De Howard Hawks à William Cameron Menzies
17 novembre 2014 par Bertrand Tavernier - DVD
QUELQUES CLASSIQUES US
Revoir RED RIVER (Wild Side) est un immense plaisir, surtout dans la version du réalisateur qui fut la moins montrée (c’est l’un des paradoxes de ce film que Hawks avait pourtant produit). Version plus courte et c’est le seul cas avec celui de DARLING LILI de Blake Edwards. Le remarquable livret de Philippe Garnier met enfin en lumière l’apport des différents scénaristes (il a relu le roman de Borden Chase) et celui de Hawks, explique les tripatouillages de la fin, causés par Howard Hughes, qui font chanceler légèrement les dernières scènes. Peu de chose à côté des fulgurances. Ah le dialogue avec Joanne Dru qui reçoit une flèche et la manière dont on la lui retirer. Garnier est un peu sévère avec Dru qui est plutôt convaincante même si son personnage a été édulcoré par la censure. Wayne lui est génial dans un des rôles les plus âpres, noirs, durs de sa carrière avant THE SEARCHERS (il explore déjà ces couleurs dans l’excellent WAKE OF THE RED WITCH). Clift est sidérant d’invention, de justesse, de magnétisme et fait pâlir les succédanés des films ultérieurs (que Ricky Nelson semble falot et bêta à coté de lui). Et lisez le beau roman de Michael Ondaatje, LE FANTÔME D’ANIL où l’on voit deux jeunes femmes très belles, toutes deux médecin légiste, analyser après avoir pas mal bu et fumé, les trajectoires des balles à la fin du film pour déterminer la gravité des blessures. Scène hilarante. Par la suite, elles dissèquent de la même façon POINT BLANK et finissent par écrire à Boorman pour savoir où est touché Marvin.
LOVE ME TONIGHT (AIMEZ-MOI CE SOIR) reste un éblouissement dès la scène d’ouverture qui joue avec toutes les possibilités du son. Le scénario extrêmement brillant, avec beaucoup de répliques osées et suggestives de Samuel Hoffenstein (collaborateur de Lubitsch) et Waldemar Young (Peter Ibbetsen) d’après une pièce française de Léopold Marchand et Paul Armand (à qui on doit CES MESSIEURS DE LA SANTÉ) brille aussi bien par son ironie que par un traitement extrêmement subtil et inhabituellement lucide des clichés et des conventions. On peut même dire qu’il s’en sert pour mieux les retourner et, pour utiliser un vocabulaire à la mode, les subvertir et s’en jouer. Mais ce qui frappe surtout c’est la folle énergie de la mise en scène de Mamoulian, son audace intrépide et volontariste : ralentis, accélérés, montage alterné à la Griffith, double exposition, voire même des zooms, une magistrale utilisation des décors (tous les plans d’escalier, l’arrivée de Chevalier dans le château), tout lui est bon pour dynamiser le récit, faire exploser les règles, aiguiser la drôlerie des situations. Plusieurs numéros musicaux sont même enregistrés en direct et la manière dont il fait traverser la France à une sublime chanson de Rodgers et Hart reste anthologique.
BACK STREET (HISTOIRE D’UN AMOUR) de John M. Stahl
Merci au correspondant qui m’a signalé la sortie de ce chef d’œuvre en DVD. Nous en disions un bien fou dans 50 Ans de Cinéma américain. Il est frappant de voir à quel point la mise en scène de Stahl dans ses mélodrames, prend le contrepied de celle de Sirk. Elle est épurée, retenue, rapide. Certaines péripéties sont à peine évoquées : on voit une jeune femme prendre feu en fond de plan. Les dialogues sont contenus, jamais déclamés et cela donne une force incroyable à des personnages, notamment à celui du héros dont l’inconscience égoïste, la suffisance n’est jamais commentée. Un chef d’œuvre. Belle analyse de Jacques Lourcelles dans son dictionnaire.
SPAWN OF THE NORTH (LES GARS DU LARGE) de Henry Hathaway
Autre découverte majeure. A première vue, rien que de très classique : deux amis inséparables que les circonstances, l’appât du gain, vont dresser l’un contre l’autre sur fond de pêche au saumon en Alaska, deux femmes, une rédemption à la clé. Ajouter un oiseau, un phoque inénarrable et vous croyez avoir affaire à un de ces produits fabriqués à la chaine par les studios, entre film d’aventures et western (on se demande si Hathaway avec l’aide de Jules Furthman et Talbot Jennings ne recycle pas une fois de plus la trame de THE VIRGINIAN). Or il s’agit là d’un des meilleurs films de Hathaway non seulement des années 30 mais de sa carrière. Grâce à la nervosité narrative qu’il impose dès les premiers plans, au ton resserré, précis, dégraissé qui coupent le cou aux effusions sentimentales, soldent les scènes de détente comique ou leur adjoignent un contrepoint plus sombre. Hathaway agit un peu comme l’associé de John Barrymore qui condense toutes ses tirades lyriques et fleuries destinées à paraître dans le journal en deux phrases sèches et précises. Il renouvelle, revitalise les situations les plus classiques en terminant abruptement la plupart des scènes : Fonda sort en claquant la porte que la caméra continue à cadrer pendant qu’on entend en off un sanglot de Dorothy Lamour. Ou aussi en les abordant sous un angle inattendu, jouant de manière magistrale avec une série de décors inventifs et orignaux : l’hôtel et le bar que possède Dorothy Lamour (une fois de plus formidable chez Hathaway) permet des cadres, des cadrages excitants, surprenants qui jouent avec la cheminée intérieure au milieu de la pièce, l’escalier, l’immense aigle empaillé. Pour se laver, Fonda et George Raft plongent de la fenêtre de leur chambre dans la mer (Raft témoigne ici de qualités athlétiques étonnantes et bien mises en valeur). On est constamment surpris par les brusques changements de ton : une joyeuse « square dance » est interrompue brusquement par des mélopées plaintives. Ce sont les Indiens de l’autre côté de la baie qui prient les esprits pour que leur pêche soit fructueuse et la scène brusquement devient grave, mélancolique avant de se transformer en une déclaration d’amour lyrique. C’est peut-être le film qui retrouve le mieux le ton de Jack London.
RIDE THE PINK HORSE
A revoir ce beau film produit par Joan Harrison, on est beaucoup moins gêné par ce que nous relevions comme des conventions, les décors de studio par exemple qui renforcent le côté un peu féérique, mélancolique de l’histoire, de cette fable. Le charme et la force du film provient d’un décalage constant avec les conventions, les règles du genre : quand tombant dans un guet apens, le héros est attaqué dans le noir, nous ne voyons que l’éclat d’une lame. On découvrira plus tard qu’il a réussi à s’échapper en tuant un de ses agresseurs. Lors de l’affrontement final, Montgomery prend le contrepied de tout ce qu’on pourrait attendre : blessé, il s’en prend à Frank Hugo sans le reconnaître tant est grande sa faiblesse, séquence incroyablement originale. Ce manège autour duquel s’articule une grande partie de l’action devient un lieu un peu magique (ce que renforce la fiesta qui prend de plus en plus d’importance et dont les péripéties paraissent commenter ce qui arrive au héros), révélateur des sentiments secrets des personnages, à des lieues de toute dramaturgie réaliste. L’envers de l’hôtel où se planque Frank Hugo. De même Thomas Gomez nous a paru plus sobre, plus tenu que dans notre souvenir (c’est un de ses meilleurs rôles avec FORCE OF EVIL) et nous oublions de citer Art Smith, originale idée de distribution, en enquêteur du FBI et Andrea King, excellente.
PLUNDER ROAD de Hubert Cornfield est un excellent petit polar (photo d’Ernest Haller) dont nous ne vantions que le début dans 50 ANS. Il faut dire que l’ouverture sous la pluie, pratiquement silencieuse en dehors de quelques phrases en voix off et de deux ou trois répliques est un assez joli morceau de bravoure. Mais la suite est toute aussi intéressante dans sa sécheresse elliptique, notamment la manière extrêmement crédible et donc surprenante dont tous les membres du gang se font repérer et arrêter : un camion en surpoids, une erreur commise en ouvrant le capot, un instant d’énervement. Pas de trucs scénaristiques mais des petits faits simples qui sonnent juste jusqu’à la course mortelle du personnage principal.
NOCTURNE est un petit film noir d’Edwin L. Marin qui signa quelques réalisations honorables parmi beaucoup de produits stéréotypés. L’un des points forts du film est le remarquable dialogue de Jonathan Latimer, romancier brillant qui aligne là les répliques percutantes et cyniques. Le début est remarquable.
DRIVE A CROOKED ROAD est le premier vrai film de Quine qui coécrit le scénario avec Blake Edwards. La trame en est simple : un brave garagiste, ex-coureur automobile va être manipulé par une femme qui travaille avec des malfrats. A partir de là, servi par une interprétation magnifique d’un Mickey Rooney touchant, sobre traduisant à merveille la timidité, la maladresse de son personnage qui tranche dans sa sobriété avec la plupart de ses rôles, Quine et Edwards évitent pas mal de stéréotypes : Dianne Foster, déjà excellente dans LES FRÈRES RICO, n’a rien d’une femme fatale et les auteurs lui donnent des doutes et des remords de même qu’ils insufflent une vie, une couleur au moindre personnage. On n’en attendait pas moins de Quine dont la caméra épouse les rêves, les illusions, la douleur de son héros. Excellents extérieurs tournés en Californie du Sud. Pas mal d’acteurs excellents de Jack Kelly à Kevin McCarthy.
THE WHIP HAND de William Cameron Menzies est une vraie curiosité et mérite une place à part dans la série des films anti-rouge. D’abord parce que le scénario initial tel que le tourna Menzies (décorateur du VOLEUR DE BAGDAD, D’AUTANT EN EMPORTE LE VENT) une première fois s’en prenait aux nazis. C’est eux qui contrôlaient le petit village où pénètre le héros à la recherche d’un endroit où pêcher. Il découvre que tous les poissons du lac sont morts et que tous les villageois ont un comportement lourdement inquiétant et inquisiteur, la palme revenant à Raymond Burr en bistrotier dont l’affabilité respire la menace à 800 mètres. Quand Howard Hughes vit le montage, il décida de transformer les nazis en communistes adeptes de la guerre bactériologiques (tous gardent cependant des noms et un accent allemands et on dit de leur chef qu’il abandonna le nazisme pour le communisme à la fin de la guerre), fit supprimer la présence de Hitler (joué évidemment par Bobby Watson). Le retournage se fit dans des conditions paraît-il déprimantes. Il en résulte des ellipses étranges. Le résultat est pourtant assez distrayant. Le rythme est rapide et Menzies renforce l’atmosphère paranoïaque avec des recherches visuelles assez marrantes, aidé par la photo de Nicolas Musuracca : avant-plans (murs, rochers, arbres) ultra-dramatisés, importance des obliques, champs vide qui renforcent l’angoisse, cadrages qui figent trois visages dans un plan, l’un étant à demi-caché. Le dialogue, les péripéties, la logique, le jeu des acteurs sont en jachère mais le résultat traduit assez bien la vision conspirationniste, paranoïaque de Howard Hughes.
Saluons la sortie d’un magnifique western, inédit jusque là en France, FOUR FACES WEST (300 000 DOLLARS MORT OU VIF) d’Alfred Green, œuvre élégiaque, originale, sensible et très fine, adaptant une belle histoire écrite par Eugène Manlove Rhodes, l’un des rares écrivains de westerns qui fut cowboy, auquel le film rend hommage. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, vous allez pouvoir découvrir l’étonnant TERROR IN A TEXAS TOWN, le dernier film de Joseph H. Lewis écrit par Dalton Trumbo. Voilà ce que j’en disais dans une chronique : « Je ne sais pas si je le qualifierai de « bon film » car ses défauts, interprétation parfois hiératique, étrange accent suédois de Hayden, peuvent déconcerter, mais le ton glacé du film, la longueur de certains plans (dans le saloon), la débauche de cadrages insolites privilégiant les amorces (énorme roue, colonnade) qui tordent l’espace, statufient l’action, lui confèrent un coté baroque, sur mise en scène, qui jure avec la simplicité de l’intrigue, tout cela donne un ton vraiment insolite, accentué par la musique de Gerald Fried qui est tout sauf une musique de western : éclats de trompette qui ne dépareraient pas dans une mise en scène de Laurence Olivier, dissonances à la Paul Dessau, lamento percussif. Les extérieurs sont réduits au minimum et sont d’un dépouillement qui frôle l’abstraction. Le film est d’ailleurs beaucoup plus proche d’un film noir claustrophobique dans le style de SO DARK IS THE NIGHT, l’un des titres majeurs de Lewis, que d’un western. Le dialogue de Trumbo (sous le pseudonyme de Ben Perry) est très écrit, très volontariste et les allusions à la liste noire sont évidentes. A noter que c’est un des rares films où l’on voit un cavalier sauter de sa monture et se diriger vers un bâtiment tandis que son cheval s’échappe dans la rue (ce qui foule au pied un cliché). La pauvreté du budget fait que Lewis utilise deux fois le même cadrage et un autre personnage laisse aussi partir sa monture. »
LA JOURNÉE DES VIOLENTS, western urbain, compte parmi les plus réussis d’Harry Keller et maintient l’intérêt jusqu’au règlement de compte final relativement décevant. Il faut dire que Robert Middleton, chef d’une famille de tueurs (parmi lesquels les inévitables Lee van Cleef et Skip Homeier) venu arrêter par tous les moyens – chantage, intimidation, violences – la pendaison de leur frère (Christopher Dark excellent) impose un vrai sentiment de menace. Le scénario assez bien dialogué de Lawrence Roman présente quelques similitudes avec HIGH NOON, s’inspirant du même auteur John W. Cunningham mais introduit quelques notations originales : la fiancée de Fred McMurray tombe amoureuse d’un autre homme et n’ose pas le lui dire. Là encore, le dénouement déçoit. Certaines décisions de McMurray, comme de ne pas mettre en prison les frères Hayes qu’il vient de désarmer, paraissent problématiques mais sont contournées par la narration sèche, dépouillée de Keller : le premier plan nous montre deux cavaliers s’approchant peu à peu de la caméra, avec en amorce une potence et un nœud coulant. A cause de l’incurie d’Universal, le film n’existe qu’en 4/3, le négatif Scope ayant été détruit. Cela semble renforcer paradoxalement le sentiment d’oppression, de tension claustrophobique, la nudité d’une mise en scène qui s’appuie peu sur le décor, mais que l’on aurait pu comparer avec celle de QUANTEZ.
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La restitution d’une époque, la fin de la seconde guerre mondiale, ses traîtrises, ses abjections
J’ai revu »Mouchette »de Robert Bresson une fois de plus afin d’en mesurer la puissance des images face à l’absence de dialogues.Cadres sérrés sur les visages de comédiens non professionnels qui dégagent une forte émotion.L’histoire de cette gamine de 14 ans qui vit avec un père alcoolique,une mère malade,un petit frère emmailloté dans des couvertures afin d’avoir moins froid.On se croirait dans »Les misérables »d’Hugo avec cette noirceur ou les individus sont happés par leurs tristes destinés(le braconnier Arsène qui à des crises d’épilepsie,la jeune serveuse qui se fait courtiser par un vieux paysan,la population du village qui sait et qui se tait quand il devrai parler).Bresson était un cinéaste à part,loin des films commerciaux.On doit revoir l’ensemble de son œuvre si foisonnante et dépouillée,au delà du personnage qui était croyant car il y à dans tous ses films un sens certain pour la religiosité et le sacré.
A tous.Quelqu’un à t-il vu la version de Jacques Doillon du livre de Joseph Joffo »Un sac de billes »car le film de Duguay est d’un pathos affligeant.Bruel,Elsa Zylberstein jouent de façon excécrable et le film est d’une lourdeur incroyable.LE PLUS MAUVAIS FILM DE L’ANNEE!!!!
A Yves Rouxel
Je l’ai vu et j’en ai plutôt un bon souvenir.
Je voulais revenir sur un film d’Henry Hathaway sorti en 1937″La fille du bois maudit »qui est une oeuvre forte et surtout avec une photographie magnifique.La rivalité entre ces deux familles du nord des Etats-unis qui vivent coupés du monde en véritable autarcie(ils ne connaissent pas le téléphone,ne savent ni lirent,ni écrirent).Quel sens ingénieux d’Hathaway pour la mise en scène,tous les mouvements de grues sont d’une précision millimétrée.Puis le casting est d’une force incroyable:Henry Fonda,Fred mac Murray,le personnage qui chante constamment puis Bobby l’enfant qui meurt tragiquement.A signaler que j’ai remarqué que dans chaque films d’Hathaway les enfants n’étaient pas en second ou troisième plan.Ils jouaient tous un role determinant dans la trame du scénario(je pense qu’Hathaway était très attaché à son enfance et aux souvenirs de sa jeunesse).En second lieu je vais enfin découvrir le film à sketchs « Les baisers »dont vous avez signé »Le baiser de Judas »avec Laetitia Roman,Judy del Caril et Bernard Rousselet.Le dvd est sorti chez Gaumont,hélas sans complément.
Je ne voudrais pas ici jeter un pavé dans la mare mais la sortie du coffret de 3 dvd et d’un livre autour de »La vie est à nous »tombe à point nommer ou l’on fète les 80 ans du Front Populaire.Mais la singularité de ce coffret va au delà grace à des archives de la CGT et du Parti Communiste Français qui était le premier parti de France loin devant la SFIO.Le CNC et les Archives du Film ont fait un travail de restauration magnifique pour la qualité des images et un travail concis pour les sons de la rue(les chants tout le long des défilés donne une puissance supplémentaire au documentaire sur Vincennes qui avait rassemblé plus de 500.000 personnes).Pour revenir à »La vie est à nous »il est axé sur trois bases bien distinctes comme le précise Bernard Eisenchitz:l’aspect documentaire,les archives d’actualités de l’époque puis un troisième segment fictionnel assez bien réussit dans le contenu).Jean Renoir fut aidé par Jean Brunius mais aussi Jacques Prévert et Louis Aragon tous issu du mouvement »Octobre ».Je pourrais écrire pendant des heures sur cette oeuvre inclassable et indispensable à tous car on sent à travers les regards d’adultes comme celui des enfants une soif de vivre,de manger à sa faim,de découvrir la mer,de faire du sport,de lire ou d’écouter de la musique.Toutes ces images nous rappelle fortement l’après mai 81 ou tous les espoirs étaient entre les mains de la gauche unis(ça été une erreur pour le PCF de signer le Programme commun puis d’accepter de participer au gouvernement Mauroy puis toutes les erreurs statégiques et son alignement avec l’URSS et le bilan globalement positif).
A Rouxel
Mais Louis Aragon n’a jamais fait partie du groupe Octobre. Et quand même, LA VIE EST A NOUS qui est passionnant est un film de propagande qui fait l’impasse, normal vu l’époque, sur la manière dont le PCF a fini par dézinguer Blum sur ordre de Moscou. Et cher Rouxel, vous vous contredisez en prônant une gauche unie et en regrettant ensuite que les communistes aient fait partie du gouvernement. Certains – RALITE, FITERMAN – ont été bons. Ce qui a coulé le PCF, c’est son attitude envers Moscou et la gestion imbécile mais flamboyante dans la connerie de Marchais
Je ne met nullement en cause les 4 ministres communistes(vous oubliez Anicet Le Pors et Marcel Rigout)mais la réalité concernant la baisse de popularité au sein des ouvriers français est la faute de Mitterrand cet ancien »cagoulard »qui était par la pensée un homme réactionnaire de droite qui était aux affaires sous Pétain,qui à proné le conflit en Indochine puis la guerre d’Algérie.Après deux échecs en 65 et 74 il à été élu triomphalement en mai 81.J’irais meme plus loin dans mon engagement car j’ai toujours été un homme libre et non pas un individu à qui on demande d’etre dans la droite ligne.C’est François Mitterrand,Mauroy,Delors,Fabius’l’empoisonneur)et tout l’état major du PS qui à fait monter le FN en France durant les années 80.Mitterrand était un anti-communiste primaire et un homme qui à trahit les veritables idées progréssistes.Henri Emmanuelli que je connais personnellement n’a jamais eu de responsabilités dans un gouvernement de gauche car il dérangeait quand à Bérégovoy on lui à demander gentiment de mettre fin à sa vie car il voulait trop s’impliquer à gauche.Quand j’entends encore aujourd’hui des acteurs comme Arditi ou Luchini qui continuent de soutenir la politique néo-libérale de Hollande et de sa clique,ça me fait gerber.Quand aux réalisateurs dit « de gauche »ils se terrent dans leurs appartements cossus à Paris ou dans leurs maisons secondaires dans Le Luberon.En écrivant ces lignes Bertrand je ne vous vise pas en particulier ni Robert Guédiguian et encore moins Yves Boisset que j’admire le plus en France.Pourquoi les affairistes du cinéma,les chaines de tv et les régions lui interdisent de tourner un film sur le commerce des armes dans le monde et les milliards que ça rapportent à toutes ces puissances.Bien sur il y à des réalisateurs qui arrivent à nous décerveler un peu grace à des films à caractère social.
A Rouxel
Yves a eu hélas des problèmes de santé mais il va mieux et son tempérament batailleur n’est pas ce que recherche le Service public qui est de plus soumis à la dictature du jeunisme. Vore l’éviction scandaleuse de Philippe Meyer et celle de Michel Ciment
Je lisais les grilles d’été des radios publiques et privées de la bande fm.C’est consternant outre l’éviction de Michel Ciment et de Philippe Meyer,je regrette le départ forçé de Paula Jacques qui apportait chaque samedi et dimanche un bon bol d’air frais de livres,d’expositions,de films en resortis ou de petits festivals hors des sentiers battux par l’argent et les grosses vedettes(Johnny,Elton John ou Scorpions)!!!Quand à France Inter il nous propose du réchauffé maison avec des rediffusions à la pelle.En tout cas je souhaite un prompt rétablissement à Yves Boisset.
Quoi ? plus de Projection privée!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Putain! Et cela ose encore se nommer France culture…
Je n’écoutais plus beaucoup France inter depuis l’éviction de Mermet (en dehors de On aura tt vu et Meyer le samedi), je crois que je vais faire de même avec (F)rance culture…
Ballantrae, vous avez dit un gros mot.
C’est mal
à Mathieu: DES GENS SANS IMPORTANCES
pour le plan des veaux, c’est surtout une utilisation sonore: les cris de ces veaux sont des cris de bêtes qui vont à l’abattoir. Verneuil a fortement insisté sur le son de ces beuglements qui sont à la limite du supportable. Grâce au son, l’ambiance atteint un niveau mortifère dont l’adjectif « glauque » pour la décrire reste un euphémisme. Voir aussi le plan inoubliable de Arnoul s’appuyant à un platane pour vomir juste avant. Ce type de figure de style aurait été loué dans un film d’un cinéaste plus « reconnu », disons.
A MB
Ajoutons aussi qu’on voit des ouvriers, des immeubles prolétaires, un Paris et un monde qui disparaitra du cinéma français des années 60 comme le monde ouvrier des préoccupations et de l’intérêt du parti socialiste ou écologiste. A part cela Michel Ciment est renvoyé comme Philippe Meyer
à BT: et j »étais en train de me dire que les deux dernières émissions de Ciment étaient très réussies: Mourlet et juste avant PW Glenn (Le seul à avoir fait des émissions sur des dir de la photo. Je suis dégoûté, ça va faire un trou!)
Hubert Niogret de »Positif »à réalisé il y à 10 ans un documentaire fort interessant sur »60 ans de cinéma français »avec des témoignages de cinéastes:Delannoy,De La Patellière,Marboeuf,Mocky,Miller,Corneau,Doillon…J’ai retenu les propos de Guédiguian qui affirme que la fameuse »Nouvelle vague »apparut à la fin des années 50 avec »Les 400 coups »de Truffaut manquait totalement de réalisme social et n’avait rien à voir avec la société et ses changements.Car la force du cinéma français des années 30 et 40,c’est qui nous as souvent décrit le monde des ouvriers,des chomeurs,de l’ambiance de l’époque avec ses rèves et ses espoirs du Front Populaire.On peut reconnaitre que la nouvelle vague à casser les codes à travers les gros plans,la camera à l’épaule mais beaucoup de ces films manquent de structures narratives à part peut etre »Hiroshima mon amour »ou des films à thèses engagés comme »Avoir 20 ans dans les Aurès »de René Allio.En revanche je suis entièrement d’accord avec Beinex et Annaud qui disent que Sautet à sut décrire de façon concise la bourgeoisie des années 70 alors que Chabrol,Truffaut ou Godard vivaient dans leurs bulles et filmaient avant tout pour eux et pas pour les spectateurs.Comme le rappelle justement Delannoy la plupard des réalisateurs des années 30,40 et 50 venaient du théatre,ou étaient acteurs,monteurs,assistants tandis que les trublions de la nouvelle vague venait de la critique de films en voyant deux à trois films par jours mais ne connaissait rien à l’aspect technique de cet art.
A Rouxel,
Je suis fatigué d’entendre ressasser ces attaques dont certaines sont nulles et non avenues : évidemment que Tuffaut pensait aux spectateurs, Chabrol parlait du monde qu’il connaissait et ses échecs l’ont fait souffrir. Ce qui est juste en revanche, c’est qu’ils ont oublié les classes populaires, les ouvriers (déjà réduits à la portion congrue dans les années 40/50), le peuple. Cela s’est vrai. Mais techniquement certains de leurs films sont aussi bien filmés que ceux de Delannoy et plus intéressants. Et d’avoir des cinéastes qui ne viennent pas du sérail c’était excitant (et quid de resnais, marker, varda qui avaient pratiqué le montage, la photo). Beaucoup de ces cinéastes étaient les héritiers, les compagnons des hussards, des écrivains anti sartriens (c’est Jacques Laurent qui finance Arts où ils écrivent tous) et c’est un e position politique pas une méconnaissance. Rohmer écrivait dans Aspect de la France je crois.
AVOIR 20 ANS DES LES AURÈS, 1° n’est pas d’Aloi (vérifiez avant d’écrire), 2°et n’a rien à voir avec la Nouvelle vague, étiquette creuse et sans signification. Quel lien entre Resnais et Rohmer, Marker et Truffaut, Chabrol et Godard ?
Belle découverte que LES GARS DU LARGE! Excellent film d’aventures qui vieillit admirablement bien, sans doute de par le ton « dégraissé » qu’évoque Bertrand, cette maturité stylistique qui nous évite les intermèdes comiques lourdingues qui plombent pas mal de films de l’époque (ce rôle incombe ici à une adorable otarie à laquelle on pardonnera volontiers), et fait montre de sensibilité là où d’autres sombreraient dans la sensiblerie. Henry Fonda n’a jamais été aussi beau, George Raft, très à l’aise, est d’une truculence et d’une santé roboratives, Akim Tamiroff campe un marin russe plutôt fourbe avec panache (il annonce un peu Anthony Quinn dans LE MONDE LUI APPARTIENT, les deux films ayant quelques points communs) tandis que Louise Platt (fort différente dans LA CHEVAUCHEE FANTASTIQUE) et Dorothy Lamour, très moderne et touchante, assurent au film un beau contrepoint féminin. Hathaway n’hésite jamais à foncer dans l’action, de manière toujours étonnante, vive, soudaine :les icebergs que l’on brise en chantant « Mother Macree », la bagarre nocturne, sauvage, âpre (quelqu’un se prend une hache dans le dos) avec un détail bizarre (un projecteur éblouissant est visé….avec un harpon) ou ce moment sidérant, dénué de dialogue, où Dorothy Lamour cherche à couler le bateau de George Raft.
Conseil d’ami : faîtes-vous dans la même soirée LES GARS DU LARGE et LA FILLE DES BOIS MAUDITS, vous m’en direz des nouvelles!
Qu’est ce qu’on ferait sans vous, Bertrand!
à AA: je pense que je vais resortir ce film du coin des « à vendre » et commander très vite TRAIL OF THE LONESOME PINE/LA FILLE;
A MB
Dans les deux cas, les copies sont excellentes. Mais que lis-je? Vous vouliez vendre LES GARS? Oh le vilain..
Je vais le revoir pas taper! Parfois certains films passent mal à cause d’une migraine ou d’une fatigue inconsciente et on juge sévère et trop vite.
A MB
C’est un film étonnant, une vraie découverte
à Bertrand: j’y retourne promis! D’ailleurs c’est la période années 30 US ces temps-ci chez moi.
A MB
Si, si, taper, police, menottes, prison, tout ça..
Dans le champ films de marine, j’avais très apprécié le DOWN TO THE SEA IN SHIPS/LES MARINS DE L ORGUEILLEUX du même Hathaway, sans doute grâce à Widmark déjà très riche d’expression en 49, et Lionel Barrymore ne cabotinait pas trop. Bien sûr avec Tracy et Freddy Bartholomew CAPITAINES COURAGEUX de Fleming, très bon mélo mais le 1er est plus subtil ou léger ce qui ne veut pas dire… Plus récemment il faut absolument voir LA MER CRUELLE de Charles Frend dont je ne connais pas d’autres films.
A MB
DOWN TO THE SEA IN SHIPS revu récemment est magnifique avec Widmark tout en nuances et Barrymore très sobre. LA MER CRUELLE est un chef d’oeuvre et je n’ai pas vu de films de Frend qui l’égalent même si certains partagent la même sobriété
pour Ch Frend c’est même curieux cette réussite isolée, cet homme a commencé comme monteur et après sa carrière de réalisateur termine comme réal de 2ème équipe pour LA FILLE DE RYAN.! Je sais que Monty Python a fait une parodie poilante de l’héroïque SCOTT OF THE ANTARCTIC, sous le même titre. L’original était avec John Mills jouant le découvreur du Pôle Sud. Dans le Monty Python, Scott se battait avec un lion local.
A MB
Il y a surtout SAN DEMETRIO LONDON qui est pas mal
FREND: oui vous me le rappelez, j’avais oublié que c’était lui c’est pourtant connu et comme SAN DEMETRIO ses deux autres films de propagande DE LA dernière guerre dont Rousselet parle dans son bouquin: THE FOREMAN WENT TO FRANCE et THE BIG BLOCKADE (plutôt sévère sur ce dernier car caricatural).
Oui LES GARS DU LARGE est un film magnifique, un film fort et original, à conseiller à tous ceux qui auraient encore des doutes sur le talent et l’originalité de Hathaway. La mise en scène est constamment inventive, pleine d’ellipses et de changements de ton, alternant des moments contemplatifs d’une grande poésie panthéiste (la cérémonie indienne sous la lune, la promenade où Fonda fait sentir et deviner le parfum des fleurs à Louise Platt) à des scènes d’action d’une grande intensité et d’une grande violence. Il y aussi des moments quasi surréalistes, comme ces icebergs dont on déclenche l’effondrement en chantant « Mother Machree », où quand George Raft fait ressortir la fumée de sa cigarette par sa plaie à la poitrine ! Et le final est grandiose, et annonce celui de NIAGARA.
Les acteurs sont au minimum très bons, même Raft, Dorothy Lamour excellente, et Henri Fonda est sublime. John Barrymore est très bon aussi, très drôle en journaliste aux envolées lyriques immédiatement traduites en style télégraphique par son acolyte typographe. Le style de Hathaway lui arrive à conjuguer les deux, le lyrisme et le pouvoir évocateur de la poésie, et l’efficacité, la sécheresse et la concision dramatique.
REPONSE DE MICHAEL A MATHIEU
My response to Mathieu was:
I agree. There is a pattern in American cinema of idealization of the Holy Innocent, which can easily shade into a fawning over the Wholly Ignorant.
And I would inform Minette Pascal that LA CHAINE is availible in France, Region 2 with French subtitles. I can also recommend Curtis’s turn in HOUDINI, un film de George Marshall. But his peaks are, as previously noted, SWEET SMELL OF SUCCESS and THE BOSTON STRANGLER. In THE DEFIANT ONES, the performance I most enjoyed after Curtis’s was that of Theodore Bikel, less actorish than usual. It seems to me that a sinister chuckle ( Bikel’s?) that I used to hear after Poitier’s performance of « Bowling Green » was removed from the last two TCM showings that I’ve caught.
In working my way toward a full inventory, I started counting my movies today. In counting DVD’s and Blu-Rays I got to 1109 before resorting to estimating stacks. Probably between 1400 and 1500, with maybe a hundred or so of these being Blu-Rays. Two hundred and sixty-eight LaserDiscs, with some obscure thirties and forties films , like OUT OF THE BLUE, 1947, with milktoast husband George Brent getting involved with a beautiful blonde (Virginia Mayo) and madcap Greenwich village girl (Ann Dvorak) and a calendar artist ( « Le plus camp » Turhan Bey) while Brent’s wife and kid are away for the summer. And there are some foreign films like Le Crabe Tambour and 317th Platoon that never made it to DVD or BR over here.
Bonjour,
Je souhaite juste faire part de mon enthousiasme pour RIDE A PINK HORSE de Robert Montgomery, formidable film noir qui, pour en souligner les qualités, je dirais qu’il annonce, à mon avis, à la fois deux futurs chefs d’oeuvres du cinéma américain des années 50: LA SOIF DU MAL d’Orson Welles et LA NUIT DU CHASSEUR de Charles Laughton.
– LA SOIF DU MAL pour le portrait un peu étouffant d’une ville frontière américano-mexicaine gangrénée par la corruption et la violence, où le Bien et le Mal s’entre-mêlent.
– LA NUIT DU CHASSEUR pour la confrontation entre l’innocence de l’enfance et la brutalité du monde des adultes, le tout au sein d’une atmosphère et d’une photographie en noir et blanc qui lorgne vers l’onirisme et la poésie (la séquence du caroussel, notamment).
Une petite perle méconnue qui a donc toute sa place à côtoyer les titres les plus prestigieux du genre.
Pour la comparaison entre PINK HORSE et les films de Welles et Laughton, je pense que vous exagérez un peu. L’atmosphère dans la petite ville-frontière n’est pas étouffante à ce point (l’est-elle dans SOIF DU MAL où en plus les échappées hors de la ville sont fréquentes?) ni le bien et le mal si entremêlés que ça, quant à le confrontation enfance-brutalité adulte, le rôle de Carla ne me semble pas correspondre à ça: elle subit juste un interrogatoire un peu sévère vers la fin du film mais ce n’est plus une enfant tout juste une ado naïve, alors que les gosses de LA NUIT sont harcelés poursuivis sans cesse par Mitchum!
Quant à la « photographie en noir et blanc qui lorgne vers l’onirisme et la poésie », bien sûr mais ça s’applique à -et heureusement mon dieu!- 1000 films ou + de la grande période « noir ».
mais vous avez raison RIDE THE PINK HORSE est admirable, à éviter dans son édition française, attendre une reprise digne de ce nom chez Wild Side ou Carlotta?
M Tavernier , je suis épaté , plein d’une rare admiration, par votre commentaire si personnel sur votre ami le cinéaste Robert PARRISH et son extraordinaire western LIBRE COMME LE VENT (SADDLE THE WIND, 1958) . Ce que vous dites dans les Compléments du DVD que j’ai déniché dans la mini médiathèque de mon village, est d’une saveur qui m’a beaucoup touché ; l’affrontement des personnages dans ce film , y compris les petits-rôles, l’intérêt pour les paysages , votre observation sur le traitement des décors sont autant de défi aux clichés du western que vous avez parfaitement identifié. Au moment où sort en France American Snipers (Clint Eastwood) qui fait l’apologie du plaisir de tuer son prochain, on regrette que le cinéma US ne sache plus filmer comme Parrish où « la violence est un élément moral » . Je recommande ces 26mn après avoir vu ce DVD de la collection Les Introuvables dont ce LIBRE COMME LE VENT dont vous ne parlez pas dans ces pages semble-t-il (je n’ai pas lu les 263 commentaires de ce blog au 22.02.2015). Merci de nous « sortir » bientôt un bouquin de cinéma où vous écrivez avec autant d’érudition et de multi-sensibilité que Truffaut devant A Hitchcock.
A JEROME ROBERTIX
J’ai parlé de LIBRE COMME LE VENT dans ce blog :
J’ai adoré revoir SADDLE THE WIND malgré quelques transparences gênantes et certains raccords en studio. Tous les seconds rôles sont superbement écrits, joués, distribués (Jay Adler en barman, Royal Dano en squatter sur de son droit, Charles McGraw en tueur sont formidables) et le film, sans en avoir l’air, subvertit, remet en cause beaucoup des archétypes du genre : le cattle baron joué par Donald Crisp est pacifiste et préfère renoncer à ses chères clôtures que de tuer pour les protéger. Pour Parrish et Serling les conséquences d’une action sont aussi importantes sinon plus que cette action elle-même. Position morale rare dans le cinéma américain. Ce que les auteurs remettent en cause, c’est moins la violence de Cassavetes que son amour de la violence, que l’aura, le prestige que lui donne aux yeux de quelques uns, cette violence. Les morts, toutes impressionnantes, prennent une importance démesurée : Dano , Mc Graw mettent un temps long à mourir.
Pour une fois, on donne à un Nordiste (Dano) un discours très digne alors que les confédérés sont montrés comme des assassins sans honneur, ivres d’alcool et de brutalité immature et stupide. L’affrontement archétypal entre les deux frères possède un vrai tragique et se conclut, fait exceptionnel, par un suicide. Tout est ainsi décalé, détourné, petit à petit, sans qu’on s’en rende compte, de même qu’on mettait du temps à réaliser que les soldats qu’on avait sous les yeux appartenaient à un régiment noir dans l’AVENTURIER DU RIO GRANDE, tant le traitement était subtil et peu souligné. Même le personnage de Julie London témoigne d’une absence de calculs, d’une franchise exempte de tout puritanisme sur ce que fut sa vie. Parmi de magnifiques extérieurs, Parrish inclut une des villes de western les plus plausibles ces maisons de guingois, ces porches déglingués, les plus intéressantes, qui rivalise avec celle de LA CHEVAUCHÉE DES BANIS, de WILL PENNY.
Et je crois avoir publié deux livres qui répondraient à vos demandes : AMIS AMERICAINS et 50 ANS DE CINEMA AMERICAIN
A Jérôme Robertix:
Si vous avez aimé SADDLE THE WIND ainsi que l’entretien avec Bertrand en bonus sur le DVD Wild Side, comme d’habitude intelligent, informé et éclairant, mais cette fois ci particulièrement ému et émouvant, je vous invite vraiment à lire les entretiens avec Robert Parrish dans AMIS AMERICAINS ainsi que le texte de présentation (et tout le livre…) si ce n’est déjà fait. A noter que dans son texte, écrit bien avant le revision du film à l’occasion de l’édition DVD de Wild Side, notre hôte se souvient de la prairie de fleurs jaunes où se suicide John Cassavetes. Or dans le film elles sont violettes… Wild Side a ressorti le DVD il y a quelques mois dans une nouvelle collection: “Western Classics” où l’on trouve deux autres chefs-d’oeuvre: DEVIL’S DOORWAY d’Anthony Mann et DAY OF THE OUTLAW d’André de Toth, réédités sans le livret d’origine mais à un prix nettement inférieur à l’édition précédente (les DVD eux-mêmes étant identiques).
A Mathieu
Comùme quoi la mémoire (ou le tirage des copies). Tout le monde parlait des fleurs jaunes. Je crois d’ailleurs qu’il y na les deux couleurs
Je viens de vérifier, les fleurs sont violettes, quelques unes rouges et beaucoup de bruyères vertes, en fait, la quantité de vert est égale au violet.
Vous parlez de LOVE ME TONIGHT. J’ai visionné le week end dernier le Lubitsch avec les mêmes acteurs ONE HOUR WITH YOU (de 1932 également). C’est un film plus mineur du réalisateur, remake de son film COMEDIENNES de 1924 mais qui offre de bons moments malgré tout (période pré code oblige). J’ai lu dans « Histoire de la Paramount » que Chevalier ne voulait plus du réalisateur George Cukor qui avait démarré le film et ne voulait jouer au départ qu’avec deux actrices (Kay Francis et Carole Lombard : bon goût entre parenthèse !). Finalement il a accepté de tourner avec Jeannette McDonald. Leur duo fonctionne très bien, Chevalier jouant le « frenchy » à l’accent inimitable et McDonald en nuisette transparente vaut le détour ! Le film est cependant alourdi par des passages chantants qui cassent parfois un peu la dynamique propre à Lubitsch et qui alourdissent certains passages (c’est un peu comme avec les Marx Brothers dans leurs films MGM. Sans les chansons, UNE NUIT A L’OPERA aurait gagné sensiblement en qualité).
A Damien D
Mais pas là : les chansons font partie de la vision de Lubitsch. Elles s’intègrent à l’action et les lyrics sont délicieux d’impertinence et de sous entendus, ce qui n’est jamais le cas dans les passages musicaux des Marx
A Bertrand Tavernier
..et j’aime beaucoup Jeannette MacDonald, sa classe, son sourire et son entrain, que ce soit dans ce Lubitsch, dans LA VEUVE JOYEUSE ou même dans SAN FRANCISCO. Et je n’ai jamais vu LOVE ME TONIGHT… ah là là, que de taf vous nous donnez !!
Oui vous avez raison sur le fond et les paroles des chansons de ONE HOUR WITH YOU. De toute façon c’est un film très plaisant (comme tous les Lubitsch d’ailleurs) et que je reverrai avec plaisir à coup sûr. Chez les Marx, les chansons paraissent en effet « plaquées » au milieu des scènes et ça m’a empêché de revoir UNE NUIT A L’OPERA dont les scènes comiques sont pourtant toujours impayables…
A Damien D
Chez les Marx, les chansons provenaient d’un calcul du Studio : les spectateurs auraient besoin de pause sinon le crépitement des répliques, des trouvailles les épuiseraient. Calcul commercial qui a payé car les recettes de UNE NUIT A L’OPERA ont été énormes et supérieures à DUCK SOUP qui est dépourvu de chanson. Mais ce raisonnement est biaisé car la MGM avait une force de frappe supérieure à la Paramount
A Bertrand : DUCK SOUP est aussi pour moi le meilleur film des Marx. Tout le film est pur délire sans le « gras » de chansons ajoutées. Incroyable de se dire que la MGM « pensait » à la place du spectateur de l’époque avec ces ajouts de chansons ! Il faut dire que la période pré-code était elle aussi bien finie et que la mode était à l’édulcoration. Les Marx font ce qu’ils peuvent (et magnifiquement) dans UNE NUIT A L’OPERA pourtant sous la direction du réalisateur réactionnaire qu’était Sam Wood : un vrai petit miracle !
Je n’ai pas vu un film comme PANIQUE A L’HOTEL de William A . Seiter (1938) qui n’est pas très réputé (malgré qu’il fût tourné pour les studios RKO, plus ouverts que la MGM) mais peut-être que les Marx se sentaient déjà à l’époque bridés et perdaient aussi un peu de leur inspiration…
A Damien D
Oui, ils perdaient de leur fougue, ne se renouvelaient pas et même un réalisateur doué pour la comédie comme William Seiter ne touchait pas ses billes avec eux. McCarey disaient qu’ils étaient insupportables et qu’on ne pouvait pas les réunir. Il y en avait toujours un qui se barrait
To Damien D. and Bertrand T. : The « Isn’t It Romantic » sequence in LOVE ME TONIGHT is, I think, the greatest musical number in 1930s American musicals, because Mamoulian is choreographing what appears to be all of France (tailors, cab drivers, cab drivers’ passengers, soldiers, train riders, an epidemic of euphoria that infects the viewer) rather than manipulating film stars and troops of professional dancers. Not that I don’t love Busby Berkeley.
Speaking of censorship, the original pre-code release of LOVE ME TONIGHT included the only instance of Myrna Loy singing on film, a reprise of MIMI. But Myrna’s navel was visible through her diaphonous nightie, so come the Motion Picture Code, no navels and no Myrna MIMI. But didn’t Tavernier and Coursodon (in 50 ANS) have something to say about America replacing Valentina’s tetons with the surrealistic pitons in some other Chevalier opus?
The songs are much better integrated in the Marxes’ Paramount films (NEW KIND OF LOVE in MONKEY BUSINESS, EVERYONE SAYS I LOVE YOU in HORSE FEATHERS) but the otherwise forgettable MGM AT THE CIRCUS did give the world LYDIA THE TATOOED LADY (« When her muscles start relaxin, up the hill comes Andrew Jackson. »)NEW KIND OF LOVE has been covered by Ethel Waters, Frank Sinatra, and Liza Minnelli, anong others. And there’s a version of LYDIA… by Bobby Short which rivals,no, may even surpass Groucho’s. I found ONE HOUR WITH YOU much inferior to both Mamoulian’s LOVE ME TONIGHT and LUBITSCH’s THE SMILING LIEUTENANT. However well integrated, the songs in ONE HOUR… must be among the least known songs in the Leo Robin/Richard Whiting catalogue. I’ll stay a week or two, I’ll stay the summer through, but I am telling you, I must be going. Captain Jeffrey Spaulding
comme le souligne justement Bertrand dans le bonus »L’orchidée blanche »d’André de toth est un film assez méconnu de ce réalisateur.Barbara Stanwynck était une actrice qui pouvait jouer une palette incroyable de personnages:passez de la comédie aux films dramatiques ou aux westerns n’était pas courant à cette époque.Richard Conte avec son coté introvertie et sa prestance apporte au film une espèce de mystère sur ce personnage à la fois pilote de course mais aussi dandy.Quand à David Niven,il nous prouvait déjà qu’il était un acteur de composition qui arrivait à faire passer des émotions.J’ai été moi meme déçu par cette fin un peu rapide,dommage que De toth n’est pas pu imposer la fin qu’il souhaiter.Je vais m’empresser de revoir »Bobby Deerfield »de Pollack qui est une forme de suite à la nouvelle qui à servit à l’écriture de »L’orchidée blanche ».
J’ai enfin vu »Le passé se venge »de Robert Florey qui est un film fort interessant dans la carrière de ce français qui à tourner un peu partout dans le monde et surtout à Hollywood.Je ne suis pas d’accord une fois de plus avec Patrick Brion qui reproche le jeu statique des acteurs,en revanche Bertrand avec sa flamme intérieure et son amour des films nous détaille longuement la carrière de Florey avec quantités de détails et d’anecdotes sur sa filmographie.Quand à françois Guérif,il nous apporte un complément de reflexion au commentaire de Bertrand.Il me reste à revoir »L’orchidée sauvage »de De toth mais aussi »Impitoyable »d’Ulmer qui sont sorti chez Carlotta à un prix abordable.
Je ne connaissais que de nom ce de Heer cité par Rouxel, celui avec Miles Davis est vachement tentant, voyons voir… (c’est exactement ce pour quoi je viens sur ce blog) ma médiathèque ne connaît que ALEXANDRA’S PROJECT et 10 CANOES 150 LANCES ET 3 EPOUSES damned! ce titre me botte! j’emprunte!
A Martin Brayd
Il y en a d’autres : la chambre fragile ou quelque chose comme cela, BAD BOY HUBBY
à Bertrand: oui c’est un cinéaste australien, je le situais en Afrique du Sud pourquoi? j’avais bu BAD BOY BUBBY sans forte impression mais je vais chercher à en voir d’autres.
VU pas BU! (c’est vrai que ça fait nom de cocktail BAD BOY HUBBY)
Je vous signale au passage que Rolf De heer n’est pas australien mais né aux Pays Bas.Sa famille à quitter la vieille Europe pour le pays des Kangourous durant les années 60.Puis j’ai omis d’écrire que Miles Davis qui joue un musicien de jazz à co-écrit la bande originale de « Dingo »avec son ami et complice Michel Legrand.ce dernier vient de signer la musique du nouveau Xavier Beauvois »La rançon de la gloire »,l’histoire de deux « charlots »qui ont réussit à voler le cercueil de Charlie Chaplin en 1977.Le film est audacieux au niveau de la mise en scène grace à l’interprétation de Poelvoode et Zem qui campent des pieds nickelés complétement décalés et en plein délire.
C’est La chambre tranquille (avec un traitement étonnamment pudique du handicap avec une actrice handicapée, à mille lieues des maladresses du Huitième jour de j V Dormael) et Bad boy bubby (sorte d’apologue où un homme longtemps terré dans un abri avec sa mère sort au grand jour et découvre la vie tel Candide ou M Chance du film de Hal Hashby).
Un bon cinéaste assez insaisissable, découvert grâce à l’oeil vigilant de M Ciment il a qqs années.Sûrement mal accepté justement pour son éclectisme comme cela arrive souvent…
Sur les aborigènes l’air de rien , on trouve bon nombre de vrais beaux films:
-La dernière vague, l’un des premiers Peter Weir
-Walkabout de Nicholas Roeg avec l’acteur principal des deux films de Rolf de Heer d’ailleurs aussi présent dans le Weir
-le pays où rêvent les fourmis vertes de W Herzog, pas un titre majeur mais fort sympathique
A Ballantrae
Et THE CHANT OF JIMMY BLACKSMITH de Fred Schepisi
Je ne connais pas.
Je tiens ici souhaiter une bonne année à tous en esperant des jours meilleurs pour l’avenir de notre pauvre pays.Bertrand je vous remercie pour l’hommage mérité que vous avez rendu à Jean Cosmos dans le dernier numero de Positif.Voilà un etre qui s’est investit toute sa vie pour l’écriture et nous as offert des oeuvres télévisuelles riches:je pense à « Ardéchois coeur fidèle »qui à berçer ma jeunesse durant les années 70 puis les collaborations avec Bertrand sur »La vie et rien d’autre »ou »Laissez-passer »deux films forts.Il y a quelques mois j’évoquais la première réalisation de Robert Redford »Des gens comme les autres »,j’aimerais y revenir un instant car j’ai perdu le 5 décembre dernier,uns de mes fils Sébastien.Il avait 26 ans,jouait de la guitare,avait lu Le Coran,La Bible mais aussi les comics américainset les films de Pialat,Sautet,Truffaut,Blier,Boisset ainsi que la plupard de vos films.Je pense qu’il n’y a pas plus terrible pour un père ou une mère de voir son enfant dans un cercueil et se dire que l’on le reverra jamais en dehors des clichés photographiques ,des films vidéos ou des enregistrements.Le plus grave c’est que j’ai découvert le corps sans vie de mon fils dans l’appartement que j’avais quitter le matin meme.Le choc est d’une violence inouie et inimaginable et je suis rester tétaniser plusieurs jours.Heureusement que j’ai des passions comme le cinéma ou la litterature qui me permettent d’avancer et de continuer le chemin de la vie,mais je pense que l’on reste marquer à vie.
A Rouxel
Quelle atroce nouvelle. Quelle horreur. Les mots sont impuissants face à de tels chocs. En tout cas sachez que je compatis profondément
c’est horrible Rouxel, ça nous choque 1000 fois moins que vous forcément mais quand même ça choque, j’espère que vous reviendrez souvent nous faire découvrir des pépites dont on avait pas idée comme vous l’avez toujours fait depuis que je viens ici amicalement
A Rouxel
On se sent idiot de ne pas l’avoir su plus tôt. C’est aussi cela internet..
Une très affectueuse pensée pour vous..
Alexandre
Oui, c’est la pire des choses et on se sent impuissant face à de telles expériences…toutes mes pensées affectueuses vont vers vous même si nous ne nous connaissons que via la toile, Rouxel.
Rouxel, la plupart des cinéphiles intervenants du blog se joindront sûrement à moi et Bertrand pour vous faire part de notre vive émotion et compassion quand à ce drame que vous avez vécu. Je vous souhaite une meilleure année et mes meilleurs vœux à vous tous.
De ma modeste place, je m’associe aux autres pour vous adresser une pensée d’amitié.
A bientôt ici même…
Cher Rouxel, Je ne vous connais qu’à travers vos commentaires sur ce blog, à moi aussi les mots me manquent, mais vraiment veuillez croire à toute ma compassion face au drame qui vous touche si cruellement.
Je remercie ici toutes les personnes qui ont répondu à la tragédie que j’ai vécu le mois dernier.Si emmanuel me lit du Sénégal qu’il me réponde car j’ai perdu ses contacts.
Mes condoléances à vous Rouxel. Je ne vous connais qu’à travers de vos recommandations filmiques et quelques débats de ce blog mais mes pensées sont avec vous. Un parent ne devrait jamais avoir à vivre la mort de son enfant, il est difficile d’imaginer pire situation.
A B. Tavernier
Je viens de revoir PLAY DIRTY, définitivement en porte-à-faux avec le film de guerre européen de l’époque, souvent lourdingue, à la gloire de faits de guerres ou de figures militaires, entre les mains de tacherons anglais sans ambitions, certains d’ailleurs produits par le même Saltzman (son imbuvable Bataille d’Angleterre !) Ce film-ci m’a tout l’air d’un accident dans sa filmographie.
J’abonde dans votre sens au sujet de votre commentaire sur les deux homosexuels arabes. Il faut aussi les voir par rapport à l’image qu’Hollywood (ou le cinéma anglo-saxon) donnait globalement des arabes, non seulement dans les années soixante, mais depuis Le Voleur de Bagdad de Walsh, et encore aujourd’hui. Grosso-modo des barbares sanguinaires, alors l’occasion aurait été donnée ici de rajouter un élément à leur panoplie de perversité à travers l’homosexualité. Une occasion aussi de mettre en contraste la virilité des héros, lesquels se seraient débarrassé de celui des deux qui agonise, blessé parce qu’il l’aurait bien cherché. A la place de quoi ils attaquent une ambulance pour lui ramener du secours. Car la seule raison d’être de la scène est bien de secourir le personnage qui ne leur sert pourtant strictement à rien, pas plus d’ailleurs que les deux acolytes ne soient profondément utiles à quoi que ce soit depuis le début de l’expédition. Ce sont d’ailleurs les deux seuls personnages auquel le scénario s’intéresse en dehors de Caine et de Davenport. Les autres ne sont que des silhouettes n’ayant pas plus à faire que dans Dirty Dozen, mais dans le Aldrich, sur les douze, il y en avait une bonne moitié parfaitement incarnés, impeccablement castés, ce qui est moins le cas ici, et c’est le seul reproche que je fais au film. Votre commentaire est très riche et on pourrait même écrire un petit livre sur cet unique film.
Et aussi un petit reproche à Sidonis que je croyais prémuni de la référence Tarantinesque pour donner envie d’acheter un DVD. « Authentique prélude à Inglorious Basterds de Quentin Tarantino », voici ce qu’on peut lire sur la pochette de THE PASSAGE, film auquel Tarantino ne s’est jamais référé nulle part, en tout cas pas à ma connaissance. Mais gageons que si demain il décrétait que J. Lee Thompson était un génie, on reverrait tous ses films à la hausse, celui-ci est d’ailleurs moins mauvais que dans mon souvenir, en tout cas meilleurs que les nanars italiens au sujet desquels Tarantino délire et surdélire.
A Emmanuel Vaillant
Faible que je suis, vous me feriez presque envie de remettre un nez pervers dans THE PASSAGE : substantiel navet dans lequel Malcolm McDowell, qui porte un slip avè la Croix Gammée dessus, torture, coiffé d’une toque de cuistot, Michael Lonsdale en lui disant « coupe, cpupe » avant de passer de la théorie à la pratique avec un gros couteau de cuisine. Un beau spécimen ce Jack Lee Thompson-là.
à E Vaillant: il a fait de meilleurs films au début quand il signait « J.Lee » au lieu de « Jack Lee » plus tard, cf ICE COLD IN ALEX.
A M. Brady.
Il n’a jamais signé « Jack Lee » ce sont les critiques qui le prononcent ainsi (et P. Brion dans le bonus) peut-être par confusion avec un autre anglais qui s’appelait Jack Lee tout court. Pour en revenir à THE PASSAGE, navet que j’affection parce que tourné dans mon village, Arreau dans le 65 (et voir Dracula se faire immoler derrière l’église en sortant de l’école, ça marque une enfance) je ne comprends absolument pas pourquoi le distributeur français à changé le montage de la séquence finale, qui, par son psychédélisme, mérite à elle seule de revoir le film cher Alexandre Angel. Merci bien à Sidonis d’avoir remit les choses en ordre.
A Emmanuel Vaillant
Il y avait donc un parti-pris affectif…je me disais aussi..
Vous allez voir que vous allez me le faire acheter (mais priorité aux trois films noirs qui viennent de paraître chez Sidonis avec commentaires de Bertrand au menu).
J’ignorais que cette bouse infernale ( M Mac Dowell en slip à croix gammée!!!j’ai vu ce film à la TV un dimanche soir , qd j’avais une douzaine d’années et peu de recul critique et pourtant, j’avais décelé que c’était une merde)avait été tournée à Arreau, village autour duquel il m’arrive d’aller randonner l’été: je le regarderai avec d’autres yeux désormais.
L’exhumation de l’oeuvre de JL Thompson est à peu près aussi nécessaire que celle de M Winner qui fut quelque peu réhabilité après son décès l’an passé.
en parlant d’hommage mérité cette fois, je signale à l’attention des blogueurs le texte de Bertrand en hommage à J Cosmos dans le dernier Positif qui contient par ailleurs qqs pages sur le dernier Boorman et un beau dossier SM Eisenstein.
Etant un fan je peux vous garantir que Tarantino à disserté maintes fois sur son amour de The Passage et a déclaré, quand même pas qu’il était un génie mais qu’il était fasciné par l’oeuvre de J Lee Thompson (notamment The Reincarnation of Peter Proud). Pas sûr pour autant que ça fasse monter les ventes de dvds ou l’appréciation de ce cinéaste. Votre commentaire est assez représentatif de l’opinion générale sur les goûts cinématographiques de Tarantino (ce qui est dommage je trouve. Quand quelqu’un sort totalement des sentiers battus…).
a richpryor
on ne peut pas reprocher à QT son originalité. Juste penser qu’il attige parfois et surévalue des oeuvres (parfois trop méprisées) comme ces Lee Thomson. Il aime surtout sa dernière époque, la plus discutée même par ses admirateurs du début. Par ailleurs Tarantino a des énormes trous sur le cinéma classique : il connait très peu de Hathaway, King, Wilder. Il faut prendre ce qu’il y a de bon dans cette cinéphilie de vidéo club vorace qui n’est pas, contrairement à tant de Francais, dictatoriale, faites de haines et d’exclusions. C’est son gout point barre. J’ai essayé de lui éclairer d’autres chemins et on y arrive parfois. Il a beaucoup de bonne volonté
Oui la grande force de Tarantino n’est pas de juger une oeuvre uniquement sur des aspects purement techniques ou scénaristiques mais d’évaluer l’oeuvre au degré de plaisir procuré à la vision. Et quand il aime, il l’affirme avec tellement de conviction qu’on parvient parfois à lui donner raison. Il y a en effet des découvertes à faire dans le domaine du cinéma B ou bis (cette « cinéphilie de vidéo club vorace » dont parle Bertrand) et sans Tarantino, beaucoup de films seraient aujourd’hui totalement oubliés (à tort ou à raison selon la sensibilité de chacun). Après, Bertrand a raison, à lui aussi de ne pas oublier des œuvres classiques nécessaires. Et là je dois dire que je suis devenu un inconditionnel d’Hathaway grâce à Bertrand qui nous l’a tant vanté : celà a démarré je crois en visionnant le bonus du JARDIN DU DIABLE (ça date déjà cette sortie !) et en lisant en parallèle 50 ans et Amis américains : depuis j’ai voulu tout voir de ce réalisateur et le faire découvrir… Après je sais qu’il y a sa période « cinémascope » qu’il n’aimait pas beaucoup et qui marque une chute qualitative : je ne me suis en effet toujours pas motivé à voir PRINCE VAILLANT par exemple… J’ai également acheté en dvd mais pas encore vu LES MARINS DE L’ORGUEILLEUX (1949) avec Richard Widmarck. C’est de sa période Fox : l’avez-vous revu Bertrand ?
a Damien D
Oui et c’est un très beau film dont je crois avoir parlé en même temps que le magnifique SPAWN OF THE NORTH. Et dans la période Scope, il y a des pépites comme LA FUREUR DES HOMMES et a 23 PAS DU MYSTERE est meilleur que dans mon souvenir. Il arrivé à Hathaway la même chose qu’à Henri decoin, leur versatilité, leur désir de changer de sujets les a desservis aux yeux des critiques superficiels. Il y a dix Decoin à réhabiliter comme il y a d’autres Hathaway à redécouvrir
QT sait faire la part des choses, il ne fait pas QUE délirer sur les nanars italiens, il fait la différence entre LES 4 MERCENAIRES D EL PASO et les TUEURS DE L OUEST de Eugenio (Gene) Martin par exemple (cf Amis Américains), c’est un personnage qui suscite la généralisation (et parfois, de la jalousie) et tout paraît faussé dés qu’on approche le personnage. dommage.
et puis c’est grâce à INGLORIOUS SALOPARDS (pas très convaincant, celui-là) qu’il m’a fait découvrir le très rigolo et invraisemblable film de guerre de Castellari QUEL MALEDETTO TRENO BLINDATO!/UNE POIGNEE DE SALOPARDS! dans le style de VON RYAN’S EXPRESS c’est quand même une découverte, pour moi, il n’a donc pas si mauvais goût notre Quentin.
tiens, INGLORIOUS SALOPARDS ça sonne bien!
Vous êtes sûr pour Wilder (où est-ce une faute de frappe pour Willer?)? En tous cas je prends un plaisir énorme à vous imaginer disserter de cinéma avec QT. La discussion fleuve que vous avez eu et publié dans Amis Américains j’ai du la lire une bonne centaine de fois. Elle était publiée dans la revue Brazil que je lisais de temps en temps à l’époque. J’ai du user les pages.
En revanche éviter d’acheter »Passeur d’hommes »sortie cette semaine chez Carlotta.Film tourné dans les pyrénées françaises,le scénario est bancal puis autant Anthony Quinn que Malcolm mac dowell cachetonnent dans un pseudo film de guerre.
A Rouxel
Mais vous parlez tous du même film, non ?
The Passage=Passeurs d’hommes
Les avis semblent diverger sur ce film en tous cas. Au deux extrêmes ont a Rouxel d’un côté, Tarantino de l’autre.
A richpryor
Avez-vous des sources ? Je suis curieux de lire ça.
C’est, il me semble, quelque part dans cette longue discussion avec son pote le réalisateur anglais Edgar Wright. C’est censé être un commentaire de dvd pour son film Hot Fuzz (excellente comédie que je recommande d’ailleurs) mais ça se transforme dès le départ en discussion sur le cinéma policier anglais (surtout) et américain. Attention, deux heures de délire cinéphile complètement gratuit! Bonne chance pour trouver le moment en question, il vous faudrait du temps à tuer.
https://www.youtube.com/watch?v=FxWfWgOAg-A
A Richpryor
Il faudrait que je le réessaye, mais de Lee Thompson j’aime bien, il me semble, THE WHITE BUFFALO (Le Bison Blanc, 1977)qui avait fait les délices de mes 11 ans. Tiens je l’ai chez Sidonis, je vais le revoir..
à DD: la musique du DERNIER JOUR DE LA COLERE (titre français stupide… plus personne ne s’est mis en colère dans le monde passé ce jour…) en vo I GIORNI DELL’IRA (les « jours de colère », bien plus poétique) est absolument magnifique, c’est de Riz Ortolani, je l’ai découverte en écoutant l’émission de Jousse sur F Musique
http://www.francemusique.fr/emission/cinema-song/2014-2015/westerns-en-tout-genre-2-2-01-22-2015-22-30
je l’avais oubliée ayant pourtant vu le film il y a un bail honte sur moi. et j’aime beaucoup Giulano Gemma (il sourie tant que ça dans les films?), reverra-t’on le Comencini où il joue un ouvrier après sa période spaghetti?
A Martin Brady : le Gemma « cool et souriant » m’est venu en repensant au mauvais ARIZONA COLT de Lupo mais c’est vrai que dans LE DERNIER JOUR DE LA COLERE ou même LE RETOUR DE RINGO il est plutôt sobre dans son jeu. Avec Gemma j’ai encore quelques dvd à voir avec lui : ADIOS GRINGO (1965), WANTED (1967) mais je repousse toujours…
à D Doussin: « Oui la grande force de Tarantino n’est pas de juger une oeuvre uniquement sur des aspects purement techniques ou scénaristiques mais d’évaluer l’oeuvre au degré de plaisir procuré à la vision. »
oui! et pour moi c’est après, en analysant le pourquoi du plaisir qu’on remonte à la technique et au reste, l’approche critique de Tarantino est exactement la mienne, après, peut-être fait-il des raccourcis ou l’enthousiasme l’entraîne-t’il trop loin.
Oui Martin-Brady, d’accord sur la démarche de Tarantino, qui est aussi comme vous souvent la mienne.
Puisque l’on parlait de Castellari : le western italien est souvent montré du doigt par la critique traditionnelle comme étant un nid de films plus mauvais les uns que les autres. Et il y en a flopée, c’est vrai, mais il faut aussi aller y chercher quelques pépites oubliées.
Revoyez par exemple un film comme SENTENCE DE MORT de Mario Lanfranchi (1968) disponible en dvd. Film avec des personnages admirablement typés : le héros ne buvant que du lait (!) se vengeant de trois tueurs que sont Enrico Maria Salerno (en joueur de poker redoutable), Richard Conte ou encore Tomas Milian (en psychopathe albinos obsédé par l’or). Rien à voir avec un western américain, ce film unique de son réalisateur est un petit bijou de scènes quasi oniriques, avec une musique jazzy à contre courant des copieurs de Morricone… Et quand on sait que Lanfranchi est un intellectuel, producteur d’opéra et metteur en scène de théâtre, on ne peut même plus vraiment disqualifier un film comme celui-ci.
En bonus du dvd, Lanfranchi y est interviewé dans sa maison et avoue n’avoir pas forcément été emballé de réaliser un western mais aurait préféré plutôt un film noir : la mode étant au western en Italie, il a essayé d’y mettre toute son originalité. Le film a je crois malheureusement été raccourci (au moment de sa sortie en France sans doute) donc il y a quelques trous narratifs involontaires. Pour ceux qui ne connaissent pas, découvrez-le…
à Damien Doussin: le problème avec le western italien c’est qu’on a un gang d’excités qui bombardent n’importe quelle bouse de « chef d’oeuvre » et je les soupçonne de n’avoir jamais vu un film de Murnau! (pour reprendre Truffaut), les Sollima par exemple, ne sont pas géniaux, ils sont pas mal du tout sans plus et c’est déjà pas mal, il faudrait une approche plus cultivée pour faire le tri, un JP Putters du western italien… Moi à 15 ans j’aimais bien COMPANEROS de Corbucci et justement LE DOLLAR TROUE de Castellari, et les 3 westerns de Sollima bien sûr, mais qu’est-ce que j’ai vu comme navets dans un demi-sommeil! Je note SENTENCE DE MORT connais pas du tout.
Je me trompe LE DOLLAR TROUE c’est pas Castellari mais Giorgio Ferroni (alias Calvin Jackson Padget!). Le ton du film est plus grand film d’aventures que post-Poignée de dollars, y’a aucun butin à la clé, les bruits des colts pas du tout leoniens mais plutôt « Kochiguinn-kochiguinn-kochiguinn! » ce qui nous faisait bien rire par rapport à l’homme politique soviétique!
A BERTRAND TAVERNIER je ne crois pas avoir dit que Murray était mauvais je réagissais à l’article qui le juge là « terne comédien » (en y ajoutant Diane Varsi) or, non pas du tout d’où mon « il est pas mauvais du tout » (à mon avis ça se rapproche pas mal de la perfection) et oui le scénario de Mayes est excellent, et je revois le film tous les deux ans car LA FUREUR DES HOMMES reste dans mon coeur.
Sur le western spaghetti, j’avais acheté au hasard LE RETOUR DE RINGO histoire de me cultiver un peu sur le sujet. Et j’en suis toujours à essayer de définir.
Une certaine recherche esthétique, un lourd climat tragique mais parsemé d’effets comiques dont j’aimerais être sûr qu’ils sont volontaires. Parmi eux, l’extrême simplicité du contenu psychologique qui ne fait pas que frôler la caricature. Mais peut-être est-ce un ingrédient voulu du style ?
Si quelqu’un connaît ce film…
A Minette Pascal : pas encore vu LE RETOUR DE RINGO de Tessari. Pas facile pour moi, car je dois avouer avoir beaucoup de mal avec les films joués par Giuliano Gemma qui est toujours, dans le registre du héros « cool et souriant », assez exaspérant (et ce que vous dites d’un climat tragique parsemé d’effets comiques ne m’incite guère).
Et puis Duccio Tessari est tout de même un réalisateur assez moyen : Bertrand avait parlé de son premier film LES TITANS (1962) dans une chronique d’il y a quelques années (où jouait déjà Giuliano Gemma).
Sur Gemma et le western, ARIZONA COLT de Michele Lupo par exemple est totalement plombé par un humour (et une réalisation) lourdingue et ce malgré la très belle musique (encore une fois) de Francesco de Masi. Je citerai toutefois un bon western de Tonino Valerii LE DERNIER JOUR DE LA COLERE (1967) où Gemma a Lee Van Cleef à ses côtés.
Pour moi, les bons westerns italiens sont toujours d’une veine relativement baroque et noire (les films de Corbucci ou Solima notamment en sont de bons exemples…).
A DAMIEN.D.: Gemma n’est pas très inspirant, en effet, mais il ne sourit pas des masses dans LE RETOUR de Ringo, si ça peut vous inciter à voir le film quand même.
Sinon il y a une belle héroîne au caractère un peu plus ambigü que les autres et vous vous demanderez comme moi pourquoi le réalisateur a tenu à la montrer partant à dos d’âne à la fin.
D’ailleurs, dans le genre » j’ai des idées inédites », il y a ce plan sur des fesses à l’air, pas celles (hélas) de l’actrice pré-citée mais de la fille du héros (4 ans maximum). Ou bien est-ce pour rivaliser avec les chérubins de la peinture classique ?
Des étrangetés qui font peut-être partie de la définition. Il faut que j’en voie d’autres…
A Minette Pascal. Finalement vu LE RETOUR DE RINGO de Tessari qui reste effectivement très divertissant. L’occasion surtout pour moi de réécouter le thème musical de Morricone (de l’enterrement) que Clint Eastwood a repris pour le final d’ AMERICAN SNIPER (superbe musique…). Je renvoi à la lecture du numéro de Positif de février 2015 où Eastwood détaille sa volonté d’utiliser cette musique sans parvenir à l’identifier immédiatement (c’est Sergio Leone qui lui avait fait écouter au moment du BON LA BRUTE ET LE TRUAND).
Une fois de plus on constate l’influence qu’a pu avoir le western italien (ses réalisateurs, ses compositeurs…) sur des réalisateurs contemporains tels qu’Eastwood ou Tarantino pour ne citer qu’eux…
A Damien D: Je ne savais pas que cette musique avait été reprise. Il faut reconnaître que c’est une des principales forces du film.
Mais pas seulement, n’est-ce pas, il y a quelques bonnes intentions aussi dans la manière de faire.
Avez-vous remarqué, par exemple, que la femme de Ringo dégage quelque chose de trouble ? Est-on bien sûr que le retour de Ringo la comble, et qu’elle n’avait pas de sentiments pour l’autre fripouille ?
Merci d’avoir vu le film, en tout cas.
D’accord bien sûr pour LA FUREUR DES HOMMES (FROM HELL TO TEXAS), un de mes Hathaway préférés, à conseiller à tous (mais je prêche des convertis je crois…) même si le transfert du DVD Sidonis est un des pires (le pire?) que j’ai vu chez cet éditeur. Quand je pense que dvdclassik note ce film 5/10, autant que DEUX HEURES MOINS LE QUART AVANT JESUS-CHRIST… Mais je suis de moins en moins d’accord avec ce site pour leurs chroniques de westerns (THE BRAVADOS de King lui aussi mal noté,TWO RODE TOGETHER de Ford totalement démoli dans une récente chronique, même si je suis d’accord pour dire que ce film a des faiblesses et est très loin de valoir THE SEARCHERS ou THE MAN WHO SHOT LIBERTY VALANCE…)Par contre j’aimerais savoir ce qu’on peut sauver du Hathaway des années soixante… En tous cas pour moi ni TRUE GRIT, ni malheureusement CIRCUS WORLD (superbe blu-ray chez Filmedia), qui a des qualités mais est gaché entre autres (mais pas seulement) par une interprétation catastrophique de Claudia Cardinale (certes dans une langue qui n’est pas la sienne).
A Mathieu
J’aime beaucoup TRUE GRIT malgré le jeune bellâtre imposé par Hal Wallis et je renvoie au long texte que j’ai écrit, le trouvant supérieur à la version des Coen. Il y a aussi dans mon souvenir THE LAST SAFARI, film méditatif, sombre malgré encore un jeune premier trouvé par Hal Wallis qui avait refusé la très jeune Sally Field pour True frit qui aurait été géniale (il lui préférait Mia Farrow (!!!!!) Je crois que question casting le gâtisme le menaçait. Ni RAID ON ROMMEL, ni SHOOT OUT, ni 5 CARDS STUD ne sont intéressants et je n’ai jamais vu le dernier Hathaway, un polar joué par des noirs
A Bertrand: mais la fille (Kim Darby) n’est pas mal du tout dans TRUE GRIT et Robert Duvall excellent comme souvent, par contre Wayne, qui a reçu l’oscar pour ce film n’a pas l’air dirigé du tout, de même dans CIRCUS WORLD, on sent beaucoup de flottement dans son jeu…On peut dire qu’il n’était plus question de diriger Wayne à cette époque, mais il est autrement convaincant dans des films légèrement antérieurs, comme HATARI! ou LIBERTY VALANCE. Toujours à propos de Hathaway, mais période Paramount, avez vous vu NOW AND FOREVER, sa première collaboration avec Gary Cooper, qu’ Universal a sorti en DVD il y a pas longtemps?
A Mathieu
Je crois que vous vous foutez le doigt dans l’oeil. Wayne respectait énormément Hathaway et l’écoutait car Hathaway parfois lui hurlait dessus. Et il est dirigé dans TRUE GRIT jusque dans ses excès qui sont ceux du personnages décrits dans le livre (par exemple il fait ce qu’il veut dans les Andrw McLaglen). Simplement parfois la complicité qui l’unit à certains metteurs en scène fait qu’ils acceptent à tort ou à raison ses propositions. En tout cas Wayne disait toujours Mr Hathaway et il a dit sur lui des phrases hyper élogieuses et intéressantes (sur SHE^PERD OF THE HILL)
A Mathieu
Assez d’accord avec vous sur Dvdclassik, site par ailleurs riche de passion, d’analyses fouillées et de judicieux éclairages, mais par rapport aux westerns, ils sont parfois étrangement et brutalement à côté de la plaque. Voir aussi la critique de YELLOWSTONE KELLY où l’on dit que Burt Kennedy (au scénario) « semble s’être totalement désintéressé de son histoire « .
A Alexandre Angel
Je n’arrive pas à comprendre comment on peut écrire des phrases comme cela en 2015. En 1947 peut être, mais là, si on connait le genre, la langue anglaise, on est obligé de saluer un dialogue dépouillé, resserré, avec plein de « subtext » (tous les rapports avec les militaires)
A Mathieu : vous me faites penser qu’il va falloir que je visionne ce NOW AND FOREVER d’Hathaway : sans doute film relativement mineur de sa filmo (véhicule à la jeune Shirley Temple) mais il y a Gary Cooper! Hathaway-Cooper : duo méritant de toute façon le détour.
Je ne reviens pas sur TRUE GRIT dont on avait ici pas mal parlé à l’époque du remake des Coen. Je rejoins à nouveau Bertrand sur l’analyse de ce film qui est pour moi le meilleur film d’Hathaway de sa fin de carrière que j’ai pu voir. CIRCUS WORLD n’est pas du même niveau mais possède une lecture nostalgique qui est très perceptible et intéressante. J’avais assez fortement égratigné sur ce blog SONS OF KATIE ELDER à sa vision et pourtant non revu depuis, j’en garde finalement un souvenir assez plaisant qui m’incitera un jour à le revoir.
Comme beaucoup ici sûrement, nous attendons de pouvoir découvrir un jour son dernier film de 1974 que Leonard Maltin qualifiait de décevant (sic « 50 ans… »). Hathaway et la « blaxploitation » : celà a pourtant de quoi attiser la curiosité ! Dans cette période, un autre vétéran comme Jack Arnold avait réussi lui le challenge avec le très plaisant BOSS NIGGER (1975) sorti en dvd chez sidonis.
A Damien D
Je crois avoir parlé de NOW AND FOREVER qui est très mineurs et aussi des excellents AMES A LA MER et SPAWN OF THE NORTH (sorti récemment). THE SONS OF KATIE ELDER est languissant : le scénario est quasi inerte. Pourquoi 4 fils et pas deux ou 7 ou 13. C’est juste le chiffre qu’on a retenu parce que deux sur quatre n’ont aucune existence
à Mathieu: les critiques de DVDClassik sont souvent très judicieuses et justes, l’approche de FUREUR DES HOMMES est injuste c’est vrai mais il faut rendre justice à Erik Maurel pour celà: « La confrontation finale et les quelques lignes de dialogues qui s’échangent entre Don Murray et R.G. Armstrong (le comédien le plus mémorable du film, le personnage le plus intrigant) sont pour le coup totalement inattendus » et ajouterais-je, quasi bibliques ou légendaires (« Quand nous serons morts tous les deux toi et moi… »). RG Armstrong (acteur formidable, négligé dans le western de Hawks avec Wayne et Mitchum j’oublie le titre) et son personnage ajoute au film un ton percutant et singulier. D’autre part, Maurel passe sous silence un point fort: c’est l’antagonisme psychologique entre d’une part Armstrong le grand propriétaire terrien qui s’est coupé des autres et n’a plus d’amis mais que des subalternes ou ses propres enfants, et d’autre part Murray le jeune aventurier fauché et laissé à l’abandon par un père qui a plaqué la famille, et qui est tellement sympa et naïf qu’il se fait des amis partout! Hathaway aurait-il du développer ça plus? Armstrong: « Mais tout le monde vous aide, tout le monde vous prend en sympathie! Mais pourquoi? » (de mémoire). peut-être Maurel a-t’il été influencé par l’état du master, et pas d’accord avec lui Varsi et Murray ne sont pas mauvais du tout (ils sont pas sensés jouer Macbeth! la sobriété du jeu est une bonne part du western comme genre). Moi j’adore LA FUREUR DES HOMMES, certains points peut-être pas assez développés n’entament pas mon amour du film.
A MARTIN BRADY
Murray joue un idéaliste et il est parfait dans le rôle. Je ne vois pas dans le scénario de Wendell Mayes ce qui n’est pas développé. Il constate que Murray de par sa nature, se fait des amis. Pourquoi analyser ce qui est organiquement évident et qu’une seule phrase suffit à résumer. Et nle personnage de Dennis Hopper dans ses rapports avec ses subalternes. Et la manière dont Hathaway, en utilisant le Scope fait se croiser dans le même plan des destins antagonistes. C’est un grand scénario d’un immense scénariste
A Martin-Brady à propos des chroniques d’Erick Maurel sur dvdclassik:
Erik Maurel est également très injuste selon moi envers THE BRAVADOS de Henry King dans une chronique récente (« le film devient plutôt ennuyeux dès que la course-poursuite s’engage », » le rythme se fait languissant et l’on finit par trouver le temps long », « Henry King,paraissant s’être senti peu concerné par son histoire qui manque du coup singulièrement d’ampleur et d’émotion », « un film asséché, sans âme ») et il ne comprend rien à la fin: « Henry King et Philip Yordan semblent vouloir nous dire que si le désir de vengeance fait commettre des erreurs, celles-ci ne sont pas obligatoirement répréhensibles. En quelque sorte ils restent le cul entre deux chaises, sans parvenir à choisir leur camp concernant la loi du talion ! » Comment peut-il écrire cela? La fin est d’une ironie et d’une amertume extrêmes, Gregory Peck, qui emporté par la passion mortifère de la vengeance, vient de tuer quatre malfrats qui se sont avérés
finalement innocents du crime pour lequel il les a poursuivis et tués (le viol et le meurtre de sa femme), est félicité par le shérif et la foule des « braves gens » :
Le Shérif: Mr Douglass, it’s not often a man gets to do so much for his neighbours and do it like you did. We want you to know we’ll always be grateful… and in our hearts always.
Jim Douglass (Gregory Peck): Thank you… and in your prayers, please.
Moi je trouve ce « in your prayers, please » déchirant et totalement denué d’ambiguité quant à la position morale des auteurs.
(bon, tout ceci n’est pas très clair pour qui n’a pas vu le film je crois…)
A Mathieu
Mais King, chacun le sait et c’est documenté, s’est passionné pour le sujet et c’est lui qui l’a infléchi (avec qui ? comme toujours le nom de Yordan entraine des questions). Quel scénariste blacklisté a écrit THE BRAVADOS. Sous la dictée de King. Erik Maurel recycle la vision que la presse française avait dans les années 50
Le « Henry King,paraissant s’être senti peu concerné par son histoire » quant aux BRAVADOS est du même tonneau que le « (Burt Kennedy)semble s’être totalement désintéressé de son histoire » à propos de YELLOWSTONE KELLY. Que les chroniqueurs de Dvdclassik placent très haut LE SHERIF, de Robert D.Webb, que je trouve parfaitement raidos, est une affaire de goût. Dire que Henry King ne s’est pas senti concerné et que Kennedy ne s’est pas intéressé ne relève plus du goût et des couleurs : c’est une grossière erreur de jugement. Cela dit Mathieu, vous allez me faire revoir illico THE BRAVADOS (donc merci)car je ne suis pas certain que la fin soit aussi affirmative dans son amertume que ce que vous en dîtes. J’avais quand même trouvé cela un tantinet pusillanime. Me trompe-je? Au boulot..
à Mathieu: BRAVADOS ne peut pas être plus clair! Je comprends pas non plus. est-ce le même Maurel qui jugeait SORCIER DU RIO GRANDE raciste? de ne pas faire la distance entre le propos du film et le propos du héros est curieux, mais vous noterez qu’à part ce côté scolaire il fait pas mal de remarques précieuses touchant plus au scénario disons… ou aux rapports du film avec le spectateur, ou à des détails qui à moi m’ont totalement échappé (je dis ça dans la mesure où c’est bien lui qui travaille aussi au monumental parcours chronologique du western, et là je dis quand même « chapeau! »)
tiens ça me fait penser qu’une collaboratrice de DVDclassik vient de sortir un bouquin sur Tourneur père.
« Erick » Maurel et pas « Erik » (comme Mathieu l’a orthographié!)
à Mathieu: vous m’aviez compris sur l’orthographe de Erick! (VOUS l’avez écrit correctement), suis un peu crevé, là, bref.
à Mathieu et AA: une phrase comme « X ou Y ne semble pas s’être intéressé par son histoire ou film » est aussi une tricherie intellectuelle, car c’est utilisé pour ne pas donner d’arguments en analysant réellement les causes de l’impression que j’ai que « X ou Y etc. ». C’est vrai que c’est bien plus difficile de commenter ce qu’on n’aime pas que ce qu’on aime, la solution c’est de ne parler que de ce qu’on aime! (sauf exception, quand une bouse adulée par tous vous met en fureur et encore…) En découvrant ce très beau et majestueux YELLOWSTONE KELLY hier (merci les soldes) et relisant la critique de E Maurel, j’étais furieux je me demandais pourquoi diable il s’était attelé à produire un aussi long texte pour descendre le film! à quoi bon? Il y a même John Russell, convaincant en Indien (en-dehors de tout réalisme de langage ou autre peut-être mais peu importe) et même excellent (j’aime cet acteur) que Maurel ne mentionne même pas, préférant souligner la faiblesse du jeu de Ray Danton! L’histoire à laquelle Kennedy « ne s’est pas intéressé » est en fait très originale, avec le thème très important de la captivité, des rapts commis par certaines tribus sur des Blancs, là sur un membre d’une autre tribu, ce qui n’est pas fréquent. Le rôle de Gall (John Russell) est subtil et fort: on peut croire à la fin qu’il va réellement n’épargner que Kelly et la jeune femme pour massacrer les soldats. Le racisme anti-indien des soldats vis à vis de Kelly sonne juste et si, comme le dit Maurel, il n’est pas appuyé, ce qu’il voit comme un défaut, ça reste aussi fort et témoigne d’un racisme si ancré dans le quotidien que ne pas le dramatiser plus va dans le bon sens. En fait la critique de Maurel amplifie les défauts et gomme les qualités. Je sais pas non plus où il a entendu que « chaque « bourre-pif » était illustré par un coup de percussion » en repassant la séquence de la bagarre, je dois avoir des problèmes auditifs! et ce n’est pas une trille de flûte qui souligne les moments comiques! bref c’est sans doute des détails mais bon, les critiques sont justement là pour faire attention aux détails ou alors ça sème le doute sur le fond du texte. Avec le dénouement, permis par la décision du chef Gall (et pas par une action du héros Kelly), l’anti-racisme trouve alors une charge puissante mais c’est justement là ce que Maurel ignore totalement, curieux! Pour finir on ne trouve dans le texte aucun argument mais que des notes comme « le scénario ne décolle pas » ou « une mise en scène sans éclair de génie » oui mais en quoi ou quel est par exemple, le cadrage médiocre ou le mouvement de caméra absurde, qui signale un manque de génie? Silence total, on en saura rien de plus, curieux.
Au fait c’est Christine Leteux de Dvdclassik qui a écrit un livre sur Maurice Tourneur à paraître le 26 janvier.
A Martin Brady
Comme dans les meilleurs Gordon Douglas, la mise en scène ne repose pas sur « des éclairs de génie », mais sur une gestion du rythme inter, une appréhension de l’espace, une dynamique qui évoquerait Walsh beaucoup que des réalisateurs attachés à des cadrages spectaculaires. Il y a des faiblesses dans le film (Rayb danton) mais qui sont moins dommageable dans le rapport avec l’ambition du sujet que les compromis de Ford sur LES CHEYENNES. On dirait une critique de Cinema 55 quand on rejetait tous les films américains
Livre sur M Tourneur:
http://tropbath.canalblog.com/archives/2015/01/08/31273829.html
à Bertrand Tavernier: oui une mise en scène globale (qui affecte tous les éléments sans en exalter un en particulier) n’est pas une mise en scène absente. Le critique confond l’absence de ses détails préférés à lui (une bagarre doit être comme ci ou comme ça, l’érotisme doit être plus franc ou ne pas être…) avec une absence de talent des auteurs. Mais comme disait quelqu’un, « quand c’est subtil, ça échappe à … certains ».
Je suis bien d’accord avec cette mention « authentique prélude à Inglorious basterds » car j’y retrouve les mêmes outrances et private jokes hénaurmes que je goût toujours aussi peu malgré de nouvelles tentatives de visionnage( je parle du QT pas du Jack Le thompson vu il y a une éternité sans me souvenir qu’il avait été tourné à Arreau comme le signale E Vaillant plus loin.
On croit rêver quand on voit le casting de la chose…les acteurs espéraient sûrement un nouveau Canons de Navarone (qui n’est pas un bon film d’ailleurs et fait regretter même Qd les aigles attaquent de B G Hutton, pourtant pâle ressucée de Dirty dozen);
En revanche, Play dirty doit vu et revu, analysé de près en tant que chef d’oeuvre du genre et gd film tout court.
Tout y est étonnant, intelligent,percutant:le scénario, l’interprétation, le sens de l’espace (la scène où l’attaque de la colonne anglaise par les Allemands est observée sans mot dire par le commando puis suivie par la joyeuse mise à sac des morts est sidérante par son audace et sa justesse), l’utilisation décalée de la musique ( lili Marleen, le chant enfantin, etc…);
Avec le recul, je persiste à trouver dans l’avant dernier tarantino deux scènes fortes: le prélude et la scène du bar dans la cave qui jouent sur une tension verbale avant que ne surgisse la violence attendue et pourtant impressionnante.Un peu un apéritif avant Django unchained qui lui est quasi parfait…
J’ai toujours aimé QUAND LES AIGLES ATTAQUENT depuis mon enfance. C’est une madeleine de Proust, je l’ai découvert à la télé avec mon père. Et le plaisir reste le même aujourd’hui en le revoyant en Blu Ray. Ce générique à grosses lettres rouges scandé par le très bon thème musical de Ron Goodwin. Les préparatifs de la mission, l’arrivée dans un paysage enneigé, les tenues blanches du commando à ski, l’investiture du village, l’auberge, les nattes, la musique locale, la bière qui coule à flots et bien-sûr les scènes géniales du téléphérique qui relie le village au château, la grimpette à la corde le long des parois dudit château… Tout est dans l’ambiance, dans la tension, le suspens. Après, le dénouement, on en pense ce qu’on en veut. Personnellement ça me plaît beaucoup, et puis c’est Clint qui gagne. Burton meurt admirablement dans le film.
Les nazis un peu hénaurmes m’ont toujours plu dans ces films des années 60 et 70 (et vive le slip croix gammée de McDowell ou la Cosima Wagner typée Walkyrie dominatrice dans le MAHLER de Ken Russell), ça a été bienfaiteur je pense et ça a complété les nécessaires visions plus sérieuses des Resnais, Lanzmann, Munk et consorts.
J’ai pourtant apprécié découvrir QUEL MALEDETTO TRENO BLINDATO!/UNE POIGNEE DE SALOPARDS: Castellari est peut-être un piètre directeur d’acteur mais doué pour les scènes d’action (il avait d’ailleurs cette bonne réputation notamment avec ses westerns). Ce n’est certes pas un grand film loin de là, mais on y passe un bon moment : une musique entraînante du grand Francesco de Masi (qui soit dit en passant est un des grands compositeurs du film de genre italien, qu’il faudrait réhabiliter et faire connaître) et un casting assez improbable de Bo Svenson à Fred Williamson et Michel Constantin !
Je dois avouer également avoir une tendresse particulière pour les deux G. Hutton que sont QUAND LES AIGLES ATTAQUENT et DE L’OR POUR LES BRAVES : on est vraiment ici dans le cinéma plaisir où les scénarios (improbables, voire même à plusieurs moments totalement surréalistes, importent finalement assez peu).
Et tout celà n’empêche pas d’adorer PLAY DIRTY, ce chef d’oeuvre de De Toth.
Par contre d’accord avec ballantrae : LES CANONS DE NAVARONE, de par son classicisme désuet, ses longueurs, est une purge et est devenu quasiment invisible.
J’avais un message pour Ballantrae que je ne parviens pas à envoyer. Je l’ai réaménagé, tronçonné, raccourci, j’ai même changé de nom : rien à faire. J’espère seulement que toutes mes tentatives ne vont pas apparaître d’un seul coup!! Au quel cas je m’en excuse d’avance. Mais qu’il est compliqué ce blog techniquement parlant!!!
A Ballantrae
Comme vous êtes « tarantinien » (on sent ces choses-là), j’aimerais vous convaincre de goûter un peu plus à INGLOURIOUS qui est le complément de DJANGO.
Je n’ai jamais compris qu’on puisse aimer GOODFELLAS mais pas CASINO, révérer RIO BRAVO pour mieux fustiger EL DORADO. Pareil pour les deux derniers Tarantino. En murissant, QT ne se contente pas d’offrir une sublimation à sa cinéphilie, il lâche la bride (tout comme son aîné Martin Scorsese) à toutes sortes de petits ruisseaux phréatiques pour les faire converger vers le grand fleuve qui se déploie sur l’écran. Cela s’appelle faire feu de tous bois.
D’une manière aussi inattendue que merveilleuse, INGLOURIOUS se place sous le patronage (plus ou moins conscient) d’Ernst Lubitsch, de Pabst ou de Lotte Eisner pour que la vengeance juive (sublime idée de scénario) puisse enflammer l’écran démoniaque qui décimera l’état-major nazi. C’est plus dantesque encore dans DJANGO, certes mieux articulé, qui convoque frontalement Alexandre Dumas, référence non cinéphilique corroborée par la démesure des séquences avec Di Caprio (LA REINE MARGOT de Chéreau n’est pas loin). Tout cela suinte plus que l’amour du cinéma : il y a dans les deux œuvres un goût très affirmé du panache et un talent de conteur relayé par le Dr Schultz lorsqu’il narre les Nibelungen à un Django fasciné en lui précisant que « dans les légendes allemandes, il y a toujours une montagne ». Réplique ravissante. BAV
J’aurais voulu savoir , Bertrand, si un volet « étrangers en France » figurerait en tant que tel dans votre documentaire sur le cinéma français: j’y songeais lors d’une discussion récente avec un ami à propos d’Ophuls et de Liliom.
On pourrait ajouter pléthore de noms: J Berry et Losey, Bunuel et plus récemment Iosseliani (qu’il faudrait interviewer, c’est un sacré bonhomme!!!),votre ami V Schlondorff (qui s’est attaqué à Proust l’air de rien tout comme Ruiz autre exilé!) kusturica ( produit par C Ossard), Kiarostami (produit par Karmitz).
Cet aspect mériterait sûrement un docu à lui seul mais a t’il des chances d’être abordé au moins partiellement par vos soins?
A Ballantrae
Vous en oubliez des tas : les russes des années 30, Siodmak, Kurt Bernhardt, Kirsanoff, Ozep. J’ai envie de privilégier les oeuvres peu connues, sous estimées et oublier MAUVAISE GRAINE qui est routinier.Et aussi mentionner les très violentes réactions xénophobes Iosselani dans sa période française est trop tardif pour moi et là encore je vais choisir arbitrairement selon les rapports que j’entretiens avec ces cinéastes. Le Bunuel des années 50, je m’en fous un peu et les bons Losey (Klein, Don Giovanni) français viennent tard. Reste EVA que je ne me résous pas à revoir. Je vais privilégier les gens que j’ai connus dans les années 50/60. Du moins je crois car tout cela reste virtuel
Il est évident qu’il y a pléthore de noms intéressants entrant dans cette catégorie et je comprends votre option de choix subjectifs.
Si j’ai bien mesuré l’amplitude temporelle du projet, il devrait trouver comme frontières le début du parlant et s’arrêter au moment où vous commencez votre carrière de façon à ne pas fausser le regard.
La série TV MADIGAN est disponible au catalogue Eléphant. Universal produisait dans ces années-là des fictions TV de haute qualité, souvent confiées à des réalisateurs fameux, comme ici, Jack Smight ou Boris Sagal. Les six épisodes se distinguent par la richesse de leur intrigue, des personnages fouillés, et un contexte où la police se confronte à un milieu social populaire, que les enquêtes se déroulent à Brooklyn, à Naples ou à Lisbonne, le cahier des charges étant de faire voyager le personnage dans plusieurs pays. Tout semble avoir été fait en décors naturels, dans des bars infâmes, des marchés au poisson, des ruelles glauques, des épiceries de quartiers… Certains plans paraissent même réalisés en caméras cachés à la longue focale – Widmark interrogeant des putes sur un trottoir sans qu’on n’entende le dialogue semble avoir été tourné avec de véritables prostituées recrutées sur le vif – Madigan enquêtant sur le crime de proximité, à la fois flic et travailleur social, tout le temps sur le terrain, présent dans son bureau, brièvement, dans le premier épisode. C’était d’ailleurs la problématique du film de Siegel et la source de ses conflits avec la hiérarchie bureaucrate. Un travail de terrain qui conduit à des poursuites motorisées en pleine circulation, faisant de chaque épisode un presque long métrage de cinéma. Notez aussi la qualité des castings, Raf Vallone, Tony Lo Bianco ou Peter Vaughan ainsi qu’une bande originale très riche, alors que la plupart des séries TV se limitent à la répartition de trois ou quatre thèmes. Un projet sans doute trop ambitieux pour un public de télé habitué à des choses plus formatées, mais qui a ouvert la voie à des séries comme Kojak, Baretta ou Strasky et Hutch, dont le principal mérite fut, tout comme ici, de nous plonger dans les milieux populaires (quartiers et personnages) qui ont totalement disparus des fictions télé d’aujourd’hui.
à E Vaillant: merci pour cette appréciation, je ne savais même pas que Widmark avait joué dans une série tv. Je note que celle-ci ne figure pas dans le bouquin (discutable dans ses surestimations adolescentes!) de Winckler et Petit, curieux. Le fait qu’elle n’ait duré que 6 épisodes signale aussi que vous pourriez avoir raison sur la qualité de l’oeuvre, d’abord jusqu’à la fin de sa vie, Widmark a pris (plutôt) soin de ne pas jouer dans n’importe quoi et on peut supposer qu’il intervenait sur la réalisation et scénario, et aussi, les séries qui tirent à la corde et attendent de voir les indices d’audience baisser pour s’arrêter ça suffit! (la 5ème saison de MAD MEN fatigue un peu, je trouve, BORGEN par contre a su s’arrêter juste au bon moment). Et pour finir c’est votre description critique qui donne envie, merci, bon! un de plus sur ma liste!
MADIGAN le film m’avait laissé un souvenir moyen à part, justement, l’admirable Widmark (que j’admire depuis mes 12 ans), des critiques s’étaient emportés sur le soi-disant fascisme du film sans faire la distance, à sa sortie (dans la revue Cinéma de l’époque je crois), un peu comme les spectateurs qui huent le méchant à l’écran.
à propos de cinéma français, peut-être votre film y contribuera, Bertrand mais votre programme est chargé, je suis en manque de revision du film de Roger Leenhardt LES DERNIERES VACANCES, bouleversant film sur le passage à l’âge adulte que Odile Versois illustrait avec finesse et profondeur. Si vous parliez de ce film (à condition que vous l’aimiez assez) peut-être celà sonnerait-il une cloche chez les gens qui s’occupent de la gestion des droits des films il est devenu invisible, je crois depuis une diffusion au Cinéclub de Claude-Jean Philippe (et Patrick Brion) donc y’a des lustres. Leenhardt était un critique d’art et a fait plein de films cm sur des peintres, que je n’ai jamais vu passer ici ou là. Revoir LES DERNIERES VACANCES devient un rêve fou (on peut pas revoir indéfiniment EL DORADO quand même… hum).
Meilleurs voeux Bertrand comme je vous l’ai déjà dit et même chose aux autres habitués.
Une petite question: que pense l’amateur très éclairé et éclairant de jazz que vous êtes de Whiplash de D Chazelle (que pour ma part, j’ai bcp aimé)???
A BALLANTRAE
Non je n’ai pas beaucoup aimé malgré l’énergie de la mise en scène et la qualité de l’interprétation. C’est une vision cliché qui fait rimer souffrance avec création, où l’enseignement du professeur ne porte que sur la vitesse et le rythme, jamais sur tous les autres rôles que tient la batterie (timbres, couleurs sonores). Il n’est jamais question de s’écouter les uns les autres (ce qui est primordial, disait Ron carter, c’est la première et la seule chose qu’on doive enseigner), de laisser une place à un solo. Les arrangements sont corrects mais datent terriblement après Gil Evans, Carla Bley et il ne semble pas exister d’autres batteurs que le très talentueux Buddy Rich. Quid de Max Roach, Sonny Greer (batteur de couleur), Cozy Cole, Elvin Jones, Tony Williams. Un détail révélateur : l’histoire de Jo Jones lancent sa cymbale au risque de décapiter Charlie Parker est bidon. Il la lança aux pieds de Parker, n’étant pas cinglé. Et vous croyez qu’un prof va saboter un concert à Carnegie Hall pour se venger d’un mome ou que ce dernier peut surgir couvert de sang sans que personne ne s’étonne. Regardez les videos sur les solos de Buddy Rich, ses changements de tempo, ses passages en douceur très musicaux qui alternent avec un rythme effréné.
Mieux vaut visionner l’admirable série de Ken Burns, JAZZ 100 ANS DE LEGENDE (pour ma part j’aurais mis « légende » au pluriel…) qui vient de paraître dans un coffret 5 DVD chez Showshank Films. Un détail d’importance tout-de-même : le réalisateur de THE WAR, THE CIVIL WAR et PROHIBITION ne sort pas des frontières américaines tout au long de son récit.
A Sullivan
Gee, ça doit être géant !!! Je ne me remets toujours pas de THE WAR et de sa musique, aux tonalités tantôt symphoniques, tantôt bluesy, qui donnaient un écho bouleversant, une contemporanéité à des archives restaurées comme pas permis. Alors le jazz comme sujet, je crève de joie d’avance. Arte Video fera le boulot?
Merci pour cette réponse argumentée et détaillée qui a de quoi calmer l’intérêt…L’indéniable énergie de la mise en scène m’a vraiment séduit et masque peut-être les défauts d’écriture du film en matière de vraisemblance.Mais après, je vois dans ce film plus un apologue bigger than life (le môme en sang qui essaie de jouer, la forme de vengeance utilisée par le professeur lors du concert final)qu’un film censé dire la réalité du jazz.
En tout cas, je crois qu’un cinéaste est né au vu de sa direction d’acteur et de son sens du cadre comme du montage.
Pour l’anecdote concernant Jo Jones, je ne savais comment l’interpréter: erreur du cinéaste? erreur volontaire du professeur (comme sur les circonstances de la mort de son ancien élève)? Le problème de la vraisemblance est surtout lié à la méconnaissance de la véritable anecdote par un élève vraisemblablement cultivé et passionné.
Notons que ce lancer de cymbale traumatisant faisait l’objet d’un effet stylistique récurrent dans Bird d’Eastwood ce qui en soulignait le caractère fondateur(peut-être alors surévalué?).
Oui, pour Buddy Rich que l’élève est censé aduler: il ne jouait pas simplement de manière effrenée et ce qui frappe est effectivement sa capacité à changer de tempo.
L’élève débutant peut-être ne sait voir que la virtuosité et non l’intime compréhension du « couler » de la musique chez le batteur de légende qui ferait les frais d’une mauvaise compréhension comme Glenn Gould qui vaut plus que son image de virtuose fou.
Quant au professeur, j’y vois un personnage à la sergent Heartman dans Full metal jacket hélas pas totalement absent comme archétype enseignant: trop grand ascendant, confusion entre autorité et autoritarisme, terreur de la perfection…un symptôme d’une époque fondée sur la concurrence à tout crin y compris au nom de la créativité.
D’où mon hypothèse, comme pour Nightcall, d’un apologue à ne pas totalement appréhender en termes de réalisme.
Anecdote: des internautes de DVD classik précisent que Friedkin aime bcp ce film, ce qui est un indicateur intéressant sur la nature de sa réussite.
A Ballantrae
Il y a peu de dialectique dans le film et on ne nous fait entendre aucune autre opinion. On reste dans lé récit binaire en effet du type sergent instructeur alors que la musique c’est autre chose. Les plus exigeants (Miles, Lionel Hampton selon Dexter Gordon) combinant les deux. Ellington rusait, cajolait manipulait ses musiciens mais les défendait et les soutenait
En complément je conseille à tous de voir »Dingo »film réalisé par Rolf de Heer en 1991,oeuvre dans laquelle on voit Miles Davis dans le role d’un musicien de jazz qui débarque en Australie et va rencontrer un jeune garçon passionné de jazz.Au fait allez voir son dernier film « Charlie country »avec David Gulpili un acteur aborigène qui tient ce film sobre et plein d’humilité dans le personnage.
A Rouxel
Entièrement d’accord. Rolf de Heer est un talent remarquable.
Je vous conseille d’acquérir un film très rare en DVD, l’un des premiers films français en couleurs, LA TERRE QUI MEURT d’une remarquable sobriété, avec des dialogues très justes de Carles Spaak et une interprétation inoubliable de Pierre Larquey. Quelqu’un connaissait il le réalisateur Jean Vallée
http://siterenebazin.wordpress.com/autour-de-rb/dans-les-medias/dvd-du-film-%C2%AB-la-terre-qui-meurt-%C2%BB/
certes, bonne année 2015 à tous et je prends la résolution de ne pas parler de EL DORADO pendant un mois!
(oui euh… une semaine ça ira bien quoi eh oh…)
A MB : Oui, faisons relâche avec El Dorado.
Tournons-nous vers l’année nouvelle et suivons tous ce bon conseil :
» Over the Mountains
Of the Moon,
Down the Valley of the Shadow,
Ride, boldly ride. »
Tiens, ce n’est pas un hasard si Mississipi d’appelle Allan dans…ce que vous savez…
A Bertrand: Ferez vous une place dans votre voyage dans le cinéma francais à Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein? Je n’ai malheureusement pu voir qu’un de leurs films il y a plus de vingt ans maintenant (dans un festival) mais il m’avait suffisamment frappé par son originalité pour que j’en garde un souvenir assez vif. Il s’agit d’ ITTO, un film tourné au Maroc en 1934 et qui se démarque de façon remarquable du cinéma colonial de l’époque en ce qu’il montre de façon presque documentaire (mais dans le cadre d’une fiction romanesque qui ne va pas non plus à contre sens de la réalité ) la vie des tribus berbères de l’Atlas et la résistance de certaines d’entre elles contre l’armée française. Evidemment, c’est un film colonialiste, à la gloire de la France, notamment à travers ses médecins militaires, mais les Berbères n’y sont pas les «salopards» de LA BANDERA et de la mythologie légionnaire et sont montrés avec réalisme, sans paternalisme non plus. Tous les rôles de Marocains sont joués par des Berbères du cru (sauf le rôle d’Itto, pas très bien joué par Simone Berriau), parfois en langue berbère et il y a plein de détails vrais, ni vus ni lus ailleurs mais qui m’avaient été racontés dans les années quatre-vingt par des vieux habitants du Haut Atlas qui avaient vécu la période de la résistance contre les Français (par exemple on voit des montagnards berbères couchés sur le dos pour mieux tirer au fusil sur des avions français). Je me souviens aussi d’une scène où une prostituée, en chantant une chanson nostalgique fait oublier à des soldats toute « mauvaise pensée », ce qui rappelle immanquablement la fin de PATHS OF GLORY.
A Mathieu
Je ne peux ni ne veux être exhaustif. Je ne connais pas ce film et pour le moment rien n’est prévu. J’ai deja pres de quatre heures sans aborder des tas de cinéastes qui ont compté dans ma vie. C’est le fil rouge du film. Il y aura plein de trous car je veux aussi parler des auteurs de chanson, des compositeurs : rien que sur Jaubert, Honneger, Kosma, Wiener, Grunenwaldt, Van Parys, Misraki, Dutilleux, Ibert, j’ai 80 minutes. Et cela, c’est vraiment quelque chose qui me touche. Le cinéma colonial est plein de films différents de la BANDERA (Vecchiali cite un film de Jean Vallée dont j’aime beaucoup LA TERRE QUI MEURT)
La longue évocation de ces compositeurs de cinéma — notamment celle de Jean-Jacques Grünenwald, sous-estimé (pour ne pas dire: oublié!) malgré ses très belles et subtiles partitions pour le 7eArt (LA VERITE SUR BEBE DONGE et plusieurs autres) — rend ce très prometteur « Voyage » de BT encore plus alléchant!
Excellente année à chacun,
JF Houben
Quelle édition existe-t-il de DUEL IN THE SUN ? Ce que j’ai trouvé est parti directement à la poubelle.
A Emmanuel Vaillant: à votre place j’attendrais une future édition Blu-Ray, la seule édition correcte en DVD est celle de MGM video (en Zone 1, collection Western Legends), épuisée depuis longtemps et donc vendue à des prix prohibitifs.Et joyeuse année 2015 à tous!
Que peut-on sauver de la filmographie de Georges Lacombe?Hier soir j’ai revu avec un peu de nonchalance »Cargaison blanche ».Le film manque complétement de mise en scène et de souffle malgré la présence de la gracieuse Françoise Arnoul,Judith Magre,les débuts de Jean claude Brialy puis Pierre Mondy qui n’est pas du tout crédible dans ce role.Les scènes dans le dancing avec le groupe créole avec à sa tete Georges Aminel sont très mal doublées.Dans le role du journaliste,Jean claude Michel un as du doublage ainsi que Robert Dalban le second couteau de service.
A Rouxel
Bon dieu, cher Rouxel, lisez ce blog. J’ai défendu des Lacombe comme LA NUIT EST MON ROYAUME beau film avec Gabin, CAFE DE PARIS, DERRIERE LA FACADE ou il mettait en scène Yves Mirande. CARGAISON BLANCHE est une daube
Supérieur à LA NUIT EST MON ROYAUME, que je trouve un peu trop complaisant à l’égard des personnages de l’institut (ils sont diminués mais voyez comme ils sont bons…) n’oublions pas LEUR DERNIERE NUIT, un des meilleurs rôle de Gabin dans cette période de flottement entre 1945 et le Grisbi. Madeleine Robinson y est remarquable et le final sur les quais de la seine époustouflant.
MARTIN ROUMAGNAC m’avait également paru bien mieux à ce qu’on en dit habituellement.
… faute de français.
A Emmanuel Vaillant:
J’ai eu la même impression que vous en voyant MARTIN ROUMAGNAC, mais il y a très longtemps… La « période de flottement » de Gabin après la guerre n’a pas été si pauvre qu’on le pense parfois: AU DELA DES GRILLES, LA MARIE DU PORT, LA VERITE SUR BEBE DONGE, LE PLAISIR (petite rôle certes)…
A Mathieu
Et DES GENS SANS IMPORTANCES, GAS OIL (malgré l’intrigue policière), LEUR DERNIÈRE NUIT qui a de sérieuses qualités (et malheureusement à la fin un scénario trop lourd avec ce passé de Gabin dont on se fout quel que soit la manière géniale dont il le dit). On trouve deux ou trois séquences d’action bien filmées (le meurtre de l’imdic, la poursuite dans l’usine et surtout la manière dont Madeleine Robinson découvre qu’il est blessé avec ce raccord dans la glace très élégant) Et Gabin est très crédible en bibliothécaire. Il y a des supporters de MIROIRS. LE PORT DU DÉSIR est plus faible
MIROIR est tout de même bien faiblard, manquant de rythme et assez platement réalisé. J’avais acheté le dvd de la SND (M6 video). Et j’avais passé plus de plaisir à regarder le bonus où le regretté Alain Corneau nous faisait un excellent panorama historique du polar français au cinéma (sans s’attarder d’ailleurs plus que celà sur le film !).
Sortie en salles de façon discrète en 1964″L’insoumis »d’Alain Cavalier reste un film à part dans la carrière d’Alain Delon.Jamais sorti en format vhs ou dvd le film à toutefois été diffusé deux fois à la télévision française.Selon certaines sources l’acteur aurait racheter les droits d’exploitation de ce film qui évoque le kidnapping d’une avocate en 1961 durant la guerre d’Algerie.Avec »Monsieur Klein »ou »Le professeur »on retrouve un acteur qui s’investit entièrement dans le role d’un soldat français qui va déserter les drapeaux pour s’enroler dans l’OAS.Georges Geret incarne son officier superieur,Léa Massari est la jeune avocate venue de France afin de défendre deux Algériens tandis que Robert Castel est le sous fifre de service,inculte et idiot.
A Bertrand : Concernant la remasterisation de LA VIE ET RIEN D’AUTRE et CAPITAINE CONAN et la sortie en Blu Ray des deux films chez StudioCanal, j’ai constaté comme les chroniqueurs de DVDclassik, une grande différence de palette entre l’édition DVD d’il y a quelques années et cette nouvelle mouture. Pourriez-vous trancher svp ? Voici un extrait de la chronique de DVDclassik :
« La situation, ici, est un peu plus compliquée. Evidemment, le gain de définition, la finesse des détails, la précision des contours, la profondeur des noirs, la gestion du grain, etc etc… sont tous à l’avantage de l’édition haute-définition. Mais se pose ici la question de la colorimétrie. Pour certaines scènes extérieures, entre l’édition DVD et l’édition Blu-ray, on a tout simplement l’impression d’avoir changé de saison, et d’être passé (exagérons un peu) d’un automne sec à un printemps humide ! Le making-of de Nils Tavernier, proposé en supplément, nous laisse penser (d’autant plus avec la séquence de la colline brûlée) – peut-être à tort – que l’aspect aride aurait dû l’emporter. Du coup, là où les rouges du DVD étaient manifestement excessifs. il nous semble que le rééquilibrage vers les bleus et les jaunes (enfin, vers les verts, pour faire simple) du Blu-ray pourrait être, à son tour, un peu abusif (une interrogation constatée à plusieurs reprises, ces derniers temps, chez des éditeurs français). On peut, dans l’absolu, estimer que la caution probable apportée lors de cette remasterisation par des participants au tournage suffit à lui accorder notre confiance, mais un doute légitime subsiste. »
A Sullivan
les chef opérateurs auraient du réétalonner les blue ray
A Bertrand : si je comprends bien, vous n’êtes pas totalement satisfait du résultat. Je trouve ça tout-de-même incroyable que les majors comme StudioCanal ne soient pas plus impliqués que cela dans la démarche d’offrir aux cinéphiles, des copies les plus proches qui soient de la volonté originelle des créateurs.
A Sullivan,
je corrige ils m’ont associé et ce que j’ai vu m’a assez plus. J’ai fait des remarques et ils ont dit qu’ils avaient suivi l’étalonnage de base donné par les chfs op. Mais Bruno de Keyzer me dit que le Blue ray demande de corriger des paramètres. Tous les supports avaient été vérifiés par les chefs op mais les equipes changent constamment à Canal et personne ne suit les dossiers. Déjà je n’ai plus affaire à la même personne qu’il y a 1 mois et demi
Qu’en est-il des copies cinéma? Le problème est-il le même?
En espérant vous rencontrer peut-être en Dordogne en 2015…belle continuation au Voyage dans le cinéma français et à tous vos projets, bonnes fêtes et plein de belles et bonnes choses pour 2015!
Qui a vu The Drop (Quand vient la nuit en français)? C’est un des meilleurs films de l’année à mon avis. Il fait preuve de nombres de qualités qui, je le sais, sont particulièrement admirées par nombre de participants à ce blog (à force de vous lire, je parle à ceux qui commentent à chaque fois, on fini par vous connaitre un peu). C’est sobre et efficace au niveau de la mise en scène et du scénario avec un des plus beau twist final depuis longtemps et qui n’est en rien artificiel ou sensationnaliste. Tom Hardy, Gandolfini et Noomie Rapace sont parfaits. Ca parle de la solitude, des apparences trompeuses, de l’amertume existentielle, de la possibilité d’absolution. C’est un bon divertissement et un film vraiment profond. A la fois simple par certains aspects et complexe par d’autres. Je n’avais pas vu Bullhead mais maintenant je le met sur ma liste.
Sinon dans la catégorie « personnage solitaire, défini par leur solitude et hanté/effrayé par celle-ci » je recommende fortement The Double du très drôle Richard Ayoade. Il n’a pas eu de succès en salle malheureusement mais c’est un film très original et réussi inspiré de l’oeuvre de Dostoievski. Jesse Eisenberg est à son niveau Social Network et le film est drôle, étrange, touchant. Beaucoup ont dit que c’était mécanique alors que le style et vraiment au service des personnages. Il peut il y avoir une méfiance ridicule chez certains critiques vis à vis de certains films très recherchés visuellement (n’est-ce pas Mr De Palma?). C’est pourtant bien de cinéma dont il s’agit.
Je souscris à votre enthousiasme concernant THE DROP dont le réalisateur avait marqué les esprits avec BULLHEAD : le polar néo-noir se porte bien et le réalisateur belge Michaël R. Roskam en est un des meilleurs représentant actuel. Et puis il y a le scénario de Dennis Lehane (adaptation de son roman) avec ses personnages et situations tout en ambiguïté où l’on en ressort avec parfois l’impression d’avoir été berné et emmené vers un chemin tortueux : aux frontières du bien et du mal, de la conscience et de la folie (voir aussi les fins de SHUTTER ISLAND ou MYSTIC RIVER : compléments indispensables de la filmo de Lehane qui donnent à Martin Scorcese ou à Clint Eastwood l’occasion de réaliser parmi leurs plus beaux films).
The drop est d’autant plus intrigant qu’il signifie la rencontre entre un romancier de premier plan et un cinéaste qui avait accompli un premier film détonnant.
Le souci est sa distribution un peu timide, ce qui fait qu’il n’est pas encore arrivé en Dordogne.
En revanche, j’ai pu voir coup sur coup deux films visant les errances de la société du spectacle Gone girl de Fincher et Nightcrawlers de D Gilroy.Celui-ci n’est pas dénué de talent mais un peu comme Prisoners l’an passé me semble parfois un peu excessif pour convaincre pleinement, l’impression d’une robe haute couture où la couture serait mise en évidence.
J’aime bcp Fincher (surtout Seven,Zodiac, The social network)mais au final, l’apologue de Gilroy pourtant premier film me semble plus percutant et douloureux dans le constat établi.
Tout se passe comme si la réflexion parfois trop théorique d’un Wenders sur les dangers de l’image ( Jusqu’au bout du monde, The end of violence…en revanche L’état des choses était génial) trouvait avec évidence le récit idéal pour être pleinement incarnée.La construction du parcours, l’élaboration d’un homme sans qualité autre que la capacité mimétique (il « apprend » via internet mais sera tjs dénué de la qualité humaine première qu’est l’empathie), la captation d’un LA diurne ou nocturne en font un film de tout premier plan qui mérite un gd succès.
Celui-là (et non celui-ci) fallait -il lire à savoir le Fincher que je trouve comme Prisoners parfois un peu « mécanique » parfois.
Tout l emonde aura compris que je n’ai pas la moindre réserve à l’endroit de Nightcall (Nightcrawlers)!!!
En tous cas l’avant-final de Prisoners quand Jake Gillenhaal trouve l’enfant et l’amène à l’hopital dans sa voiture sous la pluie est une des scènes d’action les plus sensationnelles de l’histoire du cinéma. La photographie de Roger Deakins est magnifique et la scène m’a complètement coupé le souffle. Juste pour ce moment, Prisoners mérite à mon avis tous les éloges.
Je vois ce que vous voulez dire en employant le terme « mécanique » vis à vis de Gone Girl mais c’est la nature du film. Beaucoup de films de Kubrick sont en un sens mécanique /insérer blague sur orange mécanique/ mais ça reste des chefs-d’oeuvre.
Je n’ai pas dit que je n’aimais pas Prisoners, je l’aime même beaucoup mais je pense que le goût pour le retournement (irais-je jusqu’à Twist) excessif me semble ne pas clore le film en beauté alors que tous les prémisses étaient passionnants: cadre sociologique, figure paternelle vouée à un idéal de survie très américain,photo magnifique de R Deakins, sens de la topographie…
La scène que vous citez est vraiment impressionnante et ce n’est pas la seule mais le brio trop ostentatoire du retournement (tout comme le discours assez curieux sur la violence légitime) gâchent un peu mon plaisir.
Tout comme dans Gone girl, j’ai l’impression d’avoir été un peu manipulé avec roublardise au contraire de films de Mankiewicz (y compris ce jeu d’échecs remarquable que constitue Sleuth),Welles, Resnais ou Lynch où on sait qu’on se trouve sur le territoire du jeu, des illusions en jouant soi-même.
Mais mes explications sont sûrement confuses.
Par ailleurs ,je crois que la ligne relativement linéaire et nette de films récents tels que Gravity, Whiplash,Night call,Under the skin ou Bird people me convient après trop de films qui peuvent se perdre dans les méandres de récits à tiroir plus ou moins bien troussés.
On a vu après altman beaucoup de récits polyphoniques ( et des meilleurs: Egoyan, Inarritu…), on a vu des récits déconstructivistes à la suite de Resnais ou Lynch …peut-être en a t’on vu trop? Je ne sais…
A Ballantrae
Entièrement d’accord, j’ai de vrais problème avec les 20 dernières minutes de GONE GIRL. Cela dit, les deux film évoquent sans fard les dérives d’une soi disant information prisonnière du sensationnel et de la dramatisation à outrance
Et c’est tout l’intérêt de Gone girl qui est d’abord une critique assez acerbe du système médiatique avant d’être un thriller pur.
Le même type de déplacement de la perspective attendue se fait chez Nolan dans Interstellar où le drame humain , l’amour père/fille l’emporte sur la pure SF.
C’est pour cela que ce sont deux beaux films malgré qqs scories.
Curieux film que ce Gone girl avec le recul mais quelque chose coince pour moi , c’est vrai, sur la fin.
Pouvez-vous préciser ce qui vous a gêné , vous?
En tout cas, Fincher compte dans le paysage du ciné US.Avez-vous eu l’envie et l’occasion de le rencontrer?
A Ballantrae
Je trouve totalement improbable qu’on laisse ensemble les deux personnages principaux. Je pense que des psychiatres se seraient opposés et que le héros aurait pu s’en servir. Il aurait pu aussi utiliser l’avocat génial qui aurait déposé plein d’impossibilités juridiques mais qui disparait au moment ou on a besoin de luiu. De même la femme flic qui a repéré des incohérences et qui donc pourrait déposer un recours est sortie du film. Cela conforte ainsi la vision qui entend affirmer – le point a été magistralement traité avant – que les médias à force de dramatisation, éradiquent les faits. Oui j’aimerai bien le rencontrer
Merci pour toutes vos explications, Bertrand.
Effectivement, on sent que le souci de la pure vraisemblance n’est sûrement pas au premier plan du puzzle de Fincher.Il y a un côté bigger than life qui le place presque du côté de l’apologue, peut-être.
Après avoir été extrêmement surpris par la manière dont les faits se substituaient au journal de l’héroine, je me suis posé les mêmes questions que vous:
-pourquoi la femme flic ne va pas plus loin?
-pourquoi suffit-il d’une réapparition de la disparue pour qu’elle rentre immédiatement au bercail (qui plus est avec un homicide!!!)
Et ce ne sont que deux questions parmi d’autres…
Vivement une rencontre avec de nouveaux amis américains:les Coen,Fincher,P Th Anderson,J Gray, W Anderson, etc…
A Alexandre Angel: le seul transfert vraiment décevant que j’ai vu dans cette collection, c’est celui de THE COBWEB, définition grossière et couleurs baveuses, mais c’est surtout le film lui même qui m’avait déçu, comme souvent d’ailleurs quand Hollywood aborde la psychiatrie. Et d’accord avec Bertrand au sujet de la série « Forbidden Hollywood », pleine de trésors, entre autres POSSESSED (FASCINATION en francais) de Clarence Brown, ONE WAY PASSAGE de Tay Garnett, LAWYER MAN de Dieterle (un Dieterle très éloigné des biopics prestigieux avec Paul Muni), des films courts, rythmés, bourrés d’idées de scénario et de mise en scène, et bien sur les Wellman… Mais je n’ai pas encore vu les Roy Del Ruth…
Plusieurs découvertes et redécouvertes dans mon agenda cinéphile:
-au cinéma , ne pas manquer Nightcall ( Nightcrawlers en VO, le titre français étant là pour rappeler la parenté avec Drive via la production et le cadre de LA)film à la narration tendue comme un fil à plomb tout en ménageant des plans atmosphériques magnifiques.Le film raconte comment un raté devient pourvoyeur d’images choc pour les TV locales.J Gyllenhaal y est fabuleux et la réflexion sur les médias comme sur notre société dénuée de repères éthiques magistrale.J’y retrouve le côté visionnaire du Scorsese de Taxi driver via un homme « sans qualité » qui devient sociopathe mais aussi la nervosité d’un Fuller (seconde fois cette année après Whiplash)
-en DVD, la redécouverte des Misérables puis des Croix de bois chez Pathé dans de luxueuses éditions riches en boni confirme la grandeur d’un cinéaste relégué au second plan dans la plupart des dictionnaires et encyclopédies.D’autant plus dommage que le souffle épique du cinéaste, sa capacité à adapter de grands textes, son sens de la direction d’acteurs (H Baur, Ch Vanel), sa science des lumières et des cadrages en font un auteur indispensable des 30′ qui n’a pas à être plus négligé que Renoir, Clair, Epstein,Grémillon ou Carné.
Je suis sûr qu’il aura droit à une petite place dans votre Voyage dans le cinéma français!
A Ballantrae
Comptez sur moi pour Raymond Bernard dont j’avais aussi loué LES OTAGES et le cocasse JE SUIS UNE AVENTURIÈRE. D’accord avec vous sur NIGHTCALL et sur THE DROP
Je ne connais pas ces deux films.
C’est vrai que l’idée centrale de Nightcrawler (même si pas forcément l’ensemble du traitement) aurait pu sortir du cerveau d’un Fuller rebooté pour le 21ème siècle. Parce que c’est assez dingue et biscornue comme idée et c’est sympa de revoir ce genre de scénarios au cinéma de temps en temps.
Hier soir, je ne suis pas allé au bout (par fatigue)du Raymond Bernard diffusé au Cinéma de Minuit. Il s’agissait du JUGEMENT DE DIEU (1952)qui m’intéressait pourtant malgré les comédiens faiblards, pas follement bien dirigés (sauf les « comploteurs » dont Pierre Renoir)car il y a de la recherche plastique, des plans raffinés (la chevauchée des amants dans la forêt embrumée)avec d’étranges perspectives parfois. Bonne partition de Joseph Kosma.
Film assez bizarre, en fait..
A ALEXANDRE ANGEL
Raymond bernard ne semble pas voir récupéré après guerre son énergie, son invention qui faisait la beauté des MISERABLES, des CROIX DE BOIS et dans mon souvenir de FAUBOURG MONTMARTRE. L’occupation, le fait d’avoir du se cacher a du jouer un rôle car MAYA est un film redoutable alors que LES OTAGES contient quelques belles et fortes séquences sans parler d’une interprétation géniale de Saturnin Fabre
J’ai un bon mais très lointain souvenir de MARTHE RICHARD AU SERVICE DE LA FRANCE, bien que je ne sois pas très fan d’Edwige Feuillère. La mort son neveu (fils de son frère le dramaturge Jean-Jacques Bernard) déporté à Mauthausen, puis celle de de son père Tristan peu après l’occupation, ont du beaucoup marquer Raymond Bernard. son frère Jean-Jacques a été interné pendant trois mois au camp de Compiègne-Royallieu, un nom aujourd’hui beaucoup moins connu que celui de Drancy, où régnaient pour les Juifs des conditions proches de celles des camps d’extermination.
A Bertrand Tavernier
L’espace d’un instant, vous m’avez fait peur car je viens d’acheter MAYA : mais c’est celui de John Berry !!
Sauf que, rapport aux deux MAYA et renseignements pris après achat (l’inverse eût été préférable), c’est apparemment passer de Charybde à Scylla.
A Alexandre Angel
Berry n’a pas pu faire le montage de MAYA. Le film m’avait paru inoffensif et assez prévisible avec un très beau plan, durant une chasse, d’un tigre qui surgit dans l’image et dont les griffes marquent la peau d’un animal. Mais l’ai je rêvé ? Le fauve et le chasseur sont brièvement filmé dans un même plan, dans mon souvenir. J’avais vu ce film doublé en italien
Le MAYA de John Berry se voit avec plaisir. C’est un peu invertébré niveau scénario mais on sent presque à chaque plan qu’un cinéaste est derrière la caméra. Contrairement à ce que j’en ai lu sur le « topic » John Berry de Dvdclassik, on est plus proche de Rudyard Kipling que de Walt Disney. Le ton n’est pas à la niaiserie (un enfant est poignardé même si sa blessure est superficielle)et un combat opposant un éléphant à des tigres comporte des plans violents (avec, effectivement, des inserts agressifs de morsures et autres impacts collatéraux)et surtout très bien composés (les déplacements des tigres filmés admirablement). Si Clint Walker, très monolithique, ne tire pas le film vers le haut, le garçon interprété par Jay North est intéressant et non dénué de charisme. Je trouve que tout mineur qu’il soit, le film n’est pas à négliger par quiconque s’intéresse à John Berry.
A Alexandre Angel
Merci
Ou avez vous eu le dvd ?
Bertrand le film de John Berry »Maya,la magnifique »est sorti dans la collection les trésors Warner consacrés aux écrivains américains.A revoir aussi »Le masque de Dimitrios »et surtout « Un nommé Joe »excellent film avec Spencer Tracy,Van Johnson et l’éblouissante Irene Dunne.Je pense que les fidèles y reviendront en donnant leurs avis.
A Bertrand Tavernier
C’est aux Trésors Warner « Collection écrivains à Hollywood » (dans ce cas, c’est John Fante): fournée toute fraîche comprenant entre autres TRAVELS WITH MY AUNT et THREE COMRADES. J’ai acheté ces trois-là à la FNAC.
On a dit du mal ici et ailleurs de la collection « Les Trésors Warner” à son lancement (trop cher, formats pas respectés etc…), mais je trouve que dans l’ensemble cette collection est une aubaine et que de toutes les majors, Warner (et sa branche française) est de loin celle qui se préoccupe le plus des cinéphiles en proposant des titres rares dans des transferts en général de bonne qualité, parfois même excellents. De plus les sorties se succèdent assez rapidement, avant cette fournée « Ecrivains à Hollywood » il y en eu a une consacrée au western avec entre autres WICHITA de Tourneur, une autre consacrée aux films criminels avec notamment THE VERDICT de Siegel, THE UNSUSPECTED de Curtiz ou TOMORROW IS A ANOTHER DAY de Feist, et dans les premières fournées des films aussi importants que THE STRAWBERRY BLONDE, COLORADO TERRITORY, THE TALL TARGET ou STARS IN MY CROWN. On trouve tout ça à la Fnac, parfois en promotion.
A Mathieu
C’est vrai que le bilan est bon, une fois que l’on admet que c’est 13 € à prix vert alors que les jaquettes sont moches et qu’il n’y a strictement aucun bonus. Lorsque TRAVELS WITH MY AUNT était passé chez Patrick Brion, quelque part en 2006, j’avais été découragé par la copie diffusée, verdâtre et « aquariumesque ». Là, quoique l’on pense du film, les couleurs sont pimpantes et ce Cukor tardif s’en trouve révélé (cela dit il est pas mal mais je ne délirerais pas).
Ah si, il y a quand même un livret, présentant toute la collection, avec des illustrations.
A Alexandre Angel
Moi je défendrais surtout les films pré code : LA BELLE DE SAIGON, BOMBSHELL, RED HEADED WOMAN, quelques Clarence Brown souvent passionnants les Dieterle comme JEWEL ROBBERY ou LAWYER MAN et tous les Roy del Ruth de ces années comme THE MIND READER ou EMPLOYEE’S ENTRANCE
J’ai vu RED RIVER il y a longtemps et j’aurais sûrement bien besoin d’y retourner. J’ai le souvenir d’avoir été déçu par l’intrigue, une fois quittée la caravane de pionniers. John Wayne essayant d’être vieux ne m’a pas vraiment convaincu, comme le dénouement, dont je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il a été cherché à la dernière minute.
Mais il faudrait quand même le voir plusieurs fois…
Effectivement j’étais dans le vrai concernant la sortie du film de Cédric Jimenez »La french ».Le film est d’une longueur intenable emplit de clichés et de personnages carucaturaux.Féodor Atkine incarne Gaston Deferre sans accent marseillais.Puis l’incoherence vient des scènes de rues ou tout est propre meme les voitures semblent sortir d’un musée de collectionneur!!!Je renvois tous les blogueurs sur le film de Boisset qui reprend l’histoire du juge Renaud assassiné lui en 1975.
à Rouxel: surtout les renvoyer au film de Philippe Lefebvre de 1984 LE JUGE qui lui s’inspire de l’histoire du juge marseillais Michel, comme le film de Jimenez. Jacques Perrin était excellent, très bon film, rare je crois. Le Boisset en fait s’inspire de l’histoire du juge Renaud en transposant tout de Lyon à St Etienne.
Et puisque vous parlez de Philippe lefebvre, j’en profite pour rappeler encore ici que son dernier film UNE NUIT (2012) est un film à voir absolument : un des meilleurs polar français de ces dernières années.
C’est une bonne idée de sortir des films classiques en dvd. De toute façon, tous les films modernes s’inspirent des films classiques. Alors je ne vois pas où est le mal. En tout cas moi j’adore. En plus les scénarios des films classiques sont beaucoup plus naturels et recherchés.
A Thierry
Vous savez, dans 15 ans certains films modernes seront devenus classiques
Film classique, cela ne se jauge pas en termes purement chronologiques: des films récents peuvent opter pour une élégance classique (le formidable Winter sleep) et tel film ancien peut sembler novateur et d’avant garde (La chute de la maison Usher de J Epstein par exemple).
Il y a de beaux films anciens et des mauvais et on voit apparaître tous les ans des films passionnants et des mauvais.Le curseur temporel ne saurait suffire à déterminer la « qualité » d’une oeuvre…
Le terme classique est assez complexe à définir et je vous invite à lire le formidable essai de Italo Calvino Pourquoi lire les classiques pour trouver qqs éléments de réponse.
J’avais enregistré RIDE THE PINK HORSE (Et tournent les chevaux de bois, en français) au Cinéma de Minuit en 2003. Etant en rade de magnétoscope, je ne puis re-visionner cela dans l’immédiat mais j’en garde un bon souvenir. J’ avais été marqué par une jeune actrice omniprésente dans le film telle un fil rouge adorable et touchant, une touche de tendresse dans un monde de brute : l’actrice s »appelait Wanda Hendrix dans le rôle de Pilar et elle constituait ce genre de points de repère qui se gravent dans la mémoire.
Par ailleurs, je n’ose remettre le nez dans LA DAME DU LAC, autre réalisation de Robert Montgomery, dont la fameuse caméra subjective me laisse un souvenir embarrassé par le côté empesé et artificiel du dispositif. Mais bon, sait-on jamais..
A Alexandre Angel
J‘ai éprouvé longtemps le même sentiment et finalement en le revoyant, j’ai trouvé des qualités au scénario et à certaines scènes
pour RIDE THE PINK, c’est mon meilleur souvenir de film noir. Les films noirs fonctionnent mieux avec des acteurs non-vedettes au visage moins connu, Montgomery est suffisamment peu connu pour rester crédible dans un film noir. Les 10 1ères minutes sont la quintessence du polar comme j’aime, on sent les rouages du cerveau se mettre en branle quand il cherche un endroit où cacher une clef. J’adore son personnage de type un peu grossier mais très sûr de lui, son rire énorme, ses manières vulgaires de type du peuple, Bogart ne peut pas jouer ça. Cet acteur a bouleversé les clichés de héros. J’adore sa façon de s’exclamer bruyamment en entrant dans n’importe quel intérieur, chic ou pas reluisant qqchose comme « Eh ben, c’est un joli ptit nid qu’vous avez ici, m’sieur! (ou m’dame)! »
Bertrand, j’espère que vous accorderez une place de choix à J Epstein dans votre docu.
Précipitez vous sur le coffret paru chez Potemkine qui, s’il n’est pas exhaustif, s’approche d’une certaine idée de l’oeuvre complet.
Les films bretons me semblent susceptibles d’être rapprochés, par leur force poétique, de L’homme d’Aran de Flaherty et Je sais où je vais de Powell et Pressburger.
Et ce ne sont que qqs bijoux parmi tant d’autres!!!
Je vais redécouvrir demain sur gd écran Les yeux sans visage de Franju et dois avouer que tous ces films où le cinéma français osent s’aventurer dans la poésie et l’étrange me surprennent et me ravissent tant notre culture cinématographique semble moins prompte que d’autres à édifier ce type de films.
Le prince français ds ce domaine demeure tout de même Resnais dont il faut redécouvrir toutes affaires cessantes le sublime Providence.
A Ballantrae
En partie seulement car je ne pârle pas du muet, un continent à lui tout seul et qui pertuberait l’axe du film qui va de 30 à 69/70. Dejà la si on veut parler de beaucoup de metteur en scène et de films, la durée va exploser.
La séance des Yeux sans visage a été très réussie, belle copie, splendeur des cadrages conforme à mon souvenir et utilisation magistrale du son (ah! ces chiens qui hurlent sans qu’on les voit).
Les élèves ont été sensibles à l’étrangeté du film, à son côté plutôt « tordu » et néanmoins poétique.J’ai bien envie de leur montrer un extrait de La piel que habito pour montrer comment ce cinéma rare a tout de même su s’immiscer dans l’imaginaire contemporain.
Je comprends bien votre choix de limiter chronologiquement le film à 30′-70′ car qui trop embrasse mal étreint.
Fresque historique forte en émotions,le film de Warren Beatty »Reds »est une oeuvre interessante sur la révolution bolchévique d’octobre 1917 en Russie.Le personnage que campe Beatty,John Reed était une forte personnalité qui à vécut des moments intenses dans sa vie de journaliste engagé.La question que l’on peut se poser c’est comment un acteur comme lui à pu produire ce film aux Etats-Unis durant le mandat De Reegan qui était un conservateur et anti-communiste notoire.Ensuite je ne suis pas étonné de voir au casting Nicholson,Hackman,Paul Sorvino ou Diane Keaton.En tout cas un grand film à revoir.
« Version plus courte et c’est le seul cas avec celui de DARLING LILI de Blake Edwards. »
Il me semble qu’il existe d’autres cas où la « version réalisateur » est plus courte que la « version producteur ». C’est par exemple le cas, entre autres, avec THOROUGHLY MODERN MILLIE de George Roy Hill que les producteurs gonflèrent de près d’une heure pour en faire « un film de prestige avec entracte » ! On dut même engager André Previn pour ajouter des chansons au matériau musical déjà composé par Elmer Bernstein.
à Angelillo: oui, il y a version longue et version longue, l’expression « director’s cut » n’est-elle pas utilisée à la va-vite dans le cas de l’édition dvd? Il y a des director’s cut pour lesquelles on se demande si le « director » a été consulté! Je me souviens avant le dvd par contre, que la version longue de A STAR IS BORN/Cukor me faisait baîller vers la fin alors que la courte était parfaite, mais ce n’était pas de la director’s cut affichée on avait rajouté des sortes de chutes mal intégrées au reste, la production (Cukor?) avait eu raison de les écarter! mais cette version longue avait ses défenseurs je crois.
Par contre, ça me fait penser que le guide de L Maltin que je soupçonne souvent de partialité pro USA (aucun film noir non américain ne trouve grâce à ses yeux ou presque, cf son approche de CLASSE TOUT RISQUE) m’a fait plaisir quand il dit que la version US de DANS LA BRUME ELECTRIQUE (103′) montre les personnages et leurs relations de façon trop anecdotique (« a bit sketchy ») et que tout celà respire plus la vie ET dans le roman de JL Burke ET dans le montage européen de Tavernier (117′)! you’re ok, Leonard!
A Martin-Brady à propos de Leonard Maltin:
Je ne connais pas son bouquin que je pense toujours acheter(Leonard Maltin’s Classic Movie Guide: From the Silent Era Through 1965), mais en voyant sur Internet la liste de ses 100 films préférés ou plutôt des films selon lui les plus importants du vingtième siècle: http://www.filmsite.org/maltin.html
je me dis que ça peut attendre, tant ses goûts diffèrent des miens. Une immense majorité de films américains, mais pourquoi pas? Mais par exemple il met dans sa liste le DRACULA de Tod Browning, un film pour moi à la limite du nanard et en tous cas très inferieur à d’autres Browning (FREAKS) ou d’autres films d’horreur de la Universal (ceux de Whale). Mais le NOSFERATU de Murnau n’est pas dans la liste, un film qu’il ne peut pas ne pas connaitre. Préférer le DRACULA de Browning au NOSFERATU de Murnau, pour moi c’est rédhibitoire…
Repentir:
Je viens de consulter de nouveau la liste de Maltin et il y a quand même une grande majorité de chefs-d’oeuvre incontournables et beaucoup de films que je mettrais aussi dans mes cent favoris.
A Mathieu
C’est surtout le principe d’une telle liste qui est discutable, voire absurde : mettre dans le même sac des films muets et parlants, de toutes origine. Par ailleurs Maltin qui est avant tout américain (les listes de SIGHT AND SOUND témoignent d’une grande ignorance du cinéma français ou européen) a défendu beaucoup de films européens et français et témoigne d’une liberté de jugements même s’il manifeste un amour immodéré pour les 3 Stooges
A Martin-Brady (& Bertrand Tavernier) :
Oui, depuis le début de ces mentions « Director’s Cut » je flaire la plupart du temps l’argument commercial.
Il n’empêche qu’en cherchant un peu on peut trouver des exemples de « director’s cuts » plus courtes que les versions cinéma et pas uniquement les deux seuls exemples cités par Bertrand Tavernier.
Outre THOROUGHLY MODERN MILLIE que je citais dans mon précédent post, les Director’s Cuts suivantes sont plus courtes que les versions cinéma :
– TOM JONES (Richardson)
– PICNIC AT HANGING ROCK (Weir)
– REVOLUTION (Hudson)
– THE LIGHTHORSEMEN (Wincer)
Il faut aussi rajouter le 1er Director’s Cut de ALEXANDER avant que Stone ne pète les plombs et rallonge d’une heure la 1ère version cinéma !
Si l’on veut être pointilleux Ridley Scott a coupé plusieurs secondes dans plusieurs séquences de ALIEN pour dynamiser l’ensemble, et Mann a coupé 2 répliques dans son HEAT.
J’ai revu THE SHOOTING et CHEVAUCHEE DE LA VENGEANCE de Monte Hellman, mais… c’est que ça tient vachement bien le coup! Je n’avais pas réalisé le nombre de trou d’intrigues dans SHOOTING, je ne m’attachais qu’au style, si on aime que les détails d’intrigue soient éclaircis c’est râpé: pourquoi Warren Oates (ah, celui-là! quel génie!) laisse-t’il une trace de farine s’écouler au début pour que la personne qui le piste puisse le pister plus facilement? Mystère, c’est au spectateur de se débrouiller mais tous ces petits mystères sont explicables et quand ils ne le sont pas ce n’est pas essentiel.
CHEVAUCHEE… est le contraire parfait de THE SHOOTING là c’est clair, celui qui comprend rien c’est grave! C’est plutôt une chronique historique, les personnages disent « obliged » au lieu de « thanks you ». C’est réaliste comme l’autre film est quasi fantastique, sauf que les chevaux sont quand même capables de galoper sans a priori jamais s’écrouler de fatigue (y compris en portant deux cavaliers!): à ce sujet ça m’a fait penser que dans certains films de Ford, les héros descendent de cheval pour le laisser se reposer (LA CHARGE HEROIQUE) et Wayne non seulement ça mais étrille son cheval pendant l’arrêt (THE SEARCHERS), pas si légendaire et irréaliste que ça, Mr Ford (c’est ma période Ford, désolé).
Quel choc j’ai eu en découvrant ces deux films. La preuve indéniable pour moi que le cinéma n’est pas qu’une question d’argent et de budget et qu’il est possible avec beaucoup de talent et d’inventivité de faire des films profonds, divertissants et personnels sans le sou. J’ai eu ce sentiment devant peu d’autres films: Cockfighter du même Monte Hellman, Bucket of Blood et Little Shop of Horrors produit aussi par Roger Corman et de loin ses meilleurs films en tant que réalisateur. Et peut-être certains films de Ulmer comme Detour. Voila un tas de films qui devrait servir d’inspiration ultime à tous jeunes réalisateurs autodidacte. Il suffit d’aimer énormément le cinéma et de contourner les problèmes matériels avec intelligence.
C’est ce genre de détails qui nous ferait croire à n’importe quelle histoire. Dans HONDO, on voit Wayne enchaîner plusieurs boulots de ferme en même temps qu’un dialogue avec l’héroïne. C’est presque l’intérêt premier de ce film, un intérêt purement ethnologique.
Bien sûr que THE SHOOTING et RIDE IN THE WHIRLWIND tiennent bien le coup , ils sont même à mon avis à classer parmi les meilleurs westerns disons post LIBERTY VALANCE (avec WILLIE BOY et JOSEY WALES par exemple…) Mais je ne les opposerais pas comme vous le faites, tous les deux sont des tragédies où des personnages ordinaires se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment, même si RIDE IN… se termine sur une fin plus optimiste et volontairement mythologique, le cavalier solitaire disparaissant dans le soleil couchant… Certes il y a quelque chose d’énigmatique et d’abstrait dans la trame de THE SHOOTING, mais elle laisse aussi beaucoup de place au réalisme des lieux, des décors, des gestes, des détails quotidiens, de la perception du temps, et des personnages (W.Oates et l’autre mineur), ni héros ni méchants, mais entrainés malgré eux vers un destin tragique. Il faudrait que je revoie le film mais je ne serais pas étonné que tout se tienne logiquement. Il y a dans les deux films quelque chose qu’on trouve pas si souvent au cinéma (en dehors de la comédie dont c’est un des ressorts principaux), et encore moins dans le western, c’est la gêne que peuvent ressentir des gens simples dans des situations embarrassantes, par exemple dans RIDE IN… quand les cowboys demandent l’hospitalité aux bandits et se rendent compte qu’il y a quelque chose qui cloche, qu’ils ne sont pas vraiment les bienvenus, et l’espèce de dilatation du temps qui rend cette gêne perceptible.
Criterion vient de sortir le diptyque en Blu-Ray (Region A, sans STF…), un éditeur français serait bien inspiré de les imiter (mais le DVD Carlotta est plus que correct).
Mathieu je ne peux pas opposer SHOOTING et RIDE je ne peux que les recevoir comme un spectateur ordinaire: les deux films partent dans deux directions totalement différentes, SHOOTING est un rêve énigmatique, RIDE est un constat, une chronique sociale. Dés le début de SHOOTING, personne n’explique vraiment pourquoi Willett Gashade cherche à guider son poursuivant vers lui, et il ment sans doute à son collègue Coley (Will Hutchins) en disant qu’il est en retard parce qu’il a été malade: Hellman ne le montre jamais malade ce qui ne signifie pas qu’il ne l’ait pas été, mais Gashade semble savoir exactement avant d’arriver au camp ce qui s’est passé avec son frangin, et pourquoi a-t’il perdu son pistolet dés le début du film? Hellman illustre par ce qu’un spectateur paresseux appelerait des « trous d’intrigue » un mystère, et veut intimer dans l’esprit du spectateur que Willett et le fugitif sont la même personne (NO SPOILER) ou au moins que Willett ait participé à l’accident qui a tué un homme et « une personne de petite taille » (encore l’ambigüité cherchée, pourquoi pas « un enfant » ou « un nain », pas de politiquement correct en 1966 qui justifierait l’expression?) et qu’il cache ceci à son collègue Coley resté au camp, parce qu’il a honte. Tout ceci ne rationnalise le film que dans l’esprit du spectateur mais il restera toujours un doute car après tout à l’écran, Willett était vraiment malade et ne savait rien de l’accident. Après tout, ces trous d’intrigue sont les trous de la vie où on ne sait pas tout, et quand Willett accepte de poursuivre le fugitif il court après le mystère de son existence (damned!) OU ALORS dans le cas où on a rempli tous les trous à sa petite façon pour que ça reste rationnel, il veut empêcher que Millie Perkins tue le fugitif (NO SPOILER encore) ou même qu’il veut le tuer lui-même. Le film a un pouvoir hitchcockien de prise en main du spectateur car pendant des années, me remémorant le film j’étais certain qu’à la fin Warren Oates/Gashade prononçait son propre nom en découvrant l’identité du fugitif! Je suis presque déçu qu’il n’en soit rien. SHOOTING m’apparaissait comme le 1er western fantastique (ce qui est injuste pour BILLY THE KID VS DRACULA…)
Pour RIDE je ne suis pas d’accord avec vous, j’ai toujours trouvé la fin pessimiste Jack Nicholson galope vers le soleil ok, mais on ne sait pas s’il est sauvé il n’y a pas de signe conventionnel qui montre une issue heureuse (une frontière, la sortie de la juridiction du sherif, une information fournie plus tôt qui nous montrerait qu’il est sauvé…), le second du sherif lui demande juste : « Et l’autre? » enfin j’ai trouvé la fin triste sans doute à cause du soleil couchant, s’il avait été levant… Le rythme ou l’ambiance du film nous conduit à éprouver que Nicholson fuit pour toujours.
Décidément il faut que je les revoie tous les deux…
Découvert avec grande joie »Twin to come »réalisé par William Cameron Menziez un ancien décorateur passé à la mise en scène.Le film est tiré d’un ouvrage de H.G Wells et à plusieurs similitudes avec »Métropolis » de Lang aux niveaux des effets spéciaux et des trucages.Le dvd est disponible chez Universal en vo sous titré. »L’étrange Madame x »est un bon film de Jean Grémillon avec une Michelle Morgan d’une beauté époustouflante et Henri Vidal jeune premier des années 50.Grémillon nous dépeint deux mondes:celui du milieu prolétaire puis celui de la bourgeoisie narquoise .Une histoire d’amour nait entre deux etres que tout oppose mais rapproche par les sentiments amoureux.
A Rouxel
Eh faites attentions : c’est THINGS TO COME. TWIN TO COME cela veut dire soit des jumeaux à venir soit des jumeux prêts à jouir ce n’est pas ce que HG Wells avait dans la tete
Merci Bertrand d’avoir rectifié le titre.J’essai de faire travailler ma mémoire mais elle,elle me joue des tours!!!
Vous avez aimé FLESH GORDON, vous adorerez TWIN TO COME !!!
(et pis en plus, le Menzies est chez Elephant Films et pas Universal, ah là là)
A AA (Ah ah ah) : Mais puisqu’on vous dit qu’il le fait exprès ! Vous le faites exprès ?
Non mais TWIN TO COME, vous avouerez qu’elle est magnifique, celle-là, j’en suis fan. Elle ne surpasse pas toutefois celle de Bertrand, en personne (comme quoi personne n’est à l’abri), dans sa présentation de VALDEZ, en bonus, mais c’est que cette dernière n’est pas dénuée de panache (et je ne dis pas ça pour me faire pardonner d’avance!) : notre hôte, à propos de Burt Lancaster, rappelle ses titres de gloire des 60′-70′, dont L’ULTIMATUM DES TROIS MOUSQUETAIRES !!!! Freda et Cottavafi: sortez de ce corps !!
Pardon Bertrand, mais j’ai trouvé ça trop bon!! Chef d’oeuvre..
A Alexandre Angel
Et je sors ca devant deux personnes dont Alain Carradore qui ne bronche pas. Elle est pas mal
Cottafavi , nom de bois!!!
à Rouxel: ça y est, j’ai compris! Vous le faites exprès pour nous faire rigoler! Avouez, maintenant!
Oui j’aime bien bien l’humour,j’ai été élevé en écoutant Pierre Dac et Françis Blanche à la radio puis plus tard Desproges,Régo aux tribunal des flagrants délires sur Inter!!!
Bon Rouxel, on a compris : vous le faites exprès de mal orthographier les noms de réalisateurs et d’acteurs, les titres de films aussi… N’oubliez pas que les blagues les plus courtes sont les meilleures.
Bonjour à tous.Je recherche le titre du film dans lequel apparait le mime Marcel Marceau.Il prononce un seul mot et est-il disponible en dvd?Merci.
AZ Rouxel
N’est ce pas un Mel Brooks ?
To Rouxel, The film de Mel Brooks in which Marceau pronounces the single word spoken in the movie is LA DERNIERE FOLIE DE MEL BROOKS, called SILENT MOVIE over here. A Region 2 disc is available.
If you have an open region DVD or Blu-Ray player, you might want to order SHANKS, one of the sweetest, yes, horror films ever made in America and the last film directed by William Castle. Marceau plays two parts well, one speaking (an elderly scientist), one silent (a puppeteer). Also with motorcycle gangs, zombies, other well known mimes, excellent score by Alex North. No subtitles on the Region One but even if your English is less adequate than my French that shouldn’t be a problem. I wonder if Michael Powell ever saw it. I think he might have liked it.
à Mr Rawls: je me suis rappelé de ce SHANKS de Castle en regardant la filmo de Marceau, je crois que vous en aviez parlé ailleurs, serait-ce le seul bon film de Castle? Je me demande toujours s’il faut voiR HOMICIDAL ou STRAIGHT JACKET… Ce Castle a écrit une autobio qu’il faut lire , sans doute, au titre génial: « Step right up! Im gonna scare the pants off America! » vous l’avez lue? N’oublions pas qu’il a participé à LADY FROM SHANGHAI, l’un des 10 films fétiches de votre serviteur. Si vous avez un avis sur l’un ou l’autre…
ah tiens! 50 apprécie beaucoup sa série des Whistler, et surtout WHEN STRANGERS MARRY et encore mieux cette variation de THE WINDOW dans laQUELLE DES gamins s’amusent à téléphoner au hasard à des gens pour leur dire « I SAW WHAT YOU DID » (c’est le titre)=J’ai vu ce que vous avez fait! et ils tombent sur un assassin! Excitant, comme début!
ah oui j’ai vu HOUSE ON HAUNTED HILL mais bon c’est pas terrible…
Il est certain que Ricky Nelson n’est pas un aussi bon acteur que Montgomery Clift, il en est même très loin mais « falot et bêta » même en comparaison de Clift, certainement pas. Il s’en sort très bien dans Rio Bravo dans un rôle qui n’avait pas besoin d’un grand acteur contrairement au rôle de Clift dans Red River (si on avait mis Nelson dans ce film, là ça aurait été ridicule). Rio Bravo est une comédie et un film à mon avis parfait, Red River un drame et malgré de grandes qualités et des moments exceptionnels pas tout à fait le chef-d’oeuvre que beaucoup pense.
Il y a une part d’opportunisme dans le choix de Nelson qui n’y avait sans doute pas dans le choix de Clift. Hawks cherche à s’attirer les jeunes spectateurs à l’époque où justement il s’interroge sur sa place dans le cinéma américain. Mais sachant qu’il ne pourra rien tirer d’un non-acteur tel que lui, il ne lui demande rien de plus que d’être lui-même, sans doute aussi de souligner ses tics. Son déhanché est vraiment exagéré, et ses gestes « cool » n’ont absolument rien de naturel. Ma fille de vingt ans a éclaté de rire plus d’une fois, alors que les filles de vingt ans de 1958, idolâtres, contribuaient au succès du film. Hawks, comme Leone le fera dans Mon nom est personne, fait cohabiter la copie avec la légende, l’un réaffirmant la valeur de l’autre et inversement.
Dans le genre chanteur destiné à attirer le jeune public, il y a pire que Ricky Nelson, par exemple Glen Campbell, absolument éxécrable dans TRUE GRIT de Hathaway. Je serais assez d’accord avec Richpryor, Hawks n’est parfait que dans la comédie, qu’elle soit débridée (BRINGING UP BABY) ou assagie (RIO BRAVO). Les personnages de Hawks se révèlent face au danger, la mise à l’épreuve, voire la rivalité mais il n’y a pas de place pour la tragédie dans son petit monde. On y prend des coups, mais on cicatrise vite. Pourtant j’aime beaucoup ONLY ANGELS HAVE WINGS, TO HAVE AND HAVE NOT et RED RIVER, beaucoup moins THE BIG SLEEP, où l’humour parasite parfois le sérieux inhérent au genre du film noir.
pour BIG SLEEP pas seulement l’humour mais l’onirisme, ce film c’est un trip sous acide on y pige que dalle mais quel pied. Je suis sûr que HH était high du début à la fin, d’ailleurs dans la bio de McCarthy j’arrive au tournage de BIG SLEEP, il révèle sûrement tout là-dessus. Vous avez raison, ce n’est pas un film noir du tout! Je n’aime pas les comédies de Hawks, elles ne se voient qu’une fois avec un sourire, la 2ème fois elles font déjà baîller et les plus belles femmes y perdent tout charme. Angie Dickinson dans RIO BRAVO éclipse aisément Marilyn et Russell dans les BLONDES. Mais on peut revoir RED RIVER, LES ANGES, RIO BRAVO, EL DORADO, HATARI, AIR FORCE 20 fois si on veut ça ne s’use jamais: SEULS LES ANGES produit chez le spectateur moyen des heures de délire intérieur tout à fait réjouissantes en-dehors du temps de la séance elle-même (ce qui fait que le prix de la séance ou du dvd est super-amorti, Hawks est un cinéaste très économique, rapport qualité-prix imbattable). En effet les histoires de HH proposent par le génie de l’homme multiples variations et aiguillages possibles pouvant faire partir le film dans une direction non prévue au départ, c’est au spectateur de refaire le film tout en adorant encore l’original, comme dans une pièce de théâtre d’avant-garde!
(espacer quand même un peu les visions entre les séances).
A Martin Brady
Mais on comprenait quelque chose au premier montage de THE BIG SLEEP comme le montre la bio de McCarthy et les bonus des dvd américains avec la fameuse scène chez le DA coupée pour faire de la place aux nouvelles scènes avec Bacall
pour nuancer sur les comédies de Hawks, elles ne sont pas forcément ratées mais il me semble qu’elles recèlent moins de profondeur ou suscitent moins de développements que les drames d’aventure, elle sont agréables la 1ère fois et il ne me semble pas que je prendrais du plaisir à une deuxième vision. IMPOSSIBLE MR BEBE exprime quand même un certain délire et est même carrément furieux! Hawks n’a jamais été plus loin dans ce sens(je n’ai jamais vu FRONT PAGE).
A Martin Brady
C’est HIS GIRL FRIDAY qui a des arrpports avec FRONT PAGE (fort bon film) pas MONSIEUR BÉBÉ
A Martin Brady
HATARI!, film génial, est aussi une comédie par bien des aspects. THE BIG SLEEP, qui n’est pas une comédie, tutoie la perfection. Et les femmes alors ? Hawks les traitent bizarrement : leur côté exaspérant (Elsa Martinelli, Angie Dickinson, Katherine Hepburn..)dénote une certaine misogynie mais leur répartie, leur pugnacité dans la séduction, leur fausse fragilité (elles finissent toujours par obtenir ce qu’elles veulent)contredit la première assertion et confine, au contraire, à une espèce de féminisme, une façon d’observer (et de restituer)le comportement féminin qui n’est pas antipathique. Les femmes sont toujours belles chez Hawks (et elles ne sont pas toutes des canons) et souvent intelligentes (même Marylin Monroe a SON intelligence). Ce point de vue sur les femmes est, pour toutes ces raisons, passionnant et leur confère une présence qui rend ternes les personnages féminins de bons nombres de films dirigés par d’autres. Regardez comme Joanne Dru, dans RED RIVER, s’impose en quelques plans et répliques : alors que pendant la plus grande partie du film, on s’était facilement passé de femmes, on ne la quitte plus des yeux dès lors qu’elle fait son entrée.
Vous trouvez que Paula Prentiss « perd tout son charme » dans LE SPORT FAVORI DE L’HOMME ? Eh ben moi j’en redemande!
à Bertrand Tavernier: oui certainement, mais je n’ai jamais vu les deux versions. Ceci dit, j’adore le brouillard confus dans lequel baigne la deuxième version, ça va bien avec l’ambiance du noir! J’ai lu sur Dvdclassik qu’un br est prévu avec les deux en entier je crois? Actuellement les dvds offrent une comparaison des deux.
J’ai dû semer la confusion: HIS GIRL FRIDAY (1940) est la version Hawks de FRONT PAGE avec Hildy Johnson devenant une femme (Rosalind Russell), sous le titre de FRONT PAGE c’est la version de Milestone (1931) et de Wilder (1974).
A Martin-Brady:
je serais d’accord pour GENTLEMEN PREFER BLONDES qui à la revoyure m’a paru faiblard et même assez vulgaire. Mais MAN’S FAVORITE SPORT?, sans être un chef-d’oeuvre est pour moi une tentative originale de renouer avec le comique visuel d’antan plus aboutie que les films contemporains de Jerry Lewis par exemple (THE NUTTY PROFESSOR excepté). J’aimerais bien savoir ce qu’en pense un Pierre Etaix par exemple. Et Rock Hudson est très convaincant dans un rôle comique (certes en restant imperturbablement sérieux) contrairement à Paul Newman par exemple dans RALLY ‘ROUND THE FLAG, BOYS de Mac Carey qui en fait trop et rate son but. Mais tout le monde joue bien dans les films de Hawks, y compris les chimpanzés et les bébés (cf. MONKEY BUSINESS). Mais quand je parle de comédie à propos de Hawks, ma définition est large et comprend des films comme RIO BRAVO ou HATARI! qui sont aussi des comédies. Le problème pour moi dans RED RIVER est que Hawks accumule (génialement) pendant une heure et demie une formidable tension dramatique, fait passer des lueurs homicides dans les yeux de ses protagonistes, entr’ ouvre des perspectives inquiétantes sur les abîmes de l’âme humaine et puis pshiiit, plus rien, il n’arrive pas à résoudre la tension accumulée et s’en tire par une pirouette parce que cette noirceur est étrangère à sa vision du monde, qui elle ne s’exprime nulle part aussi bien que dans RIO BRAVO ou HATARI!, ce qui fait pour moi de RED RIVER un film moins « parfait » tout en ayant des beautés peut-être plus grandes que les films précités. Par contre il n’est pas question pour moi de revoir 20 fois AIR FORCE qui m’a passablement déçu la seule fois que je l’ai vu.
L’exemple d’EL DORADO est vraiment curieux.
A sa découverte, on déplore une pâle copie de RIO BRAVO.
La fois suivante, on trouve que ce n’est pas si mal.
Deux séances de plus et on n’est pas loin de le préférer au premier. La scène où Wayne écoute James Caan lui réciter ce beau poème m’émeut toujours autant, et même si on devine que Ford a pu souffler l’idée par son exemple.
A MB et les autres… A mon sens, la comédie la plus réussie de Hawks est I WAS A MALE WAR BRIDE (1949). Un des rôles les plus drôles de toute la carrière de Grant. Ah toutes ces scènes où il ne sait pas quoi faire de sa grande paluche !!! Et le thème récurrent de la femme forte chez Hawks (ici Ann Sheridan) est renforcé par cette inversion irrésistible des sexes, évoquée dans le titre même du film. Et puis si vous n’êtes pas d’accord, allez coucher ailleurs.
à Mathieu et AA: honte! Je dois voir MAN’S FAVORITE SPORT? ou disparaître pour ne plus jamais revenir!
Je trouve que les scènes de comédie que HH réussit dans ses drames sont mille fois plus satisfaisantes que dans ses comédies (jamais un autre n’a obtenu de Wayne ce que celui-ci a réussi en acteur comique A CONTRARIO dans RIO BRAVO), mais quand même RIO BRAVO n’est pas une comédie!Pour Joanne Dru, je l’ai trouvée encore meilleure dans RED que dans mes précédentes visions, elle est absolument parfaite, jamais gnan-gnan très proche de Bacall en attitude mais supérieure car bien plus riche en expression, suggérant plus, je ne me souvenais plus qu’elle était aussi bonne (je n’ai pas lu le texte de Garnier, je ne sais pas ce qu’il lui veut à Joanne, celui-là sans blague respect mon pote tu parles d’une vraie dame eh oh! j’ai l’édition dvd). Dru sera moins à son aise dans CONVOI DES BRAVES 3 ans plus tard avec Ford. Les excuses de E Martinelli à l’équipe dans HATARI! sont un peu crispantes (pardon, Elsa cara!), parfois ses héroïnes en font un peu trop, sans doute poussées trop par HH ou mal à l’aise je sais pas…
Je suis d’accord la réconciliation de Dunson et Garth à la fin ne tient pas debout, et le discours de Dru qui leur tire dessus en chialant est un peu trop long. Il faut saluer le courage de Clift pour être aussi bon face à des machos comme Wayne et Brennan (cf le bouquin de McCarthy), il manifeste un calme fou et une sobriété en acier trempé, qui sert le personnage.
AA je suis d’accord que BIG SLEEP « tutoie la perfection » j’irais même jusqu’à dire qu’ils se tiennent bras dessus bras dessous!
A Martin brady
Joanne dru souffre surtout (un peu) d’avoir un rôle qui n’est pas complètement écrit en dehors de ses premières scènes qui promettent davantage. Les problèmes posés par la fin ont du monopoliser les scénaristes et HH
à Bertrand Tavernier ah oui je comprends, c’est vrai que je suis plus séduit par toute la 1ère scène de rencontre avec Clift, excellente -ils commencent à s’allumer tout de suite sans salutations ou présentations (trop occupés!) d’ailleurs Clift lui reproche de tirer trop bas sans qu’on sache comment il s’en rend compte!- et Dru a la part belle ici car son texte est très bien fourni et équilibré bref bien écrit! la deuxième scène avec Wayne est sans doute moins forte et la dernière scène où elle réconcilie les deux hommes est en effet l’un des éléments du problème général de la fin du film…
A Pascal Minette
Je vous suis sur EL DORADO. Autant RIO LOBO, dont je ne boude pas le plaisir qu’il me procure, génère pas mal de réserves malgré de beaux moments (l’attaque du train : magnifique), autant EL DORADO est une vraie variation sur RIO BRAVO à peine érodée par une ou deux pitreries « sixties » (James Caan qui fait son chinois)qui restent minoritaires. Variation à la fois plus décontractée encore et qui se paie le luxe de revisiter de façon tellurique les figures de RIO BRAVO (Robert Mitchum tout aussi génial, plus truculent que Dean Martin dans son ivrognerie et baroque lorsqu’il prend sa revanche). En plus, on a droit à un superbe générique offrant généreusement à l’œil du spectateur des peintures splendides d’Olaf Wieghorst.
A AA: je serais plus circonspect au sujet du féminisme de Hawks.Chez lui ce sont toujours les femmes qui ont à faire preuve de qualités masculines pour se faire accepter dans un monde d’hommes et pas le contraire. L’homme se féminisant devient automatiquement ridicule. Hawks n’observe pas le comportement féminin, il observe le comportement de certaines femmes, d’un certain genre de femme qui lui plait parce qu’il remplit certaines conditions en deçà desquelles le respect, l’amitié, a fortiori l’amour ne sont pour lui pas possibles. Les personnages de Hawks sont des aristocrates qui se reconnaissent et se cooptent entre eux. L’amour (comme l’amitié) est conditionné à d’autres critères. L’amour passion, c’est à dire sans conditions, n’intéresse pas Hawks, ni pour l’exhalter (comme Borzage par exemple) ni pour en dépeindre les ravages (comme Visconti dans SENSO). Sa conception de l’amour me ferait plutôt penser à celle d’un Montherlant, un auteur pas spécialement réputé pour son féminisme… Un point de vue féministe consisterait à montrer comment dans une société faite par et pour les hommes une femme arrive (ou n’arrive pas) à subsister sans aliéner sa personnalité et sa liberté. Dans cette optique, sans parler de Dreyer ou de Mizoguchi, les films de Von Sternberg avec Marlene Dietrich me paraissent beaucoup plus féministes que ceux de Hawks.
A Mathieu
Vous avez raison : « féminisme » n’est pas très heureux.
C’est juste que dans tellement de westerns, notamment, les femmes font office de potiches (Julia Adams a-t-elle beaucoup d’intérêt dramatique dans LES AFFAMEURS? J’émets des doute. )Or chez Hawks, elles se posent là, ont de la présence, révèlent des tendresses cachées chez certains (Red Buttons dans HATARI!), focalisent toutes les attentions bien au de-là des sifflets sexistes, qui fusent pendant les premières demi-heures, puis finissent par se taire. Je trouve que, dans les univers hawksiens, bon nombre de certitudes machistes vacillent, se lézardent. Les mecs pourraient y glapir ce que Sean Connery lance régulièrement à Candice Bergen dans LE LION ET LE VENT : « Vous m’êtes une grande perturbation. »
A Alexandre Angel
D’autres metteurs en scène ont donné une grande force à leurs personnages féminins, plus grande en tout cas que ne le laissait supposer le scénario : Hathaway et de Toth par exemple sans parler de Walsh (COLORADO TERRITORY, Viginia Mayo souvent cantonnée à des rôles de potiches y campe une héroïne mémorable). Regardez comment de Toth filme Phyllis Kirk (notamment dans CRIME WAVE) ou Elsa Martinelli, voire même Tina Louise cent fois meilleure que chez Dwan. C’est vrai qu’il s’agit parfois davantage d’une direction d’actrice, d’une manière de les filmer que de la conception d’un personnage. Mais la Bacall de TO HAVE devait tout à Marlene chez Sternberg, à Jean Harlow chez Fleming (RED DUST). Et il y a Daves qui lui est vraiment féministe et qui parle de couple contrairement à Hawks ou il n’y en a pas un seul
à Mathieu: il y a un féminisme chez HH, dans tous ses films il arrive à glisser une scène dans laquelle une femme parvient à prouver son intelligence ou son courage en tant qu’individu, le refus chez lui est évident de rattacher au sexe féminin telle ou telle qualité qu’elles partageraient toutes (ce qui serait un ostracisme mysogine déguisé… les fameuses qualités typiquement féminines…). Chez lui, les héroïnes sont louables par des qualités partagées aussi par les hommes, elles sont des individus, Hawks est un passionné de l’individualisme son « anarchisme » de droite le pousse à tout faire passer par celà. Regardez le personnage étonnant de Sonia Darrin dans BIG SLEEP: cette grande brune est une vraie salope et méprise son homme et l’exploite, elle est, aussi, intelligente mais ne vaut pas grand chose comme lui dit Marlowe: Hawks dresse un portrait contrasté de ce personnage (et rend justice à l’actrice qui ne trouvera jamais d’aussi bon rôle) car les femmes peuvent aussi être méprisables, HH ne tombe pas dans le piège du paternalisme: diable elles ont quand même le droit d’être des vraies méchantes, non? Cf aussi le personnage de la femme au cigarillo et balafrée dans EL DORADO (un tout petit rôle, je retrouve pas son nom) qui renseigne les hommes à la poursuite des malfrats, une apparition de quelques secondes à une fenêtre, elle est aussitôt hissée au rang des vraies héroïnes. Ce n’est pas un simple personnage féminin, c’est un individu, ce n’était pas si fréquent dans les films américains de montrer des femmes courageuses qui ne sont pas que belles et valent aussi par leurs qualités morales, comme peuvent l’être certains hommes quoi.
à Mathieu: ceci dit, j’ai un problème avec cette phrase: « ce sont toujours les femmes qui ont à faire preuve de qualités masculines… » mais quelles seraient des qualités spécifiquement masculines, à part des pseudo-qualités qui sont plus des attributs musculaires ou physiques, virils. Les femmes de HH manifestent des qualités humaines en général. Ou alors quand Joanne Dru se prend une flèche indienne dans RED RIVER sans se mettre à hurler et pleurnicher, elle ferait preuve d’une qualité masculine exceptionnelle pour une femme et qui serait le courage? ah non! Vous voulez dire que HH considère le courage ou l’honnêteté comme essentiellement masculins? à mon avis, non. mais je l’ai vu dans d’autres films machos ce fantasme de la masculinisation de la bravoure, pas chez Hawks.
A Martin Brady
Mince alors, je viens de revoir EL DORADO et j’ai loupé la femme au cigarillo !! Ça m’apprendra à chercher un truc au frigo sans arrêter le film. Je vais être obligé de le revoir..
A A-A : La femme au cigarillo apparaît juste avant la scène de l’assaut de l’église. C’est vrai qu’il n’y en a que pour quelques secondes mais on tombe plus amoureux d’elle que des personnages féminins principaux.
EL DORADO réserve quelques curiosités comme cette apparition.
Le baiser d’amour de Wayne, par exemple, inattendu mais quasi ridicule.
Le coup de feu de Mitchum en direction du barman, qui hérisse la main de ce dernier d’horribles éclats de bois. Jamais vu ça.
Mississipi n’a d’abord l’air que d’un autre Colorado mais, à force de voir, on s’attendrit de son humanité, de sa mélancolie, et de ce qui le sépare des autres. J’adore qu’il refourgue son poème avant la dernière pétarade et qu’il n’en veut à personne d’être le seul à comprendre.
à MP: tout à fait d’accord, on sait bien que EL DORADO n’est pas parfait mais je le revois tout le temps! Je n’ai jamais vu ailleurs une scène où un cavalier fait marcher son cheval à reculons pour se garder qu’on lui tire dans le dos! La scène où Wayne ramène dans sa famille le corps du gamin qu’il a tué et en plus, reproche à RG Armstrong le papa que c’est de sa faute à lui est super-hawksienne! Provoquer RG faut être gonflé! Le film doit beaucoup à Mitchum qui s’est donné beaucoup de mal, et à Arthur Hunnicutt, acteur extraordinaire à la diction impeccable qui est né pour balancer des wise cracks dans les dents des autres, examinez sa filmo pour y retrouver plein de bons films. Un truc sur Hunnicutt: depuis toujours, il est qualifié de « vieux trappeur » ou « vieux sheriff » ou « vieux qqch » quel que soit son âge! (comme Brennan). Arthur a un très bon rôle dans BIG SKY ou il montre sa souplesse à naviguer sans souci de l’excentricité rigolote à la gravité sobre, bref, il est formidable. Les scènes d’action dans DORADO sont les meilleures de Hawks. ah! l’amitié entre Wayne et le tueur à gages (« let’s call it professionnal courtesy »). Par contre j’aurais du mal à défendre RIO LOBO.
A A-A et MB : Je me reconnais dans vos commentaires sur EL DORADO. Le générique pictural, sa musique et son poème (dont l’esprit n’est pas loin du « ride away » de la Prisonnière du désert) , la galerie de portraits ( les « méchants » infiniment plus intéressants à l’unité que tout le gang des Burdett réuni.) Je ne sais pas si c’est vraiment une amitié entre Wayne et McLeod, mais la mort de ce dernier me fait quand même plutôt souffrir. Un tueur à gages aussi classe, ça ne court pas tant les rues.
D’accord aussi sur les « gags » destinés à détendre un peu le climat. Le chinois de Caan et la diarrhée de Mitchum n’étaient pas indispensables mais pas méchantes non plus.
Et puis la qualité du texte. Tout ce que dit Wayne ( à la famille Mc Donald, au chef de gang…) est ciselé à la perfection.
A Minette pascal
Quand vous lirez le roman de Harry Brown que je fais traduire, vous comprendrez pourquoi elle parle d’occasion perdue (elle pensait que son scénario était de loin le meilleur qu’elle ait jamais écrit mais Hawks a eu la trouille et a préféré revenir sur un terrain balisé). J’avais lors de deux visions lointaines trouvé le film assez paresseux mentalement. Comme par hasard la meilleure scène, pour moi, celle ou l’on tue quelqu’un par erreur, est une des seules qui reprend totalement le livre). Vers la fin, Hawks tournait en rond, se répétait. Cela dit, vos plaidoyers me donnent envie de revoir le film. Pas RIO LOBO que je trouve somnolent et accablant de routine
Sur Hunnicutt, je crois qu’il a aussi un rôle dans Stars in my Crown. Complétement à l’opposé de son emploi « vieux trappeur ». Souriant, dépourvu de barbouze et de ronchonnements, ça vaut le détour…
à Bertrand: oui oui, revoyez-le!
et la scène de désaoulage forcé dans le film est à se rouler par terre, retenons la recette de Mississippi: poivre de cayenne, moutarde, ipéca, assa foetida, clous de girofle, huile de croton et poudre à canon! ça peut servir!
(l’assa foetida en plein Texas, il doit y avoir une épicerie exotique à El Dorado! Mathieu aurait moins du mal dans son coin).
Et j’ai dit que les scènes d’action étaient vachement balèses celle de la résurrection de Mitchum qui prouve qu’il est encore capable, en réglant ses comptes dans le saloon des bandits est prodigieuse! cette gerbe d’échardes qui se plante dans la main du barman jamais vu ça! on retrouve ses douze ans à revoir ça! bon j’arrête!
« le chinois de Caan » comme vous dite laisse quand même une sale tâche sur un très bon film. De tous les films de hawks que j’ai vu c’est le pire moment, c’est du niveau Tintin au Congo dans son racisme ridicule.
A MB : Après le festival de Khan, le festival de Caan !!
A Richepryor:
La scène du Chinois est-elle vraiment du racisme ?
C’est toute une question. Les Chinois font-ils des caricatures de nous ? Par haine ou par humour ?
Les Chinois de Lucky Luke sont-ils racistes, par exemple ? Je ne me souviens pas qu’ils aient fait polémique à l’époque mais peut-être (j’étais petit). Chez Goscinny, pour reprendre cet exemple, il n’y a pas que les Chinois, il y a la représentation des Noirs, parfois des Juifs, comme le vendeur de chapeaux du 22ème de cavalerie dont le faciès caricatural peut faire froid dans le dos…
Est-ce du racisme ? Hawks et Goscinny étaient-ils xénophobes ou aimaient-ils rigoler au point d’en avoir l’air ?
A Minette Pascal
Certains critères changent avec l’évolution des mentalités, les pressions politiques et il faut TOUJOURS replacer les faits dans leur contexte. Cela dit de tous les metteurs en scène américains que j’ai rencontrés Hawks était certainement celui qui avait le plus de tendances, je ne sais pas si on peut prononcer le mot de raciste, disons discriminatoires. Je me souviens d’une visite au zoo ou il comparait les singes à Stokely carmichael et Pierre Schoendoerffer avait été suffoqué par sa vision du Vietnam, son rapport avec Westmoreland. La bio de Todd Mccarthy montre qu’il préférait les Studios dirigés par des non juifs même s’il eut des conflits d’ego avec Hughes
Pour en revenir à Caan en Chinois, je pense qu’une caricature n’est pas forcément à prendre comme une agression ou une incitation à la haine. Je ne me souviens plus de Tintin au Congo. Peut-être y a-t-il du mépris. Dans Eldorado ou chez Goscinny, il n’y a pas de message anti-quelqu’un. On rigole, c’est tout, sans arrière-pensée malsaine. On rigole même peut-être de la caricature elle-même.
On pourrait traquer comme cela toutes les intolérances mais il ne faudrait pas que cette chasse tourne elle-même en intolérance.
Le combat anti-raciste est louable et généreux.
Mais pourquoi, avant de réconcilier les races et les peuples, ne parle-t-on jamais de réconcilier les hommes tout court entre eux ? Pauvres diables qui ont déjà pas mal de boulot devant eux pour arriver à se blairer entre voisins de même souche et même entre membres d’une même famille … Pardon pour ce recueil de brèves de comptoir…
A Minette Pacal
A l’époque de TINTIN AU CONGO Hergé était proche de l’extreme droite avec qui il a pris ses distances. Avec le temps les caricatures deviennent plus ou moins offensantes
A Minette Pascal à propos des Chinois, Juifs etc… dans Lucky Luke: à ceux (la presse de « gôche » des années soixante) qui reprochaient à Asterix d’être une bande dessinée franchouillarde, chauvine voire poujadiste, Goscinny répondait qu’étant juif d’origine polonaise, ayant passé la plus grande partie de sa vie en Argentine, aux Etats-Unis et en Belgique, il prenait ça plutôt comme un compliment… Le problème avec le politiquement correct est que l’on prend les gens pour des enfants. Et il y a un coté totalitaire à vouloir réécrire le passé en fonction des impératifs du temps présent (c’est le métier de Winston Smith dans 1984). Est-ce être anti-raciste que de faire comme si le racisme n’avait jamais existé? L’édition « intégrale » des cartoons de Tex Avery pour la MGM a été éditée par Warner en omettant deux cartoons et en censurant certains gags « racistes » ou anti-japonais dans d’autres (à propos de Japonais, il y a aussi celui de Mickey Rooney dans BREAKFAST AT TIFFANY’S qui passe difficilement aujourd’hui…) Si certaines oeuvres du passé sont destinées aux enfants (comme TINTIN AU CONGO, entre nous le plus faible peut-être de tous les albums de Hergé), plutôt que les interdire comme le voudraient certains, on pourrait insérer un avertissement au début de l’ouvrage, même chose pour les dvd de Tex Avery, qui ne sont pas vraiment destinés à un public enfantin d’ailleurs (mais l’argument de l’enfance à protéger est un un classique des partisans de la censure).
Je ne sais pas. Je trouve juste le moment stupide en fait au-delà d’une question de racisme. Il fallait une diversion dans le scénario et c’est ce qu’ils ont trouvés? Sans vouloir être méchant c’est digne d’un enfant de quatre ans. Et oui cela m’a fait penser à Tintin au Congo que je lis de temps en temps pour rigoler. Il n’y a pas vraiment de haine raciale chez Hergé, c’est juste qu’il montre les africains comme des idiots paresseux et lâches mais inoffensifs. Il y a cette scène ou un train déraille dans la savane et les africains sont incapables de le remettre en place. Qui va s’en charger: « Monsieur Chien », le nom qu’ils donnent à Milou qui est apparemment plus intelligent qu’eux! Si Hergé se moquait du racisme c’est très réussi mais c’est encore plus drôle si on pense qu’il était sincère (ce qui est mon cas). Un tel niveau d’ignorance sur un autre peuple en 1930 c’est assez cocasse mais après vous me direz, il y en a qui ont fait bien pire. Tellement pire que c’était pas drôle du tout.
Pour en revenir à El Dorado la scène est particulièrement impardonnable quand on la compare à ce qui est sans doute la meilleur scène de diversion de l’histoire du cinéma dans Rio Bravo avec Angie Dickinson et le pot de fleurs. Un moment génial contre un moment stupide dans un film, El Dorado, que j’aime quand même beaucoup.
à MP: EL DORADO tiens je viens de remarquer celà de votre part: « Et puis la qualité du texte. Tout ce que dit Wayne ( à la famille Mc Donald, au chef de gang…) est ciselé à la perfection. » Oui! Les dialogues sont très bien écrits, vous faites bien de le rappeler. Et Wayne est un grand car il révèle une scansion une diction qui rend totalement justice au texte.
Sur les curiosités d’ELDORADO, le poème d’Edgar Poe que Mississipi serine à tout le monde n’est pas la moindre. Ses citations donnent de la profondeur au film.
C’est à la fois un hymne à l’aventure, un hymne à la vie, une allégorie du bonheur, inaccessible, mais auquel il ne faudrait jamais renoncer. C’est une belle illustration des personnages du film, dont la vie est une aventure perpétuelle, une remise en question constante de leur existence, une recherche perpétuelle de quelque chose, d’eux-mêmes sans doute. Comme si le bonheur, ce n’était rien que la quête du bonheur.
Mais c’est aussi un hymne au Western, célébré dans un western…
Arrêtez-moi si je débloque…
à MP: Débloquons! Débloquons! Osons oui, osons que diable!
A Martin Brady et Pascal Minette
Une question et un doute tenace me taraudent à votre sujet : vous aimez bien EL DORADO ?
Happy new year…..
A A. Angel : EL DORADO ? Pensez-vous ! Moi, à part la Mexicaine et le Chinois…
Happy new year too.
à Mathieu: pour l’édition dvd de Tex Avery à la MGM, vous êtes sûr qu’il y a 2 films supprimés? je crois que tout MGM est là, quant aux censurés:
BLITZ WOLF
DAREDEVIL DROOPY
DROOPY’S GOOD DEED
GARDEN GOPHER
HALF-PINT PIGMY
HAPPY-GO-NUTTY
HENPECKED HOBOES
LUCKY DUCKY
ET UNCLE TOM’S CABANA
j’ai numérisé mes vieilles vhs du Cinéma de minuit (merci Brion!) et d’ailleurs l’image est meilleure, Brion passait de la pellicule au télécinéma (l’appareil doit être au rencart depuis des lustres) à l’époque.
euh… je mets à jour, car j’ai découvert un site de passionné qui m’apprend que certains films (certains! pour compliquer) ont étés réédités en version intégrale:
http://tex.avery.voila.net/
à AA: Ah! que dire? Nous sommes coincés! c’est un combat courageux interrompu volontairement! Mais nous reviendrons, nous reviendrons!…
et HAP… PY NEW YEAR! (comme lançait le capitaine Hawks dans SHOW BOAT (1951).
A Martin-Brady à propos de l’intégrale des cartoons MGM de Tex Avery publiée en coffret par Warner :Je ne suis sûr de rien , me trouvant toujours à des milliers de verstes de mon coffret Tex Avery, mais si j’en crois quelques commentaires ronchons sur Amazon, en plus des gags censurés dans de très nombreux cartoons, deux cartoons entiers manqueraient à l’appel : HALF-PINT PIGMY et UNCLE TOM’S CABANA.
à Mathieu: vous avez encore raison, je viens de vérifier je ne les ai pas sur dvd. Si on trouve encore le coffret vhs, on les a tous.
à Sullivan: et dans MONKEY BUSINESS, c’est Ginger Rogers redevenue ado ou gamine qui m’a écroulé! à chaque fois que je la revois je me sens rajeunir!
A Martin-Brady: Alors voyez si ce n’est déjà fait THE MAJOR AND THE MINOR, le premier film américain de Billy Wilder comme metteur en scène, un film qu’on n’oserait plus faire aujourd’hui.
PS ce devrait être « ce fantasme de la masculinité » de la bravoure, plutôt, et désolé si j’ai tourné tout ça trop long!
A Martin-Brady:
On peut parler sans préjuger de qualités spécifiquement féminines ou masculines dans l’absolu (vaste débat) de qualités considérées comme masculines dans le contexte des sujets et de l’époque, et d’ailleurs Hawks joue consciemment la-dessus, c’est évident que Bacall n’est pas une fille « comme les autres » dans TO HAVE AND TO HAVE NOT pour prendre ce seul exemple, ce qui surprend et attire Bogart. Mais il faudrait que je revoie EL DORADO que je considérais bêtement sans doute avec RIO LOBO comme une redite appauvrie de RIO BRAVO.
A propos du regard à la fois humaniste et sans prejugés de de Toth sur les femmes, on le sent également tout au long de sa formidable autobiographie, ce qui ne l’empêche pas d’être parfois assez vache avec certaines d’entre elles y compris certaines des siennes.
à Mathieu: sur les femmes, j’avais justement l’impression que Bacall était présentée comme une fille perdue dans TO HAVE donc appartenant à un ensemble bien fourni de femmes (par rapport à la réalité non mais par rapport au film oui), Bogart dans le même film est présenté aussi comme perdu (avec moins d’insistance que le bouquin qui insiste sur l’obligation pour le héros de s’engager politiquement, si j’en crois ceux qui l’ont lu).
Je ne sais plus si HH est féministe, en fait. Tiens, j’ai relu Coursodon-Tavernier 50 Ans, et ils sont exactement sur le même diapason que vous: « Et ses héroïnes, avec leurs caractéristiques masculines (agressivité, insolence, indépendance) n’en doivent pas moins s’imposer comme femmes dans un univers d’hommes. »… bon, pas tout à fait d’accord quand même… salutations
à AA: 1H12′!!!
une discipline de fer est requise dans l’exercice du home cinema, frigo interdit! (j’ai moi-même du mal… )
à Sullivan et tous les hawksiens: à revoir certaines comédies de HH pour voir si j’ai pas exagéré dans ma sévèrité, je dois dire que finalement MONKEY BUSINESS est assez plan-plan: le rajeunissement de Ginger Rogers est finalement assez effacé, et par contre ce vieux soudard de Charles Coburn aurait pu être dix fois plus drôle lors du sien(surtout que HH l’adorait, il le laissait faire sa sieste sur le plateau! (MacCarthy)), déçu. C’est ce film qui a fait délirer Rivette et a amorcé la défense et illustration de HH par les Cahiers. Pour MALE WAR BRIDE/ALLEZ COUCHER AILLEURS, ça commence très bien (j’adore Ann Sullivan super sexy en uniforme, un vrai fantasme X) mais la deuxième partie qui voit Cary Grant déambuler d’abri en abri pour trouver un lit est cafardeuse! Est-ce encore une comédie? Je viens de recevoir HIS GIRL FRIDAY/LA DAME DU VENDREDI en zone 2UK, stf, y compris pour le commentaire de MacCarthy (la boîte du dvd dit que non et pourtant ils y sont!), très belle image. A voir qqs extraits, j’ai l’impression que Cary Grant reprend son personnage de SEULS LES ANGES légèrement décalé vers la comédie, mais Cary Grant est un génie tout simplement. Même dans un navet il glisse tout un tas de gestes ou de grognements à peine esquissés qui font tiennent éveillés!
Dans le dernier Télérama,Mathieu Kassovitz nous brosse un tableau sombre et réaliste du cinéma français actuel.Il faut dire d’entrée que Mathieu n’a pas sa langue dans sa poche et je reconnais que lors de la sorti sur les écrans de son film « L’ordre et la morale »plusieurs journalistes bien pensant l’on bien descendus.Pourtant le film ne manquait pas d’interet sur un fait-divers qui avait abouti à la mort de plusieurs indépendantistes Kanaks.Au fil de l’entretien,il décanille Tarantino en affirmant qu’il réalise des séries Z avec des budgets de séries A et que son premier opus »reservoir dogs »est pompé sur un film japonais.Si on commence à faire la liste des productions USA ou italiennes qui sont des « remakes »à la sauce américaine ou spaghettis,on a pas fini.en revanche je soutiens ses propos sur le budget colossal du film de Carax(Dupont de Nemours) »Les amants du pont neuf »qui a eut le soutien de Jack Lang et de Mitterrand.Je savais aussi que Carax pour les besoins du film avait exiger des vrais clochards parisiens qu’il n’a pas payer un centime.Kassovitz trouve ça ignoble et moi aussi!!!
Si Kassovitz a dit « un film japonais » ça discrédite encore plus son argument puisque, c’est bien connu, le film qui a beaucoup de points communs avec Reservoir Dogs est City on Fire, film hong-kongais de Ringo Lam. Peut-être que Tarantino s’en est inspiré (mais je ne pense pas, sinon il l’aurait dit avec fierté) mais le fait est que Reservoir dogs est bien meilleur de bout en bout.
C’est vrai que Tarantino fait des films B avec des budgets de films A mais ce sont de bons films B. Avec un B comme Boetticher par exemple. Jackie Brown est un chef-d’oeuvre.
L’emprunt le plus évident est selon moi THE TAKING OF PELHAM ONE TWO THREE de Joseph Sargent où des personnages qui ne se connaissent pas montent un coup ensemble en se donnant des noms de couleur. QT a même repris l’idée du flic infiltré. Dans le film de Sargent il s’agissait d’un passager de la rame qui laissait agir les pirates et ne révélait son matricule qu’au moment d’agir.
Par ailleurs je ne suis pas certain que Carax soit un héritier Dupont de Nemours. Et même le serait-il, on n’a pas à s’excuser de ses origines ni de son talent. Il ne serait pas non plus le premier grand cinéaste à se comporter comme un salopard sur les tournages. Un tournage est une situation extrême, terriblement angoissante et rares sont ceux qui peuvent rester complètement eux-même. Je n’oublie jamais la citation de Gregory Peck au sujet d’henry Hathaway.
à Rouxel: tout individu qui tape sur Tarantino me semble immédiatement suspect je sais pas pourquoi, j’ai un sentiment confus comme quoi ce serait juste le goût de taper sur qqn qu’on porte très haut comme de la jalousie quoi… si au moins on tapait sur QT pour ses propos absurdes sur Ford! y’a quoi comme arguments, là: qu’il ait fait des séries B avec des budgets A ou des faux remakes-pseudo plagiats pfff… qu’est qu’on en a à f… c’est peanuts quand même. bref n’est-ce pas?
A Martin Brady
Sans doute mais à partir d’un certain degré l’idolâtrie devient tout aussi suspecte. Symptôme de promo bien organisée bien plus que de génie révélé.
à EV: ben justement, on peut pas critiquer QT à cause de l’idolâtrie qui le prend pour cible! Lui-même me donne pas l’impression de s’illusionner avec ça, d’ailleurs (et il pourrait). Et vous avez raison l’idolâtrie est suspecte il faut huer ses auteurs et leur lancer des cailloux en ricanant méchamment: par exemple les éditeurs de dvd qui vous balancent en slogan: « le film qui a influencé Tarantino! », bientôt on verra ça au verso de SISSI IMPERATRICE!
Par contre, là où QT a tort, c’est qu’il est trop gentil avec ses intervieweurs et qu’il s’empresse de leur faire entendre ce qu’ils veulent entendre (ce qui n’est pas nouveau, voyez les interviews des années 50-60 de Ford ou Hawks ou…)? cf ses propos sur Ford accordés à un site US qui illustre et promeut la culture afro-américaine (il a récidivé dans les INROCKS) bon je vais me répéter là-dessus STOP donc.
je m’excuse, je retire « en ricanant méchamment » ça a dépassé ma pensée…
Et en plus , ce ne sont pas ses films à lui qui plaident pour le refus de tout plagiat ou « influence »: Métisse lorgne du côté de Nola Darling…de S Lee, La haine doit bcp à la déferlante du cinéma black US du début des 90′ (Do the right thing mais aussi l’oublié Boyz’n the hood).
Les rivières pourpres lorgne lui du côté de Fincher entre autres.
Nous jetterons un voile pudique sur Gothika comme sur l’adaptation de Dantec, purs produits de studio.
Je ne me rappelle pas très bien Assassin(s) que j’avais trouvé un peu confus mais ai bien aimé L’ordreet la morale plutôt mal accueilli lors de sa sortie.
Par ailleurs, Kassowitz est un très bon acteur que ce soit chez Audiard, Jeunet et ailleurs…
A Bertrand à propos des zooms dans LOVE ME TONIGHT: j’avais lu quelque part que le zoom était une invention des années cinquante, et comme je pensais bien en avoir vu un dans l’excellent ONE WAY PASSAGE de Tay Garnett, lui aussi de 1932, je me posais des questions… (quand W.Powell se jette à l’eau pour échapper à la police, puis est repêché, il y a ensuite un zoom vers Kay Francis restée sur le paquebot si je me souviens bien).Votre chronique de LOVE ME TONIGHT donne vraiment envie de voir le film, pourtant Mamoulian est assez sévèrement traité dans 50 ANS…
A Mathieu
Oui et je persiste mais on défendait ce film mais trop brièvement. Allan Dwann dans l’interview de PRESENCE parle d’un objectif zoom qu’il a utilisé dans un film vers 1929
A Bertrand:
Vous défendiez également QUEEN CHRISTINA et comme je n’ai pas aimé ce film, ni trouvé Garbo plus convaincante qu’ailleurs (pour moi elle ne l’est vraiment que dans CAMILLE, NINOTCHKA et peut-être CONQUEST, et pénible dans beaucoup d’autres films, à commencer par GRAND HOTEL), je ne fondais pas beaucoup d’espoirs sur Mamoulian (mais j’aime bien DR. JEKYLL…, surtout grâce à cet excellent acteur qu’est Frederic March).
A Mathieu
Cela fait dix ans que je me dis que je dois revoir QUEEN CHRISTINA
Il s’agit bien du premier objectif à focale variable (le Varolens de Cooke) mis au point en 1932. Conçu pour être monté sur la Bell & Howell type 2709, la fabrication de la partie optique étant assurée par Taylor & Hobson et l’assemblage mécanique dans les ateliers Bell & Howell à Chicago. Rouben Mamoulian et son opérateur Victor Milner l’utilisent à trois reprises dans LOVE ME TONIGHT en 1932 (deux effets au début du film : zooms rapides sur une cheminée puis sur une femme à sa fenêtre interpellée par Maurice Chevalier et un zoom arrière sur une meute pendant la scène de chasse à courre). Autres utilisations ponctuelles par les opérateurs Milton Krasner en 1933 avec GOLDEN HARVEST, Joe Walker en 1934 avec ONE NIGHT OF LOVE et Leon Shamroy lors du tournage de PRIVATE WORLDS en 1935.
L’absence de visée reflex rendait bien entendu l’utilisation d’un zoom assez difficile et les effets plutôt rudimentaires d’autant que toute modification de la focale entrainait nécessairement une modification de la mise au point et du diaphragme.
Avant cette date, il y eut quelques tentatives avec des dispositifs dits « a-focaux », additifs optiques permettant une légère variation de focale sur un objectif standard. C’est ce qu’utilisa l’opérateur Merrit B. Gerstad en 1928-29 sur NAISSANCE D’UN EMPIRE d’Allan Dwan. On remarque en effet dans ce film trois ou quatre effets de zoom arrière sur un village de chercheurs d’or.
Il faudra attendre les années cinquante pour disposer de vrais zooms avec le Pan-Cinor de Som-Berthiot et un peu plus tard les premiers zooms de la firme Angénieux qui continue aujourd’hui à fabriquer des zooms qui comptent parmi les meilleurs du monde, zooms fabriqués dans son usine de St Héand dans la Loire, à côté de Saint-Etienne.
Il s’agit bien du premier objectif dit « à focale variable » mis au point en 1932 par la firme britannique Taylor & Hobson sous le nom de « Cooke Varolens ». Cet objectif de 40/120mm était conçu pour être monté sur la Bell & Howell type 2709, la fabrication de la partie optique étant assurée par Taylor & Hobson et l’assemblage mécanique dans les ateliers Bell & Howell à Chicago. Rouben Mamoulian et son opérateur Victor Milner l’utilisent à trois reprises dans LOVE ME TONIGHT en 1932 (deux effets au début du film : zooms rapides sur une cheminée puis sur une femme à sa fenêtre interpellée par Maurice Chevalier et un zoom arrière sur une meute pendant la scène de chasse à courre). Autres utilisations ponctuelles par les opérateurs Milton Krasner en 1933 avec GOLDEN HARVEST, Joe Walker en 1934 avec ONE NIGHT OF LOVE et Leon Shamroy lors du tournage de PRIVATE WORLDS en 1935.
L’absence de visée reflex rendait bien entendu l’utilisation d’un zoom assez difficile et les effets plutôt rudimentaires d’autant que toute modification de la focale entrainait nécessairement une modification de la mise au point et du diaphragme.
Avant cette date, il y eut effectivement des expérimentations très ponctuelles avec des dispositifs dits « afocaux », élément optique que l’on ajoutait devant une optique standard et qui permettait d’en faire varier légèrement la focale. C’est ce qu’utilisa l’opérateur Merritt B. Gerstad en 1928-29 sur NAISSANCE D’UN EMPIRE d’Allan Dwan. On remarque dans ce film trois ou quatre effets de zoom arrière sur un village de chercheurs d’or.
Sinon, il faudra bien attendre les années cinquante pour voir l’apparition des premiers zooms modernes avec le Pan-Cinor de SOM-Berthiot et un peu plus tard les zooms Angénieux, qui perpétue encore aujourd’hui la fabrication de zooms pour le cinéma considérés comme faisant partie des meilleurs du monde, objectifs fabriqués dans son usine de St Héand dans la Loire, à côté de St Etienne.
A Marc Salomon
Merci pour ces précisions formidables
Ce qui me frappe dans Red river est la manière dont Hawks met d’entrée de jeu en place l’essentiel des enjeux qui animeront ses westerns ultérieurs:affrontement générationnel, complicité dans l’adversité,sens aigu de l’espace ( que ce soit une itinérance comme dans Big sky, une sorte de huis clos urbain comme dans Rio Bravo), relations complexes entre homme et femme.
Hawks est un grand auteur de western malgré son arrivée relativement tardive dans le genre et le nombre assez retreint d’opus (comparativement à Ford, Wellman, Walsh, Mann, etc…)parce que que ses westerns apportent le regard hawksien fait d’humour, de complicité, de précision.
Rien à voir avec l’affrontement Tom/Matt, j’aimerais signaler pour fin décembre la sortie d’un fort beau premier film de Damian Chazelle Whiplash (du nom du morceau d’Hank Levy repris notamment par Don Ellis)qui réussit à transformer le récit classique du jeune artiste qui cherche à percer dans le rude monde de l’art en un affrontement physique d’une cruauté incroyable.
Il y a du Lee Ermey de Full metal jacket dans le personnage du professeur trop exigeant qui espère découvrir un futur Charlie Parker à coups de cymbales dans la tronche et rarement l’énergie du jazz sera passée par l’affrontement avec la matière même de la musique (notes sur une partition annotée, gros plans sur les mains ou les instruments).
Le jazz contemporain n’a pas le côté compassé de Mo’better blues de Spike Lee, il est un territoire sauvage où chaque place se gagne avec le sang et les tripes.On ne peut plus écouter Caravane de la même manière ensuite…
J’y reviendrai avec la précision requise lors de sa sortie bien sûr.
à Bertrand: Bravo pour la nouvelle chronique. Où vous trouvez le temps restera un mystère pour moi…
Il a plusieurs vies, tout le monde le sait.
Désolé, je suis un blogueur un peu « parkinsonien » mais j’ai cru que le premier post était à Pétaouchnock.
Bien le bonjour à Bertrand Tavernier et aux blogueurs
Si je devais choisir ce que la restauration de RED RIVER fait le plus ressortir, cela serait, je crois, Montgomery Clift. La modernité insolente de son jeu est telle qu’elle semble surgir, et s’intégrer de manière féline, au sein d’une configuration classique, à la manière d’un cheval de Troie. Je croyais bien connaître le film mais jamais je n’avais eu ce sentiment de révélation, d’intrusion des canons modernes du jeu américain dans l’univers du classicisme (le film n’est que de 1948!). Je ne sais encore si Philippe Garnier en parle, mais comment John Wayne a -t-il vécu ce séisme, ces maniérismes inédits jusqu’alors ? Je serais curieux de le savoir.
Il y a dans FOUR FACES WEST une image (au sens large car il s’agit de plusieurs plans)constituant la chose la plus insolite qu’il m’ait été donné de voir dans un western. D’un insolite tellement dénué d’intention d’épater (pas d’auto-publicisation comme vous le dîtes, Bertrand, en bonus: on est loin du bateau, stupéfiant par ailleurs, de Richard C.Sarafian)qu’il en est désarmant, bouleversant et finalement, très poilant : c’est la chevauchée d’un taureau sellé comme un cheval par Joel McCrea. C’est d’autant plus hilarant que ce n’est pas traité comme un gag, mais comme une péripétie de plus, fondue dans le récit.
Le Pan&Scan que nous inflige l’édition Sidonis de LA JOURNEE DES VIOLENTS avait, je l’avoue, gâter ma réceptivité de ce Harry Keller qui est quand même inférieur à QUANTEZ et aux SEPT CHEMINS DU COUCHANT. Mais un p’tit focus du chroniqueur de ces lieux et on y regarde à deux fois, c’est tout le charme. Un autre Sidonis en Pan&Scan mérite le coup d’œil, c’est THE SAGA OF HERB BROWN (L’Implacable Poursuite), de Richard Carlson, avec des moments « à la Tourneur » (un échange en sourdine dans un troquet précédant une bagarre)et un curieux érotisme confiné dans une roulotte.
Bien le bonjour à Bertrand Tavernier et aux blogueurs
Si je devais choisir ce que la restauration de RED RIVER fait le plus ressortir, cela serait, je crois, Montgomery Clift. La modernité insolente de son jeu est telle qu’elle semble surgir, et s’intégrer de manière féline, au sein d’une configuration classique, à la manière d’un cheval de Troie. Je croyais bien connaître le film mais jamais je n’avais eu ce sentiment de révélation, d’intrusion des canons modernes du jeu américain dans l’univers du classicisme (le film n’est que de 1948!). Je ne sais encore si Philippe Garnier en parle, mais comment John Wayne a -t-il vécu ce séisme, ces maniérismes inédits jusqu’alors ? Je serais curieux de le savoir.
Il y a dans FOUR FACES WEST une image (au sens large car il s’agit de plusieurs plans)constituant la chose la plus insolite qu’il m’ait été donné de voir dans un western. D’un insolite tellement dénué d’intention d’épater (pas d’auto-publicisation comme vous le dîtes, Bertrand, en bonus: on est loin du bateau, stupéfiant par ailleurs, de Richard C.Sarafian)qu’il en est désarmant, bouleversant et finalement, très poilant : c’est la chevauchée d’un taureau sellé comme un cheval par Joel McCrea. C’est d’autant plus hilarant que ce n’est pas traité comme un gag, mais comme une péripétie de plus, fondue dans le récit.
Le Pan&Scan que nous inflige l’édition Sidonis de LA JOURNEE DES VIOLENTS avait, je l’avoue, gâter ma réceptivité de ce Harry Keller qui est quand même inférieur à QUANTEZ et aux SEPT CHEMINS DU COUCHANT. Mais un p’tit focus du chroniqueur de ces lieux et on y regarde à deux fois, c’est tout le charme.
Il y a quelques jours,j’avais fait la meme remarque concernant cette halucinante,jamais vu dans un western:en dehors des cow-boys qui montent des betes à cornes ou des chevaux sauvages lors de rodéo!!!
A Rouxel
Oui j’ai rigolé comme dans un Buster Keaton mais c’était un drôle de rire: un rire ému, émerveillé, si, si, j’vous jure!
La première chose qui me vient à l’esprit à propos de RED RIVER revu il y a quelques mois grâce au formidable Blu-Ray édité par Wild Side est bizarrement de vouloir rendre hommage aux « second units » du cinéma classique hollywoodien en général et à celle de ce film en particulier. Non seulement la scène du « stampede » nocturne mais aussi les séquences de mouvements de troupeaux, franchissement de rivières, etc… sont magnifiques et forment comme des interludes symphoniques qui donnent son rythme et sa respiration au film. Tout cela, comme les merveilleux ciels nuageux de l’Ouest, est magnifiquement rendu en HD.
Hawks trouvait que le texte de la version longue créait une distance entre le spectateur et le récit, c’est vrai, et avec ou sans dentier Walter Brennan est un conteur formidable (il y a des enregistrements de lui récitant des extraits de HUCKLEBERRY FINN avec Brandon De Wilde, le petit garçon de SHANE), mais aujourd’hui la mauvaise qualité de la bande son de la version « Hawks » nous éloigne aussi parfois des personnages. Ce qui gêne surtout dans la version longue, ce sont des gros plans inutiles et des choeurs assez pénibles ajoutés à la musique pour moi emphatique et lourde de Tiomkin.
Une scène que j’aime beaucoup est celle où Wayne explique assez longuement quelque chose à Clift pendant que Brennan marmonne des choses incompréhensibles. La facon dont Wayne l’interrompt brutalement pour lui demander d’arrêter ou de s’exprimer une bonne fois et clairement est du plus haut comique, nous met de plain-pied avec les personnages et participe de cette diversité de ton qui donne toute sa richesse au film.
Le problème pour moi avec le personnage de Joanne Dru est qu’il n’est pas assez développé. Il aurait fallu que le film dure une demi heure de plus ce qui aurait aussi peut-être permis une fin plus satisfaisante, car pour moi la fin est le point faible du film. Et cette fin je ne pense pas qu’on puisse l’imputer à d’autres qu’à Hawks lui-même, elle est trop caractéristique de son style, de son refus du tragique, de sa pudeur, de ses limites aussi dans ce cas. Je ne peux pas croire que le conflit entre Wayne et Clift puisse se résoudre aussi facilement, il est beaucoup plus profond que la rivalité qui oppose Kirk Douglas à Dewey Martin dans THE BIG SKY par exemple. On pourrait rapprocher le personnage de Wayne de celui incarné par Errol Flynn dans SILVER RIVER de Walsh, mais je me demande si Walsh n’est pas plus lucide vis à vis de son héros, que Hawks ne l’est vis à vis du personnage de Wayne dans RED RIVER.
Ayant revu RED RIVER, je dois dire que le bémol de la longueur ne s’est pas bécarrisé chez moi. Dieu sait si j’adore voir défiler les longhorns ainsi que les scènes de bivouac mais je trouve que le rythme en prend quand même un sacré coup; comme certains opéras qui multiplient les points d’arrêt et finissent par jeter le doute, voire le stampede, dans nos battements cardiaques.
Et puis, mea maxima culpa, je n’aime pas Montgomery Clift. Je ne lui trouve pas de magnétisme du tout. J’ai l’impression d’un autre Colorado mais dans un rôle plus complexe. Il est évident que Hawks lui a demandé de ressembler progressivement au personnage de Wayne au fil des événements, mais ce n’est pas vraiment réussi, à mon sens.
En dehors de la fin (qui me semble toujours aussi traficotée), je trouve son clash avec Wayne un peu forcé. On ne voit pas grandir un ressentiment suffisant pour justifier ce conflit.
Wayne apprend à devenir Ethan Edwards et ce n’est pas le seul point commun avec la PRISONNIERE : il marche sur Clift (qu’il a juré de descendre) comme Ethan poursuivait Debbie hors du camp comanche…
Mais ce n’est que moi !
A MinettePascal
Je vous trouve incroyablement sévère. Clift est quand même un acteur autrement plus fort, plus profond que Ricky Nelson et son personnage est plus complexe, plus noir ainsi que les rapports avec Wayne. Joanne dru est sublime. Quant a la fin, la bio qu’on a publié donne toutes les explications sur cette fin en effet trafiquée. Pour moi c’est un des chefs d’oeuvre de Hawks, surtout dans SA VERSION
Clift est certes meilleur que Nelson et de ttes façons a beaucoup plus de choses à faire passer, mais il faut quand même avaler qu’à la fin, il est capable d’envoyer à terre une baraque comme Wayne, avec 20 kgs et 20 cm de moins! Ce n’est pas trivial comme remarque, ça rajoute à l’improbabilité de ce règlement de comptes: la colère de Wayne et sa volonté de tuer Clift n’est pas crédible au départ. RED RIVER n’est pas un chef d’oeuvre mais n’en est pas loin. Mon grand Hawks c’est SEULS LES ANGES, et HIS GIRL FRIDAY§
Je dois dire que j’ai aussi été déçu par la musique à la limite de l’emphatique de Tiomkin, pour laquelle je nourris pourtant un culte.
Je ne me souvenais pas que le thème du générique était « My poney and me » !
J’en profite pour vous souhaiter la meilleure année 2017 possible, ainsi qu’à tous ceux qui s’expriment ici.( Rychprior…ce que c’est gentil ce qu’il a dit sur tout le monde !)
A MB : Moi, j’ai un gros faible pour le BIG SKY, malgré la présence du Colorado de service, dont j’ai oublié le nom.
Mais d’autres films de Hawks, très sous-estimés et peu évoqués sur ce blog, mériteraient de refaire l’objet de débats; je pense surtout à EL….
On m’appelle, je dois y aller, pardon…
à MPascal: une petite dose d’autocensure nécessaire… BIG SKY est un chef d’oeuvre dés qu’on aura un BR à la hauteur, on le vérifiera. Mais ça se fait attendre.
à M Pascal: la pression qui s’exerce sur un éleveur qui risque de perdre tt le fruit de son travail et doit pour s’en sortir faire migrer son troupeau reste théorique dans LES COWBOYS, on ne sent pas le nuage noir au-dessus de Wayne. Il y a des détails qui éloignent le film des ornières de ces temps sauvages et rustiques (comme l’excellence de la cuisine concoctée avec amour par Roscoe Lee Browne, le cuisinier: il prépare des festins! et il fait des tartes aux pommes avec quel four? Walter Brennan en perdrait son dentier!). D’autres détails sont très bien vus comme RL Browne qui terrorise les gamins en se prenant son lit préféré au dortoir! ceci pour mieux se faire admettre par eux.
Quand à la séquence qui montre Wayne guérir un gamin de son bégaiement chronique en l’engueulant et lui faisant répéter des insultes que le gamin lui adresse à lui, Wayne, elle me ravit sans que j’arrive à me dire qu’elle est dépourvue de toute complaisance, mais je rigole à chaque fois. les COW BOYS c’est le film où on pardonne la complaisance.
A MB : Je ne sais pas si je parlerais de complaisance à propos des COWBOYS. Je ne trouve pas les effets si appuyés que cela, au contraire. Le background de la vie de Wayne se dessine au fil des dialogues, ses années à trimer depuis l’enfance…
Et puis cette mélancolie qui pèse sur lui en permanence. J’adore comme il reste encore seul dans la nuit alors que sa femme l’invite à rentrer. C’est un peu l’image d’Ethan Edwards sur les marches de la maison de son frère, le soir, dans un rayon de lumière. Force et solitude en un seul plan !
à M Pascal: ma foi, je le reverrai LES COWBOYS.
à M Pascal: « BIG SKY, malgré la présence du Colorado de service, dont j’ai oublié le nom. »
je pense qu’il s’agit de Dewey Martin, le raciste anti-indien copain de Kirk et qui veut toujours en découdre, il n’était pas mal dans la catégorie « j’en fais le moins possible » avec le minimum de sourires.
Il fut aussi dans LA CHOSE D UN AUTRE MONDE l’année d’avant.
A MB
Et dans LA TERRE DES PHARAONS. Hawks l’avait pris sous contrat. C’est un comédien honorable mais dans THE BIG SKY, il ne transcrit qu’une partie minime des sentiments, des émotions conçues par Guthrie (lisez le livre, le personnage est plus complexe, plus dur) dont certains avaient été préservés par Hawks. Il manque le coté bouseux que le cinéma américain peine à retranscrire jusqu’aux années 60. Robert Duvall qui était sur ce point presque fondamentaliste trouvait que pratiquement aucun acteur essayait de retrouver le coté paysan de ces personnages sauf Gary Cooper ou Wayne et très peu d’autres et Hawks a, plus que d’autres, choisi des jeunes urbains, voire de la cote Est pour jouer ces personnages. Ford pouvait prendre John Agar mais aussi Ben Johnson
Cette échange tombe très bien, j’ai commandé le premier tome de la trilogie.
Dewey Martin me convient, personnellement, dans LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS : il a un côté taiseux et gaillard qui vieillit assez bien. On sent la boule de nerf mais aussi la robustesse et la bonne humeur.
Et oui, on nous doit une copie digne de ce nom!
A la décharge de Dewey Martin, le scénario est aussi responsable de l’image qu’il donne. Un rôle plus étoffé l’aurait peut-être galvanisé. Je pense que ça aurait démangé Ford de lui donner quelques couleurs, s’il avait été le patron sur ce film.
D’ailleurs, c’est aussi quelque chose qui m’a gêné dans RED RIVER : on prend le temps de nous présenter le personnage de John Ireland, mais pour ne plus en faire grand chose ensuite. Dommage, car son ambiguïté piquait la curiosité. La manière dont il se fait balayer par Wayne à la fin achève de rendre perplexe au sujet de sa légimité.
A Minette Pascal
Sauf que Ford n’a pas lu ce livre. Et Dewey Martin est pas mal. Ses défauts sont inhérents à l’époque. Sur John Ireland, lisez la biographie chez Actes Sud, bon dieu qui répond à toutes vos interrogations. Ireland ayant eu une liaison avec Joanne dru que convoitait Hawks, ce dernier s’est vengé. C’était sa nature qui explique aussi la force de certains de ses films et leurs limites tributaires d’un coup de foudre , de son succès ou de son échec. Sans vouloir ranimer une querelle dans EL DORADO, ce genre d’incohérences, de manques est plus important car décuplé par la paresse, la tentation de la routine que l’on sent envahir les derniers films de Hawks
J’avais été un peu choqué par votre remarque sur la trop grande place consacrée aux déplacement du bétail dans RED RIVER. Mais c’est le sujet du film que ce long voyage, sur le papier condamné à l’échec. Pour une fois, on nous montre avant le « neo western » que la vie de cow boy était fastidieuse, éreintante et monotone. On est au coeur du film et j’aime que Hawks prenne son temps.
à Bertrand: d’accord, ça me fait penser que Duvall dans GREAT NOTHFIELD MINESOTTA RAID harangue sa troupe de bandits à la façon des preachers noirs à l’église (dans une harangue évangéliste) mais lui pour les motiver à vider le coffre de la banque en question! Idée très originale que je ne vois pas un autre acteur aller saisir ou en être capable. C’est aussi très ancré historiquement en signalant le mélange de cultures (relatif mais à ne pas sousestimer) entre les cultures noire et blanche que l’on ignore trop, et qu’on retrouve dans la musique folk des années 30, aussi dans des romans de JL Burke ou J Carlos Blake. Mélange qui se sont créés plutôt avant la guerre civile. merci pour les précisions sur HH et ses acteurs.
à Bertrand: merci pour les précisions sur HH et ses acteurs.
GREAT NORTHFIELD… c’est LA LEGENDE DE JESSE JAMES, de Philip Kaufman…
A Mr Tavernier : Au sujet des plans répétés de l’avancée du troupeau, je me souviens avoir pensé aux COWBOYS de Marc Rydell dont le sujet est aussi un long convoi de bétail qu’il faut montrer monotone, âpre et crevant . A quoi bon comparer, mais je n’ai pu m’empêcher de me souvenir que rien n’y est répétitif au point de risquer une défaillance du rythme. La pilule passe mieux, je trouve.
Dans les COW-BOYS, il y a aussi ce mérite de renouveler le contenu des scènes de bivouac. J’imagine que cela a aussi été un défi pour les scénaristes de RED RIVER. Dans le Rydell, j’admire comme chacune d’elles apporte quelque chose de particulier qui fait que la mémoire arrive facilement à les différencier . Et puis, dans le genre « j’ai une idée pour filmer autrement les bestiaux », ce panoramique sur les premiers pas de la journée sur un concerto pour guitare de Vivaldi !
Pardon si vraiment je choque !
A MinettePascal
Les COWBOYS bénéficie de tout ce que des gens comme Hawks, Ford, Daves, Mann ont créé, ont inventé. Et aussi d’une technologie plus souple, caméras plus légères, pellicules plus sensibles. Le Rydell est un bon film mais qui sonne souvent comme une copie voulant se démarquer de son modèle, comme un à la manière de talentueux. Ce que vous appelez pilule (le terme me parait incroyablement faux aussi inadapté que si vous l’utilisiez pour tous les interrogatoires et allées et venues de HOMMES DU P^RÉSIDENT) constitue le corps, le coeur du récit Est ce que le fait de différencier ces scènes faisait ou non partie de la dramaturgie. Hawks joue comme très souvent sur la répétition (d’où la longueur inhabituelle de tous ses films et ce qui donne aux meilleurs une saveur particulière). Il y a presque trop d’habileté, d’esquive dans le COW BOYS qui m’avait fait jeter à tort le film comme malin ou roublard. Il me parait difficile de les comparer et il y a une noirceur, une profondeur chez le héros de Red River qui n’est pas égalée dans le COW BOYS
A Mr Tavernier : mais les deux héros se ressemblent , qui auront mis toutes leurs forces dans la construction et le développement de leur ranch, et y auront laissé aussi un peu de leur coeur. Je ne suis pas d’accord sur une différence de profondeur entre eux. Ils sont devenus durs et bornés tous les deux. Mais j’aime la faille que Rydell montre sobrement dans le caractère de Will Andersen, ses remords reconnus du bout des lèvres vis-à-vis de ses fils, les gestes d’amitié qu’il finit par avoir pour le cuisinier noir, sa remise en question sur ses torts, l’attachement qu’il ressent malgré lui pour ses « employés », la manière attendrissante avec laquelle il parle à sa femme…
Dans RED RIVER, on nous impose ce clash sans essayer de nous l’expliquer vraiment et Wayne qui devient un agneau à la dernière seconde …
Mais ne m’en veuillez pas, par pitié !
A MinettePascal
Il est beaucoup plus facile à Rydell de montrer les fêlures d’un personnage avec un acteur vieillissant qui a besoin de se renouveler qu’à Hawks qui est en train d’imposer, avec Ford, Wayne comme immense acteur. Pour le dernier quart d’heure de Red River, lisez le Todd McCarthy. Personne ne semble s’apercevoir que c’est un décalque du Bounty
A Mr Tavernier : intéressant ce parallèle avec le Bounty. Même si on n’y retrouve pas de rapport père/fils. Et puis le spectateur va avoir du mal à garder de l’affect pour le capitaine Bligh alors que son coeur balance pour les deux héros de RED RIVER. Vous parliez de « tyrans sublimes », je crois, avec Rouxel et j’avais failli évoquer Bligh. Non que ce personnage soit sublime, mais il est incroyable de penser qu’une partie de nous ne peut s’empêcher de le plaindre, peut-être parce qu’il est seul, que la vie a sans doute été dure pour lui, qu’il en est arrivé à mépriser les aristocrates nantis autant que tout le reste du genre humain…
Merci d’avoir si longuement échangé, Mr Tavernier, j’ai l’impression d’avoir bavardé avec vous autour d’une bonne tasse de café.
à Bertrand: mais « le décalque avec le Bounty » me paraît très lointain et illusoire, ce qui explique pourquoi personne ne s’en rend compte! Disons que dans RED c’est juste un filigrane du Bounty il manque le billet de banque derrière.
A MB
Je crois que c’est le scénariste Borden Chase qui a lancé cette opinion
Le décalque avec le Bounty, c’est la mutinerie simplement, la dureté du patron, le fait qu’à un moment donné, il soit « débarqué » et que ce soit son « Fletcher » (donc Monty Clift) qui prenne la tête de la mutinerie.
à AA: je connais le thème du Bounty que vous décrivez là merci, on en retrouve des éléments dans RED RIVER, OK. N’oubliez pas la présence forte de la loi militaire et surtout des rapports de classe dans le fait historique d’origine. Dans RED, la référence à celui-ci est ignorée puisque la loi aurait réagi à pareil forfait (elle eût pu être un élément dramatique intéressant: ces hommes volent un troupeau à son propriétaire sans se questionner des conséquences, alimentant le mythe westernien créé par le cinéma d’un Ouest sans loi, ce qui est très relatif. Dunson lui-même ne fait pas appel à elle, Bligh si, dés qu’il atteint la civilisation). La crainte de la répression par la justice du vol de troupeau n’est même pas évoquée et l’acheteur (Harry Carey) ne se préoccupe pas de qui le possède réellement: pourtant Dunson (Chisum) doit être un peu connu. Quant aux rapports de classe, dans RED ils n’y sont pas bien sûr. Je pense que Borden Chase a eu cette idée de Bounty à l’esprit car c’était qqn de très cultivé mais il manque des éléments essentiels pour rattacher les deux. Ca ne me gêne pas pour apprécier la beauté sauvage de RED RIVER (qui s’exprime surtout dans le périple lui-même, pas dans l’après-arrivée à Abilene). Et Wayne dans sa tyrannie n’exprime que son individualisme de propriétaire (un vrai républicain!), Bligh dans sa tyrannie n’exprime que son arrogance de classe sociale et son mépris pour l’homme du peuple: il ne change pas du début à la fin, Dunson, si. Dunson part dans ce périple avec un amour pour ses hommes et se laisse rejoindre par ses démons, Bligh est confit dans sa classe sociale et la supériorité qu’il y voit attachée: lui, ses démons il les avait au départ, il ne change pas. Ce n’est pas un dénigrement de RED RIVER en même temps, bon d’accord, le film évoque forcément le Bounty, vous avez raison après tout c’était bien la peine!
à AA: Bounty: je me suis emballé, vous-même fixiez le champ commun entre les deux, je devais avoir envie de faire un comparatif avec l’histoire (sans dire trop de conneries j’espère). à +.
A MB
Oui, je me doute que tous ceux qui connaissent bien RED RIVER comprennent la relation à BOUNTY. Je suggérais surtout, pour répondre à Bertrand, que si on ne cite pas BOUNTY consciemment ou expressément, on le ressent, comme un canevas digéré, déjà imprimé en nous (la mutinerie, le mec viré du navire, le second qui prend la responsabilité, la malédiction..)et ça, vous l’avez compris.
Oui, vous vous emballez toujours un peu mais c’est pas grave.
Et non, vous ne dites pas de conneries et je trouve que c’est intéressant quand, notamment, vous vous étonnez que l’acheteur du troupeau ne s’inquiète pas outre mesure de l’absence de Dunson. Cela montre que l’essentiel du film a déjà eu lieu (ce que vous dîtes) et qu’une fin hollywoodienne doit jongler avec les conventions, la grande braderie des péripéties et les concessions au spectateur.
à A Angel: « une fin hollywoodienne doit jongler avec les conventions, la grande braderie des péripéties et les concessions au spectateur. » Dans RED RIVER, il y a quand même une méconnaissance du contexte historique avec cette histoire de vente de troupeau.
C’est juste que parfois je me retrouve un peu fatigué à force de revisions de films, de cette dynamique de scénario qui surestime un peu la tolérance du spectateur pour l’invraisemblance (j’ai oublié l’expression exacte) en misant pour « faire passer » sur la rapidité de l’action, sur la surprise née de péripéties inattendues, donc sur le talent scénaristique pour les trouvailles d’intrigues. Au contraire, je trouve que le respect de la vraisemblance et du réalisme est assez fécond pour donner vie à de nouvelles trouvailles de scénario aussi frappantes, de plus, le même respect de la même vraisemblance fait un rappel au spectateur de sa propre vie quotidienne (qui est supposée respecter un peu une certaine vraisemblance?!?!?!!!) qui peut l’impliquer plus dans le plaisir du spectacle.
Bertrand a dit ici plusieurs fois que si les productions de westerns classiques respectaient autant le réalisme ou la vraisemblance que les romans adaptés, on ferait naître d’autres voies romanesques aussi ou plus excitantes pour la joie du spectacle (sauf que je transforme un peu ses paroles!).
Une petite remarque sur THE BIG SKY. Je viens de recevoir le premier tome de la trilogie de Guthrie et j’ai lu la postface de Bertrand. Jacques Rivette y est cité alors même qu’il énonce la spécificité du génie d’Howard Hawks. Ce à quoi Bertrand s’empresse d’ajouter que cette spécificité n’est pas forcément l’apanage de Hawks, mais aussi celle de John Ford, Delmer Daves ou Raoul Walsh. Il y a sans doute chez ces différents réalisateurs le sens commun de ce que Rivette décrit de la façon suivante : « le film entier, corps glorieux, est animé d’une respiration souple et profonde ». Si le génie (classique) consiste ici à faire d’un film une créature qui respire de sa propre vie, de ses propres soubresauts, de sa propre vérité organique, alors il y a eu, la dernière fois que j’ai vu THE BIG SKY, un court moment où je me suis dit « là, c’est génial, il n’y a pas de doute ». C’est au début du film, alors que, de nuit, Kirk Douglas et Dewey Martin s’acheminent vers l’estaminet où, fin bourrés, ils chanteront le fameux « Oh Whisky, laisse-moi tranquille ». La rue est animée et ils arpentent le trottoir en bois qui les mène vers l’entrée du saloon. Sur leur chemin, des noirs dansent une espèce de gigue estampillée. Soudain les noirs s’arrêtent de giguer, laissent passer les deux compères, puis reprennent leur danse. Cette courte séquence n’apporte rien à l’intrigue mais contribue à animer le film des forces vitales qui le traversent. A cet endroit précis du film, j’ai senti « la respiration souple et profonde » du génie.
A Alexandre Angel
Magnifique
à Alexandre Angel: merci pour votre approche sur la scène de la gigue de BIG SKY.
ça m’a fait penser par déviance pure (!) qu’une autre conception cinéphilique aurait jugé votre commentaire complètement à côté de la plaque (ou irréaliste). En effet, une oeuvre ne saurait exister de sa vie propre: « Si le génie (classique) consiste ici à faire d’un film une créature qui respire de sa propre vie » et là on vous dirait « impossible, les films ne sont pas des êtres vivants indépendants, allez voir un psy Mrs Rivette et Angel! Un metteur en scène a bien ordonné à ces acteurs noirs de giguer puis de s’interrompre pour laisser passer les acteurs, puis de reprendre leur gigue,vous êtes bon pour le « head doctor » et la « nut house »! Un bout de pellicule impressionnée vivant d’une vie propre??? Mais j’irai avec vous on sera trois dans ce cas car je considère que le boulot de l’artiste Hawks étant, comme tt artiste, celui de donner des impressions, là il a réussi à nous donner l’impression que cette scène enflait,surgissait, se hissait en crête sur le tronc puissant du film pour, comme ces mousses vivaces parasitant l’arbre, s’animer et s’imposer et en-dehors de tte mise en scène, n’obéissant à aucune direction d’acteurs, ignorant tte marque de craie au sol, ricanant de toute indication de scénario surgir et vivre de sa vie propre. Donc: direction la « nut house »! on s’en fout c’est l’impression qui compte!
A MB
Je précise que je n’avais jamais « remarqué » cette séquence avant de voir pour la seule et unique fois, jusqu’à nouvel ordre, le film projeté en salle dans une copie pas très propre mais délicieusement argentique, donc vraiment supérieure à celle du dvd.
D’autre part, pour rester rationnel et éviter la « nut house », je suis très curieux de savoir ce qui préside à une séquence pareille : qui a l’idée (le réal, le scénariste?)et comment est-ce justifié (« bon, je veux qu’il y ait des noirs en train de giguer à ce moment-là parce que ça va épicer l’ambiance « ). Quand un Scorsese a une idée comme celle là, c’est une trouvaille claironnée, façon baroque. Chez des gens comme Hawks, comme vous le dîtes, on dirait que ça pousse tout seul.
A MB et AA : On avait déjà cité ce moment comme un contrexemple chez Hawks car quelqu’un disait qu’il y avait peu de noirs chez ce réalisateur. Ce détail participe aussi peut-être d’une volonté de décrire la frontière comme un monde incroyablement chamarré, luxuriant et foisonnant de contrastes en tous genres, entre trappeurs, noirs Indiens et…Français.
Moi, j’adore le petit moment où Douglas, après avoir longuement écouté Hunnicut râler sur ses déboires, lui répond simplement mais avec une sorte de tendresse filiale : » Vous l’aimez ce pays, hein ? »
A MinettePascal
Ce moment se trouve chez Guthrie mais Hawks lui donne une vie extraordinaire en changeant l’identité des personnages (il coupe Dirk Summers et transpose ses propos sur Hunnicut, figure secondaire dans le livre). Cela dit, il y na très peu de noirs chez Hawks et vu comment il en parlait à la fin de sa vie, cela vaut mieux
à A Angel: « Chez des gens comme Hawks, comme vous le dîtes, on dirait que ça pousse tout seul. »
en effet et les gens dont vous parlez (ceux comme HH) ce sont les cinéastes de l’âge d’or des studios, dans les films de production à budget confortable, parce que la puissance du grand studio et du budget « A » a créé une machine de production qui traite tous les problèmes basiques de mise en scène car chaque technicien y est super entraîné et sait parfaitement ce qu’il a à faire, laissant le cinéaste beaucoup plus libéré de ces soucis de sorte qu’une scène secondaire comme celle de la gigue est prise en mains avec une telle légèreté que je suppose, ici HH s’est senti plus libre à la mettre en place, et mieux inspiré du coup.
Il faudrait développer car c’est un vrai sujet de dissertation! Mais cette incroyable puissance de réalisation collective qu’est le grand studio (qui a eu le temps de mûrir et de se rôder et s’affiner depuis le muet donc, on est en 52: trente bonnes années) peut avoir le tort d’avaler l’auteur-réalisateur mais aussi la qualité de le libérer!
Quand le réalisateur est ainsi soutenu par la grosse machine et le budget confortable, il prend de la hauteur et sa personnalité nous paraît s’effacer (le cinéma d’auteur est loin très loin) et ce qu’il crée (la sène de la gigue) nous paraît avoir été créé par un génie évanescent et quasiment de l’ordre de la biologie plus que du travail humain, avec donc l’impression produite chez nous, délicieuse, d’une réalisation qui vient d’on ne sait où mais pas d’un individu, qui est née d’elle-même! Dans les musicals des 40 et 50, on trouve quantité de mini scènes, parfois de simples gestes comme « la petite culotte de Debbie Reynolds » dans CHANTONS que ce coquin de Truffaut avait remarquée (en fait, il s’agit de la claque qu’elle donne sur sa jupe pour masquer la culotte quand ils roulent sur le canapé), qui semblent être nées d’elles-mêmes et acquérir une spontanéité que nous hésitons à rattacher à une création artistique, et le musical est bien le genre par excellence du grand studio de l’âge d’or (cette petite théorie est là aussi pour calmer les dingos thuriféraires de la série B pour qui moins il y a de moyens, plus c’est libre et spontané! Hum). Bon je vais en faire une thèse parce que y’a des trous ci-dessus je vous tiens au courant.
Disons que le travail de création s’efface devant l’oeuvre créée par celui-ci. Ouf!
(en plus, la scène de la gigue a peut-être été supervisée par l’assistant à la mise en scène, en l’absence de HH, qui sait? c qui ne change rien, au contraire ça me plairait assez…).
à AA: sujet de dissertation: « A votre avis, l’apport de l’argent ou de moyens financiers conséquents sont-ils un frein ou un atout de la création artistique? »
au-secours!
A MB
Vous trouverez autant d’exemples prouvant le premier point que le second parfois chez le même cinéaste
A MB
Théorie brillante sur un versant pragmatique. Il y en aurait peut-être une autre, touchant ces cinéastes de l’âge d’or du classicisme au cinéma : celle de la culture. A plusieurs occasions, Bertrand a rappelé qu’un Raoul Walsh, à titre d’exemple, connaissait comme sa poche Shakespeare ou Alexandre Dumas. Ces mecs avaient une culture littéraire autrement plus conséquente que beaucoup de cinéastes contemporains. Je ne sais exactement si c’était le cas de Hawks mais l’image des noirs qui dansent a quelque chose d’une émanation littéraire. On la voit, mais on a aussi l’impression de la lire, comme sortant de l’imagination d’un romancier.
à Bertrand: d’où mon « au-secours! ».
à Alex Angel: il y avait les scénaristes aussi, qui pouvaient être cultivés et qui avaient lu le bouquin, comme Hawks pour le roman de Guthrie Jr (ici, Dudley Nichols, il y a deux autres scénaristes mentionnés sur IMDB qui ne sont même pas mentionnés dans la bio de HH par McCarthy…). je ne sais pas si La gigue noire est mentionnée dans le roman, mais il s’agit oui en effet d’un élément de description d’une scène générale de présentation de la ville qui pourrait très bien sortir de là.
Pour la dissertation ci-dessus, je pourrais la torcher vite fait: « à mon avis, parfois oui, parfois non. Bye bye ».
A MB
DEUX AUTRES SCÉNARISTES MENTIONNÉS ? JE VIENT DE REGARDER IMDB QUI NE PARLE QUE DE NICHOLS
à Bertrand:
C EST ICI:
http://akas.imdb.com/title/tt0044419/fullcredits#writers
IL FAUT CLIQUER SUR « MORE »
et qui sont Ray Buffum et DeVallon Scott pour l’adaptation? pas des vrais scénaristes? McCarthy ne les connaît pas en tt cas…
A MBrady : J’ai une petite énigme pour vous ( et pour tout le monde en fait), êtes-vous prêt ?
Dans quel film des années 60 John Wayne porte-t-il une boucle de ceinturon ornée de la marque D // du ranch de RED RIVER ?
Attention à ce que vous allez répondre !!!
Cette boucle avait été sauvegardée et on la lui a offerte, il l’avait toujours chez lui mais ne l’a resortie que dans des westerns de la fin de sa carrière mais je ne sais plus, je mise pour E.D.?
j’ai mis la galette dans le lecteur, c’est bien E.D.. (et peut-être d’autres)…
A MB : That’s it ! Et vous en savez plus long que moi là-dessus !