Films anglais et français : les Boutling, Verneuil, Borderie…

18 février 2014 par - DVD

FILMS ANGLAIS

Nouvelle édition du  VOLEUR DE BAGDAD de Powell, Korda, Berger et Whelan mais aussi de titres beaucoup plus rares comme le REMBRANDT de Korda, LYDIA et ANNA KARÉNINE de Julien Duvivier (le premier, lointain cousin de CARNET DE BAL, dans mon souvenir, contenait de vraies qualités), THE DIVORCE OF LADY X de Tim Whelan que je n’ai pas encore vu.

rembrandtREMBRANDT, lui, est un film magnifique et je ne peux qu’être d’accord avec les propos d’Alain Masson dans le dernier Positif. Classique certainement et pour certains académique. Mais Korda transcende ces limites en communiquant à son film une fièvre, une âpreté qui tranchent avec la plupart des biopics. Tout d’abord en ne s’attachant, parti pris très original et très britannique, qu’à la période de la « chute » de Rembrandt après le scandale causé par la Ronde de Nuit. Il est coupé de ses protecteurs, de ses soutiens, devient de plus en plus seul et pauvre malgré l’aide d’une servante qu’il épouse juste avant qu’elle meure. Le ton est noir, mélancolique et finalement «habité». Laughton flirte avec le cabotinage mais avec un tel talent, une telle invention qu’on reste admiratif, notamment devant ce demi sourire qu’il affiche pour se défendre des imbéciles.

ultimatumJe suis entièrement d’accord avec les blogueurs qui ont vanté les qualités surprenantes d’ULTIMATUM des frères Boulting. Il y a des plans sidérants (l’exode dans Londres, les scènes de panique, des images nocturnes de la ville déserte), une utilisation de la lumière qui renforce la dramaturgie. Nicolas Saada faisait remarquer de George Lucas engagea pour le premier STAR WARS le chef opérateur de ce film, Gilbert Taylor. Comme le note Justin Kwedi chez DVD Classik : « Point d’éléments d’anticipation, de velléités spectaculaires ou même de grands message pacifistes dans Ultimatum où les Boulting dresse un état du monde en scrutant celui qu’ils connaissent le mieux, l’Angleterre. Ultimatum est un grand film sur la peur et les différentes formes qu’elle peut emprunter. Il y a d’abord la peur d’un homme – se considérant responsable de cet état du monde en raison de ses recherches – qui sombre peu à peu dans la dépression et l’aversion de son travail. Barry Jones, mine frêle et regard apeuré, exprime à merveille cette anxiété latente d’un Willington perdant pied avec la réalité et sombrant dans la paranoïa. C’est d’ailleurs en fait lui le personnage le plus humain et fouillé dans une œuvre finalement assez froide où chaque protagoniste est restreint à sa fonction (militaire, policier) dans le récit. On adopte ainsi réellement le point de vue d’un homme à l’équilibre mental vacillant et qui menace le monde, tout en se montrant paradoxalement peut-être le plus clairvoyant même si sa peur le pousse à une solution trop extrême.»

brightonrock  morgan

Toujours des frères Boulting : BRIGHTON ROCK, scénario de Greene et Terence Rattigan d’après Greene. Richard Attenborough est formidable. Tamasa a aussi ressorti le remarquable MORGAN/ FOU À LIER de Karel Reisz, riche en scènes anthologiques. Dont le déjeuner sur la tombe de Karl Marx. Scénario de David Mercer.

FILMS FRANÇAIS

Henri Verneuil
desgenssansimportanceLe Festival de Lyon rendait hommage à Henri Verneuil en noir et blanc, la meilleure période. Avec un de ses films les plus réussis, DES GENS SANS IMPORTANCE, beau scénario co-écrit par François Boyer : dès la première phrase en voix off du flash back, on est plongé dans un monde ouvrier peu évoqué au cinéma, le monde qui fut abandonné par le parti socialiste comme l’écrivit Eric Conan (je cite de mémoire : « on roulait depuis 32 heures »). Verneuil parle avec chaleur de ce monde populaire, ignoré des cinéastes de la Nouvelle Vague, montre un Paris aux rues lépreuses, aux bâtiments de guingois, le contraire du Paris des bobos. On est encore proche de l’univers d’ANTOINE ET ANTOINETTE. Ce qui est aussi frappant dans ce film si émouvant, c’est le regard amical, presque féministe porté par les auteurs sur le personnage de Françoise Arnoul. La scène de l’avortement, terrible de dureté, est, sur ce plan, exemplaire. A la fois courageuse et sans compromis (ah le plan où l’on va chercher le matériel dans le plafond, toute l’horreur du monde est évoquée là). N’oublions pas qu’un an plus tard le PC, par la voix de Jeannette Vermeesch condamnera la contraception et le droit à l’avortement. Ce qui donne du poids au film de Lara, le JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC comme le rappelait Michel Cournot.

J’ai vanté à plusieurs reprises LE PRÉSIDENT que je revois chaque fois avec jubilation même si la mise en scène est un peu plan plan.

unsingeenhiverRevoir UN SINGE EN HIVER qui tira des larmes à Gérard Collomb, en présence de Belmondo, fut un moment magique. Il est bon de réécouter le dialogue sublime d’Audiard. Albert Quentin (Gabin, royal) : « L’intention de l’amiral serait que nous percions un canal souterrain qui relierait le Huang Ho au Yang-Tseu-Kiang. » 
Esnault : « Le Yang-tsé-Kiang… Bon.
 Albert Quentin : « Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que Huang Ho veut dire fleuve jaune et Yang-Tseu-Kiang fleuve bleu. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de l’aspect grandiose du mélange. Un fleuve vert ! Vert comme les forêts, comme l’espérance. Matelot Esnault, nous allons repeindre l’Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde. » Toujours Gabin s’adressant à Belmondo : « Oh ! là là ! Le véhicule, je le connais : je l’ai déjà pris. Et ce n’était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire. M. Fouquet, moi aussi, il m’est arrivé de boire. Et ça m’envoyait un peu plus loin que l’Espagne. Le Yang-tsé-Kiang, vous en avez entendu parler du Yang-tsé-Kiang ? Cela tient de la place dans une chambre, moi je vous le dis. » Cette dernière phrase me fait fondre. Je me mets à la place de l’acteur qui la découvre. Et l’un des premiers monologues de Belmondo n’est pas mal non plus et il épatant d’élégance et de charme : « Mes gens vont venir. Ce sont des gitans comme moi. Traitez les comme moi même. Arrière les Esquimaux ! Je rentre seul. Un matador rentre toujours seul ! Plus il est grand, plus il est seul. Je vous laisse à vos banquises, à vos igloos, à vos pingouins. ¡ Por favor ! »

lesamantsdutageVu aussi LES AMANTS DU TAGE et impression mitigée. La première partie du film semble anticiper et annoncer avec des décennies d’avance le film d’errance sentimentale et touristique, tourné au Portugal, qui s’est épanoui chez Pierre Kast puis sous l’égide de Paolo Branco. En fait Verneuil fait figure de père fondateur de ce sous genre et on aurait bien vu Mathieu Amalric et Jeanne Balibar en place de Gélin et Arnoul. L’intrigue est mince (mais énoncée et jouée avec le même sérieux sépulcral que celui qui enfonçait certaines productions paolobrancoesques), après une ouverture assez réussie mais plombée par le jeu appuyé de Gélin (son personnage est assez énervant) que renforce des cadrages hyper étudiés, signifiants dramatisant tous les rapports. Il y a même quelques cadrages obliques, de très gros plans esthétisants, des plans à deux (deux visages qui jamais ne se regardent) où l’on sent qu’aucun des acteurs ne peut bouger d’un millimètre. Pas mal de conventions : à Lisbonne, tout le monde parle français à commencer par un môme de rues pas mauvais mais lourd. Dalio n’est pas hyper crédible dans une absence de rôle. Néanmoins il y a des mouvements assez vifs, de jolis plans larges, beaucoup d’extérieurs, des enchainements cut assez ingénus, des notations assez belles (les femmes qui caressent le sable)  et des dialogues de Marcel Rivet (à qui on doit le scénario d’IDENTITÉ JUDICIAIRE –bon policier réaliste- et LA NUIT EST MON ROYAUME dont j’ai parlé et qui est vraiment pas mal) qui méritaient un traitement moins démonstratif (on a droit au sempiternel point de vue du placard ici qu’on vide, ce qui signifie qu’on a affaire à un film que son auteur a pris au sérieux). La deuxième partie policière fonctionne mieux, grâce à Trevor Howard qui donne une épaisseur à son personnage,  mais aurait gagné à être plus trouble, plus ambiguë, moins explicative. Une fois de plus le moteur chez Verneuil, c’est l’argent et cela diminue le personnage parfois touchant de Françoise Arnoul, souvent juste (elle achoppe sur quelques clichés) et fort peu déshabillée (la cote sévère de la CCC est incompréhensible). La fin est trop claire et prévisible malgré une belle musique finale de Michel Legrand (déjà) qui avait surnommé le film, vu les demandes ultra techniques de Verneuil : « les Amants du minutage ».

De Borderie à Lara
fortunecarreeContre toute attente, FORTUNE CARRÉE (Pathé) signé pourtant du souvent redoutable Bernard Borderie qui en dehors de LA MÔME VERT DE GRIS dirigea les plus mauvais Constantine, se révèle assez plaisant malgré une distribution où le saugrenu le dispute à l’improbable. Personne n’est de la même nationalité : Fernand Ledoux joue le cadi, religieux cauteleux et menaçant, Pedro Armendariz, un chef de guerre (Igritcheff, bâtard kirghize d’un comte russe nous dit Joseph Kessel), Folco Lulli Hussein, son serviteur, Anna Maria Sandri, Yasmina, personnage féminin totalement soumis et effacé. La surprise vient de Paul Meurisse, vraiment pas mal en trafiquant d’armes, Mordhom, inspiré par Henry de Monfreid. Il dynamise toutes ses scènes, se régale avec les dialogues de Kessel. Borderie et Nicolas Hayer utilisent le Cinémascope (FORTUNE CARRÉE fut la première production française en Scope) de manière un peu moins statique qu’un Henry Koster dans LA TUNIQUE. Il y a quelques moments  divertissants et animés, des extérieurs pas trop paresseux, un certain mouvement même si Borderie ne tire absolument rien de l’épisode qui donne son titre au film : la fortune carrée est une voile qu’on utilise quand on veut affronter une tempête vent debout. Et même si on est loin de la rutilance du roman.

lesamantsdeveroneToujours chez Pathé, LES AMANTS DE VÉRONE est une œuvre curieuse, ambitieuse, parfois brillante et inspirée, avec des élans surprenants, parfois pataude et prévisible. Le travail d’André Cayatte est mieux qu’honorable. Aidé par une belle photo d’Henri Alekan, il utilise au mieux les extérieurs, joue avec la profondeur de champ, les clairs obscurs. Je suis plus gêné par le sujet du film, cette mise en abyme de l’histoire de Roméo et Juliette d’abord dans un film (certaines scènes de tournage sont savoureuses bien qu’assez improbables) puis « dans la vie ». On sait que l’histoire d’amour moderne va forcément mal finir pour être un double exact de celle qu’on filme. Et je suis gêné un peu aussi par l’univers de Prévert, ici, même si plusieurs moments sont détonants et rares, grinçants, cocasses, tendres (parfois aussi emphatiques, mais il faut dire que certains acteurs – Dalio qui surjoue – n’arrangent rien et que les voix off sont dites de manière très grandiloquentes). Il y a un petit côté Anouilh qui perce ici : la pureté des jeunes opposée au monde corrompu des adultes dont plusieurs ont été fascistes. Lesquels jeunes sont crédules, naïfs, tombent dans tous les pièges. Le scénario progresse à coup de coïncidences, de rencontres imprévues, de gens qui ne se voient pas ou qui n’ont pas l’idée de donner le bon papier à la bonne personne. Voilà qui plombe un film souvent passionnant, toujours respectable avec une très belle musique de Kosma. Martine Carol n’est pas mauvaise, Reggiani un peu guindé, Brasseur tonitruant (il a des moments grandioses) et Anouk Aimée qu’on voit nue, délicieuse. La palme de l’étrangeté revient à Marianne Oswald et aux scènes qui l’opposent à Brasseur.

Et chez Gaumont les amateurs de Louis de Funès et de Michel Audiard doivent se ruer sur CARAMBOLAGES de Marcel Bluwal. De Funès explose dans plusieurs séquences fantastiques où il fait un feu d’artifice avec le dialogue délirant d’Audiard (la grande tirade sur la grenouille, l’avoinée qu’il passe à ses collaborateurs sont des moments d’anthologie, bien filmés, qu’on oublie toujours. Ils  n’étaient pas cités dans le documentaire sur de Funès). Certaines péripéties (tout ce qui tourne autour des ascenseurs) sont plus lourdaudes, les personnages féminins sont peu intéressants et Brialy est maniéré mais l’irruption de Serrault en flic nostalgique de la rue Lauriston relance la machine et Bluwal sait filmer ces dialogues.

carambolages  aveclesourire

Et surtout sur le percutant AVEC LE SOURIRE de Maurice Tournant, très bien écrit par Louis Verneuil. C’est un scénario original décapant, caustique, cynique, le portrait d’un arriviste fort sympathique de prime abord mais qui n’hésite devant aucune fourberie pour réussir et grimper dans l’échelle sociale. Ce personnage souriant et impitoyable est sans doute le meilleur rôle de Maurice Chevalier. Son interprétation du « Chapeau de Zozo » est un des sommets du film qui mieux que beaucoup d’œuvres aux allures plus ambitieuses capture l’esprit des années 30, l’air du temps.

SYLVIE ET LE FANTÔME, d’après une pièce d’Alfred Adam, est une charmante comédie romantique, avec des dialogues très cocasses d’Aurenche (« Ici rien n’est bizarre, tout est étrange » dit Carette, ou l’inverse), qui imposa Jacques Tati à Lara. Il confère au fantôme une grâce légère et souriante.

sylvietlefantome  lumieredete

Enfin, on va pouvoir revoir le passionnant LUMIÈRE D’ÉTÉ de Jean Grémillon, l’un des trois films qui évoquèrent la lutte des classes sous l’Occupation (les deux autres étant DOUCE et LETTRES D’AMOUR). Le commentaire de Philippe Roger insiste beaucoup sur des signes maçonniques et cette interprétation me laisse perplexe : j’ai du mal à voir Prévert s’amuser à dissimuler ces indices. Quant au PC, il était à cette époque violemment anti-francs-maçons et je vois mal Grémillon, compagnon de route, se désolidariser de ces positions. En revanche, plus incisives et pertinentes me semblent les remarques sur les rapports entre la mise en scène de Grémillon et la musique. Il faut revenir sur ce film.

bandeabonnot

Toujours chez SND, sortie de LA BANDE À BONNOT dont je fus attaché de presse. J’aimais beaucoup et l’idée de faire un tel film et Brel. Mais le film est desservi par une mise en scène manquant de tonus Philippe Fourastié qui partit mourir très jeune d’une tumeur au cerveau après avoir dirigé trois films et une série TV écrite par Albert Vidalie. Brel et Crémer étaient excellents dans LA BANDE À BONNOT, œuvre sincère mais qui reste souvent au niveau des intentions.

Trois coffrets importants
Le premier coffret consacré à René Allio de 4 films (RUDE JOURNÉE POUR LA REINE, LES CAMISARDS, MOI, PIERRE RIVIÈRE  et LE MATELOT 512) chez Shellac Sud, plus un ouvrage LES HISTOIRES DE RENÉ ALLIO (aux Presses universitaires de Rennes) avec nombreux  documents et photos.

reneallio  coffretmarker

Le COFFRET CHRIS MARKER (Arte Editions) qui comprend toutes les œuvres majeures.
Et le COFFRET ROHMER chez Potemkine, coffret inouï avec tous les films restaurés. C’est une somme. Je construit de nouveaux rayonnages pour l’entreposer.

coffretrohmer

Je n’ai jamais eu aucun retour sur les 3 films avec Eddie Constantine que j’ai souvent défendu et promu dans ce blog : l’excellent CET HOMME EST DANGEREUX, savoureusement dialogué par Marcel Duhamel et filmé à l’américaine par Jean Sacha qui fut le monteur d’OTHELLO de Welles (cela se voit dans l’utilisation des courtes focales, de la caméra au sol, des effets de montage) ; ÇA VA BARDER et JE SUIS UN SENTIMENTAL de John Berry, tous deux photographiés par le talentueux Jacques Lemare. Il y a des passages très marrants dans ÇA VA BARDER et des séquences très bien filmées dans JE SUIS UN SENTIMENTAL (le début tient du vrai film noir).

coffertconstantine

Commentaires (183)

 

  1. Rouxel dit :

    « Le secret derrière la porte »vient de sortir en dvd chez Allerton Films.Il y a effectivement beaucoup de similitudes avec « Rebecca »d’Hitchcock ou » »La maison du docteur Edward ».Je me demandais en revoyant ce classique de Fritz Lang si Stephen King et Kubrick lui meme ne se sont pas inspiré de ce scénario qui traite le numero d’une chambre.Dans les deux films on retrouve la folie,la déraison d’un personnage joué par Michael Redgrave d’un coté et Jack Nicholson de l’autre.Remarquons que Fritz Lang a été hanté souvent hanté par la mort et les meurtriers(M le maudit)en ai l’illustration parfaite avec un Peter Lorre magistral.

  2. Martin-Brady dit :

    J’ai vu UN SINGE EN HIVER en effet très émouvant et ai été surpris par le couple Gabin-Flon, au départ je croyais que le personnage de l’épouse serait sacrifié laissé dans l’ombre du mari-vedette mais non, Suzanne Flon est lumineuse et tout à fait légère, pas assez vieillie par rapport à son personnage 15 ans plus tôt mais c’est pas grave. Belmondo est aussi léger et drôle. Gabin lui-même a des moments drôles où il révèle un tempérament d’acteur comique que j’ai peu vu ailleurs il me semble. J’aime moins le début durant l’occupation dans lequel Gabin éclipse Frankeur (qui n’a que trois bouts de répliques) en cabotinant.
    Je ne comprends pas le mystère d’ailleurs de la haine de Gabin pour Frankeur, pour une raison qui est peut-être restée dans le roman, surtout celle de Belmondo qui n’a aucune raison de le détester! Bizarre. Par ailleurs j’adore Frankeur et je déteste le voir sous-utilisé et c’est le cas ici. Gabin est génial dans le dernier plan.

    • Martin-Brady dit :

      … la copie René Chateau est très bonne, magnifique scope noir et blanc (Louis Page).

      • Martin-Brady dit :

        dernière chose: dans le bonus, André Brunelin explique que Gabin était surpris par la facilité de Belmondo à faire le boute-en-train entre les prises et rentrer dans le personnage en un clin d’oeil dés qu’il fallait tourner. Mais pas dans le sens admiratif: il disait (de mémoire) que si JPB commençait sa carrière comme ça à être trop dans la facilité, il allait plus tard tomber dans l’exagération. A voir les derniers films de JPB on peut retrouver qqch de cette prédiction (à adapter, sans doute).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brady
          Gabin avait un oeil très acéré et des jugements précis et souvent justes (pas toujours quand il ne comprend pas la méthode Becker à qui il reprochait ses hésitations)

    • Emile C dit :

      Je ne suis pas sûr que les rares bonnes copies du catalogue René Château soient restaurées par lui. Il a racheté pas mal de titres qui, soit avaient été restaurés par les ayants droits précédents, soit ne présentaient pas de dégradations majeures et s’ils ont bénéficié d’un nettoyage le chantier ne lui a pas coûté très cher. UN SINGE EN HIVER est un film archidiffusé, et je l’ai toujours vu dans de bonnes conditions. Pour le reste de sa collection, notre René faillit rarement à sa réputation de camelot. Pour CAFE DE PARIS d’Yves Mirande, que j’ai vu dernièrement, on a l’impression de regarder le film projeté sur un mur crépis. Pour DIVINE, de Max Ophuls, on croirait qu’il a mis la main sur une bobine mastiquée par un chien. Et je me suis vraiment mis en colère en voyant dans quel état il ose nous vendre UNE JOURNEE PARTICULIERE ou LES NOUVEAUX MONSTRES. Le premier semble avoir été trempé dans une solution à base de rouille, et j’ai cru qu’il avait uriné sur le deuxième. Les Guitry en couleur méritent aussi qu’on lui fasse les gros yeux au René, surtout SI VERSAILLES… René, on veut bien te laisser tous les Carbonnaux, tous les Grangier avec Bourvil, tous les Guy Lefranc, Les Verneuil avec Fernandel, tous les Gaspard-Huit et tous les Hunnebelle, mais les titres majeurs maintenant il faut les rendre. C’est un ordre.

      J’en profite aussi pour signaler qu’ENNIO MORRICONE donnera un concert aux arènes de Nimes le 5 Juillet prochain. Ses passages en France sont très rares et il est né en 1928. Deux raisons pour vous précipiter sur les guichets, sinon tant pis pour vous.

  3. ballantrae dit :

    Un mot pour vous dire, Bertrand, que le coffret blue ray/DVD de Quai d’Orsay est passionnant de bout en bout: j’ai lu l’entretien à 3 voix dans le livret et ai commencé à consulter le docu.

    Petit conseil BD aux blogueurs(même si c’est en import): Building stories de Chris Ware est une date hallucinante dans le domaine de la BD qui rencontre la complexité de La vie mode d’emploi par la multiplication des supports ( albums de diverses tailles, faux journaux) qui se répondent les uns aux autres selon des modalités quasi oulipiennes, le tout dans un très beau coffret.

    Autre conseil, Un marron de Denis Vierge chez Des bulles dans l’océan éditions qui est un peu le pendant de Django unchained et de 12 years a slave ( en réussi!!!) avec un sens du paysage assez impressionnant.Cette robinsonnade se situe fin XVIIIème siècle à la Réunion et montre comment le phénomène oublié du marronage : esclaves échappés des plantations, les marrons affrontaient ceux qui les traquaient en inventant des ripostes parfois sanglantes voire des razzias pour s’approvisionner.

    Une histoire de l’esclavagisme français sur gd écran ( je pense pour l’essentiel à ce film en partie réussi de Giraudeau Les caprices d’un fleuve mais cela se situe en Afrique, à qqs téléfilms mais ne vois pas gd chose- les méfaits du colonialisme plus en aval ont été traités plus fréquemment : en tête bien sûr votre génial Coup de torchon, La victoire en chantant, à mon avis le meilleur film de JJ Annaud) reste à faire et on a beau jeu d’observer avec distance la manière dont s’en préoccupent les Américains!
    En tout cas cet album répare un manque haut la main!

    • ballantrae dit :

      J’attends désormais au vu des dessins inclus dans le livret une BD qui pourrait s’intituler :Quai d’Orsay-le tournage.
      Votre trio n’engendre pas la mélancolie, c’est le moins qu’on puisse dire.

  4. Rouxel dit :

    « romanza criminelle »est un film italien sorti en 2005 et revient de façon convaincantes sur les »années de plomb »qu’a vécu l’Italie durant les années 70.Le réalisateur mèle des extraits de reportage de la RAI(1ère chaine publique)à l’histoire de six copains qui vont grandir en marge du conformisme et de leurs familles.L’interprétation des comédiens est à la hauteur du scénario qui évolue sans temps mort.Ce n’est pas un film à la gloire des Brigades rouges qui avait kidnappé et tué le leader du parti démocrate chrétien mais rappele « il était une fois en Amérique »de Léone,à travers les differents portraits de ces jeunes chiens fous.

    • Martin-Brady dit :

      à Rouxel: ROMANZO CRIMINALE!
      comme L ANGE DU MAL avec toujours Kim Rossi Stuart j’ai trouvé le film un peu vide, un peu déconnecté, il m’a semblé que le côté historique n’était que plaqué comme décor (pour ROMANZO), et Placido privilégie trop le rythme sacro-saint à l’américaine pas le temps de souffler au lieu que de s’intéresser à ses personnages, sitôt vus sitôt oubliés… on est plus proche d’un souci de faire dans l’exotisme du gangstérisme, que de peindre des drames humains qui pourraient nous toucher.

  5. Emile C dit :

    Pour compléter cet aparté sur les accords transatlantiques je vous renvoie à une conférence sur le sujet par le lien ci-dessous. On y est éclairé sur bien des effets secondaires de ce poison sans antidote si jamais il nous était prescrit. On peut déjà en mesurer les aspects délétères à travers les accords de l’ALENA, une sorte de laboratoire de ce qui nous attend à grande échelle. Les pays ne seront pas les seuls touchés. Il y aura les régions, les départements et les communes ! Un conseil municipal n’aura plus la liberté de ses appels d’offre auprès des entreprises locales si la logique de ces accords sont déroulés jusqu’au bout. Il faut se battre à mort messieurs-dames !

    http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/le-grand-marche-transatlantique-44655

    • ballantrae dit :

      Merci pour le lien Emile!
      A conseiller les ouvrages de R M Jennar aussi, une pointure dans ce domaine.

  6. Rouxel dit :

    Afin de feter le centième anniversaire de la naissance de Marguerite Duras,la médiathèque de Toulouse a projetté « 10h30,ce soir là »adapté et réalisé en 1966 par Jules Dassin.Mélina Mercouri compose une femme bléssée,délaissé par son mari et qui se réfugie dans l’alcool.Lors d’un périble en Espagne franquiste,elle va aider un jeune meurtrier dans sa fuite.Film dramatique au départ,Dassin nous entraine dans un univers mysterieux et étrange.Il y a un plan d’une beauté incroyable lorsque Mélina Mercouri une bouteille à la main,pleure en voyant son mari embrassant Claire une jeune et belle française.La pluie tombe à grosses gouttes et renforce l’intensité de l’image et l’expression du visage de la femme trompée.C’est une oeuvre méconnue de ce talentueux metteur en scènes qu’était Jules Dassin.

    • Martin-Brady dit :

      à Rouxel: oui, j’ai toujours loupé ce film pourtant très renommé, le titre français était en fait « Dix heures et demie du soir en été » .

    • Emile C dit :

      Pour moi un des plus mauvais films de Dassin mais bien photographié par Gabor Pogany. Je me souviens surtout d’une Espagne montrée comme un pays rude loin des clichés touristiques. Je n’avais pas réussi à en tirer grand chose de plus.

  7. Rouxel dit :

    Dans la lignée de »Prince vaillant » »L’armure noire »d’Henry Levin est un film épique pour ces scènes de combats,ses joutes à cheval mais vaut surtout pour la prestation d’Erol Flynn entouré d’Yvonne Dru et dans un petit role Patrick mac Goohan qui deviendra quelques années plus tard à la tv le numero 6 de cette série emblamatique qu’est « Le prisonnier »!La photographie des paysages verdoyants sont bien filmés et donnent à l’ensemble un bon moment pour les yeux.Il faut dire qu’Henri Levin à toujours été un peu mésestimé par la critique.Pourtant »Voyage au centre de la terre »est surement la meilleure adaptation d’un roman de Jules Verne.

  8. ballantrae dit :

    Aparté politico économique: le Grand Marché Transatlantique continue à se négocier en douce sans que les grands médias ne s’en fassent l’écho (il est sûr que l’affaire Pistorius est tellement plus importante ).

    Ce texte va durablement, profondément, terriblement changer nos vies sur tous les plans car il s’agit de déréguler la plupart des champs de la vie économique de façon à accroître les parts de marché des grands groupes nord américains et éventuellement européens.

    Le citoyen lambda lui verra sa santé compromise par la suppression d’une vraie protection sociale ou par la mise sur le marché de produits jusqu’alors régulés ( viande aux hormones, poulets javellisés…).

    Les secteurs de l’éducation ou de la culture ne pourront par essence être sanctuarisés car le texte a vocation à s’étoffer et non à se voir contraint.Mme Filipetti a beau jeu de nous « donner des garanties », les promesses orales n’engagent que ceux qui veulent bien les écouter.

    Bref, quel que soit le conte de fées que nous serine tel ou tel représentant complice de telle formation politique, on nous sert à nouveau l’AMI ou l’AGCS sous un nouveau nom.

    Rosa Luxemburg avait trouvé une bonne formule: « Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. »

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Vous avez entièrement raison et là encore Hollande est d’une mollesse absolue. Rappelons que ce sont les cinéastes qui avaient fait exploser l’AMI, le révélant aux politiques éberlués (Chevenement avait fait envoyer un motard à la SRF pour récupérer le texte de l’accord qu’il n’avait pas)

      • Rouxel dit :

        Quand on voit comment sont traités les intermittents du spectacle en France comme partout en Europe.Mardi dernier le plateau du JT de France 2 a été envahis par des hommes et des femmes exaspérés par leurs statuts qui ne cessent de se dégrader aux profits des sociétés de productions qui délocalisent de plus en plus de tournages cinéma ou télévision en Pologne ou en Roumanie afin d’exploiter la main d’oeuvre de ces pays.Le 25 mai prochain je pense qu’il y aura une abstention monstre en France.Les politiques sont devenus des comptables qui ne respectent depuis bien longtemps les salariés autant du privé comme des services dit »public »qui n’existent plus ici!!!Soyons réalistes,exigeons l’impossible!!!!

        • ballantrae dit :

          Rien n’est pire que le défaitisme ou que la résignation…
          Je trouve insupportable la persistance de l’antienne « Il n’ y a pas d’alternative » bien sûr qu’il y a alternative à condition qu’on veuille en créer une.
          On appelle cela un choix politique.Un politique est d’abord au service du peuple qui l’a élu, au service du bien commun et non à celui d’une caste (terme très approprié cf travaux des Pinçon charlot style Les ghettos du gotta).

        • Martin-Brady dit :

          et dans les programmes des politiques qui nous proposent de voter bientôt encore, qu’est-ce qu’il y a comme choix sur cette question? (remarquez, je peux aller y voir…)

      • ballantrae dit :

        Merci pour votre réponse, Bertrand!

        Oui, les cinéastes ( dont vous surtout!) avaient su nous mettre en garde pour l’AMI mais comme dans le célèbre dialogue de Moby Dick le « diable » cherche à entrer par la fenêtre quand on l’a fait sortir par la porte…

        Oui, les politiques sont coupables et pas simplement mous.Complices me semble le mot juste.
        Parfois on reproche aux artistes de « profiter » de leur notoriété pour aborder les problèmes de la cité.

        A l’inverse, je pense qu’on crève du silence assourdissant en matière de prises de position courageuses ,à contre courant de la doxa médiatico politique qui nous pousse tranquillement vers le chaos.

        Angelopoulos tournait un film sur la crise au moment où il a eu son accident.
        Resnais avait su devenir faussement léger ces dernières années mais il avait alerté en son temps face aux pires avanies du XXème siècle.
        Loach va sûrement encore nous montrer que l’Histoire doit être scrutée de près pour éviter ses errances.

        Mettre en scène pour faire penser, se mouiller alors qu’on pourrait « simplement créer » (ce qui est déjà beaucoup!)sont de nobles et indispensables entreprises!!!
        Merci aussi Bertrand pour ces choix courageux et pugnaces.

      • ballantrae dit :

        Je ne connaissais pas l’anecdote de Chevènement et du motard pour l’AMI.
        Actuellement, je pense qu’un politique ne peut plus être victime de l’omerta sur le GMT( l’info est relayée pour qui veut bien la trouver dans des medias dignes de ce nom ou chez des économistes honnêtes): s’il ne dit rien, minimise , se dit confiant sur les termes d’un tel accord il est vraisemblablement complice ou stupide.

    • Emile C dit :

      On se sent totalement démuni mais personnellement j’ai eu LA réponse à l’éternelle question « oui mais que peut-on faire ? » C’est l’histoire racontée par Pierre Rabhi sur le petit oiseau qui prend de l’eau dans son bec pour éteindre un incendie de forêt. Nous avons tous un bec.

  9. Rouxel dit :

    Une curiosité à découvrir c’est »La femme invisible »de 1940 et réalisé par Edward Sutherland un touche à tout du cinéma américain qui fut entre autre assistant de Vidor.Ce qui est plaisant c’est le coté comique et inventif de certaines scènes qui sont loin de « L’homme invisible »avec Claude Rains.Surtout le personnage du majordome est plein de facéties et de burlesque matiné de malice et de sequences insolites et hilarantes.Je ne connais pas le reste de sa carrière mais je sais qu’il a signé un chef-d’oeuvre dans les années 50!!!

  10. MAXOU37 dit :

    Bonjour,

    rien à voir avec les thèmes du mois, mais hier j’ai (enfin !) regardé Monte Walsh (que j’ai toujours confondu avec Cat Ballou que j’ai abandonné au bout de 10 minutes malgré mon admiration pour Lee Marvin mais les westerns chantés trop peu pour moi) et je trouve que ce western est un des plus beaux et aussi des plus tristes qui soit. Non pas que sa réalisation soit à souligner mais plutôt dans l’histoire qui est racontée : c’est une sorte de fin du monde que vivent ces cowboys et Lee Marvin se voit privé de son meilleur ami, de la femme qu’il aime et de son métier : il ne lui reste plus qu’à retourner à la vie sauvage. Un très beau film avec un Lee Marvin plutôt sobre !

    • Alexandre Angel dit :

      Moi aussi j’avais tendance à les confondre. En fait, j’ai un assez mauvais souvenir de CAT BALLOU et un assez bon de MONTE WALSH. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est lointain.

    • Sullivan dit :

      Tout-à-fait d’accord avec vous pour MONTE WALSH, une magnifique découverte pour ma part également. Un western crépusculaire d’une beauté très touchante.

      • Emile C dit :

        Projet d’Aldrich avec un casting Aldrichien. Je recommande la relecture du livre de Jean-Pierre Piton qui répertorie la liste impressionnante de projets abandonnés par Aldrich. La plupart réalisés par d’autres en moins bien que ce qu’il aurait fait, comme le très mauvais LA GRANDE CUISINE sorti récemment en DVD.

  11. Emile C dit :

    Je ne sais ce que vous avez pensé des ADIEUX A LA REINE, un des films les plus remarqués et des plus alléchants de ces deux dernières années. L’enthousiasme de la critique et le fait que Benoit Jacquot ne soit pas non plus n’importe qui m’ont convaincu d’aller y voir de plus près. On y situe une aristocratie dépenaillée essentiellement filmée dans des intérieurs nuits peuplés de vieux marquis sans leurs perruques, de courtisanes démaquillées, le tout mélangé au personnel de maison et tous agités par le même état d’urgence dans un Versailles sinistre et dépouillé d’ornement. Mais ce qui est supposé arriver très vite, puisque c’est le sujet du film, ne se produit hélas jamais. Pas une seconde je n’ai ressenti l’angoisse de ce monde reclus à l’annonce de ce qui se trame au dehors. La tension dramatique relative à l’action est absente. Non seulement elle ne se déploie pas mais j’ai eu le sentiment que Jacquot ne s’y intéressait pas du tout. Pourtant les situations sont là, l’atmosphère ne demande qu’à se laisser capter, eh ben non, rien ne se passe. La faute sans doute au casting. Léa Seydoux récite tout son texte sur le même ton, se contentant de jouer juste mais sans aucune émotion, sans aucun silence, elle débite et elle ne fait rien d’autre que débiter. Julie-Marie Parmentier présente dans la distribution m’aurait semblé un choix plus pertinent. Idem pour Diane Kruger qui pose encore la question de la nécessité des top models à devenir actrices, surtout quand elles sont adoubées par Luc Besson… Et Xavier Beauvois en Louis XVI ! Pourquoi pas moi ? On dirait qu’il a été filmé pendant qu’il se met le texte en bouche. Par ailleurs la photo est assez laide bien que Romain Winding soit un professionnel aguerri. Je vous assure qu’avec le même matériel (caméra Sony F3) j’ai réalisé un court métrage d’une qualité photographique bien supérieure.
    La passion amoureuse de la reine pour une courtisane nous indiffère et quand elle crie sa douleur au moment des adieux, ça ne m’a fait ni choix ni froid. Quant à la fin j’ai cru qu’il s’agissait d’un fondu au noir avant que les choses commencent vraiment (humour Martin). C’est pourtant le genre de film que j’avais très envie d’aimer. Je ne sais pas ce qui s’est passé ni ce qui a vraiment intéressé Benoit Jacquot. Peut-être les seins de Léa Seydoux, peut-être les fesses de Virginie Ledoyen qui, à eux seuls, justifient en effet qu’on devienne réalisateur de cinéma. Pour ce qui est de Versailles, j’en reste une fois de plus à celui que nous contait Guitry (7 millions d’entrées à l’époque) On rêve.

    • Sullivan dit :

      Léa Seydoux n’est pas une bonne actrice et Jacquot a fait de bien meilleurs films, tels son AU FOND DES BOIS bien plus puissant dans tous les domaines que ces ADIEUX À LA REINE surcotés.

      • ballantrae dit :

        Léa Seydoux n’est pas aussi mauvaise que vous le dites, ce qui ne m’empêche pas de penser que sa prestation dans La vie d’Adèle n’est guère convaincante.

    • ballantrae dit :

      Il est plutôt bien ce film et si Jacquot a fait mieux ( Au fond des bois ou encore Les ailes de la colombe d’après James, bien qu’un peu trop formaliste, La Tosca, La fausse suivante) il a aussi fait plus banal, plus sec ( La fille seule malgré la formidable V Ledoyen, La désenchantée assez pénible notamment par l’omniprésence de J Godreche, Les mendiants pensum assez lourd lorgnant vers Moonfleet).
      Tout n’est pas abouti mais il y a une vraie intelligence de l’époque à l’oeuvre, une certaine fièvre créatrice certes inégale mais payante.

    • MAXOU37 dit :

      A vous lire, le film ne donne pas tellement envie. A comparer peut être avec le « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola que je n’ai pas vu non plus.

  12. Rouxel dit :

    « Le heros d’Iwo Jiha »réalisé en 1961 par Delmert Mann est bien superieur au dyptique de Clint Eastwood.Tony Curtis compose un indien qui va s’enroler dans les marines afin de faire honneur à sa tribu des pima.Gloire,héroisme et déchéance de l’homme qui vit contamment les épreuves des batailles et assiste à la mort de son ami dans ses bras.Tony Curtis est epoustouflant de verités meme quand il a bu et que son sergent instructeur vient le sortir de prison.Auprès des officiers ce simple soldat de première classe gène pour son comportement anti-conformiste.Il explique qu’il était là au bon moment et que le vent l’a poussé afin de hisser le drapeau étoilée.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      LE HÉROS D’IWO JIMA est intéressant mais reste très loin du film d’Eastwood. La mise en scène est terne (ce qui paradoxalement sert certaines scènes) et le scénario fait téléfilm. Et comment pouvez vous le comparer « au diptyque » vu que l’autre film donne un point de vue radicalement différent, réussit à évoquer avec justesse, à comprendre de l’intérieur une culture, un état d’esprit étranger ce que ne réussissent pratiquement jamais les cinéastes américains qui restent refermés sur eux mêmes. C’est vraiment une phrase curieuse. Vous auriez pu ajouter dans le registre de la comparaison oiseuse LES SENTIERS DE LA GLOIRE et FEUX DANS LA PLAINE. Et Delbert Mann est un réalisateur très plat même dans son meilleur film, AU MILIEU DE LA NUIT

  13. Emile C dit :

    Votre enthousiasme pour CET HOMME EST DANGEREUX a éveillé ma curiosité mais je suis loin de partager votre enthousiasme. Il faut dire que j’ai beaucoup de mal avec ces super flics ou super espions qui tombent les filles en un clin d’oeil et se débarrassent de leurs adversaires en arme comme s’ils chassaient des mouches. Les scénaristes de ces films-là sont tellement fainéants qu’ils ne cherchent même pas à rendre les situations un tant soit peu crédibles. Tout arrive toujours par hasard. Dans la dernière scène ma grand-mère en aurait fait autant que Lemmy Caution pour sortir de ce piège à feu car, comme par hasard, ce qui lui faut pour trancher ses liens, il le trouve exactement au bon endroit. Je crois que je vais laisser tomber les John Berry. En revanche sur la base d’un entretien avec Berry dont j’ai perdu la source, j’ai recherché pendant longtemps A TOUT CASSER. Je l’ai enfin trouvé édité par studio canal sous une pochette hideuse. Je ne sais pas ce que consommait John Berry comme substance à l’époque mais ça devait être du costaud. Le scénario est un emboitage de tout un tas de choses dont aucune n’est aboutie. On ne comprend rien à ce qui se passe et de toute façon on s’en tape le coquillart. On voit Johnny faire de la moto avec des potes, se battre, chanter, Eddie Constantine qui vient lui donner un coup de main contre Michel Serrault en chef de gang karatéka obsédé par le vol d’une tiare. Tout ça est filmé à Melun, près de la piscine, et sur un terrain vague où ma grand-mère (toujours elle) m’amenait promener quand j’étais petit. Johnny y chante quand-même le titre très Hendricksien du film alors si vous trouvez le DVD n’hésitez pas, c’est un OVNI incroyable qui deviendra collector.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Emile C
      C’est aussi un film nul. Et à l’époque de CET HOMME les super flics n’envahissaient pas les écrans

    • Martin-Brady dit :

      à EC: il me semble quand même que le côté invincible de Lemmy Caution, c’est un peu ironique non? C’est le rythme qui compte pas le réalisme ou la vraisemblance. Humour quoi! Vous savez bien, ce truc-là, qui fait marrer les gens.

  14. ballantrae dit :

    Total hors sujet pour évoquer deux réussites françaises récentes découvertes lors de la seconde édition du festival Louis Delluc ( cet énoncé doit vous rappeler des souvenirs de plus de 40 ans , cher Bertrand!):
    -Vandal de Helier Cisterne montrant comment un ado plutôt perdu s’invente une nouvelle vie à travers le graffiti.Le sujet qui aurait pu donner lieu à bien des clichés échappe avec une rare justesse aux pièges grâce à une écriture tendue et jamais sursignifiante.La photo et le montage sont admirables comme l’interprétation des jeunes inconnus ou celle des seconds rôles ( notamment les deux pères Ramzy et JM Barr).Rappelons que le film a obtenu le Delluc du premier
    film.
    -Suzanne de K Quilleveré après Un poison violent confirme un talent fou que ce soit pour la caractérisation des personnages, la structure du récit, l’évidence du passage du temps ( note en passant: 12 years a slave fut une sacrée déception notamment pour son incapacité à faire sentir ce passage du temps).Le ton est juste, le travail avec les acteurs, magistral que ce soit F Damiens en père camionneur ou S Forestier en Suzanne.K quilleveré à mon humble avis fera autant parler d’elle que d’illustres auteur(e)s telles que P Mazuy, P Ferran voire A Varda ( que j’ai eu l’honneur de voir au MK2 en compagnie de ses deux actrices pour la présentation de la copie restaurée de son formidable Cléo de 5 à 7…punaise, quel talent et quelle vitalité ces trois là!!!).Notons que la jeune cinéaste a placé son film sous le patronage double de deux Suzanne: celle de la chanson de L Cohen et celle de M Pialat dans A nos amours.Le récit nous fait cheminer sur les pas de ladite Suzanne entre passion,maternité, faux pas, lien magnifique avec un père veuf et une soeur toute tournée vers le don qui ne se clame pas.Le film rejoint malgré un matériau possiblement naturaliste l’épure déchirante d’un Stahl ou l’émotion de elle et lui de Mac Carey.

    • ballantrae dit :

      Petite précision car on ne parle pas assez de cet aspect des films: le monteur de ces deux beaux films est Thomas Marchand qui a su se couler dans le rythme saccadé tout en ruptures de Vandal comme dans la fluidité inhérente aux blocs temporels de Suzanne.
      Un nom à retenir à n’en pas douter!

  15. Rouxel dit :

    Allez ,on lache la console et on écarquille les yeux.Bienvenue dans GTA.Le premier du nom.Un film de bagnoles qui n’a pas grand chose à voir avec le jeu vidéo,si ce n’est son titre et qu’il goute bien la tole froissée.Echappé »d’Happy days »,Ron Howard est encore plutot Richie que »Rush ».Le père du « Grinch »et « d’Apollo 13″tourne là son premier long,une production Roger Corman plus Sheriff fais moi peur que Bullit.On ne boudera pas son plaisir aux sons de drifts en Rolls Royce et de cascades à l’ancienne.L’argument,s’il est vraiment necessaire:Richie et sa belle foncent à toute blinde à Las Vegas pour se marier,poursuivis par tous ceux qui veulent s’opposer à leurs unions….La vhs est sortie dans les années 80 mais le dvd reste inédit.Le film sera projetté le 25 avril prochain à la cinémathèque de Toulouse dans le cadre d »Extreme cinéma.

  16. Manux dit :

    Je n’ai rien lu ici sur ÉCHEC À L’ORGANISATION. Je ne connais de ce réalisateur qu’un sévère nanar carcéral avec Stallone et sa filmographie signale des choses plus graves avec Steven Seagal…

    • Rouxel dit :

      J’avais signalé et donner mon avis sur ce film nerveux et haletant au niveau scénaristique,l’an dernier lors de la sortie du livre dvd.Robert Duvall compose un tueur en gages en fin de parcours qui se livre à une impitoyable vengeance. »The outfit »est la 3ème adaptation au cinéma de la série de romans de Richard Stark.Le personnage de Parker avait été tenu par Lee Marvin dans »Point Blank/Le point de non retour »,oublions « Parker »sortie en 2011 avec Jason Statham plutot cascadeur qu’acteur qui me laissera pas un grand souvenir.Le livre de Philippe Garnier est agrémenté de photos et de documents d’archives rares,en bonus on retrouve un entretien de Walter Hill qui a connu John Flynn durant les années 70.

    • richpryor dit :

      Je crois que je vous avais déjà répondu sur une autre rubrique du blog à propos de ce film. C’est un excellent film et John Flynn a aussi réalisé Rolling Thunder dans la même veine avec pareil des acteurs intense (Duvall, Lee Jones) et un scénario (RT est de Paul Schrader) surprenant qui surtout va jusqu’au bout de ses idées et au bout de la violence et la noirceur inhérente à ce genre d’histoire. Deux petits chef-d’oeuvres.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A riochpryor
        Je ne suis pas fou de Rolling Thunder dont le sujet s’épuise vite et se dilue dans une longue scène de violence. Je préfère The OUTFIT mais je ne suis pas sur du talent réel de John Flynn. Le SERGENT m’avait paru nultra académique

        • richpryor dit :

          Moi je trouve que Rolling Thunder a plusieurs facettes intéressantes et très mémorables. Des idées pas forcément très originales comme le soldat revenu du Vietnam qui est hanté par les tortures subies dans des camps de prisonniers ou bien le meurtre de la famille par des dégénérés et la vengeance finale, mais c’est la manière de les présenter qui marque l’esprit. Par exemple quand Devane débarque dans la famille de son ami joué par TLJ et lui dit qu’il a enfin repéré les meurtriers: pas de séquence émotionnel conventionnel d’amitié entre soldats ou de ralentissement de l’intrigue. Tommy Lee Jones cherche doucement son fusil dans l’armoire pendant que Devane lui expose les faits méthodiquement (ils lui dit qu’ils sont dix!) et après l’avoir écouté déclare tranquillement: « well, let’s go clean ’em up ». Voila comment réagirait deux hommes qui mentalement sont encore en guerre et c’est la brutalité mais aussi la beauté d’une telle amitié qui est mémorable. Pareil pour le plan final ou après la fusillade les deux soldats se tiennent l’un à l’autre en sortant. Rien à voir avec un quelconque Death Wish qui pour le coup épuise bien son sujet en un clin d’oeil et est d’une pauvreté navrante.

  17. Rouxel dit :

    Fin connaisseur du cinéma puisqu’il a co-signé « 20 ans de cinéma américain »avec Coursoudon et Bertrand,Yves Boisset reste un de mes cinéastes préféré pour son engagement et son cinéma contestataire des années 70.de »L’attentat »toujours inédit en dvd,à « RAS »sur la guerre d’Algerie ou »Allons z’enfants »sorti en coffret en décembre dernier avec »Le prix du danger »sans oublier « Dupont Lajoie »qui reste malheureusement un film d’actualité avec les récentes élections municipales et le retour de la bète immonde! »Le juge Fayard dit le sheriff »n’est jamais sorti en dvd(Je pense que ça doit gener depuis 40 ans les pouvoirs de droite comme du PS.Je voulais revenir sur »Un taxi mauve »qui devait etre un succès avec La fièvreuse Charlotte Rampling et l’immense Philippe Noiret puis Peter Ustinov qui s’en donne à coeur joie.Fred Astaire ne joue pas un danseur de claquettes mais le docteur Scully plein d’humour et de malice dans le jeu.Le film n’est pas un documentaire carte postale mais des plans superbes photographiées par le virtuose Tonino Delli-Colli sur une musique de haute tenue composée par Philippe Sarde.Malheureusement le film n’a pas trouvé son public qui était habitué à des films pamphlettaires et fort engagé.Bon Boisset a bifurqué vers la tv ou il a réalisé « Le pantalon »sur l’affaire Dreyfus »mais aussi’A droite toute » avec un Bernard-pierre Donnadieu crédible dans le role d’un nazillon.

    • Martin-Brady dit :

      à Rouxel: à propos de Yves Boisset, je viens de revoir LE JUGE FAYARD avec plaisir, croyant que la revision serait cruelle, et non très bonne surprise: Patrick Dewaere ne frime absolument pas style Superjuge comme je le croyais, mais est au contraire très fin, sachant faire passer des choses sur le poids de la hiérarchie, sur la réalité du métier qui m’avaient échappé. Je me fous des extravagances type l’évasion invraisemblable, ou l’assassinat du témoin gênant joué par François Dyrek à l’hôpital, Claude Veillot et Boisset (avec l’aide de Luc Béraud) ont construit un scénario de polar vachement bien construit et presque trop riche en péripéties, on peut dire que ça s’enchaîne très vite et qu’on est pas déçu question polar. La politique finalement, n’est pas si plaquée que ça, dans mon souvenir ça n’était qu’un prétexte je ne pense plus pareil.
      Je trouve que Boisset est drôlement balèze pour avoir réussi à mener une histoire aussi fouillée avec un si grand nombre d’acteurs à diriger. Il y a de quoi se régaler avec les seconds rôles: Bozzuffi, Jean-Marc Bory, Michel Auclair, même Léotard est meilleur que dans mon souvenir, excellent duo avec Dewaere: certaines scènes sentent vraiment la sueur, la difficulté à mener une enquête, le travail et il y a une chaleur humaine, tout le monde fait le même film (comme disait Sidney Lumet!). Il y a une scène presque drôle par l’excès avec lequel le juge pousse à bout le pauvre témoin (certes, bandit mais quand même) joué par Dyrek mourant, à l’hosto, pour lui tirer les vers du nez et j’ai rigolé pour de bon en voyant le docteur qui vient interrompre l’interrogatoire-quasi passage à tabac en traitant le juge de gestapo, reconnaissant Jean Martin, qui jouait le fameux colonel tortionnaire dans LA BATAILLE D ALGER… Excellent film, je crois que je vais me payer l’autobio de Boisset car j’avais aimé son interview à ce sujet dans l’émission Mauvais genres, et j’aimerais bien revoir DUPONT LAJOIE. R.A.S. ou L’ATTENTAT revus récemment, ne m’avaient pas paru aussi réussis.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Martin-Brady
        Moi aussi j’avais pris un vrai plaisir en revoyant ce film et je vais regarder RAS qui m’avait plu et ALLONS ENFANTS que j’avais aimé

  18. Martin-Brady dit :

    CET HOMME EST DANGEREUX est une découverte absolue pour moi, vu que je ne savais pas qu’on avait été aussi loin dans la loufoquerie et l’absurde dans le genre polar fantaisiste. Lemmy Caution, américain, discute en anglais avec une compatriote: au bout de deux lignes, il la coupe: « parlons en français, les gens n’aiment pas les sous-titres! ». Tout est comme ça! L’invraisemblance fait ici partie du style, les gangsters sont aussi bêtes que dans les meilleures bd de Tillieux (Gil Jourdan), l’un d’entre eux surnommé « l’athlète » tente de reproduire la posture d’une statue, un autre se ronge les ongles les yeux dans le vide absolument pas concerné, ils se font tous casser la figure par Lemmy, sans trop vouloir se venger, après une raclée, Guy Decomble passe son temps à bouder, on se demande à quoi ils sont payés, ils foutent strictement que dalle! Pourtant leur chef joué par Grégoire Aslan a l’air très méchant et est d’ailleurs excellent dans le 1er degré, découpant ses répliques avec sardonisme, il noue avec Lemmy des rapports d’admiration-haine: désirant le tuer en douce dans une séquence pour se raviser et s’en faire un allié plus tard avant de changer encore d’avis! On rit de le voir si indifférent et menaçant à être entouré d’une pareille équipe de bras cassés! Il semble d’ailleurs amoureux de l’un de ses seconds corrigé par Lemmy. On se demande si le « surréalisme » (je mets des guillemets exprès pour prendre ce terme dans son sens familier) est vraiment du côté de certains films d’avant-garde ou expérimentaux et pas plutôt chez ce Lemmy Caution! L’HABIT VERT dans le genre boulevard m’avait fait la même impression…
    Les femmes sont formidables: Colette Déréal, intrigante vénéneuse et amoureuse, sans aucune rancune fait un grand sourire à Lemmy avant de se faire embarquer par les flics, ou Jacqueline Pierreux, boule de nerfs et de haine jure de descendre Lemmy pour mieux continuer à lui cracher sa haine après une belle gifle, plus tard bien sûr elle s’associe avec lui: il y a une succession de changements de camps incessants, tous s’opposent et s’allient tour à tour avec le héros (j’ai pensé à certains marivaudages ou le serviteur se déguise en maître ou vice versa ou en tout cas change de rôle en cours d’histoire!). En même temps, la photo admirable de Marcel Weiss réserve plein de surprises ne serait-ce que lors des deux bagarres finales parallèles: l’une sans pitié entre Constantine et Aslan, une autre gamine, à coups de jet d’eau (pour la beauté des jeux de lumière) entre Déréal et Claude Borelli, troisième merveille féminine du film. Vachement bath! Ca c’est du Caution! Merci de me l’avoir fait découvrir je me suis marré tout le temps! D’ailleurs, inutile de chipoter: c’est un chef d’oeuvre.

    • Martin-Brady dit :

      à Bertrand: oui, j’ai pas réussi à caser ça: le loufoque et la légèreté contrastent avec la sauvagerie de la violence (à la fin). On a un peu envie de parler pour CET HOMME d’une singularité née d’une indécision partielle de mise en scène (vous savez comme on disait à propos de ARROWHEAD ou d’autres) mais celle-ci a vraiment l’air d’être tenue d’une main ferme. Sacha apparaît ici qqn lâchant la bride à ses collaborateurs sans souci de synthèse de mise en scène comme on la comprend habituellement, MAIS la photo totalement tragique maîtrisée tradition « film noir US » (donc hiératique même admirable), si elle paraît contredire le pétéradage joyeux et voulu du rythme, ce contraste même ne me paraît pas incongru ou hors de propos du moins. Ou alors, c’est que l’incongru est l’essence même du film, bien sûr! On aurait ce même type de contraste dans certaine avant-garde, non? En tout cas, on l’a dans certains Bunuel qui aime le télescopage entre le style visuel « sérieux » qui montre et les péripéties montrées parfois grotesques (LE CHARME DISCRET est aussi une comédie burlesque comme le film de Sacha…).

      • Martin-Brady dit :

        à Bertrand: dites comme mon 1er commentaire n’a pas été publié, on va rien comprendre au deuxième!…

        • Martin-Brady dit :

          Je remets le 1er là, on verra bien:
          CET HOMME EST DANGEREUX est une découverte absolue pour moi, vu que je ne savais pas qu’on avait été aussi loin dans la loufoquerie et l’absurde dans le genre polar fantaisiste. Lemmy Caution, américain, discute en anglais avec une compatriote: au bout de deux lignes, il la coupe: « parlons en français, les gens n’aiment pas les sous-titres! ». Tout est comme ça! L’invraisemblance fait ici partie du style, les gangsters sont aussi bêtes que dans les meilleures bd de Tillieux (Gil Jourdan), l’un d’entre eux surnommé « l’athlète » tente de reproduire la posture d’une statue, un autre se ronge les ongles les yeux dans le vide absolument pas concerné, ils se font tous casser la figure par Lemmy, sans trop vouloir se venger, après une raclée, Guy Decomble passe son temps à bouder, on se demande à quoi ils sont payés, ils foutent strictement que dalle! Pourtant leur chef joué par Grégoire Aslan a l’air très méchant et est d’ailleurs excellent dans le 1er degré, découpant ses répliques avec sardonisme, il noue avec Lemmy des rapports d’admiration-haine: désirant le tuer en douce dans une séquence pour se raviser et s’en faire un allié plus tard avant de changer encore d’avis! On rit de le voir si indifférent et menaçant à être entouré d’une pareille équipe de bras cassés! Il semble d’ailleurs amoureux de l’un de ses seconds corrigé par Lemmy. On se demande si le « surréalisme » (je mets des guillemets exprès pour prendre ce terme dans son sens familier) est vraiment du côté de certains films d’avant-garde ou expérimentaux et pas plutôt chez ce Lemmy Caution! L’HABIT VERT dans le genre boulevard m’avait fait la même impression…
          Les femmes sont formidables: Colette Déréal, intrigante vénéneuse et amoureuse, sans aucune rancune fait un grand sourire à Lemmy avant de se faire embarquer par les flics, ou Jacqueline Pierreux, boule de nerfs et de haine jure de descendre Lemmy pour mieux continuer à lui cracher sa haine après une belle gifle, plus tard bien sûr elle s’associe avec lui: il y a une succession de changements de camps incessants, tous s’opposent et s’allient tour à tour avec le héros (j’ai pensé à certains marivaudages ou le serviteur se déguise en maître ou vice versa ou en tout cas change de rôle en cours d’histoire!). En même temps, la photo admirable de Marcel Weiss réserve plein de surprises ne serait-ce que lors des deux bagarres finales parallèles: l’une sans pitié entre Constantine et Aslan, une autre gamine, à coups de jet d’eau (pour la beauté des jeux de lumière) entre Déréal et Claude Borelli, troisième merveille féminine du film. Vachement bath! Ca c’est du Caution! Merci de me l’avoir fait découvrir je me suis marré tout le temps! D’ailleurs, inutile de chipoter: c’est un chef d’oeuvre.

        • Martin-Brady dit :

          merci Bertrand, Emile C n’a aucune excuse pour changer d’avis sur le Sacha comme ça! (« bis repetita placent » et tout ça comme disait le poète)

  19. Damien DOUSSIN dit :

    A Bertrand Tavernier : questions importantes de formats sur deux films diffusés en version restaurée récemment.
    Arte a diffusé récemment « LA COLLINE DES POTENCES » de Delmer Daves. Je me réjouissais de voir enfin le film en haute définition et dans le bon format ! Vous aviez d’ailleurs critiqué dans une chronique la diffusion en dvd du film dans un format 4/3 ne correspondant pas à la volonté de Daves.

    J’ai donc fait la comparaison du format pendant la lecture entre le dvd et l’image d’arte. Sur l’image en 16/9 d’arte : on perd en haut et en bas de manière non négligeable. Par contre on gagne légèrement à gauche en largeur. Le format (sorte d’1:77) diffusé sur arte n’est assurément pas le bon non plus! Finalement le bon format doit être du 1:66 (et non du 1:85), surtout lorsque l’on voit le générique sur le dvd.
    Donc je pense que pour l’instant le film n’a jamais été diffusé dans le bon format !
    Je fais la même remarque pour « les sentiers de la gloire » diffusé également sur arte où on perdait énormément d’image en haut et en bas par rapport au dvd (qui avait été aussi vendu au format carré).
    Ces deux films auraient donc bien été tournés au format 1:66 ?

    Si Bertrand Tavernier ou quelqu’un d’autre a des informations sur le format de ces deux films, ce serait intéressant car si ces films sont un jour édités en Blu ray, il faudra être vigilants quand au respect du format d’origine. Dans le cas contraire, mieux vaut sans doute garder ces films en dvd et au format 4/3, bien plus proches du format d’origine 1:66 (quitte à perdre en qualité d’image)…

    • Bertrand Tavernier dit :

      Je preche le 1/66 depuis assez longtemps.
      Criterion a fait des copies 1/66 pour les BLU RAY de On the Waterfront et Paths of Glory.
      Reparlons en à l’occasion
      Nicolas Saada

      • nicolas saada dit :

        Depuis deja quinze ans, Walt Disney a sorti la plupart de ses films en dvd ou en Blu Ray au format 1/66. Mais le plus,surprenant, qui vient confimer que ce forlmat correspond a la majorite des films non Cinemascope des annees 50-60, c’ est le Blu Ray de FENETRE SUR COUR d’Hitchcock, en 1/66. Plus curieux encore les autres films du coffret Blu Ray comme VERTIGO ou MAN WHO KNEW TOO MUCH sont en 1:85

        • Damien DOUSSIN dit :

          Merci Nicolas pour ces informations. Sur le site dvdclassik, dans un test dvd récent, le chroniqueur penchait en ce qui concerne LA COLLINE DES POTENCES sur un format 1:85 ce qui m’étonnerait fortement au regard de nos observations ici. Reste qu’avec la VHS, les formats 1:66 ont souvent été tronqués en 4/3 et avec l’avènement des écrans 16/9, on a multiplié les formats 1:85 voir 1:77. Le coté « bâtard » du 1:66 a donc assez peu été exploité dans les ventes de dvd et blu ray des éditeurs américains mais tant mieux si celà change (l’exemple de FENETRE SUR COUR). Reste tout de même à être attentif pour certaines sorties France. Serait-il donc à supposer que le format de VERTIGO ou MAN WHO KNEW TOO MUCH ne serait pas le bon en blu ray ? ATTAQUE d’Aldrich devait être en 1:66 aussi mais vendu je crois (à confirmer pour ceux qui l’ont racheté) en blu ray au format 1:33 (quoique en 1955-56, certains films étaient peut-être encore tournés en 1:33 ?). Cette question des formats que nous avons eu ici, surtout à propos des formats scope RKO, a le mérite d’attirer l’attention sur la nécessité de respecter au mieux le travail du réalisateur lorsqu’il y a édition en dvd ou blu ray d’un film.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Damlien Doussin
          Passion,nantes questions totalement occultées, ignorées pendant des années et toujours maintenant par la critique

        • Martin-Brady dit :

          C’est curieux que le format requis à la projection n’ait jamais été une règle quant à l’afficher au générique, surtout chez les Américains très formalistes avec tous leurs syndicats, là c’aurait été une demande du syndicat des chefs op.
          Après tout, c’aurait été une défense du travail de celui-ci.
          On l’a fait pour le cinémascope parce qu’il y a marque déposée…

  20. H.P.LORNER dit :

    Je découvre votre blog et vos échanges passionnants. Au sujet de Resnais dont la disparition nous laisse bien tristes, Pierre Arditi nous avait en quelque sorte alerté lorsqu’il avait révélé il y a un an que Resnais l’avait appelé pour lui dire qu’il ne serait pas de sa prochaine distribution. On espérait que VOUS N’AVEZ ENCORE RIEN VU soit un titre à prendre au pied de la lettre… Hélas. Si j’avais eu des réserves au sujet de quelqu’uns de ces films précédents, notamment LES HERBES FOLLES, et ON CONNAIT LA CHANSON, (Godard avait dit que celui-ci était complètement nul) j’ai en revanche trouvé le dernier film tourné avec Arditi, donc, absolument sublime. Je n’ai jamais vu un matériau théâtral aussi originalement adapté, aussi audacieusement traité, et il est vrai que Resnais faisant feu de tout bois, toute la partie concernant les interprètes réunis chez l’auteur appartient à l’univers d’Agatha Christie que Resnais amalgame en douceur à celui d’Anouilh. Le travail de Jacques Saulnier combiné pour ce film à des effets numériques est une réussite totale, et une fois de plus les choix musicaux de Resnais surprennent. Comment pouvait-on imaginer que le compositeur de X-FILES vienne accompagner un pareil film ?
    Resnais laisse une oeuvre totalement originale, iconoclaste, capable d’accueillir tout type de spectateur, et pour en revenir à Jacques Saulnier, je crois qu’il a été un élément déterminant dans son oeuvre comme rarement un décorateur l’aura été pour un metteur en scène. LA VIE EST UN ROMAN, pour lequel j’ai également des réserves (dialogues agaçants, Gassman sous-employé, sentiment de rester en surface des choses) est pourtant un film que je revois souvent à cause précisément du travail fantastique de Saulnier, qui est par ailleurs un homme délicieux, passionné par son travail et qui adore en parler.
    N’hésitez pas non plus à revoir I WANT TO GO HOME, qui fut longtemps un repoussoir dans son oeuvre et qui, malgré un Depardieu peu concerné, est un vrai plaisir. Dans le supplément du DVD, Marin Karmitz compare ce film à LA REGLE DU JEU. Je suis assez d’accord avec ça.

  21. Rouxel dit :

    Niels suit allegrement les traces de son père avec son nouveau film »De toutes nos forces ».On est très loin de la caricature des personnes handicapées d’Intouchables.J’ai lu dans Télérama que c’était un film illustratif qui manquait de matière et d’une grandeur dans la mise en scène.C’est absolument faux,Jacques Gamblin est un père en souffrance,sans travail et qui passe à coté de son fils sans le remarquer.Alexandra Lamy est une mère attentive qui couve son fils né avec un handicap,c’est une mère protectrice comme beaucoup de mamans.Quand à fabien Heraud,je trouve qu’il est crédible et fait resortir son caractère de battant.

  22. Rouxel dit :

    « Jusqu’au bout du monde »est un film de François Villiers sortie en 1962 en pleine nouvelle vague et qui mérite le détour pour le jeu de Pierre Mondy.Il y a une forte émotion dans l’histoire de ce marin qui revient en Corse au bout de dix ans.Là il va faire la rencontre de son fils qui vient de perdre sa mère.Tout au long du periple ils vont se découvrir,apprendre à se connaitre et essayer de rattraper le temps perdu.Tourné en noir et blanc dans la Corse sauvage,Villiers nous montre des personnages solidaires loin des clichés sur le peuple de l’ile de beauté.

  23. Rouxel dit :

    Film incontournable dans la carrière d’Orson Welles »La soif du mal »malgré les critiques assassines lors de sa sortie en 1957 reste le film le plus abouti au niveau de la mise en scène et sur le plan technique.Le premier plan est à lui tout seul une veritable leçon de cinéma avec la camera sur grue qui va suivre pendant plus de trois minutes la voiture à travers les rues,balayant les commerces,hotels,restaurants d’une virtuosité inoui.Mais la force du film vient de l’interprétation de Welles dans le role de Quillan,un policier vereux imbue de sa personne et alcoolique notoire.Lors du tournage il n’avait que 42 ans mais à l’écran il en parait 60.Un travail à été fait sur les maquillages,la teinture des cheveux et sur la gestuelle puisqu’il utilise une canne,objet qui à une grande importance dans le scénario.Concernant Charlton Heston,c’est à mon humble avis son meilleur role dans sa longue carrière.N’hésitez pas à revoir avec passion ce chef d’oeuvre inclassable.

  24. Jean-François Houben dit :

    Afin de prolonger la lecture des commentaires rédigés ici par Bertrand Tavernier à propos d’Henri Verneuil, les internautes curieux pourront lire ici une interview de BT sur ce sujet:
    http://www.telerama.fr/cinema/bertrand-tavernier-henri-verneuil-etait-capable-du-meilleur-comme-du-pire,103894.php
    Bàv,
    JFH

  25. Michael Rawls dit :

    Ac-tu-a-lly, as the great Lindsay Anderson would say, it’s not Boutling. It’s Boulting. But then one does note this sort of discrepancy between article titles or photo captions and the ac-tu-al text itself at the English language guardian.com, the best English language source for obituaries for film artistes, I believe. Particularly of a foreign persuasion. And if they’re written by Ronald Bergan.

  26. ballantrae dit :

    Que se passe t’il Bertrand? Vous semblez déserter le site à notre grand regret…
    A bientôt,après la promo mondiale de Quai d’Orsay et/ou la préparation du prochain film et/ou l’achèvement de la nouvelle mouture de 50 ans de cinéma américain ( 70 ans? 80 ans? 100 ans?).

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Promo de QUAI D’ORSAY aux USA et Canada et cours à Columbia et Bard College. Revu PLATINUM BLONDE et WILD RIVER dans une belle copie 35 restaurée par Martin Scorsese

      • ballantrae dit :

        Absence pour la bonne cause donc!
        J’espère que l’accueil fut chaleureux et que le comique a pu passer sans mal l’Atlantique sans trop de déperdition linguistique ( le comique verbal occupe une part non négligeable du film de même que nb de signes intelligibles pour des Français).
        La réception a dû être intéressante aussi sur le plan strictement politique compte tenu de la part occupée par le refus d’engagement dans un conflit évoquant de manière transparente la seconde guerre du Golfe.En pleine discussion autour du GMT, cette réaffirmation du panache du libre arbitre ne manque pas de piquant…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Ballantrae
          Cela s’est bien passé. Deja à Toronto Variety, Screen et Hollywood reporter avaient écrit des articles ultra élogieux. J’ai eu d’excellents retour de Thelma Schoonmaker qui trouvait que c’était un film très jeune et super bien monté

      • Martin-Brady dit :

        Welcome back, sir!
        et pourrait-on voir ces cours, s’il y en a une version écrite? Ca m’intrigue… ça m’intrigue…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin brady
          Pas de version écrite mais peut être les ont ils enregistrés

      • Rouxel dit :

        J’ai lu sur le site en ligne du Washington post que les journalistes qui ont assisté à la projection de « Quai d’Orsay »étaient triés sur le volet de l’indécence concernant les questions.Est ce vrai qu’un journaliste à écrit que votre film était mièvre et froid comme la glace.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Rouxel
          Aucune question de la sorte. Je n’ai eu qu’une seule projection avec des journalistes dans l’ensemble tous positifs. Je n’assistais pas aux autres et au Lincoln Center l’accueil a été très chaleureux. « Le principal ennemi de la presse, c’est l’information »

  27. Phildesfr dit :

    Très intéressant article consacré à l’industrie des effets visuels « classiques » (matte paintings) du cinéma anglais, de David Lean à James Bond : http://nzpetesmatteshot.blogspot.fr/2014/03/movie-magic-at-rank-organisation.html

    Le reste du blog est tout aussi passionné et renseigné sur l’ensemble de l’industrie des VFX classiques, à parcourir !

  28. ballantrae dit :

    Entièrement d’accord avec les réactions indignées de Gilles Jacob et de la SACD concernant les hommages plutôt discrets à Resnais sur le service public.
    Cela n’est qu’un symptôme de plus de la manière dont évolue le regard sur la culture après les polémiques frelatées sur la pseudo nationalisation du cinéma au profit de films qui ne ratisseraient pas assez large pour le public , qui ne feraient pas assez d’entrées.
    Vos difficultés pour monter des projets, Bertrand, celles qu’a pu rencontrer Resnais sont des indices certains que qq chose pourrait être sur le point de ses casser.
    Le GMT n’arrangera rien à l’affaire et pourrait précipiter la fuite en avant et le réveil sera rude cf nos voisins espagnols, portugais, italiens voire grecs.
    Dans la déclinaison actuelle de la « stratégie du choc », la règlementation opérée par l’état est l’ennemi à abattre et la culture sera la première victime précédant de peu l’éducation et la santé.
    Escamoter la disparition d’un créateur comme Resnais signifie un mépris hallucinant envers ce que la culture française peut offrir de meilleur: singularité, amour envers tous les arts, recherche formelle, sens de l’engagement, amour envers le travail des acteurs.
    Il faut découvrir ses films, les revoir, les faire découvrir aux jeunes générations qui -croyez-moi- ne demandent qu’ à être surprises par ces audaces tranquilles, les demander aux salles en reprise qd on ne peut agir sur la programmation.
    Resnais a imaginé un cinéma vivant qui nous amène vers le meilleur de notre intelligence et de notre conscience politique ou existentielle.

    • Alexandre Angel dit :

      J’ai votre message sous les yeux alors que j’ai découvert hier soir AIMER,BOIRE ET CHANTER, que j’irais revoir ce week-end tant ce que j’en ai perçu m’a semblé riche et ré-explorable. D’abord, vous évoquez à juste titre la discrétion des hommages. J’ajouterais aussi que la critique du film est plutôt tiédasse sur l’air de « c’est élégant mais mineur » ou bien « c’est pas du grand Resnais mais bon, comme testament, c’est sympa ». Certes, cela n’a pas le côté débridé, puissamment imprévisible de COEURS ou des HERBES FOLLES. Certes, le matériau utilisé n’a pas l’ampleur et l’originalité de celui de SMOKING/NO SMOKING. Certes encore, on est pas obligé de s’aplatir systématiquement devant le nouvel opus d’un grand artiste quand bien même sortirait-il à titre posthume. A ceci près que AIMER,BOIRE ET CHANTER n’est aucunement mineur, désolé. Il est juste légèrement plus récréatif que les derniers (et en cela assez proche de PAS SUR LA BOUCHE) mais tout aussi étonnant, inventif, délicieux à l’œil, à l’oreille et à l’intellect. Pour ma part, je l’ai visionné dans un état de ravissement générateur d’une soif de tout revoir, de tout relire sur Resnais. Pour moi, il n’a raté qu’un seul film (et encore de façon agréable), c’est I WANT TO GO HOME.
      AIMER,BOIRE ET CHANTER déconcerte une fois de plus (et c’est tant mieux) mais stimule encore, toujours et enrichi, à sa façon, si semblable et si unique, l’œuvre du maître.

      • ballantrae dit :

        Quel bel au revoir que ce Aimer, boire et chanter placé sous le double signe du théâtre et de la bande dessinée.
        Le film est drôle, généreux et émouvant tout en nous conviant à une vraie fête de l’esprit par ses choix de mise en scène détonnants: utilisation des dessins du génial blutch (qui influence souterrainement toute la forme du film notamment à l’occasion de gros plans que je ne décrirai pas mais qui trouvent l’expressivité des cases analogues dans Pour en finir avec le cinéma par exemple), travellings sur la campagne anglaise, décors hyper stylisés qui semblent avoir trouvé chez Pitoeff le secret d’un décor stylisé proche des aplats de couleur d’un N de Stael.
        Et quel texte! Et quelle troupe! Et quel ultime plan pied de nez d’une impressionnante sérénité!
        Un grand film de plus pour une être humain magnifique.

      • ballantrae dit :

        Une idée me traverse l’esprit en voyant ce Aimer, boire et chanter: le fameux Georges dont tout le monde parle n’est pas sans évoquer le Georges générique des pièces du formidable R Dubillard ( Diablogues entre autres) qui est souvent cité et jamais visible.
        J’aimerais beaucoup jeter un oeil sur cette pièce afin de voir ce qui vient d’Ayckbourn et ce qui est imputable à Resnais.

    • Rouxel dit :

      Vu cette semaine le dernier film réalisé par Alain Resnais »Aimer,boire et chanter »est une oeuvre lumineuse,un régal pour les yeux et une veritable leçon de vie et d’amour pour ce cinéaste qui avait à mon avis une grande jeunesse d’esprit.

      • ballantrae dit :

        A tous les blogueurs, courez voir Aimer, boire et chanter!!!
        Le film est inventif, drôle , émouvant.Vous me direz des nouvelles de la force de la dernière séquence.
        Pour ceux qui se diraient que c’est trop intello, trop théâtral je répondrais que nous avons fait le pari d’y aller avec notre fils de 7 ans et demie: il a bcp ri, a été surpris , est ressorti avec pleine de questions et ne s’est pas ennuyé une seconde.
        Réflexion étonnante de sa part: « mais pourquoi on en voit pas Georges? » dans un premier temps et -après observation d’une photo de tournage dans Positif (sans qu’on lui ai dit quoi que ce soit)montrant Resnais au milieu de sa troupe « Mais c’est lui Georges!!! » (et là il pensait avoir accédé à un mystère qui le chiffonnait depuis la séance).

        • Alexandre Angel dit :

          Mais c’est que chez Resnais règne le ludique!
          J’ai vu JE T’AIME, JE T’AIME un soir sur la 3 quand j’avais 9 ans et bien que je n’y entravais que pouic, je me souviens m’y être beaucoup amusé alors que le climat est plutôt dépressif mais il y a d’irrésistibles touches d’humour : la souris qui se balade sur la plage, la cabine téléphonique remplie d’eau, le mec en smoking avec une tête de créature du Black Lagoon..
          Votre fils aimera sûrement ce cinéma-là.
          Quand à AIMER, BOIRE ET CHANTER, on y trouve (entre autres choses) le spit-screen le plus étonnant de l’histoire du procédé (une p’tite sentence définitive de temps à autre ne fait pas de mal..).

  29. Frederis Ettenein dit :

    Bonsoir Monsieur Tavernier, je découvre blog que m’a conseillé mon cinéphile de petit frère. Lisant votre billet, vous m’avez donné envie de voir Rembrandt, j’aime les films qui parlent des artistes. A propos je vous en conseille un à mon tour : Le Temps retrouvé, de Raoul Ruiz (1999) qui raconte la longue agonie de l’écrivain Marcel Proust vers 1922-1923, cette agonie est filmée du point de vue intérieur, c’est à dire que Ruiz filme les visions délirantes de Proust voyageant à travers ses propres créations littéraires, revisitant une dernière fois les lieux qu’il a inventés (la maison de Combray, la station balnéaire de Balbec) rencontrant et devisant avec ses personnages. Je vous le conseille, car c’est un film très original sur la mort, on a l’impression d’assister à un rêve d’une heure et demie, dans une ambiance onirique, dans une époque dont les styles formels se prête bien à l’onirisme (la Belle Epoque, 1880-1910, que reconstituent bellement les décors et les costumes). Outre que ce film m’a paru, à moi qui ai lu de nombreux romans de lui, très juste avec l’univers de Proust, il met bien en valeur l’esprit très brillant et torturé de cet écrivain hanté par les souvenirs obsédant de ses perceptions sensorielles, et dépeint également avec finesse, comme Proust, la vraie vulgarité des milieux aristocrates vivant dans le raffinement, la debauche et la frustration. Ce qui d’autre part pourrait vous intéresser est qu’une partie du film se déroule durant la guerre de 14, que Ruiz arrive selon moi à restituer avec force et vérité grâce à une ambiance crépusculaire et des dialogues féroces, toujours dans une ambiance onirique.

    Au passage, j’adore L.627, c’est un film que je regarde tous les 15 jours. Je ne m’en lasse pas. De votre filmographie, c’est mon préféré. 🙂

    • Bertrand Tavernier dit :

      A frederis Ettenein
      J’avais adoré le Ruiz vu en salle à sa sortie. Vous me donnez envie de le revoir

  30. Alexandre Angel dit :

    A Bertrand Tavernier
    Merci (pour tout, d’abord), mais plus spécialement pour votre conseil concernant SUGAR MAN. Rien à ajouter sur le film, mais plutôt sur la musique. J’ai écouté les deux premiers albums de Rodriguez (« Cold Fact » et « Coming From Reality »)sur Youtube et les ai trouvés épatants. Leur originalité est moins dans la proposition musicale (à une époque où les expérimentations étaient reines) que dans le rendu extrêmement net de ce qu’il nous est donné d’entendre. On a une vue, ou plutôt une écoute imprenable sur chaque note, chaque idée , souvent bricolée, d’arrangement. Et idem, évidemment, quant à la voix de l’artiste, égrenée, claire et puissante, donnant l’impression qu’aucun mot n’est perdu. C’est à la fois raffiné et fait de bric et de broc, limpide et rugueux.
    Essayez, par association d’idée (et si vous ne connaissez pas) »Forever Changes » de Love (chez Elektra ou Rhino Records), formidable album psychédélique aux accents soul et hispaniques auxquels je songe à l’écoute de Rodriguez ou bien « Pink Moon » ou « Five Leaves Left » de l’élégant cousin british et folk soul du mexicain de Detroit qui, lui, s’est réellement suicidé: à savoir Nick Drake.

  31. Manux dit :

    Le CINEMA FRANÇAIS s’est toujours montré d’un conformisme navrant face aux idéaux dominants. L’académie des césars vient d’en faire l’éblouissante démonstration, en sur-récompensant un film sur l’ambiguité sexuelle concurrent d’un film aux cheveux bleus avec lequel on nous rabat les oreilles depuis un an. En compétition avec Polanski (quand même) on trouvait également un film sur les joies de l’homosexualité estivale en Aveyron resté une semaine à l’affiche. Mais pour affirmer jusqu’au bout son conformisme, l’académie a donné le césar du meilleur court métrage à un film intitulé AVANT QUE DE TOUT PERDRE. L’histoire d’une femme en détresse qui prend la fuite avec ses enfants pour échapper à un mari violent, un malabar barbu habillé de kaki qui se promène avec un chien de chasse. Tout en nuances. Filmé comme un sujet pour Enquête exclusive, le pic émotionnel s’exprime lors d’une scène où l’enfant pousse des cris de terreur à l’idée que sa mère puisse se rapprocher de son père, prédateur brutal et sans état d’âme dont on n’imagine pas un instant qu’il puisse aussi aimer ses enfants. Le dernier plan voit partir la jeune femme et ses deux enfants sur un parking de supermarché. Tout un symbole. Décidément le cinéma français ne se sera montré insoumis que sous l’occupation allemande…

  32. ballantrae dit :

    Après Marker, Resnais nous quitte.
    Je suis extrêmement triste mais aussi un peu amer et en colère en pensant aux difficultés de financement rencontrées par ses derniers films ( bon sang, les prods, il s’agit d’ALAIN RESNAIS!!!!!)mais aussi au fait qu’il repartit bredouille de Cannes en 2009 en ayant fait un film aussi fou et inventif que Les herbes folles.Ne parlons même pas de l’indifférence polie qui accueillit l’inventif, vertigineux et ludique Vous n’avez encore rien vu.
    Qu’un cinéaste aussi génial que Resnais ,avec un degré d’exigence et de remise en cause constante aussi élevé,ait pu souffrir de l’évolution du cinéma en France m’énerve au plus haut point.Nous vivons une époque formidable!
    Je vais me faire un cycle Resnais , vais tout faire pour montrer ses films en salle.
    Une pensée pour sa bande et pour Sabine Azéma bien
    évidemment.

    • Bertrand Tavernier dit :

      Cher Ballantrae, il a certainement connu des problèmes et des refus (d’arte JE CROIS) mais il réussi à enchainer un grand nombre de film sur des sujets que dans tous les autres pats on aurait eu encore plus de mal à financer. On ne peut pas dire qu’il lorgnait vers la facilité. Je l’adorais. C’est un grand vide.

      • ballantrae dit :

        Des refus d’Arte…eh bien!
        Certes Alain Resnais a su montrer une vraie pugnacité pour monter un projet malgré tel refus cependant, malgré son élégance qui le conduisait à se réjouir de tourner plutôt qu’ à ressasser le projet avorté, je suppose que de tels refus ne pouvaient que blesser et/ou fatiguer.
        L’énergie d’un artiste devrait consister à créer et non à courir après un montage financier surtout après un beau parcours comme le sien.
        Je ne peux m’empêcher de songer à des époques pas si lointaines où un Dauman finançait Ran alors que kurosawa peinait à réunir des fonds, où un Toscan montait envers et contre tout sous le soleil de Satan d’abord parce qu’il pensait inconcevable de laisser Pialat sans travailler et on pourrait multiplier les exemples.
        Des bouses intersidérales polluent les écrans avec des budgets multimillionnaires et des créateurs comme A Resnais ou vous doivent faire du démarchage! Honte à ceux parmi les prods qui sont atteints de cécité ou d’amnésie concernant les parcours de grands cinéastes.
        Note en bas de page, je vais me précipiter pour découvrir le dernier opus en rêvant aussi au projet qu aurait consisté à inclure des analepses en BD (de Blutch???) comme si Resnais renouait de + en + avec ce pan de sa culture.
        Demain Projection privée sur France culture sera consacré à une évocation de Resnais avec plusieurs collaborateurs récents.On peut aussi réécouter les entretiens de M Ciment en podcast sur le site de France culture.

        • Oui, un grand vide après la disparition d’Alain Resnais qui a tant apporté au cinéma depuis ses courts-métrages. MARIENBAD supporte toujours autant de visions, rarement un film sera allé aussi loin sur le plan de l’expérimentation. Un autre film de lui me semble majeur, on n’en parle jamais comme s’il était maudit, STAVISKY. Il passe souvent pour académique ce que je trouve totalement absurde. Mankiewicz n’aurait pas fait mieux ! Je le trouve d’une confondante maîtrise et me suis toujours demandé si son sujet n’avait pas agi en vase de Soissons sur notre inconscient collectif…
          Le travail que Resnais a accompli avec les acteurs, notamment sur ses derniers films, va très loin également sur le plan de l’expérimentation, dépassant en subtilité et émotion tout ce que l’on a pu voir au cinéma depuis longtemps ( Arditi/Azéma dans SMOKING, NO SMOKING, Anne Consigny dans VOUS N’AVEZ ENCORE RIEN VU…) Les perspectives qu’il a ouvertes en tentant une jonction inattendue entre théâtre et cinéma balaye à mon sens définitivement cette idée reçue que le théâtre et les acteurs de théâtre seraient nuisibles au grand écran. Il est tout de même aberrant d’acclamer SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE de Bergman tout en restant de marbre devant les derniers Resnais. Ma seule explication est que la langue française est devenue chez nous insupportable au point de lui préférer le suédois ou le thaïlandais.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin Brazdy
          entièrement d’accord. Et en même temps la violence est beaucoup plus seche et teigneuse que dans les Borderie qui ont pris un sacré coup de vieux et dont la mollesse de mise en scène étonne

        • ballantrae dit :

          Emission de M Ciment magnifique et riche.
          Note en passant: blutch me semble avoir été nourri par Je t’aime, je t’aime-beau film méconnu et un peu maudit- dans son dernier album Lune l’envers.
          Ce soir sur Arte ne pas manquer Hiroshima mon amour ,si vous n’avez eu l’occasion de le revoir depuis longtemps, lors d’une soirée Duras.

  33. Samuel dit :

    Bonjour monsieur Tavernier.
    Si vous avez le temps j’aimerais solliciter vos connaissances en cinéma pour élucider une affaire concernant la fin de Heaven Can Wait d’Ernst Lubitsch.
    J’ai récemment appris qu’il y aurait peut être une fin alternative à celle que je connais (on y voit le garçon d’ascenseur demander à Satan s’il doit descendre et Satan répond « no, up ! » et FIN)
    Ici vous pouvez voir http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?f=11&t=19495&hilit=Le+ciel+peut+attendre que plusieurs personnes pensent se souvenir (à tort ?) d’une autre fin (dans laquelle le personnage principal une fois dans l’ascenseur, voyant une jolie fille se diriger vers l’enfer décide de la suivre en finissant sur un « heaven can wait ») mais personne n’a trouvé de preuve définitive qu’elle ait jamais existé.
    Avez vous déjà entendu parler de cela ? Savez vous quelque chose là dessus ?
    Merci 🙂

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Samuel
      cette fin, Jean Pierre Melville me l’a racontée plussieurs fois mais je n’ai jamais pu la voir et on n’en trouve pas trace dans les archives qu’on peut consulter à Berkeley selon Tom Luddy

    • Michael Rawls dit :

      To M. Samuel, I too have read somewhere of this alternative ending but after trawling the internet, I can’t find any more solid evidence of its existence than M. Tavernier has. But the alternative ending would explain the title (« Heaven can wait! »). And Lubitsch and Raphaelson did dilute the original play, in which Ameche’s character was having an affair with his wife’s younger sister while his wife was alive and then married the sister after his wife’s death (is there anything damnable about the latter? Or the former?). Perhaps this superior ending may be found in the original play BIRTHDAY by the multiple monickered (no doubt for reasons of survival)Leslie Bush-Fekete. And the explanation for the dilution may be found in the files of the Motion Picture Association of America.

  34. ballantrae dit :

    Quant à Marker, bien évidemment il faut le découvrir et le redécouvrir: il a traversé le cinéma souvent en contrebande mais son oeuvre reste avec singularité et force comme l’une des plus libres qui soient.
    Pour ceux qui ne connaîtraient pas commencez par Sans soleil et La jetée et vous comprendrez combien Marker est fulgurant et inclassable!

  35. ballantrae dit :

    Le coffret Rohmer fait partie de mes projets d’achat tant tout le monde en dit grand bien.Potemkine est un éditeur décidément indispensable pour la qualité de ses éditions comme pour l’éclectisme souvent clairvoyant de ses choix de shotgun stories de Jeff Nichols au coffret Tarkovski, de Mère et fils de sokourov au coffret Rozier, du totalement délirant Mindgame au coffret Angelopoulos.
    La biographie conçue par De Baecque et N Herpe semble tout aussi indispensable (stock) et s’impose comme une somme qui rejoint les travaux récemment édités sur Ford, Hawks, Renoir ou encore Borzage.
    Rohmer n’a pas été évident à aborder dans mon parcours cinéphile: quand j’avais une vingtaine d’années, j’allais même jusqu’à le conspuer mais il y eut la rencontre avec Pauline à la plage puis Le genou de Claire qui allaient à l’encontre des a prioris par la justesse de l’écriture, la finesse digne du théâtre de Marivaux ou de Musset et la fausse simplicité des partis pris de mise en scène sans parler du charme des comédiennes/personnages.
    Quand Rohmer va à l’encontre de son univers familier à la fois sentimental et contemporain cela donne des oeuvres fortes, très affirmées esthétiquement qui révèlent de manière plus visible la clé de sa réussite: l’exigence millimétrée, le souci du contrôle formel et donc éthique du projet.Perceval le Gallois et son hommage à la langue, à la plastique médiévales, La marquise d’O et son respect obsessionnel du texte de kleist (j’insiste au passge sur la beauté de Mikael Kolaas d’Arnaud des Pallières, beau film passé trop inaperçu l’an passé!!!), L’Anglaise et le duc et son utilisation des toiles peintes, Triple agent et son scénario retors sur fonds de studios (très art nouveau)et de
    bandes d’actu, Les amours d’Astrée et la relation au cadre naturel susceptible de révéler l’essence du roman pastoral sont autant de preuves de l’importance et de l’originalité d’Eric Rohmer dont on aura profit à relire les textes qui n’ont pas pris une ride dans Le goût de la beauté et Le celluloid et le marbre.

    • MinettePascal dit :

      Je le découvre ces temps-ci (oui, il était temps) et je crains d’être devenu fan.
      On est dans le paradoxe jusqu’au cou, assailli par toutes sortes d’impressions contradictoires…
      Il suo velen lavora, pour parler comme Iago.

  36. ballantrae dit :

    Toujours sur le Rembrandt de Korda, j’aimerais insister sur la photo de Georges Perinal qui a travaillé à plusieurs reprises avec les Korda mais aussi avec Grémillon ( notamment sur le sublime Dainah la métisse et Maldone) avec René Clair ( sous les toits de Paris, Le million, et A nous la liberté: on parle trop peu de René Clair…), avec aussi Carol Reed et Powell après son installation en Grande Bretagne et un peu plus tard avec des cinéastes américains comme Preminger ou Chaplin.
    Son travail sur Rembrandt est comme souvent somptueux mais cela sans ostentation esthétisante: on a l’impression que la photographie de Périnal constitue une réflexion sur la lumière chez le peintre et non une imitation mimétique.
    Je suis sûr que Marc Salomon pourrait avec la précision et l’érudition qui le caractérisent nous rappeler combien Périnal est un chef opérateur important.
    J’aimerais signaler, pour ce qui est du cinéma anglais, l’édition DVD superbe et très complète de la trilogie de Bill Douglas chez un nouveau venu UFO.
    Travail d’orfèvre dans la restauration comme pour les boni (livret très riche en informations et témoignages, entretien , souvenirs de son collaborateur Peter Jewell et de son producteur Mamoun Hassan, cm de fin d’études, documentaire sur l’autre aspect de sa carrière: son obsession de collectionneur qui le poussa à trouver des lanternes magiques et autres pré projecteurs au point de constituer le fond le plus important d’Angleterre légué ensuite à l’université d’Exeter).
    Bill Douglas est un cinéaste rare, émouvant et exigeant dont la trilogie/roman d’éducation tisse de multiples liens avec le cycle Doisnel de Truffaut mais surtout avec le travail ultérieur de Terence Davies.My childhood/ My ain folk/ My way home sont trois moyens métrages extraordinaires de pudeur, de beauté et d’intelligence dans le regard qu’ils portent sur une enfance ouvrière dure et comme arrachée par moments à la déréliction par l’art.
    J’ai vu il y a longtemps sur Arte son autre film Comrades, film social très fort et singulier qui rejoint dans mon imaginaire The molly maguires par une justesse esthétique et scénaristiques rares pour de tels sujets brûlants.
    Puisse le succès de cette édition rendre possible l’édition de Comrades.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Ballantrae
      Là aussi je vous suis à 100% Le travail de PERINAL sur Blimp est somptueux et d’une folle audace. Et il faut soutenir les Bill Douglas

  37. Rouxel dit :

    Meme si vous n’aimez pas les sports mécaniques,vous serez happé par »Rush »réalisé par Ron Howard qui a souvent décu au niveau mise en scène.Pendant deux heures ont va assister au duel entre l’autrichien Niki Lauda et l’anglais James Hunt durant l’année du championnat de formule 1,1976.Les plans de poursuites en voitures sont filmés plein cadre avec un montage et un découpage nerveux.Bien sur les marques de cigarettes,d’huiles de moteur ou de boissons gazeuses font partie du décor des circuits de formule 1 mais ne dérange en rien la dualité entre ces deux caractères de pilotes complétement opposés.L’interprétation des deux acteurs est assez fidèle surtout pour Niki Lauda.

  38. Michael Rawls dit :

    To Martin-Brady, Bertrand Tavernier, and all: My favorite of the Universal Draculas is Siodmak’s SON OF DRACULA with that Louisiana swampy miasma every bit as sinister as any blasted heath, foggy moor, or clock stopped just past the Middle Ages mountain backwater you might find in Albion or Transylvania. Son of Chaney wouldn’t have been my first choice to play the Count (I would have gone with Laird Cregar) but he’s surprisingly effective and Louise Albritton makes a most attractive convert to undeadness. Lambert Hillyer’s DRACULA’S DAUGHTER might be regarded as the Mother film of the Sapphic Vampire genre (with Gloria Talbott as a sort of proto Delphine Seyrig). Irving Picchel (dir. of SHE and THE MOST DANGEROUS GAME, among others) is, I think, one of best vampire henchpersons ever. But DD is marred by having too many scenes of people talking in overlit rooms. And then there’s Otto Kruger.
    The Melford Spanish Dracula has it all over the Browning version in acting, lighting and direction. Browning film is about as languorous as you can get short of dead standstill and there’s a babel of accents among the players (particularly egregious in the case of the young woman who utters the line « look at the size of tha-yit ba-yit »).And the long unocccupied stretches of the soundtrack probably inspired Glass’s many years later ex post facto score. Speaking of THE BROWNING VERSION, Michael Redgrave would have made a fine Dr. Frankenstein in the Clive tradition(Stop me before I atomize myself!).

  39. Rouxel dit :

    Segmentée en trois parties et tiré de nouvelles de Guy De Maupassant et porté à l’écran par Max ophuls »Le plaisir »est d’une grande singularité sur le plan scénaristique et de la mise en scène.On retrouve dans de petits roles des grandes vedettes de l’époque(Jean Gabin dans le role d’un menuisier,Danielle Darrieux,Pierre Brasseur qui campe un representant de sous vétements féminins ou le grand Louis Seigner qui joue un juge).Le seul point faible du film reste les décors studios qui sont trop présent et écrase un peu l’ensemble.Jean Servais avec sa belle voix nous conte ses trois histoires qui mettent en relief le soi-disant bonheur de personnages qui ont de bonnes situations mais qui ne sont pas heureux.La fin se termine par une question existentielle,le bonheur est-il gai?Sortie chez Gaumont film à prix modique « Le plaisir »vaut le détour comme »Madame de »ou « Lola Montes »le dernier film de Max Ophuls.Esperons que sorte un jour ces premiers films réalisés en Allemagne dans les années 20 et 30.

  40. Martin-Brady dit :

    La mention de Fourastié me fait immédiatement penser à UN CHOIX D ASSASSINS avec Bernard Noël, film que je crois avoir vu il y a un siècle et qui n’est pas dispo DVD (d’après WP Mc Givern), il avait eu de très bonnes critiques, et par association d’époque (1967 tous les 2) je rêve de revoir l’excellent MISE A SAC de Alain Cavalier d’après Richard Stark (alias Donald Westlake, c’était une aventure de Parker) célébré aussi à l’époque avec Constantin, c’était vachement bien, je me souviens aussi de la piquante Irène Tunc dans le rôle de Marie-Ange qui finissait par tomber amoureuse d’un des gangsters auteurs du hold-up de tout un village, l’évolution de la liaison était très bien montrée et donc crédible.
    Et toujours par association d’année et d’acteur là, j’ai envie de découvrir un 3ème polar toujours loupé (par moi!): LA LOI DU SURVIVANT de Giovanni avec Constantin: tous 3 pas dispos en DVD! triste.

  41. ballantrae dit :

    Sur Rembrandt, le Korda est très réussi même si très classique.La photographie est élégante, l’interprétation magistrale, le scénario clair et dénué des lourdeurs propres aux biopics contemporains (en dehors peut-être des films de Dieterle sur Zola, Ehrlich et Pasteur).
    Signalons deux autres réussites autour de cet immense figure: Rembrandt fecit de Jos Sterting et surtout La ronde de nuit de Greenaway, intelligent, beau et abouti!

    • Marc Salomon dit :

      Sans oublier le REMBRANDT de Hans Steinhoff en 1942 et celui de Charles Matton en 1999 splendidement mis en images (ou mis en ténèbres…) par Pierre Dupouey.

  42. Rouxel dit :

    Film méconnu et très peu cité est »Le vampire de Dusseldorff »mise en scène par Robert Hossein qui tient le role principal au coté de la lumineuse et regréttée Marie france Pisier.Comme le précise Robert Hossein dans le bonus,la partie n’était pas gagner pour ce film produit par Georges de Beauregard.Des milliers de documents et des archives filmés ont été visionnés afin d’écrire un scénario sur ce simple ouvrier allemand se transformai à la nuit tombante et qui assassina plus de 10 personnes dans l’Allemagne pré-nazi en 1930.Bien sur il y a eu le »Nosferatu » de Murnau d’un expressionisme halucinant et qui est une oeuvre maitresse du cinéma germanique,mais il faut voir « Le vampire de Dusseldorff »pour les plans tout en profondeur et l’ambiance glaciale du personnage joué par Hossein.Sans commune mesure avec ce ramassis de déchets commerciaux que sont la série des films »Twilight »!!!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      J’étais attaché de presse du film et c’est vrai que Claude Desailly alla plusieurs fois à la Bibliothèque Nationale mais de là à consulter des milliers de photos. Le film fut monté aisément mais Hossein prenant du retard sur le plan de travail comme souvent, décida d’éliminer toute la poursuite finale qui avait servi d’attrape financiers. Ce fut la première fois que Hossein obtint de bonnes critiques et il m’en garda une reconnaissance énorme (cf l’article de Cournot). Il était et est généreux et gentil. Mais quel rapport avec Twilight

      • ballantrae dit :

        Le « vampire » de Dusseldorf n’en était pas un…et ceux de Twilight en sont encore moins!!!
        Le film de Hossein ne m’a guère marqué que ce soit scénaristiquement ou plastiquement et son « expressionnisme  » m’avait semblé un tantinet fabriqué au contraire de celui de Docteur Petiot de C de Chalonges, un peu méconnu alors que Serrault y est immense.

        • Sullivan dit :

          Alors là, je suis bien d’accord avec vous : DOCTEUR PETIOT est un film extraordinaire, et Serrault y a trouvé un de ses plus grands rôles. Son cabotinage, son excentricité, trouvent là leur véritable raison d’être. Référence évidente à NOSFERATU. Résonne encore dans mes oreilles et dans mes yeux la scène où il offre des bonbons à une petite fille alitée en lui chantant « Ah vous dirais-je maman ! ». Magique et jubilatoire !
          Il faut absolument revoir PETIOT mais aussi les autres films de Christian de Chalonges dispos en DVD chez Tamasa : un des plus grands films post-apocalyptiques qui soit, MALEVIL, avec Serrault très sobre, antithèse de son personnage de Docteur maléfique, face à un grand Trintignant, et L’ARGENT DES AUTRES, toujours avec Trintignant, film dont la charge contre la finance et le libéralisme à tout-va résonne aujourd’hui encore avec des accents visionnaires.

      • Rouxel dit :

        Le rapport est dans le sujet des vampires souvent porté à l’écran mais pour certains films d’une médiocrété exemplaire.

  43. Alexandre Angel dit :

    Bonjour à Bertrand Tavernier et aux blogueurs
    J’ai entamé le coffret Chris Marker (alors que je
    n’en ai pas terminé avec le Varda) par LOIN DU VIETNAM, dont la restauration est remarquable : on a l’impression que c’est tourné la semaine dernière! Mes séquences préférées restent les incroyables scènes de rues new-yorkaises où les pour ou contre guerre du Viet Nam débattent, s’affrontent, s’invectivent. New York semble devenir une sorte de forum fébrile montrant les masques tomber et il faut reconnaître que les pour-la-guerre ont la gueule de l’emploi! On est à New York et on se croirait dans le Sud. Ne manque que le KKK. Les courtiers de Wall Street, traitant les pacifistes de « pédés » et de « cocos », n’ont rien à envier à ceux de Scorsese (dont LE LOUP n’est pas aussi « immonde » que le dit Laurent Vachaud)et on est effaré par tous ces visages déformés par la haine.
    En tous cas voilà un coffret qui s’annonce sous les meilleurs auspices.

  44. MinettePascal dit :

    Au sujet des « Gens sans importance », encore un film où les camions crèvent l’écran. C’est amusant cet usage persistant de nos fascinations infantiles pour la grosse carrosserie, comme dans « Gas-oil » ou « 10000 dollars… ».
    Ces vieux films, même quand il y manque quelque chose, restent des témoignages incroyablement vivants d’un monde perdu. C’est le spectacle du monde d’autrefois, de la redécouverte du monde de notre enfance ou la révélation de celui de nos parents.
    Sous cet angle sans doute non prévu à l’origine, tout est beau : les bagnoles, les petits magasins de quartier, les bistros, les vêtements, les cours d’école, les places de village, les façons de parler…

    • Martin-Brady dit :

      à M Pascal: tous les vieux films acquièrent un charme supplémentaire par leur côté exotique temporel au niveau décor hors intrigue, mais comme tous ne me donnent pas cette impression avec la même force, je pense que c’est plus vrai quand dû à un réalisateur qui tient à filmer toute cette partie de décors et d’accessoires sans le traiter par dessus la jambe comme secondaire vis à vis de l’intrigue principale. Raison pour laquelle dans les films de Becker ou Renoir par exemple, il y a souvent des plans qui s’attardent sur des détails qui sont strictement superflus quant au thème central.

      • MinettePascal dit :

        A MATIN-BRADY :Ce que vous dites sur les détails d’un décor et l’intrigue, c’est quelque chose de passionnant à analyser. Chez les grands réalisateurs où tout cherche à faire sens (Ford), et chez d’ autres qui s’attardent quelque part pour un pur effet de beauté visuelle ou simplement un manque d’imagination.
        Ces jours-ci, je voyais la « Rue des prairies » (un délice, à mon avis). Connaissez-vous ? Pour présenter Gabin sur son lieu de travail, un chantier d’immeuble en construction, le plan s’ouvre sur une beauté en maillot de bain en train de se faire dorer la pilule sur un toit voisin.
        Pourquoi ? Est-ce pour mettre en relief, par contraste, le côté crasseux du quotidien du personnage de Gabin ? Compte-tenu de la longueur du plan, même cette raison-là semble tirée par les cheveux.
        Evidemment, si le film était moins bon, ça n’étonnerait pas..

        • Martin-Brady dit :

          à M Pascal: jamais vu et noté. Il y a un mystère du plan de décor ou d’ambiance, il y a un équilibre avec les plans complètement au centre du thème du film, mais une certaine avant-garde a inversé les deux et exploré la première sorte quant à en faire l’essentiel, ou certains documentaires?

        • Martin-Brady dit :

          pardon je me reprends ce ne serait pas « inversé les deux » mais carrément négligé d’illustrer une intrigue principale ou un thème précis, pour privilégier une ambiance par mosaïque de scènettes sans ligne principale, Gabin et son histoire ne prend plus l’avantage sur la fille qui se dore la pilule, mais après Gabin on passe à autre chose… refuser de développer tel ou tel aspect bon mais ça devient subtil là, je dérape par rapport à votre propos initial…
          (remarquez que si ya plus de ligne principale le film est loupé bref, sauf que celle-ci peut être autre chose que privilégier un personnage et une intrigue maîtresse).

        • MinettePascal dit :

          A Martin-Brady:
          Je crois que nous sommes d’accord : on ne va pas reprocher à un réalisateur de créer un joli plan mais c’est quand même mieux quand ça a un rapport avec le sujet du film.

  45. André Lange dit :

    Cher Monsieur Tavernier,

    Je vous prie d’excuser le fait que ce commentaire n’a pas de lien direct avec les DVD commentés. Savez-vous si le DVD « The Lumière Brothers. The first films », auquel vous aviez contribué, sera prochainement réédité ? On ne le trouve plus que hors de prix sur Amazon.com. Pourquoi une édition de référence des films Lumière n’a-t’elle pas encore eu lieu en France ? Est-ce que vous pouvez imaginer d’étudier la littérature française, sans, au choix, pour faire époque, une édition critique des oeuvres de Mallarmé ?

    Meilleures salutations.

    A.L.

  46. Rouxel dit :

    Comme le souligner récemment Manux sur ce blog,j’ai enfin revu en entier »Jugement à Nuremberg »qui est d’un ennui consternant au niveau de la mise en scène de Kramer.le plus pénible ce sont les plaidoiries d’une lourdeur affligeantes.D’autre part j’ai remarqué que les personnages allemand qui viennent à la barre prennent des écouteurs à l’oreille alors qu’ils s’expriment en français ou d’autres langues étrangères.Ensuite il y a des longueurs dont je n’arrive pas à comprendre.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Rouxel
      Abby Mann a utilisé les vraies plaidoiries et le film rend remarquablement compte de la stupéfaction d’un juge américain conservateur devant les atrocités qu’il découvre. Et le personnage de Widmark qui explique que les américains ne parvienent jamais à savoir gérer leurs conquêtes et un moment de dialogue qui reste encore cité par des commentateurs politiques comme Frank Rich qui ne trouvent pas ça lourd…Et parler de longueurs me stupéfie…C’est un procès où on a débattu les questions les plus importantes du siècle : sur la culpabilité des états, la notion de crime contre l’Humanité. Voyez le film de Marcel Ophuls et vous verrez que Kramer a ici défriché pas mal de terrain

      • Manux dit :

        Bertrand vous êtes en train de nous expliquer qu’un « grand film » est le résultat d’un « grand sujet » on je ne comprends pas très bien ?
        Dans ce cas-là LA RAFLE de Madame Boch a tous les arguments pour devenir un film du patrimoine…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Manux
          Pas du tout. Mais là Abby Mann et Kramer respectent le matériau qui au dela de la notion de « grands sujets » qui est vague (Chabrol faisait référence à un type de cinéma qui confondait grands sujets et bons scénarios, est passionnant. Tout comme certains moments de INHERIT THE WIND (et sans doute du procès du lieutenant Calley que Kramer tourna pour la télévision). LA RAFLE est un scénario nul, faux et manipulateur très mal joué

  47. Damien DOUSSIN dit :

    Bertrand, Merci pour le rappel des films de Constantine que je n’ai pas encore visionnés. Je suis d’accord avec vous sur CARAMBOLAGES que j’ai vu également sur arte et contrairement à corman, je ne me suis pas ennuyé : alors, certes, certaines scènes sont longuettes et plus ou moins fines mais quel plaisir de voir De Funès à ce niveau de comédie. Moi qui connaissait parfaitement la filmo de cet acteur, celà a été un vrai plaisir de découvrir ce film jamais (ou rarement) diffusé.
    Et puis on y retrouve surtout la patte au scénario de Pierre Tchernia qu’on oublie trop facilement de citer.
    Son humour ravageur, explosif et ironique sur la société, on le retrouvera dans son meilleur film comme réalisateur : LE VIAGER (je ne crois pas que vous en ayez parlé dans une de vos chroniques ?). On y retrouvera un Michel Serrault en grande forme ainsi que le concours de cet autre scénariste majeur qu’était René Goscinny.

    • Rouxel dit :

      N’oubliez pas de voir ou revoir la série des »Lemmy Caution »qui reste interessante surtout »La mome vert de gris de Borderie ou « Les femmes s’en balancent ».Il faut que je revois « Les sept péchés capitaux »de Godard ou un film méconnu de Fassbinder sortie en 71″Prenez garde à la sainte putain ».

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Rouxel
        LES FEMMES S’EN BALANCENT,c’est pas fameux

        • Damien DOUSSIN dit :

          PRENEZ GARDE A LA SAINTE PUTAIN pas fameux non plus (en tout cas, je m’y suis assez ennuyé…). Par contre le court LES SEPT PECHES CAPITAUX est délicieux.

  48. Martin-Brady dit :

    à Bertrand: j’ai un très bon souvenir de Je SUIS UN SENTIMENTAL avec Paul Frankeur formidable, j’avais 18 ans mais ça m’a fait entrevoir le film noir américain, et je crois que c’était la première fois que j’avais été frappé par la photo d’un film grâce à Jacques Lemare donc, particulièrement comment les parties d’ombre ou de noir sont traitées dans la scène finale entre Frankeur et Constantine. C’est vrai aussi que Frankeur est l’un de ces acteurs admirables, capables comme par nature de donner une immédiate épaisseur à un personnage (encore un axiome d’acteur!).
    Dans le coffret que vous citez c’est en fait l’épouvantable L HOMME ET L ENFANT qui complète les deux Berry, pas CET HOMME EST DANGEREUX (à moins que R Château est redistribué ses coffrets! auquel cas c’est une très bonne affaire!). Bravo pour la nouvelle chronique.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Martin Brady
      J’ai recomposé mon coffret en foutant à la poubelle le nullissime l’HOMME ET L’ENFANT

      • Martin-Brady dit :

        à Bertrand: et moi je note CA VA BARDER qui n’était pas encore sur ma liste…
        Rien à voir mais en cherchant un texte de Lourcelles dans son Dico indispensable (l’un des meilleurs livres de cinéma) je suis tombé sur sa critique de LA MAISON DE FRANKENSTEIN et happé par son résumé détaillé de l’histoire (une des qualités de ce bouquin, les résumés) pour laquelle l’adjectif d' »extravagante » est un euphémisme, j’ai acheté tout-de-go le coffret Universal « Frankenstein The legacy collection »(zone 1 mais stf) qui comprend toute la série des Frankenstein de la Universal des années 30 et 40 (sauf FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP GAROU, commandé à part), c’est à dire: FRANKENSTEIN, LA MAITRESSE DE F…, LE FILS DE F…, LE SPECTRE DE F… et la MAISON absolument prodigieux dans son absurdité, je n’ai pas été déçu: très bonne qualité de master, ce qui est indispensable pour des films absurdes parfois ou puérils mais dans lesquels on trouve des plans d’une beauté visuelle stupéfiante. LE SPECTRE est quand même assez faible. Dans LA MAISON, un émule de Frankenstein rencontre Dracula, le Loup Garou et le Monstre de F… dans des circonstances que je ne dévoile pas par refus du spoiler! jamais vu pareille extravagance liée à tant de beauté visuelle. Généralement, on considère LA MAITRESSE suite du 1er FRANKENSTEIN de 1931, comme supérieur au précédent mais j’ai trouvé le 1er de la série spécialement admirable visuellement dés le début, et Colin Clive est vraiment excellent en savant barjo obsessionnel maniaco compulsif! très bon acteur… Dans la MAITRESSE le final est sublime avec cette idée des deux assistants sur le toit de l’immense labo gothique et des cerfs-volants qui vont chercher l’électricité au coeur de l’orage et cette idée de la table où est allongée la maîtresse que l’on fait monter jusqu’au toit sur une bonne vingtaine de mètres avec cordes et poulies par la fente dans la voûte genre observatoire! Et Elsa Lanchester en maîtresse a eu une idée de comportement géniale, gestes saccadés mais aussi son fameux cri étouffé qu’elle a eu dit-elle en se basant sur les cris des cygnes qu’elle avait observé en allant se balader dans un parc avec son mari Ch. Laughton! les bonus sont passionnants (et soustitrés mais en anglais)! Formidable!

        • Martin-Brady dit :

          je vois que ce coffret est dispo aussi en z2 française, même couv et films bonus 4 DVDs etc.: « Boris Karloff Frank. coll Classic Monsters », et le titre français de THE BRIDE OF F… n’est pas La Maitresse mais La FIANCEE… voilà je n’ai absolument rien à ajouter dans le dossier!

        • Michael Rawls dit :

          To Martin-Brady, Having seen Colin Clive in FRANKENSTEIN, BRIDE OF FRANKENSTEIN, MAD LOVE, and that most blissfully insanely romantic of movies HISTORY IS MADE AT NIGHT, I’m not sure that he’s enacting mania. Colin Clive IS mania. If Clive had been around for Cronenberg’s VIDEODROME that head explosion might have been done organically rather than as a special effect.

        • richpryor dit :

          Bride of Frankenstein est assez génial si je peux me permettre. La fin est superbe c’est vrai mais le reste aussi: l’ouverture avec Mary Shelley, la scène avec l’aveugle qui aurait pu tomber dans la mièvrerie, etc…Quand à Frankenstein Meets the Wolfman si vous ne l’avez pas encore vu n’hésitez pas (c’est logique qu’il ne soit pas dans le coffret vu qu’il se concentre plutôt sur the wolfman, qui n’est pas exactement un werewolf ou loup-garou comme semble l’indiquer le titre vf mais un homme-loup). C’est en-dessous de Bride of F mais Lon Chaney Jr est immense et assez touchant avec Bela Lugosi à ses côtés, de plus le scénario de Curt Siodmak est très divertissant et Roy William Neil fait le boulot comme souvent. Certaines touches sont mémorables comme l’ouverture dans la crypte ou bien cette séquence musicale très drôle dans le village. Le chanteur qui souhaite à the Wolfman de vivre éternellement dans sa chanson (« may they live eternally! ») le fait péter un plomb lui qui ne demande qu’à mourir. J’ai beaucoup d’affection pour cette séquence bizarrement (pourtant je ne suis pas un homme-loup et/ou immortel).

        • Martin-Brady dit :

          à richpryor: j’attends le WOLFMAN avec impatience… merci!
          à M Rawls:  » If Clive had been around for Cronenberg’s VIDEODROME that head explosion might have been done organically rather than as a special effect. » 100% pure Michael, hi hi excellent! par contre pour les Oscars c’était foutu après! Bref, il était mort depuis un bail, et Clive devait avoir de sacrés problèmes personnels, encore un qui voyait l’alcool comme une friandise indispensable, un peu comme James Murray à la même époque (et d’autres, c’est presque une tradition d’acteurs US?). Il est temps que je voie MAD LOVE, quand même, Colin Clive + Peter Lorre, et merci!

        • Martin-Brady dit :

          à M Rawls, Richpryor et tous: que pensez-vous des Dracula de la Universal? Il doit y avoir quelques perles et il y a un coffret Dracula dans la même collec qui me nargue!… avec:
          DRACULA (1931 de Browning) vu il y a longtemps mais pas emballé
          DRACULA version espagnole paraît-il meilleure pas vraiment la reprise du précédent, plus longue et plus fidèle dit-on
          LA FILLE DE D…
          LE FILS DE D et LA MAISON DE D…!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Martin- Brady
          J’ai un bon souvenir de SON OF DRACULA de Siodmak. Il y a des trouvailles amusantes. J’ai toujours trouvé le Browning théâtral, mal joué et statique. Très démodé.

        • Martin-Brady dit :

          à ce que je lis le DRACULA espagnol de George Melford, tourné aux USA en profitant de la production du Browning, ne rentre pas dans le cadre des versions de langue différente de l’originale, tournées en utilisant le même découpage et suivant la même mise en scène (avec toujours des 1ers rôles différents, ici Carlos Villarias à la place de Lugosi), dans le Melford il y a des choix très différents, et le film dure 27′ de plus…

        • richpryor dit :

          à Martin-Brady: Dracula’s Daughter est dans mon souvenir un excellent film très bien écrit, joué et mis-en-scène. Je vous le conseil fortement l’ayant moi même en dvd. Y penser me donne envie de le revoir.

        • Martin-Brady dit :

          à Bertrand Tavernier: merci je pense que si vous aimez LE FILS et que Lourcelles aime LA FILLE, je peux me lancer sur ce coffret, car la version espagnole me tente beaucoup. C’est vrai que le Browning m’avait laissé un souvenir soporifique, et c’est -désolé pour les admirateurs de Bela- en grande partie à cause de lui. Le monde des vampires était très statique, à l’époque… Christopher Lee sera plus vigoureux avec Fischer.

        • Damien DOUSSIN dit :

          Le Dracula espagnol de George Melford,tourné en même temps que le Browning est réputé meilleur avec quelques trouvailles originales malgré le même découpage.
          SON OF DRACULA est le meilleur que j’ai vu : Hervé Dumont en parle d’ailleurs en bien dans sa bio de Robert Siodmak. DAUGHTER OF DRACULA est une suite assez banale du premier mais légèrement supérieure au Browning (qui a été quand même assez surévalué malgré l’ambiance qui s’en dégage). Pas vu HOUSE OF DRACULA…

        • Martin-Brady dit :

          merci à tous pour les conseils. Dans la même collec, il y a aussi le WOLF MAN, L ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR et la MOMIE! Le 1er WOLF MAN de Waggner était une catastrophe d’ennui, pour moi la vraie créature du lac noir et sublime plus qu’étrange c’était Julia Adams (et elle n’est pas dans les deux suites je crois), et le 1er MOMIE m’a laissé froid et plein d’ennui, la photo de Karl Freund ne s’exprimait vraiment qu’à la fin avec la transformation.
          à richpryor: la distinction entre wolf man/homme-loup et werewolf/loup-garou me paraît subtile, elle ne m’avait jamais frappé!

        • Phildesfr dit :

          J’ai découvert avec le coffret blu-ray tous ces films fantastiques Universal qui sont si séminaux dans l’imagerie Hollywoodienne, et j’ai été fascinés de voir qu’ils étaient effectivement si soporifiques, et dans certains cas si identiques, notamment cette scène très répandue où la fiancée du héros confie ses inquiétudes au patron/ami/collègue du héros, exposant ainsi très économiquement le début de l’histoire ! Le copier-coller dans le cinéma commercial fantastique est éternel, et après tout c’est rassurant.
          Je suis assez d’accord sur les qualités de Bride of F, qui complète le premier, en se rapprochant plus du roman (au moins pour la scène avec l’aveugle). Amusant de constater d’ailleurs que dans le Frankenstein de Branagh, se proclamant plus fidèle au roman, il conserve ces idées d’électricité céleste (quasi-divine) comme catalyseur de vie et des bouts de cadavres cousus ensemble comme ingrédients, imagerie imposée pour l’éternité par la version Universal, alors que Mary Shelley ne l’a jamais écrit, faisant dire à Victor F qu’il ne voulait pas révéler son secret. Dans mon souvenir, la Créature dans le roman est plutôt décrite comme une sorte de machine humaine organique reconstituée. Je rêve un jour d’une nouvelle adaptation, plus cérébrale, avec une Créature numérique en mo-cap, au design plus ambitieux, plus étonnant, qui pousserait plus loin la question de la définition de l’Humain (peut-être finalement que c’est ce que Columbus a déjà fait dans Bicentennial man, film riche mais trop peu considéré).
          Dans « La créature du Lagon Noir », j’ai été amusé de découvrir une partie de la séquence de la première victime de « Jaws » (cette façon qu’a Spielberg de réincarner ses souvenirs d’enfant, sans doute), et j’ai aussi été frappé par la modernité du sentiment de pitié ressenti à la mort de cette même Créature (Oui, c’est vrai, King Kong déjà aussi, mais ce n’est pas le même genre de menace), on aura moins de scrupules à tuer des humanoïdes menaçants pendant encore longtemps après ça.
          En parlant de William Roy Neill, j’ai avalé avec un plaisir coupable toute sa série de Sherlock Holmes (dont certains vers la fin ressemblent plus à des Poirot), en dégustant les répliques cinglées avec flegme par Basil Rathbone, un Holmes parfait, tout en me demandant comment faisait Watson pour être toujours aussi imbécile et ne toujours rien comprendre aux méthodes de Holmes après toutes ces années ensemble ! Watson a souvent été un personnage raté dans les adaptations SH, jusqu’à la série BBC Sherlock, et sa qualité dans l’écriture de Watson et de sa relation avec Holmes.

  49. corman dit :

    Bonjour, suite à votre chronique sur les films d’Eddie Constantine, j’avais acquis « ça va barder » et « cet homme est dangereux ». J’ai trouvé l’esprit de ces deux films très frais et insolite. On se trouve ici dans le détournement de film noir et d’espionnage sans jamais tomber dans la parodie balourde. Constantine est touchant car on sent ici qu’il s’amuse avec ce personnage auquel on l’a trop souvent assigné sans talent ni inventivité. Dans ces deux films John Berry et Jean Sacha ( A t-il d’ailleurs tourné d’autres films aussi réussis ce Jean Sacha?) trouvent la juste distance avec le sujet (on pourrait peut-être faire un rapprochement avec les Oss 117 d’Hazanavicius) Au niveau de la mise en scène j’ai été particulièrement marqué par un plan en caméra subjective (dans le Berry si je me rappelle bien) qui traduisait à merveille l’infiltration de notre héros (tel un ninja) sur la terrasse de la villa des « méchants ». Cela m’a évoqué certains plans de « Kiss me deadly » d’Aldrich. J’adore également la dernière scène en voiture où Constantine se met à chanter tel Tino Rossi : C’est hilarant, totalement inattendu et cloue le film de très belle manière. Par contre je n’ai pas vu « je suis un sentimental » Sommes-nous dans les même eaux (troubles)?
    En revanche j’ai vu « Carambolage » qui a été diffusé sur Arte récemment et je ne partage pas votre enthousiasme. Je trouve la progression dramatique du film rapidement ennuyeuse (on est loin de « noblesse oblige » et pourtant on est sur le même ressort dramatique : élimination des individus un à un pour arriver à son but)et je trouve l’humour vieillot et lourd (le gag de l’ascenseur est effectivement bien pénible puisque pas drôle et relativement insistant)
    Enfin je pense aller rapidement me jeter sur le « rocher de Brighton » puisque j’adore Green ( à ce propos je crois qu’il existe une adaptation de « tueur à gages » est-ce une réussite?) et vos lignes sur « avec le sourire » on piqué ma curiosité. Merci encore pour ce blog
    Bons visionnages à tous

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Corman
      La scène sur la terrasse et l’avancée en caméra subjective c’est dans CET HOMME et la chanson dans la Voiture dans CA VA BARDER. Jean Sacha était un fou de cinéma, le monteur de Welles (OTHELLO) et des Ophuls d’avant guerre (Werther). Ses autres films sont plus décevants avec des scénarios indignes d’un homme aussi chaleureux et intelligent. L’un était une curiosité, LA SOUPE A LA GRIMACE film noir avec Noel Roquevert dans un rôle surprenant (René Chateau)
      JE SUIS UN SENTIMENTAL, plus sérieux mais avec des séquences burlesques, contient les meilleures scènes tournées par Constantine qui joue ici face à Paul Frankeur, Aimé Clariond, excellent en magnat de la presse, André versini, Walter Chiari, ,irrésistible et une Bella carvi moins figée qu’à l’ordinaire

  50. Gilles D. dit :

    le coffret Rohmer est fabuleux, tout y est (ou quasiment). La qualité bluray des films est souvent bluffante (il y a cependant une sensation d’images ralenties sur La boulangère (avec le jeune Bertrand Tavernier à la voix off 🙂 et la carrière de Suzanne…) Je ne sais pas d’où ça peut venir…
    Le travail est bien fait, les menus, les boitiers, tout a été pensé avec soin. Les bonus, dont des itws inédites et touchantes, dont celle de Luchini. Son énergie et sa pudeur n’arrivent pas totalement à cacher l’émotion. Le coffret pousse le fétichisme assez loin avec ses petits sachets de thé en clin d’oeil à l’une des activités préférées de notre cher Rohmer. On s’en serait passé, mais ça en dit long sur ce coffret, fait avec passion.

    • Sullivan dit :

      A Gilles D. : La sensation de « ralenti » ne viendrait-elle pas tout simplement du fait que vous compariez le Blu Ray et le DVD du film, dont les vitesses de défilement ne sont pas les mêmes, du fait que comme chacun le sait à priori, le DVD est à 25 images / secondes. Quand on regarde CLEO DE 5 À 7 en DVD, qui est un véritable film en temps réel (1H30), et bien il ne dure que 1h26 et quelques secondes… Voilà bien un film qui mériterait d’être édité sans plus attendre en Blu Ray, il est même étonnant qu’Arte n’y ait pas pensé pour l’édition du coffret Tout(e) Varda. Personnellement, je suis assez sensible à cette vitesse de défilement plus élevée en DVD (image plus rapide, sons plus hauts, voix plus hautes, et sacrilège : tonalité de la musique plus élevée et donc NON RESPECTÉE !!! Mais le problème semble assez complexe car pas mal de DVD U.S. proposent le bon défilement à 24 images /secondes. Va comprendre Charles…

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