiste)… En fait il est à deux doigts de foncer dans une impasse du même genre mais est rappelé à la raison par la femme qui l’aime: encore un grand personnage de femme joué par Nancy Olson, une actrice qui respire entre les répliques (qui a eu la mauvaise idée de se marier pour quitter le cinéma…), Michael Rawls qu’on ne lit plus ici était d’accord sur Nancy Olson…
A MB
Pas seulement parce que le cinéma avait évolué. Les sources littéraires étaient à l’opposé l’une de l’autre
« Pas seulement parce que le cinéma avait évolué. Les sources littéraires étaient à l’opposé l’une de l’autre »
mais si le roman de Mailer avait été adapté dés 48 49 50 le film aurait été moins fidèle en ce qui concerne le sergent Croft, probable qu’il aurait été moins amer et moins suicidaire.
A Bertrand,
Le Scope n’était pas du tout usité en 1951. Il faut attendre encore deux ans, je crois (LA TUNIQUE).
A B.T. : Bien sûr que l’immense majorité de ses films post-50 sont bons et que j’ai du plaisir à les revoir mais ils n’ont pas la puissance de COLORADO TERRITORY, THEY DRIVE BY NIGHT, HIGH SIERRA, THEY DIED WITH THEIR BOOTS ON, GENTLEMAN JIM, PURSUED, SILVER RIVER, WHITE HEAT, …
A Edward
Vous mettez une frontière très approximative qui concerne pour certains titres une période de six mois et dans la période Warner vous avez aussi des oeuvres peu intéressantes (NORTHERN PUISUIT, THE HORN BLOWS AT MIDNIGHT). En revanche dans les films postérieurs apparaissent des sentiments, des émotions parfois plus intimes, plus mélancoliques (DANS THE REVOLT OF MAMIE STOVER, les meilleurs moments de BAND OF ANGELS), plus rarement recherchées avant (dans THE MAN I LOVE), une âpreté comme dans LES NUS ET LES MORTS qui contient un des plus extraordinaires portraits de soldat, à la fois héros et tueur, une sorte de Conan plus brut encore même si Walsh regrettait les coupes de la censure sur les scènes de strip tease : « on m’a coupé les nus et on a laissé les morts », disait il. En tout cas, des réalisateurs de sa génération, c’était le plus alerte, le vif, le plus exempt de préjugés raciaux et politiques que j’ai rencontré.Il avait accepté d’aller en Chine étudier une proposition du gouvernement chinois pour faire un film sur la longue marche ce que Hawks, Ford, King auraient refusé d’emblée. Il regrettait que le studio ait imposé Yvonne de Carlo au détriment de Nathalie Wood qu’il avait choisi pour BAND OF ANGELS (ce qui prouve une sureté de jugement et un très bon gout) Et a DISTANT TRUMPET souffre surtout des décisions du studio d’avoir imposé des jeunes acteurs médiocres. Cela dit Walsh par amitié avait lui voulu travailler avec son copain John Twist, scénariste conventionnel et démodé. Jacques Lourcelles délirait sur MARINE LET’S GO qui m’avait semblé plat. Et quelqu’un a t il revu ESTHER ET LE ROI défendu mordicus dans les Cahiers (bel article d’ailleurs)
A B.T. : je suis entièrement d’accord, n’ayant jamais prétendu qu’il n’y avait rien d’admirable après 1950 ni de dispensable avant cette date, ni qu’il n’était pas un réalisateur ayant une filmographie aussi énorme que passionnante, à l’image de sa vie. D’ici peu, je découvrirai KLONDIKE ANNIE, O.H.M.S., BLACKBEARD THE PIRATE et THE REVOLT OF AMIE STOVER, de quoi sans doute alimenter la discussion.
A Edward
Les trois premiers sont mineurs, voire même pour Klondyke et OHMS dispensables. Le dernier est plus secret
Bel article des Cahiers en effet, sur Esther et le roi, mais tout de même assez révélateur des excès de la politique des auteurs. Que Jacques Joly voie en ce film « le plus pur exemple du génie de Walsh » (et affirme dans le même article qu’avec La Bataille de Marathon, où l’anecdotique cède le pas à l’ontologique, Tourneur s’affirme comme un cinéaste essentiel), voilà qui est tout de même assez cocasse. Tout comme l’article de Truffaut sur Ali Baba, cette tendance à en rajouter dans le sublime pour ne pas avouer qu’un cinéaste peut avoir des faiblesses est tout de même assez réjouissant de mauvaise foi. Esther (revu dans une mauvaise copie), est tout de même fait de bric et de broc. Tourné en Italie à cause d’une grève des scénaristes, il est à mi-chemin du péplum américain et du péplum italien. Mais le cocktail s’avère ici (contrairement à Barrabas) assez boiteux. On a en effet l’habitude dans le péplum italien d’acteurs, de décors, de reconstitutions peu convaincants, mais les italiens n’hésitent pas à pousser le ridicule jusqu’à lui donner un véritable charme. Le côté américain, plus sérieux, que ce soit dans les ambitions ou le message achoppe quelque peu sur le manque d’épaisseur du reste. Cela étant dit, je me suis demandé quelle était la véritable part prise par Mario Bava sur le tournage. On retrouve en effet, à de nombreuses reprises sa patte, que ce soit dans l’utilisation des rouges, des bleus et des verts (comme dans Hercule et les vampires ou les films qu’il a photographié pour Pietro Francisci), la façon de traiter les prétendantes comme des pin-ups de magazine, certaines scènes même caractéristiques de son cinéma (l’étranglement de la prétendante, filmé comme une scène d’amour). Son sens du baroque marque davantage ici que l’onirisme de Walsh. Cela dit, c’est plutôt un atout dans ce film où j’ai trouvé que Walsh manquait un peu d’appétit. Mais le bonhomme a du métier, un sens du rythme qui lui permet d’éviter certains tunnels qui, chez d’autres, auraient été insupportables, et les scènes d’action, nocturnes qui arrivent, enfin, à 20 minutes de la fin sont plaisantes. Si son sens de la chronique rattrape le reste, je trouve néanmoins qu’il passe à côté des personnages. Le roi, esclave de sa fonction, déchiré entre sa royauté et son humanité, aurait pu être traité avec davantage de profondeur. Son histoire avec Esther, qui aime davantage l’homme que le roi, n’est guère convaincante. Pire encore, si Esther n’était pas dans le film, cela n’aurait guère changé grand-chose à l’histoire (Le ministre, qui semble singer Iznogoud, veut exterminer les juifs, le roi s’aperçoit de sa traitrise, il le fait pendre et sauve les juifs. Tout cela pendant qu’Esther se morfond dans le palais.) Quand au personnage de Simon, que Walsh fit ajouter au scénario pour humaniser l’histoire en en faisant un triangle amoureux, il est là en simple faire valoir, sans aucun relief. Bref, si on prend quand même du plaisir à voir ce film, on ne peut que constater que cette quasi fin de carrière de Walsh est plus proche de celle de Hawks ou de Preminger, que de celle d’Altman ou de Huston. Et ni Marines let’s go, ni La charge de la 8ème brigade, malgré de beaux moments, ne viendront contredire le verdict.
A DIXON STEELE
C’est l’impression que j’avais eu et qui s’était aggravé en revoyant le film dans un DVD médiocre. Cela dit, il valait mieux que la BATAILLE DE MARATHON, naufrage d’une certaine politique des auteurs défense par des gens (Fieschi, Comolli) qui avaient découvert Tourneur avec une reprise de L’OR ET L’AMOUR et ignoraient toute la période Val Lewton et RKO
A B.T. :
Vu THE REVOLT OF MAMIE STOVER et O.H.M.S. Comme vous l’écrivez par ailleurs à propos de THE REVOLT OF MAMIE STOVER, le fait que les prostituées soient transformées en buveuses de thé et joueuses de cartes ne justifient plus qu’elles soient mises au ban de la société ni l’attitude du personnage si mal joué par Richard EGAN qui semble n’avoir que deux expressions à sa disposition. La scène dans la voiture où il tient sans cesse le crachoir sans jamais desserrer les dents est risible; on dirait qu’il veut montrer qu’il a les plus belles dents d’Hollywood. En contraste, Jane RUSSELL est parfaite et est tout en retenue alors qu’il lui aurait été facile d’être extravagante.
O.H.M.S. est vraiment curieux, divisé en trois parties, la première (tripot chinois) et la dernière (guerre chinoise) très peu développées, voire expédiées, alors qu’elles ont le plus de ressorts dramatiques.
A EDWARD :
Le CinemaScope n’était tout simplement pas encore d’actualité à l’époque du tournage du CAPITAINE WYATT !
LA TUNIQUE, premier film en Scope, est sorti en 1953.
Walsh tournera en Scope en 1955 : LE CRI DE LA VICTOIRE.
A Marc Salomon : effectivement, le procédé existait déjà mais n’a été acheté par les studios que postérieurement à DISTANT DRUMS. On peut regretter un achat « si tardif ». A propos, est-il exact qu’Autant-Lara l’avait déjà expérimenté en 1928 ? Le procédé d’alors était-il si différent et si oui, a-t-il nécessité tant de travail entre 1928 et 1953 ?
A Edward
Vous pourriez lire la biographie d’Autant Lara qui consacre un chapitre entier à ces faits historiques recensés depuis quarante ans et donne tous les explications y compris sur certaines magouilles du professeur Chrétien et sur l’absence de réaction habituelle du gouvernement français. Les plans dessinés par Autant Lara ont été reproduits dans des revues et on peut les consulter à la Cinémathèque suisse
A B.T. : il est bien dans mes intentions de lire la bio d’Autant-Lara.
A Edward
c’est une bio passionnante,mais je n’ai jamais lu de fin aussi déprimante dans ce genre de lecture.
la seule chose qui m’a étonné ,c’est que l’auteur ait mis « Gloria » au sommet .
A Dumonteil D
Un certain nombre de personnes me poussent à revoir ce film qui m’avait laissé froid. J’vais eu l’impression d’entendre un dialogue fait de ces phrases qu’on écrit sur les cendriers
A propos de CAL (merci MB )
Je viens de revoir « le bon Dieu sans confession » et il tient bien la route ;basé sur un roman de Paul Vialar que j’ai lu il y a très longtemps et qui a dû être ardu à adapter pour l’écran,de par sa structure .
Sa construction « éclatée » ,surtout dans la première heure , est déroutante et on a l’impression de visionner un puzzle cinématographique , flouant la chronologie (on est parfois perdu ) ;certaines pièces ne venant s’ajouter que vers la fin.
Description sans concessions d’une bourgeoisie qui tient à sauver les convenances (la scène d’ouverture n’est que cela :sauver les apparences ), qui ne peut même plus compter sur ses prêtres (le fils dit que ce sont des vaincus ; la fille s’étonne en le voyant faire un signe de croix que son amoureux soit croyant ); femme calculatrice , délateurs , vies au conditionnel passé , événements dramatiques se déroulant pendant une ambiance festive de fin de guerre au son de la musique militaire (cf « le diable au corps » voire « Gloria » -qu’il me faudrait revoir aussi-).Remarquable construction « en boucle » ,et direction d’acteurs inattaquable (curieusement Henri Vilbert et Ivan Desny sont employés à contre-emploi ,le second beaucoup plus séduisant que le premier,mais cela renforce la cupidité du personnage de Darrieux );et les jeunes acteurs : Claude Laydu et surtout Isabelle Pia (extraordinairement perverse dans les deux « Marianne » de Duvivier),ne souffrent pas du voisinage de monstres sacrés;c’est d’ailleurs en eux que CAL place son espoir en un avenir plus serein et sans faux-semblants dans la sublime dernière séquence ;ils font écho ,en somme, à Fabien et à Irène quittant la maison de « douce » au son des cantiques de noël.
Bien que ne passant pour une de ses grandes oeuvres, « le bon Dieu » est à ranger parmi les INDISPENSABLES de CAL
A tous:je croyais avoir vu tout CAL ,mais il en existe au moins un qui m’est inconnu : »les régates de San Francisco »,l’un des 3 films que CAL a fait avec Terzieff : Si des usagers l’ont vu ,j’aimerais leur avis.
A Dumonteil D
Dans le bouquin de Bleys on découvre une réaction violente de Melville qui juge le film fortement antisémite
Et Imdb nous apprend que quelques scènes de « La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc », de Marco de Gastyne, présentaient en 1929 quelques scènes tournées avec l’Hypergonar – ratio 2:66! Je suppose qu’il s’agissait de scènes de bataille…. la version que j’ai vue ( d’après une vhs je crois) ne les présente pas… le pan&scan ne faisait pas de cadeau …. ou, plus vraisemblablement, ces scènes n’étaient présentes que dans quelques copies…. ont-elles survécu?
A BT
Je n’y ai vu aucun antisémitisme mais quelques touches d’anticléricalisme ,surtout dans les remarques du fils .Ce qui est plus que courant chez CAL.
j’ai relu le passage ; Bleys dit que VARESCO n’est pas présenté comme Juif ,mais comme Roumain « qui aurait dû se faire nationaliser depuis longtemps »(Vilbert le dit dans le film)
à Dumonteil connaissez-vous DONNEZ MOI MA CHANCE de Léonide Moguy?
ça passe après-demain sur Arte.
à MB
oui je le connais ,c’est sur le thème « cinéma miroir aux alouettes des midinettes « ; il y a Michèle MERCIER d’avant Angélique et Ivan DESNY dont je parlais à propos du CAL « le bon dieu… » Plus Corinne MARCHAND dans un petit rôle .Regardable cependant…
ils auraient dû choisir « je t’attendrai » aka « le déserteur » à la place;à ma connaissance il n’a jamais été diffusé.Et trop peu de cinéphiles le connaissent.Et il y a aussi une Corinne dedans.
à Dumonteil dommage, merci…
A mettre au crédit des AVENTURES DU CAPITAINE WYATT, pour l’anecdote,le cri que pousse Sheb Wooley, lorsqu’il se fait dévorer par un alligator. Celui-ci, connu sous le nom de cri Wilhelm, est devenu depuis un véritable mythe. Réutilisé lors du mixage de La Charge sur la Rivière rouge de Gordon Douglas, lorsque le personnage du soldat Wilhelm est atteint par une flèche, il faut ensuite mis de côté dans la bibliothèque de sons de la Warner sous le nom « Homme dévoré par un alligator », puis retrouvé par Ben Burt qui l’utilisa sur le premier Star Wars pour un soldat de l’empire touché par un rayon laser. Il l’incorpora ensuite sur les autres films de la trilogie puis dans chacun des trois premiers épisodes de la série Indiana Jones. Devenu une private Joke on le retrouve depuis dans beaucoup de films (en particulier les pixar, les Marvel, Les Pirate des Caraibes, certains James Bond, les films de Peter Jackson, d’Edgar Wright, etc..) ainsi que dans des jeux vidéos à succès. Un utilisateur régulier est bien sur Quentin Tarantino. Il l’utilise au début d’il était une fois Hollywood lorsqu’un personnage de la série tournée par Di caprio tombe du haut d’un toit. Beau destin pour un simple cri…
A Bertrand.J’ai découvert tardivement »L’escadron noir »que j’ai vu hier soir.Comme vous l’affirmer dans le bonus le film est segmenter en deux parties bien distinctes l’une de l’autre .C’est vrai qu’au départ on trouve un duo drole en la personne de John Wayne puis du vieux docteur reconvertit en arracheur de dents.La scène de bagarre est croustillante car le lendemain tous les protagonistes défilent chez « le dentiste ».Ceci m’a rappeler fortement le duo que forme Charlie Chaplin et le gamin dans »Le kid »ou le petit brise des vitres des fenètres suivit de près par Charlot qui passe afin de changer les dit carreaux.Pour revenir au western c’est vrai que le personnage qu’incarne Walter Pidgeon était un dole de coco qui à mal finit.Ce que je retiens c’est le sens du découpage et la mise en scène qui reste dynamique dans les poursuites à cheval ainsi que la fin ou la ville de Lawrence est brulé par les confédérés.Claire Trevor joue sur deux tableaux car elle se marie avec Quendrill mais reste amoureuse de Wayne.Puis l’élément essentiel est que Shakespeare est citer à la fin « Tout est bien qui finit bien »!!!Très bonne surprise.
Quelle belle livraison!
Vous avez raison de parler en termes élogieux de L’ARGENT qui est effectivement un film étonnant, l’un des témoins de la splendeur du cinéma muet dans ses dernières années. Ce n’est pas moi qui ai écrit que L’Herbier ressemblait à Godard dans le film de Dréville, mais ce fait m’avait frappée dès la première fois que j’ai vu AUTOUR DE L’ARGENT, qui est lui aussi assez passionnant. Il fallait être un peu fou à cette époque pour filmer le tournage d’un film !
Vous semblez être un peu réservé sur les autres titres de L’Herbier. Concernant les années 30 et 40, c’est vrai que ses ambitions esthétiques ont quasiment disparu (un peu comme Abel Gance, du reste). Mais beaucoup de films sont à mon avis intéressants, et même certains très réussis: L’AVENTURIER, LE BONHEUR (magnifique Gaby Morlay), FORFAITURE, ENTENTE CORDIALE, LA VIE DE BOHEME, L’HONORABLE CATHERINE, et le superbe AFFAIRE DU COLLIER DE LA REINE.
Quant aux CHASSES DU COMTE ZAROFF, c’est évidemment une oeuvre unique, qui conserve, près de 90 ans après sa réalisation, son pouvoir intact de fascination et de terreur. Avec KING KONG et FREAKS, on peut parler de magie du cinéma au sens littéral du terme.
A Julia-Nicole
Il y a beaucoup d’autres titres décourageants, patriotards et pénibles (ses gaston Leoux). Et les prises de position de Lherbier contre les cinéastes étrangers fuyant le nazisme sont détestables. De plus, je me souviens de Dreville me disant qu’il terminait souvent les films de Lherbier, toujours en retard sur le plan de travail. Il aurait ainsi tourné 15 jours ou trois semaines sur le BONHEUR. Il m’ait dit que Lherbier arrondissait ses revenus
A BT et JN
Merci pour toutes ces précisions sur le personnage .
Je pense que son double-film de LEROUX est plus que regardable,malgré l’interprétation hystérique et démodée de Huguette Duflos et tient mieux la route que le doublé Aisner/Daquin voire celui des frères Podalydès; ma version favorite est le MTV de 1965 avec Claude Brasseur en Rouletabille
« Le bONHEUR « présente un personnage complexe,anarchiste,éduqué (diplôme de droit) qui » veut assassiner un personnage politique mais doit prendre une « doublure » ;tout cela rappelle Lucchini ,l’assassin de l’impératrice Elisabeth (« Sissi ») ,voulant assassiner une tête couronnée et ,la cible choisie n’étant pas disponible,en choisit une autre .En prime,Michel Simon en directeur artistique de la jaquette.
« la nuit fantastique » est souvent considéré comme son meilleur parlant ;c’était avant » Walter Mitty » et « Belles De Nuit « ;le héros étudiant fort aux halles qui passe ses nuits à rêver et entre dans son rêve; le seul (gros ) problème est que Fernand Gravey est beaucoup trop vieux pour qu’on croie à son personnage d’étudiant en philo.
« l’affaire du collier » présente une comtesse de la Motte (Romance) beaucoup plus credible que l’héroïne romantique au père style
Robin Des Bois d’Hilary Swank : une garce doublée d’une escroc .
« forfaiture » le remake de de Mille -que je n’ai pas vu -souffre de ses deux parties (en Asie d’opérette et en France) qui ne « s’accrochent pas;l’humour de Jouvet sauve certaines scènes.On retrouve SESSUE hAYAKAWA;
‘l’enfant de l’amour » est le type même du mauvais mélo :’je souffre,je souffre » geint l’héroine avec son chèque à 6 chiffres »;le spectateur aussi.
« l’aventurier » montre FRANCEN en vilain petit canard de sa famille bourgeoise et hypocrite ;il est trop vieux pour le rôle, mais le film se regarde; Jean MARAIS (MARAY) est un ouvrier rebelle.
« Veille d’armes » ( Roland Toutain, son Rouletabille , a cette réplique géniale : »on a coulé normalement » ) ,un melo invraisemblable (la femme du commandant restant coincée dans sa cabine !), « la porte du large » (avec un insupportable Aumont en concurrence avec son père Francen pour Marcel Chantal » !) et « entente cordiale « ,mauvais film de propagande, sont parmi les films patriotards dont parle BT.Trois à éviter.
« la citadelle du silence » a quelques bons moments :Annabella dans un cimetière,espérant ne pas trouver une tombe; les prisonniers refusant de chanter un cantique et entonnant un air de liberté.
« la route impériale » ,hymne au colonialisme anglais,est le « lives of a Bengal lancer » du pauvre ;PR Willm n’est pas Gary Cooper ,il s’en faut de beaucoup!
« nuits de feu » :encore un mélo teinté de mystère mais affublé d’une fin invraisemblable.
« la tragédie impériale » vaut pour Harry BAUR en Raspoutine ,ses scènes avec le tsarévich sont excellentes ,des histoires pour l’endormir pourquoi pas? De Peur d’être poursuivi en justice par le véritable assasssin -qui l’avait fait à Hollywood – ,on a substitué un conte au fameux prince.
« l’honorable catherine » (terminé par Baroncelli) est une agréable comédie qui bénéficie de Feuillère.
« la comedie du bonheur » a un titre ironique vu l’époque ;Monsieur Jourdain (Simon) veut partager sa fortune et passe pour un fou.
« la vie de boheme » est l’opérette divisée en quatre saisons ;Jourdan en est le séduisant héros .
« les derniers jours de pompéi » fait presque préférer la version Bonnard /Leone qui au moins aune destruction impressionnante
« le père de mademoiselle » : vous le verrez si vous aimez Arletty comme moi;sinon….
Ces remarques que d’aucuns trouveront parfois sévère ne parle que des parlants ,j’insiste .Julia complètera.
Quelle orthographe !MB ne me pardonnera pas çà!
Ces remarques que d’aucuns trouveront parfois sévères ne traitent que que des parlants ,j’insiste .
J’en profite pour dire que je suis d’accord pour » Browning version » (« l’ombre d’un homme »),très fidèle à la pièce de T Rattigan tout en « l’aérant »;cependant le discours final n’est pas dans la pièce Andrew dit qu’il a l’intention de parler après et non avant la distribution car il voit les choses différemment .Mais sur le plan cinématographique, Asquith avait diablement raison!!
par sa seule présence Didier BEZACE sauve « profil bas » de la nullité face à un Bruel apathique.
Merci pour cet intéressant rappel des hauts et des bas de la carrière parlante de L’Herbier. J’ajouterai pour ma part AU PETIT BONHEUR (1946), jolie petite comédie à l’américaine avec Danielle Darrieux, François Perier et André Luguet. Sinon, FORFAITURE, l’un de ses titres les plus connus, se revoit quand même toujours avec un immense plaisir pour peu que l’on soit attaché aux acteurs français des années 30 (le perfide duo Jouvet/Sylvia Bataille est savoureux) et bénéficie d’une fort belle photographie d’Eugen Schufftan.
Ah, et puis… l’assassin de Sissi ne s’appelle pas Lucchini mais Lucheni (Luigi de son prénom) !
A Demachy
Merci pour votre rectificatif et pour votre complément :je ne l’ai pas vu mais un ami anglais en dit du bien sur imdb ,il est fan de Darrieux,Signoret ,Arletty,Presles,et de toutes les actrices classiques françaises qu’il préfère à ses compatriotes !
A YR
je n’ai pas vu (ou il y a très longtemps) le film et je ne comprends pas ce que vous voulez dire:
et le cow boy apporte de l’affection pour son chien qui décide de compter que sur lui même.
(sur le chien? le cowboy?)
A Dumonteil D
Je partage votre perplexité quant à cette dernière phrase sur le chien qui m’a fait penser à la merveilleuse nouvelle de Mark Twain, la Montre de Monsieur Bloque où le héros est confronté à un texte qui devient de plus en plus incompréhensible à chaque nouvelle lecture
A Dumonteil
En fait il veut dire que le chien n’en a rien à carrer de l’affection que lui apporte le cow boy, préférant ne rien devoir à personne. D’où cette décision qu’a le chien de ne compter que sur lui-même. Tout le contraire de Rantanplan…
« et le cow boy apporte de l’affection pour son chien qui décide de compter que sur lui même.
(sur le chien? le cowboy?) »
à D et BT: ben… si c’est « lui-même » c’est forcément lui-même le chien, c’est en général ce que signifie cette locution soyons clair:
LE CHIEN DECIDE DE COMPTER QUE SUR LUI-MÊME LUI LE CHIEN! LUI-MÊME, quoi…
oublié le café du matin?
(j’ai déjà lu des phrases absconses signées YR mais là c’est bon pour moi!)
à AA
CHIEN/ ah je suis pas tout seul à avoir pigé ça me rassure…
C EST POURTANT CLAIR! eh eh eh
et le cow boy apporte de l’affection pour son chien qui décide de compter que sur lui même.
Je reconnais là le grand
grammairien ,MB,qui m’a souvent repris -à juste titre- dans le passé .
cependant la relative me semble en contradiction avec la principale
ce serait plus logique si il y avait:
et le cowboy refuse son affection au chien qui décide de ne compter que sur lui-même .
mais Yves ,ne vous hérissez pas,je comprends toujours cinq minutes après les autres les jeux de mots et autres,ce qui entraine souvent l’hilarité de mes interlocuteurs .
« et le cowboy refuse son affection au chien qui décide de ne compter que sur lui-même . »
à D: certes, cher confrère, néammoins vous concèderez que la correction que vous fîtes et que je reportai tout-de-go ci-dessus ne modifie que des tournures, sous sa forme brute rouxelienne, la phrase est correcte grammaticalement, elle pèche plus par sa forme que par sa construction. Bescherelle en conviendrait chaleureusement. « qui » ne peut que remplacer « chien », l’entendez-vous au moins?
(ça va faire comme EL DORADO, cette histoire…)
Brisons là ,MB ,un pareil entretien,
Qui pousserait trop loin votre esprit et le ….chien.
Lherbier effectivement magnifie l’expressivite de son style dans L’argent mais on peut aussi aimer L’inhumaine, El Dorado ou L’homme du large auparavant. Le parlant sera bien moins probant comme pour Gance.
Je demeure convaincu que le muet français avec ces deux cinéastes mais aussi Epstein, Clair, Linder, Delluc et qqs autres est passionnant.
Sans compter l’accueil de Dreyer ou Bunuel dans une belle tradition.
Si c’est un plaisir de voir le laboratoire composé par Fernand Léger dans l’Inhumaine, l’histoire est tout de même d’un ridicule achevé. La cantatrice Georgette Leblanc, madame Maeterlinck, qui tenait les cordons de la bourse était si insupportable que L’Herbier en a « oublié » à plusieurs reprises de faire le point sur elle – d’où le mot de Rip : « C’est flou ce qu’elle est belle ! ». En revanche, dans El Dorado, la scène où Eve Françis, en pleine rêverie, est seule floue au milieu des danseuses, est d’une efficacité réelle. Le personnage qu’elle y interprète est par sa démesure digne de Tod Browning. J’ai lu quelque part que L’Herbier était borgne, suite à un suicide de jeunesse raté. Quelqu’un en sait-il davantage sur le sujet ?
L’Herbier et l’avant garde française au temps du muet ne sont pas forcément les films qui ont le mieux vieilli. Je me rappelle aussi de Kyrou, ancien critique à Positif qui dans son SURREALISME AU CINEMA dézinguait L’Herbier et cette avant-garde française qui se voulait « moderne ». J’ai vu L’INHUMAINE qui vaut encore pour les décors de Léger et que rend justice le blu ray sorti chez Lobster également. EL DORADO m’avait été d’un ennui abyssal mais il faudrait le revoir…
Sur la réplique d’Alec Guiness : mais qu’ai-je fait ? , je pense que c’est peut-être une demande de l’acteur lui-même qui aurait tenu à sauver son image.
Mais je pense aussi que sauver le personnage n’était pas une mauvaise idée. On l’admire tant au début que sa repentance étouffe une frustration. ça ressemble bien sûr à une concession, mais un collabo qui bat sa coulpe, est-ce si fréquent dans les films ?
Dans HONDO, pour moi, le petit loupé, c’est le cabot.
Tout est fait pour en faire un personnage à part entière, presqu’un double du héros.
Pourtant, le peu de cas qu’on fait de sa mort gâche quelque chose.
Un plan de trois secondes silencieuses pouvait suffire à montrer la peine et la colère de Wayne, ce dont le spectateur avait besoin.
Sinon, pour ceux qui ont connu, la série Hondo n’était pas mal non plus. Ralf Taeger , misanthrope et cabochard, campait un héros peut-être plus original encore que Wayne dans le film.
A Pascal MINETTE
La mort a été ellipse pour ne pas heurter de jeunes spectateurs et noircir les Indiens. Ce qui n’empêchera pas le scénariste Michael Wilson d’écrire que cela prouve que HONDO est un film fasciste, phrase assez puérile
Oui, mais ce qui pouvait heurter les enfants a bien été montré : le chien percé d’une lance. Après ça, une réaction de Wayne n’avait rien de méchant ; je dirais même que les mômes eux-mêmes en auraient eu besoin.
Je crois plutôt que personne n’a pensé à ça sur le coup.
A Pascal MINETTE
Pas d’accord. Wayne ne joue aucune émotion face au chien. Jamais et je pense qu’il a insisté pour ne pas avoir cette réaction. Il est co producteur du film
Le même Michael Wilson prétendait également que L’appât était fasciste (pas le vôtre, celui d’Anthony Mann), en le comparant aux « grands films humanistes » que Stewart avait fait avant guerre avec Capra. Sans doute était-il en retard d’une idiotie et souhaitait-il se mettre à jour. On aurait pu lui rétorquer que sa définition un peu bornée de l’humanisme était sans doute elle-même un peu fasciste…
A DIXON STEELE
Michael Wilson est quelqu’un de très bien, un bon scénariste, ce qui n’en fait pas un bon critique ou historien du cinéma. De plus, il avait tendance dans le climat violent de l’époque à exacerber ses positions mais quand même il écrit le SEL DE LA TERRE, la plus grande partie de LAWRENCE et une bonne partie de KWAI (Foreman aura tendance à l’occulter). Il pouvait être didactique et Mankiewicz réécrira tous ses dialogues dans L’AFFAIRE CICERON et Stevens fera appel à Harry Brown pour rendre A PLACE IN THE SUN moins politisé. Mais c’était un homme loyal et courageux, très aimé par ses collègues contrairement à Carl Foreman
à P Minette: « Dans HONDO, pour moi, le petit loupé, c’est le cabot. »
vous voulez dire la mort du cabot? pas le cabot lui-même car ce personnage de chien est absolument unique dans le cinéma américain toujours du côté soit Lassie soit Cujo jamais entre les deux. Un chien qui n’accepte pas de nourriture de son maître mais préfère se débrouiller tout seul? Aucun sentiment d’affection, plutôt un tempérament félin qui consent de justesse à tolérer les humains? Unique! Un vrai dur.
Sa mort ellipsée reste regrettable dramatiquement, mais pas si rédhibitoire pour le film ou alors je vais imiter Jeremy Fox et dire que ça fout tout le film en l’air! Non! très bon film!
Oui, c’est ce que je dis plus haut. Le chien est un personnage formidable qu’on adore aussitôt parce qu’il ne ressemble pas à Lassie et consorts
J’adore qu’il n’y ait aucune démonstration d’affection dans les deux sens. Mais une réaction de Wayne à la mort du chien pouvait tout dire à ce sujet.
J’adore aussi la scène où Wayne force un homme à faire un écart plutôt que de demander au chien de se bouger.
A MB.Vous écrivez un temperament félin pour un canidé c’est un lapsus.De toute les façons on faisant un petit jeu de mots « ils étaient fait l’un pour l’autre »et le cow boy apporte de l’affection pour son chien qui décide de compter que sur lui même.
A Pascal minette.Oui je me souviens de la série »Hondo »avec Ralph Taegger diffusé sur la seconde chaine .L’acteur collait bien au personnage solitaire et sans attache avec le chien qui avait un role vraiment secondaire si on compare au film.En revanche j’ai revu quelques épisodes de la série « Cimarron »avec Stuart Whithman,l’ensemble à vraiment vieillit,je préfere largement »Sam cade »avec Glenn Ford.
A Yves : Je cherche la série complète (HONDO) depuis des lustres, ça viendra peut-être.
Je trouve au contraire que la série mettait en valeur les spécificités du concept. Le chien est au moins aussi bien dessiné que dans le film. Il y a même un épisode, je crois, où le héros prouve son attachement pour lui en le recherchant obstinément.
Et puis il y avait le côté misanthrope du personnage, très revendiqué.
Noah Beery le mettait en valeur en étant son exact contraire; et plus efficacement, je trouve, que Ward Bond dans le film.
Il n’y a pas eu beaucoup d’épisodes. J’imagine qu’un mec en marge de la collectivité et indifférent au drapeau américain ne pouvait pas plaire dans ce pays.
A Pascal minette.La série »Hondo »fait partie avec « Cimarron », »Sam cade »ou « Les bannis »de la fin des années 60 qui à sonner l’age d’or des westerns à la télévision.La decennie suivante le genre à complètement disparu laissant place à des séries policières comme »Les rues de San francisco », »Kojack »ou »Starsky et hutch » pour n’en citer que quelques unes.Pour les années 80 en dehors de »Magnum »ou « Hill street blues »le reste est à éviter(k2000.tonnerre mécanique,manimal,agence tous risques….).
A Yves : Dans Cimarron, le plus dur, c’était de supporter Stuart Whitman. Sam Cade un western ? C’était l’époque moderne là-dedans, non ?
Si j’avais du pognon et mes entrées dans le beau monde, je recréerais une série western.
En l’occurence…sigh…..
KWAI « je ne regrette qu’une seule réplique : le « Mais qu’est ce que j’ai fait ? » du colonel Nicholson dans la dernière séquence. »
vous jugez ça sans doute trop démonstratif, mais je trouvais assez vraisemblable que Nicholson retrouve ses esprits à ce moment là.
A MB
Certes mais la réplique parait théâtrale, lourde, invraisemblable. Un silence, une pause aurait suffi. Toute cette fin donna lieu à une grande bataille entre Lean et Guinness. Je vais relire le livre de Brownlow. C’est bien qu’un collabo (le summum du collabo) se repente mais pas de manière aussi didactique
En fait, vous voulez dire que le dialogue est de trop. Pas l’intention . Là, d’accord.
KWAI (j’adore cette abréviation du titre) » Un silence, une pause aurait suffi. » ma foi oui après tout, c’est vrai que le regard de Nicholson est déjà assez parlant . Rhhâââh! une fois de plus vous avez raison restons en là!
A Bertrand Tavernier
J’ai toujours eu du mal à saisir LE PONT DE LA RIVIERE KWAI , en raison des motivations du personnages d’Alec Guiness, qui m’ont souvent parues complexes et opaques. Mais je n’avais jamais abordé la question sous l’angle de la « collaboration », je n’avais jamais vu le personnage de Guiness comme cela. Connaissez-vous les intentions de Lean ? Ou un article sur le sujet ?
A Pierre
Mais c’est le sujet du film, la collaboration avec l’ennemi : les avantages qu’on en retire physiquement et et aussi sur le prestige. On montre à ces « sauvages » que des britanniques arriveront à construire ce dont ils étaient incapables sans se rendre compte que cet acte, la construction, va provoquer des milliers de morts parmi leurs compatriotes. C’est le syndrome de Vichy, d’une partie de Vichy. Et c’est le triomphe du nationalisme britannique dont le colonel Nicholson est le parfait archétype. Il est la version rigide et noire de Blimp qui à force bonnes intentions est totalement aveugle devant l’idéologie nazie.
A Bertrand,
Concernant le personnage d’Alec Guinness, je reconnais n’avoir jamais envisagé, à ce point, les choses sous l’angle de la collaboration « collaborationniste » (sic et sic). De la vanité, et de l’aveuglement potentiellement criminel, d’accord. Mais le rapprochement avec Vichy me prend de cours…
A Alexandre Angel
Il pactise avec l’ennemi par orgueil national
A Bertrand Tavernier et Alexandre Angel
Oui, moi aussi je n’avais jamais pensé à Vichy ni à Blimp, je le reconnais, devant le film de Lean. Cela impose une nouvelle vision !
En revanche, j’avais souvent vu dans KWAI les prémisses de FURYO, qui en reprend un certain nombre d’éléments et les prolonge. On pourrait dire que l’on retrouve le personnage de Guiness, dans une version imbécile, dans celui de Hicksley, le supérieur de tom conti dans le film d’Oshima.
NB : une autre des beautés de KWAI pour moi est la présence de James Donald. J’aime James Donald, dont la filmographie est tout de même impressionnante : KWAI, LA GRANDE EVASION, QUATERMASS AND THE PIT, LES VIKINGS. Ca en impose !
James Donald j’adore revoir cet acteur j’ajoute les films des années de guerre de Cavalcanti, Reed, Lean, Powell & Pressburger: WENT THE DAY WELL?, IN WHICH WE SERVE, SAN DEMETRIO, THE WAY AHEAD, ONE OF OUR AIRCRAFT (petit rôle).
Méfiez-vous Bertrand lorsque vous écrivez, à propos de L’escadron noir et de William Quantrill « Le scénario (…) édulcore ses actions criminelles et surtout fait avorter son action la plus célèbre, le massacre de Lawrence où il assassina 162 civils. Le personnage stoppe le raid (imaginons un film où quelqu’un viendrait s’opposer au massacre d’Oradour). » : vous risquez de tenter Tarantino ! A ce propos, j’en profite pour signaler la sortie en langue anglaise d’un livre passionnant, The Big Goodbye, de Sam Wasson (à qui l’on doit déjà une bio correcte de Blake Edwards et un bon livre d’entretiens avec Paul Mazursky), consacré à Chinatown. 300 pages passionnantes sur la genèse, le tournage, la sortie du film, et l’environnement socio-culturel de l’époque. Si je l’évoque en parlant de Tarantino, c’est que la mort de Sharon Tate est véritablement, et par bien des aspects, à l’origine du film. La paranoïa qui s’est alors emparée de Hollywood est parfaitement décrite (le prix du chien de garde à Los Angeles est passé en une nuit de 200 dollars à 1500 dollars !), le scénariste Robert Towne, a immédiatement compris qu’un âge d’or s’achevait, et, sous le choc, a décidé de retrouver le Los Angeles de son enfance en ouvrant pour la première fois un livre de Chandler, dont l’atmosphère lui inspirera Chinatown. C’est un vrai plaisir de retrouver le trio infernal Charlie Bludhorn, Robert Evans, Frank Yablans, à la tête de la Paramount, leurs relations tenant autant de Shakespeare que du burlesque. La façon dont les uns les autres mènent tout le monde en bateau (agents, metteurs en scène, acteurs, etc.) est savoureuse. Comme le note un des protagonistes : « Il n’y a qu’un moyen de faire aboutir un film à Hollywood : le mensonge. » Que ce soit les personnalités assez délirantes de Towne, Nicholson, Polanski et Dunaway, l’évolution de la Paramount depuis l’ère Evans jusqu’au duo Sylbert-Don Simpson en passant pat Barry Diller, ou encore l’histoire de Los Angeles, le livre regorge d’anecdotes passionnantes que je n’avais trouvées ni dans le Biskind ni dans l’autobiographie de Polanski, ni même dans l’excellente biographie consacrée à Jack Nicholson par Patrick McGilligan. Les sources de Sam Wasson sont multiples, il rend la chose vivante à souhait, on a l’impression d’y être à toutes les étapes du film, bref, un indispensable, bientôt traduit en français, espérons-le (comme l’a été le précédent livre de Wasson, 5ème avenue 5 heures du matin, tout aussi passionnant et entièrement consacré à Diamants sur canapé).
A quelques exceptions près (on les connaît), les films de John Farrow sont souvent décevants. Mais la vie est ainsi faite que l’on préfère parfois être déçu par un Farrow que comblé par un Ford ou un Tourneur. Peu de réalisateurs ont ce privilège. Voire ce talent. C’est, aussi, un des charmes du cinéma (qui, j’ai l’impression, s’intensifie quand on vieillit). Même ses films « mineurs » – et ils sont la majorité, ne nous laissent pas indifférents. Prenez ces Yeux de la nuit, réalisé juste avant Un pacte avec le diable, et qui joue dans la même catégorie (un niveau en dessous), celle de la fusion du film noir et du surnaturel. L’alliance n’est pas si contre-nature qu’elle en a l’air, le réalisme du genre flirte souvent, sinon sur le fond, au moins sur la forme, avec le fantastique sous le regard pernicieux du destin. Cela étant dit, c’est souvent cette propension à jouer avec les genres qui me retient chez Farrow, cette manie qu’il a d’introduire dans un univers très codifié des éléments venus d’ailleurs. L’équilibre n’est pas toujours au rendez-vous, mais la maladresse a aussi ses charmes. Et quand la mayonnaise prend (le noir et la comédie dans Fini de rire, le psychologique et le western dans Hondo), on est heureux pour lui. Les Yeux de la nuit avait ainsi tout pour réussir : le retour de l’équipe gagnante de La Grande Horloge (Jonathan Latimer, John F. Seitz, Victor Young) et un très bon roman de Cornell Woolrich. l’histoire d’un charlatan, diseur de bonne aventure, dont l’existence s’écroule littéralement le jour où son don de prédiction devient réalité et tourne à la malédiction. Le résultat est mitigé. Mais le semi-ratage est néanmoins délectable. En particulier grâce à Edward G. Robinson qui donne à ce voyant frappé par le destin une épaisseur et un tragique à toute épreuve. La construction est assez audacieuse, la première partie, joue du flash-back et de la voix off, dans la seconde on revient au présent et les événements se dénouent. Curieusement, cette première partie, plus proche du roman de Woolrich, est bien plus intéressante sur le plan scénaristique que sur celui de la mise en scène, relativement statique, ce qui n’était pas dans l’habitude du bonhomme. Peut-être était-ce un parti pris, figer ainsi ce qui relève du passé, pas forcément de bon aloi. On retrouve ensuite le dynamisme de Farrow qui, hélas, ne parvient pas à rehausser l’intrigue qui sombre dans la convention (Pourquoi diable n’ont-ils pas alors suivi le roman, qui lui est passionnant de A à Z ?). Ceci étant dit, les questions qu’il effleure sur la prédestination et le libre arbitre ne sont pas inintéressantes. Cela m’a rappelé quelques marottes du regretté Anthony Burgess, catholique converti, comme Farrow (qui a commis une biographie de Thomas More et une histoire critique de la papauté. Mia Farrow a d’ailleurs confié que sa maison était bien plus fréquentée par des prêtres que par des gens d’Hollywood). Aussi, ne boudons pas notre plaisir – il y a dans ce film des choses savoureuses. Certaines plus évidentes – la scène d’ouverture, quasi hitchcockienne, est à couper le souffle, d’autres plus anecdotiques (comme l’air joué par un orchestre au cours d’une soirée, composé pour le film par Buddy Bernier et Jerry Brainin, The Night Has A Thousand Eyes, qui deviendra ensuite le standard du jazz que l’on connaît.) Et puisqu’on en est à l’anecdote, notons que Farrow a écrit deux romans, dans lesquels il évoque sa première carrière de marin. Le premier, The bad one, se situe dans un bordel de Marseille ! Il a été adapté en 1930 avec Dolores del Rio. Le second, Laughter ends, se passe lui à Tahiti, que Farrow connaissait bien, puisqu’il est également l’auteur d’un dictionnaire anglais-français-thaïtien, qui a longtemps fait référence…drôle de personnage, décidément.
A Dixon Steele
Merci pour certaines précisions (sur les romans de Farrow). Le bonhomme est intriguant comme nous l’écrivions dans 50 ANS (et pas si maladroit que cela, il a plusieurs réussites à son actif, de THE BIG CLOCK à HONDO en passant par HTLER’S GANG, ALIAS NICK BEAL, WHERE DANGER LIVES). De son obsession des plans longs à la l’association qu’il a formé avec Jonathan Latimer qui le considérait comme un bon scénariste jusqu’au thème récurrent de la confession, on est souvent étonné, surpris. Surpris aussi par des oeuvres tout à coup dépourvues de toutes recherches et filmées avec platitude. Ses autres westerns en dehors de VAQUERO sont décevants jusque dans leur coté super décoratifs
à Dixon: très riche approche de Farrow (que je ne connais décidément pas assez) qui justifie la grande importance de ce blog gonflé à craquer d’érudition à faire rougir un critique de magazine de ciné (que je ne nommerai pas).
VAQUERO devrait quand même revenir dans un master meilleur que ce qu’on a dû subir avec l’édition Warner de 2010.
A MB.J’ai de plus en plus de mal à revoir certains westerns ou encore d’en découvrir dans la collection sydonis.La trame narrative est essentiellement axé sur le conflit entre les immigrants blancs venus d’Europe et les véritables amérindiens qui sont devenus au fil du temps des communautés minoritaires parqués dans des réserves.Je ne remets pas en doute la qualité des œuvres de Ford sur le travail de la lumière et l’aspect pictural ou le fameux « bleu »domine les longs plans séquences,ainsi que les mise en scène allertes et fort bien maitrisés(la poursuite de « La chevauchée fantastique »est un moment d’anthologie que j’affectionne beaucoup.Puis il y a deux réalisateurs qui me surprennent,il s’agit Henry Hathaway et Raoul Walsh qui n’ont pas été reconnus à leurs justes valeurs et qui ont apportés au genre un vision differente de celle de Ford ou de Mann.
A Yves Rouxel
Là encore vous mélangez tout. Il y a des dizaines de thèmes dramaturgies dans le western et certains ne concernent pas les rapports avec les Indiens. Ils traitent de la naissance de la loi, des problèmes familiaux, des rapports entre l’ordre et la violence. Ce que l’on va trouver dans la plupart des westerns de Hathaway de L’ATTAQUE DE LA MALLE POSTE à TRUE GRIT en passant par la FUREUR DES HOMMES Dans les sorties récentes de Sidonis ni LA VALLÉE DE LA PEUR, ni L’ESCADRON NOIR ne rentrent dans votre case. et la CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE est, de part son sujet et son point de vue, l’un des seuls westerns de Ford avec un point de vue univoque sur les Indiens, réduits juste à des assaillants (avec RIO GRANDE). Et alerte est l’un des adjectif qui convient le moins à Ford dont les mises en scènes sont amples, méditatives, lentes souvent.
A Yves,
J’ajouterais que l’écrasante majorité des westerns de la collection Sidonis, qui est une collection formidable dont je n’aurais jamais osé rêver, et que je n’aurais même ne serais-ce qu’imaginée, à l’époque où j’enregistrais sur vhs les films que proposait Eddy Mitchell sur la 3, sont néanmoins (et c’est assez logique arithmétiquement) des films passables voire médiocres (ce que j’appelle le mortier du genre)qui ne sont absolument pas surprenants, ni dans leur forme, ni dans leur idéologie.
Mais cette collection étant conséquente en nombre d’articles, le nombre final de films intéressants (et plus évidemment, jusqu’aux chefs d’œuvre)est, du coup, conséquente également, au prorata.
Quand on aime les westerns, on tamise, on tamise, puis on trouve des pépites.
Je saisis l’occasion de ce billet pour demander à tous(à commencer par Bertrand) que nous nous liguions pour qu’Erik Maurel se décide à entreprendre la mise en forme sur le western dont cet amoureux érudit du genre est amplement capable.
Ceux qui ne connaîtraient devraient lire ses chroniques mais aussi le topic qui répertorie tous les westerns décennie par décennie avec un sérieux de moine copiste.Ma référence en al matière avec le 50 ans de cinéma américain et le Brion.
Sinon je n’ai pas encore acquis le Walsh mais vais le faire car c’est film important. Note à part: que vaut la copie fnac de La fille du désert?
à Ballantrae: J Fox/E Maurel: je suis moins enthousiaste, il fait un travail précieux sur les résumés d’histoire et les génériques, la recension tout simplement, mais ses avis critiques sont pafis trop encombrés d’amateurisme, pas à la hauteur générale du site. Quel besoin a-t’il de se braquer sur certains détails qui descendent un film (le coup des sangles de selles sectionnées, erreur de scénario soi-disant, ci-dessus c’était lui (CAVALIER TRAQUE)) ou des accès polémiques mal contrôlés? On dirait qu’il ne voit pas l’ensemble d’un film mais le considère section par section et additionne les sections et s’en tient là pas de vraie synthèse, mais il connait le lien avec les studios (comme Brion ou BT) et leur importance, ce qu’ignorent pas mal de critiques, il a aussi des remarques pertinentes donc c’est pas si simple! en plus, il est sympa!…
A Ballantrae,
La copie de LA FILLE DU DESERT en zone 2 est correcte dans l’absolu mais indigne du film (il y a même une nuisance sonore lorsque la tante de Joel McCrea lui apporte un gâteau spécial en prison).
LA FILLE: l’image c’est quand même pas terrible (j’ai le TCM français mais c’est le même master), mais ya rien de mieux.
Voyez le test dvdclassik et ses captures.
HONDO: Dvdclassik conseille le bray américain avec stf, régions free, et plus de bonus (même jaquette).
On a déjà parlé de ce film mais le rappel n’est pas de trop, je suis épaté par le personnage du Chien, admirable (le même individu qui jouait Lassie mais le contraire psychologique) nominé avec échec pour l’oscar du meilleur second rôle, victime d’une cabbale des matous de Hollywood).
Le bonjour à Bertrand et à la compagnie,
Il est à noter que LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER sortira prochainement (le 09 mars) chez le même éditeur Zone 2 que celui qui a fait paraître récemment LE CAVALIER TRAQUE avec le même type de visuel que celui qui est exposé ci-dessus (LCJ). Ma collection de De Toth n’en sera que plus raffermie.
J’ai revu bien des De Toth ces derniers temps et j’y prends un plaisir fou. Je serais moins sévère que vous Bertrand avec LES MASSACREURS DU KANSAS au scénario un peu quelconque et à la gestion catastrophique des effets 3D (alors que ceux de L’HOMME AU MASQUE DE CIRE sont plutôt probants). Mais le charme artisanal est au rendez-vous, la photo est belle (les nuances « clair obscur » de la séquence du steamboat au début quand Scott se fait canarder et qu’il plonge la salle de jeux dans l’obscurité. Les effets comiques (comic relief?) du personnage campé par Rodolfo Acosta fonctionnent pas si mal et le film se clôt sur un gag dont il est dépositaire qui passe aussi bien que celui des selles sabotées à la fin du CAVALIER TRAQUE.
Mieux que cela, l’acteur latino a une bonne scène (digne d’un film noir) où il s’amuse, complètement ivre, à tirer sur un mec ligoté, sans le toucher, pour le terroriser. Randolph Scott assiste à cette scène. Nous comprenons hors-champ, au moment où ce dernier enfourche son cheval pour quitter les lieux, que le bonhomme ligoté finit par s’en prendre une définitive.
Et puis De Toth est le meilleur filmeur de feu que je connaisse. Toutes les images de feu chez De Toth (dans SPRINGFIELD RIFLE, L’HOMME AU MASQUE DE CIRE, THE INDIAN FIGHTER ou ce MASSACREURS DU KANSAS)ou d’explosions (LE SABRE ET LA FLECHE, ENFANTS DE SALAUD) sont belles à regarder.
D’autre part, vous évoquez ce film de Michael Gordon qui me fait envie ainsi que, par ailleurs FORT MASSACRE, de Joseph Newman. Et ça me fait penser que je ne sais toujours pas ce que vous pensez des BANNIS DE LA SIERRA, édité aussi chez Sidonis, qui est réalisé par Joseph Newman, qui se passe aussi dans la neige et en huit-clos, comme dans LE RELAIS DE L’OR MAUDIT.
A Alexandre Angel
Je trouve tout le début fort prometteur : découpage net, inventif, sens de l’espace. Et puis le film s’enlise et devient monotone et plat dans sa direction comme s’il y avait eu deux metteurs en scène. Les personnages sont dessinés à gros traits
Merci Bertrand pour votre avis sur LES BANNIS DE LA SIERRA (The Outcasts of Poker Flat, en VO).
J’avais bien aimé, vers la fin du film, l’idée du revolver caché dans l’âtre de la cheminée, que l’on récupère et que l’on doit refroidir dans la neige.
« un gag dont il est dépositaire qui passe aussi bien que celui des selles sabotées à la fin du CAVALIER TRAQUE. »
à AA petite nuance je ne vois pas cette scène comme un gag mais comme un truc malin pour ralentir les bandits, rien de plus efficace pour éviter d’être poursuivi, ces mecs veulent quand même sa peau! J’ai lu qq part que c’était un mauvais gag qui foutait un peu l’ambiance en l’air sans doute y a t-il des effets musicaux lourdingues non contrôlés par DeToth qui le laissent un peu sentir, moi je vois ça comme un bon truc des familles et cette manoeuvre efficace, on aurait pu la trouver dans un film de Boetticher, qui aime bien ce genre de détails (il me semble). Les interventions du tenancier allemand sont elles, bien plus lourdingues.
LE CAVALIER TRAQUE est à part ça, sans une faille et j’adore ce film qui fait souvent penser à SILVER LODE, avec une atmosphère de huis-clos mieux réussie, plus réussie aussi que dans RIO BRAVO dans lequel pourtant, HH l’a accentuée par des détails précis (le poste de garde à l’entrée, ça me fait penser: il n’y a qu’une seule entrée dans la ville de Rio Bravo? bah, chipotons pas).
A MB
D’abord, et ça m’apprendra de ne pas vérifier avant d’écrire, j’ai dit des âneries.
Il ne s’agit pas de Rodolfo Acosta mais d’Alfonso Bedoya.
Ensuite, ce dernier, dans LES MASSACREURS DU KANSAS (The Stranger wore a gun), ne peut conclure le film puisqu’il meurt en cours de projection.
Ce à quoi je faisais allusion vient clore LE CAVALIER DE LA MORT (Man in the saddle). Bedoya, bien moins dangereux que dans MASSACREURS mais tout aussi truculent, passe tout le film à se chercher un nouveau chapeau. La mort du méchant en pleine tempête de poussière lui donne l’occasion de s’en trouver un tout beau, tout neuf. Et le film de se conclure sur ce gag.
Vous avez raison de dire que ce n’est pas tout à fait un gag, dans LE CAVALIER TRAQUE, cette idée des selles sabotées. Mais on en est pas loin : c’est une péripétie souriante qui « cantonne » le film dans sa fonction de serie B rapide et distrayante.
Et cela, vous l’abordez, pose la question de la lourdeur potentielle. Le bougnat d’origine allemande (mais surtout d’origine incertaine), en effet, m’a, au premier abord, agacé. De même que le gus silencieux qui se balade stupidement avec son nœud coulant tout le long du film…
Mais, dans le registre fameux du « ça passe ou ça casse », je trouve que ça passe, tout comme passe le personnage de la vieille dondon dans LE BOURREAU DU NEVADA, de Michael Curtiz, qui vient de sortir chez Sidonis, qui pousuit Robert Taylor de ses assiduités.
Ce sont là des conventions que des réalisateurs rompus à leur art classique utilisent pour que le spectateur ne se sente jamais lâché. Prises dans le dynamisme et la vitalité ambiants, elles en acquièrent de la pertinence.
Je tenais également à ajouter, concernant LES MASSACREURS DU KANSAS, que j’ai trouvé très sympa le traitement que réserve De Toth au personnage de Claire Trevor, femme de toute évidence vieillissante, du genre bourlingueuse, qui voue à Randolph Scott une forme d’amitié dont on peut facilement penser qu’elle revêt un caractère amoureux.
Et bien, c’est avec elle que part Scott à la fin tout comme le faisait John Wayne dans STAGECOACH avec la même actrice. Mais dans le De Toth, elle a 15 ans de plus…
« Ce sont là des conventions que des réalisateurs rompus à leur art classique utilisent pour que le spectateur ne se sente jamais lâché. Prises dans le dynamisme et la vitalité ambiants, elles en acquièrent de la pertinence. »
périlleux, et même, acrobatique!
A propos de « Secret of Convict Lake » et d’autres titres cités par Mr Tavernier, je les rattache à un genre rarement directement évoqué, le western noir. On y retrouve les thématiques du film noir en mode western, comme dans Yellow sky, Pursued, Blood on the moon, Station west, Silver Lode, Gunman’ s walk… Et une photographie très visuelle dans le style du film noir.
A Jacques Maltais
Il y a une perméabilité entre les genres qui se moquent des définitions, des barrières établies par les critiques obsédés par les boites.Les scénarios de YELLOW SKY, BLOOD ON THE MOON, STATION WEST sont écrits ou tirés de livres écrits par des auteurs de romans noirs comme WR Burnett ou Luke Short romancier qui tira le western vers le roman noir. Vous auriez pu ajouter FEMME DE FEU, TON HEURE A SONNÉ mais SILVER LODE en revanche est très éloigné des critères du genre avec Allan Dwan n’avait aucune affinité. Le sujet renvoie beaucoup plus au TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS. Idem pour GUNMAN’S WALK(pourtant dirigé par un cinéaste de films noirs) qui touche à de vrais sujets de western dont le problème racial jamais abordé dans le film noir à l »époque, la transmission d’un héritage et l’éducation virile, thèmes propres au western
REPRISAL de George Sherman sorti par Sidonis s’inspire d’un roman sur un lynchage se déroulant après la guerre et que l’auteur transpose dans l’Ouest
A Mr Tavernier, à propos des westerns noirs.
« Femme de feu » et « Ton heure a sonné » sont également sur ma liste de ces westerns noirs, j’en ai recensé une bonne centaine, des titres de Mann aux séries B Jack Slade, le Collier de fer ; Valerie et Fury at showdown de Gerd Oswald…
Mais je suis d’accord avec vous, il y a toujours un certain quota de notion de film noir dans ces westerns, Silver Lode et Gunman’s walk sont thématiquement des westerns mais traités avec une pure dynamique de film noir (mmh Dwan n’était certes pas un habitué du genre, mais lorsqu’il s’y est penché, cela a donné Deux rouquines dans la bagarre).
Et comment vraiment définir un western noir ?
Concernant Ton heure a sonné, j’ai toujours été convaincu que la bagarre finale, très teigneuse, a dû influencer Phil Karlson pour ces futures bagarres également teigneuses de Thunderhoof à Framed en passant par 99 River street. Pour les amateurs de ces bagarres violentes , je viens de découvrir celle de Wild oranges, de King Vidor, réalisé en 1922.
A Jacques Maltais
Mais DEUX ROUQUINES met à mal tous les codes du genre et ne les prend pas au sérieux. Il a même dit qu’il avait voulu les ridiculiser. Il suffit de comparer avec le roman de Cain qu’il adapte
Méfiez vous des « influences ». Karlson avait tourné des bagarres teigneuses bien avant CORONER CREEK dans THE BIG CAT
A Mr Tavernier, concernant Ton heure a sonné.
Oui, la séquence de the Big cat fait partie des premières bagarres violentes de Phil Karlson, mais il me semble que ce film date de 1949, Ton heure a sonné datant de 1948.
A Jaques Maltais
Exact et la bagarre de Coroner Creek reprend fidèlement celle du roman. Ne surestimez pas l’appétit cinéphiles des cinéastes qui voyaient moins de films qu’on le pense aujourd’hui et qui ne se ruaient pas sur une production en apparence de série sauf s’ils étaient dans le même studio, travaillant pour le même producteur
Coroner creek est un film Columbia avec William Bishop, tout comme Thunderhoof de Karlson, c’est pour cela que je me permettais ce rapprochement.
à 1h2 de CAVALIER DE LA MORT/MAN IN THE SADDLE intervient une bagarre entre Scott et John Russell durée 3′ qui démarre dans une cabane qui finit par s’écrouler sous les coups des combattants (Russell à un moment tente d’étrangler Scott en le plaquant par derrière contre un pilier)!, ils en sortent pour poursuivre sur une pente suivant une cascade, continuent à se cogner tout en dévalant la pente jusqu’au bas, pendant ce temps, l’héroïne les suit avec un fusil, trébuche et se dévale toute la pente en roulé-boulé!
désolé si j’ai déjà décrit cette bagarre sur une autre page…
Le western est un genre rigide et codé et monovalent dans la tête des ignorants, il y a des westerns historiques, noirs donc, épiques, romantiques (WONDERFUL COUNTRY avec cette conversation déchirante à la fin entre London et Mitchum), psychologiques et que sais-je… comiques tiens!
A MB. Voire des westerns fantastiques (CURSE OF THE UNDEAD)…
A Mr Tavernier. Il est vrai qu’il y a moins de films noirs traitant directement du problème racial que de westerns. Phil Karlson avait abordé le sujet (avant GUNMAN’S WALK) dans THE PHENIX CITY STORY. On peut aussi penser aux drames BLACK LEGION et STORM WARNING sur le KKK, PINKY, ou encore NATIVE SON.
A Jacques Maltais
Mais ni PINKY ni NATIVE SON (même si Richard Wright influença Jim Thompson) ne sont des films noirs (NATIVE SON est d’ailleurs tourné en Argentine par un français) mais des drames sur fond de racisme lequel avait été abordé dans des westerns muets
L’excellent STORM WARNING s’en rapproche un peu plus mais le Studio exigea que le KKK ne s’attaque pas au noir mais aux étrangers
Oui, j’ai bien écrit drames devant ces titres.
A MB
Oui, elle est bien cette bagarre du CAVALIER DE LA MORT.
Lorsqu’elle a lieu à l’intérieur de la cabane, c’est plus routinier avec les cascadeurs bien visibles mais ce prolongement à l’extérieur sur ce terrain pentu et enneigé contribue à imprimer le film dans la mémoire. Là, De Toth a trouvé un extérieur intéressant (et le roulé boulé de l’héroïne est super).
A Alexandre Angel
C’est une idée de De Toth qui a du la négocier pendant plusieurs jours avec la production car cela sortait de la routine
à AA: incroyable je n’ai jamais remarqué les cascadeurs! bon public… euh… plus routinier un peu mais Russel qui essaie d’étrangler Scott en se servant du pilier quel teigne celui-là!
Le point génial est que s’ils se battent en plein air c’est pas pour s’aérer c’est qu’ils ont carrément détruit la cabane! (je m’excuse d’insister) il y a aussi le détail de l’héroïne qui ne peut aider Scott en saisissant un fusil, celui-ci se trouvant coincé sous les débris (2 plans), ce genre de détail concret, de difficulté rajoutée est assez singulière. De Toth aime ajouter des détails de difficultés matérielles que d’autres évitent pour des raisons dramatiques, et que lui saisit, également pour des raisons dramatiques!
J’imagine le cascadeur qui a dû remplacer l’héroïne, travesti en femme entre les prises! je ne crois pas qu’il y avait déjà des cascadeurs femmes à l’époque. Dans LA CONQUETE DE L OUEST il y a eu pas mal de cascadeurs travestis dans un doc on en voit un qui chute d’un chariot on voit les poils sur les mollets! (doc sur le tournage).
à Bertrand: je ne retrouve pas ici mon petit avis sur WOMAN IN A DRESSING GOWN deuxième chef d oeuvre de ma semaine avec GIBIER DE POTENCE mais je crois l’avoir lu… encore un coup de Olrik.
Par contre il me semble que la barre de recherche inclut aussi les contenus des commentaires maintenant, si oui c’est cool.
A MB
CES DEUX TEXTES SONT DES MODÈLES D’ANALYSE DE CES TEXTES ET JE VOUDRAIS EN CITER DEUX LIGNES DANS CENT ANS. Pourquoi ai je tapé cela en majuscule ?
à Bertrand: in 100 years? My dear sir the whole pleasure is mine comme dirait Zaroff!
très heureux…
à J Maltais: on a vu des westerns s’exprimer dans pas mal de genres mais tout ne marche pas, le fantastique ne fonctionne pas, même la comédie fonctionne mieux voir les deux Burt Kennedy avec James Garner ou BLAZING SADDLES dans lequel même les anachronismes ne choquent pas plus que ça!
A MB / comédie western.
LA VALLEE DE LA POUDRE est une de mes comédies western préférée, réalisée par le routinier George Marshall, habitué du genre. Glenn Ford et Shirley Mac Laine forment un couple inoubliable au sein d’un conflit entre éleveurs de moutons et éleveurs de bêtes à cornes.
André de Toth est un réalisateur étonnant, dont l’écriture cinématographique très souvent recherchée permet la réalisation de nombreux excellents films dans des genres variés, westerns donc, polars, films de guerre, mélodrames, horreur fantastique,… Toute cette période depuis 1943 est globalement disponible, mais je n’ai jamais vu un seul de ses films hongrois, OT ORA 40 m’intrigue particulièrement. Je n’ai aucun écho de mon côté sur cette période hongroise qui peut être intéressante.
A Jacques Maltais
2 Filles dans la rue a été restauré par la Film Foundation et présenté à Cannes et il y a eu beaucoup d’articles. Il est trouvable peut être sur le site de la Film foundation ou peut être celui de la cinémathèque hongroise. Je crois que c’est le meilleur. SEMMELWEIS est décevant, hâtif, tourné trop vite. C’est celui qu’il achève juste avant de quitter le pays. LA VALLÉE DE LA POUDRE doit beaucoup au scénario de William Bowers, Marshall étant un réalisateur sympa (Glenn Ford l’adorait et dit même qu’il lui a beaucoup appris. Ils ont fait TEXAS ensemble non ?) mais parfois routinier comme vous dites
à J Maltais
ça va être difficile de découvrir ce VALLEE DE LA POUDRE, un dvd Warner Archive sans st, et des éditions étrangères à des prix prohibitifs, attendons Sidonis (sauf si problèmes de droits).
A MB
Oui c’est un film MGM qui en principe ne sous traite pas, préférant qu’une oeuvre disparaisse plutôt que de la voir exploitée par d’autres en en tirant juste un petit profit.
J’en profite pour m’étonner, en cette période de confinement, du très petit nombre de post de votre part. Je pensais être submergé mais depuis qu’on doit rester chez soi, rien. Rien sur les sorties récentes, les derniers SIDONIS en BlueRay de L’ATTAQUE DE LA MALLE POSTE (absolument formidable. Découpé comme du Lang) au JARDIN DU DIABLE, du remarquable MIDI GARE CENTRALE au DESTIN EST AU TOURNANT, l’un des meilleurs films de Richard Quine. Rien sur LA VERSION BROWNING sorti par Doriane ou AVEC ANDRÉ GIDE. Le grand désert. Cher Rouxel, vous allez bien, j’espère
Je ne rachète pas forcément en bray les films que j’ai déjà en dvd. Sans faire du misérabilisme (je ne suis pas du tout pauvre) je n’arrête pratiquement pas d’acheter mais quand je vois les prix des br Sidonis (souvent br + dvd pourquoi les 2 pour faire monter le prix? jamais eu de réponse à ça) j’hésite! franchement mon porte-monnaie est toujours ouvert mais pas forcément pour les films dont vous parlez ici sur cette page. Je rôde sur les vieilles pages et j’écume ce que j’ai loupé (récemment j’ai parlé de WOMAN IN A DRESSING GOWN commentaire perdu ou c’est que j’ai abusé sur le Old Kentucky) et trouve des films d’occase pas trop chers, ça me permet d’en acheter plus.
RAWHIDE/LA MALLE POSTE est un chef d’oeuvre qui peut rejoindre votre réflexion sur le western-noir avec un acteur anti-Wayne ou Douglas, T Power en personnage à peine grandi et peu sûr de lui. j’adore Hugh Marlowe acteur discret et mal servi en méchant! très bon choix de distribution (on peut dire la même chose de Hayward, mais elle a été mieux servie).
J’espère que 100 ANS ne sera pas trop retardé et comment va Rouxel?
A MB
100 ans avance et le virus ne peut stopper ce travail de titan que l’on peut maintenant faire à distance. Et les oeuvres ne sont pas contagieuses