Cinéma du monde entier

21 mai 2014 par - DVD

Je crois n’avoir jamais parlé des coffrets de la World Cinema Foundation sortis par Carlotta après que certains films aient été montrés à Cannes et dans certaines salles. Des films très rares que l’on croyait disparus pour certains et qui ont été restaurés grâce à des financements collectés à travers sa fondation par Martin Scorsese.

coffretworldcinemafondation

Les 4 films sont :

LE VOYAGE DE LA HYÈNE de Djibril Diop Mambety, dont DVDClassik  écrit : « Cette édition du VOYAGE DE LA HYÈNE est le fruit d’une restauration menée en mai 2008 par le laboratoire L’Imaggine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. Le travail a été effectué après une numérisation en 2K des négatifs originaux image et son 35 mm. Le résultat est en tous points exceptionnel et l’on a le sentiment de découvrir un film tourné la veille, la copie ne présentant aucun défaut et les couleurs se révélant éclatantes. Le transfert numérique est également parfait, que ce soit en termes de définition ou de compression. Pour un film aussi rare, qui plus est issu d’une cinématographie particulièrement mal diffusée, cette édition est un véritable miracle. »

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TRANSES est un film marocain que découvrit Scorsese et qu’il sauve de la perdition et de l’oubli.

LA FLÛTE DE ROSEAU, pour moi, a été une découverte. C’est un film cristallin, d’une grande poésie. Comme on l’écrit dans DVDClassik : « Ce document consiste en une interview du réalisateur Ermek Shinarbaev réalisée par les équipes de Carlotta et Allerton Films. Cet entretien est le bienvenu pour les cinéphiles qui n’avaient jamais entendu parler de ce cinéaste et de son œuvre. A vrai dire, on est content d’apprendre qu’il existe une activité cinématographique kazakhe compte tenu de la situation générale de ce pays. Le cinéaste commence par présenter son parcours dans le contexte si particulier de l’avant et de l’après Perestroïka, depuis ses études jusqu’à ses premiers films, et donne surtout quelques clés pour comprendre où il a voulu en venir, avec son scénariste-écrivain Anatoli Kim, en réalisant cet énigmatique Flûte de roseau. De l’antagonisme poésie/pouvoir jusqu’à la liberté de l’artiste et au bouddhisme, quelques thèmes sont égrenés par Shinarbaev sans trop s’appesantir pour ne pas nuire au mystère du film. Enfin, cette interview a surtout le mérite de révéler l’existence de la diaspora coréenne au Kazakhstan, issue des déportations opérées dès 1940 par Staline à partir de la Russie extrême-orientale. On relèvera également une savoureuse anecdote sur la sélection rocambolesque du film pour le Festival de Cannes 1989. »

flute-de-roseau  revoltesalvarado

REDES (THE WAVE ou LES RÉVOLTÉS D’ALVARADO) de Fred Zinnemann et Emilio Gomez Muriel que j’ai enfin pu revoir  dans une  copie beaucoup plus belle que tout ce qu’on avait pu voir dans les années 60, restaurée et sauvée grâce à Martin Scorsese. C’est une tentative originale et courageuse, un film social et militant sur une révolte menée par des pêcheurs exploités par des patrons sans scrupule qui les paient des clopinettes. Le  film co-réalisé par Zinneman (après sa participation à LES HOMMES LE DIMANCHE) et Emilio Gomez Muriel se situe dans la lignée de la RÉVOLTE DES PÊCHEURS de Piscator et anticipe sur SALT OF THE EARTH : décors naturels (le film fut tourné à Alvarado), acteurs non professionnels (il n’y a qu’un seul comédien) recruté parmi les pêcheurs. Le projet fut initié et produit par le grand photographe du réel Paul Strand qui en devint le chef opérateur avant de travailler avec Leo Hurwitz et les fondateurs de Frontier Films. Durant le tournage, Zinnemann s’opposa violemment à Strand qui approchait la mise en scène comme une suite de plans très cadrés, et non comme un art du mouvement et termina seul le film. Le film paraît en effet parfois statique avec un rapport maladroit entre des plans souvent beaux mais aux recherches très archétypales : visages se détachant sur le ciel, contre plongées, cadrages formalistes, importance des nuages, des reflets dans l’eau. Mais son enracinement dans la réalité, sa force de conviction, l’élan de plusieurs séquences   possèdent un pouvoir de conviction, une force indéniable et éclairent l’engagement démocratique de Zinnemann sensible dans TERESA, THE SEARCH, THE MEN (œuvre sous estimée) et surtout ACT OF VIOLENCE, un splendide film noir.

theworld  stilllife  useless

La sortie du magnifique A TOUCH OF SIN, constat décapant, impitoyable sur la violence qui gangrène la vie quotidienne chinoise est un bon moyen de rappeler les autres films magnifiques de Jia Zhangke : PLATFORM, THE WORLD, STILL LIFE. Je n’ai jamais vu USELESS.

J’ai éprouvé un vrai choc émotionnel devant TEL PÈRE, TEL FILS de  Hirokazu Kore-eda et suis allé tout de suite revoir NOBODY KNOWS, I WISH, STILL WALKING, une série de titres fondés sur le doute, le questionnement et l’espoir.

telperetelfils  stillwalking  iwish

QUELQUES OBSCURS FILMS FRANÇAIS

jetattendraiLors de la projection de JE T’ATTENDRAI (ex LE DÉSERTEUR) au festival Lumière, présenté par Quentin Tarentino, ce dernier fit applaudir le nom de Léonide Moguy dont il aimait les œuvres américaines : PARIS AFTER DARK (Loving the classics),  assez bonne histoire de résistance écrite par Vladimir Pozner  et Harold Buchman qui sonne beaucoup plus juste, plus engagée que le THIS LAND IS MINE de Renoir, mieux joué  avec des personnages d’ouvriers résistants et George Sanders dans un rôle sympathique. Tarantino louait aussi ACTION IN ARABIA, toujours avec Sanders, co-écrit par Herbert Biberman l’auteur du SEL DE LA TERRE (Moguy fréquentait beaucoup de personnalités d’extrême gauche). Je le trouve très indulgent pour le pénible TRAGIQUE RENDEZ-VOUS dont le seul titre de gloire est d’avoir permis à Moguy de dénicher Ava Gardner, dont c’est le premier film (Bach Films).

JE T’ATTENDRAI qui possède de véritables qualités de mise en scène (un train en 16 sous les bombes, un village français ravagé par la guerre avec une sorte de cantine ou se réfugie une foule hétéroclite) en plus du fait d’être peut-être le premier film à faire coïncider le temps de l’action et de la projection, sera bientôt distribué par Gaumont. Corinne Luchaire qui tourna trois fois avec Moguy y révèle une présence, une beauté originale, une façon d’aborder de biais les scènes sans technique qui paraît assez moderne aujourd’hui.

conflitOn la retrouve dans CONFLIT (René Château) produit par Arnold Pressburger, où son jeu se fait beaucoup moins pesant, daté que celui d’Annie Ducaux qui plombe plusieurs séquences. L’ouverture est filmée de manière elliptique, rapide, inventive. Les scènes d’interrogatoire qui suivent sont transcendées par la présence de Jacques Copeau, incroyable de justesse, de modernité en juge d’instruction. Il anéantit tous les clichés, donne une vérité surprenante à la moindre réplique. On retrouve dans ce mélodrame à la Goulding, Roger Duchesne, le futur Bob Le Flambeur, Claude Dauphin, excellent dans un personnage ignoble, répugnant ce qui n’est pas sa couleur habituelle. Et tout à coup, une séquence vous frappe par sa force surprenante : Corinne Luchaire veut se faire avorter. Sa sœur l’accompagne et les deux femmes pénètrent dans une cour et commencent à gravir un immense escalier extérieur. La caméra les accompagne alors dans un magnifique mouvement de grue, travelling chargé d’émotion, surplombant peu à peu les deux personnages avec une très belle musique de Wal Berg (et Jacques Ibert non crédité au générique). Ce moment suffit à prouver que Moguy faisait vraiment du cinéma et qu’il faudrait se pencher sur ses films dont je ne connaissais que l’intéressant PRISON SANS BARREAUX, toujours avec Luchaire.

prisonsansbarreaux     dondadele

Passons très vite sur LE DON D’ADÈLE (René Château), adaptation consternante de la première comédie écrite par Barillet et Gredy. Emile Couzinet rajouta un prologue campagnard d’une réelle lourdeur visuelle.

metropolitainMETROPOLITAIN de Maurice Cam (qui a vu des Maurice Cam ?) est défendu par Paul Vecchiali. Il est vrai que le film est assez particulier. Il change constamment de ton de manière chaotique, passe de l’intrigue policière à des notations sociales, de la comédie au mélodrame très prévisible et le scénario prend l’eau très souvent. Même disparité chez les comédiens où la décontraction de Préjean se heurte au jeu solennel d’André Brulé et la vérité gouailleuse de Ginette Leclerc. Le postulat présente une vraie ressemblance avec CÉCILE EST MORTE de Tourneur, mais on reste sur sa faim pour tout ce qui concerne le métro.

APRÈS L’AMOUR est aussi un mélodrame qui inspire moins Maurice Tourneur que PÉCHÉ DE JEUNESSE malgré un double flashback, avec deux versions différentes et un retournement final qui aurait pu être mieux exploité. Les 20 premières minutes retiennent l’attention mais peu à peu le film se délite, le jeu de Pierre Blanchard et le dialogue de Jean Bernard Luc n’arrangeant rien. On a l’impression que Tourneur traite cela de loin, sans vraiment s’impliquer.

Ma grande découverte, c’est le PAQUEBOT TENACITY qui n’existe pas malheureusement en DVD. Duvivier disait à Chalais que c’était son film favori. Très belle musique de Jean Wiener.

paquebottenacity

7emejureOn avance dans le temps avec LE 7ème JURÉ de Georges Lautner qui est un de ses meilleurs, un de ceux où il recherche des effets de mise en scène parfois voyants mais marrants, vifs, qui dénotent un désir de surprendre, de chercher : on voit un personnage à travers un verre d’alcool au milieu de l’image, la caméra part d’un bouchon oscillant au film de l’eau, dans une orgie de reflets pour terminer en plan large. Les extérieurs matinaux, brumeux (on est à Pontarlier) constituent une exception dans l’œuvre de Lautner et l’inspirent plus que la Côte d’Azur. Le propos du film est asséné avec franchise et conviction à travers des dialogues pugnaces, anarchistes de Pierre Laroche, qui collabora à tous les premiers Lautner. Il impose un ton franc qui annonce la couleur, n’hésite pas à utiliser une voix off littéraire, assez belle. Bien sûr, les personnages sont posés et leur description ne va pas brouiller les cartes. Ici et là, peut-être que le film aurait gagné à introduire des zones d’ombre, à nuancer les couleurs (dans le personnage de Delorme), à faire sourire Bernard Blier par ailleurs remarquable, d’une grande vérité organique tout comme Maurice Biraud et un Francis Blanche assez sobre. Mais le film vous emporte et son manque de tiédeur joue aujourd’hui en sa faveur. C’est du cinéma sanguin, roboratif qui attaque frontalement, sans prendre de gants. On peut se demander si le médecin que joue Biraud n’est pas une projection de Laroche.

Autre policier qui sort enfin en Blu-ray, UN PAPILLON SUR L’ÉPAULE sans doute le film le plus accompli de mon ami Jacques Deray avec LA PISCINE, SYMPHONIE POUR UN MASSACRE et des moments d’AVEC LA PEAU DES AUTRES.

unpapillonsurlepaule

Nous avons justement donné, à l’Institut Lumière, le prix Jacques Deray à ZULU, polar sous estimé, fort bien mis en scène par Jérôme Salle (j’avais trouvé son ANTHONY ZIMMER très prometteur ; on avait affaire à un vrai metteur en scène même si la fin partait en quenouille). A des années lumières de son remake américain. ZULU est d’abord admirablement joué par Forrest Whitaker et Orlando Bloom que je n’ai jamais vu aussi bon. La manière dont le scénario, adapté d’une série noire de Caryl Ferey, nous fait découvrir peu à peu le climat de violence, de corruption qui recycle ce qui reste de l’idéologie de l’Apartheid et pourrit les rapports sociaux en Afrique du Sud. Les crimes du présent ont leurs racines dans le passé comme chez James Lee Burke.

zulu      renoir

On change d’humeur, d’atmosphère avec RENOIR, belle évocation de la fin de vie d’Auguste Renoir, de ses rapports avec Jean, Pierre, avec une jeune modèle qui deviendra Catherine Hessling à qui Christa Theret donne une grâce, une luminosité incroyable. Elle est un régal pour les yeux et aussi d’une justesse qu’on avait déjà décelée dans LA BRINDILLE. Vincent Rottiers révèle des couleurs surprenantes, une musique qu’on ne lui connaissait pas et Michel Bouquet est bien sur impérial. Le film, magnifique à regarder, est une réussite qui méritait une nomination aux Oscars. Mais sa discrétion, sa retenue l’a sans doute desservi.

FILMS AMÉRICAINS : DE LA SÉRIE B À SPIELBERG

ladygangsterRobert Florey détestait tellement LADY GANGSTER (Bach Films) qu’il demanda à la Warner de signer d’un pseudonyme, Florian Roberts. Il est vrai que le scénario accumule les rebondissements improbables et que les personnages paraissent souvent antipathiques, incohérents voire stupides. Mais ici et là, un détail, un plan adroit, une idée de mise en scène retiennent l’attention. La description de l’univers carcéral évite nombre de clichés mélodramatiques (Florey choisit même quelques figurantes aux trognes inoubliables) et la détenue sourde qui lit sur les lèvres, espionnant les conversations pour le compte de sa « maitresse » est à porter au crédit du film tout comme le charme de Faye Emerson.

Le coffret de RED RIVER/LA RIVIÈRE ROUGE (Wild Side) est une merveille de même que celui de GUN CRAZY (toujours Wild Side), le chef d’œuvre de Joseph H. Lewis qui contient le texte définitif sur ce film dû à Eddie Muller. Voilà deux titres qu’il faut posséder.

riviererouge

PIRANHAS : la version de Joe Dante qui vient de sortir en Blu-ray, possède la désinvolture, le charme, l’allant de certaines des productions Corman surtout quand elles sont tournées par Jonathan Demme ou Joe Dante. Comme dans tout film d’horreur qui se respecte, les rebondissements sont toujours le fait de personnages qui refusent d’écouter ce qu’on leur dit, de lire des pancartes ou d’assimiler des conseils. En fait, ils provoquent des catastrophes par bêtise crasse et on devrait les haïr plus que les savants fous. Heureusement Joe Dante avec la complicité de John Sayles donne à tout cela une bonne humeur, une énergie ludique, distribue des icones du genre (Barbara Steele ultra inquiétante, Kevin McCarthy qui essaie de sauver la situation et le formidable Dick Miller). Aussi bien dans les costumes que dans le jeu des interprètes féminines, il saisit l’atmosphère des années 70, s’amuse à saccager, à piétiner les garde-fous de l’Amérique : l’Armée, les savants, les puissances d’argent. Les poissons carnivores vont mettre à mal les spéculations financières, immobilières d’un requin sans scrupule. Tout un ordre moral.

piranha

angelsinamericaAprès WIT de Mike Nichols que Jean Pierre Coursodon considère comme un chef d’œuvre, j’ai revu ANGELS IN AMERICA  qui continue de mettre à mal la vision simpliste et négative d’œuvre télévisuelle. Voilà en effet une minisérie qui témoigne d’une ambition peu commune, d’une volonté de traiter des sujets évités par la plupart des films. Au départ, il y a une pièce de Tony Kushner sous-titrée Fantaisie Gay sur des thèmes nationaux, en deux partie dont le total fait 7 heures qui remporta le Prix Pulitzer et fut un incroyable choc théâtral dans le monde entier. Située en 1985, cette chronique des années Reagan passe de la comédie à des élans lyriques ou épiques, d’échanges politiques violents extrêmement documentés à des digressions fantastiques, retrace les liens complexes qui unissent 6 New-yorkais liés par leur rapport au parti Républicain, l’’homosexualité, la menace de la mort, leur questionnement du divin et leur expérience de la marginalité, dont les destins vont s’entrecroiser. L’auteur met sur le même plan les ravages meurtriers  provoqués par l’irruption du sida et ceux qui sont causée par la politique des Républicains qui détruit systématiquement les acquis du New Deal, pervertit les lois, gangrène le système, annihilant toutes les défenses immunitaires démocratiques. Ce qui nous vaut plusieurs scènes très fortes, remarquablement écrites et d’une rare franchise, celles où l’avocat Roy Cohn (Al Pacino absolument génial), ami de Joseph McCarthy, qui se voit comme l’incarnation du conservatisme, affronte dans des rapports violents et complexes sur son lit de mort Belize, son infirmier noir et gay (Jeffrey Wright, seul rescapé de la pièce est sensationnel).
Ce qu’il y a de moins bon dans le film, ce sont les anges du titre plus redondants que dans la pièce et certaines échappées fantasmagoriques nous laissent froid. Je ferai une exception pour tous les moments sarcastiques, bien écrits où le fantôme d’Ethel Rosenberg revient persécuter Roy Cohn. Se rappeler que Tony Kushner devint le scénariste de MUNICH et de LINCOLN.

munich  unjourenseptembre

MUNICH écrit par Eric Roth et surtout Tony Kushner, traite moins de l’assassinat en septembre 72, durant les Jeux Olympiques, des 11 otages israéliens par un groupe  palestinien terroriste, Septembre  Noir, que de ses conséquences et des représailles décidées par le gouvernement de Golda Meir. Un passionnant documentaire malgré un commentaire emphatique et une musique envahissante  de Kevin Macdonald, le petit fils d’Emeric Pressburger, UN JOUR EN SEPTEMBRE décrit minutieusement  ce que Spielberg expédie en un brillant montage de quelques minutes, notamment les erreurs colossales de la police et de l’armée allemande.
Comme dans ses meilleurs films, il conjugue de réels dons de conteur, une maitrise formelle, un goût du spectacle avec une volonté d’exigence dans le propos, un désir d’affronter les horreurs du monde plus du tout sur un mode binaire,  en prenant en compte les contradictions, les ambiguïtés, les ambivalences qui peuvent miner le sujet. Très vite le commando qu’on a chargé de venger les athlètes assassinés et d’éradiquer les terroristes afin de contrecarrer la visibilité internationale qu’ils ont obtenu, découvre qu’il avance en terrain piégé, sur des renseignements qui ne sont pas toujours fiables. A Paris, leur contact est un étrange et trouble dandy, Louis, joué finement par Mathieu Amalric,   qui fournit cibles et explosifs, se fait grassement payer tout en refusant de travailler pour un quelconque gouvernement, suivant en cela les exigences de Papa, son père et le chef de cette organisation, lequel  déclare « qu’il a réussi à éliminer la merde de Vichy pour la voir remplacée par la merde gaulliste ». Et que depuis il se méfie de tout.. Michael Lonsdale donne une épaisseur extraordinaire, une drôlerie inquiétante, une chaleur à cet agent double ou triple mais aussi épicurien. Dommage que la fin du film soit plombée par des flashbacks maladroits (on se demande si cette idée ne survint pas au montage car rien ne les justifie organiquement) surtout durant une scène d’amour.

TWISTED NERVE avait été recommandé par un internaute participant à mon blog. J’ai suivi son conseil et ai découvert un thriller angoissant, tendu, jouant très habilement sur l’aspect physique des deux jeunes acteurs, Hywel Bennett, super inquiétant et Hayley Mills dont le charme virginal suscite des convoitises (la caméra l’espionne en train de se déshabiller, de courir en maillot de bains). Le scénario est co-écrit par Boulting et Leo Marks (LE VOYEUR) et dans la distribution on retrouve Frank Finlay, Billie Whitelaw (Hitchcock la reprit ainsi que Barry Foster pour FRENZY). La musique de Bernard Hermann, remarquable, fut aussi reprise par Tarantino dans KILL BILL.

tiwtsednerve

Commentaires (359)

 

  1. MinettePascal dit :

    Sur le Septième Juré, il y a le moment glaçant où Bernard Blier éclate de rire dans un dîner. Un gros rire qui jure avec son attitude toujours triste et calme. Le rire du tueur qui ressemble tant au rire de n’importe qui…

  2. MinettePascal dit :

    Sur Jacques Deray, on cite rarement FLIC STORY comme un de ses meilleurs films. Peut-être pas le plus personnel, mais de bonne facture, quand même. Sûrement le Delon que je préfère et quelle brochette de bons seconds rôles, bien écrits et bien joués.
    Quelques mots de morale policière un peu attendus et pénibles ( contredits par le fait que c’est par la force que Borniche va obtenir le renseignement capital); mais une foule de détails bien pensés et un rythme soutenu en crescendo.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Minette Pascal
      Oui c’est bien meilleur que TROIS HOMMES A ABATTRE et les Belmondo

  3. Rouxel dit :

    Avant de répondre à Louis Guichard de Télérama,suite à sa critique sur « Deephan »de Jacques Audiard,récompensée de la palme d’or à Cannes en maidernier,je voulais rendre hommage à une plume progressiste qui vient de partir.Claude Cabannes,toulousain de naissance était né ,l’année du Front Populaire.Il déclarait en 2000: »Je porte en moi,intacte et pure comme le diamant,la flamme de la révolte ».Sa devise préférée était »La République à sa devise.Le capitalisme à la sienne,qu’il pourrait graver au fronton de ses temples: »Tous les hommes se valent et ils ne valent rien ».La transition sera rapide avec »Deephan »un film qui dégage de la révolte,de l’injustice et qui ne tombe pas dans le pathos des »productions Hollywodiènes »puisque audiard nous décrit une société française malade ou les quartiers populaires sont écrasés par la précarité et le chomage grandissant.Je revois tous les lecteurs à l’article signé par Gilles Poux maire communiste de La Courneuve qui écrit de façon réaliste le désengagement de l’état concernant l’installation de campement dit »sauvage »depuis 35 ans en France.Audiard ne pouvait pas non plus nous expliquer dans son film la situation politique du Sri Lanka ou la communauté Tamoul s’est battu pendant des décennies afin d’avoir l’indépendance de leurs province.Effectivement le film se découpe en deux parties bien distinctes.La première est faite d’humanité,les personnages se cherchent sans se connaitre.On sait peu de choses d’eux,en dehors du faits que Deephan à perdu sa femme et ses deux filles,sa prétendue femme,ses parents et que la gamine est orpheline.Ensuite le film s’accélère et prend un chemin violent et nerveux,quand à la fin je pense qu’elle n’est pas baclé du tout.Elle est tout simplement positive et réaliste et tout à fait plausible.Je me demande aussi si le film n’a pas été re-monter entre la version diffusée à Cannes en salle et celle sortie hier sur les écrans.J’ajouterais que Jacques Audiard et toute son équipe ont pu faire participer le film in-extrémi pour la compétition.

  4. Rouxel dit :

    J’ai enfin vu le dernier film réalisé par Anatole Litvak en 1971,adapté d’un roman de Japrizot »La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil ».Quel régal ce générique et cette musique composée par Michel Legrand avec une chanson interprétée par la pétullante Pétula Clark: »La route ».Quand on compare à ce médiocre remake de Sfarr sorti récemment sur les écrans,on se dit que rien ne vaut les premières versions(à part quelques films je l’avoue: »L’homme qui en savait trop d’Hitchcock,je préfère la seconde mouture de 56).Le casting du film de Litvak est assez original entre Samantha eggar,Oliver Reed,puis la brochette d’acteurs français:Fresson,Legras,Bozzufi,Mériko,Czerniack,puis surtout la sublime Stéphane Audran(Quelle beauté plastique quand meme).Dans un prochain post je vous livrerais mes impressions sur un film de Molinaro souvent évoquez ici c’est »La mort de belle »qui date de 1960.Bons films à tous.

    • MB dit :

      à Rouxel justement, il y a un remake de LA MORT DE BELLE avec Bruno Solo dans le rôle de Desailly JUSQU A L ENFER tv film de Denis Malleval de 2009, j’étais tombé dessus par hasard, très bon film.

    • Bertrand Tavernier dit :

      Rouxel
      Ou avez vous pule voir

      • Rouxel dit :

        Une copie que m’a faites un fou de cinéma qui habite à Neufchateau.Grace à lui j’ai pu voir entre autres: »Cadavres exquis »et »Des hommes contre »de Rosi, »Le merdier »de Ted Post puis le dernier film de Litvak.Je lui ai demander un film des années 60 avec Pierre Mondy »Pierre et Paul »l’histoire d’un homme suite à la mort d’un proche et son licenciement va tirer de son immeuble sur des passants dans la rue.Ce film n’est jamais sorti en vhs ou dvd,un comble!!!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Rouxel
          Je connais bien ce film. J’en ai été l’attaché de presse à la sortie. Le MERDIER était disponible comme je l’ai écrit aux USA et Canada dans une copie sous titrée

        • Alexandre Angel dit :

          A Bertrand
          Entretemps, LE MERDIER est disponible depuis maintenant quelques années en zone 2 chez Warner sous son titre original GO TELL TO THE SPARTANS (collection grise de la FNAC).

        • MB dit :

          à AA: GO TELL THE SPARTANS!
          (c’est plus fort que moi pardon)

        • Alexandre Angel dit :

          A MB
          Mes confuses

        • MB dit :

          à AA: serviteur…

    • MB dit :

      à Rouxel: LA DAME DANS L AUTO de Litvak est introuvable en dvd ni vhs, décidément vous arrivez à voir des incunables! LE DERNIER SAFARI et celui-ci vous m’en bouchez un coin. Pour LA DAME vous avez dû retrouver un vieux enregistrt tv, pour LE DERNIER SAFARI je me demande si vous ne confondez pas avec un autre film, je ne crois pas qu’il ait jamais passé à la tv (une chaîne payante? étrangère? mmm… ma foi qui sait après tout)

      • Rouxel dit :

        non c’était sur Télé Luxembourg à la fin des années 70.Les chaines transfrontalères diffusaient des films étranger invisibles sur les trois chaines publiques françaises.

  5. Alexandre Angel dit :

    Je me suis trouvé pour 99 centimes le RENOIR de Gilles Bourdos que je viens de visionner. C’est le dvd récent d’un film récent : que la qualité technique soit au rendez-vous paraît être la moindre des choses. Mais là, c’est puissance XXL, plus que l’on en attendait, pour la simple raison que le directeur de la photo, Ping Bin Lee, a fait un travail digne d’un film de Zhang Yimou pour conférer à chaque plan une incandescence esthétique saisissante. Ce qui forge le caractère bien trempé du film, le singularisant autant de la biographie filmée classique que de l’évocation d’une marginalité créatrice à la SERAPHINE, c’est notamment cette rutilance plastique inattendue compte-tenu du sujet : on pense plus à Gauguin ou Matisse qu’à Renoir. Ce décalage esthétique intéresse et séduit parce que ce qu’il nous est raconté ici (La Provence, les femmes, l’art, la guerre de 14, la vieillesse et la famille Renoir comme famille d’artistes)et qui aurait pu être bien plus convenu dans sa représentation, s’incarne ici avec un relief et une netteté picturale qui prennent de cours. Les comédiens semblent être eux-mêmes irradiés par cette fête permanente qui leur permet des frémissements qui font que le film échappe à la pétrification qui pouvait le guetter.
    A propos des comédiens, lorsque je vois Christa Théret (qui bouffe pas mal de syllabes, péché mignon de beaucoup de jeunes comédiennes françaises)et 1915 oblige, je ne peux m’empêcher de penser que, bien plus que Louise Bourgoin, Adèle Blanc Sec, c’est elle!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alexandre Angel
      Entièrement d’accord et j’adore Christa Theret aussi bien dans l’émouvant LA BRINDILLE que dans l’AFFAIRE SK1. Elle est toujours juste

    • MB dit :

      RENOIR: je ne serai d’accord avec personne pour RENOIR, ce film est creux, j’ai baîllé plus d’une fois, on reste tt le temps à l’extérieur, sans Bouquet + Théret ça n’est plus rien, Rottiers révèle c’est vrai autre chose que ce qu’on attend de lui mais ce qqch ne me convainc pas. Je me demande ce que Bourdos et Tonnerre ont voulu aborder ici, ça ressemble à un film à thèse sans thèse. Sans doute voulaient-ils parler de la contemplation en faisant de la contemplation, exercice très difficile. Il faudrait accéder au travail original de Jacques Renoir pour voir si ça n’est pas plus intéressant. Rien sur le personnage passionnant de Pierre, être secret sans doute plein de rancoeur contre son père d’ailleurs le côté noir de Auguste lui-même n’est pas abordé (cf la bio de Mérigeau qui est un chef d’oeuvre). Pierre n’apparaît que dans une scène avec les trois frères absolument inconsistante: en fait, Bourdos évite toutes les difficultés qui éloigneraient d’un côté solaire plus complaisant. La preuve le plan abstrait de Jean en avion qui explique pourquoi il veut retourner à la guerre, jeté là comme pour se débarrasser. Le personnage de Coco est donné comme étrange sans plus (scène stupide où il asperge de poudre bleue le buste de Théret, authentique ou pas peu importe c’est qui ressort à l’écran qui compte). La photo est certes magnifique mais un film ne peut tenir que grâce à la photo. Très peu de données historiques ou sociologiques disais-je sauf dans la très bonne scène où les soldats entonnent un chant martial mortifère lors d’un repas de fête: la seule bonne idée de ce film sans épaisseur, j’ai quand même ri trois fois sur des répliques de Bouquet et Théret qui seuls donnent de la vie au film. Bourdos n’ayant rien à dire se précipite sur la moindre occasion de photo davidhamiltonienne: le jet d’eau face à la caméra, et ce mouvement de caméra absurde qui suit le nuage chimique de l’explosion du bulbe du photographe parce que dans le soleil ça fait joli. Il y a de très jolis nus de Théret.
      Pour Christa Théret en effet, j’ai dû mettre les sous-titres! La convention théâtrale d’élocution qui doit être compréhensible par le dernier rang devrait être suivie au cinéma…
      Dans sa bio, Mérigeau nous apprend que c’est Claude (Coco) le cadet qu’on voit aux côtés de Guitry et Auguste et pas du tout Jean comme Guitry lui-même l’affirme (je parle du bonus avec un extrait de CEUX DE CHEZ NOUS dont Bertrand parle ailleurs). Ne pas confondre avec l’autre Claude, directeur de la photo et fils de Pierre, quelle famille!

    • MB dit :

      à A Angel: Théret est capable autant de simplicité « sans façon », d’insolence, de j’m en foutisme, de légèreté, de passion ou de colère, et une goutte de canaillerie lui va très bien. Elle a toujours l’air de suggérer en pointe discrète autre chose que ce qu’elle annonce clairement, ou pas, mais Bertrand l’a louée mieux que moi!

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