Films Pré-Code signés Capra et Lubitsch et cinéma français (de Canonge, Boyer, Autant-Lara…)

2 mars 2015 par - DVD

Films Pré-Code

Coffret « The Early Capra »
earlycapraNous avions passé sous silence FORBIDDEN, pourtant le meilleur des quatre films que Capra tourna avec Barbara Stanwyck à cette époque. Le dialogue rapide, inventif de Jo Swerling d’après une histoire de Capra, la mise en scène aiguisée, rapide, elliptique, éliminent  ou font oublier tout ce que ce mélodrame qui explore des sentiers très fréquentés, de BACK STREET à NOW VOYAGER, pourrait avoir de convenu et surtout de sirupeux : héroïne ultra malchanceuse, coups du sort, intrigues inextricables à base d’adultère, d’enfant illégitime, de corruption politique. D’ailleurs en 1935, les tenants du Code interdirent la ressortie du film, jugé immoral et indécent. Capra épure ces ingrédients, les transcende, leur donnant une vitalité, une rigueur dramatique qui touche au sublime. On trouve dans ce coffret d’autres films passionnants  comme RAIN OR SHINE qui m’avait fait pleurer de rire et qui est montré ici, partiellement, en deux versions. Et bien sûr tous ceux qui sont joués par Stanwyck, de MIRACLE WOMAN, rencontre de Capra et Riskin et l’un des rares films à s’en prendre aux prédicateurs style Elmer Gantry, en l’occurrence une prédicatrice (la fin hélas pactise avec la censure), THE BITTER TEA OF GENERAL YEN, fort bon mélodrame avec histoire d’amour interraciale

Coffret « Les musicals de Lubitsch » chez Criterion (pas de sous-titres francais)
lubitschmusicalsCe corpus de films se révèle absolument enthousiasmant. Tous portent de manière flamboyante la marque de leur auteur. Même le plus faible, MONTE CARLO – desservi par Jack Buchanan, comédien et chanteur adroit, à l’aise dans les gags visuels (qui triomphera des décennies plus tard dans THE BANDWAGON) mais totalement dépourvu du charme et du charisme de Maurice Chevalier et surtout dépourvu de sa manière de jouer avec les sous-entendus équivoques, les double sens, les expressions françaises – nous offre plusieurs moments charmants et des scènes fort bien dirigées. Dès THE LOVE PARADE, on voit que Lubitsch contrôle admirablement tous les problèmes du cinéma sonore qui vient tout juste de naître : il utilise les apartés, les chevauchements de dialogue, passe dans le même plan du parlé au chanté. Il flirte constamment avec les interdits, accumule les allusions sexuelles et impose une seule forme de suspense : quand le héros et l’héroïne vont-ils coucher ensemble (ou recoucher dans le cas de ONE HOUR WITH YOU où Chevallier et McDonald sont mariés, ce que l’on découvre dans l’une des premières séquences, celle du parc, hilarante, qui suit les conseils en vers scandés par le chef de la police à ses hommes) ? Le sexe est le seul moteur dramatique de ces films et il est abordé avec une décontraction exempte de tout esprit de culpabilité. Jeanette MacDonald qui chante fort bien, est de plus, adorablement sexy. On la voit constamment en nuisette, en combinaison ou dans des déshabillés vaporeux. C’est à ma connaissance le seul film où on la voit  fumer, durant la merveilleuse scène où elle dévore (déguste) un rapport de police énumérant les conduites scandaleuses du Comte. Lupino Lane et Lillian Roth (cette dernière très vive, très sexy) forment un couple de domestiques désopilants qui décalquent avec génie la conduite de leurs maîtres. Dans THE SMILING LIEUTENANT, Lubitsch brodera des variations encore plus raffinées et audacieuses : c’est la maitresse du héros, une violoniste (épatante Claudette Colbert) qu’il a ravie à son meilleur ami (« Plutôt que de prendre le thé, nous devrions dîner et ensuite petit déjeuner » – « Non d’abord le thé. On verra plus tard pour le dîner et le petit déjeuner ») qui va apprendre à la femme de ce dernier, la princesse de Flausenthurm (adorable Miriam Hopkins), ce qu’il faut faire pour séduire son mari : changer d’allure, de vêtements, ce qui nous vaut une chanson étonnante, aux lyrics très audacieux « jazz up your lingerie » d’Oscar Strauss et Clifford Grey, chantée par Colbert et Hopkins puis jouée au piano par cette dernière. Colbert proclame qu’il faut arborer des sous-vêtements sexy et ce genre de notations disparaîtra du cinéma américain dès 1934. La transformation de Miriam Hopkins est un pur délice et le jeu de séduction entre elle et Chevalier reste un moment inoubliable.

Autres films américains

L’ORCHIDÉE BLANCHE (SIDONIS)
Cette histoire d’une concertiste atteinte de tuberculose et tombant amoureuse d’un docteur et  d’un pilote automobile présente de vraies ressemblances avec BOBBY DEERFIELD, ce qui est logique car le film s’inspire d’une nouvelle d’Erich Maria Remarque que ce dernier transforma en roman, source du Pollack. Ce qui frappe ici est le traitement feutré, retenu qu’impose de Toth qui tranche sur les canons du genre : les personnages ne se cachent rien et sont tous traités avec empathie, même Richard Conte qui apparaît d’abord comme le prototype du séducteur et qui se révèle attachant. Les acteurs parlent doucement comme chez Tourneur, les coups de théâtre sont ellipsés ou traités avec sobriété. Il faut dire que les trois acteurs principaux, David Niven, Conte et Stanwyck, effacent tout ce que l’histoire pourrait avoir de sirupeux. On est plus près de John Stahl que de Sirk. Les quelques éclats (Gilbert Roland qui essaie de violer Barbara Stanwyck) tenant davantage du film noir tout comme certains cadrages et la belle photo de Victor Milner. L’émotion surgit discrètement, par surprise.  Bonne musique de Miklos Roscza.

orchideeblanche  limpitoyable

RUTHLESS/L’IMPITOYABLE (Sidonis)
Un des meilleurs Ulmer, un de ceux, avec THE STRANGE WOMAN, CARNEGIE HALL et LE PIRATE DE CAPRI, où il bénéficia d’un budget sinon considérable du moins très suffisant : décors imposants, très belle photo de Bert Glennon, distribution assez riche avec de nombreuses semi-vedettes dont le contrat avec un studio venait d’expirer : Louis Hayward, Zachary Scott, Diana Lynn, Sidney Greenstreet, Alvah Bessie, un des 10, a participé activement sans être finalement crédité au scénario de RUTHLESS d’Ulmer. Là encore un très beau DVD et une version complète. Le film est très réussi avec certaines tirades sur Wall Street, certaines pratiques peu évoquées à l’époque (Zachary Scott  – excellent, un de ses meilleurs rôles – est proche du héros du LOUP DE WALL STREET),  avec des personnages de femmes qui sont forts, bien écrits et très bien joués, notamment par Lucille Bremer et Martha Vickers. Sidney Greenstreet est impressionnant, balzacien notamment dans ses citations bibliques. Et Raymond Burr, déjà. Je n’avais jamais noté que la musique était « supervisée » par Paul Dessau (MÈRE COURAGE), le terme s’expliquant par des histoires de syndicat. Il écrivit aussi THE WIFE OF MONTE CRISTO.

Films français

Saluons la sortie bienvenue chez Gaumont du JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC de Lara, œuvre indispensable et courageuse. Voilà ce qu’écrivait Michel Cournot dans un magnifique article paru dans l’Observateur : « JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC est un acte civique qui a droit à l’estime parce que luttant à découvert sur un terrain interdit, ce film énonce la vérité sans accommodement ni mesure. … Autant Lara devait faire un film évident non seulement pour qu’il soit vu et compris par les femmes non privilégiées mais surtout qu’il soit marqué au sceau de ces femmes, pétri de la lutte de ces femmes et de leur condamnation. Un film difficile, excentrique, singulier, à propos de cette loi française de 1920, qui fait de l’avortement une obligation et un crime. Un film clair et beau, voilà ce qu’il fallait faire et qui a été fait. »
Le film en effet est remarquable, incroyablement audacieux. La description de l’hôtel miteux où vit une jeune femme qui se fera avorter car elle sait qu’elle ne peut élever un enfant dans cet environnement, est d’une grande force. Tout comme sa réflexion à l’hôpital (où Michel Cournot note que l’on comprend que c’est la première fois qu’elle dort dans des draps blancs et qu’il a fallu qu’elle meure d’un avortement pour qu’elle connaisse ce plaisir) : « Ici, on n’a même pas besoin de se lever pour sentir qu’il fait beau. » Le scénario de Jean Aurenche et René Wheeler, digne, fort, parle de sujets tabous, des années avant la loi Veil.

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UNE FEMME EN BLANC SE RÉVOLTE, écrit par le seul Aurenche, me paraît encore supérieur. Plus dépouillé, plus tendu bénéficiant des extérieurs de province. Le scénario prend le sujet à bras le corps et épingle aussi bien l’absurdité répressive des lois, la lâcheté des hommes, le conservatisme du corps médical. Et l’héroïne prend des positions incroyablement radicales pour l’époque. Voir la scène du dîner où Danielle Volle, excellente, modeste, rigoureuse, soutient des positions qui scandalisent un médecin conservateur et finit par dire à un prêtre qu’elle ne croit pas à l’âme ni à la vie éternelle mais qu’elle défend simplement le droit des femmes.

Films de femmes

Jacqueline Audry a dirigé un petit corpus de films dont certains, comme le signale Jacques Lourcelles, osent aborder des thèmes tabous dans le cinéma français et qu’ils sont les seuls à évoquer à l’époque, en s’abritant souvent derrière le vernis du film à costumes, de la reconstitution ironique de la Belle époque. MINNE L’INGÉNUE LIBERTINE, par exemple parle avec une certaine force de l’insatisfaction féminine. Dans une séquence surprenante, plusieurs femmes essaient de définir l’orgasme (« c’est une balançoire » dit l’une d’elle). Jean Tissier est épatant en vieux noceur libertin qui va se conduire de manière surprenante et Danielle Delorme est piquante à souhait en corset et en déshabillés. Le propos de Colette est respecté même si la fin l’affadit quelque peu. OLIVIA est encore supérieur et décrit l’univers d’un pensionnat de jeunes filles où l’amour et donc l’homosexualité féminine jouent un très grand rôle. Pas de DVD malheureusement pour ce beau film, photographié avec soin par Christian Matras. Ces deux œuvres sont dialoguées avec vivacité et ironie par Pierre Laroche, mari de Jacqueline Audry et collaborateur de Prévert sur LUMIÈRE D’ÉTÉ et aussi, hélas, sur LES VISITEURS DU SOIR. Il me reste à voir GIGI et  MITSOU. J’ai moins d’espoir dans LE SECRET DU CHEVALIER D’EON ou dans HUIS CLOS, adaptation de Sartre avec Arletty.

minneingenue  labanquenemo

LA BANQUE NEMO est le seul film que je connaisse de Marguerite Viel. Ecrit par Louis Verneuil d’après sa pièce, le scénario est très proche de celui de l’excellent AVEC LE SOURIRE de Maurice Tourneur : l’ascension d’un arriviste qui foule aux pieds tous ceux qui l’aident. Mais ici la mise en scène est souvent indécise, lourde est très inférieure à celle de Tourneur, avec une direction d’acteur très inégale (Bergeron, souvent formidable, en fait des tonnes). Victor Boucher s’en tire et il est l’atout du film avec le comédien qui joue Nemo. Il y a quelques audaces dans la description des scandales financiers, notamment une scène de conseil de ministres qui fut coupée à la sortie.

Films de Maurice de Canonge
POLICE JUDICIAIRE est une plaisante surprise. Une relation sobre, presque documentaire de la vie quotidienne au 36, que l’on ne quitte guère, même pour visiter des scènes de crime. Je ne m’attendais pas à cela de de Canonge, metteur en scène souvent consternant et d’une rare paresse (ARÈNES JOYEUSES, TROIS DE LA MARINE). Même UN FLIC ne m’avait pas convaincu. Et là tout sonne juste, les acteurs jouent sobrement. Je n’avais vu qu’un seul film regardable dirigé par lui (c’était un ancien flic). Il est aussi bon qu’IDENTITÉ JUDICIAIRE de Hervé Bromberger, sinon meilleur. Et Paul Vecchiali dit beaucoup de bien de L’HOMME DE LA JAMAÏQUE, de THÉRÈSE MARTIN et de MISSION SPÉCIALE.

policejudiciaire

Comme me l’écrit Jean-Marc Berlière, historien remarquable dont il faut lire les passionnants ouvrages [dont le très décapant pamphlet L’Affaire Guy Môquet – Enquête sur une mystification officielle, Larousse, Paris, 2009 (avec Frank Liaigre) et Liaisons dangereuses : miliciens, truands et résistants (été 1944), Librairie académique Perrin, 2013 (avec F. Le Goarant de Tromelin) ; Histoire des polices en France de l’Ancien Régime à nos jours, Nouveau Monde éditions (avec René Lévy), 2011 – réédition revue et augmentée en format de poche en 2013 (même éditeur) ; Ainsi finissent les salauds : séquestrations et exécutions clandestines dans Paris libéré, Robert Laffont, 2012 (avec Franck Liaigre)] : « C’est avec L627 et LE PETIT LIEUTENANT le meilleur film, le plus fidèle et réaliste que j’ai vu sur le travail quotidien de la police et en l’occurrence de la PJ-PP dans les années 1955… Reconstitution à la limite du documentaire, galerie époustouflante d’acteurs et de « silhouettes » pour TOUS les rôles…  Seule faiblesse : l’invraisemblable faute professionnelle commise par le flic incarné par Yves Vincent (qui met en présence deux accusés sans leur avoir au préalable fait signer leur PV…), mais le reste est criant de vérité. »

Merci de ce conseil avisé.

Ce à quoi souscrit mon ami Jean Olle Laprune : «  Effectivement POLICE JUDICIAIRE est une vraie surprise : le ton est inhabituel et sobre, les personnages assez nombreux sans que l’on se perde. Et on suit toutes les intrigues avec intérêt, y compris les problèmes conjugaux d’Yves Vincent. Quand on pense que le même réalisateur faisait l’année précédente TROIS DE LA MARINE avec Merkès et Merval, que je n’ai pas vu, mais dont on peut penser que l’ambition ne l’étouffait pas… En tout cas le dossier Canonge mérite un coup d’œil. »

Lhomme-De-La-Jamaique

L’HOMME DE LA JAMAÏQUE est en effet un film étrange : une histoire d’aventures avec pas mal d’extérieurs à Tanger, un Pierre Brasseur en aventurier vraiment sobre (en revanche Georges Tabet qui joue Lopez avec un faux accent est exécrable ce qui tranche sur le reste de l’interprétation) : trafics de devises et d’armes, traîtrises en tout genre et brusquement le film bascule vers le mélodrame sur fond de lèpre (Caussimon joue, très bien, un médecin qui soigne les lépreux). Le dernier quart est plutôt réussi dans un registre original.

Je voudrais revoir MISSION SPÉCIALE (souvenir d’une 16 mm de Franfilmdis projeté chez Sarde) dont Vecchiali (3 coeurs) dit qu’il est très supérieur à L’ARMÉE DES OMBRES et qu’il ne comprend pas l’obscurité  de ce film.

Jean Boyer
unmauvaisgarconDe mon ami Jean Olle Laprune : « Je viens de revoir UN MAUVAIS GARÇON pour qui j’avoue j’ai la plus grande sympathie ! Le film transpire la bonne humeur. Les clins d’œil aux clichés du moment se succèdent (l’apache, la cuisinière, l’avocat), l’abattage de Danielle Darrieux, celui d’Alerme et même je trouve d’Henri Garat, font tout passer et les chansons arrivent quand il le faut. Tout ceci est réjouissant même si la chute est disons un brin conservatrice, les apparences sont sauves…
J’ai la même indulgence pour LA MADELON, même si franchement, le film est quand même plus nanar et bien moins mis en scène. La paresse en est parfois gênante et le sujet vraiment démodé. Il devait déjà l’être à l’époque mais là, c’est un peu trop ! Mais il dégage une telle jovialité, une telle volonté de distraire et de faire rire que j’ai quand même éprouvé de la sympathie pour ce curieux objet. Même si le jeu de Jean Richard est embarrassant, Line Renaud est pour le coup très présente et imprime l’écran. »

Je dois dire que je partage l’enthousiasme de Jean pour UN MAUVAIS GARÇON, excellente comédie écrite et réalisée par Jean Boyer. Darrieux est merveilleuse et sa version de la chanson titre est anthologique. Alerme est extrêmement amusant en père précautionneux qui se piège lui-même et Henri Garat est meilleur que dans tous les autres films où je l’ai vu.

PRENDS LA ROUTE est tout aussi épatant. Ici encore toutes les chansons sont écrites par George Van Parys et Jean Boyer et beaucoup sont délicieuses (il y a toujours un passage à niveau).Boyer fait chanter les acteurs dans le touring club anticipant sur Jacques Demy ou en extérieurs avec de longs travellings. Il fait intervenir des photos et des portraits qui reprennent le refrain et Pills, Tabet et Claude May ont le sens du rythme.

  leurdernièrenuit

LEUR DERNIÈRE NUIT qui a de sérieuses qualités (et malheureusement à la fin un scénario trop lourd avec ce passé de Gabin dont on se fout quel que soit la manière géniale dont il le dit). On trouve deux ou trois séquences d’action bien filmées (le meurtre de l’indic, la poursuite dans l’usine et surtout la manière dont Madeleine Robinson découvre qu’il est blessé avec ce raccord dans la glace très élégant). Et Gabin est très crédible en bibliothécaire.

Une surprise
LES CLEFS DE BAGNOLE est en effet un film diablement original, souvent cocasse avec des trouvailles hilarantes (quand Baffie explique à Russo que sa scène d’amour est coupée parce que c’est une ellipse). Le film fourmille d’idées, de gags qui parfois tombent à plat mais c’est la loi du genre quand on mitraille tous azimuts. Quelques lourdeurs ici et là, des plaisanteries scato pas terribles mais aussi des plans surprenants, Depardieu très sobre en fromager. L’explication face aux producteurs est un moment d’anthologie.

clefsdebagnole

Et profitons de l’actualité de TIMBUKTU, œuvre forte et adulte qui prend une allure prémonitoire après la tuerie de Charlie Hebdo (là on lapide, on assassine des jeunes coupables de faire de la musique), pour citer et revoir les autres films de Sissako : EN ATTENDANT LE BONHEUR, BAMAKO…

en attendant le bonheur  bamako

Commentaires (212)

 

  1. […] son blog, Bertrand Tavernier indique : « Jacqueline Audry a dirigé un petit corpus de films dont […]

  2. Bella dit :

    choix de carrière

  3. MB dit :

    LE JOURNAL D UNE FEMME EN BLANC est en effet surprenant après une 1ère demi-heure qui m’a fait craindre trop de convention. On craint des personnages trop opposés, comme ce médecin arrogant et grande gueule et carabin typique (Jean Valmont) qui assène un discours cassant, puritain et pro-famille à la jeune femme qui voudrait avorter, mais finalement c’est la description de l’héroïne progressiste qui au lieu de s’opposer fortement à lui et de corriger ce discours, apparaît contrasté par sa propre faiblesse face à lui. De même le premier se révèle par après par sa conviction professionnelle et peut-être sa tendresse pour l’héroïne (Marie José Nat), comme pas si inhumain que ça et on sent que son sermon du début était peut-être là par pure bravache macho de séduction. Comme l’intrigue se resserre des mois plus tard sur le cas de la même jeune femme qui a été obligée d’avorter, du coup atteinte du tétanos, c’est la machine médicale qui devient passionnante à observer. Logiquement, la maturité se révèle en douceur sur une héroïne un peu trop effacée, mais qui refuse le mariage et l’exil doré au Maroc, pour rester en France et on le devine, assumer ses convictions avec plus de force. Voilà comment Autant-Lara, Wheeler et Aurenche, les pieds dans le réel, abordait en 1965 la vie sociale de la France de la même époque quand le gros de la NV racontait des bluettes sentimentales dans des bulles bien fermées, tout en méprisant les premiers! Hâte de voir UNE FEMME EN BLANC SE REVOLTE avec Claude Volle dans le rôle de Nat.

    • MB dit :

      … et il s’agit de DANIELLE Volle!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A MB
      Merci de cette belle analyse

      • MB dit :

        merci Bertrand j’ai oublié de citer l’évolution de l’impression que fait chez le spectateur le personnage de Claude Gensac que je n’ai jamais vue ainsi et qui paraît matérialiste et cynique mais qui se redresse dans notre impression lors d’une formidable scène d’accouchement, elle disparaît ensuite de l’histoire. En fait, il semble que dans ce film le professionalisme de personnages transcende ou rachète leur côté désagréable a priori.
        Dans la scène de l’accouchement, l’actrice est formidable qui se force à faire naitre un bébé qu’elle veut appeler « Indésiré »!

        Et d’où sort cette phrase grave et incroyable immergée dans la glaise de la vie réelle: « Est-ce qu’il a tout? »!!!

  4. Martha dit :

    Je vous remercie! Ceci est un article très intéressant. D’ailleurs, je l’aime vraiment le travail de Sydney Pollack. À mon avis, son meilleur travail est « Souvenirs d’Afrique » ( http://fullstream.co/3547-out-of-africa-souvenirs-dafrique-1985.html ). Vous aurez certainement besoin de voir ce film!

  5. Gil-Marcou dit :

    Bonjour,
    Le Journal d’une femme en blanc est certainement l’un des premiers films montrant une scène de mort avec toute sa dure réalité clinique ainsi q’une dénonciation des risques de l’avortement. En 1965 il fallait l’oser. Je crois que seul le discrédit dont souffrait Autant-Lara a pesé sur le manque de renommée du film.

  6. […] et d’une grande légèreté historique (déjà à l’époque ce secret était éventé). Audry est empotée avec l’écran large dont Henri Alekan ne parvient pas à se dépêtrer. Les décors […]

  7. Sullivan dit :

    Les Greniers de la mémoire, la merveilleuse émission de Karin Le Bail sur France Musique, émission qui fête cette année sa vingtième et dernière année d’existence, est aujourd’hui consacrée à Jean-Roger Caussimon (QUE LA FETE COMMENCE, LE JUGE ET L’ASSASSIN… pour ne parler que des films de BT auxquels il a collaboré) :

    http://www.francemusique.fr/emission/les-greniers-de-la-memoire/2014-2015/jean-roger-caussimon-05-17-2015-15-00

    • Minette pascal dit :

      A A-Angel : J.R. Caussimon, encore un répertoire où les chanteurs et chanteuses d’aujourd’hui pourraient puiser de bonnes idées de reprises.
      J’adore qu’il n’hésite pas à louer les chansons de Marins et les refrains du folklore. Ce n’est pas souvent que quelqu’un a le courage et la hauteur de vue d’en faire autant aujourd’hui…

  8. Rouxel dit :

    Franchement déçu du film de Philippe Labro »Le hasard et la violence »avec Yves Montand,Katarina Ross.Meme si la musique de Michel Colombier nous entraine dans cette histoire d’amour entre un écrivain qui se cherche et cette femme medecin americaine,je n’ai pas pu adhérer à cette bluette surannée.Quelqu’un à t-il vu ce film?

  9. Rouxel dit :

    Scénariste du premier film réalisé par Besson,acteur à ses débuts ou il formait un duo comique durant les années 70(Récho et Frigo),Pierre Jolivet est avant un bon cinéaste qui maitrise de façon parfaite ses sujets.La preuve avec son nouveau film « Jamais de la vie »une chronique sociale sombre et réaliste qui démontre que l’on peut faire du cinéma de reflexion intelligent loin des clichés et des personnages carucaturaux.Déjà avec ses précedents films,je pense à « Fred », »Ma petite entreprise »ou »Le frère du guerrier »avec son acteur fétiche Vincent Lindon,il nous proposait des personnages bruts de décoffrage,plein d’empathie,de sentimantalisme et d’émotions à fleur de peau.dans son nouvel opus on retrouve un ancien délégué syndical qui à purger une peine de prison et refait surface 10 ans après.Je vous raconte pas la suite à part que le personnage central est joué par un excellent acteur belge qui s’investit et s’implique dans des roles de haute tenu et d’épaisseur.J’invite tous les étudiants de La Fémis ou autres écoles de cinéma ,à aller voir ce film au lieu d’essayer de décortiquer et d’analyser les films de Woody Allen,de Spielberg,Lucas,j’en passe et des meilleurs selon les bonnes critiques de l’inteligtsia parisienne boboisants(Laurent Weill,Jacques Morice,Michel Ciment et consort).

    • ballantrae dit :

      SVP ne pas ranger M Ciment dans le même panier que J Morice et consort.

      Ne pas non plus nier l’intérêt d’analyser W Allen ou Spielberg car je crois qu’il y a plus élitiste comme cinéastes!
      Quant à Jolivet ,c’est un assez bon cinéaste qui a pu réussir des films modestes mais bien façonnés tels que Force majeure, Ma petite entreprise ou Fred.Le porter au pinacle n’est peut-être aps un service à lui rendre.

      Quant au Dernier combat, c’est effectivement un exploit car il a contribué à l’unique réussite à ma connaissance de Besson!!!

      En revanche, je suis plus réservé sur le Frère du guerrier malgré une musique ample et magnifique et un très bon V Lindon ( comme d’hab ai je envie de dire car cet acteur a une sacrée constance qualitative que le film soir abouti ou pas).

    • ballantrae dit :

      Actuellement le » bobo parisien » va plutôt gloser sur L’inconnu du lac que sur W Allen et encore je dois avoir un train de retard…

      • Martin-Brady dit :

        le « bobo parisien » n’existe pas, c’est un mythe qui arrange tout le monde, tout le monde l’accuse personne n’en fait partie sauf les autres et pourquoi ne serait-il que « parisien » d’ailleurs? D’autre part L INCONNU DU LAC est un bon film je trouve.

  10. Alexandre Angel dit :

    Mon papa a dû me dire un jour qu’il ne fallait pas trop abuser du terme de « génie » car si trop de gens sont qualifiés de génies, que reste-t-il à ceux qui en sont vraiment?
    Il est possible que Manoel De Oliveira, qui vient de nous quitter dans l’indifférence (prévisible) générale, à l’âge de 106 ans, en était un. Car on ne parle pas ici de cette nageuse japonaise centenaire que j’ai vu hier aux infos, ni de Leni Riefenstahl, pour laquelle je n’avais aucune sympathie, qui faisait, à près de cent ans, de la plongée sous-marine.
    Non, là, on parle d’un artiste du cinéma contemporain qui avait chopé, entre 95 et 105 ans, le rythme abricotier de Woody Allen pour produire un corpus de films stupéfiants d’élégance, d’ironie veloutée et contemplative, et de translucidité plastique. Quand on voyait un film d’Oliveira, on se disait que le cinéma gagnait à être portugais (sic), lusitanien même. On en oubliait même qu’il y avait un directeur de la photo, ou un cadreur tellement les images semblaient directement captées et restituées par le regard du vieux cinéaste. Manoel de Oliveira m’a donné envie d’apprendre le portugais (ce que je n’ai évidemment pas fait) tout comme son cadet, lui aussi décédé, Joao Cesar Monteiro, qui avait un regard similaire, quoique plus anar.
    Le cinéma vient de perdre un grand poète lusitanien.
    Il nous reste à (re)découvrir une œuvre somptueuse, raffinée et capitale, même si pas toujours facile d’accès.
    Et LE VAL ABRAHAM est la plus belle adaptation cinématographique de MADAME BOVARY.

    • Rouxel dit :

      Merci pour ce bel hommage à Manoel de oliveira qui était un virtuose et n’hésitait pas à apparaitre dans ses films.Essayer de voir « Le mystère Angélica »qui est une pure merveille visuelle et un film fantastique.Il y a aussi »Christophe Colomb »un documentaire sur ce navigateur portugais qui vous éclairera de façon concise sur cet homme mysterieux.En dehors de la période muette,tous les films de Oliveira sont disponibles en dvd.

      • ballantrae dit :

        Certains ont durs à trouver notamment Les cannibales qui fut mon premier Oliveira et un choc artistique!

    • ballantrae dit :

      Oliveira est grand et le cinéma portugais aussi: citons M Gomes, P Costa, Paulo Rocha , J Bothelo et qqs autres que j’oublie…

    • Alexandre Angel dit :

      Toujours au sujet de Manoel, je ne sais si il existe un ou plusieurs livres lui étant consacré. Je crois que oui mais rien qui saute à la gueule comme pourrait l’être un ouvrage de la collection « Auteurs » des Cahiers du Cinéma, qui l’ont porté aux nues depuis bien longtemps déjà. Il devait donc logiquement échoir aux dits Cahiers de rendre au cinéaste un digne hommage. C’est chose faite avec le dossier du numéro de Mai qui est d’ores et déjà à classer parmi les éléments bibliographiques incontournables consacrés à l’artiste portugais.

      • Alexandre Angel dit :

        La collection « Auteurs » des Cahiers a édité en 1996 un livre d’entretien dont le titre est CONVERSATION AVEC MANOEL DE OLIVEIRA, par Antoine de Baecque et Jacques Parsi. Ce n’est pas l’unique ouvrage qui lui a été consacré mais il est celui qui m’attirerait le plus. Mais un ouvrage un temps soit peu actualisé (n’oublions pas qu’entre 1996 et 2012, il y a eu presque un film par an), il n’y en a pas. D’où l’indispensable dernier numéro des Cahiers du Cinéma.

  11. Emmanuel Vaillant dit :

    Je ne retrouve pas le message lu sur une page précédente, où celui qui s’exprime dit qu’il n’arrive pas à mémoriser les films d’Almodovar. J’ai exactement le même problème, tout comme avec Woody Allen, pour ne citer que ces deux-là. Les films, qu’ils soient de grands films, ou de petits films de rien du tout, sont ceux dans lesquels ont repère au moins une scène qui n’appartient qu’à ce film. Je n’oublierai jamais les daubes de Philippe Clair à cause de la démarche d’Aldo Maccione, et même si c’est con comme la lune, c’est inoubliable. Et pour citer un de vos films, Bertrand, L’HORLOGER DE St PAUL s’est gravé dans ma mémoire à tout jamais, à cause de la scène où Noiret ne veut pas traverser une rue vide, pour ne pas se mettre en contravention. C’est ce genre de scène, qu’on ne peut pas reproduire ailleurs, qui donne une identité à un film. Almodovar ne sait pas faire ça, mais là où je rejoins l’auteur du message, c’est qu’il appartient (avec Blier, Tarantino, Fellini, et une poignée d’autres) à cette espèce de cinéaste qui n’exploitent pratiquement que des situations casse gueule. Dans un de ses films (je ne sais plus lequel) j’ai vu Miguel Bosé en travelo en train de chialer assis sur un escalier, et je me suis dit que ce que je regardais là était complètement grotesque. Sauf qu’Almodovar a fait taire mon rire moqueur, par son esthétique. Almodovar a retenu une leçon, à mon avis enseignée par Sergio Leone. Qui y a t’il de plus grotesque que de voir des types qui se regardent pendant dix minutes en caressant les chiens de leur révolver, avant de dégainer ? Pourtant, aucun spectateur au monde n’a rit devant de telles images. Chez Almodovar, la lumière, la couleur, sont là pour nous intimider (au cas où) tout comme les premiers plans sonores, et les musiques, qu’Almodovar utilise comme Sergio Leone le faisait. Dans ATTACHE MOI, il a d’ailleurs utilisé Morricone avec une optique très Léoniene.

  12. J.Jacques dit :

    Y a-t-il ici des défenseurs de Michael Mann ? Jean-Baptiste Thoret, brillant exégète qui m’a ramené vers des films sur lesquels j’étais passé un peu vite, s’enflamme sur le sujet Mann, notamment dans la captation d’une projection débat, au sujet de MIAMI VICE. Un film qui, selon lui, décrit une société mondialisée, déshumanisée, où le crime et la loi se confondent, où les truands ressemblent à des hommes d’affaire, où les personnages sont en perpétuelle fuite vers un ailleurs qu’ils n’atteignent jamais… Je me suis dit « tiens, il faut que je revois ça d’urgence » pour contredire l’ennui profond que j’avais éprouvé à la première projection. Cette deuxième vision a sans doute été plus éprouvante que la première, parce que j’ai pu constater, en plus de l’ennui, à quel point ce film est laid visuellement, en plus d’être bourrés de clichés narratifs, et joué par deux acteurs au charisme, dirons-nous, problématique. Même enthousiasme Thorien au sujet de REVELATIONS, qui est probablement un des films les plus assommant qu’il m’ait été donné de voir depuis les pensums de Stanley Kramer. Tout est faux là dedans, tout est supercherie, tout est faussement esthétisant, et le scénario pause plusieurs problèmes qu’il ne cherche pas à résoudre. La femme de Russel Crowe est progressivement abandonnée, alors qu’elle est un élément capital de l’histoire. Pacino fait du Pacino, mais Crowe est en revanche excellent, et je prends toujours plaisir à revoir Christopher Plummer, qui d’ailleurs, ressemble de plus en plus à Philippe Tesson. Mais quel est le sujet de ce film au fond ? Les médias sont contrôlés par la finance ? Sans blague ! La nicotine est un poison ? On m’aurait menti alors ? Et là aussi, qu’est ce que c’est laid visuellement. Sur un sujet similaire, je préfère de loin revoir MILLE MILLIARDS DE DOLLARS, de Verneuil. Je ne reviendrai pas sur HEAT qui, pour moi, n’est qu’un prétexte à réunir Pacino et De Niro, avec l’inévitable scène où ils doivent se rencontrer pour échanger des banalités. Je me suis procuré tous les Mann, heureusement à vil prix, et je crois que je vais attendre un peu avant de voir les autres. Je n’ai pas encore vu ALI, ni PUBLIC ENEMY. Dois-je m’abstenir si je n’ai pas aimé les autres ? Mann est-il une fausse valeur ? Ou bien c’est moi qui n’ai définitivement pas accès à son univers ?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A j jacques
      Je pense que vous devenez aussi systématique que Thoret mais dans le sens opposé. Si je vous suis sur MIAMI VICE, je ne suis pas d’accord sur REVELATIONS : le film est assez passionnant en ce qui concerne le pouvoir des trust pour détourner, corrompre la loi, se moquer des morts qu’ils causent. C’est un sujet qui est au coeur de la démocratie. Et je trouve le film brillant (la reconstitution de Beyrouth au début) et passionnant. Comme vous HEAT me laisse de glace et j’y vois un film très référentiel qui recycle du Melville lequel lui même recyclait du Robert Wise avec comme camouflage cet esthétisme de bon ton mais ALI dans mon souvenir avait des qualités tout comme THIEF. J’ai détesté PUBLIC ENNEMY, scénario d’une faiblesse insigne, élaboré pour des ados. Je n’ai pas vu le dernier

      • Sullivan dit :

        Le dernier Mann, HACKER, est un bijou qui invente à nouveau quelque-chose. Il sera pillé et copié comme d’habitude. Et sans dénigrer qui que ce soit, je commence à comprendre que sur le sujet Mann, on ne sera jamais d’accord. J’ai l’impression qu’il faut avoir entre 20 et 50 ans pour apprécier à fond la filmographie de ce grand d’aujourd’hui. Quoique vous en disiez, vous, les détracteurs du cinéaste, c’est un type qui a un style. Un style qui se reconnaît après seulement quelques images. La bande son est toujours enveloppante et très bien trouvée. A ce sujet, Thierry Jousse a réalisé un super « Blow Up », qui me donne envie de revoir tous les longs métrages de Michael Mann, chose que je fais quasiment une fois par an :

        https://www.youtube.com/watch?v=QsGrLxnDU3o

        Ce n’est pas une apologie, mais une approche honnête et très drôle dans sa présentation, ça dure 8 minutes. Et franchement, ne ratez pas ça, que vous aimiez ou pas le cinéaste de HEAT et du DERNIER DES MOHICANS.

        • Alexandre Angel dit :

          A Sullivan
          Ça vaut quoi LA FORTERESSE NOIRE ? Je l’ai vu à sa sortie, l’avait trouvé nul mais c’était il y a 30 ans et je ne ferais pas confiance à ce jugement non révisé depuis.

        • Sullivan dit :

          A Alexandre Angel : Comme vous, je n’ai pas aimé LA FORTERESSE NOIRE lorsque je l’ai vu il y a quelques années de cela. Je ne demande qu’à le revoir s’il sort enfin en DVD et/ou Blu Ray, ce qui n’a jamais été le cas. C’est le seul film de Mann qui m’aie ennuyé à mourir ! Et je me marre, sachant que d’autres le considèrent comme son meilleur long. Mais je respecte évidemment cela.
          La vidéo de Thierry Jousse qui parle de « monstre blanc aux yeux rouges » avec lequel il a envie de rester « jusqu’au bout de la nuit… jusqu’au bout de la nuit », entité qui lui fait penser « à la barbe du Père Noël », m’a carrément donné envie de le revoir !

      • Pierre dit :

        A Bertrand Tavernier
        Bonjour Monsieur,
        Oserais-je dire que je ne comprends pas cette sévérité à l’égard de Michael Mann ?
        Pour moi, il est un des grands auteurs américains de ces dernières décennies et Heat est sa plus grande œuvre.
        Ce film me parait être bien plus qu’une simple référence à Melville camouflée par un esthétisme de bon ton. En dehors du fait que, comme certains films de Melville, Heat respecte à la lettre les codes du film criminel, je ne vois d’ailleurs pas de rapport.
        Heat tire sa source de plusieurs écrits et témoignages d’anciens policiers et gangsters américains, comme par exemple les ouvrages d’Edward Bunker (une matière que Michael Mann travaille depuis les années 70, durant lesquelles il avait aidé Ulu Grosbard à l’adaptation du « récidiviste » avec Dustin Hoffman). C’est un film de 3h dont le tiers des scènes (au moins) est consacré à des séquences de couple, ce qui n’a d’équivalent dans aucun des policiers de Melville (ce n’est pas une critique). Mann est obsédé en premier lieu par la véracité de tout ce qu’il montre à l’écran (les procédures des policiers, leurs modus operandi, leurs matériels) ; je crois que l’approche de Melville était différente. Par ailleurs, Heat se déroule à Los Angeles et il me semble que cet environnement est essentiel pour un film comme celui-ci, dont le propos tient autant aux personnages qu’à la ville qui les entoure.
        Bref, Melville a certes été un cinéaste essentiel dans le genre criminel, genre dans lequel s’inscrit clairement Heat. Mais je ne vois pas en quoi cela devrait reléguer le film de Mann au statut de copiage.
        Quant à l’esthétique de Michael Mann, je ne sais pas si elle est de bon ton. Aujourd’hui, beaucoup l’imitent (cf récemment le très bon « nightcrawler » de Dan Gilroy), mais en 1996, je ne crois pas que beaucoup de films l’adoptaient. A titre d’exemple, si l’on compare Heat aux nombreux films criminels américains des années 90, je n’en vois aucun qui, esthétiquement, lui ressemble, ni carlito’s way, ni goodfellas, ni donnie brasco, pour prendre certains parmi les plus beaux.
        J’ajoute que le travail sur le son me semble novateur et les choix musicaux audacieux.
        Quant au casting, il y a bien sur les deux leaders, mais aussi beaucoup d’excellents seconds rôles : Diane Venora, Nathalie Portman, William Fichtner, Ashleyy Judd, sont tous excellents.
        Bref, pour moi, il s’agit vraiment d’une pièce majeure. Désolé pour ce long texte, mais il fallait que je l’exprime !

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Pierre
          Ceux qui aiment ont raison. Moi, j’ai toujours un peu de mal à m’intéresser aux personnages dans HEAT, MIAMI VICE, une bonne partie de COLLATERAL, PUBLIC ENNEMIES. Pas dans THIEF, REVELATIONS, ALI, LE DERNIER DES MOHICANS, MANHUNTER. Est ce qu’il ne se figerait pas avec les années

      • Rouxel dit :

        En revoyant »Révélations »il y a quand meme des faiblesses dans la narration du scénario,surtout le personnage de Jeffrey interprété par Russel Crowe qui hésite et qui doute en permanence et essai de s’attacher aux biens materiels qu’il à perdu comme si c’était un échec dans une vie de retomber dans la réalité.Mann utilise les plans sérrés sur les visages,un peu trop à mon avis.Il n’y a pas un plan on n’apparait Pacino.Ensuite je reconnais la tension nerveuse du film et la description précise des salles de rédaction de chaines nationales de tv avec la course à l’audimat.

    • ballantrae dit :

      Certes JB Thoret y va fort (ici dans le sens positif mais il en va de même selon moi dans l’aveuglement excessif qd il démonte The immigrant de J Gray) mais je lui donne raison sur les qualités de mise en scène de M Mann sur bien des films.

      Miami vice m’avait plus que déçu, poliment ennuyé!

      En revanche, il m’apparaissait que Public ennemies était sauvé par sa mise en scène énergique, son sens des cadres, de l’ambiance 30′ transfigurée par les cams numériques.

      La synthèse idéale sur ce point des novations plastiques récentes du monsieur me semble être collateral élégant, bien écrit et interprété avec un LA magique.

      Dans sa période antérieure (référentielle et post moderne), il me semble qu’on trouve de très belles choses: Manhunter, Le dernier des Mohicans et Heat qui est très nerveux dans son découpage.

      Il me semble difficile de nier les qualités de Révélations (qui constitue un sommet du de films dossier avec une mise en scène tout de même plus excitante que celle de Soderbergh pour Erin Brokovich ou GV Sant pour Land of promises) et de Ali (affrontant deux écueil avec brios: le genre du film de boxe et le choix de Will Smith qui au final reste le bon acteur oublié de six degrés de séparation de F Schepisi et non la vedette sempiternellement hilare de blockbusters idiots.

      Mann n’est peut-être pas le génie célébré par Thoret mais il m’apparait comme un très bon voire excellent cinéaste plutôt régulier dans la qualité( me semblent vraiment ratés:La forteresse noire qui a ses fans déviants et Miami vice qui a du mal à meubler le vide intersidéral de son scénario) .

      Je n’ai pu voir Blackhat qui est peu distribué à cause de son bide aux USA et le regrette mais Le solitaire son premier opus est ressorti en DVD et mérite le coup d’oeil.

      • Sullivan dit :

        Le « bide » de BLACKHAT (référence au western) aux USA est expliqué : il est sorti en même temps qu’ AMERICAN SNIPER qui lui a fait de l’ombre. Et pourtant, autant HACKER m’a complètement emballé, autant le film d’Eastwood m’a laissé plus que perplexe. Sa glorification de ce barbouze, tout héros qu’il soit selon les codes US, est assez gerbante. S’il avait coupé les 10 dernières minutes du film, mon opinion aurait été sensiblement différente. La scène dans le brouillard est génial, sauvons-là.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Sullivan
          Mais le propos est battu en brèche dans de nombreuses scènes familiales ou le héros devient de plus en plus muré, coupé du monde (et Eastwood le film ainsi. C’est le film de guerre avec le plus petit nombre de personnages secondaires. Ils sont quasi absent)

        • ballantrae dit :

          Film curieux que cet American sniper pas totalement réussi (entre les scènes censées jouer sur l’émotion avec l’épouse-et le bébé en plastique/ les scènes finales /la jeunesse il y a des ratages) et pas totalement raté ( les cènes de combat de rue sont indéniablement mises en scène ( la scène initiale, le duel avec l’autre sniper, etc…).c’est bien plus intéressant que J Edgar mais il n’en demeure pas moins que le Clint du diptyque d’Iwo jima me manque , celui qui savait observer avec nuance et esprit critique un conflit.
          Le problème n°1 du film c’est chris Kyle et je me faisais la réflexion concomittente que Shaun le mouton des studios Aardman avait une psychologie moins sommaire et de loin!

        • Sullivan dit :

          Ah non Bertrand, le fait qu’Eastwood filme le trauma vécu par ce tireur d’élite (un Audie Murphy bis) et ses répercussions sur sa famille n’est en rien une excuse à l’affiche propagandiste que représentent les 10 dernières minutes du film (10 mn à la louche). Tout sonne faux. Tout d’un coup, notre homme, qui était effectivement totalement muré, autiste, devient le meilleur père du monde, le meilleur mari, le meilleur ami, le meilleur tout. Un modèle, un héros. Les dernières minutes du film, sont des images d’archive des funérailles du vrai Chris Kyle. Et la musique placée dessus m’a donné des frissons de dégoût. La puissance de la musique n’est pas à négliger, elle dit bien des choses, parfois contredit en creux ce que dit l’image. Eastwood aurait pu faire ça, utiliser une musique dissonante infirmant l’idée qu’il faille vénérer ce genre de va-t-en-guerre, mais là je m’égare, ce ne serait pas Eastwood. Mais il aurait pu tout-de-même éviter de placer ce thème patriotique dégoulinant, joué à la trompette. Un Goldsmith qui était le meilleur compositeur pour les thèmes solo à la trompette, et de loin, aurait fait quelque-chose de plus fin, mais bon, là, je m’égare encore… Voilà, c’est ça qui signe le propos d’Eastwood, la musique. Elle nous dit sans ambigüité que notre type était un mec bien parce-que non content d’avoir dégommé 255 personnes avec son fusil à lunettes (160 tirs reconnus officiellement), notre gars s’est mis à aider les soldats ne réussissant pas à se remettre en selle (à la limite ça, on veut bien l’accepter, mais pas dans un film d’Eastwood qui aura l’impact que l’on sait, surtout aux USA), et le pauvre, il sera tué par un ancien marine souffrant de stress post-traumatique. Prétexte à sortir la bannière étoilée, le patriotisme U.S. dans ce qu’il a de plus primaire et de plus repoussant.

          Comme je le disais dans mon précédent post, si le cinéaste s’en était tenu au trauma vécu par notre homme, c’était ok, il nous parlait de l’absurdité de tout ce gâchis. Mais les dernières minutes gâchent vraiment tout.

          Si il fallait choisir un film récent défendant le patriotisme, je choisirais plutôt l’excellent FURY de David Ayer ou même, dans une moindre mesure, LONE SURVIVOR de Peter Berg.

          Le précédent film de Clint, JERSEY BOYS, m’avait également laissé pantois : un film musical complètement statique, mal chanté (pas la voix du vrai Frankie Valli et des Four Seasons), en un mot, ennuyeux et raté.

        • ballantrae dit :

          Et puis bon, aider des marines traumatisés en les faisant tirer au fusil , cela ressemble à un mauvais gag tout de même…qui finit un peu forcément mal…en ce sens, la fin est attendue!
          Je suis vraiment désolé que cet American sniper soit devenu le plus grand succès d’Eastwood et eus préféré sur cette place du podium bien d’autres beaux opus du cinéaste: Mystic river , unforgiven, Sur la route de Madison, million dollar baby, Iwo Jima,Bird, Honkytonk man,Josey Wales, etc…
          Toute mon admiration envers Clint reste intacte mais il ne me facilite guère la tâche avec J Edgar et cet American sniper (pas vu Jersey boys dont le sujet semblait intéressant) pour des raisons cinématographiques et extra cinématographiques.
          Mais , il ne faut pas avoir la mémoire courte et je maintiens qu’il est le dernier des grands classiques USA.

        • Rouxel dit :

          Entièrement d’accord avec vous sur le dernier Eastwood ou les Irakiens sont appelés « Les sauvages »puis cette glorification primaire qui veut que ceux qui ont les armes ont toujours raison,au nom de cette vieille morale américaine périmée!Quand à « Hacker »c’est une bonne surprise,réaliste dans le ton et la forme et qui pose la question de la cybercriminalité au sein de notre société.

  13. Alexandre Angel dit :

    J’aimerais que l’on m’explique un truc. Philippe Paul accompagne sa critique suivante de L’ORCHIDEE BLANCHE
    http://www.dvdclassik.com/critique/l-orchidee-blanche-de-toth
    d’une note de 3/10, note attribuée, pour point de repère, à DANGEREUSE MISSION, de Reginald LeBorg, considéré par les rédacteurs de Dvdclassik, sans doute à juste titre, comme un navet. Bon, c’est son droit le plus strict. Mais quand, sur la page consacrée à l’appareil éditorial du dvd, il dit « Bertrand Tavernier revient longuement sur L’Orchidée blanche et sur les qualités qu’il y trouve, notamment ses trois interprètes principaux et leurs performances dans le film, et certaines qualités scénaristiques. Même si nous ne partageons pas forcément son point de vue, sa passion et son érudition donnent une véritable force à son discours, qui s’avère extrêmement intéressant », alors là, je ne comprends plus.
    Personnellement, un mec qui va, pendant une demi-heure, vanter les mérites d’un film que moi j’ai trouvé tarte, de deux choses l’une: ou bien l’intéressé va me convaincre, ou bien il va me gonfler en deux coups de cuillère à pot.
    Chemins tortueux de l’âme humaine..

    « Bertrand Tavernier revient longuement sur L’Orchidée blanche et sur les qualités qu’il y trouve, notamment ses trois interprètes principaux et leurs performances dans le film, et certaines qualités scénaristiques. Même si nous ne partageons pas forcément son point de vue, sa passion et son érudition donnent une véritable à force son discours, qui s’avère extrêmement intéressant. »

    • Sullivan dit :

      Sur DVDclassik, ils se touchent un peu ces derniers mois, enfin c’est mon impression…

      • Philippe Paul dit :

        Bravo pour cette remarque…

        Pour en revenir au De Toth, mon intention n’était pas de mettre L’Orchidée Blanche au niveau d’un Le Borg, on ne parle pas de la même chose. L’exercice des notes donne un point de vue extrêmement restrictif sur un film, et induit ce type de rapprochement, mais ce n’était pas mon intention. De Toth est évidemment et heureusement incomparable à Le Borg, je suis prêt à défendre nombre de ses films (mais vous le savez puisque vous êtes un lecteur du forum de DVDClassik), cela n’empêche pas de pouvoir trouver un film très décevant. Je regrette la sécheresse de L’Orchidée Blanche, qui ne parvient pas à me toucher et dans lequel je n’ai finalement jamais pu m’impliquer. Je préfére l’émotion puissante que nous offrait De Toth trois ans plus tôt dans ce film indispensable qu’est None Shall Escape (sur un sujet bien différent certes). Mais ça ne reste qu’un avis, heureusement qu’il y en a d’autres.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Angel
      Je ne suis pas complètement d’accord avec cette critique. Il y a plusieurs scènes remarquablement filmées. D’autre part, que veut dire, les réalisateurs se succèdent sur ARC DE TRIOMPHE. A ma connaissance, en dehors de plans de seconde equipe, seul Milestone a tourné ce film qu’il co écrit et produit

      • Alexandre Angel dit :

        A Bertrand
        Heureusement que vous n’êtes pas complètement d’accord avec cette critique : ce que vous en dîtes en bonus le prouve largement !! Et c’est un film remarquable, sans être un chef d’œuvre, de même que les Robert Florey et Ulmer, avec une nette préférence personnelle pour le second, qui confirme mon emballement pour ce cinéaste déraciné, rêveur et somnambulique.
        Ces trois Sidonis sont un très bon cru.

        • Philippe Paul dit :

          La succession de réalisateurs sur Arc de Triomphe provient d’une phrase du commentaire de François Guérif sur le même DVD, je corrige ce point si c’est erroné.
          Pour moi ce film est une lourde déception, l’association de talents devant et derrière la caméra me laissait espérer bien plus, d’où la dureté de ma note. Ceci n’empêche pas, pour répondre au premier commentaire d’Alexandre Angel, d’être intéressé par un avis contradictoire et un autre éclairage apporté par un intervenant. Au contraire. De plus, de nombreux cinéphiles apprécient plus ce film que moi, il donc nécessaire de mentionner que l’appareil critique l’accompagnant est intéressant.
          Pour le reste des 3 Sidonis, le FLorey est effectivement bon, notamment grâce au travail d’Alton, et le Ulmer est un petit chef d’œuvre, nous en parlerons dans quelques jours sur DVDClassik.

        • Alexandre Angel dit :

          A Philippe Paul, (et Rick Blaine, si je ne m’abuse)
          No offense, hein?
          C’est juste que je ressentais une disproportion entre la réalité du De Toth et votre déception. Ce n’est pas comme si le film avait une réputation de chef d’œuvre et que vous tombiez de haut. Et De Toth pour De Toth, quelle note auriez-vous mis, à ce compte-là, aux …MASSACREURS DU KANSAS par exemple !! Je trouve que THE OTHER LOVE a un côté « Mitteleuropa » qui en fait tout le charme.
          Allez salut et comme dirait QT : « VI-VE LAY CINEUMA !!! »

        • Philippe Paul dit :

          No offense bien sur!
          J’aurais mis une meilleure note aux Massacreurs du Kansas je crois. Mon souvenir est bien lointain, mais il me semble que le film, sans être un grand moment de cinéma, avait eu le mérite de me divertir. C’est mon problème de fond avec The Other Love, je me suis profondément ennuyé devant ce film.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Ohilippe Paul
          André Bazin a écrit des pages sublimes sur l’ennui, notion subjective, malléable. Il y déclarait s’être ennuyé la première fois à Limelight et avoir ensuite revu une oeuvre totalement différente. THE OTHER LOVE est plus tenu, contrôlé par un metteur en scène qui a une vision, une approche (à laquelle on peut ne pas adhérer. C’est cette retenue qui m’a passionné) que les Massacreurs où il ne parvenait pas à secouer l’inertie de la production et la pauvreté du scénario qui place le film très en dessous du Cavalier de la Mort et du Cavalier Traqué sans oublier Carson City

        • Philippe Paul dit :

          Effectivement, plutôt que de parler d’ennui, je dirais que c’est la vision de de Toth à laquelle je n’ai pas adhéré. Pourtant je suis de manière générale plus sensible à la retenue qu’aux excès, mais là il m’a manqué le petit quelque chose qui fait que l’on accroche à un film et j’en suis resté totalement étranger.
          La vision de l’auteur est effectivement moins présente dans les massacreurs, et le scénario est sans intérêt, mais j’avais trouvé au film une certaine efficacité, et j’avais trouvé Randolph Scott plutôt bon. Il est possible que je serais déçu à la revoyure d’un tel film. Je n’ai pas encore vu Le Cavalier de la mort, Le cavalier traqué et Carson City.

  14. Rouxel dit :

    Si vous etes de passage dans la ville rose(pas au niveau politique ou l’actuel maire UMP à décider de supprimer la gratuitée des cantines pour les familles pauvres et d’augmenter de 15% les impots locaux et fonciers)du 7 au 29 avril se tiendra à la cinémathèque une retrospective de films tournés à Marseille.Une rencontre avec Jean Louis Comolli est annonçée le 29 avril à 18 heures à la librairie Ombres Blanches que Bertrand connait bien.Parmi les nombreux films projetés,je recommande à tous »L’affaire du grand hotel »d’André Hugon,les 26 et 29,le documentaire de René Allio »L’heure exquise »les 21 et 25,mais surtout un film rare de Philippe Lefebvre « Le juge »directement inspiré de l’assassinat du juge Michel qui mena la vie dure à »La french connection »(Plus réaliste et moins bling bling que la daube indigeste avec Dujardin et Lellouche)les 19 et 24 avril.On ne peut pas évoquer Marseille sans dire un mot sur Guédiguian,qui est pour moi le Ken Loach français à travers le contenu politique et social de ses oeuvres.Ce qui est étonnant c’est qu’aucun film de Pagnol le fils d’Aubagne ne soit programmé alors qu’il à toujours tourné dans sa chère provence:les pays des cigales,du farniente et de boissons anisés.

  15. Rouxel dit :

    « Cutter’s way », »La blessure »en français est un film réalisé par le tchèque Ivan Passer et dont Bertrand Tavernier nous parle dans le bonus.Oeuvre inconnue et singulière qui nous dépeint des etres meurtris par la guerre du Vietnam et la vie d’individus mis en marge de la société bien -pensante état-unienne.J’ai pensé évidemment au chef d’oeuvre de Cimino »Voyage au bout de l’enfer »à travers le personnage de De Niro avec l’avant,le conflit au Vietnam puis l’après et le retour au pays.Ivan Passer nous raconte comment l’acteur de théatre John Heard fut choisi au détriment de Richard Dreyfus qui ne correspondait pas au role de Cutter.Comme le fait remarquer Bertrand il est assez difficile de trouver les premiers films réalisés en Tchécoslovaquie à l’époque communiste par Passer.En tout cas c’est surement un des meilleurs polars de la décennie 80!

  16. Alexandre Angel dit :

    Dans sa chronique du 04 Avril 2008, Bertrand nous apprend que Jacques Audiberti disait : « Tout film gagne à être mexicain ». Je me permettrais d’enfoncer ce clou-là en ajoutant que tout réalisateur talentueux gagne à être mexicain.
    J’ai soigneusement boudé chaque sortie des films d’Alejandro Gonzales Inarritu. Je sais pas, j’avais pas envie.. J’ai décidé l’autre jour d’y mettre le holà en allant voir BIRDMAN, dans une bonne salle, avec un bon son et l’expérience fut fort profitable.
    J’avais beaucoup aimé GRAVITY, du compadre Alfonso Cuaron. Mais bien que cela ne m’ait pas gêné, je ne donnais pas tout à fait tort à ceux que j’entendais reprocher qu’il n’y avait pas d’histoire. Mais c’est qu’il n’y en a guère plus dans BIRDMAN. Une star has been sur le retour, des ego histrioniques surdimensionnés, une critique aussi snob que vénéneuse, des répliques du genre « Barthes, c’est qui? Il a joué dans un Birdman? » qu’on a entendu mille fois ailleurs. Tout cela forme un maelström de clichés auquel se heurte le pauvre Michael Keaton dans un gigantesque faux plan-séquence semblable à celui qui nous montrait Sandra Bullock se cogner à une tempête de débris spatiaux, dans GRAVITY. BIRDMAN est peut-être à GRAVITY ce qu’est la réponse du berger à la bergère: une expérience sensitive, baroque, à la limite du rococo, naïve et sophistiquée, frontale. Il est dommage que bon nombre de critiques aient vu de la prétention là où il n’y a qu’expressivité. C’est cela qui fait mexicain : ce côté extraverti de la forme, décomplexée, emportant tout avec elle, nous faisant même avaler la laideur des séquences numériques. Ce qui fait que BIRDMAN nous apporte quand même quelque chose sur le matériau dont il use : un regard de plus et une certaine vérité sur l’univers du théâtre (j’adore quand Keaton est « coincé » dehors car, faisant du théâtre en amateur, je l’ai vécu)et une nouvelle pierre à l’édifice des beaux films sur New York.

    • René dit :

      Quelle importance que l’auteur de GRAVITY soit mexicain, irlandais, portugais ou croate ? Ne dit-on pas « peu importe la couleur du chat, dès l’instant où il attrape les souris. »

      • Alexandre Angel dit :

        A René
        En tant que souris, on peut se sentir des affinités particulières avec certains chats (pour filer votre métaphore): c’est une question d’imaginaire, de trucs et de machins qui circulent dans votre famille, qui se sont déposés au fil du temps, etc.. Hugo Fregonese, lorsqu’il fait QUAND LES TAMBOURS S’ARRETERONT, gagne à être argentin, ou plutôt le film y gagne une poésie particulière, un peu naïve, chatoyante, légèrement hallucinée. C’est peut-être très sud-américain tout ça.
        Disons que cette citation d’Audiberti relayée par Bertrand Tavernier à propos d’Inarritu m’est revenue en tête lorsque j’ai vu LES FILS DE L’HOMME, de Cuaron, qui est un film anglais ou LE LABYRINTHE DE PAN, de Guillermo Del Toro, qui est un film espagnol et aussi, tout récemment, BIRDMAN, qui est américain.
        Je ne crois pas qu’Audiberti ne s’intéressait qu’au cinéma mexicain.

    • ballantrae dit :

      Il me tarde de le voir et comme vous, j’aime beaucoup ce nouveau cinéma mexicain que ce soit le trio Del Toro/Cuaron/ Inarritu (qui l’air de rien pernd les rênes de Hollywood) ou un auteur singulier tel que Reygadas.

  17. René dit :

    Complètement oublié du public et des cinémathèques, Marius Lunel fut pourtant un des acteurs burlesques les plus populaires du cinéma muet espagnol.
    Les éditions de l’Escabeau lui rendent désormais hommage à travers une édition trois DVD, comprenant CE COQUIN D’ALBATROS, LE VOLEUR DE CASTAGNETTES, et surtout l’hallucinant FRISETOUT L’ALPAGUEUR. Trois films réalisés en Mirocolor en 1922, écrits, réalisés et interprétés par l’auteur. Sortis de l’oubli, ces films sont de véritables perles burlesques, que Dali (selon Amanda Lear) citait comme le fondement du cinéma surréaliste, ainsi que Bunuel qui l’a plus d’une fois évoqué comme une source d’inspiration. Keaton (dont il courtisait la sœur) lui confia d’ailleurs un petit rôle dans LE MECANO DE LA GENERALE. Pour vous donner un exemple des trouvailles visuelles de Frisetout, Lunel se fait assommer par un moustachu, le corps est embarqué dans une limousine qui sort du champ, laissant le moustachu dans le cadre, lequel enlève sa moustache, son chapeau, et se révèle être aussi Lunel. L’homme était en plus magicien. Coffret un peu onéreux, mais indispensable.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A René
      Passionnant. Je vais me ruer

    • ballantrae dit :

      C’est bien intrigant tout cela…

    • Mathieu dit :

      A René:
      Vous oubliez de préciser que Marius Lunel était le grand-père de l’actrice Victoria Abril et que son vrai nom était Marius Pescado de Abril.

    • Damien D. dit :

      Bravo René pour ce poisson d’avril : qui n’a pas cherché en vain ce coffret « surréaliste » sur le net (c’est vrai que ça donnait envie quand même !)

      • ballantrae dit :

        Je me suis bien fait avoir!!!Heureusement, aucun blogueur n’a évoqué sa découverte enthousiaste des dites oeuvres!
        Cela me rappelle une blague de mes vingt ans où nous avions inventé avec qqs potes un cinéaste russe blanc, Ivan Pohpov ( le H est important) auteur d’une oeuvre aussi importante qu’oubliée notamment Le désert qui suscita parfois des commentaires extrêmement sérieux ( jugé « exigeant » mais « très sensoriel » par au moins trois rats de cinémathèque à Toulouse).

        Mais ce n’est rien à côté d’un autre canular fait par un ami féru de musique contemporaine qui avait inventé un dénommé Hans Reisnek et avait enregistré un gros délire sur son piano un soir, l’avait fait écouter en le mêlant à des auteurs réels et était allé jusqu’à le défendre âprement pour en montrer les parti pris audacieux.Rigolades garanties notamment pour ceux d’entre nous qui avaient peu à peu réussi à deviner des qualités peu évidentes de prime abord!

        Mais bon c’est un peu vache, je le concède…

    • A René
      Ventre Saint Gris !!!! Comme un bleu, je me suis fait avoir comme un bleu! Une fois !!
      A Mathieu
      Gott Ver Domi !!! Comme un bleu, je me suis fait avoir comme un bleu! Deux fois!!
      A René again
      Superbe!

    • ballantrae dit :

      Franchement Le voleur de castagnettes!!!
      Et les éditions de l’Escabeau !
      Sacré René!

    • ballantrae dit :

      Et le Mirocolor? Supervisé par Joan Miro???
      Le Dalirama aurait été trop voyant!

  18. Rouxel dit :

    La collection Gaumont sort plusieurs titres en avril: »Au service du tzar »de Pierre Billon, »Kamikaze »de Didier Grousset, »Lily aime »de Maurice Dugowson,enfin »Ma pomme » de Marc Gilbert Sauvageon.Pour le mois de mai sont annonçés: »L’homme du jour », »Trente et quarante », »Comme un cheveu sur la soupe », »Tom est tout seul ».A vos tire-lires!!

  19. Rouxel dit :

    Né en 1823 en Aveyron et mort en Provence en 1925,Jean-Henri Fabre est plus populaire au Japon que chez nous.Henri Diamant-Berger lui rend un hommage mérité dans un de ses meilleur film »Monsieur Fabre ».Pierre Fresnay incarne avec justesse et plein de préciosité cet homme qui s’est interessez au monde des insectes à travers leurs vies éphémères sur la terre.Au recto de la jaquette du dvd on retrouve une photo,ou l’on voit Pierre Fresnay avec un petit garçon qui n’est pas Patrick Dewaère mais son frère ainé Jean pierre.Patrick joue à l’age de trois ans le petit Emile avec ses deux frères(c’était donc des enfants de la balle avec leur maman Mado récemment disparu).Concernant le film,la famille de Fabre à approuvé totalement l’histoire et l’interprétation de Pierre Fresnay qui n’est pas du tout théatral dans son jeu mais restitue de façon parfaite le personnage de Fabre.Dans le bonus on retrouve plusieurs documents,notamment la maison de Provence ou vécut la famille avec le bureau et l’atelier de cet ethnologue hors pair qu’était Jean-Henri Fabre.

    • Desages André dit :

      Je garde un excellent (mais très lointain) souvenir de ce film que j’avais trouvé réussi et émouvant. Il est ressorti en dvd il y a quelques années, mais circule sur le net à des prix prohibitifs.

    • ballantrae dit :

      Film pas mal sans plus dans mon souvenir consacré à un grand monsieur qui a attisé ma passion envers les insectes durant mon enfance et mon adolescence car ses merveilleux essais sont fort bien écrits et me semblent à mi chemin parfois du pur carnet d’observation empirique et de l’apologue.
      Quand Microcosmos sortit , je me rappelle avoir pensé que c’était le triomphe de P H Fabre sur grand écran!

  20. MAXOU37 dit :

    Je voulais remercier monsieur Tavernier car, effectivement, Duel dans la sierra de George Sherman est un petit chef d’œuvre !! J’ai été notamment marqué par tous ces décors et ces plans magnifiques sur les paysages mexicains. Une vraie découverte tardive !

  21. Rouxel dit :

    Un film qui mériterais de sortir en dvd est le premier long métrage de Xavier Castano,tourné dans Les Pyrénées en 1990. »Veraz »raconte le retour à la nature à travers les yeux d’un enfant qui va croiser un viel homme bourru et solitaire.Ce personnage est interprété par Kirk Douglas et pour une fois ce n’est pas Roger Rudel que le double,puisque Kirk vit avec une française et parle bien notre langue.depuis Castano à souvent collaboré avec Jean jacques Annaud en qualité de réalisateur de seconde équipe.Si les éditeurs nous lisent,l’appel est lançé.

    • ballantrae dit :

      Je ne sais par quel hasard vous en venez à parler de ce film mais il y a à peine quinze jours, nous en sommes venus à évoquer ce film avec Bertrand et JP Denis…mais c’était plutôt pour dire que le film alors annoncé comme une attente forte s’était avéré une déception et ce malgré K Douglas et un beau cadre.
      Il y avait si je me rappelle bien des flashes back curieux issus d’un film de jeunesse de K Douglas ( un Anatole Litvack? je ne sais…).
      Fin des 80′, début des 90′ on vit bon nombre de premiers films ambitieux français qui se vautrèrent souvent par manque patent d’écriture (et non de talent potentiel): je me rappelle Le brasier d’E Barbier très attendu et au final assez confus notamment dont le budget était pharaonique.

      • Rouxel dit :

        Puisque vous évoquez Jean pierre Denis,j’aimerais savoir si un jour un éditeur aura l’intelligence de sortir »La palombière » puis surtout »Histoire d’Adrien »film tourné en Occitan et sous-titré en français qui est invisible meme en vhs?

        • ballantrae dit :

          C’est malheureusement difficile à dire pour l’instant (qualité et nombre des copies existantes, questions de restauration…) mais j’espère de tout coeur qu’une édition DVD complète pourra voir le jour notamment pour voir ou revoir dans de bonnes conditions Histoire d’Adrien, La palombière et Champ d’honneur.
          Je pense qu’il serait judicieux d’y songer vite et bien.

  22. Rouxel dit :

    Alors que Benoit Jacquot vient de réaliser une nouvelle version du film »Le journal d’une femme de chambre »tiré d’un livre d’Octave Mirbeau,j’ai revu la version forte de Bunuel.Quelle leçon sur la bourgeoisie et ses méchancetés primaires à travers le parcours de cette femme confronté à la convoitise des hommes(excellent Georges Géret et Daniel Ivernel)puis Michel Piccoli dans le role du mari volage et pervers.Si on analyse la filmographie de ce cinéaste qui à vécut dans un milieu bourgeois espagnol,il à toujours brocarder cette caste de personnes statiques qui jouent aux cartes,qui chassent par pur plaisir,qui lisent mais ne produisent rien à part leurs capital financier.Il y a dans ce film quelques similitudes évidentes avec « La cérémonie » de Chabrol,ou là aussi la bourgeoisie provinciale en prenait un bon coup dans tous les sens du terme.Le documentaire consacré à Bunuel souligne l’engagement du jeune cinéaste avec le mouvement suréalisme des années 30(Breton,Aragon…).

  23. Rouxel dit :

    Bon article signée par Anne Dessuant dans »Télérama »de la semaine.Elle fait le lien entre plusieurs auteurs de bande déssinée avec des classiques du westerns dont »Le train sifflera trois fois ».Il est vrai que la forme longiligne de Lucky Luke rappelle la démarche raide du personnage campée par Gary Cooper!!Elle nous apprend aussi que dans les albums co-écrits avec Goscinny on retrouve les trognes de Jack Palance,Lee Van Cleef et meme Randolph Scott.Signalons au passage la diffusion sur Ciné+ Classics le 31 mars du western »Les pionniers de la western union » puis le lendemain sur OCS Géants du »Massacre de fort apache ».

    • Minette pascal dit :

      Goscinny était manifestement un fan et un connaisseur de westerns. Les allusions à John Ford sont quasi permanentes. On peut même parler d’influence.
      Parmi les caricatures, il y a aussi Gabin (dans Joss Jamon, je crois), Audy Murphy et d’autres.
      Dans l’article wikipedia de Jack Palance; ils disent que cet acteur a aussi inspiré le visage de Patronimo, le chef apache de « Canyon apache ». Je crois que c’est faux. Morris a croqué là le vrai Geronimo, dont il existe des photos.
      Pour Lucky Luke, je mettrais ma main au feu que son profil est celui de James Drury. J’ai été frappé par cette évidence en voyant « coups de feu dans la sierra ».

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Minette Pascal
        Mais Lucky Luke est très antérieur

        • Minette pascal dit :

          Oui, mais le premier Lucky Luke n’a pas encore les traits sous lesquels on le connait. Bon, c’est vrai que « coups de feu dans la sierra » ça fait tard. Peut-être l’a t-il vu dans « planète interdite ».
          Peut-être aussi me fourré-je le doigt dans l’œil, comme souvent…

        • Damien D. dit :

          Oui Lucky Luke naissant dans le journal de Spirou en 1946-1947, James Drury avait 12 ans ! Quoique graphiquement, Morris a fait un peu évoluer son personnage au cours des années 50.

        • Martin-Brady dit :

          à MP: pardon je dois vous paraître quelque peu docte ou professoral mais c’est mon souci maniaco-dépressif pour le détail c’est pas prêt de me quitter, salutations!

      • Martin-Brady dit :

        à MP: Palance inspira « Phil Defer » le n°8 de LL, avec sa panoplie et sa dégaine de SHANE (la chemise est rouge sur la couv mais blanche comme celle de SHANE à l’intérieur), et attention pour Geronimo, je ne suis pas d’accord avec vous quant à sa ressemblance avec Patronimo:
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Geronimo#/media/File:Goyaale.jpg
        http://www.stripsuithedenenverleden.nl/Image/Lucky%20Luke%201/Lucky%20Luke%20en%20Patronimo%20uit%20Apache%20canyon%20door%20Morris.jpg
        (désolé pour le lien à rallonge)
        mais Wikipédia se trompe that’s right! (on peut corriger si on veut!)

        • Martin-Brady dit :

          à MP: pardon je dois vous paraître quelque peu docte ou professoral mais c’est mon souci maniaco-dépressif pour le détail c’est pas prêt de me quitter, salutations!

        • Minette pascal dit :

          A MB : Patronimo a quand même beaucoup de ce vieux Geronimo : sourire mauvais encastré entre un menton volontaire et un nez busqué aux narines larges ouvertes, yeux perçants, cheveux noirs mi-longs, pommettes saillantes. J’en suis presque sûr.
          Wiki pêche, comme moi, par excès de certitude car si Morris avait voulu faire Jack Palance, on le reconnaîtrait sans l’ombre d’un doute comme c’est le cas dans Phil Defer.
          C’est bizarre que Morris n’ait pas mis John Wayne quelque part…

        • Minette pascal dit :

          A MB : Si vous avez un côté docte, j’en redemande.
          C’était sympa d’aller nous chercher des images.
          Et simplement de réagir sur cette question.
          Sinon… what’s new, Docte ?

        • Pascal MINETTE dit :

          A MB: Après avoir relu l’excellent CANYON APACHE (il y a tellement de John Ford là-dedans!), je n’ai plus de doutes : Morris a pris Géronimo comme modèle, pas Jack Palance. Pourquoi Palance pour évoquer un chef Indien, quand on y réfléchit ? ça n’avait pas grand sens…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Pascal MINETTE

          Palance est quand même plus crédible que Rock Hudson, Robert Taylor et tout autant sinon plus que Sal Mineo, Ricardo Montalban, Jeff Chandler. Le fait que pendant des décennies les indiens ont été joués par des comédiens blancs (sans oublier Anthony Quinn qui a été souvent crédible) a été de plus en plus contesté en oubliant un peut vite 1) qu’il y avait très peu de comédiens d’origine indienne permettant de financer un western au budget important. 2) Et comme le disait Abraham Polonsky à propos de Willie Boy, la morphologie des tribus indiennes est plus diversifiées qu’on le pense. 3) Que l’un des acteurs qui a le plus personnifié de chefs Indiens, Iron Eyes Cody, était en fait siciliens Et puis, c’est oublier un peu vite, que le cinema, comme toute oeuvre d’art, repose sur des conventions avec lesquelles il faut jouer. Certaines deviennent de plus gênantes avec le temps (l’omni présence de l’anglais par exemple que Ford évite dans LE MASSACRE DE FORT APACHE, le remplaçant par l’espagnol sans que ses adversaires le créditent pour cette audace) et je suis plus généreuse dans TAZA par le peu de cas que font les auteurs pour la vérité historique. Enfin, est ce qu’aborder des sujets dérangeants pour l’époque, polémiques, rarement évoqués – la déportation des Apaches vers la Floride, les massacres perpétués par l’Armée, la politique d’extermination menée dans les Réserves – fut ce au prix de quelques concessions ne vaut pas mieux que de continuer à se lamenter devant l’absence de film abordant ce genre de sujets. Si le fait de prendre Robert Taylor, Jeff Chandler ou Lancaster permet le financement de la PORTE DU DIABLE, LA FLECHE BRISÉE ou BRONCO APACHE, alors j’opte pour cette solution.

    • Jérémy dit :

      Lucky Luke avait d’excellents albums, d’ailleurs j’ai appris à lire avec lui ( et Tintin). Effectivement on retrouve certaines caricatures de stars du genre ( ma préférée étant Lee Van Cleef dans l’excellent « CHASSEUR DE PRIMES »: si vous ne devez en lire qu’un, pour vous ou un gosse, c’est celui-là.) D’ailleurs ça a conditionné mon appétit pour le western . Bien qu’en parcourant le blog, je vois que je ne connais RIEN au genre en fait : je ne visualise pas Randolph Scott. Encore beaucoup à apprendre !. J’ai déjà 17 dvds à commander rien qu’en ayant parcouru le blog depuis 2 jours… Pour en revenir et finir sur le western, dommage qu’on n’est pas persévéré dans le genre… J’ai lu il y a longtemps que les premiers westerns étaient… français (en Camargue).

      • ballantrae dit :

        Pour ce qui est des BD westerns qui tresseraient des liens avec le cinéma, il faut relire les Blueberry qui sont une mine référentielle très précieuse car les références sont plus masquées.
        D’autre part, tout amoureux du western se doit de lire Rancho bravo de Blutch où on peut croiser de manière pour le moins inattendue le Henry Fonda de Fort Apache ou le J Huston de Man in the wilderness entre autres.
        Par ailleurs, je dois insister sur la véritable révélation que constitue la parution des romans de la collection « L’Ouest , le vrai » car on trouve des plumes passionnantes mais aussi des échos plus ou moins directs avec les grands westerns que nous aimons tous: enfin , la mention au générique « scénario de … tiré du roman de … » prend un sens.
        Mon adulation envers Méridiens de sang en particulier et envers l’oeuvre de C Mac Carthy prend un sens nouveau car je comprends mieux d’où il provient: à la fois de la littérature américaine la plus novatrice ( Faulkner notamment) mais aussi de tout un pan de littérature dite de « genre ».

      • Rouxel dit :

        Essayer d’éviter de voir le film de Jean Bastia avec Fernandel qui à été tourner en Camargue.C’est une veritable « cagolade »comme disait Pagnol!!!En revanche il me semble qu’a l’époque du muet plusieurs films ont été réalisés en provence.

      • MAXOU37 dit :

        puisqu’on parle western et que mon goût pour ce genre date de feue « La dernière séance » (merci monsieur Mitchell!) et aussi de mon intérêt personnel et professionnel pour l’histoire, j’évoque aujourd’hui deux westerns mineurs et assez peu connus :
        – L’héroïque lieutenant (Column South) de Frederick de Cordova avec Audie Murphy (on va dire qu’il est moins mauvais que d’habitude). Ce film est très intéressant car il se passe au tout début de la guerre de Sécession au sein d’un fort militaire. La garnison est alors coupée en deux entre les soldats fidèles à l’Union et les militaires qui souhaitent rejoindre le camp des Confédérés. C’est, je croix, le 1er film qui évoque ce qui a pu se passer au sein de l’armée américaine en 1861. Les Indiens qui vivent en paix vont être utilisés par un des camps pour mettre la pagaille.
        – L’aventure est à l’ouest (The great sioux uprising) de Lloyd Bacon est un film mineur mais qui présente une originalité (à vérifier) : le film pendant la guerre de sécession et raconte les problèmes rencontrés par la cavalerie US pour se procurer des chevaux notamment auprès des Indiens. Et ce qui m’a surpris, c’est que le général sudiste est un Indien !!

      • Minette pascal dit :

        Tous les albums de Lucky Luke ne sont pas intéressants.
        En perdant Goscinny, on a perdu le Lucky Luke dont on pouvait savourer chaque image, qu’on avait toujours envie de relire, qu’on redécouvrait tout le temps.
        C’est aussi vrai pour les Astérix et les Iznogoud post-Goscinny dont la première page suffit à nous déprimer.
        Bien sûr, ça n’enlève rien au génie des dessinateurs.

  24. Jérémy dit :

    Agréablement surpris par les commentaires sur LES CLEFS DE BAGNOLE. Bricolé et inventif, un film vraiment à part dans les comédies françaises. Je pense aussi à GREGOIRE MOULIN CONTRE L’HUMANITE, une autre comédie française réussie, vraiment à part aussi… pour le coup plus « appliquée », sorte d’AFTER HOURS mais parfaitement assimilé dans notre culture. Et comme LES CLEFS… un film oublié, qu’on peut trouver au détour d’un bac à soldes ou dans une brocante.

    • Rouxel dit :

      Oui,je repense à Arthur de Penguern qui était un homme plein d’humilité et de générosité et qui nous as quitter trop tot.

  25. Rouxel dit :

    On connait la carrière remarquable de Kirk Douglas mais suffisamment ces deux films en tant que réalisateur.Je voulais revenir sur »Posse,la brigade du texas »qui date de 1975.Western atypique puisque Kirk campe un sherif agressif voire réactionnaire face au jeune Bruce Dern.Les scènes du train sont très bien menés et m’a rappeler un peu la série »Les mystères de l’ouest »ou deux agents des services secrets se déplacent en train dont les voitures sont capitonnés et bien garnis de jolies pépés.En revanche je ne connais pas son premier film qui fut un échec selon Jean Tulard.

    • Serge dit :

      Et c’est surtout un film qui brosse un portrait résolument négatif du politicien américain. De l’anti Capra, en quelque sorte. Le personnage n’est pas forcément réac, il est démago à l’excès et prêt à tout pour se faire élire. Douglas à sûrement pensé autant à Nixon qu’à Carter, fraichement élu au moment du tournage. L’influence du western italien se lit au moment où Douglas s’enflamme lors d’un discours plein de démagogie, devant une foule en transe, et qu’un vieux, pas dupe de ce qu’on lui raconte, lance « les politiciens c’est tous de la merde. »
      Dommage que le film accuse une certaine faiblesse dans la deuxième partie. Lorsque le bandit ramène en ville le sénateur qui l’avait fait prisonnier, et que la situation s’inverse. On aurait aimé que ce personnage détrôné soit plus longuement humilié face à la foule qui l’acclamait la veille. Au contraire, Douglas coupe court. Peut-être a t-il eu peur de trop s’attarder sur la déchéance de son personnage, par crainte qu’elle n’entache son image à lui. A une époque où il était commercialement au creux de la vague, il a joué de prudence.

      • Martin-Brady dit :

        à Serge: Douglas était très fier il a toujours refusé de mettre ses personnages en mineur ou de les rendre trop négatifs. Son autobio est mégalo et par exemple son meilleur rôle est dans LA GRIFFE DU PASSE où il est génial et il ne cite même pas le nom de Tourneur, il ne parle du film en 3 lignes que pour citer Mitchum! Un personnage double à la fois courageux pour certains choix de productions mais attention fallait pas le mettre dans l’ombre dés qu’il est devenu une vedette. Lancaster était un « mégalo » aussi qui harcelait aussi le réalisateur, mais lui a eu la modestie de se jeter à fond dans des rôles très durs pour son image (LE MERDIER où il finit nu dans la boue et THE SWIMMER humilié à la fin et sans revanche, et les TROIS MERCENAIRES aussi où il joue un perdant même pas auréolé abattu par les flics) que Douglas n’aurait jamais osé aborder.

        • Minette pascal dit :

          Il y a aussi le REPTILE, où son personnage oscille entre le comique et l’ignoble.

        • Michael Rawls dit :

          Burt Lancaster, modeste? Lui?
          But Lancaster took advantage of the ruined sound take of Barbara Loden’s performance in THE SWIMMER as his mistress to have her replaced with Janice Rule because, according to those present on set during that take, Loden had thespicly wiped the floor with Lancaster. Lancaster also objected to Tony Curtis’s Sidney Falco sitting at the table with Lancaster’s JJ Hunsecker in the supreme New York movie SWEET SMELL OF SUCCESS, in that scene where Falco is begging to be allowed reentry to Hunsecker’s column. This because Lancaster knew Curtis was taking, not stealing, the movie from BL. Lancaster’s Hunsecker is a caricature of an all powerful career making or breaking columnist whereas Curtis’s Falco transcends caricature into pitiable humanity. And may I note that in an AFI film class decades after the release of SWEET…, Lancaster was still whining about how the picture lost money. Well, it didn’t bankrupt him, did it?
          Douglas, on the other hand, prevented Stanley Kubrick from imposing a happy ending on PATHS OF GLORY just to make financing easier. Douglas’s favorite of his own films was the Dalton Trumbo scripted LONELY ARE THE THE BRAVE, which I can’t imagine was especially lucrative ( can’t check, because I don’t subscribe to IMDBpro, c’est extra).
          I admire the work of both Lancaster and Douglas but when it comes to suppressing vanity for the good of the film, I think Douglas ranks ahead of Lancaster. Would Lancaster have sported that disfigurement that Douglas did in THE VIKINGS? Lancaster is nude in one scene of THE SWIMMER but not at the conclusion.
          It was Douglas, along with Preminger, who broke the blacklist. It was Douglas who made POSSE, « the first post-Watergate western », with Douglas’s beady-eyed swivel-necked sweaty palmed Nixonian Marshal Nightingale.
          Finally, I can’t see Douglas participating in an enterprise as ludicrous as EXECUTIVE ACTION.

        • Bertrand Tavernier dit :

          To Michael
          I think they ran very close. Douglas fired Anthony Mann who had developed a friendship with Ustinov who was a scene stealer, on the set of many films the behavior of Douglas was full of ego. And I worked with him, I know. He thought that he had directed most of the films he acted in starting by THE MAN WITHOUT A STAR (an opinion destroyed by Borden Chase, the screenwriter). Fleischer said he was the most difficult actor he worked with. On the other hand, Zinneman was saying the same thing of Lancaster in FROM HELL TO ETERNITY. ( « a great pain in the ass ») and I know that Lancaster behave horribly with Jacques Tourneur on the FLAME AND THE ARROW. In the last part of his career he became easier, always aloof as David Rayfiel told me but pleasant and ready to take a lot of challenging role. he acted in many masterpieces and was a better more complex actor than Douglas. And you cannot blame Lancaster for EXECUTIVE ACTION. It was an Edward Lewis misfire where nothing worked : bad screenplay, horrible colors, lousy direction from somebody that Trumbo liked (David Miller). Douglas also acted in a lot of turkeys. Both has the reputation to be terrible with the crew, their co workers. Lancaster mellowed after he directed badly the Kentuckian

        • Martin-Brady dit :

          Je ne m’attachais qu’à ce qu’il ressort du personnage à l’écran, Mr Rawls, par rapport à l’image de la vedette et c’est vrai que si on entre dans les secrets du tournage on a une vision différente, et j’aurais pu y entrer. La « modestie » de Burt ne se limitait qu’à accepter de se montrer parfois sous un jour peu glorieux surtout à la fin (SWIMMER, LE MERDIER et justement SWEET SMELL où s’il a un rôle prestigieux c’est un rôle de salaud, Kirk aurait-il joué ces rôles de minables? Jamais! J’ai d’ailleurs du mal à imaginer l’agent de Burt le conseillant d’accepter ces rôles). Un tyran sur le plateau Burt, ça ne m’étonne pas. Est-ce que Douglas a fait avancer LES VIKINGS en harcelant Fleischer parce qu’il ne l’avait pas filmé de face? (autobio de RF que vous connaissez) et son bandeau sur l’oeil et la cicatrice sont quand même très seyants il a dû les choisir et les positionner lui-même (le tout premier pansement de Nicholson dans Chinatown est plus culotté). Ah! Lancaster a été odieux avec Frankenheimer sur ALCATRAZ c’est vrai aussi ça m’avait frappé à le lire: « la caméra doit être là! » (autobio de Karl Malden). Ce sont les blancs et les noirs de nos acteurs… merci pour les infos! je note je note.
          (au fait pour THE SWIMMER c’est dans un bouquin?)

        • stag dit :

          Les deux rencontres entre douglas et kubrick sur paths of glory puis spartacus parlent également du caractère dirigiste et affirmé de douglas. Kubrick, après spartacus, se jurera de ne plus jamais tourné un film dont il n’était pas à l’origine, du script, de l’adaptation, du casting etc… Sellers dira de lui plus tard, kubrick fait tout, sur un tournage c’est lui qui fait tout. Merci douglas, par ailleurs immense star, j’aime ses interprétations « viriles », son visage racé, deux films particulièrement, la captive aux yeux clairs de hawks, et paths of glory de kubrick.

        • Martin-Brady dit :

          LA CAPTIVE doit ressortir en mai chez Warner dans un master différent de celui de Montparnasse (donc, on suppose meilleur) merci Dvdclassik.

      • Rouxel dit :

        Non car Carter à été élu en 1976 et le film est sorti l’année précédente.

    • donfanucci dit :

      Posse est pour moi carrément un chef-d’oeuvre. Le scénario est l’un des plus brillants des années 70 ce qui n’est pas peu dire et Kirk Douglas gère totalement comme réalisateur (et acteur mais là il a du métier). Et que dire de Bruce Dern! Il est un des mes acteurs favoris et c’est exactement pour ce genre de performance dont lui seul à le secret. Ce n’est pas un film qui s’annonce comme une grande oeuvre mais au final c’en est définitivement une. Le western comme parabole post Watergate.

  26. Alain Vicra dit :

    De Jean Boyer, enterré dans le trou noir de la cinéphilie, LE CHOMEUR DE CLOCHEMERLE est une découverte fort réjouissante. Fernandel y incarne l’unique chômeur d’un patelin du midi, où on ne manque pas une occasion pour se définir selon ses sympathies, cléricales d’un côté, républicaines de l’autre, comme dans beaucoup de film d’après guerre où l’intrigue est campée dans un petit village provençal. Paresseux, anarchiste, descendant du Boudu campé par Michel Simon, Fernandel refuse absolument de se compromettre avec le travail, jusqu’à valider sa paresse par un document officiel qu’il brandira comme un diplôme. Sa carte de chômeur ! On apprend au passage que, sous la 4eme, le statut de chômeur se réclamait à la mairie, et qu’il était obtenu en délibération au conseil municipal, puis payé au demandeur depuis un fond prélevé sur les impôts. Il est amusant de voir que le maire, de gauche, malgré l’opposition quasi unanime de ses conseillers, accorde à Fernandel son statut de chômeur, parce que le chômage est un progrès social qui atteste de son engagement à gauche, et nourrira ses ambitions politiques, vers un portefeuille ministériel. On croit rêver ! Le film fait le portrait d’un superbe fainéant qui dort sur les bancs publics, se soûle au bistrot, payant ses consommations avec l’argent de ceux qui travaillent, et qui s’en vante. Il entretient une relation avec une fille à la cuisse légère, jouée par une Ginette Leclerc pleine de gouaille et d’insolence, et qui montre ses seins, face caméra. Le film est un hymne à la paresse, et à la joie de vivre quand on ne gaspille pas sa vie à la gagner. En ce sens, il est très proche du A NOUS LA LIBERTE de René Clair.

  27. Martin-Brady dit :

    à Bertrand: merci pour LES CLEFS DE BAGNOLE, éclats de rire fréquents, Baffie ne s’est pas épargné les difficultés allant jusqu’au bout de sa passion pour les animaux ou docs animaliers (pour le film ou en vrai je sais pas) et certaines répliques sont géniales, Daniel Russo faisant la cour:
    – Oooohh vous travaillez dans une poissonnerie c’est merveilleux! J’imagine que vous devez connaître beaucoup de poissons! (plus tard il dit à Baffie que ses dialogues sont limite-limite!), se plaint que l’autre se donne les meilleurs répliques et que lui doit se contenter de sortir des « Ben pourquoi? » à répétition.
    Avez-vous vu VIVE LA FRANCE! et si oui me donnerez-vous tort face à Rouxel? j’ai peur.

  28. ballantrae dit :

    Cher Bertrand,
    permettez-moi de vous souhaiter un beau moment au festival de Beaune.
    Conseil aux blogueurs qui ne sont pas trop loin: courez-y afin de deviser sur les rapports riches et éclectiques qu’entretient Bertrand avec le genre.
    Et prenez des notes SVP pour nous en faire profiter!!!Mieux , filmez si c’est possible et envoyez le lien .

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Merci mais Riberac c’était bien aussi

      • ballantrae dit :

        Merci mille fois Bertrand!!! Par courrier postal pour les prochaines nouvelles.
        Aux blogueurs, allez jeter un oeil aux entretiens donnés à O Père (Arte) autour du genre policier pour compléter la programmation de Beaune.

      • ballantrae dit :

        Alors cette rencontre avec Mac Tiernan?
        Je voua avais dit ne pas partager l’adulation un peu excessive de tout un pan cinéphile envers le monsieur qui demeure habile voire capable de fulgurances stylistiques étonnantes: mes préférés parmi ses films sont Die hard (pour la dynamique de ses scènes d’action, pour l’utiisation du édcor et pour B Willis bien sûr , vrai héritier de C Grant dans un contexte 80′), Predator (là aussi décor excellemment utilisé et scénario pas si basique que cela) et Le 13 ème guerrier (vrai souffle épique pour qui aime les chansons de geste et/ou la fantasy…on a bcp glosé sur le director’s cut qui semble être une légende, il faut jeter en revanche un oeil au roman de M Crichton très documenté et montrant bien le lien entre cette histoire relatée ds des annales du Xème siècle je crois et la geste de Beowulf).
        Après , il n’est tout de même pas l’inventeur de formes que perçoivent certains cinéphiles!
        Je n’ai toujours pas très bien compris la nature de ses soucis avec la justice américaine mais cela semble un héritage du patriot act si on le suit dans ses explications.Le monsieur en tout cas semble très profondément blessé par son expérience.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Ballantrae
          Il était parti mais paraissait, parait il, grincheux du moins au début

        • ballantrae dit :

          Ce ne sera donc pas un « ami américain » en plus pour une réédition de votre livre-somme…

          Je plaisante bien sûr car l’adulation envers Mac T( c’est le surnom donné par les fans ) me semble excessive tout comme son assimilation à un simple tâcheron.Il possède parfois un vrai sens visuel qui ne pallie guère les lacunes structurelles de ses films ou la caractérisation des personnages.

          Je pense beaucoup à James Cameron le concernant mais un Cameron qui n’aurait pas su totalement plier le système à sa volonté par goût de mise en abime et d’ironie comme le montre son Last action hero assez marrant même si pas toujours finaud qui avait été un bide relatif.

          Comme par hasard les deux cinéastes partagent comme vedette-clé de leurs débuts Schwarzie et lui ont offert de beaux rôles alors que sa palette est assez limitée: les deux Terminator + True lies pour Cameron, Predator et Last action hero pour le second.

          Après, le délire alimenté notamment par les Cahiers qui rétrospectivement en font un « immense cinéaste » est assez contreproductif d’une part parce qu’ils se leurrent d’autre part parce qu’ils ne lui font pas du bien en intellectualisant ce qui demeure un bon sens intermittent de la mise en scène: alimenter chez un auteur sa qualité justement d’auteur peut le faire dériver vers une prétention-je n’ai pas dit ambition- qu’il n’a pas originellement.

          Cela peut polluer la créativité de grands formalistes intelligents ( De Palma qui n’en finit plus de se caricaturer), des auteurs underground instinctifs et énergiques ( Ferrara dont les films deviennent des squelettes de films- je n’ai pas vu son Pasolini , peut-être faut-il lui accorder une chance?) ou des vrais artistes inspirés et singuliers (Lynch qui ne tourne plus depuis 2007 et nous a laissés sur un Inland empire-et des pubs!- qui tranche par sa facture avec l’enchaînement fabuleux de Lost highway-Straight story- Mullholand drive).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Ballantrae
          Curieux comme les gens qui sont passés à coté de plein de cinéastes se rabattent sur eux quand ils sont en déclins ou sur des auteurs mineurs qu’ils surestiment

        • ballantrae dit :

          Facile à interpréter:
          -c’est un phénomène de cour: regardez comme j’aime ce que vous faites et de ce fait je deviens un proche de « l’auteur maudit » et sa gloire éventuelle pourra ressurgir sur mon auguste personne
          -ou une nouvelle manifestation du phénomène du happy few dandy d’antan: j’aime sur le tard ce qu’autrui estime moins intéressant comme j’ai peu aimé ce que beaucoup trouvaient bien afin de montrer ma clairvoyance
          -ou une simple combinaison des deux
          Je crois qu’il est facile et tentant pour un journaliste de cinéma de tomber dans ces travers…

  29. Alexandre Angel dit :

    Puisque René Château est à l’honneur dans cette dernière chronique, et n’ayant pas acquis pour l’heure, les mets succulents présentés en vitrine, je me suis rabattu sur LE MESSAGER, de Raymond Rouleau (1936)dont je n’avais vu comme réalisateur, que LES SORCIERES DE SALEM. Et bien…c’est quand même pas terrible. Le film est regardable dès lors que Jean Gabin est à l’image, nous subjuguant de son charisme animal et par moment ultra-moderne, limite « Actor’s Studio » avant l’Actor’s Studio. Mais Dieu que c’est poussiéreux, que l’évocation du lointain Ouganda est déprimant de conformisme colonial, que Gaby Morlay est quelconque (elle est meilleure à l’extrême fin)privant par son jeu parfois risible (son « Qu’est que c’est ?? » lorsqu’elle tombe par surprise sur Jean Gabin est top-gratiné)son personnage de tout mystère.
    On peut à la rigueur sauver ce qui, de la pièce d’Henri Bernstein dont le film est adapté, rappelle MELO, d’Alain Resnais: à savoir l’émotion consécutive à la remise d’une lettre dont le rédacteur s’est suicidé.

    • ballantrae dit :

      si René Chateau a l’idée de nous lire, je tiens à témoigner du fait que Bertrand est son premier avocat face à nombre de blogueurs (dont je fais partie) qui pointent parfois les défauts de copies ou l’absence de boni.
      En effet, il souligne avec raison que sans René Chateau, bien des titres ne seraient pas disponibles.
      A ce titre, il serait important que ce magnifique patrimoine puisse avoir droit de citer dans le voyage dans le cinéma français que nous concocte Bertrand…mais il va de soi que les droits doivent être raisonnables car il s’agit d’un documentaire qui ne relève pas d’une économie de luxe.
      Il serait dommage, non déplorable que de telles raisons privent de nombreux cinéphiles des lumières d’un aussi ardent défenseur du cinéma français.
      René Chateau, vous pouvez contribuer avec pertinence en tant que distributeur à cette belle entreprise et je suis sûr que vous le ferez avec le flair qui vous caractérise: ce sera la meilleure des vitrines pour votre catalogue!

  30. Lafleur dit :

    Le Boyer d’avant guerre est evidemment savoureux et particulièrement Prend la route et ses accents Demy. J’ai aussi souvenir d’un film plutôt charmant avec Monsieur Madame et Bibi. J’ai rêvé un moment d’organiser un hommage à ce cinéaste dans ma bonne ville de Nantes . Ça se fera peut être un jour mais il faudra des exploitants à l’esprit ouvert (il n’a pas vraiment la côte, Boyer)

    J’en profite pour vous demander si on peut lire, écouter ou voir Olle-Laprune quelque part ? J’ai un souvenir nostalgique du temps où il programmait Cine Cinefil (« Nous sommes le 21 janvier 1938 à Paris …. »)

    Bien cordialement

  31. Luc Schweitzer dit :

    Permettez-moi de vous féliciter, M. Tavernier, pour la collection de romans que vous dirigez chez Actes Sud sous le titre « L’Ouest, le vrai ». J’ai lu deux des ouvrages, ceux de A. B. Guthrie, « La Captive aux yeux clairs » et « La Route de l’Ouest », avec un bonheur total. Et je compte bien lire d’autres ouvrages de la collection. Mais, si je m’adresse à vous, c’est parce que j’ai découvert aujourd’hui, au hasard d’une de mes flâneries en librairie, qu’il existe une autre collection tout à fait semblable à celle que vous dirigez. Ce sont les éditions Télémaque qui la publient sous le titre « Les grands romans à l’origine des chefs d’oeuvre du cinéma ». Parmi les titres déjà édités figurent « La Prisonnière du désert » de Alan Le May, « La Flèche brisée » de Elliott Arnold et « Les Cheyennes » de Mari Sandoz. Avez-vous connaissance de cette collection? Avez-vous lu l’un ou l’autre des romans que je viens de citer et en recommandez-vous la lecture au même titre que ceux que vous faites vous-même éditer chez Actes Sud?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Luc Schweitzer
      Je connais ces titres et j’avais lu LA FLECHE BRISÉE que j’ai même préfacé dans une de ses rééditions. Jamais trouvé la vraie edition de la Prisonniere du Désert. La dernière fois elle était épuisée. Lisez les deux premiers titres ou j’exp)pique tout cela et ceux qui viennent de sortir MI AMIGO et LE PASSAGE DY CANYON

    • Minette pascal dit :

      En voilà une belle idée de collection.
      Est-il plus question d’apporter des lumières sur le cinéma ou sur l’Histoire ?
      Des romans peuvent évidemment nous éclairer sur la naissance d’un scénario mais pour ce qui est de parler du « vrai » Ouest, je ne sais pas.
      Ou c’est de la fiction ou c’est de l’Histoire, mais peut-être n’ai-je pas pigé le concept.
      Vous me direz que les « historiens » ne se gênent pas non plus, parfois, pour inventer ou déformer des faits…

      • Bertrand Tavernier dit :

        AMinette Pascal
        Le titre de la collection est un slogan destiné à accrocher et qui n’a aucune autre prétention. Le psychanalyser ne sert à rien. Sinon que plusieurs de ces romans contiennent des recherches des détails qui sonnent plus justes que bien des films et qui sont récupérés par les historiens. Tous s’accordent à dire que DES CLAIRONS DANS L’APRÈS MIDI est impeccable historiquement et très avance sur son temps. Parfois des romanciers ont mieux su capter une époque – de Balzac à Stevenson en passant par Dumas, de Dos Passos à Karen Blixen que bien des historiens

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Minette Pascal
        J’ai deja répondu. Ce titres est juste un slogan destiné à lancer une collection et il marche. Il n’a aucune autre prétention. Sinon que certains titres sont plus justes historiquement que bien des films contemporains, que DES CLAIRONS DANS L’APRÈS MIDI est jugé comme une approche incroyablement pénétrante, lucide, en avance. Nombre d’historiens ont su capter une vérité, des lignes de force, des émotions, des détails, qui échappaient aux historiens. De Balzac à Stevenson en passant par Dumas, Dos Passos, Thomas hardy, Dickens…

        • Minette pascal dit :

          Oui, les écrivains sont des témoins uniques du cœur des choses, de la vie des gens. Vigny décrivant les tombereaux de la Terreur en marche vers la guillotine, Hugo et tous ceux que vous citez…
          J’ai eu quelques déceptions en achetant des « biographies » romancées. Par exemple celle de Crazy Horse. Bien sûr, il y a peu de documents disponibles, mais des centaines de pages de dialogues supposés, de gestes recréés et de pensées imaginées finissent vite par devenir frustrantes.

  32. Rouxel dit :

    Avec son premier long métrage Tariq Téguia à donner un nouveau souffle au cinéma Algérien. »Rome,plutot que vous »évoque les joies,les peines,le désarroi du pays à travers le portrait de deux jeunes qui souhaitent quitter leur pays.Leurs rèves serait de partir vivre en France en Belgique ou en Italie loin des soucis et du mal ètre de cette jeunesse incomprise.Ce qui est paradoxal c’est que l’Algérie est un pays riche ,qui détient plusieurs ressources dont le gaz ou le pétrole mais l’état ne fais rien pour cette jeunesse bafouée et délaissée.Ce film est une leçon de courage qui à interpeller quantités d’écrivains et d’intellectuels des pays maghrébins et à obtenu plusieurs prix dans des festivals du monde entier.Tariq Téguia vient de sortir son nouveau film cette semaine en France.C’est une oeuvre sur l’amour et la lutte des »classes »!Tout un programme.

  33. Michael Rawls dit :

    To Bertrand Tavernier: Have you ever read the great Vernon Young’s review of CRISS CROSS (POUR TOI, J’AI TUE), playing under your auspices in Lyon in a couple of weeks? Young notes that:
    This is the movie Real Thing, of course: the ruthless detachment of the cinematic narration so that technique appears to be the accidental by-product of careless eavesdropping. It is real, not because its story is « original »-it isn’t-and not because it is profound-it’s not that either: it is real because it is immediate as a result of planning; shocking, because this, depicted, is our time, our place, our condition, beautiful and moving, because force is beautiful and because simple gestures and crude emotions are moving and they are created through line, movement, tonal color. Who denies aesthetic effect to Goya’s DISASTERS OF WAR or Degas’s ABSINTHE DRINKERS? A mountain lion, predatory as may be, is kinetically attractive- and a forest fire is not good but true…
    The contemporary American subject, seen without blinkers, is the criminal subject. Few are the citizens who are not waiting, each in his own way-for The Big Fix, The Big Payoff, The Big Tomorrow. Steve Thompson is the American dream become pragmatic and willful…he involves himself in a catastrophic crime to procure a worthless dame whose best feature is her sporadic passion to mean well. This is beyond Marxist recovery. He is not so much a victim of society, of the spoils system, as he is of his own barely contained libido, his girth, his appetite, his fantastic illusion of « getting away with it. » He doesn’t want something for nothing. He’ll work but he’d rather fight and he won’t practice discipline or virtue or develop wisdom. Indirectly he is victim of a meaningless system that can’t better employ him, but essentially like the Elizabethan hoodlum, he is incarnated recklessness, the uncentered remnant of anarchic individualism.
    ( from THE FILM CRITICISM OF VERNON YOUNG, edited by Bert Cardullo and published by the University Press of America, 1990)

  34. Rouxel dit :

    Je ne connaissais pas le western de Charles Haas »Les derniers jours d’un bandit ».La mise en scène de Haas est assez alerte et ne laisse aucun point mort au scénario mais ce qui est curieux est de revoir Jack Mahoney qui à incarner deux fois Tarzan au cinéma dans un western.La curiosité vient du petit role que tient David Janssen qui deviendra plus tard »Le fugitif »dans la série tv.Il faut souligner que Haas à réaliser quantités d’épisodes de séries pour la tv,je pense à « Bonanza »avec la famille Cartright.Pour une fois Patrick Brion est assez convainquant dans ses propos et sur la carrière de ce réalisateur.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      Vos étonnements m’étonnent. Jock Mahoney a débuté dans le western et on a pas mal parlé dans ce blog de JOE DAKOTA, voire de L’HERITAGE DE LA COLERE

  35. Rouxel dit :

    « La chaleur du sein »de Jean Boyer est une très bonne comédie avec des séquences désopilantes(la scène ou Michel Simon qui incarne un égyptologue répond à une touriste américaine: »Non ce n’est pas moi qui ait découvert les pyramides,ni les sphinx,ni les hiéroglyphes par contre devant vous je me découvre »!Quelle subtilité dans les dialogues et dans tous les rebondissements du film qui est un veritable délice.En revanche j’ai revu »Le 6ème sens »de Michael Mann qui est un film assez complexe et tortueux concernant le scénario.Mercredi prochain j’attends son nouveau film »Hacker » qui traite des boursicoteurs d’aujourd’hui.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      Le rapprochement entre ces deux titres est digne de Lautreamont

      • Martin-Brady dit :

        Mais il paraît que le Mann est un remake du Boyer! (avec quelques petits aménagements, bien sûr…)

      • Rouxel dit :

        Revu hier soir »Le couturier de ces dames »de Jean Boyer qui est un pur régal de mise en scène,ça bouge dans tous les sens puis les personnages sont truculents dans leurs jeu.Notamment les deux actionnaires et amants qui veulent à tous prix que Fernand signe les papiers afin de vendre la petite entreprise de couture.Suzy Delair qui est toujours en vie selon Jean pierre Coffe qui l’a connait bien apporte une legereté dans son personnage de femme trompée.A conseiller à tous!!!

  36. Michael Rawls dit :

    To Bertrand Tavernier: I didn’t know about von Horvath’s aborted meeting with Siodmak. A shame OvH didn’t stay away from that tree. But then, it’s also a shame that Tennessee Williams didn’t stay away from that bottle cap.
    I was also unaware of the ethnic indifference of Fofana’s gang’s previous ransom attempts. But the imaginative torture to which they subjected their Jewish victim suggests that the opportunity to exercise their bigotry might have served as a more than adequate compensation for fiscal disappointment.
    To shift to a case of richly deserved compensation, I am pleased to see that the Lion of Venice is going to the Lion of Lyon.

  37. Rouxel dit :

    Une question pour Bertrand et les autres internautes,concernant le film »Le piège »de John Huston.Que pensait vous de ce film d’espionnage?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      C’est un film dont Huston s’est peu à peu désintéressé et qu’il a traité de loin sans trop s’impliquer. Au début c’était différent

    • ballantrae dit :

      Le piège n’est pas un grand Huston malgré un début intrigant et une belle partition qui joue sur les clichés du film d’espionnage.
      Dans le même genre, du même cinéaste mieux vaut voir ou revoir l’admirable Lettre du Kremlin qui associe intelligemment ironie,cruauté et réalisme.

      Le genre n’est pas aisé à traiter depuis Lang et Hitchcock mais récemment je pense que La taupe, The constant gardener (mais est-ce un film d’espionnage…oui, à l’heure de la mondialisation) relevaient le gant avec intelligence.

      Et je dois avouer avoir un faible pour les Jason Bourne de P Greengrass qui ont modifié les codes visuels de manière radicale: dans le 3, la séquence de la gare et des caméras de surveillance est sidérante d’inventivité et de lisibilité alors qu’elle pourrait être confuse à souhait.

      Greengrass a même permis à Bond d’évoluer dans un meilleur sens notamment dans le dernier réalisé par Sam Mendès: qui eut dit qu’un jour un James bond serait bien réalisé, visuellement élégant (en dehors des superbes génériques)et complexe sur le plan humain?

    • Martin-Brady dit :

      à Rouxel: je me souviens juste de Jenny Runacre terriblement sexy qui badine avec Newman tout en se dérobant puis, se retourne contre lui pour le passer à tabac avec les autres à coup de pied dans les dans les enfin dans les enfin à part ça le film est un peu obscur. KREMLIN LETTER aussi mais c’est pas la même obscurité. Il y a Dominique Sanda, perdue.

  38. Rouxel dit :

    « Gare centrale »fait partie des films incontournables de l’oeuvre immense de Youssef Chahine qui interprète le vendeur de journaux boiteux.Tous ces gros plans sur les regards des differents personnages,l’ambiance grouillante de la gare du Caire puis surtout cette histoire d’amour entre un pauvre infirme et une belle égyptienne,c’est vraiment du grand art.Il faut que je me procure le film de Chahine qui à réveler l’acteur Omar Shariff au début des années 50.

  39. Martin Cellier dit :

    Le diptyque « Une femme en blanc » d’Autant-Lara est une des plus intéressantes découvertes que j’ai pu faire en explorant le catalogue « Gaumont à la demande ». Autant-Lara met brillamment en scène, sans forcer le trait, un sujet de société qui restait tabou dans les années 60 (très instructif pour quelqu’un qui, comme moi, est né près de dix ans après l’adoption de la loi Veil).

    La mise en scène, sobre, rend encore plus fortes les scènes comme celle montrant le calvaire vécu par la jeune femme atteinte de Tétanos. Par ailleurs, il est intéressant, vu son sujet, de constater que les extérieurs du premier film, et peut-être aussi quelques scènes d’intérieurs, ont été tournées dans l’enceinte (sans jeu de mot) de la Pitié-Salpêtrière. Il serait intéressant de savoir ce qu’ont pensé du film les membres du corps médical y travaillant à l’époque.

    Je suis également d’accord sur le fait que le second film est au moins égal sinon supérieur au premier, mettant son personnage plus directement en rapport avec la population française de l’époque, et plus spécifiquement la population rurale, mettant alors plus en valeur la difficulté à évoquer de front la question de l’IVG, surtout pour une jeune femme médecin perdue dans un univers inconnu et sans véritable appui.

    Je pense notamment à ce personnage de femme dont la fille est enceinte et qui, réclamant d’abord l’aide de Claude, va finalement attirer les pires ennuis à notre héroïne, suite à un refus qu’elle ne comprend et n’accepte pas. On retrouve ici cette propension qu’avait Autant-Lara à mettre en scène la bassesse et la méchanceté ordinaire de ses contemporains, sans toutefois en faire des salauds.

    En définitive, ces deux films sont de puissants rappels concernant la longue lutte que fut le droit à l’avortement, en faisant l’état des lieux en cette période charnière que furent les années 60. Ils constituent également d’intéressants portraits de femme, qui m’ont fait penser au très beau film de Jean Grémillon « L’amour d’une femme » avec Micheline Presle en femme médecin luttant contre les préjugés et cherchant un équilibre qui semble impossible entre son amour pour un homme qui veut qu’elle porte et élève ses enfants et sa vocation de médecin.

    Ensuite, je n’ai personnellement pas vu « La Banque Nemo » mais j’avais vraiment apprécié « Avec le sourire », sorte de Bel-Ami des années 1930 (bien que la filiation ne soit jamais explicitement avouée). Un rôle en or pour Maurice Chevalier dont le sourire de façade cache un sens de la machination et de la manipulation qui lui permet de gravir les échelons de la société sans perdre de son capital sympathie.

    Alors qu’on pouvait s’attendre au vu des premières images à une énième bluette sentimentale, une success story de plus, on est surpris par la roublardise de notre héros, qui se renouvelle sans cesse, sans jamais freiner son ascension. Richard III n’est pas loin, toutes proportions gardées. Et puis il y a la fameuse scène du Papeau de Zozo, où Momo revient à ses premières amours…

    Enfin, merci pour les quelques lignes consacrées aux « Clefs de Bagnole » de Laurent Baffie, film que je me sentais jusqu’ici bien seul à soutenir. Il faut dire que sa sortie en salles, limitée, face aux mastodontes qu’étaient alors Le Retour du Roi et Le Monde de Némo, n’a pas plus facilité sa diffusion que l’affiche du film clamant ouvertement en grosses lettres taguées sur fond blanc « N’y allez pas, c’est une merde ! ».

    Après, le film n’est certes pas exempt de faiblesses et facilités mais il propose un sympathique état des lieux du cinéma français ainsi que des scènes vraiment sympathiques. Je pense notamment aux dix premières minutes où Baffie s’offre le luxe de montrer tout ce que le cinéma français compte d’acteurs/actrices en vue refuser catégoriquement de tourner dans son film (film dont il « spoile » la fin par la même occasion).

    J’ai aussi beaucoup aimé la scène du bar où il fait la liste de ce qu’il faut pour réaliser un succès en salle (avec MONSIEUR Marcel Gotlib qui propose trois fois « un running gag », ce qui fait donc de ladite réplique un running gag). Il y aussi la scène de dialogue où chaque contre-champs sur Baffie est un faux-raccord costume, la séquence où François Rollin dresse la liste des animaux à intégrer à un film pour attirer le public et de sympathiques caméos comme celui de Charles Gérard qui ressort sa célèbre réplique de « L’aventure c’est l’aventure ».

    Bref, avec ce film, Laurent Baffie s’est avant tout fait plaisir, s’y investissant à tous les niveaux (le making-of proposé sur le dvd est un complément de programme idéal). Dommage que le public n’ait pas suivi.

    • Alexandre Angel dit :

      A Martin Cellier
      Quelqu’un a dit sur ce forum qu’il n’aimait pas trop Baffie, Martin Brady, je crois. Et je lui emboîterais facilement le pas. Mais pour l’avoir vu souvent à la télé, cédant, pour ma part à une certaine fascination du Samedi soir pour les émissions people orchestrées par Ardisson, que je déteste, je lui reconnaissais un certain talent et surtout, une précision chirurgicale et fulgurante dans la répartie. Une nana demande à Djamel Debbouze pourquoi ses superbes baskets laissent encore trainer leurs étiquettes. Djamel répond, avec un accent anglais que ça , « c’est le style ». Et Baffie d’intervenir : « Non, c’est du vol » Je la trouve pas mal. Il y a en outre parfois sur le visage de Laurent Baffie une espèce de mélancolie, une gravité, qui lui confèrent quelque chose d’ambigu, une humanité qui en atténue le cynisme. Donc, bien que je ne l’ai pas vu, je ne suis pas surpris que son film puisse avoir ses qualités. Cela dit, que l’on retrouve ce film dans la chronique de Bertrand Tavernier est effectivement « une surprise ». Merci à lui..

      • Martin-Brady dit :

        L’émission actuelle de Ardisson recèle des surprises, c’est un mélange de séduction glacée bien mécanique et attendue qu’on retrouve partout et d’une lucidité percutante très surprenante, le vieux brigand noir a acquis qqch de touchant et de fin avec les années, il faut juste couper le son pendant les applaudissements, hier Torreton était là, on verra pas Torreton chez l’autre minable qui a toujours l’air de sortir de la sieste sur enfin avec le mot « poste » là… ni Fanny Ardant ni G Filoche (et quand il invite des mecs comme Filoche c’est pas pour les tourner en dérision). J’étais scié à lire que Gad Elmaleh brocardait Torreton qui serait jaloux de ne pas faire partie des grands acteurs. Elmaleh! je rêve. On imagine Gad jouer Alain Marécaux dans le film de Garenq!… le mec qui fait de la pub pour une banque, seigneur aidez-moi!

      • Rouxel dit :

        Le film réalisé par Baffie en 2003 est plein de pertinence et de subtilité dans la trame narrative de ce comédien qui exige de changer de scénario au fil du tournage.Puis c’est un veritable pied de nez au monde des soi-disants professionnels de la profession(producteurs,acteurs..).J’espère que Baffie reviendra au cinéma enfin si il trouve un producteur et des financiers qui comprennent son humour inventif et décalé.Je l’écoute fréquemment sur RTL dans « Les grosses tetes »de Ruquier.

  40. Alexandre Angel dit :

    A Guy Gadebois
    Là, je ressens un besoin torrentiel d’intervenir. Je n’ai pas eu spécialement envie de voir le film d’Arcady quoique le sujet m’interpellait (et aussi, puisque sur ce blog on aime parler cinéma, l’affiche et quelques extraits, et un certain savoir-faire d’Arcady que vous-même, Guy Gadebois, reconnaissez même vaguement en vous remémorant LE GRAND PARDON). Sauf que la question n’est pas là et je n’ai guère envie, à cet instant, de parler cinéma. Et souvent, depuis quelque temps, j’ai eu envie de réagir, à l’instar d’autres blogueurs qui ne m’ont pas attendu pour le faire, notamment un certain Pierre, lequel, ne faisant que passer, a eu la malchance de tomber sur d’étranges propos tenus sur l’affaire Halimi. Il se trouve que j’ai eu la curiosité de cliquer sur le lien que vous nous proposez et j’ai immédiatement repéré sur ce site du nom de « Panamza » un antisionisme forcené, « complotiste », (genre le patron de l’hyper-casher qui, hasard, « quelle coïncidence » aurait vendu son affaire peu de temps avant la prise d’otages), mono-obsessionnel, bien dans « un certain » air du temps auquel vous semblez souscrire non sans prosélytisme puisque vous essayez d’en inoculer les relents dans ce blog, en intraveineuse.
    Cela ne va pas, Guy Gadebois, car vous vous abritez derrière l’étrange liberté du web pour exprimer, sur un site dédié à l’amour du cinéma (donc à l’amour tout court), votre haine de l’autre (et peut-être de vous même), votre paranoïa ainsi qu’une désignation abstraite du coupable : Israël, le Sionisme…le Juif.
    J’en suis très choqué et même déçu, car je fréquente ce blog par amour pour le cinéma, par curiosité pour les avis et la culture des autres (j’aimais certaines de vos interventions notamment sur les BODY SNATCHERS). Tout cela, dont vos propos (certes sibyllins) sur Soral, ainsi que des saillies violentes (LA VIE D’ADELE, un « caca », Tarantino, un « dégénéré ») commence tout doucement mais sûrement à me peser. Je n’aime pas suffisamment internet pour prendre plaisir à y polémiquer mais j’invite quand même les blogueurs à cliquer sur le lien que vous nous présentez pour prendre la mesure du genre de bois dont vous faîtes feu.

    • Martin-Brady dit :

      à AA: d’accord avec vous, et ça me rassure! Les instillations en douceur de GG ne me paraissaient gêner que moi. Ayant suffisamment polémiqué sur ce blog avec un acharné a priori disparu dans les limbes, je me mettais en retrait, mais c’est vrai qu’à y repenser, en ayant parlé en privé avec un ou deux bloggistes j’étais conforté. Là où je commençais à me méfier c’est avec l’insistance de GG à parler de ce qu’il méprise plus que de ce qu’il aime, le sujet de ce qu’on aime est pourtant nettement plus excitant pour l’intellect! Et ce que vous avez vu en suivant ce lien suscite quasi le même diagnostic que ce que mes deux correspondants d’ici me disaient avant le lien! Gadebois, Couzinet, Manux même combat.

      • Martin-Brady dit :

        oui, enfin, à parler autant de ce qu’il méprise, disons, ça suffira.

        • Guy Gadebois dit :

          A MB

          Et je persiste dans cette démarche, non pour le plaisir de dauber, mais plus précisément par indignation quand le cinéma (que nous aimons tous ici) est instrumentalisé à des fins de propagande, et lorsqu’on puise sa matière dans ce qu’il y a de plus sensible et donc, de moins discutable (comme le souligne M. Pingeot dans l’extrait tv) c’est à dire la souffrance humaine. A ce sujet, je vous renvoie à un échange entre N. Simsolo et S. Leone, dans leur livre d’entretien.
          Merci M. Rawls de rappeler que le cinéma n’est pas un sujet imperméable à la polémique. Si le cinéma n’avait aucune porosité, on ne s’y intéresserait pas autant. Exit les psychorigides.

        • Martin-Brady dit :

          à GG: je parlais de votre propension à insister sur ce que vous n’aimez pas, vos petits règlements de compte avec Tarantino ou Kechiche, les mots désobligeants à propos de cette pièce montée géante et indigeste de ADELE, et JLG qui est un mégalo certes mais en gros on s’en balance (ou n’était-ce pas vous pour JLG?), pas de spécialement l’histoire Arcady-Pflimlin, vous auriez pu comprendre ça, non? c’est pas de la polémique, c’est du people.
          et exit les psycho-fielleux.

    • Pierre dit :

      A Alexandre Angel
      Votre message fait écho à celui que j’ai adressé plus bas.
      J’y souscrit mot pour mot : vous avez décrit mieux que moi ce que je pensais.
      Cela fait plaisir de lire des interventions comme la vôtre.
      Bien à vous.

      • Alexandre Angel dit :

        A Pierre
        Merci mais n’oublions pas que vous aviez déjà réagi en Mai dernier (suite à chronique BT du 17.04.14), m’ôtant littéralement les mots de la bouche (ou plutôt du clavier). C’est un renvoi d’ascenseur. A bientôt

    • Guy Gadebois dit :

      A AA

      Je me fiche de Panamza. C’est le premier lien qui est apparu en faisant une recherche sur cette info qui me révolte. Tout comme j’aurais pu tomber dessus s’ils parlaient de météo un jour de beau temps. Mais de quoi parlez-vous donc ensuite ??

      • Guy Gadebois dit :

        Mais je partage votre indignation au sujet d’un article que je n’avais en effet pas lu dans son déroulé, et dont je ne partage pas du tout l’analyse. Mon intention était de relayer une info qui m’a fait bondir, et non des propos orduriers. Désolé de ne pas avoir cliqué sur un onglet plus objectif.

  41. Guy Gadebois dit :

    J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir LA BANQUE NEMO, du à une cinéaste qui, si on se réfère à Wikipédia, a eu un superviseur sur chacun de ses films. J’ai regardé ce film à la suite de L’ECOLE DES CONTRIBUABLES, autre adaptation de Verneuil où un contrôleur des impôts très zélé se voit contré dans ses démarches tatillonnes et perverses par son propre gendre qui devient conseillé fiscal. Le film ne doit pas grand chose à son metteur en scène René Guissart, bien qu’il ne gâche rien au plaisir procuré, autant par les dialogues, que par une distribution de comédiens, tous à peu près oubliés (Armand Bernard, Pierre Larquey, Mireille Perrey). On y entend des répliques comme « Quel con ! Tribuable » qui, placées au bon endroit, font mouche. A montrer aux maris qui trompent leur femme et aux femmes qui trompent leur mari, tant l’adultère y est décrit comme un comportement tout à fait naturel, sans aucun jugement moral, ce qui est plutôt rare au cinéma. Dans les deux films, RAS côté mise en scène. C’est de la captation d’image, encore que les premiers plan de La banque Nemo laissent espérer une avant garde qui ne se confirme pas dans le reste du film.
    Sans ce blog, je n’aurais jamais regardé POLICE JUDICIAIRE, en souvenir de quelques purges infligées par De Canonge. Pour compléter ce qui est déjà écrit ici, je dirais que le film est un document unique sur le travail des flics observé en tant que métier. On ne sort jamais des bureaux du quai des orfèvres, et on se sent aussi rincés qu’ils le sont, après des heures de confrontation et d’interrogatoire, au point que, lorsqu’un des personnages ouvre la fenêtre et respire en regardant la Seine, ce bol d’air nous est aussi bénéfique qu’à lui. Je ne pense pas qu’un autre film de l’époque nous ait amené à la balistique ou dans les labos scientifiques de la police, pour y situer des scènes. On apprend aussi comment retrouver un objet volé à l’aide des cartes perforées. Une qualité de dialogue en parfaite harmonie avec les partis pris de mise en scène, à une époque où on privilégiait l’écriture et le mot d’auteur. Rien de tout ça, les dialogues sont très en avance sur leur époque, dans un souci de se rapprocher au plus près du métier de flic, en insistant sur le mot Métier. Nous avons parlé de Georges Rouquier quelques messages en amont, alors voilà sans doute un film qu’il aurait aimé faire. D’autres films De Canonge sont disponibles au catalogue René Château. Notamment un INTERDIT DE SEJOUR, qui me tente par son sujet.

  42. Martin-Brady dit :

    ça me donnera l’occase de le voir, curieux de découvrir quelle est la dernière phrase prononcée par Zabou que le critique de Positif juge infâme.
    à Bertrand: bravo, parler en bien des CLEFS DE BAGNOLE, j’aurais jamais cru, ça! Bon je vais le voir, alors, je m’attendais à un navet total d’après des extraits et j’aime pas trop Baffie, mais…
    Dans la catégorie « ça se présente comme une grosse connerie mais finalement non » je vous propose VIVE LA FRANCE de Michaël Youn avec Youn et Garcia (un conseil de Noël Godin l’entarteur sinon j’y aurais pas jeté une demi-pupille comme quoi…). Je me suis bien marré, et parfois, très très bien.

    • Martin-Brady dit :

      ci-dessus je fais allusion au film de Arcady 24 JOURS mais c’est tombé plus loin.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Martin Brady
      Je ne me souviens pas de la dernière phrase mais la fin très discutable

    • Guy Gadebois dit :

      A MB

      LES CLEFS DE BAGNOLE a au moins le mérite de se démarquer des comédies prévisibles et d’une exaspérante prudence quant à ce qui pourrait arriver à leurs auteurs s’ils dépassaient les bornes. Je prends pour exemple SITUATION AMOUREUSE: C’EST COMPLIQUE, que j’ai regardé jusqu’au bout sans m’en apercevoir, du fait que Manu Payet y fasse preuve d’une invention comique, toute relative cependant. Un personnage termine sa réplique par « tu es pédé ou quoi ? » Mais s’interpose un troisième larron pour tempérer le propos par un « Eh oh ! On n’est quand même pas homophobes ! » Voilà où nous en sommes. Michel Audiard aurait maille à partir avec le conseil d’état.
      Et le film de M. Youn ? S’il est recommandé par Noël Godin, on y court !

      • Guy Gadebois dit :

        … Mais au risque de me faire mordre par les chiens de garde du blog (je suis trop douillet pour ça) j’avance que je n’aime pas du tout Michel Audiard quand il fait dire « Honneur aux dames » à Belmondo, lorsqu’il laisse le passage à un homo dans Le Marginal. Ouf, c’est dit.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Guy Gadebois
          Mais peu de chien de garde défendront LE MARGINAL et Michel Audiard lui même n’avait pas grande considération pour certains de ces films surtout LES MORFALOUS. Et c’est pour éviter d’en faire d’autres qu’il s’est mis à acheter des droits de roman comme GARDE A VUE et d’autres. On voulait faire un Simenon ensemble

        • Guy Gadebois dit :

          A BT

          Je ne cite pas LE MARGINAL au hasard. Je viens de regarder le DVD commenté par Jacques Deray, qui le défend avec sincérité.
          Mais lui, qui je crois était votre ami, que pensait-il réellement de ces films-là ? Et tout ce qu’il a fait avec Delon, à une PISCINE et un FLIC STORY près ? Je me suis toujours demandé si la notion de Yes man, trouvait en Europe la même définition qu’aux Etats-Unis.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A GUY GADEBOIS
          Nous évitions de parler avec Jacques des films avec Belmondo et de certains Delon. Je ne comprenais pas ces choix. Il y a un Delon qui est réussi et bien sur LA PISCINE

        • Minette pascal dit :

          A Mr Tavernier: Quel Simenon ? Un Maigret ?
          J’en profite pour une autre question qu’on a dû déjà vous poser mille fois. Ne répondez pas si ça vous barbe.
          Avez-vous eu le projet ou simplement le fantasme de tourner un western ? Outre Atlantique ou à la française. Si oui, qui auriez-vous pris comme acteur principal, comme compositeur… ?

        • Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier
          Votre message me donne justement envie de défendre « le marginal ». Personne ne dira qu’il s’agit du meilleur film de Jacques Deray ni qu’il se distingue par la qualité de ses dialogues. Mais il s’agit à mon sens d’un bon représentant d’un cinéma policier français « sans prétention », qui manque cruellement aujourd’hui. J’y discerne par ailleurs l’amour du cinéaste pour le polar, une envie de rendre hommage et/ou de se confronter à certains films américains (bullit sans doute, peut-être même cruising de Friedkin au travers d’une séquence). Ce désir de faire un film qui s’inscrit précisément dans le genre policier se voit aussi au travers de la présence d’Henry Silva, que j’aime beaucoup. Henry Silva en smoking devant une table de billard, doublé par Jacques Deschamps : pour moi, c’est un grand bonheur. En ce qui me concerne : si tous les policiers français qui sortaient aujourd’hui avaient les mêmes qualités que « le marginal », le cinéma français, à mon humble avis, s’en porterait mieux.

        • ballantrae dit :

          Le copyright de l’expression « chiens de garde » appartient à Halimi et relève d’une autre réalité:l’organigramme médiatique qui maîtrise une info unilatérale permettant aux politiques et au système économique de non seulement filtrer les infos mais aussi de défendre une thèse officielle.Ce combat mené par Acrimed (et le journal le plan B), Arrêt sur image de Schneiderman, Mediapart, Politis ou le monde diplo est nécessaire car il constitue un sursaut démocratique indispensable!
          Actuellement, cette critique nécessaire et constructive hélas est détournée à des fins très problématiques par des individus à mon sens dangereux, pratiquant volontiers les amalgames à coups de conspirationnisme aux relents douteux.
          Période dangereuse où tout peut glisser si on n’y prend garde…

        • ballantrae dit :

          Rendons à César ce qui est à César et à Nizan ce qui est à Nizan:
          « Nous n’accepterons pas éternellement que le respect accordé au masque des philosophes ne soit finalement profitable qu’au pouvoir des banquiers. » in Les chiens de garde

          Comme vous le voyez, on est loin d’une défense des pamphlétaires les plus nauséabonds de l’entre deux guerres auxquels je rattacherai le sinistre Soral et son acolyte…qui en plus n’ont pas le même talent rhétorique mais s’avèrent d’une médiocrité crasse formellement parlant.

          Bon , c’est un blog cinéma! Avez-vous vu Bertrand et les autres le magnifique Leviathan d’A Zviagintsev (auteur d’un sans faute jusqu’à présent: Le retour, Le bannissement, Elena) film politique au sens le plus noble du terme?

        • Mathieu dit :

          A Ballantrae:
          En effet Acrimed est un site excellent. Je conseille également lmsi.net « Les mots sont importants ». Par contre sur Schneidermann et Arrêt sur images (l’émission de télé qui a précédé le site Internet) il faut voir le très drôle et très décapant film de Pierre Carles ENFIN PRIS?, même s’il date un peu, de même que ses autres films PAS VU PAS PRIS et LA SOCIOLOGIE EST UN SPORT DE COMBAT.

        • Emmanuel Vaillant dit :

          LE MARGINAL n’est pas un navet honteux, mais il s’agit plus d’un film calibré pour un Belmondo roi du box office, qu’un véritable polar comme Deray a pu en faire auparavant. Je garde en mémoire la critique du magazine Première qui commençait par « Belmondo et Deray ont-ils conscience que c’est nullisime ? » Derrière Belmondo, il y a pourtant un point de vue, et des choix, notamment celui du chef opérateur emprunté à Fassbinder – mais qui sortait aussi d’un précédent Belmondo – Ce qui est frappant aussi dans ce film, qui est ma foi, tout à fait agréable à regarder – et je comprends, Bertrand, que vous n’aimiez pas ça – ce qui est frappant est qu’il est un des tous premiers polars français à subir l’influence directe de LA BALANCE de Bob Swain. Le flic, encore Melvillien dans les polars de Corneau, est habillé ici de jeans et de baskets, et les décors qu’il traverse ne sont plus ceux du cinéma policier français traditionnel. On voit Belmondo dans des quartiers glauques, des boites homos, des parkings sous-terrain, entouré de putes et de travelos, se bagarrer dans un kebab, et ce commissariat miteux dans lequel on le mute n’est pas non plus un décor habituel.
          J’ai revu La Balance il y a deux ou trois ans, et j’ai trouvé qu’il avait pris un sacré coup de vieux, du fait que la direction d’acteur ne soit pas calée sur l’ambiance générale du film qui se veut réaliste, quasi documentaire dans le travail des flics. Quelque chose ne sonne pas vraiment juste. Ce film qu’on a un peu oublié, et peut-être même complètement, reste pourtant le point de bascule du polar français. Un film comme POLISSE, en subit encore les influences.

        • Damien D. dit :

          A j-Jacques ballantrae : oui parlons cinéma ! Vu LEVIATHAN et je souscris totalement à ce que vous dites. Une oeuvre majeure du cinéma russe actuel qui arrive à critiquer le système Poutine avec une force incroyable. Et on sort du film marqué par le pessimisme du propos, les désillusions de tout un peuple (ne trouvant sa rédemption que dans l’alcool : rarement vu d’ailleurs un film où l’on boit autant de vodka comme du petit lait).

        • ballantrae dit :

          Leviathan est un film important ds le parcours du cinéaste car s’y croisent sa première manière très plastique (les cadres du Retour, sa manière de concevoir la profondeur de champ faisaient penser à un héritage tarkovskien mais sans véritable transcendance cf référence au Christ mort de Mantegna, Le bannissement moins connu allait ds le même sens) et celle plus implacable, coupante initiée par Elena (un problème économique, des rapports de classe observés au scalpel).

          Leviathan a sa manière propre de penser la politique:le titre hobbesien n’annonce finalement pas une métaphore ostentatoire car le récit est très concret, une métonymie tjs incarnée d’un effritement d’un système socioéconomique au bord de l’implosion.

          Croyez moi qd je vous dis que les cinémas de l’Est sont toujoursune mine d’or!!! une grande lacune des éditions DVD récentes est l’absence-à ma connaissance- de Dans la brume de S Losnitsza qui raconte de manière ténue d’abord puis implacable l’opération punitive de trois résistants ukrainiens à l’endroit d’un des leurs qui aurait parlé aux Nazis.

          Le premier plan séquence virtuose fait chemine dans une gare depuis les troupes d’invasion jusqu’aux habitants avant de montrer les pendus qui ont été dénoncés.Mais après , le nb de personnages se réduit drastiquement et il s’agit de suivre un huis clos en plein air et itinérant, comme si les personnages se cognaient contre les parois de leur destin historique.

          O Père sur son blog annonce le film suivant du cinéaste produit par Arte (NB: il est ukrainien et a fait un docu très surprenant intitulé Maidan l’an passé, finement « neutre » en matière de captation d’un événement politique) qui racontera de manière polyphonique un épisode terrible des exactions nazies en Ukraine.

          Guettez-le ce pourrait être passionnant au vu de Dans la brume!

    • Rouxel dit :

      Ah non,vous évoquez un film avec Michael Youn. »Vive la France »est d’une lourdeur coté mise en scène ,c’est afligeant de connerie.Je prèfère revoir les vieux Zidi avec les charlots ou meme les premiers Laurel et Hardy muet.Là c’est de l’art à part entière.

      • Martin-Brady dit :

        à Rouxel: VIVE LA FRANCE est à des lieues au-dessus des vieux Zidi ou des ignobles Charlots, il y a des idées, ils ont vraiment écrit un scénario, c’est au niveau de LA GRANDE VADROUILLE ou LE CORNIAUD qui eux-aussi ont vraiment étés écrits (le 1er bénéficie de Bourvil). Maintenant, si on veut comptabiliser les défauts dans le Youn, on peut. Je ne vois rien de plus drôle dans le cinéma français récent que la confrontation des deux héros avec les nationalistes corses qui les ont capturés (la trouvaille dont ils usent pour tenter de s’en sortir mérite le grand prix de la gaffe mortelle!). Mais il n’y a pas de mise en scène inventive ok (comme dans les Oury, d’ailleurs), et bien sûr on peut trépigner d’horreur devant le machisme des personnages à condition de le confondre avec le machisme des auteurs. C’est pas un chef d’oeuvre, c’est un mignon petit film, les CHARLOTS c’est de la m…
        et comment osez-vous mettre les 1ers L&Hardy muets au même niveau que les films de ces cinq crétins?

      • Martin-Brady dit :

        le deuxième avec Bourvil donc LE CORNIAUD pardon.

      • Mathieu dit :

        A Rouxel:
        Pourquoi « même » les premiers Laurel et Hardy muets? Moi je dirais surtout les Laurel et Hardy, muets ou parlants, en tous cas ceux produits par Hal Roach. Si on définit la valeur d’un film par la possibilité de le revoir de nombreuses fois sans se lasser, pour moi beaucoup de Laurel et Hardy sont des grands films, en particulier leurs courts métrages, voyez par exemple THE MUSIC BOX ou BRATS.

        • Martin-Brady dit :

          BIG BUSINESS, DOUBLE WHOOPEE (avec Jean Harlowe) LES MENUISIERS, LES VENDEURS DE POISSON, LA BATAILLE DU SIECLE! j’arrête

  43. Lucien Logette dit :

    Enfin, on sort du trou Maurice de Canonge ! « Police judiciaire » est effectivement surprenant. Dommage qu’il ait tant tourné et n’importe quoi n’importe comment. Mais « Grisou » est un grand film, dont je ne connais pas beaucoup d’équivalent dans le cinéma français des années 30, et la mine n’avait pas aussi bien représentée depuis le « Germinal » de Capellani. Aimos et Arthur Devere y sont remarquables. Curieux qu’il ait pu faire en même temps « Inspecteur Grey ».
    Quant à Jean Boyer, il n’y a presque rien à jeter dans toute sa production d’avant-guerre (outre les films cités, « La Chaleur du sein » est une réussite) – et même pendant, voir « Boléro » ou « La Bonne Étoile », et même après, jusqu’à « Nous irons à Paris ». Il n’a pas vraiment bien achevé sa carrière – mais Vecchiali a raison : « Sénéchal le magnifique » est à sauver.

    • Bertrand Tavernier dit :

      D’accord sur ce qui précède mais Sénéchal le Magnifique, certes supérieur à nombre de Fernandel, n’est pas formidable. Mais Nous irons à Paris et les films d’avant guerre sur lesquels j’espère avoir quelques retours. Ne serait ce que pour découvrir la qualité des chansons de Boyer et Van parys.

  44. Guy Gadebois dit :

    Des nouvelles d’Alexandre Arcady.

    http://www.panamza.com/040315-elysee-24-jours

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Guy Gadebois
      Au risque d’en recevoir beaucoup, je ne trouve pas le film d’Arcadie honteux : partial certes, se trompant dans sa construction, prenant un angle erroné. Choisir le point de vue de la famille est respectable et il fallait tenir ce parti pris jusqu’au bout. Sinon, vous vous condamnes à en dire trop ou trop peu sur Fofana et sa bande, à faire l’impasse sur ce qui est arrivé AVANT (que personne dans la famille ne peut connaitre). Et du coup, la description du gang des barbares, reste superficielle, trop rapide même si certains rôles sont bien distribués. J’ai trouvé le film assez bien distribué et joué par Pascal Elbé, Jacques Gamblin, Zabou (et les échanges avec la psychologue sont intéressants et on se sent bouillir face à cette confiance qu’affiche Sylvie Testud). Ensuite, il veut démontrer et faire dire plus que ne lui permet l’angle choisi même s’il y a eu des erreurs dans la communication officielle. Mais je trouve qu’on est un peu injuste

      • Guy Gadebois dit :

        Mais ce n’est pas le film qui est jugé dans l’article. Ce sont les méthodes scandaleuses employées pour l’imposer à un public qui n’a pas envie de le voir. D’autant plus scandaleuses, que ce « cinéaste » pour lequel j’ai le plus profond mépris, se prononce pour l’interdiction des spectacles de Dieudonné, et si je ne fais pas erreur, avait également montré les crocs (avec Chouraqui et Lelouch) à Tarak Ben Amar qui avait distribué La passion du Christ de Mel Gibson. Ceci dit, j’avais un souvenir plutôt agréable de son Parrain à la française (Hanin formidable, paix à son âme) cependant, à le revoir, la morale du film est proprement dégueulasse.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Guy Gadebois
          En fait je répondais à de nombreux avis négatifs parus sur ce blog. Les méthodes décrites là pour imposer un film au malheureux Remy Pfimlin qui traine déjà tant de casseroles, sont scandaleuses et témoignent d’une vision politique à courte vue scandaleuse et partiale.

        • Rouxel dit :

          Ce n’est pas pour jeter de l’huile sur le feu mais Arcady fait parti de ces personnes nées en Algérie et qui ont la nostalgie française d’un pays mais qui oublient les massacres perpétrés par l’armée ainsi que les tortures.Son film sur le gang des « barbares »est trop démonstratif et manque totalement de manichéisme et d’intelligence.Pour lui l’etat d’Israel n’occupe en aucun cas La Palestine et n’évoque jamais à la tv les massacres d’etres humains dans la bande de Gaza.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Rouxel
          Attention « manquer de manichéisme » serait plutôt une preuve d’intelligence

    • Pierre dit :

      A Bertrand Tavernier
      Bonjour Monsieur. Je tiens à signaler, après vérification, que « l’article » qui vous a été relayé au sujet d’Alexandre Arcady émane d’un site dénommé « panamza » dont les propos, d’une manière générale, me paraissent relever d’un « complotisme » imbécile et dangereux.
      C’est en vous lisant que j’ai retenu cette citation : « la bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini ». J’y repense en lisant cet article sur Arcady, le site dont il émane et les messages de « Guy Gadebois » qui les a relayé ici.
      Je trouve pénible qu’on les soumette à un esprit comme le vôtre pour tenter de leur faire obtenir votre caution, cela en instrumentalisant ce blog qui n’est, je crois, pas fait pour ça.
      A titre personnel, en mon humble qualité de lecteur quotidien de ce blog, il me serait agréable que « Guy Gadebois » se contente de parler de cinéma et qu’il accepte de bien vouloir transporter son mépris personnel pour Arcady et son amour pour Dieudonné vers d’autres sites : malheureusement, il n’aura pour cela que l’embarras du choix.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Pierre
        Je n’ai pas été regarder ce site mais ce que vous décrivez me révulse

      • Michael Rawls dit :

        To Pierre and Bertrand Tavernier: That quotation « Nothing gives such an impression of infinity as human stupidity » comes from the anti-nazi playwright Odon von Horvath, who fled to Paris in the early 1930s operating under the quite reasonable assumption that, having banned his plays, the Nazis would next remove OvH himself from circulation. Alas, not heeding the time-honored safety in electrical storms advice (AVOID ISOLATED TREES AND KEEP BODY LOW), von Horvath, returning from the Paris premiere showing of SNOW WHITE AND THE SEVEN DWARVES, took shelter under a tree and suffered a termination somewhat similar to Christopher Lee in DRACULA HAS RISEN FROM THE GRAVE.
        One can’t omit entirely ignore politics in discussions of the arts but it does seem to me that M. Gadebois has been grinding his ax a bit too vigorously. I should point out that 1) I haven’t seen Arcady’s film, 2) Everything I’ve read in the American press, right and left, inclines me to believe that the torture/murder on which the film is based was overwhemingly motivated by antisemitism, and 3) finally, in defense of von Horvath’s precept,look at your government, look at mine, and then look at how they’re dealing with a whole bunch of bloodthirsty manicheians.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Michael Rawls
          Did you know that von Horvarth was going to a meeting with Robert Siodmak when he died. The torture murder real story described in the film became pointed towards antisemitisms. But before kidnapping the poor guy because in their abysmal stupidity they thought that every jew was rich, Fofana and his clique had tried to kill a bunch a french people who were not jew. They wanted the money. They failed in their previous attempts and then chose a young jew, assuming his parents were rich which was not the case. The book by Morgan Sportes describes all the process which a triumph of stupidity, ignorance, prejudice, general ideas, hate and antisemitism. Fofana was surely anti semitic but at the beginning some other things prevailed

        • Martin-Brady dit :

          « Le 1er juin, alors qu’il se promène sur les Champs-Élysées, une tempête déracine un marronnier et une des branches le tue devant le théâtre Marigny. » (Wikipédia) incroyable! c’est le genre d’accident qu’on imagine qu’en rase campagne, et devant un théâtre en plus! Il n’eût pu mieux choisir.

        • Martin-Brady dit :

          remarquez, un théâtre en rase campagne… bon, vous m’aviez compris.

          à Bertrand: ce qui me gêne depuis le début, et je tape ça suite à votre réponse à M Rawls, c’est qu’Arcady semble oeuvrer plus pour la cause d’une communauté que pour la cause des hommes. L’éclairage que vous donnez (je n’ai pas lu Sportes) confirme ce que je sentais et qui est que ces mecs-là, sortis tout droit de L APPAT, cherchaient du fric avant tout, pas du Juif (y compris avec la fameuse phrase de Fofana citée par vous).
          J’ai vu A Arcady à la tv s’enflammer en élevant la voix contre une montée d’antisémitisme en France ces dernières années. Un jeune gars cinéaste militant, 25 ou 30 ans, (j’ai oublié le nom) lui a fait la leçon en lui disant « Méfiez-vous de cette grandiloquence! », ss entendu qui fait le jeu de… Etonnant. J’en avais honte pour Arcady mais je ne remets pas en doute sa sincérité, c’est pas un problème de manque de sincérité, c’est un problème de passion.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brady
          La montée de l’anti sémitisme est réelle et les Pieds sur terre en donnait des exemples poignants, des témoignages quotidiens et terribles. Dans les banlieues. Et Fofana devait être antisémite Ce que je reproche à Arcady, c’est de ne pas ternir un point de vue subjectif mais passionnant

        • Martin-Brady dit :

          à Bertrand: d’accord pour cette précision, pas possible de sousestimer la montée de l’antisémitisme qui devient un fantasme actif chez une certaine jeunesse, ça c’est nouveau.

      • ballantrae dit :

        Instrumentalisation pour le moins gênante et contradictoire avec l’esprit de ce blog!
        Soral et consorts,laissons les où ils sont: dans le caniveau!

  45. Martin-Brady dit :

    J’adore cet échange dans le duel final de WICHITA (sublime):
    – Pas de quartier, Earp. Ou je meurs ou c’est toi.
    – Je sais mon vieux. Désolé.

  46. ballantrae dit :

    Excellente présentation de Serpico sur le site d’Arte , Bertrand!Ce que vous dites sur l’absence d’acmés, de scènes qui se distingueraient en tant que morceaux de bravoure est très juste et vaut pour une partie de la carrière de Lumet faite d’un ensemble de scènes qui tissent, celle d’une moderne comédie humaine à la Balzac.
    Pour comparaison, James Gray que l’on rapproche souvent du cinéma des 70′ et notamment de Coppola et de Lumet joue lui la carte du « morceau de bravoure » dans ses polars: le règlement de compte sublime entre père et fils dans Little Odessa,le meurtre commandé ou le labyrinthe tragique final; l’infiltration dans We own the night et le meurtre du père lors d’une course poursuite hallucinante sous la pluie…

    • Rouxel dit :

      Le film de Lumet est diffusé ce soir sur arte,en espérant qu’il ne soit pas recadré,c’est le problème des films qui passent sur la tv.

  47. Martin-Brady dit :

    à Tous: je suis en train de faire le point sur les Trésors Warner et il y a un certain SKIN GAME de Paul Bogart 1970, qui m’intrigue, le même avait signé le marrant MARLOWE avec James Garner excellent en rôle-titre (d’après THE Little sister de Chandler), or Maltin qui est certes à prendre avec des pincettes lui refile 3*1/2 « exceptionnelle comédie »?

    • Martin-Brady dit :

      ah merci, je me doutais que c’était vachement bien SKIN GAME! N’en jetez plus ifyoupliz!

  48. ballantrae dit :

    Vivement la découverte de L’orchidée blanche!!!
    Peu à peu les films d’A de Toth sont enfin disponibles et souvent dans de belles copies ( Day of the outlaw, Play dirty notamment).
    J’aimerais beaucoup revoir None shall escape et le sous-estimé Hitler’s madman avec un Carradine terrifiant, écho de son apparition en espion infiltré à Londres dans Manhunt.Bientôt peut-être?

    Quant aux Lubitsch musicaux, ils sont passionnants à plus d’un titre:
    -confrontation avec un genre particulier très codé
    -jonction entre les meilleurs réussites du muet (notamment le superbe L’éventail de Lady Windermere dispo chez Montparnasse) et son génie des années 30′-40′

    Le chapitre films français me révèle des lacunes bien nombreuses et vous lisant je crois entendre les propos de J Ollé Laprune qui officiait sur le câble avec une pertinence et une finesse de tous les instants.

    Que n’entendons nous pas plus d’interventions de cet acabit à la TV! C’est grâce à Cl J Philippe,P Brion,E Mitchell, cl Ventura voire F Mitterand qu’adolescent je pus devenir ce qu’on appelle un cinéphile et non par génération spontanée.
    On a besoin de passeurs qui permettent de faire découvrir, redécouvrir, trier, rapprocher, comparer les oeuvres;

  49. Martin-Brady dit :

    Je me suis précipité sur L IMPITOYABLE qui couvait dans ma machine depuis que Brion l’avait passé, en lisant votre avis ci-dessus. Je me suis ennuyé ferme pendant les 40 1ères minutes et tout se met en branle heureusement dés que Zachary Scott met le doigt dans l’engrenage social. Ensuite des acteurs et actrices formidables refusent de laisser retomber l’intérêt. Martha Vickers toujours aussi sexy vraiment épatante, dés qu’elle ouvre la bouche on croit que c’est pour proposer au héros de commettre un acte humide que la morale réprouve (il faut la voir draguer Bogart en tombant dans ses bras au début du GRAND SOMMEIL, et surtout cette magnifique scène de séduction mutuelle du CAMBRIOLEUR de Wendkos avec Dan Duryea, très bien découpée -la scène pas la fille- et jouée), des acteurs que je supporte mal d’habitude: Zachary Scott et Louis Hayward, là, sont vraiment bons, on connaît Sidney Greenstreet, qui sait afficher de la puissance mais aussi impressionne en jouant l’homme vaincu, abattu, poussé à bout (scène où le voit quitter la chambre à coucher et marcher pesamment après que son épouse lui ai dit ses 4 vérités), Lucille Bremer est aussi convaincante en belle salope du beau monde, et Diana Lynn arrive à s’en sortir dans le double rôle de Mallory et Martha. En tant que Mallory à la fin, elle paraît plus jeune que Martha sans effet voyant, ce qui est voulu pour le personnage bien sûr mais c’est elle aussi qui a su le jouer bien (et qu’est-ce que le personnage de Martha est devenu, justement? pas compris). C’est d’ailleurs Lynn qui malgré son jeune âge a tôt perçu le fond du personnage de cette fripouille de Vendig/Scott avec cette phrase qui claque comme une gifle: « Ce n’était pas un homme, c’était une façon de vivre! » (erreur de mon mentor Lourcelles qui attribue la phrase à Hayward/Vic!). Lynn est d’ailleurs meilleure comme Mallory que comme Martha et affiche une belle autorité mixée avec un charme de haute société impressionnants. Et c’est pas du tout toujours que les personnages féminins -crapules ou dignes- sont autant mis en valeur dans un drame dont l’intrigue n’avance que grâce à des coups financiers décidés par des hommes. Le petit garçon qui joue Z Scott jeune c’est le même qui jouait Stewart jeune dans LA VIE EST BELLE, Bob Robinson, un acteur que j’aime beaucoup (dans les deux films il sauve qqn de la noyade!) comme Ann Carter en Diana Lynn jeune (héroïne de CURSE OF THE CAT PEOPLE). Voili voilou merci d’avoir loué ce film.

    • Martin-Brady dit :

      Je viens de repasser le passage pour remarquer que le traducteur Gilles Bardaji avait adapté « way of life » en « choix de carrière » c’est bien compris mais je préfère la traduction littérale, car après tout la folie de Vendig n’est pas liée qu’à sa carrière, c’est une folie qui vient de sa philosophie de la vie qu’il explique à la fin à Vic (les faibles doivent être mangés, c’est normal). Et le jeune garçon s’appele Bob Anderson pardon.

    • Alexandre Angel dit :

      A Martin Brady
      « Un acte humide que la morale réprouve » : alors celle-là, je me la garde sous le coude et la ressortirait ! Polisson, va!

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