Un film muet et des Blu-ray

3 décembre 2012 par - DVD

ENCORE UN FILM MUET À NE PAS MANQUER : MISS LULU BETT (1921)
Une vraie découverte que cette adaptation d’un roman de Zona Gale, auteur féministe, très active politiquement selon Dave Kehr, et de la pièce qu’elle en tira (laquelle se joua 198 fois au Théâtre Belmont et obtint le prix Pulitzer) et qui est sous-titrée, dans certaines éditions, « une comédie de mœurs » (a comedy of manners). Il s’agit d’une série de variations plaisantes et sophistiquées sur le thème de Cendrillon. Un des premiers intertitres proclame : « si vous voulez connaître l’état d’une maison, regardez la salle à manger ». Dans cette maison, point de marâtre mais un beau frère méprisant, condescendant, une sœur indifférente. Aux sœurs tyranniques, Zona Gale et la scénariste Clara Beranger (qui écrivit un grand nombre de films pour William deMille) substituent des nièces égoïstes, profiteuses. Lulu vit dans une  captivité économique (elle fait la cuisine, la vaisselle), un état d’infériorité, imposés par son statut de femme non mariée et acceptés par une communauté dépeinte comme très conservatrice. Nous aurons droit à des chaussons au lieu de la pantoufle en vair et à deux princes charmants. Le mariage avec le premier qui semble sorti d’une comédie de La Cava (il est conclu presque à l’insu des protagonistes et la bague est remplacée par l’anneau cerclant un cigare) se révèle un échec pour cause de bigamie. Ce qui rabaisse encore Lulu aux yeux de la société et elle ne s’en sortira que quand elle prendra son destin en main, trouvera un travail, grâce au second prince, un instituteur et s’émancipera. Les émotions, les sentiments sont mis en scène avec une légèreté, une retenue très modernes, à l’image de la première séquence qui développe quelques lignes du livre, ajoutant le merveilleux gag du maître de maison qui avance les aiguilles de l’horloge et s’étonne, se plaint du retard de chacun des nouveaux arrivants.
Il y a beaucoup de très jolis plans – Lulu défaisant ses cheveux sur un escalier -, de moments délicats : cette chorégraphie sentimentale quand elle fait la vaisselle avec son soupirant et lui montre comment sécher un verre (« faire la vaisselle n’est pas toujours désagréable », ajoute un carton). Le ton du film est intime (ce qu’affectionnait, semble-t-il, William deMille), discret, retenu tout comme la direction d’acteurs où triomphe Theodore Roberts (Moïse dans LES DIX COMMANDEMENTS, THE LOCKED DOOR de William deMille) très juste en dentiste/juge de paix strict et autoritaire, Clarence Burton (THE GODLESS GIRL) qui évite bien des clichés en premier mari et surtout l’excellente Loïs Wilson. À l’origine, le rôle de Lulu devait être jouée par Mildred Harris mais son action en divorce contre Chaplin vint interférer (sa blondeur, sa beauté délicate conviennent moins au côté terre à terre du personnage que Lois Wilson qui se situe entre Lilian Gish et Bette Davis) pour le plus grand bénéfice du film.
William deMille reste une énigme. Peu de films, hélas ont survécu : je n’ai vu que YOUNG ROMANCE réalisé par Georges Melford d’après une de ses pièces de théâtre et son scénario, plaisante comédie d’erreurs et de quiproquos filmée de manière traditionnelle et frontale, et Dave Kehr signale THE SECRET GAME, un film de propagande sur la guerre de 14 avec Sessue Hayakawa et THE IDLE RICH, « une comédie (écrite par Clara Beranger) assez plaisante mais limitée par la technologie du son de 1929 ».

Et aussi bien sûr le coffret Gaumont consacré à Raymond Bernard, avec surtout le passionnant JOUEUR D’ÉCHEC. Voilà qui complète le coffret Pathé sur Tourneur.

DES BLU-RAY EN PAGAILLE
Les amateurs commencent enfin à avoir un grand choix dans les Blu-ray. Et souvent une qualité exceptionnelle. Citons en vrac LE GUÉPARD, FRENCH CANCAN, LA GRANDE ILLUSION, LE DERNIER MÉTRO, EXODUS, L’ÉGYPTIEN, LA GLOIRE ET LA PEUR, LOST HIGHWAY, MULHOLLAND DRIVE et des ressorties comme LE JARDIN DU DIABLE et LA FLÈCHE BRISÉE, et AMBRE d’Otto Preminger que, j’ai revu et qui est un film étonnant, personnel, magnifique. Tout ce qu’en dit Jacques Lourcelles est juste. Sauf sur le choix et l’interprétation des deux vedettes principales dont Preminger ne voulait pas : Linda Darnell en blonde (ce qui ne lui va pas) ne fait pas une Anglaise convaincante et surtout au début, elle paraît soit figée soit soulignant trop les états d’âme de son personnage. On s’y fait et elle devient de mieux en mieux (il faut dire que ses gros plans sont si bien éclairés). Cornel Wilde plombe son rôle même si dans la scène du duel, il n’est pas mal. Sanders, lui, est évidemment magistral et ultra-premingerien et plusieurs autres acteurs sont étonnamment bons (John Russell en bandit de grand chemin, Ann Revere). Autre point faible, la musique ultra-conventionnelle, platement orchestrée, monotone et omniprésente de David Raksin (est-il un si bon compositeur que cela, en dehors de LAURA ?). On peut aussi discuter quelques extérieurs de palais un peu engoncés. Mais à côté de cela que de splendeurs, que d’audace surtout quand on pense aux superproductions de l’époque… Le film étonne par son âpreté, sa noirceur (le scénario de Philip Dunne et Ring Lardner, souvent très bien écrit, montre de vrais rapports de classe et ne fait pas beaucoup de compromis), la manière objective, synthétique dont Preminger regarde ses personnages. Les deux personnages principaux se conduisent plusieurs fois de façon détestable, même s’ils ont des excuses, en tout cas pas comme des héros dans ce genre de film. Ils accumulent les actes égoïstes, les erreurs. On saisit leurs sentiments intimes et la place de ces sentiments dans la société de l’époque. Autre point fort, la géniale photo de Leon Shamroy, souvent d’une immense audace dans sa manière de jouer avec les ombres, d’utiliser une semi-obscurité (la prison, le prodigieux plan séquence de l’accouchement). Toutes les séquences nocturnes ou se déroulant dans des pièces peu éclairées sont incroyablement fortes. Il suffit de penser aux films français en couleur des années 50 (LE ROUGE ET LE NOIR, les CAROLINE CHÉRIE, les Christian-Jaque) pour mesurer le gouffre qui les sépare d’AMBRE où l’on est plus près de Michael Powell. La séquence du duel dans la brume par exemple est une des plus magnifiques séquences en couleur jamais filmée même si les accélérés sont un peu gênants, tout comme le « meurtre » de la garde malade tuée par Ambre alors qu’elle tente de voler et d’étrangler Bruce.

Commentaires (32)

 

  1. OLIVIER COMTE dit :

    Je suis impressionné par ta puissance de travail. Tu as certainement le bon goût de ne pas suivre la voie de Michael Keaton, il reste un pacte diabolique.
    Quand notre cher Président, qui pratique volontiers la tolérance pour les ennemis de ses électeurs, rétablira la liberté de conscience de la Sainte Inquisition, je pense,
    par une lettre de dénonciation qui deviendrait lettre sacrée
    de la même façon que les âneries de Charpentier deviennent des oeuvres sacrées, survoler la bureaucratie du Vatican pour favoriser ma demande d’une place de bibliothécaire assistant adjoint au Paradis. Je n’ agirais pas par intérêt pur; j’ ai toujours la nostalgie de la boîte aux lettres de dénonciations placée dans un coin discret de la place Kossuth.
    Pour le reste, la mort de René Clément t’ ayant placé au poste de plus grand réalisateur français, j’ apprécierais quelques mots aimables pour ton prédécesseur.
    Mes souvenirs sont lointains et je ne contesterai pas tes propos sévères contre Otto. Nevertheless, il
    faut se rappeler que le manuscrit avait coûté 200000 dollars au studio Fox et que nous avons échappé à la castration MGM de ce sujet condamné et d’un roman lamentable (je lisais tous les romans des films de Preminger, même Bonjour Tristesse). difficile (changement de réalisateur, de scénario, d’ acteurs, interruption du tournage, menace du PCA…). Je ne pense pas que Zanuck ait détourné les yeux de mon grand homme.
    Quant à Raksin, la nomination d ‘oscar ne prouve rien, simple lot de consolation pour Fox; tu peux écouter l’ enregistrement moderne VARESE SARABANDE.
    J’ ai des souvenirs de livres de ZONA GALE qui m’ avaient été prêtés à la suite d’une querelle avec un magazine littéraire ricain pratiquant la comparaison avec mon cher
    Sinclair Lewis, attitude politisée stupide. Si cet écrivain obscur, repêché pour pratique féministe, t ‘intéresse.
    William Inge était un féministe mais il perdit ses spectateurs et sa réputation.
    Un nouveau film avec Lambert Wilson serait le bienvenu.
    Françoise est une admiratrice et je la suis, non par crainte.

    • Bertrand Tavernier dit :

      a OLIVIER COMTE
      Je passe mon temps à soutenir PREMINGER à plusieurs reprises sur ce blog et j’ai dit beaucoup de bien d’AMBRE, film magnifique malgré Wikde et Darnell qui est ici miscast. Et j’ai dit tout le bien qu’il faut penser du dvd de la BATAILLE DU RAIL

      • OLIVIER COMTE dit :

        Je regrette d’ avoir donné une impression d ‘hostilité.
        Je veux toujours rappeler le rôle du studio.
        Nous avons tous, envers toi, une dette politique pour avoir exprimé le génie français dans ton oeuvre; génie français habituellement mal servi par le cinéma. Réussite particulièrement remarquable pour un enfant du cinéma américain.
        Nous avons connu une grande période, de 1959 à 1962, du cinéma romanesque américain….MONTPENSIER peut faire penser à Schiller. Je ne connais pas de film américain que l’on pourrait qualifier de film littéraire. TODAY WE LIVE s’ en rapprocherait le plus, avec son étonnante puissance.
        Je suis toujours ébloui par LA VIE…seul film littéraire de l’ histoire. La violence des sentiments est parfaitement établie par la retenue des sentiments, tour quasiment impossible au cinéma.
        La violence est la colonne vertébrale du cinéma, exprimée par l’ action ou les relations entre les personnages.
        La violence théâtrale de Marivaux et de Musset, de Vigny pour la prose , écrase la violence des dialogues ou la surexplication des personnages chez nos chers classiques scolaires Corneille et Racine. Le vaudeville pulvérisera toujours les vanités d’ Edmond Rostand et Claudel, auteurs de la même farine.
        Tu as su prendre une place à part dans le cinéma français,
        sans continuité ni rupture, sans grands cris artificiels de révolte. Place comparable, pour la littérature, à Chesterton ou Ramuz.
        Comme cinéphile militant, tu défends le plaisir culturel et le plaisir de la connaissance quand nous sommes toujours plus menacés par la culture obligatoire et la culture pré-digérée, ou la distinction sociale.
        Ne crains pas un disciple envahissant: je regrette un discours politique souvent apparent dans tes films. Je ne vais pas envahir ton blog: tout discours sur un film n’ est que le reflet de sentiments antérieurs, que l’ on prétend vérifier, et je glisse toujours vers la politique et la littérature.
        Bonne santé.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Olivier Comte
          Merci pour ces éloges et ces comparaisons. Il ne faut pas croire que cela ne me touche pas. Mais ce blog est destiné à parler des films des autres même si je suis fier de LA VIE et de MONTPENSIER

  2. Ballantrae dit :

    A propos d’Ambre qu’il faut que je revoie, j’ai repensé à Cornel Wilde en découvrant enfin grâce à cinécinéma Beach red qui est un film sacrément culotté parfois un peu maladroit mais très fullerien dans ses choix atypiques d’écriture: les arrêts sur image qui s’animent possèdent une force étonnante malgré l’artificialité du procédé.Par ailleurs, il me semblerait étonnant que le Malick de Thin red line tt comme l’Eastwood du diptyque d’Iwo Jima n’aient pas découvert ce film mal connu: la place de la nature, l’équilibre Japonais/Américains, la rapidité et la brusquerie de la violence ne peuvent que frapper.Vivement la découverte de Naked prey!!! L’acteur lui me semble appartenir à la même veine que des figures aussi étranges que Dana Andrews.

  3. Christophe dit :

    j’ai trouvé la musique de Raksin sur Ambre somptueuse…Certes sa partition néoclassique colle ici plus aux canons hollywoodiens habituels que dans Laura mais elle insuffle une telle fougue aux images que je trouve injuste de la dénigrer.

  4. Frédéric dit :

    Bonjour,
    J’aimerais revoir un film de Verneuil et me procurer le DVD, surtout. Il s’agit de La VINGT-CINQUIEME HEURE. Vu sur Amazon, mais épuisé. Je me souviens l’avoir regardé sur le petit écran quand j’étais enfant. Les traits harassés d’Anthony Quinn m’avaient marqué durablement. Ce film se confond avec mon imaginaire et je voudrais rafraîchir son…
    Eh bien! son image.
    Mr Tavernier – ou un lecteur – auriez-vous une piste ?
    Cordialement; Frédéric

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Frederic
      Pas de piste. Moi j’avais trouvé le film ultra pesant et academique malgré un sujet potentiellement intéressant

      • emile-couzinet dit :

        A Frédéric
        Le film passe de temps en temps sur TCM. Bertrand Tavernier a raison, c’est un film assez lourd plein de vedettes sous-employées mais qui est pourtant un des plus personnels de Verneuil.

  5. emile-couzinet dit :

    En cette période on nous vend du coffret « en veux-tu en voilà ». Si on voulait prendre le temps de tout voir il faudrait se mettre au chômage alors on fait des choix. Pour moins de 30 euros Studio Canal édite un coffret Claude Sautet contenant des films vus et revus jusqu’à l’usure et qui pourtant ne s’usent pas. En les revoyant on mesure à quel point tombe dans le mille un article des derniers Cahiers du cinéma qui fait l’inventaire des dix tares du cinéma d’auteur. Parmi lesquelles « le cinéma sans image ». Quel cinéaste d’aujourd’hui va en effet marquer notre mémoire visuelle autant que l’a fait Sautet ? L’accident de voiture des CHOSES DE LA VIE, Piccoli réparant ses montres dans MAX, le combat de boxe de Depardieu dans VINCENT, FRANCOIS… les voitures enlisées dans la boue dans MADO, et toutes ces scènes de bistrot enfumés qu’on retrouve d’un film à l’autre. Son dernier film avec Serrault est peut-être le moins imagé de tous, et le moins bien éclairé. Les Cahiers auraient aussi pu rajouter « le cinéma sans son ». Les formidables compositions de Philippe Sarde pour les films de Sautet sont des points de repère qui ont marqué nos mémoires autant que les images, et dont quelques-unes font désormais partie du patrimoine musical français. La B.O de MADO (film qui n’est pas dans le coffret) est un véritable chef d’oeuvre. Voilà donc huit grands films, et à ce prix-là on ne pourra pas dire qu’on nous vole. Si on doit faire un seul reproche à ce coffret c’est qu’il est très difficile à ouvrir quand on n’a pas d’ongles.

  6. Alain Caron dit :

    Je sais bien que ce n’est pas l’endroit mais est ce que ce résumé dit quelque chose à quelqu’un merci.

    « film americain des années 40 qui se passe sur une ile tropicale, où un fou recueille des soldats, puis les sequestre et ils reussissent à s’enfuir. Il les rattrappe et ils s’enfuient encore cette fois définitivement…
    « 

    • Sullivan dit :

      Oui, 6 des 7 Wellman (hormis « Safe in Hell ») étaient parus regroupés dans le 3ème coffret de la collection « Forbidden Hollywood » en zone 1 et « Baby Face » était dans le 1er coffret. Mais restent tout-de-même 10 titres à se mettre sous la dent, et à l’instar des « Trésors Warner », l’éditeur propose enfin un prix acceptable de 12.99.

    • Damien DOUSSIN dit :

      Très bonne nouvelle. Pas mal de ces films étaient déjà sortis aux USA (notamment les Wellman). Quelques découvertes à faire. C’est une très bonne initiative de Warner France qu’il est bon de saluer.

  7. emile-couzinet dit :

    A Bertrand Tavernier
    Votre commentaire de la page précédente à propos de LA VERITE SUR BEBE DONGE m’a donné envie de descendre à la cave récupérer la VHS enregistrée au cinéma de minuit. C’est en effet un film qui garde toute sa fraîcheur, et je dirai que la direction d’acteur n’y est pas pour rien. Gabin, pas encore formaté par son personnage de patriarche donneur de leçon nous rappelle qu’il savait approfondir un personnage quand il voulait s’en donner la peine. La musique de Grunewald est aussi un choix iconoclaste dans ce genre de film produit selon les principes de la qualité française pour au final s’en démarquer. Toutefois je ne suis qu’à moitié d’accord avec Michel Ciment qui contredit Truffaut dans sa volonté de préférer un mauvais film de Becker à un bon de Decoin. Malgré le dogmatisme de la politique des auteurs, un bon film de Decoin dépend toujours des matériaux dont il dispose. Avec Gabin, Georges Lacombe a obtenu des résultats aussi inspirés quand les ingrédients étaient de la partie (LEUR DERNIERE NUIT). Sans pour autant fraterniser avec Chabrol qui encore peu de temps avant sa mort répétait qu’en dehors de LA TRAVERSEE DE PARIS le cinéma français des années cinquante ne lui inspirait rien qui vaille, on peut toujours défendre la différence qui existe entre un créateur et un bon assembleur sans forcément les opposer. A savoir si une médiocre création est plus louable qu’un bon assemblage… le débat est loin de s’éteindre.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Emile-Couzinet
      Decoin est un cas curieux qui dépendait de ses sujets (mais, Michel deville, son assistant, le confirme, il savait qu’il en tenait un très solide avec LA VÉRITÉ SUR BEBE DONGE et ne sacrifia rien). Il tournait beaucoup car il avait peu de « manquer » : son enfance incroyablement misérable, le fait qu’il ait du quitter l’école à 10 ans pour ramener de l’argent, traverser la Seine à la nage à Noel pour arrondir les fin de mois explique ces peurs ce à quoi on peut ajouter ses expériences à la guerre (nombreuses décorations, pilote de chasse), dans le sport. Quelqu’un qui disait à son fils qu’il fallait tous mes matins lire une page de Giraudoux pour se familiariser avec la langue française, lui qui n’avait jamais rien appris à l’école, fait preuve d’une curiosité, d’une ouverture d’esprit qu’on retrouve dans ses meilleurs films. Qui sont assez nombreux pour qu’il dépasse le statut d’artisan. Il y a une probité modeste, une chaleur, une ambition (parfois erratique, fourvoyée mais réelle) dans pas mal de ses films : RETOUR A L’AUBE, BATTEMENT DE COEUR, comédie remarquable où l’on voyait qu’il avait retenu les leçons du cinéma américain qu’il admirait, LES AMANTS DE PONT SAINT JEAN, LE CAFÉ DU CADRAN, le curieux, LA FILLE DU DIABLE, LES INCONNUS DANS LA MAISON, RAZZIA SUR LA SCHNOUFF. Il est le seule réalisateur à avoir fait appel deux fois à Henri Dutilleux, ce qui témoigne d’une vraie culture et explique la musique de Grunenwaldt. Lacombe a eu quelques réussites (de CAFÉ DE PARIS à LA NUIT EST MON ROYAUME) mais elles sont moindres que celles de Decoin Et René Wheeler qui co ecrivit LES AMANTS DE PONT SAINT JEAN pensait beaucoup de bien de lui. Et dans BÉB DONGE, il y a une attention au scénario, remarquable, de Maurice Aubergé qui prouve une lucidité, une qualité d’écoute

      • emile-couzinet dit :

        On pourra en dire autant de Verneuil qui a eu la même enfance et a aussi beaucoup travaillé par revanche sociale. Même si on a jugé ses meilleurs films plus démagos que les meilleurs films de Decoin, il n’a pas reçu le dixième de sa considération. Mais il faut dire aussi que Verneuil a sûrement été victime d’une xénophobie que Polanski a dénoncée comme endémique dans le cinéma français.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A emile couzinet
          Attention, attention, Verneuil a fait une énorme carrière où il n’a pas eu trop à souffrir de la xenophobie ni de la part de Gabin, ni de Jacques Bar, producteur hyper important. Et certains de ses films ont été salués très vite. La Cinemathèque lui a consacré un hommage et l’Institut Lumière aussi. Il est venu présenter certains de ses meilleurs films. DES GENS SANS IMPORTANCE a reçu de très bonnes critiques (justifiées), certains films comme UN SINGE EN HIVER ont été réévalué par rapport aux critiques de la jeune garde (qui jugeait sottement LE PRESIDENT poujadiste) et j’ai souvent parlé ici en bien de ses films comme LE PRESIDENT (admirable dialogue d’Audiard), MAXIME. En gros, ses meilleures oeuvres sont en noir et blanc. La période en couleur est plus décevante, sur éclairée, mal photographiée même si certains sujets ne manquaient pas d’ambition (I COMME ICARE). J’avais été très déçu en revoyant LE CORPS DE MON ENNEMI, si lourdement mis en scène. La couleur a décuplé la lourdeur signifiante de son découpage (son style est plus pesant, moins fluide que Decoin). Et de cette dernière période je ne sauverai que le très gonflé et bien documenté MILLE MILLIARDS DE DOLLARS qu’Attack aurait du patroner. C’est un film unique dans ce qu’il dit. Dans la première période, LA TABLE AUX CREVÉS ne manque pas de qualités ni surtout LE FRUIT DEFENDU mais la plupart des autres Fernandel et UNE MANCHE ET LA BELLE ne valent pas tripette

  8. Agnès dit :

    Bonjour
    Tout d’abord merci beaucoup pour votre réponse .Il s’agit de la présente édition .J ‘ai pensé comme vous à un défaut de mon lecteur mais j’ai acheté dans la même édition L’Egyptien et il n’y a aucun problème avec celui là .Ce n’est pas non plus un hasard,un dvd peut quelquefois poser des problèmes et pas les autres .Hors je l’ai échangé et bis repetita !

  9. Stéphane dit :

    Mr Tavernier, je partage votre enthousiasme sur les sorties Bluray classiques. Etant d’une génération un peu plus jeune que la votre (39 ans), j’ai découvert « casque d’or » en Bluray et j’avoue avoir été totalement abasourdi par le travail de Jacques Becker sur ce film, ainsi que par la restauration. Ambre est bien évidemment superbe. Je pense que le bluray est un formidable vecteur de diffusion pour le public qui n’a pas connu tous ces films au moment de leur sortie ou qui veut les redécouvrir en qualité optimale pour des projections privées. Quelques mots aussi pour vous remercier pour ce film, « la vie est rien d’autre » que vous avez réalisé en 1989. Noiret était admirable ainsi que Sabine Azéma. Voilà un grand film qui mériterait une belle édition bluray.

    Amicalement.
    Stéphane.

  10. Agnès dit :

    Bonsoir Mr Tavernier
    Je me faisais une joie de découvrir Ambre et ma déception est d’autant plus grande après avoir lu votre critique mais la bande son de l’édition du film en dvd est franchement mauvaise ,impossible d’avoir en même temps la vo et les soustitres en français ! J’aimerai savoir si quelqu’un d’autre a eu les mêmes problèmes ?
    Merci d’avance !
    J’espère que vous me pardonnerez ce petit hors sujet: j’ai adoré  » Laissez passer »

    • Bertrand Tavernier dit :

      Agnes
      Moi j’ai vu AMBRE dans une très belle copîe Blue Ray

      • Agnès dit :

        Je ne suis,hélas ,pas équipée pour ! Mais merci infiniment pour votre réponse

        • Martin-Brady dit :

          mais même en dvd, vous auriez dû pouvoir le voir correctement! C’est quelle édition? Ca peut être un problème avec votre lecteur…

    • Catherine dit :

      Bonjour

      J’ai l’édition DVD d’Ambre et effectivement, Sidonis a oublié les sous-titres, carrément !!

      • Catherine dit :

        Sinon, j’ai trouvé Linda Darnell et Cornel Wilde assez fades, mais d’accord avec vous Mr Tavernier, George Sanders (Charles II) dans sa trop courte apparition, est tout simplement …royale. Immense acteur, pour qui Fritz Lang avait beaucoup de sympathie, et à qui il a offert ses meilleurs rôles, dans Moonfleet, La 5e Victime, Man Hunt…

        • Nemo dit :

          man hunt est passé recemment au cinema de minuit. j’avais juste envie de dire à walter pidgeon mais bon dieu embrasse là ! joan bennett était tout simplement craquante. sinon quelle n’a pas été aussi ma surprise de voir roddy mc dowell dans un de ses tous premiers rôles.

        • Catherine dit :

          Sans oublier John Carradine, en super vilain de serial…

      • Sullivan dit :

        Je viens d’insérer dans mon lecteur l’édition DVD d’Ambre proposée par Sidonis. En rubrique « Audio », on a le choix entre « version française » et « version originale sous-titrée ». Si l’on choisit cette deuxième option, une fois le film lancé, aucun souci, les sous-titres sont présents !
        Soit vous êtes tombée sur un exemplaire défectueux (ce qui peut arriver), soit vous avez activé la VF, mais vous ne pouvez vous permettre d’annoncer solennellement que l’éditeur a oublié les sous-titres, avant de vérifier auprès d’autres possesseurs de la même édition.

        • Catherine dit :

          Cela n’avait rien de solennnel, de plus nous étions au moins deux à ne pas avoir les sous-titres, n’est-ce pas déjà une majoritée ?? ha,ha

          En tout cas merci à Jean-Michel (de Sidonis ??) pour avoir donné « la clef » dans le post ci-dessous, effectivement en passant par « le film » d’abord (et non par les chapitres), les sous-titres apparaissent. Je ne savais pas le disque codé ha,ha .

      • Bertrand Tavernier dit :

        Monsieur,

        Voici la réponse de notre laboratoire.

        Bien cordialement

        Jean-Michel Guillot

        —–Message d’origine—–
        De : jpcerta@oneshotaudiovisuel.com [mailto:jpcerta@oneshotaudiovisuel.com]
        Envoyé : mardi 4 décembre 2012 11:09
        À : sidonis
        Cc : Emanuelle JUMEAUCOURT
        Objet : Réclamation « AMBRE »

        Bonjour Jean-Michel,

        Quand l’utilisateur lance le film en sélectionnant la version souhaitée dans le menu « audio » puis en allant sur « film » pour démarrer le film, il n’y a aucun problème. Tout fonctionne normalement. Il peut alors passer de chapitres en chapitres.
        Quand l’utilisateur lance le film en passant par le menu « chapitres », les sous titres apparaissent sur la VF et pas sur la VO.

        Il faut simplement répondre qu’il faut regarder le film en allant sur « film ».

        Bien à toi,
        Jean-Philippe

        • Martin-Brady dit :

          A Bertrand Tavernier: puis-je me servir de cette adresse pour insister auprès de Sidonis de savoir pourquoi ils ont coupé la moitié de votre intervention sur JARDIN DU DIABLE? Après échange même punition! 6′ au lieu de 12 comme annoncé sur Dvdclassik? Ils n’ont jamais répondu à mon mail!

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