Cinéma américain : Gordon Douglas, Clarence Brown et Oliver Stone
3 avril 2019 par Bertrand Tavernier - DVD
Revu enfin dans une belle copie, HE WALKED BY NIGHT nous a semblé meilleur que dans notre souvenir. Grace à la photo très inventive d’Alton et à l’interprétation de Richard Basehart qui arrive à préserver l’opacité de son personnage tout en le rendant intéressant. On ne sait pas très bien ce qu’il cherche, sinon de l’argent, ni ce qui le motive vraiment. Le scénario ne se préoccupe guère de psychologie ni pour lui ni pour les flics. Aucun effort n’est fait pour approfondir le personnage de Scott Brady et le film y gagne car on nous épargne les habituelles séquences de vie domestiques. Le récit procède par brusque à coups que relie un commentaire pléonastique et solennel, asséné plutôt que lu par Reed Hadley. Les scènes nocturnes sont les plus réussies. On a beaucoup glosé sur les séquences se déroulant dans les égouts où Alton exécute une série de variations sur des lampes torche sans doute très renforcées qui s’éloignent ou se rapprochent dans les conduits très obscurs, créant de spectaculaires effets, notamment dans les plans très larges : on voit la lumière cascader puis décroître sur les murs. Mais nous avons été davantage impressionné par toute la scène où Basehart arrive en avance au rendez-vous fixé par Mr Reeves, déjouant le piège tendu par les policiers. Là, plus que dans la scène célèbre où il s’opère lui même, on se dit que le découpage, les angles, les rapports des personnages dans l’espace portent la trace (l’influence ?) d’Anthony Mann. Mais John Alton, au festival de Telluride, avait maintenu que la part de Mann avait été minime contrairement à ce qui a été écrit ici et là.
GORDON DOUGLAS
LE FAUVE EN LIBERTÉ – Les pressions sans doute de la censure et le choix de James Cagney transforment le Ralph Cotter du roman : du jeune lettré devenu psychopathe criminel, les auteurs ne retiennent que le psychopathe, assez proche du héros de WHITE HEAT. Mais le film surprend encore par sa violence dès la séquence d’évasion où Cagney tue son compagnon blessé, d’une balle dans la tête. Douglas réunit une distribution mythique, qui comprend des piliers du film noir, dans des rôles juteux qui les mettent particulièrement en valeur : Neville Brand, le compagnon d’évasion, Steve Brodie, John Litel. La palme revient au spectaculaire couple de flics véreux et assez stupides que forment Ward Bond et Barton McLane et à Luther Adler qui fignole un des avocats corrompus les plus marquants du genre. La mise en scène nerveuse, précise, utilisant à merveille l’espace (dans les meilleurs moments on pense à Walsh même si le film n’a pas la grandeur, la démesure cosmique de WHITE HEAT), ne flotte que dans deux ou trois scènes du dernier tiers même si Helena Carter se tire honorablement d’un personnage conventionnel. Il est intéressant de voir comment les rapports de Cagney avec Barbara Payton qui est ici excellente, sexy et crédible, inversent les schémas traditionnels du film noir. Cagney joue plutôt le rôle de la femme fatale qui sème le trouble et le mal et Payton représente celle que l’on corrompt. Une séquence, particulièrement remarquable, constitue un sommet du genre : Holiday (Payton) furieuse de la conduite de Ralph, lui lance un couteau qui érafle son oreille. Il surgit dans la salle de bain, mouille une serviette et nettoie sa plaie, puis se rue sur elle la battant sauvagement avec la serviette mouillée. Acculée contre le mur, le suppliant d’arrêter, elle se jette dans ses bras, se sentant seule après la mort de son frère, ignorant que c’est lui qui l’a tué. Douglas filme avec fluidité ce changement d’attitude et le rend crédible.
Mais Douglas s’est essayé à tous les genres. On connaît ses succès dans le western (LA MAÎTRESSE DE FER, RIO CONCHOS, LE GÉANT DU GRAND NORD, FORT DOBBS) mais beaucoup moins dans le film sentimental, voire le mélodrame et la comédie musicale, deux genres qui co existent dans l’inclassable YOUNG AT HEART qu’Olive a enfin restauré (DVD zone 1 sans sous-titres). Ce dernier film, remake de l’excellent FOUR DAUGHTERS de Michael Curtiz, a la sagesse de rester très fidèle à l’original (les scénaristes sont les mêmes, Julius Epstein et Lenore Coffee), bien que les quatre filles soient, sans dommage appréciable, réduites à trois. Le choix de Frank Sinatra pour le rôle du musicien malchanceux et fataliste qui avait lancé John Garfield est judicieux, mais les chansons, excellentes (on y entend de bonnes versions de « Just One of Those Things »et de « Someone Watched Over Me » sans parler de la chanson titre qui triompha) ou médiocres, sont la cerise un peu encombrante sur un gâteau déjà très riche au départ. Refusant les conventions du musical, Douglas s’efforce de justifier diégétiquement les intermèdes musicaux mais il faut alors accepter une convention différente : Sinatra chante et joue du piano dans un restaurant-bar (c’est son gagne-pain), dans le vacarme et l’indifférence totale des clients, ce qui paraît plausible. Saisi par l’interprétation intérieure et poignante de « One For My Baby », Douglas décide d’isoler Sinatra, d’oublier tous les bruits d’ambiance, transformant la chanson en une sorte de monologue dramatique qui deviendra un des moments phares de tous les futurs récitals de Sinatra. Sans avoir l’énergie de la mise en scène de Curtiz, celle de Douglas organise efficacement les évolutions de nombreux personnages dans un espace restreint. L’usage de la couleur, les cadrages, souvent derrière une fenêtre, font parfois penser à Sirk (impression peut-être renforcée par le fait que Robert Keith et Dorothy Malone sont père et fille comme dans WRITTEN ON THE WIND). Ainsi, à l’arrivée, YOUNG AT HEART, écrit Rauger, est sans doute un des films hollywoodiens les plus authentiques et les plus conscients jamais fait sur la dépression. C’est Sinatra qui imposa une fin heureuse contestable même si elle donne lieu à au seul duo entre Sinatra et Doris Day durant les dernières 16 mesures de « You My Love » de Jimmy Van Heusen.
YOUNG AT HEART n’est pas un accident isolé dans la carrière de Douglas. Il a dirigé plusieurs autres drames féminins (« women’s pictures ») comme le rappelle Dave Kehr dont HARLOW qui nous avait laissé de glace. Quand on assigna Douglas à SINCERELY YOURS (DVD Warner on demand zone 1), premier film de fiction joué par Liberace, le pianiste virtuose dont Soderbergh évoqua la personnalité tourmentée dans le remarquable BEHIND THE CANDELABRA, il dut se dire mauvaise pioche, tant le scénario d’Irving Wallace commence par juxtaposer une série de séquences prétexte qui permettent au héros d’étaler une virtuosité purement technique, passant de Chopin à une chanson sud-américaine, de Tchaikovsky à une polka sans oublier une variation assez réjouissante sur « Pinetop’s Boogie Woogie » de Pinetop Perkins. La trame connaissant la personnalité du pianiste flirte avec l’imaginaire en brodant autour d’une rivalité amoureuse, entre Joanne Dru la fidèle secrétaire et une Dorothy Malone (que Douglas sait une fois encore très bien photographier et diriger), corsetée et boutonnée jusqu’au cou mais qui irradie une vivacité, une sexualité tout à fait improbables quand on connaît le contexte. On a le droit à des répliques gratinées comme « Vous ne pourrez pas rivaliser avec un concerto ». Le propos bascule ensuite dans le mélodrame quand Harry Warren/Liberace devient sourd, apprend à lire sur les lèvres et sauve un petit garçon handicapé et une femme âgée méprisée par sa fille. Ce film a une réputation catastrophique aussi bien chez Maltin (Bomb), chez les Medved qui l’incluent dans leur liste infamante que chez Paul Mavis dans DVDTalk qui se moque des gros plans ridicules d’un Liberace avec des mèches crantées murmurant « merci mon Dieu » en pleurant après son opération. Il est vrai que le pianiste avec ses yeux globuleux, son allure onctueuse est un acteur calamiteux (notamment dans cette séquence) mais même dans ces péripéties kitsch, on finit par comprendre que son ingénuité calculée ou réelle, sa bonhomie chaleureuse ait attiré des milliers de fans Nous avons néanmoins trouvé le film non pas meilleur (un tel adjectif ne conviendrait pas) mais plus regardable, plus gracieux qu’on l’aurait pensé. Certains plans sont joliment coloriés par William Clothier et Douglas utilise avec élégance la couleur rouge, celle du manteau que porte Joanne Dru quand elle part qui renvoie à la robe rouge de Dorothy Malone, rappel élégant qui unit les deux femmes. On pense à Sirk tout comme dans la scène où Liberace incite à retrouver Alex Nicol qui l’attend dans le parc. L’échec commercial bloqua la seconde réalisation, Warner préférant payer son contrat à Liberace plutôt que de produire le film. A noter, preuve que c’est une œuvre de fiction, que l’on ne voit jamais le célèbre candélabre.
On retrouve Max Steiner au générique de THE SINS OF RACHEL CADE qui sortit dans un double programme très Nickel Odéon avec GOLD OF THE SEVEN SAINTS et sa musique épouse frontalement les péripéties, voire les conventions du scénario d’Edward Anhalt d’après un roman obscur, notamment lors des dernières scènes où un contrepoint religieux vient se fondre dans le thème d’amour. Rachel Cade est en effet une missionnaire venue du Kansas pour soigner et bien sûr évangéliser les habitants d’une région perdue du Congo Belge. Elle va tomber amoureuse de deux hommes, l’officier agnostique qui administre le district (Peter Finch reprend un personnage qu’il avait joué dans A NUN’S STORY) et un jeune et brillant aviateur (Roger Moore). Disons le tout de suite, l’histoire d’amour même traitée avec sobriété et concision est ce qu’il y a de moins intéressant dans le film. Comme l’écrit le rédacteur de Coffee, Coffee and more Coffee : « Ce film doit être aimé et chéri pour les gros plans d’Angie Dickinson… On ne parle pas seulement des plans très serrés mais de ceux où ses lèvres délimitent le bas du cadre et ses sourcils le haut. Et où les couleurs sont comme adoucies, peut-être à cause du tirage, mais cela marche. Je n’ai jamais vu Angie Dickinson aussi amoureusement photographiée que dans ce film. » Nous sommes assez d’accord avec cet admirateur enthousiaste. On a l’impression que Gordon Douglas et son chef opérateur Peverell Marley sont tombés amoureux d’Angie Dickinson et avec elle, son visage avec quelques gouttes de sueur, on accepte avec un certain plaisir pervers ce Congo Belge reconstitué à Burbank, ces rebondissements éculés qui auraient pu être beaucoup plus gênants (l’enfant malade qu’on va sauver, les rivalités avec le sorcier local joué par Woody Strode, la pseudo malédiction des dieux) d’autant que Douglas les traite avec une vraie conviction, une franchise dans l’approche, le regard, glissant ici et là de petites surprises, une fin de scène occultée, une maladie qu’on ne peut guérir, un échec qui fait douter l’héroïne. Il filme plusieurs scènes sous la pluie, dans la brume, ce qui les rend plus denses, plus réalistes ou de nuit, pour casser le côté trop poli du décor en studio et le crédibiliser, fait parler les acteurs doucement, ce qui convient parfaitement à Peter Finch. Rachel Cade affiche certes ses convictions mais sans les imposer et plusieurs fois on lui oppose des arguments recevables : la paix que prétend imposer le christianisme est mis à mal par cette guerre (l’action se passe durant le conflit de 39-45) entre des nations chrétiennes. Le film réunit de très nombreux acteurs noirs, de Rafer Johnson à Errol John (remarquable de force) en passant par Juano Hernandez, Scatman Crothers que Douglas filme avec plus d’empathie et de respect que le scénario le laissait supposer. Revenons à Coffee, Coffee and more Coffee : « On pourrait couper tout le reste et obtenir un poème visuel encore plus beau que ce qu’avait réussi Joseph Cornell en supprimant tout ce qui était superflu dans EAST OF BORNEO pour ne garder que Rose Hobart. »
Revu aussi AIR FORCE et la séquence qu’écrivit William Faulkner (le reste du scénario est de Hawks et Dudley Nichols) – la mort du commandant de la super forteresse – se remarque par sa puissance dramatique. La première moitié du film où l’on prend peu à peu conscience de la raclée subit par les Américains, où l’on passe d’un aérodrome dévasté à un champ de ruines, vous empoigne et n’a pas pris une ride. Malheureusement le dernier tiers bascule dans la fiction la plus extravagante et l’on a du mal à s’intéresser à des péripéties qui même à l’époque passaient les bornes de la propagande. Le scénario n’avait pas été achevé et toute cette fin fut bâclée parfois sans Hawks qui reconnaît ces manques. La vision du film est quand même moins ample, moins généreuse, moins humaniste que celle de Ford dans les SACRIFIÉS.
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de A 23 PAS DU MYSTERE de Henry Hathaway, intrigue policière traitée avec une sèche rigueur, un découpage tranchant.
Parmi mes découvertes dans les films Pré-Code, je tiens à signaler CENTRAL AIRPORT, un Wellman de tout premier ordre (Warner on demand), jamais cité quand on parle de ses films d’aviation. Pourtant la séquence de sauvetage finale dans la nuit, dans le brouillard et en hydravion, justifie à elle seule la vision de ce film mené à cent à l’heure.
LE BARBARE ET LA GEISHA a été réhabilité ici et là, ce qui me paraît incompréhensible. Certes, il ne fait pas partie des quelques films que Huston a ouvertement bâclés parce qu’il s’en désintéressait dès le début ou qu’il perdait foi dans le projet (SINFUL DAVEY). Il y a de vraies recherches visuelles, inspirées par les estampes et la calligraphie japonaise, un travail parfois intéressant sur ces murs en papier et les ombres portées. La photographie de Charles Clarke est fort belle mais tout cela n’anime pas une dramaturgie amorphe, léthargique pointée par le producteur Buddy Adler et par John Wayne qui envoya dix pages de notes que Huston ne regarda pas. Elles paraissaient pourtant assez sensées. Le film est totalement dépourvu de tension dramatique. On admire des plans et on baille.
Mieux vaut voir IN THIS OUR LIFE (WARNER ARCHIVE), sa seconde mise en scène, mélodrame décrié qui vaut mieux que sa réputation. Certes, l’intrigue est prévisible mais Howard Koch dont le script est parfois lourd, signe ici et là des séquences fortes, âpres, bien écrites : toutes celles qui opposent Bette Davis qui en fait des tonnes (mais campe finalement un terrifiant personnage d’égoïste, irresponsable, psychopathe) et un splendide Charles Coburn, oncle gâteau qui la pourrit, lui passe ses caprices en lui expliquant cyniquement comment il a ruiné son père. Portrait aigu d’un capitaliste doucereux et impitoyable, réactionnaire et aveugle. Ces scènes riches en sous entendus troubles sont fort bien dirigées par Huston qui impose un ton rapide. A l’actif du film, un personnage de jeune noir, intelligent, éduqué qui veut devenir avocat qui bat en brèche tous les stéréotypes raciaux et racistes. Il s’agit de l’un des personnages les plus progressistes, les plus audacieux du cinéma américain de l’époque. Il faut voir aussi comment Huston filme avec décence, dignité sa mère (Hattie McDaniels à des années lumière d’AUTANT EN EMPORTE LE VENT) en éliminant tous les maniérismes raciaux si gênants. Tous les moments où il est accusé d’avoir écrasé une mère et son enfant par Bette Davis, qui est la vraie coupable, sont extrêmement forts. Et notamment quand il déclare dans la prison que la parole d’un jeune noir ne sera pas prise en compte par les jurés blancs. Ernest Anderson est excellent dans ce rôle. Olivia de Havilland est fort belle (Huston avait une romance très forte avec elle) et Dennis Morgan est correct dans un personnage de convention. Beaucoup d’excellents seconds rôles dont Billie Burke et Frank Craven.
FILMS PRÉ-CODE : VOYAGE SANS RETOUR (Warner)
Une des plus belles histoires d’amour qui se perpétue après la mort, un sujet de mélodrame traité en comédie romantique, ONE WAY PASSAGE tourne le dos à tous les clichés du genre dès son scénario relativement épuré des gags redondants comme parfois chez Garnett. Le personnage de Powell n’a pas de rival, la jalousie ne vient jamais entraver l’amour qu’éprouvent les deux personnages principaux. La mise en scène fluide, inventive, avec une caméra extrêmement mobile, impose un ton léger, intime alors que le destin des deux protagonistes est tragique : William Powell songe souvent à se débarrasser du policier qui le surveille, Kay Francis (dont la sexualité élégante ne survécut pas à l’imposition du Code) se sait condamnée par la maladie. Garnett transcende ce que le sujet pouvait avoir de morbide en lui insufflant un optimisme qui semble aller de soi. Le premier plan donne le la : on y voit des chanteurs de bar récupérer des pièces jusque dans le crachoir (le pianiste a coincé une cigarette entre les touches) et s’interrompre pour désigner les toilettes. Un régal et ceux qui le boudent doivent abandonner ce site.
CLARENCE BROWN
Je ne crois pas que l’on ait beaucoup évoqué ce réalisateur dans ce blog et c’est un peu dommage car on lui doit pas mal de films réussis ou importants (il fut pendant des années un des réalisateurs de prestige de la MGM). Je me souviens de la rétrospective que lui consacra la Cinémathèque. En l’inaugurant, il rendit un long hommage émouvant à Maurice Tourneur qui lui avait tout appris. Et quand, vers la fin de sa vie, Tourneur connut des difficultés financières, Brown, nous apprend Christine Leteux, vint plusieurs fois à son secours. C’était un homme généreux et loyal, bienveillant, ce qui se traduit dans ses meilleurs films dont le très émouvant JODY ET LE FAON (THE YEARLING) (DVD Warner en France), œuvre beaucoup plus dure et noire qu’on l’aurait cru, piégé par le côté chronique familiale.
En le revoyant, j’ai été frappé par la maturité de la description du personnage de Jane Wyman, cette femme meurtrie par la mort prématurée de ses enfants et qui s’est réfugiée derrière un mur d’indifférence. Les scènes de chasse sont foudroyantes avec des travellings à couper le souffle et un nombre considérable de véritables extérieurs (arrachés par Brown) pour une production Metro. Le film sobre, tenu, subtil (Peck est très juste même s’il ne fait pas très sudiste) est de plus d’une très grand beauté visuelle avec un lyrisme qui vous prend le cœur.
Ce que l’on retrouve dans le très puissant INTRUDER IN THE DUST (DVD Warner ARCHIVE sans sous-titres) adaptation fidèle du roman de Faulkner, qui gagne à chaque révision. Brown et Ben Maddow se contentent d’élaguer les longues digressions (passionnantes) de Gavin Stevens sur la métaphysique du Sud. L’interprétation de Juano Hernandez est inoubliable et le romancier noir Ralph Ellison pouvait écrire qu’INTRUDER IN THE DUST était « le seul film qu’un public de Harlem pouvait prendre au sérieux, le seul qui contenait l’image d’un Noir avec qui on pouvait s’identifier ».
Parmi les autres Brown on peut se procurer en zone 1 WIFE VERSUS SECRETARY, une très bonne comédie écrite par John Lee Mahin et Norman Krasna où Jean Harlow joue une fille intelligente, rapide, efficace, secrètement amoureuse de son patron Clark Gable. Le film semble une réponse morale aux audaces des productions Pré-Code mais le ton est intelligent, vif et l’interprétation du trio (Myrna Loy a le moins bon rôle) est magistrale. On frôle quand même le drame et les changements de ton sont négociés avec brio et un vrai sens des nuances par Clarence Brown : les séquences dans les chambres d’hôtel à Cuba dégagent une vraie tension sexuelle et la dernière confrontation entre l’épouse et la secrétaire est filmée avec une retenue, une délicatesse rare.
En zone 2, on peut se procurer des vrais films Pré-Code : la période semble avoir été bénéfique pour Brown et A FREE SOUL (ÂMES LIBRES) en est une nouvelle preuve. L’intrigue et la morale fondée sur le rachat, l’expiation de deux (ou trois) transgressions peuvent paraître datées mais le traitement réserve bien des surprises. Le ton rapide, la narration nerveuse, le dialogue souvent brillant et inventif mettent en valeur de nombreux détails audacieux à commencer par la première scène où une jeune femme exhibe ses sous-vêtements avec un dialogue osé devant un homme qui se révèle être son père. La dernière intervention de Barrymore au tribunal lui fit, dit-on, gagner l’Oscar. Cette scène mérite de figurer parmi les péripéties judiciaires les plus extravagantes : Barrymore reprend à la dernière minute la défense du fiancé de sa fille, interroge cette dernière afin qu’elle avoue sa liaison cachée avec Gable, qu’il a accepté, inconscience décuplée par l’alcool, ce qui lui permet d’endosser la responsabilité de tout ce qui est arrivé.
SADIE MCKEE, comédie sociale souvent incisive est du même niveau et Edward Arnold est formidable en milliardaire ivrogne. Nous défendions fortement déjà FASCINATION (POSSESSED) dans 50 ANS, louant les extraordinaires premières séquences, la confrontation entre Joan Crawford, modeste ouvrière et un train de luxe qui passe lentement devant elle. Ce mélodrame inspiré contenait des plans quasi-wellesiens. Je signale parmi ses films muets le fort bon TRAIL OF 98 (zone 1), LA CHAIR ET LE DIABLE avec Garbo et John Gilbert, LE DERNIER DES MOHICANS qu’il co-réalisa avec Maurice Tourneur et chez Kino, LORNA DOONE dont il dirigea l’une des premières séquences, la poursuite d’un carrosse sur une plage.
En revanche je reste toujours assez réticent devant une bonne partie de CAPITAINE SANS LOI, récit figé, académique, pourtant l’un des très rares consacré aux pèlerins du Mayflower dont on peut sauver pourtant une fort belle scène de tempête, très réussie et bien filmée. Mais l’histoire d’amour rajoutée et fausse historiquement entre Spencer Tracy et Gene Tierney, peu convaincante plombe le film.
Parmi mes découvertes dans les films Pré-Code, je tiens à signaler CENTRAL AIRPORT un Wellman de tout premier ordre (Warner on demand), jamais cité quand on parle de ses films d’aviation. Pourtant la séquence de sauvetage finale dans la nuit, dans le brouillard et en hydravion, justifie à elle seule la vision de ce film mené à cent à l’heure.
OLIVER STONE
Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de parler d’Oliver Stone dont j’ai revu pourtant avec une vraie émotion PLATOON qui tient très bien le coup et les deux autres volets de sa trilogie vietnamienne. Avec HEAVEN & EARTH (ENTRE CIEL ET TERRE, d’après l’autobiographie de l’héroïne, Le Ly Hayslip), Stone se lance de nouveaux défis : centrer son récit non plus autour d’un monde d’hommes mais sur un personnage féminin, une petite paysanne vietnamienne, Le Ly, que l’on va voir grandir durant toute cette guerre ce qui oblige à prendre un angle diamétralement opposé. Ce film est, à notre connaissance, le seul, qui donne le point de vue des Vietnamiens, décrivant la vie de l’héroïne, de sa famille (un frère part rejoindre les Viet Cong QUI SONT TOUT AUSSI DOGMATIQUES, L’UN D’EUX VIOLERA L’HÉROÏNE) et de son village durant toute la première partie (ce qui nous vaut des plans élégiaques, un montage calme). Une vie saccagée par la guerre, les violences commises par les deux camps, les bombardements, les attentats. Stone montre que si le jour le pays appartient aux Américains, la nuit ce sont les Nord Vietnamiens qui contrôlent la situation. On sent que la stratégie américaine est vouée à l’échec malgré ces irruptions tonitruantes, ces hélicoptères. ENTRE CIEL ET TERRE souffre durant la première moitié de ce que tout le monde s’exprime en anglais (diktat du studio). Dans la seconde partie, avec l’arrivée de Tommy Lee Jones, remarquable, tout s’arrange et plusieurs séquences sont très puissantes. NÉ UN QUATRE JUILLET est le plus polémique, le plus engagé et il contient des scènes inoubliables, une dénonciation terrible du traitement des blessés dans des hôpitaux sans moyens, sans matériel avec un personnel débordé. L’accusation porte fort. Tom Cruise est magnifique.
Dans TALK RADIO, surgit au fil des appels radiophoniques une Amérique pleine de rancœurs antisémites, suprémacistes, où fleurissent les pire discours extrémistes. Avec le recul, on s’aperçoit que Stone et son scénariste Eric Bogosian avaient repéré de manière prophétique la naissance de tout un électorat populaire, frustré, abruti par la télévision, oublié par les politiques, qui allait se venger 25 ans plus tard en faisant élire Trump.
L’ENFER DU DIMANCHE
Voilà une des œuvres les plus révélatrices du talent réel, des qualités évidentes d’Oliver Stone, autant sinon plus que WALL STREET, BORN ON THE 4th of JULY, THE DOORS et aussi de ce qui mine parfois certains films, effets visuels voyants, idées préconçues, symbolisme appuyé avec risques de manipulation, les deux étant parfois indissociables comme les deux faces d’une même pièce. Ici, on retrouve surtout les qualités, la fureur – il n’y a pas d’autres mots – narrative, kinésique avec lesquels il plonge dans certains milieux, la Bourse, la politique. Le regard qu’il pose sur le football américain est évidemment des plus décapants. Il n’épargne rien ni personne, pointe la publicité qui a tout gangrené (« La TV a changé notre manière de penser, tout a été ruiné dès la première interruption publicitaire. C’est notre concentration qui comptait pas celle d’un connard vendant des corn flakes », dit le coach Tony D’Amato que joue Al Pacino), les autorités sportives qui couvrent les pires malversations, le côté épouvantablement machiste de cet univers, cette débauche de testostérone aussi bien durant les matches, festivals d’injures raciste et homophobes, que dans les fêtes où l’alcool et la drogue coulent à flot, l’obsession de l’argent qui transforme les joueurs en prima donna obsédées par les primes et pousse Christina Pagniacci (Cameron Diaz), la propriétaire de l’équipe, à vouloir la vendre comme une franchise, la médecine sportive totalement corrompue au point de renvoyer sur le terrain un joueur qui peut y laisser sa peau. Le tout filmé avec une énergie incroyable.
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Commentaires (470)
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à une polka sans oublier une variation assez
Deux comédies que je voulais mettre en avant car elles me rappellent des souvenirs d’adolescence.Bien avant l’univers de Fabien Onteniente avec sa trilogie de « Camping »le cinéma s’est penché sur la vision des français en vacances.Michel Lang réalise en 78″L’hotel de la plage »avec un casting juste dans les personnages:Guy Marchand qui joue les tombeurs de service,Daniel Ceccaldi habitué aux roles de mari idéal,Myriam Boyer et Martine Sarcey les femmes de 40 ans passées qui espèrent encore plaire,puis une ribambelle de jeunes acteurs et actrices en herbe dont beaucoup ont disparus des écrans en dehors d’Anne Parillaud qui a eu son heure de gloire grace à Besson ou le délicieuse Maryline Canto.On est loin de l’océan de « Camping »ici on retrouve la Bretagne avec ses marées(scène désopilante ou l’on oublie la grand-mère)les parties de tennis,la bronzette obligatoire ou la pèche entre copains avant de prendre l’apéro le soir au bar de l’hotel.Dans la bande musicale on entend pèle mèle Richard Anthony,Alain Souchon,Eddy Mitchel ainsi que Mort Shuman dont la chanson »Un été de porcelaine »est reprise par la joile Sophie Barjac.Le second film est de Christian Gion et se déroule dans les Hautes-Pyrénées. »Le provincial »dresse le portrait d’un homme attaché à sa montagne et à ses traditions locales.Il vit en proposant des excursions et un jour une parisienne débarque afin de réaliser une campagne de promotion pour un fromage du pays.Gion n’a jamais été un grand réalisateur mais il nous prouve son coté attachant aux personnages.Roland Giraud partage la vedette avec Gabrielle Lazure puis de Michel Galabru qui prend l’accent de bigorre en roulant les erres.Je vais revoir un autre film de Gion »Le pion »qui est le seul film qui met en avant le talent d’Henri Guybet grand homme de théatre.
A Yves Rouxel
Merci pour cette réhabilitation des productions Marcel Dassault… A quand les films de Claude Vitar…Il me semble pourtant qu’on parlait d’Almodovar et de quelques pointures, il est vrai inférieurs à Michel lang
Franchement ,Yves,ces trois films « l’hôtel de la plage » » le provincial » et « le pion » (peut-être le pire des trois),je les qualifierais de médiocres pour ne pas envenimer le débat.
Que sont venus faire ,dans ces galères, Claude Jade (« le pion » ) ,Roland Giraud (« le provincial » ) ou Stephane Audran (« le gagnant » autre « oeuvre de Gion ,qui est tout sauf un gagnant)?
A DUMONTEIL
Oui je voudrais qu’on évite de polluer ce blog avec ces rogatons. Vous allez nous vanter bientôt PROMOTION CANAPÉ, PAS DE SOURIS DANS LE BIZNESS ou ARRETE DE RAMER, T’ATTAQUE LA FALAISE…Modérez vous sur ces canards de bas étage
Certes , mais vous oubliez un èlèment capital Bertrand.
YVES ROUXEL parle de souvenirs d ‘adolescence.
Nous avons tous des liens secrets avec des films pas très bons voire carrèment mauvais , mais qui nous ramènent a des pèriodes enchanteresses de nos vies. Des plaisirs coupables qui font l ‘effet de madeleines de proust.
Pour ma part ce somt LE TRIPORTEUR avec darry cowl , et LE BOSSU avec jeam marais. Films vus a la tv durant mon enfance , et que je suis ravis de revoir de temps en temps.
mème si je n ‘oserais pas les recommander sur ce blog…..
A Henri.Merci pour votre contribution qui me soulage un peu.Restons dans les comédies sociales de la fin des années 70 avec « Un moment d’égarement »de Claude Berri qui est à revoir pour cette histoire de vacances qui commence sous le soleil,la plage,les bals,la fète foraine et les bons coups au café du coin.Jean pierre Marielle et Victor Lanoux sont deux pères avec deux adolescentes qui deviennent de jeunes femmes.C’est l’été,il fait chaud,les corps exultent et l’irréparable arrive comme un cheval au galop.Tout se passe dans le regard de ses deux copains quadragénaires et un peu largués par la vie qui passe trop vite.Ici on est très loin des films de Michel Lang,Vocoret,ou Gion.
A Yves Rouxel
Je vais arrêter ce blog et vous laisser commenter votre actualité. Cela m’épargnera du travail
A Bertrand.Je ne veux pas jeter d’huile sur le feu mais ne vous énervez pas comme ça.Bon je vais éviter de tomber dans la legereté des comédies franchouillardes française et rester sur les oeuvres que vous metter en avant.Sauf que j’ai déjà écrit un petit article sur »Les camarades »de Monicelli ainsi que sur »Regain »et l’autre film de Pagnol.Je me retire sur la pointe des pieds.
A Dumonteil.Tout simplement c’est des films « alimentaires »comme disait Galabru ou il devait faire manger sa famille.
Michel Galabru disait, pour justifier ces films peu glorieux : « Vous n’avez jamais eu de problème de toiture? » Et je crois que c’est à Patrice Leconte que Jean Rochefort avait déclaré : « N’achetez JAMAIS de maison de campagne. »
Je viens de découvrir ce blog. Dieu soit loué cela faisait tellement longtemps que je cherchais une communauté féru de cinéma, sous la houlette du réalisateur qui m’a fait découvrir ce que c’était le vrai cinéma, Mr Bertrand Tavernier. Je reviens du cinéma « Grand Action » où j’ai pu découvrir en présence de Jean-Jacques Annaud « La Guerre du Feu ». C’était tellement beau !! L’entretien que j’ai eu à l’issue de la projection avec Monsieur Annaud est tout aussi inoubliable. À bientôt Chers cinéphiles.
Un article intéressant relayé via le forum de dvdclassik sur la chute du marché dvd/blu ray :
https://alain.le-diberder.com/qui-a-empoisonne-le-dvd-mise-en-examen-des-telecoms-des-majors-et-du-ps/?fbclid=IwAR0n92Z8oi8ctft_LWLWxP8WOCUPNbCsx_D5UL1H5KsDFFvK3Tg58qCyRyQ
Cela fait aussi l’actualité dans la revue « les années laser » qui consacre un article à la baisse de dotation du CNC.
Adviendra t-il bientôt une époque où les cinéphiles amateurs de VHS, Dvd ou blu ray disparaîtront ? La majorité du public généraliste télécharge ou va sur des plates formes comme Netflix… Et alors ? Qui découvrira en téléchargement ou sur netflix des films rares en vost, des Duvivier, des Clouzot et d’autres cinéastes passionnants ? On est en train de tirer une balle dans le pied à la cinéphilie diversifiée et au patrimoine, à l’image de ce qui s’est passé dans les années 70-80 avec la fin des cinémas de quartier. L’avènement du dvd était pourtant riche d’espérance avec un regain et pic d’intérêt en 2004-2008. Aujourd’hui l’achat de films matérialisés (et encore plus de films de patrimoine) redevient un marché de niche. Et ce n’est pas les jeunes générations qui prendront vraiment le relais : les bibliothèques universitaires par exemple n’achètent plus ou très peu de nouveautés en dvd pour les étudiants et ceux-ci n’en empruntent plus ou peu (il y a 10 ans, les emprunts étaient encore importants : je m’en rendait compte en étant abonné extérieur à certaines bibliothèques).
Je vois bien des gens comme Bertrand qui se battent pour la survie du film de patrimoine et sa diffusion mais quelles sont les pistes pour que toute une cinéphilie ne devienne pas un marché de niche destiné à quelques amateurs éclairés que nous sommes ? Les jeunes générations sauront-elles qui est Renoir ou Hitchcock comme certains connaissent (sans le connaître souvent) Picasso ou Monet ?… Si déjà le gouvernement interdisait purement et simplement toutes les plates formes de téléchargement avec une « vraie » loi Hadopi, cela changerait déjà un peu la donne… Après nous sommes il est vrai dans une époque où l’inculture est reine et où tout est dominé par le zapping et le superficiel : inquiétant…
A Damien D
Vous avez entièrement raison et il faut se battre. Il n’y a pas de recettes miracles mais le combat pour le DVD est aussi un combat pour le livre. Les grandes plateformes qui veulent faire aloi ne s’intéressent que fort peu au cinéma de patrimoine et préféraient qu’il crève. Elles ne participent pas aux restaurations (pas plus que France Television, depuis que Brion a été écarté par Delphine Eernotte qui préfère se battre pour imposer la nième chaine d’infos continues qui est un désastre). Le combat devrait commencer à l’école qui a mis des dizaines d’années à intégrer l’enseignement de l’image, le décryptage de l’image. Mais les dernières mesures de Blanquer font froid dans le dos. C’est une application aveugle d’une vision technocratique qui ignore la réalité, le terrain, ne veut pas le connaitre et met en ouvre une politique qui est le contraire de celle que prétendent imposer ceux qui nous gouvernent dans la novlangue qui leur est chère. Méthode Orwell : en fait, on fait exactement le contraire de ce que l’on proclame. Le « nous vous avons entendu et nous allons éviter cette politique du mépris et de l’ignorance se traduit par « Nous savons ce qui est bon pour vous et nous continuerons ». En effet une vraie loi Hadopi aurait évité certains problèmes. Elle n’a jamais été appliquée. On parle de faire financer le patrimoine (cinématographique, architectural) par les sponsors mais ceux ci ne seront intéressés que par des titres célèbres. Et certains ayant droit ne veulent qu’on appose des produits sur leur oeuvre. Il faut acheter des livres, des dvd (se grouper si on n’a pas trop de fonds, créer sa propre centrale d’achats), insister auprès des médiathèques. Il y a mille batailles mais je connais des tas de critiques qui ne veulent rendre compte que des livres, des CD ou DVD qu’on leur envoie et cela depuis 40 ans
Décidément les signaux alarmants concernant l’avenir de la cinéphilie (et donc l’avenir du cinéma) se multiplient.
Le papier que vous nous donnez à lire est très intéressant de même que la piste de prises de position nécessaires de la part des pouvoirs publics qui, au lieu de se montrer complaisants envers les plateformes voire des formes illégales de téléchargement, devrait méditer sur la pérennisation de l’existence matérielle des créations culturelles.
La bagarre doit s’amplifier et il faut trouver le bon bout pour l’entamer, à commencer par la rupture avec l’air du temps qui consiste à s’enivrer des possibles illusoires de la dématérialisation. De jeunes cinéphiles ne connaissent pas mieux malgré les plateformes les « classiques » ou « raretés » à moins d’être accompagnés, je peux en témoigner.La pente naturelle non seulement est l’actu la plus largement partagée mais surtout des contenus video ineptes de format de plus en plus court…
quand des écolos se jettent là-dessus en prétendant « dématérialiser » parce qu’ils ne remplissent pas leurs étagères de dvds certes non bio-dégradables et que donc vive N..flix et la vod en ignorant que N..flix matérialise ailleurs dans des salles immenses pleines de serveurs tournant 24h/24 avec clim obligatoire pour que les disques durs ne souffent pas de la chaleur, c’est à devenir fou! Disques durs qui plus tard seront des déchets pas plus bio-dégradables que les dvds. Evidemment c’est invisible à leurs yeux.
D’aiilleurs le mot « dématérialisation » est une foutaise, comme le mot « virtuel » souvent, le numérique n’est pas supporté par la brise ou les nuages.
A Bertrand.Je vous rejoins complètement sur le fonds de vos propos concernant les téléchargements sur des plateformes mais je garde espoir quans même.J’ai une fille de 25 ans qui est abonnée à netflix mais à qui je fais découvrir « des vieux films »comme elle dit en noir et blanc ou en couleurs mais qui dégagent une grande émotions avec des scénarios bien écrits et des mise en scène conséquente.C’est à nous parents ou pas de faire partager des coups de cœur loin du brouhaha de l’actualité qu’on nous impose chaque semaine.A l’approche du festival de Cannes toutes les gazettes s’affolent et nous resortent des articles sur Inaritu,Almodovar ou Tarentino,mais passent totalement à coté de documentaires à voir(J’veux du soleil de Perret et Ruffin ou « Lourdes »qui est un film témoignage même si on est pas croyant…).
A Yves Rouxel
Il me semble que LOURDES a eu une très bonne presse. Et je comprends qu’on parle d’Almodovar, de Tarentino et d’Inanritu sans oublier Malick. Mais c’est vrai que la presse cede souvent à la dictature du présent immédiat. Je voudrais pour ma part rendre hommage à un film extraordinaire découvert grace à Cannes et à la Quinzaine d’Edouard Waintrop, LES OISEAUX DE PASSAGE où un regard ethnographique, sociologique à la Levy Strauss se marie à une grande rigueur dramaturgie et à une immense beauté visuelle. C’est grandeur et décadence d’un petit commerce de drogue
A Bertrand, content de vous entendre parler des OISEAUX DE PASSAGE : la grande découverte de ce début d’année et un film malheureusement trop peu mis en valeur (Positif par exemple aurait pu développer plus sur ce film en le plaçant en premières pages avec une interview des réalisateurs mais bon, c’est une autre histoire…) : j’y allais sans en attendre grand chose et ce fût une sorte de choc. Le scénario réinventait le film de trafic de drogue avec une subtilité et une orientation stupéfiante. Film qui démarre avec ce regard ethnographique dont parle Bertrand (le début du film pourrait être du Jean Rouch !) puis un scénario implacable sur la perte de l’innocence, la perte des valeurs humaines et ancestrales, perverties par le fric, la violence et la drogue. S’ajoute effectivement à cela une photographie splendide : les verts de la jungle, les jaunes du désert, les rouges d’une tunique ou d’un oiseau, le gris du ciel…
Et puis un casting et des « gueules » toutes droit sorties d’un western de Sergio Leone, un onirisme et un surréalisme affiché (la villa en plein désert, l’apparition quasi chamanique de certains animaux, les rêves…) : une grande réussite et que ceux qui ne l’ont pas vu au cinéma se jettent sur le dvd ou le blu ray qui sortira dans quelque temps !
Tout cela est assez effrayant. La cinéphilie n’est pas malade, elle est mourante. Les aficionados de ce blog en sont les derniers dinosaures.
J’ai constaté à de nombreuses reprises que des « jeunes » (enfin, des plus jeunes que moi, c’est-à-dire des quadragénaires), pourtant vivant et travaillant dans un milieu plutôt intello, en l’occurrence scientifique, non seulement ne connaissent à peu près rien au cinéma (« Qui est ce Jean-Pierre Marielle qui vient de mourir ? » m’a-t-on demandé récemment), mais ne comprennent même pas qu’on puisse s’intéresser au cinéma classique. Une discussion (un monologue plutôt) que j’avais eue à propos de LA BELLE EQUIPE m’avais laissée sidérée de cette fermeture d’esprit. Alors oui, je pense vraiment que dans quelques années, les noms de Ford, Bergman ou Sautet seront totalement oubliés. Comme disait Gabin à la fin de LA BELLE EQUIPE, « c’était pourtant une belle idée! »
A Julia Nicole
Il ne faut pas désespérer. J’ai aussi rencontré des gens qui se sont ouverts à ce cinéma. Il faut dire aussi qu’on ne fait rien pour le faire aimer ou découvrir : suppression des chroniques sur les DVD dans les journaux et hebdomadaire, à la radio, disparition des émissions sur la musique de films, élimination des films de patrimoine (sauf sur Arte) par delphine eernotte qui préfère Michel field et France Info
A Julia-Nicole, Bertrand, Damien
Pardon d’avance, je vais partir dans tous les sens.
D’abord, merci pour l’article qui fait très bien le point sur la question , sans leçon de morale inutile. Le sujet est passionnant , et complexe – complexité qui ne doit pas servir de prétexte à l’inaction.
Le problème avec Hadopi est que les mesures ont été vécues comme coercitives, punitives, sans être équilibrées par une offre légale visible, encourageante.
Je repense à la loi Lang, sans laquelle il n’y aurait sans doute plus de libraire indépendant. (C’est un autre problème mais je dois le mentionner ici : à Lyon, grosse ville avec trois conservatoires, la dernière librairie dédiée aux partitions musicales a fermé ses portes dernièrement.) Mais un livre ne se dématérialise pas aussi facilement qu’un film; sans aller jusqu’à dire qu’il n’est pas agréable de lire sur un écran, tout le monde sait bien que l’usage et l’accès ne sont pas les mêmes. L’article mentionne les belles éditions de Wild Side, Sidonis, Carlotta et il est vrai que ce sont de beaux objets du désir cinéphilique.
Il me semble q’un point ressort des propos tenus sur ce fil ; quelque chose comme un problème d’offre et de demande. Je n’aime pas les discours déclinistes, même si le constat est nécessaire il importe avant tout d’être positif, de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Je n’évoquerai pas la moyenne d’âge des participants à ce blog, mais il me semble qu’un certain nombre d’entre nous ont dû faire des efforts, ou faire preuve de patience pour voir des films ; j’aime bien dire que la cinéphilie peut se construire sur le manque (et le désir s’accroît quand l’effet se recule, disait ce vieux coquin de Corneille). Un livre, une revue, une fiche technique, une photo et l’imagination se met en marche. Ce film fantasmé, on le verra un jour, et qu’on soit déçu ou comblé au-delà de ce qu’on attendait, cela nourrira notre désir d’autres films.
Il est clair que l’époque actuelle n’a rien à voir ; nous vivons dans l’impression que tout est immédiatement accessible. Evidemment, cela change des choses dans le prix qu’on donne aux films. Naïf, idéaliste, on pourrait croire, dans une fiction libérale, qu’ainsi on peut librement confronter des masses d’époques, d’esthétiques différentes. Mais ce n’est pas ce qui se produit , majoritairement du moins.On a le sentiment – et tout le monde le dit ici – que l’offre se restreint , que le mainstream nivelle tout, alors qu’on aurait les moyens d’une immense diversité. Mais il faut relativiser ; l’un ou l’autre point de vue ne sont pas juste ou faux , gagnant ou perdant, ils coexistent bon an mal an. Et le succès grandissant des festivals de patrimoine ( Lyon bien sûr) , l’accueil enthousiaste réservé aux « Voyages » de Bertrand sont des indicateurs encourageants. Le marché veut persuader le public de ce qu’il doit aimer, mais le public ne se laisse pas toujours dicter ses goûts.
Il y a un positionnement que je n’aime pas , qui ressemblerait à, disons, une confrérie de fumeurs de cigares ( rien contre le cigare en tant que tel) . De gros hommes rassis, passant leur temps à détailler les subtilités de telle ou telle feuille de tabac , dans le mépris total de la longue chaîne d’exploitations qui l’a amenée dans leurs mains. Certains domineront les autres, il y aura inévitablement un souffre douleur parmi eux mais tous se féliciteront d’appartenir à une confrérie d’élite. Ce qui précède n’est qu’une image, fabriquée pour parler d’une attitude ; celle qui amena un critique de jazz à dire que « là, Sarah Vaughan chante pour les blancs » ; une critique polyvalente à parler de « L’image manquante » de Ritty Panh en disant qu’elle s’y était ennuyée ; un journaliste se plaignant de ce qu’un acteur tel que Dussolier aie besoin d’un micro pour se faire entendre dans Novecento , où il ne partageait la scène qu’avec un piano, une trompette et une batterie ; et Ozon, dans « Grâce à Dieu », aurait oublié de faire un film… (quoiqu’on pense de son film, il faut lui reconnaître une délicatesse dans le traitement, un certain courage, et le travail plein de finesse qu’il a fallu pour passer du documentaire initialement prévu à un film, oui, dont le style épouse le parcours des trois personnages principaux)
… il y a pléthore d’exemples , ce qui est commun à toutes ces facettes de la connerie humaine est l’ignorance satisfaite d’elle-même. Et c’est beaucoup moins drôle que Bouvard et Pécuchet, qui , eux, faisaient des efforts…
Je vais encore citer Jeunet , lisant dans Telerama que » un truc plus un truc , ça ne fait pas un film » et s’entendant répondre par une Judith de 8 ans, qu’ « Une connerie plus une connerie, ça ne fait pas une critique. »
Ce que je voulais dire, c’est que certains médias ne jouent pas, justement, leur rôle de médiateur. Et je crois qu’il est facile de flinguer un film, ou du moins de décourager ses spectateurs potentiels. Et, in fine, de favoriser encore ce nivellement désespérant, pour une formule facile, un furtif moment de gloire.
Pas à tortiller, on en revient toujours au même refrain : il y a des gens qui jugent et qui enferment, d’autres qui sont de vrais passeurs et dont l’enthousiasme est communicatif. Le marché est une chose , l’art en est une autre , et grâce à l’enthousiasme la partie ne sera jamais perdue.
Je voudrais pas être trop optimiste mais je ne vois pas venir la mort du marché du cinéma de patrimoine: c’est une niche bien fournie en amateurs.
Il y a trente ans il n’y avait pas plus d’intérêt pour le vieux cinéma que pour le récent, en proportions. Si Gaumont et Pathé et Studiocanal continuent à éditer du restauré en éditions soignées, pour le vendre assez cher, ce ne sont pas des philanthropes et je doute qu’ils s’arrêtent bien sûr je ne peux être sûr.
Les jeunes s’intéressent moins qu’avant à l’ancien? Mais dans mon lycée, mes camarades de classe ne parlaient que du dernier James Bond, ils allaient au ciné-club du lycée pour draguer, si l’un de nous parlait de la GRANDE ILLUSION, ils nous prenaient pour des marginaux dingos.
Nous faisions partie d’une élite, et c’est toujours ainsi, pour les snobs c’est agréable pour d’autres c’est indifférent. Sous le même schéma, depuis toujours je rentre dans certains intérieurs dans lesquels aucun bouquin ne se trouve au mur. Rien de nouveau. Si on est une élite ou une minorité, terme moins infâmant, il y a un marché pour. On n’est pas près de ne plus découvrir ou revoir des vieux films. Par contre, pour en parler avec d’autres, faut bien viser son interlocuteur! mais pas de changement.
Il y aura N..flix pour le patrimoine. Mon seul souci c’est de pouvoir garder le film chez moi, je n’aime pas l’idée du streaming.
A MB
« et si le même cinéaste revient chaque année avec un bon film qu’est ce que ça peut faire? »
Vous n’avez donc vu que des bons films à Cannes. Je n’ai pas eu cette chance. En revoyant dernièrement LA GRANDE BOUFFE, je repensais aussi aux « scandales cannois » définitivement révolus, mais sait-on jamais, et toujours provoqués par des films italiens. A la 22 eme minute de cette vidéo, Philippe Sarde revient sur le film de Ferreri et rappelle avec nostalgie la déclaration d’amour qu’il a faite à Ingrid Bergman alors présidente du jury.
https://www.youtube.com/watch?v=hDIjBsOiBNk
Et puis la notion de « bon film » est et restera subjective. Un exemple : Almodovar adulé à Cannes (et ailleurs) fait un cinéma qui me laisse froid tout en reconnaissant son talent de metteur en scène. Le côté mélo roman de gare de ses films comme dernièrement JULIETA me laisse pantois… La bande annonce de son dernier opus qui fait la couverture de Positif de ce mois-ci sous couvert d’autoportrait ne me motive pas non plus (à tort peut-être, j’aurais qui sait un jour éventuellement une révélation almovardienne comme ce fût le cas avec Rohmer (qui ne m’attirai pas à 25 ans et que j’adorerai 10 ans plus tard)
à Damien D: ALMODOVAR/C ‘est marrant parce que c’est justement JULIETA qui m’a ébahi et fait revenir sur l’homme, dont je ne pouvais pas ne pas abandonner le visionnage après un quart d’h de n’importe quel de ses films.
JULIETA est pour moi, très introspectif et lucide sur le rapport mère-fille. Ne croyez-vous pas que si c’était si mélo que ça Julieta et sa fille tombaient dans les bras l’une de l’autre à la fin?
Entièrement d’accord avec vous sur Julieta que je trouve ample, profond, troublant.
En fait, même si La fleur de mon secret m’avait donné une semonce sur les possibles cachés du cinéaste, Almodovar me semblait amusant mais inégal jusqu’à Parle avec elle qui lui m’a d’entrée de jeu ébloui de bout en bout. Depuis à l’exception du revival movida Les amants passagers c’est un sans faute absolu avec Volver, La mauvaise éducation, Etreintes brisées (absolument méconnu alors que c’est l’un des plus beaux films sur le cinéma) et La piel que habito.
Quant au mélodrame, ce peut être un genre noble comme le prouvèrent Minelli, Sirk ou Stahl et plus tard Comencini sans parler de Griffith ou Borzage!
A ballantrae
Vous avez tout à fait raison d’employer le mot « ébloui » à propos du cinéma d’Almodovar. Je suis moi aussi tombée en admiration devant ses films, mais bien avant PARLE AVEC ELLE.
Je ne connais pas bien le début de sa carrière. Déjà, FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS est plein de qualités: quasiment chaque image est composée, on pourrait même dire peinte, avec un soin minutieux. Depuis Demy, on a rarement aussi bien joué avec les couleurs, tant des décors que des vêtements. Le film oscille encore entre le vaudeville à la Feydeau et le mélodrame.
A partir de LA FLEUR DE MON SECRET et EN CHAIR ET EN OS, son talent va s’affirmer et il va de plus en plus s’orienter vers le registre (mélo)dramatique, avec des personnages hauts en couleur, qu’il dépeint toujours avec une grande tendresse. C’est de plus un exceptionnel directeur d’actrices.
Si l’on excepte LES AMANTS PASSAGERS, pochade amusante mais inégale, je ne vois que des réussites, dont 2 ou 3 chefs-d’oeuvre, dans sa filmographie depuis 30 ans.
Vous aurez compris que j’attends le 17 mai, jour de sortie de DOULEUR ET GLOIRE, avec une grande impatience.
JULIETA m’a réconcilié avec Almo (Dumonteil, PA ça sonne mal), je vais découvrir PARLE AVEC ELLE qui est rediffusé sur Arte le 26. et je dois revoir FABDLCDN (je suis trés abré ces temps-ci).
J’ai vu deux films bouleversants, enfin un bouleversant: DAÏNAH LA METISSE, et revu un surprenant: LA TETE D UN HOMME dont l’état de non restauration aurait rebuté les maniaques de la hd et pourtant chez qui j’ai noté que les griffures blanches ou scories de points n’entament en rien la singularité et même, lui font des bisous.
DAÏNAH est sublime.
A ballantrae « Quant au mélodrame, ce peut être un genre noble comme le prouvèrent Minelli, Sirk ou Stahl et plus tard Comencini sans parler de Griffith ou Borzage! ».
Mais j’aime beaucoup le genre mélodrame et tous les cinéastes que vous citez ! Sans vouloir créer une autre petite polémique, je dois également avouer une préférence aux mélos de Sirk par rapport à ceux de Minelli que j’ai trouvé souvent empesés, longs et assez lourds (COMME UN TORRENT, LES QUATRE CAVALIERS…) exception peut-être de THE ET SYMPATHIE… Borzage n’a fait quasiment que des chefs d’œuvres dans le genre et L’HEURE SUPREME, LUCKY STAR, LA FEMME AU CORBEAU par exemple sont d’admirables films sur l’amour fou teintés d’irréel (la fin de l’HEURE SUPREME célébrée en son temps par les surréalistes).
Reste que je ne suis jamais rentré dans un film d’Almodovar et ça m’embête d’autant plus que bon nombre d’entre vous ici semblent en être aficionados. Je suis sans doute passé à côté de quelque chose ou ne suis pas rentré dans son cinéma par le bon bout (pourtant je connais des cinéphiles qui ont aussi du mal avec son cinéma donc mystère…)
Je parlais de « roman de gare » en pensant plus à Lelouch que Sirk ou Minelli (même si la vision du monde d’Almodovar dans ses mélos et non ses comédies est évidemment plus sombre que Lelouch). Les péripéties de JULIETA m’ont parues trop grosses et/ou artificielles, les personnages trop névrosés pour m’identifier ou adhérer totalement mais il faudra donc que je le revois vu vos louanges.
A Damien D
Question de goût. J’ai eu du mal récemment avec THÉ ET SYMATHIE. Parmi les auteurs de mélodrames, souvent des chroniques provinciales, il ne faut pas oublier Henry King ou Clarence Brown
A Damien.Almodovar à ouvert la brèche à la fin des années 70 et à sut apporter un nouveau souffle au cinéma espagnol cadenassé pendant des décennies.Pourtant je n’oublie pas l’affaire des »Panama papers »avec son jeune frère dont tout le monde à bien sur oublié.
« Pourtant je n’oublie pas l’affaire des »Panama papers »avec son jeune frère dont tout le monde à bien sur oublié. »
on s’en fout c’est ses films qui nous intéressent
A MB
Et il s’est expliqué là dessus très ouvertement. Cela compte infiniment moins que les quelques films importants qu’il a contribué à financer et à produire
à DD et BT
J’ai eu du mal récemment avec THÉ ET SYMPATHIE.
Moi c’est un de mes Minnelli préférés ;les deux Kerr avaient joué la pièce sur scène avant et sont à l’unisson,jusqu’à nous faire oublier que l’acteur était trop âgé pour le rôle ;la pièce de Robert Anderson a été respectée (« sister boy » dans le film » Grace/Gracie dans la pièce » ;la vieille chanson « plaisir d’amour » dans les deux)
Le thème me semble toujours d’actualité :le droit pour un garçon de préférer la poésie au sport -sacré aux USA ,Elia Kazan s’exprime en ce sens à propos de » splendor in the grass » dans le livre de Ciment- et d’être « différent « ;les hommes ,le mari de Laura et le père de Tom sont d’affreux phallocrates,j’ai connu des gens comme eux ;je pense que ce fut une grande influence sur « la meilleure façon de marcher » de Miller .
Il est curieux que « the cobweb »,une oeuvre antérieure, commence par une conversation entre un jeune névrosé (encore Kerr) et la femme d’un psy (Gloria Grahame)sur l’art,Van Gogh je crois .
A DUMONTEIL
Oui d’accord. Hors de question de contester la validité de ce thème. J’ai juste éprouvé une déception quant à la mise en scène. J’avais un souvenir ébloui et j’ai trouvé le traitement parfois appuyé, les scènes collectives plus artificielles que dans mon souvenir et je me suis arrêté. Je vais continuer
J’ajoute que le prologue de « la meilleure façon » (que je qualifierais de génial,Dewaere,Bouchitey,Piéplu sans oublier Christine Pascal,tous extraordinaires)) de Claude Miller est inspiré d’une scène du film de Vincente Minnelli.
Bon sang Yves arrêtons ce genre d’anathèmes.
Almodovar demeure un grand cinéaste avant tout.
Dans un entretien de 2016 pour Télérama Almodovar regrette ce placement en avouant ne pas avoir mesuré à l’orée de son succès la teneur de ces placements. Cela dit il avoue avoir commis une erreur qui va à l’encontre de ses convictions.
Je le crois et ne vais pas jouer les procureurs.
Et encore une fois ce sont ses films qui m’importent.
je ne pensais pas le conditionnel nécessaire à la compréhension du fond, donc:
« « et si le même cinéaste revenait chaque année avec un bon film qu’est ce que ça pourrait faire? » et soulignons d’un trait gras en ajout: « … qu’il revînt ou pas en abonné.
là ça devrait le faire.
et oui, ya eu des mauvais films primés en plus, à Cannes, ya qu’à voir certains palmarès dans l’historique sur Wikipedia.
Passionnant. Merci.
J’ai découvert un film de G.W Pabst sorti chez rené château. »Jeunes filles en détresse »est une œuvre délicieuse pour la joie de vivre et le réel bonheur qui s’en dégage.Pabst avait un vrai sens du découpage des scènes,sans temps mort avec des dialogues qui font mouche à chaque réplique.Puis on retrouve la belle et lumineuse Micheline Presle entourée de jeunes comédiennes en herbe.L’idée de créer cette association de lutte contre le divorce des parents au sein d’un pensionnat de jeunes filles est excellent de malice.C’est suite à l’éviction de Denise dont le père à fait faillite,qu’elles décident de payer les frais de la pension.La directrice qui est à cheval sur les principes déclame Racine près de son assistante qui ne comprend rien aux propses de la poésie.Voilà un film à mettre en avant de toute urgence.Bon je vous laisse car c’est mon anniversaire.
A Yves Rouxel
Alors très bon anniversaire
« (MB remarquera que je n’ai pas fait de faute d’orthographe cette fois) »
oui mais cher Dumonteil, vous perdez tout ce qui faisait le sel de vos interventions encyclopédiques! je me demande si je préférais pas l’ancienne manière!
(le mec, jamais content)
joyeux anniversaire Yves!
Micheline Chassagne aima tellement son personnage qu’elle l’adopta pour son nom de scène .
Je serais plus réservé que vous: c’est un film qui se déroule dans des milieux très aisés ,des appartements luxueux ,l’institution a une piscine ,ces demoiselles « en détresse » reçoivent des leçons de maintien (comme Arletty dans « madame sans-gêne » ) ;certes,l’argent n’achète pas l’amour ,mais il peut aider.Ce sont de vraies suffragettes :n’écrivent-elles pas des lois? Mais on peut se demander si le ministre les aurait reçues si elles avaient été des filles du peuple,des plébéiennes (MB remarquera que je n’ai pas fait de faute d’orthographe cette fois).Le féminisme du ministre est d’ailleurs limité : »quand vous serez mariées ,ce sera à vous de faire en sorte que vous soyez de bonnes épouses ,mères ,bla bla bla ».
Rappelant « club de femmes » (1936), mais avec moins d’humour(pas de garçon travesti en femme pour entrer) et moins d’audace (un personnage de lesbienne dans ce film),mais comme le fait remarquer Yves , beaucoup de talentueuses comédiennes :la plus jolie ,pour moi ,Louise Carletti ;celle qui vole la vedette aux jeunes : l’extraordinaire Marguerite Moreno!!
En dépit de mes réserves ,c’est un film agréable à voir malgré l’invraisemblance du propos.
A Dumonteil.Oui il y a aussi Margot Lion qui bondit,fait des pirouettes et le grand écart!!Ah que les femmes sont belles!!
A Yves Rouxel
C’était aussi votre anniversaire le 23 avril. Les années et les hibernations s’enchainent à la vitesse de l’éclair dans votre vie, à l’inverse de ce personnage de Lunes de fiel qui ignorait le nouvel an au prétexte que face à l’éternité toutes les années se ressemblent.
A Gilles, comme moi il vous arrive de mal lire les messages d’Yves. Son anniversaire est bien le 6 mai : le 23 avril il répondait à MB sur la diffusion de LA TETE D’UN HOMME qui serait diffusé le 6 mai, d’où la réponse : « Merci pour l’information. Je regarderais ma tète dans la glace car c’est le jour de mon anniversaire » (le jour de la diffusion de LA TETE D’UN HOMME donc !) car 2 anniversaires en un seul mois : on serait passé effectivement dans un espace spatio temporel à la 2001 de Kubrick !
A Damien , Gilles, Yves…
Eh oui, je me suis trompé moi aussi ; je me refusais à souhaiter un anniversaire mensuel à Yves – ça s’appelerait un moisiversaire et ce ne serait pas très heureux. Et j’avais moisaussi mal lu….
Donc: bon anniversaire Yves , et Bertrand également, avec retard.
A Gilles.Je me rend compte que je ne suis pas le seul à lire et relire les posts des uns et des autres.Non je suis né qu’une seule fois et je mourrais d’une seule mort,ce n’est pas de moi!!
Au sujet de la sèlection a cannes , je ne jamais vu et entendu une telle unanimitè contre celle de 2018.
Que de journaux et d ‘èmissions où on criait a l ‘hèrèsie.. Michel ciment ètait un des plus vindicatif.
A Henri Patta
Une sélection dépend de tellement de paramètres : films achevés à temps, désirs des producteurs…Est ce qu’à la fin du festival 2018, les commentaires ont été aussi acerbes. Il me semble que non
A Henri.J’ai vu un extrait rapide du prochain Tarantino qui sortira chez nous le 14 aout prochain dans les salles.Brad Pitt et Léonardo di caprio incarnent deux acteurs à la traine,l’un joue dans des séries b et l’autre les cascadeurs de service.Au casting on annonce du beau monde,Pacino entre autre.
Est ce que quelqu’un sait si le film collectif de Gébé, »L’an 01″est déjà sorti en dvd?En voyant le documentaire choc et poignant de Gilles Perret et François Ruffin »J’veux du soleil »,on voit un court extrait de cette oeuvre unique et originale pour l’époque.Je pense que notre cher Bertrand à du le voir.Alors Bertrand????
A Yves Rouxel
Je l’ai vu à l’époque. Jamais depuis
Version gentille de « themroc » très dans-le -vent-de-mai-68;donc extrêmement daté ;du même metteur en scène ,voyez plutôt « la drôlesse » ou sa (première) version du « sac de billes »
à Dumonteil: L AN 01 ça a peu à voir avec THEMROC, c’est une tentative d’utopie avec vision collective quasi épique, même si sur ce plan ça peut être complètement raté selon tel ou tel, le Faraldo c’est une aventure individuelle assez ennuyeuse, je préfère BOF très rigolo.
D’autre part 01 n’est pas du tout un film de Jacques Doillon, mais une sorte de film à sketches mis en forme par Doillon, Gébé et un collectif, chacun a dû y mettre le nez un joyeux bordel! (Resnais un sketch et Rouch un autre et les deux tombent comme cheveux sur la soupe).
De Doillon vaudrait mieux revoir LES DOIGTS DANS LA TETE si on parle de ses débuts parce que LA DROLESSE pardon le nombrilisme désespérant, on attend l’attaque de banque ou l’invasion extra-terrestre sans trop d’espoir… Mais dans mon souvenir, 01 n’était pas gentillet mais assez poétique et décalé (le décalage c’est d’ailleurs le sujet du film, du Gébé pur).
A Rouxel: faites une petite recherche et trouvez 01 chez MK2 à un prix aussi désespérant que les pires Doillon.
Un sac de billes où Philippe Sarde utilise une première version du thème musical de Coup de torchon.
L’An 01 n’est pas si rare que ça, il fait partie d’un coffret que Télérama avait consacré à Mai 68 et regroupait 7 films : Milou en Mai (L. Malle), Innocents (B. Bertolucci), Solo (J.P. Mocky), La Salamandre (A. Tanner), Les amants réguliers (P. Garrel), Au feu, les pompiers (M. Forman) et donc, L’An 01.
Vus dernièrement sur studio canal Québec L’Ours en peluche De Jacques Deray avec un de mes acteurs français préféré presqu’une icône pour moi Alain Delon et quel choc,ou est le réalisateur de la piscine,un film minable,le film de trop pour les deux,j’ai arrêté à la scène de sexe avec Francesca Dellera indigne de Delon,ouf heureusement après passait L’Horloger de Saint-Paul qui m’a fait oublier cet immense ratage
A Yvon.France 3 à programmé hier vendredi un documentaire avec des images inédites de cet animal qu’est Delon.Je vais essayer de le voir en podcast car l’on voit Delon à 12 ans filmé par son père.
A Yvon
Si « l’ours en peluche » est indifférent (la présence de Madeleine Robinson étant pour moi le seul intérêt) par contre le film précédent de Deray , « un crime » est digne d’intérêt,huis clos à l’ancienne dans un immeuble ancien bourgeois luxueux mais maléfique ,duel entre un Delon qui a ses moments de doute et se retrouve dépassé par les événéments et Manuel Blanc qui lui tient brillamment tête , rappelant presque Edward Norton .Démoli par la critique ,par l’auteur du roman(Gilles PERRAULT ,l’auteur du « pullover rouge » ) , par tous …ce n’est pas la première fois que j’en parle !
A Dumonteil
Alors là mes yeux s’écarquillent, et vous me donnez envie de commander le DVD illico. Je ne l’ai vu qu’une fois en salle et m’étais dit « voilà le genre de film qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie. » Manuel Blanc et Sophie Broustal, à qui le cinéma a fait de belles promesses sans les tenir, et Delon au crépuscule alors qu’il n’avait pas encore soixante ans. On en reparlera sans doute.
A Gilles
Donc vous aimez le cinéma populaire!Je retire ce que j’ai dit!
A MB
« L’an 01″pas gentil? plus de propriétés,donc plus besoin de gardiens de prison ,ouvrons les portes!on arrête de produire ,de travailler et tout ce dont vous avez besoin c’est l’amour….Je savais qu’il y avait deux autres crédits prestigieux ,mais seulement pour deux sketches.
Une chose que vous pourrez peut-être m’expliquer :pourquoi 01 et pas 1 (parce qu’il y avait déjà eu l’an 1 de la République en 1793?)
Pour « la drôlesse » ,contrairement à ce « crime » descendu par tous,tout le monde n’est pas de votre avis. Bien sûr ce n’est ni « collector » ni « rapt » (Kirsanoff,1934),des films « cousins « ,mais dans ces deux ouvrages, les deux héroïnes sont parfaitement intégrées à la société ,bourgeoise ou paysanne montagnarde ;chez Doillon ,les deux personnages sont des coincés,lui un marginal complexé ,elle une Cosette battue par sa mère ;la frontière geôlier/prisonnière est vite floue;le mot-clé est jeu :dans le monde qu’ils s’inventent, ils sont papa/maman ou maman/ fiston .C’est un drame « in camera » et cette blague que vous appliquiez à Rohmer n’est pas de mise ici:le problème de ces deux épaves est autre chose que choisir entre un appartement à Paris ou une maison en banlieue,ou bien finir leurs vacances grâce à un rayon,fût-il vert.
» L’an 01″pas gentil? plus de propriétés,donc plus besoin de gardiens de prison ,ouvrons les portes!on arrête de produire ,de travailler et tout ce dont vous avez besoin c’est l’amour »
non ya pas du tout « arrêtons de travailler de produire » impossible ou alors je confonds avec la BD?! mais ça m’étonnerait.
« ….Je savais qu’il y avait deux autres crédits prestigieux ,mais seulement pour deux sketches. » ben oui Resnais un sketch à New York et Rouch un au Niger, j’ai pas dit ça?. Ca fait deux, chacun un, un + un = 2. Voili voilou. C’est bon, là?
à Dumonteil: LA DROLESSE/merci pour cette analyse détaillée de LA DROLESSE qui subtilise la vision du film que j’avais, un peu lointaine. La blague n’était pas une reprise de la 1ère blague et même pas une blague du tout (c’est ce que voulez voir vous) mais la relation disons de l’ennui qu’on peut avoir devant certains films à force de la morale de l’austérité que possèdent certains réals du type « pas d’effet de style, de caméra, de musique! c’est bidon ça distrait de l’essentiel! », du coup le spectateur peut être amené à espérer du spectacle pur, de façon illusoire. Sinon peut-être ai-je négligé certains détails de LA DROLESSE, comme vous simplifiez L AN 01 à outrance par rapport à une vision lointaine ou rapide.
« Une chose que vous pourrez peut-être m’expliquer :pourquoi 01 et pas 1 (parce qu’il y avait déjà eu l’an 1 de la République en 1793?) »
parce que c’était supposé durer 99 ans, pas plus.
A Yves Rouxel
Il y a peu, vous nous vantiez les mérites de ne pas avoir la télé. Quand on donne des leçons, on assume jusqu’au bout…
Cela me rappelle une hibernation promise, qui n’a finalement pas duré 24 heures!
C’est à l’attaché de presse Simon Mizrahi-qui a tiré de l’oubli d’autres films italiens- que nous devons « l’argent de la vieille » !Chapeau bas,Monsieur.
à Bertrand: connaissez-vous COCKLESHELL HEROES film de guerre de et avec José Ferrer, et Trevor Howard, ça se passe près de Bordeaux sur la Gironde, un commando de soldats en kayak à l’attaque de la flotte allemande réfugiée à Bordeaux? Un ovni!
A MB
Oui, je l’avais vu à l’époque et trouvé tarte. Presque le même sujet que COMMANDO SUR SAINT NAZAIRE sauf que dans l’un l’attaque bien de la terre et dans l’autre de la mer. Le film est plat. Le plus intéressant tourné par Ferrer est son film sur l’affaire Dreyfus. Et COMMANDO SUR SAINT NAZAIRE avec aussi Trevor Howard tient mieux le coup. Toute la description du rafiot brinquebalant où tout est bricolé, où les instruments tombent en rade est un bon exemple de cet héroïsme quotidien qui inspira les cinéastes britanniques. On se bat mais dans des conditions déplorables et le film montre plusieurs échecs. La mission titre n’occupe qu’une petite partie (titre original GIFT HORSE je crois)
à Bertrand: merci, je vais chercher ce StNAZAIRE plutôt! c’est bien GIFT HORSE, de Compton Bennett.
a MB
Je ne m ‘adressais ni a vous ni mème a quiconque de ce blog. Mais a tous ceux qui ont dèfendu alors , du ministre de la culture a un certain milieu du cinèma , Polanski , en disant que c ‘ètait un grand metteur en scène. Ce qui est vrai , mais je ne voit pas le rapport….
Et oui, c ‘est cette caste , je rèìtère , que je ne supporte pas, qui sous des dehors de « nous sommes tous ègaux »ou dès que l ‘on gratte un peu , apparait sous le vernis de l hypocrisie , le mèpris le plus total , pour ceux qui ne font pas partie de la bonne sociètè.
Enfin , je ne suis pas d ‘accord ( dècidèment) avec ce que vous ditès sur les critiques envers les cinèastes reconnus et adoubès.
Il y a en France des icones qu ‘il ne vaut mieux pas dèsacralisèes. Essayez un temps soit peu par exemple de faire descendre de quelques crans , françois truffaut de son piedestal, pour le coup , le mot excommunication , serait bien faible , par rapport aux rèactions que cela provoquerait.
A Henri Patta
Vous n’avez pas entièrement tort mais je vous rappelle que Polanski a été très attaqué dans de très nombreuse tribune, qu’il n’y a pas eu de consensus. Il a été parfois mal défendu mais aussi ,parfois plutôt bien par des personnes qui se référaient au dossier, aux faits (les implications judiciaires, la conduite de l’enquête) et non pas seulement à un acte archi condamnable. Certains des attaquants étaient furieux qu’il n’ait pas été emprisonné aux USA. Je me souviens de prévert disant « je n’aime les gens qui veulent en envoyer d’autres en taule. Je n’aime pas les procureurs ». Et il y a une différence entre des personnes protégées par leur statut, par une aura (Vous avez cité Truffaut, on pourrait ajouter Langlois et d’autres) et des gens qui ont commis un acte entrainant une action de justice
A Henri
Est-ce qu’on va remettre sur le tapis, pour la énième fois, cette polémique stérile parce qu’on oppose des termes qui n’ont pas de rapport? Il me semble que ce lieu, ce blog, et vous-même d’ailleurs, êtes indigne de telles querelles de mauvais épiciers qui voudraient échanger des carottes contre des patates, qui achèteraient des coings à vil prix parce que ce sont des pommes très dures et peu goûteuses. Je veux dire, les fausses valeurs ou prétendues telles, les considérations morales, me semblent dépassées ici ; les passions, les enthousiasmes, les colères dont nous sommes tous capables devraient trouver un meilleur emploi que ces bisbilles dignes d’écoliers débiles se battant pour des billes, ou pour savoir qui de Batman ou de Superman est le plus fort.
Pardon , je m’emporte, mais je vois revenir des échanges faits de malentendus, qui ne sont pas bien plaisants – et qui s’auto-entretiennent ; Henri, vraiment, vous valez mieux que ça.
L’hystérie qui accompagna l’hommage légitime de la cinémathèque envers le cinéma de Polanski ne va tout de même pas ressurgir ici. J’acquiesce à ce refus de Prévert envers les postures de procureur qui sont l’un des éléments qu’on retiendra des années que nous vivons.
Sinon pour revenir aux envies de cinéma, l’affiche cannoise me donne vraiment envie notamment l’annonce de l’arrivée du nouveau Tarantino dont la BA est assez réjouissante.Mais n’oublions pas les autres: Malick, Jarmusch, Desplechin, Almodovar,Bonh Jong Ho, Kechiche, C Sciamma… non là je rigolais!
Je signale aux blogueurs le très bon essai d’E Burdeau sur Wilder Gravité qui me permet de revoir la filmo de ce formidable cinéaste.Revu récemment Irma la douce et l’incroyable One, two , three.
A BALLANTRAE
JE COMPTAIS ,PARLER DE CE LIVRE
Ma provocation pesante est tombée à plat car quand je disais avoir glissé un intrus dans la liste, ce n’était pas C Sciamma (dont j’aime le travail surtout Tomboy) mais bien A Kechiche auquel je pensais!
Kechiche a inventé le concept technique du « plan cul » , nouvelle échelle dans la valeur des plans:il suffit de placer sa caméra à hauteur de fesses et ce assez longtemps. Mektoub my love II en offrira t-il autant que Mektoub my love I??? Le suspense est à son comble!
à Ballantrae moi je rigolais pour les deux, pour Sciamma j’ai vu tous ses films et je ne suis sensible qu’au thème récurrent (ça doit être « le genre »?) très importants mais vu très théoriquement, comme on ne le reprocherait pas à un documentaire. Elle ne fait pas de cinéma comme je l’aime mais plutôt de la théorie. Elle loupe complètement en filmant en dépit du bon sens le concours de danse en plein air dans BANDE DE FILLES en découpant à outrance et sans assez montrer les danseuses en pied (elles dansent pourtant AUSSI avec les jambes!) comme ces westerns où on voit les cavaliers de profil coupés à l’assise et qui sonnent faux. Les danses c’est pas son sujet, c’était pourtant l’occasion de se braquer sur un comportement peu exprimé ailleurs de la bande du titre, il n’y a pas que de la rancoeur sociale chez ces filles. Ca ne l’intéresse pas, elle ne privilégie rien qui serait à la limite du sujet qu’elle veut traiter au départ. Alors pourquoi filmer aussi ça? Et pourtant BANDE DE FILLES serait son meilleur. Pour le n°1 de Kechiche, je suis refroidi par le précédent qui n’intéresse qu’au cours de la projection.
La sélection du festival me rappelle une pique chabrolienne au sujet de ceux à qui on délivrait un carnet d’abonnement comme à la piscine municipale.
A Gilles
On ne peut parler d’une sélection que quand on a vu les films. Avant s’abstenir. Oui, on retrouver certains noms mais peut être que leurs films sont très bons et supérieurs à d’autres oeuvres. On le saura bientôt. Avant mieux vaut éviter le moindre commentaire. Et j’ai aussi assisté à des réactions contraires : quand on écartait plusieurs de ces cinéastes, les mêmes protestaient contre cette injustice scandaleuse. Halte aux abonnés mais halte aussi à ce qu’on les écarte. Certaines feuilles consacrent autant de place à analyse une selection dont ils n’ont pas vu les film qu’à les commenter vraiment
A Bertrand Tavernier
Je n’ai cité Chabrol qu’à moitié qui disait ne pouvoir prendre au sérieux un festival qui écartait autant de cinéastes importants. Il ne pensait même pas à lui. Pour ma part je n’ai jamais pu faire la part des choses entre ce mélange de cinéphilie, de business et de mondanité, et n’y venais à une époque que pour assister à des projections qui rendaient hommage à des vieux cinéastes en leur présence.
A Gilles
Il y avait une recette simple : fuir les mondanités, ne pas faire de business (sauf si vous avez un film qui est montré) et aller voir des films, des récents et des anciens. J’y ai rencontré Fregonese, Steve sekely, Sidney Buchman ou Edward Chodorov. Et j’ai découvert des Jane campions, des Rolf de Hier, des Karel Reisz aussi bien que des Rex Ingram et des Andre de toth hongrois
c’est déjà l’ouverture de la chasse au Cannes ça commence tôt? Je hais cet escalier rouge, ces minauderies, ces donzelles en robes de soirée, ces charlots en smoking, cette gaïeté forcée qui m’évoque autant le cinéma qu’une messe de minuit filmée par Jean Girault mais comment ne pas voir tout le côté professionnel indispensable, les manifestations autour, on est pas obligé d’aller au palais, la possibilité de découvertes de nouveaux cinéastes etc.? et si le même cinéaste revient chaque année avec un bon film qu’est ce que ça peut faire?
et Chabrol avait le droit de dire une connerie de temps à autre et il en a dit d’autres. Il a fait assez de bons films pour qu’on pardonne ça.
A MB, Cannes me semble d’abord un excellent prétexte pour mettre le cinéma au coeur de l’actualité au même titre que d’autres manifestations et cela aide des cinéastes parfois très peu exposés de bénéficier d’un rayonnement rare. Imaginer que Cannes a mis en avant des oeuvres telles que L’arbre aux sabots, Le goût de la cerise, Winter sleep pour ne prendre que quelques palmes aux sujets plutôt à contre courant des modes suffit à le rendre précieux.
Et ce me semble justice , malgré le côté strass qui ne m’intéresse guère, que pour une fois ce ne soient pas des événements du type JO ou Coupe du monde qui tutoient l’actualité au jour le jour sur une période donnée.
Cannes aussi des accents de madeleine de Proust et me renvoie à telle année de ma cinéphilie: 1986 et le surgissement de deux films impressionnants Thérèse et Le sacrifice (ma découverte de Tarkovski à 15 ans), 1987 l’année où Pialat eut la palme et lança son fameux « Si vous ne m’aimez pas, je ne vous aime pas non plus » et Les ailes du désir qui m’ont tant transporté/ 1995 et les polémiques ineptes autour de Underground, la présence de Ken Loach ou Angelopoulos/ 2000 et In the mood for love (ma palme même si j’aime aussi Dancer in the dark), etc…
« Cannes a mis en avant des oeuvres telles que L’arbre aux sabots, Le goût de la cerise, Winter sleep pour ne prendre que quelques palmes aux sujets plutôt à contre courant des modes suffit à le rendre précieux. »
tout à fait il est à parier que Ceylan ou Zvyagintsev seraient encore dans une demi pénombre, ni n’auraient pu tourner avec de plus gros budgets, alors vive Frémeaux et les autres, c’est pas les ministres de la culture de Erdoghan ni de Vladimir qui auraient oeuvré à les exporter!
Juste sur la surévaluation de Truffaut et de la nouvelle vague : tout à fait d’accord (réalisateur dont j’aime certains films mais qui n’ont souvent pas la force de ceux de certains cinéastes qu’il dézinguait pourtant à tout va lorsqu’il était encore critique… Comme si ensuite pour un certain public étranger le cinéma français démarrait uniquement avec la nouvelle vague, LES 400 COUPS ou A BOUT DE SOUFFLE !!).
On pourrait donc dire la même chose de Godard pour qui certains vont encore se pâmer sur ses derniers films mis à l’honneur à Cannes notamment, qui ont certes une forme « originale » mais qui ne méritent je pense pas une telle mise en avant (j’aime beaucoup Thierry Frémaux mais je pense qu’il a tellement adoré Godard qu’il lui voue une admiration un petit peu aveugle). Car réalisés par d’autres, ces films seraient tenus à une beaucoup plus grande confidentialité (même si la plupart des amateurs de Godard en reviennent aussi)…
Et pourtant, le réalisateur le plus original de la nouvelle vague reste pourtant selon moi Godard avec ses films de la période 1958-1967 (où j’inclus WEEK END avec Jean Yanne) et avec ses chefs d’œuvres que sont PIERROT LE FOU et LE MEPRIS !
Michel Audiard disait que la nouvelle vague avait faìllit tuer le cinèma français. Sans doute èxagère, mais il y a eut tellement de n ‘importe quoi , fait par n ‘importe qui.
Trintignant a racontè , que lors d ‘un tournage avec un rèalisateur adepte ‘de la camèra stylo » lui et et maurice ronet pour faire baisser la tension , car ils m ‘en pouvaient plus du metteur en scène , pariaient sur le nombre de prises de chaque plan. On entendait ainsi juste avant le clap : 45 , 57,72….Car ce monsieur qui voulait rèvolutionner le cinèma tounaient chaque scène des dizaines de fois.
Finalement il devint rèalisateur d ‘èmissions mèdicales a la tèlèvision.
A Henri Patta
Ce que dit Audiard est là assez con. La Nouvelle vague a secoué un cinéma qui s’encroutait et se répétait, à quelques exceptions près. C’est en érigeant ce mouvement en système que cela a dégénéré. Ce sont les commentateurs, les épigones et les disciples qui ont abusé du terme et en ont vécu. Mais Chabrol, Rohmer, Godard, Travaillaient chacun dans leur coin. Et l’histoire des centaines de prises existait avant la Nouvelle vague : sans parler de Bresson, des gens comme Stevens, Zinneman? Minnelli, Wyler faisaient des dizaines de prises
A H.P
Cependant quand j’irai voir J’ACCUSE, je ne penserai pas un instant au passé problématique de son metteur en scène, dont la victime, dans sa grandeur d’âme, lui pardonne en effet. Grandeur d’âme qui, j’en suis sûr, se manifestera à l’égard de Celine pour que ses futurs lecteurs l’apprécient sans arrière pensée.
J’ai toujours trouvé Anémone très sexy, même dans ses premiers emplois où elle ne jouait que des filles moches. Souvent dans des films de copains, mais j’imagine la délicatesse d’un auteur qui vient s’adresser à une actrice pour jouer une laideur. Sans doute lui dit-il « accepteriez-vous de vous enlaidir » ?
Deux films importants me restent en mémoire. LE PETIT PRINCE A DIT, que je ne reverrai jamais tant il est déchirant. Christine Pascal contredit Truffaut qui trouvait racoleur de faire un film sur la mort d’un enfant. Elle, elle touche au coeur avec délicatesse aidée par une interprétation d’une absolue justesse.
Mais aussi JE VAIS CRAQUER, satire au vitriol sur le milieu du cinéma et de la jet set, doublé d’un portrait grinçant et plutôt bien vu de l’auteur naïf bercé par ses illusions. La fin, à l’italienne, est impitoyable. Malgré une image très laide, le film très imprégné par son époque n’a absolument pas pris une ride.
à Gilles: d’accord sur LE PETIT PRINCE film admirable.
(et Gaumont aurait pu en faire un bluray bon dieu, l’édition rouge n’a pas dû bien se vendre)
A Gilles,
j’ai vu Anémone dans son dernier film « la monnaie de leur pièce » d’Anne Le Ny :elle y jouait un tout petit rôle ,la tante à héritage de Miou-Miou ,mais ,et c’est tout à l’honneur de cette sympathique actrice ,vieillie -je croyais que ce n’était que du maquillage ,mais en fait ..-on se souvient de ses quelques minutes de recommandations à sa nièce « dont les enfants (grands) vont vivre dans un hôtel du 19e siècle « .Le film de Le NY commence fort bien,mais à mi-chemin elle sombre dans les bons sentiments ,comme si elle ne voulait pas froisser les spectateurs ;j’avais remarqué la même chose dans « on a failli être amies » qui souffre du même défaut : en cours de route ,elle perd son humour, sa causticité ,son ambigüité ,pour retomber dans le feel good .
« Le petit prince a dit » est certainement son meilleur rôle « Christine Pascal contredit Truffaut qui trouvait racoleur de faire un film sur la mort d’un enfant ».Ce que dit ce monsieur n’est pas la Bible ; le grand Comencini l’a aussi prouvé avec son chef d’oeuvre ‘incompreso »
« le grand Comencini l’a aussi prouvé avec son chef d’oeuvre ‘incompreso » »
alors parallèle au mot de FT que vous citez quand le film de Comencini est sorti je me souviens avoir lu « on a pas le droit de toucher avec ses grosses pattes d’adulte le monde merveilleux de l’enfance » (Cinéma 68 je crois) le film avait fait un flop, complet revirement à la resortie du film 10 ans + tard.
A MB
Ce n’est pas le seul cas où une grande partie de la critique se fout le doigt dans l’oeil. J’ai vécu d’autres exemples comme Mr Klein, descendu à Cannes et encensé quelques mois plus tard lors de sa sortie à Paris grace à Jean Claude Missiaen. Le nombre de films napalms à Cannes ou à Venise (LES GUERRIERS DE L’ENFER de Karel Reisz, LE SONGE DE LA LUMIÈRE) est important ou lors de la sortie à Paris : CASQUE D’OR, je croix
sur L INCOMPRIS on a le cas d’une critique qui se met en avant à défendre un principe moral en oubliant le film, sa matière, sa structure tout, sa mise en scène quoi. En plus comme je le répondais à Ballantrae à propos de Guédiguian qu’il attaquait pour les qualités de son cinéma qu’il établit pour des défauts (mais je n’ai pas eu de réponse, la discussion tourne souvent un peu court ici), il y a le cinéaste, dans l’action (et pas dans la philosophie ou le moralisme au contraire souvent du critique) qui se lance et met les pieds dans le plat avec la naïveté comme un moteur de son film, transforme ce défaut en qualité: Guédiguian cite « les Pauvres Gens » de Hugo (que mon grand-père parodiait: « diable diable dit-il en se grattant la tête, nous avions cinq enfants celà va faire vingt-sept… » Hugo se prête à la parodie mais en sort indemne on peut rire, et retourner au texte original en se sentant ému, un peu comme Carmen par Spike Jones qui m’a fait découvrir Bizet), Fuller filme en gros plan un crucifix de pierre dans BIG RED ONE, avec le brouillard qui se mêle ton sur ton à la pierre et il insiste, le plan revient et se prolonge, génial… La « pudeur » d’un autre aurait réduit le plan à une seconde. Comencini ne fait pas dire au papa qu’il aime l’incompris une seule fois, le papa le dit 10 fois, il pleure interminablement. Ces cinéastes mettent les pieds dans le plat. Si celà masque la mise en scène qui n’est jamais négligée c’est dommage pour les gros malins. C’est pareil pour les accusations de prétention: Je lisais découragé récemment qqn dézinguer CITY FOR CONQUEST pour son introduction soi-disant prétentieuse: rien sur la facture, le montage, la photo, tout le concret du cinéma, qui suppose un travail difficile et admirable, on attaque tt de suite les intentions du cinéaste mais comment être dans sa tête, au cinéaste? Dans CITY si Litvak était prétentieux, pourquoi pas puisque la facture filtre celà? En plus, on est dans l’époque de la mode de l’accusation de prétention ou d’immoralité, et je passe sur l’affaire récemment évoquée qui revient en boomerang.
« ou lors de la sortie à Paris : CASQUE D’OR, je croix »
et LA REGLE DU JEU!
A MB
LA REGLE DU JEU a été moins moins descendu qu’on ne l’a dit par la suite. De nombreux et importants critiques comme Pierre Bost l’ont défendu. Idem pour Camille Claudel dont on disait qu’elle avait été totalement ignorée par ses contemporains jusqu’à ce que je découvre un sublime texte d’Octave Mirbeau qui écrivait dans un périodique important où il défendit Rodin et de nombreux impressionnistes
A Bertrand
merci pour vos propos, qui permettent de relativiser…
A propos de Camille Claudel ( mais ça vaut pour beaucoup), elle a souvent été victimisée, instrumentalisée, cette attitude m’a toujours gêné confusément ; vous m’aidez en citant Mirbeau, qui était de son temps, à mieux comprendre, cela permet d’avoir une image moins caricaturale de cette époque.
La posture victimaire est sans doute légitime , mais pas très constructive, elle est au moins à double tranchant ; elle ôte un peu de leur dignité aux personnes qu’on entend défendre. J’ai trouvé que le film de Bruno Dumont rendait à Camille Claudel sa dignité. Bruno Dumont est un peu notre David Lynch, son film a des particularismes étranges, mais il est passionnant , et les bonus du DVD fournissent la matière d’une belle réflexion sur l’altérité, sur l’humanité. (l’emploi de personnes handicapées, et du personnel soignant.)
A MB
« l’incompris » incompris.
je pense que cela a eu des conséquences sur la distribution des films de Comencini en France ;ainsi « lo scopone scientifico » (l’argent de la vieille )(1972),la plus drôle -et dramatique- des leçons de sciences économiques et sociales et de probabilités que je connaisse ,aura attendu 5 ans pour arriver chez nous et cela grâce à des passionnés dont j’ai oublié les noms (BT doit savoir qui)et rencontrer la stupéfaction admirative de la critique;et c’est une toute jeune fille,encore une enfant -Comencini n’a pas de leçons à recevoir de FT pour les peindre-qui est la plus lucide et qui a compris que ses parents (individus isolés) ne peuvent rien contre celui qui peut jouer à l’infini (la vieille dont on ne saura jamais le patronyme représentant le capitalisme)et qu’il est temps d’entamer une lutte réaliste .
Itou pour son « Casanova ,un adolescent à VEnise « (1969) qui aura attendu 7 ans pour arriver ici !
A DUMONTEIL
Ces films sont sortis grace au combat mené par Simon Mizrahi qui, tout seul, a secoué les distributeurs, travaillé pour que les films soient achetés, établi des dossiers de presse passionnés et rigoureux avec de très longs interviews des cinéastes. Il perpétuait une tradition des attachés de presse découvreur que nous avions inauguré avec Pierre Rissient faisant sortir des Losey, des Walsh, des McCarey,ignorés, des Fuller inédits. Lui, il a réhabilité Risi, Comencini, Monicelli mais a aussi fait sortir des Festa Campanile, montré des Freda (je me souviens de Gassman découvrant LE CAVALIER MYSTERIEUX et sa femme lui disant : Vittorio, tu n’as jamais été plus beau)
à Bertrand: je croyais que LA REGLE n’avait été redécouvert qu’à sa resortie dans les 60 je crois.
A MB
Il y a eu des études par exemple de Claude Gauteur qui nuancent ce que l’on disait
A Dumonteil
Il avait surtout dit ça à une époque où il n’écrivait plus de critiques, et avec sans doute une pointe d’amertume. C’était au sujet de L’ARBRE DE NOEL de Terence Young qui marchait plutôt bien alors que LA SIRENE DU MISSISSIPPI venait de se ramasser. Clouzot avait dit du bien du film de Young qui est pourtant un navet consternant.
à GILLES
J’ai toujours pensé que Truffaut ne savait pas capter le sens tragique des romans noirs de William Irish aka Cornell Woolrich,malgré toute l’admiration qu’il avait pour lui ;ni « la mariée était en noir », une imitation scolaire du style de AH, ni « la sirène du mississipi » ne m’ont convaincu ;je vais vous faire hurler-ainsi que pas mal d’autres – mais je pense sincèrement que l’adaptation de la nouvelle « silent as a grave » sous le titre « obsession » de Delannoy,est du moins pour le scénario ,et l’interprétation (Morgan,Vallone) plus proche de son esprit ,même s’il est desservi par le côté cinéma-en-studio ;Don Malcolm ,qui ,comme peu d’Américains ,pense que le cinéma français ne commence pas avec Truffaut et God’art, l’a inclu dans son festival du film noir de mai à San Francisco.
« L’arbre de noel » ne mérite pas le qualificatif de « navet consternant » ;même s’il souffre d’une distribution cosmopolite , il est une très fidèle adaptation du roman de Michel Bataille (le début presente une curieuse analogie avec « the incredible shrinking man » de Richard Matheson );dans le guide des films Alexandre Milhat l’a quelque peu réhabilité .Sur un sujet que Douglas Sirk eût pu traiter -« ça aurait donné un meilleur film « va-t-on me dire- , TY réalise par excellence l’anti-film de noel (voir la dernière scène);je précise que dans certains collèges ,parallèlement à l’étude du roman, le film est montré .
A DUMONTEI
Je partage votre opinion. Truffaut passe à coté d’Irish (un joueur sur le Mississippi, c’est moins respectable qu’un planteur et les crimes de la MARIÉE s’expliquent par le fait qu’ils sont commis dans des états différents qui n’ont pas les mêmes journaux, les mêmes nouvelles. Alors qu’en France, un meurtre violent à nantes sera commenté à Strasbourg et à Paris. Cela dit je ne suis pas fou d’Irish qui est très loin des grands auteurs noirs, créateurs de personnages, de Chandler à Burke en passant par Thomson, Hammett ou Ellroy
à Dumonteil et BT: c’est marrant il y a toujours qqch qui m’avait gêné ET chez Truffaut adaptant Irish ET chez Irish à l’origine, tt à fait d’accord avec vous sur LA SIRENE quoique LA MARIEE m’agrée beaucoup plus durant le passage avec Denner (qui inspira L HOMME QUI AIMAIT LES F…), et la mort de Lonsdale, et la confession de Bouquet… c’est vraiment un film à sketches avec le danger du genre. Chacun est réussi, mais ça devrait être un vrai film à sketches.
Irish m’a rappelé Stanley Ellin, beaucoup + intéressant et surtout ses nouvelles (que nous avait fait découvrir JP Manchette dans sa rubrique de Charlie mensuel ou de Polars de Guérif, ensuite). Chabrol l’a adapté pour A DOUBLE TOUR et c’est l’un de mes polars préférés de CC. Si vous ne les connaissez pas il faut lire ses nouvelles Le Compagnon du Fou et trois autres recueils parus au Masque, mais sûrement réédités depuis.
A BT et Dumonteil
Bernard Revon, scénariste du Truffaut sur Baiser volé, lui avait dit qu’en aucun cas le public n’accepterait l’idée que Belmondo soit obligé d’avoir recours aux annonces matrimoniales, lui suggérant d’employer Michel Bouquet. C’était faire fi du contexte, et même si Belmondo fut choisi par impératif commercial, sa démarche, pour se marier, est tout à fait logique. L’échec du film vient sûrement de ce malentendu avec le public, et moi qui n’ai jamais lu Irish, je l’évalue indépendamment de sa source littéraire. Il y a longtemps qu’on le juge à sa juste valeur, même si à une époque je me disais « bon sang, là aussi Belmondo trouve une fenêtre pour faire sa cascade » sans voir que la dite cascade arrive en conclusion d’ un plan-séquence dramatisé, pas du tout ostentatoire et logique avec la détermination du personnage. La tragédie de l’amour filmée par Truffaut est aussi exacte dans ce film qu’elle le sera dans LA FEMME D’A COTE. D’ailleurs, il se plait autant à éplucher Belmondo que Depardieu pour mettre à nu ce qu’il y a sous leur carapace de durs à cuire.
Belmondo en romantique désespéré ne m’a jamais touché autant que dans ce film.
A Gilles
Merci de votre défense de la « Sirène »
Et pour dire qu’on m’avait offert un coffret Folio contenant tous les romans policiers que Truffaut avait adaptés ; j’avais dévoré tout ça très vite avec un immense plaisir, sans faire grand cas des questions d’adaptation ou de transposition. ( je veux dire qu’adapter, c’est souvent trahir, du coup c’est intéressant comme ça…) C’est vrai que quand on lit « La Sirène » et ses bateaux à aube, on imagine Robert Taylor et Lana Turner … ce qui est curieux c’est que le titre ait été conservé. Je me demande si des spectateurs se sont plaint de ne voir ni sirène ni Mississipi…
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A Denis Fargeat
Surtout pas Taylor et Lana Turner. Des acteurs crédibles dans le Sud comme Mitchum
A Gilles.Je ne connais pas le dernier film qu’a tourner Anemone,j’ai revu « Le grand chemin »qui reste un film plein de délicatesse,de non-dit et d’amours entre ce couple formé par Bohringer qui joue un menuisier bourru et alcoolique et Marcelle qui est une femme meurtrie par la mort de leur enfant.Puis il y a toutes les scènes entre Martine et Louis(Vanessa Guedj et Antoine Hubert,fils du réalisateur).Souvenirs d’enfance ou l’on se cachait dans une cabane perchée dans un arbre et ou l’on faisait pipi dans les gargouilles de l’église.Puis l’occasion de revoir la délicieuse Christine Pascal toujours lumineuse et belle.Quand j’ai entendu à la radio un journaliste de France-intox qui résumait la carrière d’Anémone au »Pere noel est une ordure »et au »Grand chemin »,alors qu’elle a tournée dans plus de 65 films pour le cinéma puis la tv et surtout le théatre avec le splendid,ces propos ont gachés ma soirée.
A Yves Rouxel
De Jean-Loup Hubert (complètement disparu) je n’ai vu que APRES LA GUERRE qui m’a découragé de voir le reste de sa filmographie.
Vous avez tort, le film APRÈS LA GUERRE malgré des invraissemblances possède une réelle sensibilité ainsi que des personnages attachants et je l’avais revu plusieurs fois il y a 25 ans. On y retrouve d’ailleurs les acteurs dont un des enfants du GRAND CHEMIN.
à Gilles
Vous ne semblez pas aimer beaucoup le cinéma dit populaire ;pourtant « le grand chemin » est un joli film « vieille école « ; « la reine blanche » ,avec sa distribution brillante (les regrettés Carmet et Giraudeau , épatant de haine rentrée en vendeur de cacahuètes avec singe et tout, Bohringer ,Deneuve employée à contre-emploi ) est tout aussi bon .Un mélo qui se déroule dans Nantes des années soixante avec ses festivités et un clin d’oeil bienvenu à Demy et à sa « Lola » ;plus une somptueuse musique de Delerue qui nous donne la nostalgie de tous ces voyages que nous n’avons jamais faits.
Je craignais que le dernier épisode du voyage de BT ne fût trop axé sur la NV ; à ma grande suprise enchantée ,il accordait au moins autant de temps à Granier-Deferre ,à Boisset et à Giovanni (et au bon vieux CAL)…du cinéma populaire ,dans le sens le plus noble du terme.
A BT
je partage tout à fait votre opinion sur » a walk with love and death » Le moment-clé me semble le reflux sur Paris quand l’héroïne déclare » à quoi bon y aller? à quoi bon fuir? » tous deux sont « coincés » :quelque chose a commencé (la guerre de cent ans)dont ils n’ont pas vu le début et ne verront pas la fin ;dans un monde où la religion impose son emprise sur tout et qui ne parvient pas à se dégager d’un conflit entre Dieu et le diable ;ces deux êtres tout à fait innocents dans le péché et très dissemblables (comme souvent chez Huston:au début ,il est (et reste) un étudiant naïf ,elle a encore sa foi en la société » ceux qui prient/ceux qui combattent/ceux qui travaillent »)choisissent la vie dans un monastère désormais vide;et la fin a cette magie d’autres fables moyen-âgeuses comme « le septième sceau » ou « les visiteurs du soir ».
A DUMONTEIL
Et dans cette guerre, on ne voit jamais des Anglais se battre contre des français mais des brigands contre les civils, des mercenaires contre les paysans, les paysans contre les nobles, les fanatiques religieux contre le reste de l’Humanité, vision incroyablement fouillée et juste
A Dumonteil
Si si, j’aime beaucoup le cinéma populaire mais dans le cas de ce film j’ai trouvé Bohringer très mal dirigé, et les deux enfants sont insupportables.
J.L Hubert ne me semblait pas être un cinéaste à classer dans les « populaires » comme on l’entend généralement. Ce film, le seul que je connaisse de lui, est animé d’ambitions pour lesquelles il n’est visiblement pas à la hauteur.
A Gilles.Je vous conseille d’un réalisateur dont on ne parle jamais sur ce blog.Il s’agit de Bertrand van effenterre à qui l’on doit »Mais ou est donc ornicar »entre autre.Revenons sur »Tulultes »sorti récemment en dvd.Oeuvre chorale qui se rapproche du cinéma de Pialat voire de Bruno Dumont grace à une mise en scène toute en délicatesse.Film fort sur la mort d’un enfant puis l’éclatement et les questionnements de la famille.Le père est mareyeur et incarné par Bruno Cremer tout en interiorité dans son jeu,la mère depressive et dépassée par le choc de cette mort finira par retrouver la raison et la force de survivre.Autour d’eux leurs trois filles,campées par Julie Jéséquel,Laure Marsan et Claudine de bayser.La seconde était jumeau avec Patrick.Elle est submergée et envahit de doutes et de culpabilité.une partie d’elle est partie à jamais.Plusieurs scènes fortes en émotions émaillent ce chef d’oeuvre qui ne tombe jamais dans le pathos et le tire-larmes.En complément on retrouve un documentaire réalisée par Joelle qui est la femme de Bertrand.elle nous brosse un portrait attendrissant et drole d’une mamie de 88 ans vivant à albi et qui passe en revue ses états d’ames sur la vieillesse,la perte de mémoire puis les souvenirs d’avant guerre(fiançailles,mariage,la mort de son père et de ses deux fils).Une lueur d’espoir et de vie dans cette société qui va trop vite à son gout.
A Gilles.Je pense qu’on à dut lui fermer les portes du grand barnum du »cinéma français franchouillard ».Il y a des quantités de réalisateurs des années 80 et 90 qui se sont tournés vers la tv ou le documentaire ou qui font totalement autre chose.
A Yves Rouxel
De qui parlez vous ? Vous changez de réalisateurs et de films à chaque intervention. La vous renvoyez a Van Effenterre, à Mocky ou à XXX?
a Yves Rouxel.
J ‘ai vu LE GRAND CHEMIN pour la première fois il y a une dizaine de jours . J ‘ai adorè , le scènario et les acteurs , y compris les deux enfants qui sont formidables de naturel.
à Yves Rouxel
si les rédacteurs de nécrologies s’y connaissaient autant en cinoche que les sélectionneurs de dvds de médiathèque, ça serait trop beau.
Pour Marielle sur FInfoTV on a eu droit à sa période de second rôle puis citation du film de Corneau TOUS LES MATINS un point c’est tout, (ce n’est pas un jugement de valeur sur le Corneau)
A Gilles.J’ai trouver Shoubakka toujours un peu trop poilu à mon gout.Adolescent lors de la fameuse guerre des étoiles j’étais intrigué par cette créature au coté d’un Harrison Ford qui seul comprenait la langue de ce mi singe et mi homme!!!
à Yves Rouxel
« J’ai trouver Shoubakka toujours un peu trop poilu à mon gout »
oh oh arrêtez avec vos polémiques malsaines hein? la vie privée des comédiens et leurs défauts ne nous intéressent pas ici!
A Yves et MB
C’est vrai, halte aux discriminations de tout poil !
Déjà qu’il avait été éjecté des productions de « Hair » ( sa voix ne convainquait pas Forman pour les chansons) « Le mari de la femme à barbe » ( Tognazzi le confondait avec Annie Girardot) « Barbe noire le pirate » ( là, c’est Robert Newton, jaloux, qui l’a fait virer…), ce pauvre Chewbaka a bien fait de saisir sa chance. Et Harrisson Ford a pris des cours pendant six mois pour le comprendre.
Lucas se plaignait parce que Chewchew était pas foutu d’apprendre son texte, George était obligé de lui faire refaire ses prises plus d’une fois, le traitant de gros paresseux.
ah il avait un poil dans la main le Chewie.
(bon après j’arrête)
à Bertrand: qu’est-ce que les monteurs appelent « un plan de couverture » ou « se couvrir »?
A MB
C’est un plan de coupe (de réaction, un plan d’ensemble) qui permet d’enchainer sur une autre prise, de proposer un montage différent. La doua des studios réclamait beaucoup de plans dans des grosseurs différentes pour pouvoir aisément manipuler le montage, éliminer une réplique ce qui est beaucoup plus difficile, voire impossible si vous tournez des plans longs
passionnant! merci infiniment.
Banni de Hollywood à cause de ses prises de position très personelle,Mel Gibson est pourtant un cinéaste qui à des choses intéressantes à dire et à exprimer dans ses films.Revenons sur »Apocalypto »qui est une œuvre qui cotoie la mort,la violence,la peur et les espoirs d’un peuple qui va se battre jusqu’au bout grace à leur chef »Patte de jaguar ».On est litterallement happer par la force des images grace à un travail sur la photographie(végetation,eaux,vent,pluies,animaux de la forèt).Puis le film met l’accent sur l’exploitation de l’homme faible par l’homme puissant qui prie les dieux en faisant des offrandes humaines.Le peuple est en extase et en transe quand surgit une éclipse,signe annonciateur que la nature reprend le cours des choses et que les hommes s’inclinent dans l’obscurité . »Apocalypto »est à découvrir et revoir pour l’intensité qui s’en dégage.Bon 1er mai à toutes et tous.
A Yves Rouxel
Violences conjugales, antisémitisme, alcoolisme au volant est ce qu’on peut appeler cela des prises de position personnelles ?
A Bertrand, ah vous devez avoir une dent sévère envers Gibson pour envoyer « Violences conjugales, antisémitisme, alcoolisme au volant » qui ne sont pourtant pas des thèmes d’APOCALYPTO dont parle Rouxel : juge t-on l’oeuvre ou le bonhomme du coup (on a pourtant à chaque fois essayé de faire le distinguo ici car on pourrait faire de même avec Céline en littérature ou Renoir et ses prises de positions à géométrie variable dont parle Mérigeau dans son livre pour ne citer que deux exemples).
Après si on parle de l’oeuvre réellement, le talent de Gibson n’est assurément pas le même avec une oeuvre tout de même sujette à caution et un talent assez limité selon moi : la violence étant exacerbée et souvent dérangeante dans des films certes maîtrisés visuellement mais parfois écœurants (et certains c’est vrai y ont vu une preuve de son antisémitisme dans son film LA PASSION DU CHRIST…).
A Damien D
Je ne parlais pas du film mais de l’expression opinions personnelles pour dire que Gibson était ostracisé. Si Yves Rouxel n’avait parlé que du film, je n’aurais pas répondu ne l’ayant pas vu. Je n’ai guère aimé son film de guerre avec ses ralentis, ses effets racoleurs même si on ne peut nier qu’il y a une force dans certaines séquences. Mais j’ai l’impression qu’on me manipule. J’ai défendu nombre de films tournés ou joués par des gens qui avaient pris des positions que je pouvais juger détestables : DeMille, John Wayne. Et pour Céline, j’ai envie, pour une fois, de retourner l’équation : est ce que la force de certains livres comme NORD permet d’oublier le fait qu’il ait milité pour que les médecins juifs ne puissent exercer, qu’il ait selon Soupault dénoncé des gens, indiqué à ceux qui régnaient sur la France (en 1940/44, ce n’était pas les juifs) des catégories d’individus à combattre et à exclure.
A Bertrand, oui je vous ai renvoyé un message comprenant bien votre observation sur « les opinions personnelles » de Gibson que cite Yves Rouxel donc zéro manipulation de ma part ! Vous étiez en effet le premier à défendre des films de De Mille ou Wayne à l’opposé de leurs opinions politiques douteuses (d’où mon début de surprise sur le coup et comprise dans un deuxième temps en relisant le message de Rouxel). Quand aux opinions et aux actes de certains acteurs, réalisateurs (ou producteurs), il est certain que ça peut jeter parfois une ombre même indirecte sur leurs œuvres : on pense à Céline mais même à Weinstein, Kevin Spacey pour ne citer que quelques noms. Ce dernier m’a démotivé subjectivement de me plonger dans la série « House of cards » que je me réservais…
Le cas De Mille est intéressant : car ses films des années 20 et début des années 30 présentent une réelle modernité et pour défendre une certaine idée de « moralité chrétienne » n’hésitait pas à montrer des scènes de nudité érotisantes que n’auraient pas permis le code Hays afin de démonter le paganisme romain (CLEOPATRE, LE SIGNE DE LA CROIX) !
Et puis il y a les cas transversaux : Renoir et Autant-Lara… Des opinions plus que contestables (Autant-Lara à la fin de sa vie uniquement) mais des œuvres humanistes, féministes, sensibles…
A Damien D
Contrairement à Renoir qui prit position à un moment où les « indésirables » couraient de grands dangers, Lara lança son venin plus de dix ans après avoir cessé de travailler et quand ces propos ne pouvaient nuire qu’à leur auteur
A Bertrand Tavernier
Je retourne et re-retourne l’équation : Faut-il condamner les meilleurs Autant-lara à la lumière de ses prises de positions, certes à une époque où il ne tournait plus, mais je pense que l’antisémitisme et le gâtisme n’ont pas grand chose à voir. Ou Hawks, même si à l’époque où il tournait RIO BRAVO Lauren Bacall n’avait pas encore écrit ses mémoires.
A Gilles
Vous répondez à votre question « au moment où il ne tournait plus ». L’antisemitisme dont parle Bacall n’est pas présent dans les films de Hawks. On peut juste noter qu’il préférait travailler pour des studios non dirigés par des juifs, c’est tout. On ne trouve pas non plus de personnages de noirs dans ses films et c’est le seul réalisateur d’envergure que j’ai entendu proférée de très douteuses plaisanteries racistes. Todd McCarthy signale tout cela dans son livre très admiratif du cinéaste
A Bertrand Tavernier
« Vous répondez à votre question « au moment où il ne tournait plus »
Mais Celine écrivait NORD à une époque où il ne diffamait plus les juifs. « Polanski a payé » mais Celine aussi avait payé, et une addition sacrément salée.
Voyez qu’on peut jouer au ping-pong à n’en plus finir.
A Gilles
Je trouve que vous vous y entendez dans l' »art » de noyer le poison avec des parallèles douteux dont vous avez le secret.
Je rappellerais juste que le sujet initial était Mel Gibson et que Bertrand Tavernier s’étonnait, à juste titre, qu’un comportement de chiotte soit ramené à des « prises de positions personnelles ». C’était aussi simple que cela.
A votre décharge, la discussion a immédiatemment déviée sur l’increvable débat sur notre rapport à l’oeuvre face au comportement de l’artiste. Déviation due à la confusion de Damien (qui s’en est rendu compte) plaçant sur le même plan lié à cette thématique Mel Gibson, Céline, Claude Autant-Lara, Cecil B.De Mille, John Wayne, Clint Eastwood et Jean Renoir…
N’en jetez plus!
A ce stade, je me disais qu’il manquait au débat un invité de marque et paf !
Grâce à Henri Patta, Roman Polanski déboula, légèrement contrarié de ne pas avoir été convié plus tôt.
Alors qu’est ce qui est pire : proférer, ivre mort, des injures antisémites ou bien saouler, droguer puis violer une gamine de 13 ans?
Je pourrais arguer que la réalité est plus complexe que ça.
Ce n’est même pas le problème : je crois surtout que les deux concurrents en lice ne boxent absolumment pas dans la même catégorie, au même moment.
Donc, présenté comme ça, oui, je le dis, Polanski est pire que Gibson. Présenté comme ça…
Mais c’était sans compter sur vous, Gilles, qui adorez jouer « au ping-pong à n’en plus finir ». A moins que ce soit au bonneteau car dans cette phrase à deux intervenants
(« Mais Celine écrivait NORD à une époque où il ne diffamait plus les juifs. « Polanski a payé » mais Celine aussi avait payé, et une addition sacrément salée. »), on sent bien que Polanski redevient un prétexte sulfureux et que Claude Autant-Lara revient en substance.
Sauf qu’il y a quelque chose qui cloche dans votre équation.
CAL (ça y est j’ai le tic) a gravement déconné sur les juifs 15 ans après la Seconde Guerre Mondiale.
Céline a écrit son texte immonde alors qu ‘on avait déjà commencé à les assassiner.
à A Angel: exact, très important de rappeler le contexte historique pour chacun. Et 100% d’accord avec le reste.
Gilles a priori vous changez de pseudo à chaque fois que vous repassez par ici cest ça?
Je relis à l’instant le début du post d’Yves Rouxel et comprend votre intervention Bertrand qui n’est pas en lien avec APOCALYPTO : effectivement on ne peut pas parler d' »opinions personnelles » quand au personnage qu’il est !!
A Bertrand.J’ai écrit cet article pour l’oeuvre du cinéaste ,on est pas là pour juger l’homme car parmi les réalisateurs français,on pourrais en écrire autant.Ne parlons pas des comportements de comédiens durant la seconde guerre qui ont été épargnés par la bonne conscience du cnr.
on Yves, vous parliez de ses opinions personnelles.Et durant la seconde guerre, l’Occupation, il faut faire attention comme l’ont montré nombre de livres récents à ne pas tout mélanger. Arlette n’a jamais collaboré, elle a juste vécu une authentique histoire d’amour avec un Allemand mais a aidé (je le tiens de Prévert) des résistants. Il faut faire la part entre ceux qui ont trafiqué, mégoté avec l’ennemi (parmi les actrices, c’était parfois le cas de leurs mecs) et les vrais collaborateurs ou ceux qui ont fait des actes écoeurants comme Joannon. Fernandel ne sort pas blanc bleu de ces livres mais la commission d’épuration des acteurs n’osa pas s’en prendre à lui ni à Tino Rossi. Le livre de Leteux donne plein de précision et l’on voit que Darrieux est mille fois moins « collaborationniste » qu’on a bien voulu l’écrire, sans faire de recherches.
« Apocalypto » de Saint Mel (comme l’appelle un de mes amis américains) doit beaucoup à « the naked prey « ( 1966),un film remarquable de l’acteur/réalisateur Cornel Wilde.
A Dumonteil
Le film emprunte aussi à KING OF THE SUN fulgurant nanar de J. Lee Thompson dont la seule qualité était, comme APOCALYPTO, de proposer une vision alternative des civilisations précolombiennes. A elle seul la perruque de Bard Dexter vaut le détour. C’est dommage que vous ne fassiez jamais les bonus des nanars Sidonis, monsieur Tavernier.
D’accord avec M.B sur le jeu très discutable de l’acteur, mais pas d’accord avec ce tir à boulet rouge sur La passion du Christ, dont le propos « antisémite » ne m’a pas plus sauté au visage que dans Le roi des rois ou La plus grande histoire jamais contée. Le parti pris de faire jouer les acteurs en latin et en hébreu était en tout cas très payant. Et visuellement c’est pas mal.
Je vais quand même regarder MILLION DOLLAR HOTEL, dont on m’a assuré qu’il était un remède contre l’insomnie. Mais l’attelage Gibson-Wenders est tellement improbable que je prends le risque.
Il ne faut pas plus juger les films de Gibson à l’aune de son antisémitisme que ceux d’Eastwood à l’aune de son droitisme, ni ceux d’Hitchcock à l’aune de son obésité. Je plaide pour la disparition des génériques.
A Gilles
Sinon que les films d’Eastwood prennent position contre des valeurs défendues par ceux pour qui il vote : le droit des femmes, le respect des minorités. Gibson, au contraire, dans son film sur le Christ fut accusé d’antisémitisme et de fascination pour la violence, ce qu’on ne trouve pas dans UNFORGIVEN, LETTERS FROM IWO JIMA. Eastwood est politiquement conservateur et socialement progressiste. Gibson me parait plus d’une seule pièce
100 % d ‘accord avec vous. D ‘autant plus quand on voit la caste qui dèfend Polanski qui a droguè , saoulè et violè une gamine de 13 ans.
‘ELLE ETAIT CONSENTANTE » belle dèfense en effet. Je rèpete , pour les mal-comprenants , elle avait 13 ans !
Mais c ‘est surement plus grave de profèrer des injures antisemites quand on est ivre. Drole d ‘èpoque.
Quand a APOCALYPTO , il y a une dizaine d ‘annèes, après avoir ètè èpoustouflè par le film , je l ‘ai fait visionner par des vietnamiens en version originale , alors qu ‘ils ne parlaient pas un mot d ‘anglais.
Tous , de la grand-mère , aux petits enfants , en passant par le couple chez qui j ‘ètais accueilli ont ètè subjuguès. Pas une parole durant le film , ce qui quand on connait l ‘asie du sud-est est un exploit peu commun.
Et j ‘ai rèitèrè la mème expèrience plus tard en thaìlande , pour le mème rèsultat.
Alors je e dis pas que Gibson est un grand rèalisateur , je dèteste ces autres films bien trop ampoulès a mon goùt, mais sur ce film il a ètè menè par quelque chose , qui l ‘a amenè a se surpasser et le rèsultat est etonnant.
à H Patta: Polanski, je ne suis pas d’accord avec vous et je ne sais pas de quelle caste vous parlez (quant aux « mal comprenants » passons…), on a eu l’occasion de faire des commentaires là-dessus ici même et vous parliez déjà de « groupies » pour les défendeurs de RP il me semble, les termes infâmants ou insultants n’aident pas à la discussion… vous allez aussi approuver les activistes qui ont forcé Rauger à supprimer l’hommage à Brisseau à la cinémathèque?
A MB
Le documentaire sur Polanski dit tout et il n’est pas question d’excuser une action infâme mais aussi d’examiner la conduite de la justice américaine et du juge. Pourquoi être plus dogmatique que le procureur qui a fini par approuver la fuite de Polanski à la suite des manoeuvres du Juge qui utilisait l’affaire non pour rendre la justice mais à des fins personnelles. Et Polanski a payé. Et la victime a pardonné et demande qu’on arrête les poursuites
à Bertrand: POLANSKI/Ce n’est pas moi qui penserais le contraire, mais votre message s’adresse plutôt à H Patta? c’est d’ailleurs à lui que je répondais dans le même sens!
A MB
Ne vous crispez pas sur le mot « caste » Henri Patta parle sûrement de l’instinct d’auto-conservation de la bourgeoisie. Pas d’autre chose.
« Ne vous crispez pas sur le mot « caste » Henri Patta parle sûrement de l’instinct d’auto-conservation de la bourgeoisie. Pas d’autre chose. »
mon dieu comme tout s’éclaire, et moi qui croyais que HP avait usé d’un terme polémiste et infâmant. Tout va bien.
à Yves Rouxel: GIBSON/ « banni de Hollywood » non pas du tout, il a été un peu critiqué mais c’est pas Weinstein! regardez sa filmo il n’a jamais arrêté, un petit trou comme acteur après 2005, mais il faisait de la production. Je n’aime pas
cet acteur raciste et d’autre part au jeu brutal et sans finesse, il a fait illusion avec la tentative de suicide du flic de ARME FATALE 1, mais j’avais trouvé la scène ridicule. Et je sens qu’il a un goût dégueulasse pour la violence voir le film que vous citez et pas prêt de voir sa vie du christ! et pourquoi me faites-vous parler de Mel Gibson par ma barbe? Cet acteur ne présente aucun intérêt. En plus il hait les homos, toutes les qualités! avez-vous vu un film intéressant dernièrement?
Je vous trouve injuste avec Mel Gibson. Non pas par rapport à ses conneries bien documentées (oui, c’est visiblement loin d’être un type admirable) mais par rapport à ses films en tant que réalisateur (l’acteur a joué dans Mad Max, on peut s’arrêter là pour moi). Braveheart a des qualités et son dernier film aussi (bon j’ai quand même oublié son titre) mais surtout APOCALYPTO dont parle Rouxel est à voir absolument. Un film sur le déclin de la civilisation Maya, entièrement en langue Yucatec avec des scènes d’action époustouflantes et très bien réalisées. Vraiment une oeuvre très originale, de grand spectacle au sens noble du terme… J’aimerais avoir des avis sur Gibson réalisateur après la vision de ce film plutôt qu’avant. Et je vais peut-être le revoir moi-même car je l’avais vu étant encore adolescent. J’ai pu le surestimer comme beaucoup de films violents vus à l’époque (exemple: ORANGE MECANIQUE que je trouve aujourd’hui pas terrible mais qui était mon film de référence au lycée) mais il m’a tout de même laissé un souvenir très fort (cette fin! Digne de la PLANETE DES SINGES).
A richpryor
Je vais revoir le film
A Richpryor (salut au fait!!!)
Bertrand Tavernier l’a mentionné à propos du film de guerre dont moi aussi j’ai oublié le titre (mais que je n’ai pas vu), certains moments ne manquent pas de force.
Je dirais qu’il y a dans les films de Mel Gibson une espèce de puissance archaïque du récit qui fait qu’ils ne sont jamais si moqués que cela (ça pourrait être vachement pire)quand vous lisez les critiques.
Bon, certains ont quand même traité APOCALYPTO de nanar.
De fait, le film est lourd, peu digeste, complaisant (le coup des testicules de tapir, c’est juste pas possible) mais pourvu d’une sorte d’étrangeté, un côté OVNI, qui fait que la mémoire s’en imprime. On regarde ça comme si on nous le racontait au pied d’un baobab avec une énergie, un peps narratif indéniable.
Je trouve que le meilleur moment du film est l’arrivée des captifs dans la cité Maya : il y a là comme une proposition ethnographique qui n’est pas ridicule (j’ai même pensé à Pasolini ou au Fellini du SATYRICON) tout en étant spectaculaire.
Mais je n’ai pas eu envie pour autant de me procurer le BR séance tenante.
A Alexandre Angel
Il a eu des nominations à l’Oscar ce qui n’est pas vraiment une moquerie
Mel gibson réalisateur peut avoir quelque talent mais de là à en faire un grand réalisateur c’est un pas que je ne franchirai pas. Il peut réussir des scènes mais même apocalypto saisissant dans son côté survival tombe aisément dans une surenchère qui nous prive de dimension humaine.
Malgré ses frasques j’aime bien celui qui fut mad max ou sut si bien servir l’univers de peter weir. Acteur limité mais doté d’une présence magnétique.
à Richpryor: GIBSON je ne parlais que de l’acteur pas du réal dont je n’ai vu aucun film.
My mistake
à richpryor: no problemo offkourss
mais ce qui m’ennuie c’est qu’il faut finalement que je voie APOCALYPTO a priori, j’ai une résistance à vaincre à cause de vous!
A MB.Je voulais simplement mettre en avant un réalisateur qui montre et qui dénonce la violence des hommes.Ensuite ne commencez pas comme la plupard des blogueurs à dériver sur son anti-sémitisme,son homophobie et sa violence conjugale et ses excès d’alcool.Je ne suis pas ici pour créer la polémique.
à Yves Rouxel: non je ne crois pas que Gibson dénonce, mais qu’est-ce que vous racontez après sur la plupart des blogeurs?…
A tous.Si j’avais su je ne saurais pas venu comme disait le petit gibus dans « La guerre des boutons ».Allez je vais prendre de la hauteur avec « Les compagnons de la marguerite »un Mocky comme je les aime quand il tape sur l’église et les curés,les politicards verreux(des noms,des noms)et puis même quelquefois de la profession du cinéma ou il épargne personne.Mocky est le seul depuis 60 ans qui à des couilles même si il est un peu mythomane sur les bords!!!!
A Yves
Non, non il n’est pas le seul à avoir des couilles. Arrêtez ces déclarations péremptoires. Je connais des dizaines de cinéastes qui se mouillent autant et plus que lui. Mocky est pittoresque, parfois à bon escient dans LES COMPAGNONS DE LA MARGUERITE et quelques autres films mais il peut être aussi poujadiste comme dans une nuit a l’assemblée nationale. S’en prendre aux curés même de manière cocasse comme dans le MIRACULÉ, ne nécessite pas un courage hors du commun et les politicards qu’il attaque n’appartiennent jamais à un parti véritable contrairement à des films de Boisset, de Stephane Brizé et autres. Ce n’est pas une preuve imparable mais d’un autre côté les dénonciations de Mocky paraissent parfois datées. En tout cas, ce n’est pas le défendre que d’en parler ainsi
Erratum et de taille!
12mai:
(matinée)
la nuit du carrefour (Renoir) ;j’ai toujours lu qu’une bobine manquait ,ce qui rend l’intrigue difficile à suivre ;corrigez-moi si je me trompe.
la maison du maltais (Chenal)
j’ai oublié,que pour consoler les spectateurs du morceau manquant,ils ont programmé aussi ce jour un 3e film:
j’attendrai aka le déserteur (Moguy)
double wow et chapeau,Don!
Notre patrimoine toujours là à San FRANCISCO ! »the French had a name for it » (film noir)
Le mois de mai sera riche ;beaucoup d’usagers retrouveront ici des films qu’ils aiment:
10 mai
compartiments tueurs ,Costa-Gavras
l’armoire volante ,Carlo Rim
11 mai
(matinée)
les inconnus dans la maison ,Decoin
la dame de pique ,Keigel
(soirée)
obsessions (Delannoy)
meurtres (Pottier)
bonus : »le retour de jean » (Clouzot,de »retour à la vie » )on peut appeler çà un bonus non?
12mai:
(matinée)
la nuit du carrefour (Renoir) ;j’ai toujours lu qu’une bobine manquait ,ce qui rend l’intrigue difficile à suivre ;corrigez-moi si je me trompe.
la maison du maltais (Chenal)
(soirée)
Hans le marin (Aumont)
portrait d’un assassin (Bernard -Roland)
ce qui fait une soirée Maria Montez
[Le premier nommé me semble le plus faible de toute la série ,Aumont retournant au style d’avant-guerre en 1948,sans le talent de ses aînés;Lili Palmer vole la vedette sans problème]
13 mai
Maigret tend un piège (Delannoy)
La tête d’un homme (Duvivier)
wow!
A ballantrae:
« reflets dans un oeil d’or » est le film préféré d’Huston ;c’est aussi le mien et une adaptation parfaite du roman de Carson McCullers quoiqu’en disent les Américains qui ne le portent pas haut.
A Dumonteil.Il serait bien d’avoir des blogueurs en Russie,en Chine ,en Afrique et mème en Amérique du sud afin de savoir si des films français sont projettés lors de rétrospectives.
A Yves Rouxel
Unifrance fait ce travail et en allant sur son site, vous trouvez tous ces renseignements
A Bertrand.Vous me rappelez une émission d’Henri Kubnick animée par Carole Chabrier sur tf1″Réponse à tout »!!!
A Yves Rouxel
Ou Monsieur Champagne dans 100 francs par seconde de Jean Jacques Vital
A Bertrand.Etant plus jeune que vous,je n’ai pas connu cette émission de radio.Restons dans l’absurde poétique avec « La raison du plus fou »réalisé par François Reichenbach,écrit et joué par un Raymond Devos imperial qui donne à ce film un ton original et singulier.On y voit Devos sur un fil,jonglé avec des fruits et légumes sur un marché,mais surtout il ne se prend pas au serieux dans cette comédie grinçante et drole à la fois.Le duo de motards que forme Pierre Richard et Lino Ventura est excellent,puis Alice Sapricht et Carmet.Enfin ce film est un pur bijoux à voir et revoir.
D’accord avec vous Bertrand sur les deux huston.
Le barbare et la geisha est dénué de vie et de véritables enjeux dramatiques.
Même le raffinement esthétique m’en semble comme hors sol, élaboré en soi sans evolution véritable.
In this our life oui est une reussite modeste mais réelle qui effectivement dessine intelligemment ses personnages.
Revus récemment the dead, l’homme qui voulut être roi et moulin rouge eux sont des splendeurs chacun dans son genre prouvant que huston savait rendre génial l’éclectisme pour peu qu’il se passionne pour son projet.
Avoir prétendu durant des décennies que c’était un faiseur cynique est une erreur grossière typique de la politique des auteurs façon cahiers.
Il y avait les films avec et les films sans comme on dit pour les jours. Quand le coeur y était cela devenait puissant et inspiré.
A Ballantrae
Huston est un cinéaste fascinant et les Cahiers (pas Doniol Valcroze) sont totalement passé à coté par myopie esthétique et idéologique. Certains de ses films ambitieux, personnels pouvaient paraitre engoncés (C’est le cas de We WERE STRANGERS) ou solennels mais quand on les revoit des années après cette impression disparait même si la réussite n’est pas totale. J’ai ainsi revu à la hausse LE TRESOR DE LA SIERRA MADRE, MOBY DICK, AFRICAN QUEEN. Il y a en tout cas dans ses oeuvres une ambition intellectuelle passionnante surtout dans une cinéma qui se voulait anti intellectuel.Et les films que j’adorais (LE FAUCON MALTAIS, DIEU SEUL LE SAIT, QUAND LA VILLE DORT) me comblent encore plus maintenant. Ses derniers films comptent parmi ses plus belles réussites (FAT CITY, THE DEAD) et leur ambition est incroyable en regard de tant de fin de carrière en chute libre. Certes, il y a des films bâclés (VICTORY), tournés sans conviction pour montrer un projet plus personnel (THE MACINTOSH MAN, ANNIE) ou des réalisations auxquelles il cesse de s’intéresser au milieu du tournage (DAVEY DES GRANDS CHEMINS où il essaya de démolir l’acteur principal pour stopper le tournage). C’est arrivé à d’autres metteurs rn scène : Ford perd tout intérêt pour THE HORSE SOLDIERS après la mort d’un cascadeur ce qui explique ces dix ou quinze dernières minutes totalement bâclées, avec des scènes non tournées et seule la politique des auteurs la plus aveugle peut les récupérer
Parmi ses plus belles réussites, n’oublions pas Reflets dans un oeil d’or sur lequel il revient dans Amis américains (et en fait même son film préféré je crois) mais aussi Le malin et Promenade avec l’amour et avec la mort que j’aimerais tant voir un jour sur grand écran en version restaurée.
Au dessous du volcan est un film étrange qui affronte une matière romanesque assez impossible mais en tire une lecture possible à défaut de constituer l’adaptation absolue.
Lowry, Melville, Joyce il ne fallait pas être timide pour envisager de telles adaptations!
Découvrant le volume des critiques de Rivette (éd Post), je bondis assez régulièrement en lisant tel anathème sidérant: exemple sur Play dirty d’A De toth » tout le monde fait son petit boulot, soldats, comédiens, techniciens et sans coups d’éclat:c’est la guerre hebdomadaire ».Plus haut il est question de « l’âne Martin » (Ritt).Trois pages avant une attaque double contre le cinéma de Max Linder et René Clair à seule fin de défendre Chaplin qui n’en demandait pas tant admirant le premier et empruntant explicitement au second (dans A nous la liberté).
Le pire c’est le texte sur Kapo que je regarde avec distance après vérification sur pièce.
D’autres pages heureusement sont plus honnêtes et inspirées mais bon je préfère l’art et la manière de Roger Tailleur ou de Bazin.
A ballante
Rivette pouvait avoir des fulgurances (sur Kazan par exemple) et il écrivait souvent très bien. Mais il avait trop le gout des formules, des raccourcis péremptoires : »le cinéma sera…. ou ne sera pas. Au choix dissonant, politique, mélodique.. Chabrol disait de lui que c’était le Père Joseph
A Ballantrae
A titre personnel, toujours tendance à absoudre les critiques quand ils passent à la réalisation ; déjà parce qu’ils paient alors tout le mal qu’ils ont pu dire, question de karma – on connaît bien l’exemple de Truffaut ; ensuite parce que ces écrits prennent alors la forme d’autant de manifestes esthétiques. Ou bien d’erreurs de jeunesse. Tiens , en parlant de Jeunet, voilà ce qu’il écrivait dans « Fluide glacial » au sujet de « 2001 » : « … S. Kubrik reconstitue avec minutie ce que devait être la vie des singes avant l’apparition de l’homme. Un matin arrivent les extraterrestres. On notera la subtilité du réalisateur qui, plutôt que de nous montrer de petits hommes verts, ne nous découvre que leur habitation: un monolithe de forme parallélipédoïcale et de couleur sombre, […], ne comportant aucune cheminée, ce qui peut laisser supposer qu’ils ne se nourissent que de plats froids. […] Enfin, [les singes] lancent les os en l’air, et ceux-ci se transforment en vaisseaux spatiaux. Par la même occasion ils inventent la musique classique. » (in « 500 je me souviens… »)
N’est ce pas la subjectivité d’une critique qui en fait justement tout le sel ? On en a un très bel exemple avec le dictionnaire de Vecchiali. A moins que le consensus ait imposé son dictat définitif, à travers une nouvelle génération de critique de cinéma dont le mètre étalon serait Laurent Weil (je taquine un peu) je me régale à lire les avis de ces vieux soldats de métier à la plume aussi alerte qu’insolente. Et la plume de Vecchiali, absolument brillante, nous renvoie à celle de Carné, quand il écrivait à ses débuts sur le cinéma. Philippe D’hugues en avait donné de très belles lectures sur radio courtoisie. D’hugues qui d’ailleurs affirme n’aimer ni Kubrick ni Francesco Rosi, comme personne ne pourrait le faire aujourd’hui sans être excommunié.
A Gilles
Certaines personnes qui professent les mêmes gouts dirigent des institutions. Et les recensions critiques de Ciment sur Kubrick montent la domination de ceux qui détestaient ses films pendant de longues périodes. J’ai dit ici le bien qu’il fallait penser malgré des outrances des ouvrages de Vecchiali et défendu Philippe d’Hughes
à Gilles/ »D’hugues qui d’ailleurs affirme n’aimer ni Kubrick ni Francesco Rosi, comme personne ne pourrait le faire aujourd’hui sans être excommunié. »
« excommunié »? avec flagellation publique? bien sûr vous charriez, personne ne va vous condamner pour affirmer ça au contraire ça vous rend original, ça vous classe comme original et singulier dans les salons.
A MB
« personne ne va vous condamner pour affirmer ça au contraire ça vous rend original, ça vous classe comme original et singulier dans les salons. »
On ne parle pas d’un gratte papier d’une revue lambda, mais bien de Philippe d’Hugues, qui a son âge et avec le métier qu’il a derrière lui doit bien se ficher de paraitre original dans les salons.
à Gilles vous vous êtes mal relu, vous avez bien dit « comme personne ne pourrait le faire aujourd’hui sans être excommunié. »
vous parlez donc bien de qqn, n’importe qui, dans le monde, qui oserait dire qu’il n’aime pas Kubrick etc. et qui serait excommunié (sans qu’on sache bien de quoi il s’agit, en tout cas condamné), je dis que non bien sûr qui va se soucier beaucoup de ça?
A Bertrand,
Que pensez-vous du MALIN, que je n’ai pas vu depuis très longtemps?
A Alexandre Angel
Je l’avais trouvé très personnel mais ne l’ai pas revu
A Ballantrae et Bertrand
J’en profite pour rappeler le livre « La baleine de Dublin » de Ray Bradbury. Récit empreint de la naïveté habituelle à son auteur, avec un portrait hallucinant – et halluciné – de Huston, pendant l’écriture du scénario pour « Moby Dick ». C’est un peu ce qu’un tableau de Grant Wood serait à une photo de Walker Evans, mais plaisant à lire.
A Denis Farheat
Il a aussi Picture de Lilian Ross (Un film est u!n film )
Merci pour ce conseil, le livre a l’air passionnant et Lillian Ross semble être encore une belle plume au superbe oiseau qu’est le New Yorker. On dirait, à en lire le résumé, que faire un film n’est pas forcément un long fleuve tranquille… surtout si on a des ambitions artistiques.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Air-du-Temps/Un-film-est-un-film
à D Fargeat/ »faire un film n’est pas forcément un long fleuve tranquille… »
Il faut lire Pas à Pas dans la Brume Electrique de Bertrand.
à Bertrand: à propos de LA BRUME est-il courant que le monteur soit présent sur le plateau?
Une autre chose: dans ce film, la vedette ou le producteur ou le monteur remet en question les choix du réalisateur, est-ce juste un besoin de discussion pour le bien du film ou est-ce typiquement américain. parfois, ces avis spontanés entraînent des disputes pénibles, parfois non.
et enfin: on a jamais vu deux montages différents du même film sortir en même temps (pas pour les mêmes marchés certes), je croyais que la décision du montage final ne revenait qu’à une seule maison de production, dans le cas de coprods il semble qu’il y ait toujours eu une décision prise au départ là-dessus (mais peut-être pas). Surtout on voit bien qu’avec LA BRUME, du coup le marché se retrouvait divisé en deux, ce qui n’est pas bon pour les revenus du film, qui vont, divisés, dans deux poches différentes et donc on peut le supposer, réduits d’autant?! D’ailleurs pourquoi la version USA plus courte s’est-elle retrouvée en direct video là-bas, ça n’a pas dû être d’un très bon rapport pour le producteur américain Fitzgerald (celui qui oublie de dire merci quand on lui offre une caisse de bordeaux!).
Dans les avis américains sur la version Little Bear de 117′ montée par Thierry Derocles on trouve rien, sauf une phrase sympa de Maltin qui lui a pris la peine de voir cette version, je regrette qu’il ait arrêté son guide celui-là.
A MB
Oui le monteur est souvent sur le plateau aux USA et cela peu être utile. Dans ce cas particulier, je ne m’entendais pas avec lui et il avait des idées démodées et lourdes. Il est souvent arrivé qu’un film sorte en deux versions, une pour les USA, l’autre pour le marché étranger
à Bertrand ok merci. Dans ce cas, il me semble qu’il s’agit de deux films aux montages totalement différents, pas de juste une histoire de quelques plans ou images en moins pour une raison ou une autre.
A MB
J’avais bien sûr lu « Pas à pas… », beau journal de tournage. Je lis actuellement les « Je me souviens » de Jeunet, et ce qui concerne le tournage d' »Alien » rappelle l’expérience américaine de Bertrand. Professionalisme, moyens, mais aussi lourdeur des procédures, consignes de sécurité absurdes ( tous les matins le fils d’un producteur, bombardé responsable sécurité, explique qu’il est dangereux de tomber dans l’eau.). Et systématiquement 200 personnes sur le plateau , « tellement bruyantes que j’ai cru mourir. » Mais aussi de belles rencontres…
Je reviens sur Promenade avec l’amour et avec la mort que j’ai trouvé d’un ennui profond on aurait dit huston qui parodie Bresson,moi des acteurs qui ne jouent pas aucun intérêt excusé là et j’ai belle et bien acheté ce dvd après critique sur de blog.
A Yvon
Une opinion n’est pas un fait. Ce film est pour moi (et quelqu’un de plus brillant et érudit comme l’historien Jacques Le Goff, sans parler d’Hervé Dumont souscrit ce jugement), c’est un des films les plus justes, les plus documentés, les plus pénétrants sur le Moyen Age, qui sent et comprend cette époque et nous offre un plaidoyer vibrant pour la tolérance
a YVON.
Pour ma part c ‘ètait LE BAL DES POMPIERS , que mr Tavernier avait chaudement recommandè , et que j ‘avais trouvè vraiment pas bon. Nous nous ètions ècharpès lui et moi a ce sujet.
Mais a cotè de ça , que de trèsors que j ‘ai pu voir gràce a ce blog , que de redècouvertes , que d ‘admirables surprises.
Une dèception de temps en temps , n ‘est rien , par rapport aux heures de bonheur que distille le blob de bertrand tavernier.
A Henri Patta,
ATTENTION AU BLOB!
à D Fargeat/Pas à Pas… le coup du mec qui déboule de los Angeles pour vérifier qu’on fait pas de mal aux crabes (aux frais de la production) vaut son pesant de caramels mous!
Mais Bertrand s’est régalé de cuisine cajun tant qu’il a pu! Je suis jaloux! Faut que je trouve un bon livre de cuisine de là-bas.
A MB,
J’ai fait un jambalaya il n’y a pas longtemps. C’est pas dur à faire (j’y ai quand même mis un certain temps mais c’est parce que je suis lent).
A MB
Gare au surdosage en cas de jambalaya… and beware of Dr Pepper!
WALL STREET, BORN ON THE 4th of JULY, THE DOORS
Ce dernier film fut désavoué sur le plan de la véracité par l’un des ex-DOORS Ray Manzarek.
Val Kilmer s’en tire très bien ,surtout dans les scènes « à faire » de la conduite lascive sur scène ;il y a de déroutantes scènes oniriques exploitant le thème de « riders on the storm » ,mais je souscris au jugement « effets visuels voyants, idées préconçues, symbolisme appuyé »;en outre sur le plan de la création musicale ,moins spectaculaire cinématographiquement,sauf pour « light my fire » ,pas grand chose….La scène avec Nico est heureusement fort courte ,l’actrice ne ressemblant pas du tout à l’artiste .
This is the end,my friend.
Même si je me doute que « Le magot de Josepha » n’est pas un des meilleurs film d’Autant-Lara, depuis longtemps j’ai très envie de le voir pour savoir si on reconnait la patte de Bernard Dimey auquel Autant-Lara a demandé de participer à l’écriture des dialogues pour apporter un peu de « sang neuf ». Et dans l’excellente biographie de Jean-Pierre Bleys, on apprend : »Au début Lara apprécie l’ambiance de travail : « cette triplette est en pleine forme-et réjouissante. (…)c’est en train de devenir un excellent scénario (…) Ce sera, avec certitude, un rôle épatant pour toi » (lettre à Anna Magnani). Mais peu à peu l’harmonie au sein de la petite équipe se détériore fortement, Dimey traitant ses deux collègues, aux dires mêmes de Lara, de « vieux cons » » (lire la suite page 517).
En fait je suis un grand admirateur passionné du poète/parolier Bernard Dimey (« L’amour et la guerre » (musique Aznavour) pour « Tu ne tueras point » que je n’ai jamais vu) et je vous conseille vivement la lecture de « Je ne dirai pas tout »(édité chez Christian Pirot) et qui vous donnera probablement l’envie de lire les trois autres ouvrages (chez le même éditeur)et de l’écouter (il existe de nombreuses vidéos sur youtube). Mais hélas Dimey et le cinéma, c’est un rendez-vous manqué. Vous aviez parlé amèrement du film d’Yvan Govar, le médiocre « Deux heures à tuer » (avec pourtant une spectaculaire distribution)dont il est le scénariste et dialoguiste. Il existe aussi un DVD du documentaire « Bernard Dimey, poète et pourquoi pas ? » de Dominique Regueme (Real productions). Autant-Lara déclara à Freddy Buache « Dimey était un grand poète mais pas un auteur pour le cinéma ». Et pourtant j’ai hâte de voir enfin « Le magot de Josepha »
J ‘espère que vous nous donnerez vos imprèssions.
Mais » l ‘excellent scènario » dont parle AUTANT-LARA est pour moi , dècevant. Quand aux dialogues , j ‘avoue qu ‘ils ne m ‘ont laisser aucun souvenir prègnant.
Mais je serais ravi d ‘avoir un autre point de vue.
Je ne veux pas vous décourager ,mais franchement ,là!
Brasseur et Magnani se livrent à un concours de cabotinage dans un scénario abracadabrant et lourd :Henri a mille fois raison de mettre excellent entre guillemets :comme le maire ne peut pas fournir d’harmonium au curé ,l’héroïne lui offre un juke box ;le curé quitte sa soutane pour danser le tango …
La Magnani est une de mes actrices italiennes préférées ,mais voyez la plutôt,si ce n’est fait, dans « mamma roma » de Pasolini qui est contemporain à ce film qui fit bouillir la marmite de CAL (pour reprendre le diminutif inventé avec bonheur par Martin-Brady)
CAL fit des navets (ce film ,l’épouvantable « vive Henri IV ,Vive l’amour » ) pour pouvoir tourner des sujets qui lui tenaient à coeur : « tu ne tueras point » et les deux « femme en blanc » (j’y ajoute « le franciscain de Bourges » même si nous ne sommes que deux ou trois à le défendre sur le site ) des incontournables de CAL
« Deux heures à tuer » ,je serai plus indulgent, est un petit thriller original ;j’ai déjà parlé de Govar :sa première oeuvre est un moyen-métrage « nous n’irons plus au bois » qu’il a refait sous le titre « la croix des vivants » ;ce sont ses deux oeuvres les plus intéressantes .
Mr Tavernier, merci de nous avoir conseillé « Voyage sans retour » de Tay Garnett, je viens de le voir et c’est une film merveilleux, à condition d’avoir un peu de goût pour le romanesque. Toutes les scènes d’amour entre la touchante et radieuse Kay Francis et William Powell semblent nimbées d’une lumière particulière, le temps s’y suspend, pardonnez mon lyrisme mais une sorte de grâce s’invite… Les personnages du « couple secondaire », le policier et la fausse comtesse de Barilhaus (en réalité Barrel House Betty!) sont intéressants aussi : touchés à leur insu par l’atmosphère amoureuse, on les voit évoluer d’une certaine raideur pour l’un et d’une roublardise à l a limite du cynisme pour l’autre, vers une sorte de reddition face à leurs sentiments naissants. Même les gags fonctionnent bien : le vol du réveil par l’intenable Skippy, ses embrouilles avec les serveurs du bar…
Et quelle fin merveilleuse, un simple plan d’une élégance folle!
Merci à vous, encore une fois!
J’ai appris hier le décès de Jean Pierre Marielle, chez Bertrand Tavernier marquis de Pontcallec – personnification définitive, grande gueule jusqu’au bout – et 2 Le Peron pour le prix d’1 dans Coup de torchon – j’avoue avoir oublié ce double rôle. Je ne crois pas l’avoir entendu chanter ailleurs que dans les Enfants gâtés, merveilleux duo qu’il doit reprendre à l’heure qu’il est avec son camarade Jean Rochefort.
Et combien d’autres grands rôles!… ce qui me revient avec le plus de force, maintzenant, c’est la grandeur qu’il a su donner à la bêtise humaine ; ce qui me fait regretter de ne pas l’avoir vu dans « Bouvard et Pécuchet », avec Carmet…
A Denis Fargeat
Il était extraordinaire dans TOUS LES MATINS DU MONDE, LES MOIS D’AVRIL SONT MEURTRIERS et dans certains films de Joel Serai
à Bertrand mais quand reverra-t’on LES MOIS D AVRIL, vous êtes au courant d’une sortie video possible?
A Bertrand et MB
Merci d’avoir signalé ces « Mois d’avril » ( s’ils sont meurtriers, vivement mai) que je ne connais pas…
Un entretien de Laurent Heynemann avec Jean Ollé-Laprune ici: https://vimeo.com/127034535
A Bertrand.D’accord avec vous dans « Les galettes de pont-aven »il est sublime ainsi que dans »Comme la lune ».Avez vous des nouvelles de Joel Séria?Quel est votre avis sur »Le magot de josépha »qui vient de sortir chez gaumont.Je ne connais pas du tout ce film d’autant-lara.Je viens d’acheter dans la mème collection »Les coupables »de Luigi Zampa,co-écrit par Rosi.
A Yves Rouxel
Avant de me poser cette question, jetez au moins un oeil sur la biographie critique d’Autant Lara que nous avons publié. Pour qu’on ait au moins l’impression que cela serve à quelque chose. Ils évoque très longuement le film que je ne connais pas
LE MAGOT De JOSEPHA est a mon humble avis plutot faiblard.
La distribution prestigieuse de cette production framco-italienne n ‘est hèlas pas suffisante pour sauver un scènario bien pauvre.
Meme si ca n ‘est pas un navet , j ‘avais ètè assez dèçu.
A Bertrand Tavernier
Au sujet d’une telle biographie, à combien d’exemplaires se vends-t’elle ? Je suis tombé sur un livre consacré à Pierre Granier-Deferre chez un libraire indépendant qui l’avait en rayon depuis plus de six mois. Les éditeurs ne publient-ils pas ces livres à perte ?
A Gilles
Hélas oui surtout si la biographie n’est pas fameuse. On a eu des succès et des livres rentables (FORD, HAWKS, WILDER, SAUTET, LA CITÉ DES FEMMES, HITCHCOCK, AMIS AMERICAINS, le Powell) et des échecs (le Boorman)
Oui, comme je l’ai dit l’été dernier, la biographie d’Autant Lara est vraiment passionnante et la lire en revoyant ou découvrant des titres jamais vus est à mon vais la meilleure méthode quitte à prendre son temps.
Il faut absolument la lire.
Pas vu ce Magot de Josepha en revanche. Le film existe t-il en DVd et si oui vaut il la peine d’être acquis?
A ballante
Oui il a été restauré en BlueRay par Gaumont
A ballantrae
Je ne sais pas où vous en êtes dans la filmographie de CAL mais il y a TANT de ses films à voir avant ce « magot » ,même les collaborations avec Maurice Lehmann ,non seulement « fric frac » mais aussi « le ruisseau » et surtout « l’affaire du courrier de Lyon » à la distribution éblouissante : Tissier,Pierre Blanchar , Charles Dullin, Sylvia Bataille ,et une très émouvante Dita Parlo.
A DUMONTEIL
FRIC FRAC me semble incroyablement démodé (la pièce l’est et sa récente reprise le confirme) mais je suis d’accord avec vous sur L’AFFAIRE DU COURRIER DE LYON qui est excellent. Et voyez aussi DOUCE, LE MARIAGE DE CHIFFON, OCCUPE TOI D’AMÉLIE, EN CAS DE MALHEUR
A Bertrand,
J’avais le souvenir que vous disiez du bien de FRIC FRAC.
à Dumonteil: je vais faire breveter « CAL »! sinon je viens de voir de mon regard perçant sur l’actualité que NOUS LES GOSSES a été restauré en br par Pathé. Ce film, comme L ARGENT DE POCHE et le génial L ECOLE BUISSONIERE, extrait de ma personne cynique et fatiguée de baroudeur fourbu des torrents de larmes d’attendrissement de façon inexplicable. Je sais bien qu’il y a de la complaisance dans ces films où le spectacle des enfants est construit pour nous attendrir (entre autres) je m’en fous!
D’ailleurs LA GUERRE DES BOUTONS ne fonctionne pas ainsi sur moi, les 3 films cités doivent bien avoir qqch en + quand même!
Que pensez vous du film de Daquin?
A bt
Mais si la pièce est démodée ,le trio vedette ne le sera jamais !
(mais ballantrae a déjà dû le voir )
A MB
Nous avons déjà parlé en détail de la filmographie de DAQ -votre influence faites breveter votre idée!- ,je ne me rappelle plus sur quelle page ;je crois que BT et moi étions d’accord pour considérer « le voyageur de la Toussaint « comme son meilleur film.
« nous les gosses » :les gosses sont bien dirigés (une petite noire est adorable) mais j’avais trouvé les adultes un peu mièvres ;on peut le voir comme la nécessité de faire front commun dans l’adversité dans les heures sombres de sa sortie .
Mon moment préféré est un peu hors-sujet : un gosse qui n’a pas vu « la dame aux camélias »au cinéma le raconte à ses parents en le transformant en western (« ils ne respectent même plus les classiques « ,maugrée le père)
Personnellement j’aime bien « la guerre des boutons « * de Yves Robert ,beaucoup plus que le remake en couleurs où Canet remplace Trabaud dans le rôle de l’instituteur.
« l’école buissonnière » :une petite merveille ,le sommet de Le Chanois .
« l’argent de poche » : « merci pour ce frugal repas » je n’aime généralement pas beaucoup FT ,mais ce film-là séduit par sa modestie ,sa simplicité et sa spontanéité .
*d’ailleurs lui-même remake de « La guerre des gosses » (1936)
A DUMONTEIL
Et pour rester dans Daquin, PREMIER DE CORDÉE a été une fort bonne surprise avec des plans étonnants. Les bonus confirment l’exploit qu’a du représenter le tournage de certaines scènes. On voit vraiment les acteurs côtoyer le vide
A Denis Fargeat : (BOUVARD ET PÉCUCHET) On le trouve encore très facilement sur dvd dans un beau coffret « Jean Carmet », avec aussi LA CONTROVERSE DE VALLADOLID et EUGENIE GRANDET (uniquement J. Carmet).
Je revois très souvent cette adaptation de Bouvard et Pecuchet, signée Jean -Daniel Verraeghe, une grande création de la télévision française.
Marielle ètait un acteur de gènie. Comme Blier, comme Serrault , il pouvait tout jouer.
Et comme eux il a tout jouè d ‘ailleurs.
Des quantitès de nanards dans les annèes 60 dont j ‘avoue avoir un certain penchant , car mème dans les pires films , il y a une èclaircie , donnee par ces acteurs prodigieux , qui a l ‘èpoque courraient le cacheton ,
je jubile quand au milieu de la mèdiocritè , apparait l ‘oeil qui frise de serrault, ou bien la voix magnifique de Marielle , ou encore le regard furibard de Blier.
Il m ‘est souvent arrivè d ‘acheter ces films de serie C rien que pour voir et revoir une seule scène de ces longs metrages.
ensuite sa carriere enfin lancèe , Marielle tournera dans quelques chef-d ‘oeuvre , dont COUP DE TORCHON de notre hòte et tant d ‘autres qu ‘il serait fastidieux de faire la liste. mais aussi a la TV , dont bien suŕ ce fabuleux Bouvard et pècuchet ou lui et Carmet sont prodigieux.
Un très très grand acteur nous a quittè. Au revoir monsieur.
à H Patta: c’est marrant car à chaque fois que je revois QUELQUES JOURS AVEC MOI, je pense à Marielle: « Allons, prenez un verre détendez-vous après cette longue marche dans la forêt de Sherwood, vous devez avoir soif! », ce qui est quand même injuste pour les autres acteurs!…
A Henri Patta
C’est exact, Marielle était de ces acteurs qui nous faisaient jubiler. Noiret avait dit qu’il n’attendrait jamais le niveau de Marielle ou de Rochefort, parce qu’ils étaient fous, et lui ne l’était pas. Tous les acteurs de génie doivent être fous, cette folie que je n’ai reconnue d’ailleurs que chez les acteurs européens.
Jean-Pierre Marielle est mort. Plus triste encore, Bernard Tapie est toujours en vie.
Je tiens à réhabiliter un film qui à été incendier lors de sa sortie en 1978.Il s’agit de »La chambre verte »oueuvre qui me touche toujours autant pour l’histoire de ce journaliste qui va consacrer sa vie à sa femme morte trop jeune puis à tout ceux qui ont croiser son chemin.Truffaut incarne Julien Davenne revenu de la première guerre sans blessures mais le cœur meurtie par cette boucherie qu’est la guerre.Nathalie Baye lumineuse et éblouissante apporte une forme de légereté entre ces deux ètres.Mais l’essentiel du film vient avant tout du coté mystique et obsessionnel du personnage de Davenne qui s’investit dans la restauration d’une vieille chapelle située dans le cimetière ou sa femme repose.L’homme est secret et ne dévoile aucun de ses états d’ames ou ses sentiments,il évite les vivants car dit il: »On ne s’occupe pas assez de nos morts qui sont toujours vivants dans nos cœurs et nos souvenirs passés ».La scène la plus forte est au début du film quand il moleste verbalement un prètre et lui dit que la fameuse résuréction n’existe pas,on ne peut pas promettre le retour de l’ètre aimé dans 10 ou mille ans,c’est de la foutaise ».On doit continuer à vivre dans la douleur et le chagrin. »La chambre verte »fait partie pour moi d’un des meilleurs films de Truffaut.
A Yves Rouxel
Il n’a pas été incendié comme vous dites et a reçu pas mal de critiques laudatives. Mais ce fut un échec commercial. C’est un des films les plus personnels de truffant mais le sujet austère et grave (le jeu de Truffait disait nathalie baye) a pris ses admirateurs à contrepied. Dommage
A Bertrand et Yves
J’avoue avoir été un peu déçu par ce film ; il n’est pas si facile à voir, aussi mes attentes étaient grandes, d’autant que le titre est magnifique. Il y a le jeu particulier de François Truffaut, qui fonctionnait très bien dans « L’enfant sauvage » tant il s’identifiait au dr Itard, et l’aspect journal lui va bien. Mais dans « La chambre verte »… la photographie d’Almendros aussi, me faisait penser au 16 mm des séries françaises des années 70… mais il reste le sujet, les emprunts à Henry James que Truffaut admirait beaucoup ; et la musique de Jaubert, qu’il a vraiment aidé à promouvoir -il me semble qu’avant « L’argent de poche » et cette « Chambre verte » ses oeuvres de concert n’avaient jamais été enregistrées.
Il me semble bien que la musique de »La chambre verte »a été composée par Antoine Duhamel et non Maurice Jaubert.Signalons également François Truffaut dans »Rencontre du 3ème type »de Spielbergh que je vais revoir.J’ai une pensée pour Jean pierre Marielle immense acteur venue du théatre et que Bertrand a diriger dans »Que la fète commence ».Quelle éloquence,cette voix singulière et chaude,il était parmi les grands qui s’éteignent.Quand à Dick Rivers croiser un été près de Pompignan ou il possédait un ranch,s’était un type humble qui ne regrettait rien sur les années 60.On l’a vu à deux reprises chez son copain niçois Mocky.
A Yves Rouxel
Duhamel n’a rien eu à voir avec la CHAMBRE VERTE où il n’y a que du Jaubert
Film que j’aime beaucoup pour ma part. Sujet complexe qui renvoie à la cinéphilie par ses dispositifs memoriels.
La photo ne m’avait pas semblé terne. Quel est l’avis de Marc salomon?
à Rouxel « Il me semble bien que la musique de »La chambre verte »a été composée par Antoine Duhamel et non Maurice Jaubert »
il vous semble bien? mais c’est facile à vérifier:
https://www.imdb.com/name/nm0006144/
C’est grâce à Truffaut qu’on a commencé à reparler de Jaubert. 1ère fois qu’on voyait son nom à un générique depuis 40 ans.
A MB.merci de m’avoir rectifier une fois de plus.Pourtant je m’étais promis d’arreter de boire.Le jd ne me réussit pas.
lundi 6 mai, Brion passe LA TETE D UN HOMME: Duvivier, Harry Baur, Inkijinoff… merci Brion!
A MB.Merci pour l’information.Je regarderais ma tète dans la glace car c’est le jour de mon anniversaire.Bertrand va souffler une bougie de plus cette semaine.Ah les taureaux c’est des droles de bètes quand même.
A Yves Rouxel
Bon anniversaire
Merci Bertrand.L’occasion pour moi de vous parler de « Vivre ensemble »réalisé,écrit et jouer par la danoise Anna Karina.Oeuvre qui fleure bon l’après mai-68,l’insouciance des lendemains,la vie simple comme de l’eau de roche.Le journaliste Michel Lancelot est le personnage masculin ,professeur d’histoire à la ville,il laisse tout tomber lorsqu’il croise le regard de cette jolie brune aux yeux d’émeraude.On est emporter par l’histoire de ces deux ètres que tout oppose.Très belle musique.
VOYAGE SANS RETOUR, de Tay Garnett, appartient à cette catégorie de films, en effet, où l’amour entre deux protagonistes est si fort qu’il transcende l’espace et le temps de telle sorte que le spectateur se sent entrainé là où il pourrait basculer dans le fantastique.
Ici, seul le dernier plan laisse transparaître cette possibilité. Je suis très content d’avoir enfin découvert ce film dont ce dernier plan était vanté comme quelque chose de fameux dans bon nombre d’encyclopédie ou de dictionnaire du cinéma. Il est vrai qu’il est particulièrement efficace (ce mouvement d’appareil qui contourne le bar, passe devant Frank McHugh et s’arrête enfin devant deux barmans)et nous bouleverse de sa brutalité faussement badine.
Le film correspond également à une veine plus spécifique qui est celle des films d’amour se déroulant à bord d’un paquebot. ELLE ET LUI (x2) bien sûr, mais aussi ce film de Frank Borzage avec Charles Boyer et Jean Arthur : LE DESTIN SE JOUE LA NUIT. Jusqu’au TITANIC de James Cameron dont l’aspect « amour fou » se jouant de l’espace et du temps est présent quoique de manière plus programmatique et calculée.
Le film de Tay Garnett est aussi une « comédie de paquebot » qui, soyons fous, préfigurerait presque LES HOMMES PREFERENT LES BLONDES notamment au vu du couple qui se forme entre le flic Warren Hymer et la très élégante (dans sa vulgarité) Alice MacMahon (qui ressemble un peu, je trouve, à Anjelica Huston).
Que ce tout tienne en 64 minutes de vivacité roborative, de spontanéité jaillissante, de charme (je suis amoureux de Kay Francis) et de renouvellement formel incessant (il y a même un zoom en contreplongée, ce qui doit être rarissime à l’époque) garantit, je le confirme, la qualité du plaisir que l’on a à découvrir cela.
à AA: « une « comédie de paquebot » qui, soyons fous, préfigurerait presque LES HOMMES PREFERENT LES BLONDES »
si on est pas fou, pas la peine de faire de l’exégèse de cinéma! bravo
et j’aurais pas voulu être à la place de quiconque se trouvait dans le voisinage d’ailleurs!
à Yves Rouxel: avez-vous été victime de l’accident de l’usine AZF? J’ai vu un article de La Dépêche à qui un « Yves Rouxel » a donné un interview. Si c’est vous, j’aurais pas voulu être à votre place!…
A MB.Oui c’est bien moi qui avait accorder un entretien au gratuit »20 minutes »puis aussi M6 toulouse m’avait consacrer un reportage .J’habitais à 200 mètres de l’usine à l’époque et je regardais « Correspondant 17″d’Hitchcock en vhs.C’est un dur souvenir graver dans ma mémoire.
eh bien cher Rouxel, que dire… keep on running malgré tout!
L ‘actualitè me donne envie de voir NOTRE DAME DE PARIS de JEAN DELANNOY.
Film vu lors de mon enfance et dont je n ‘ai plus aucun souvenirs si ce n ‘est les » belle » de Quasimodo et la poèsie dèclamee par ROBERT HIRSCH sans cesse interrompue.
Quelqu ‘un peut il en dire plus ?
A conseiller ? A èviter ?
Pas vu le Delannoy depuis un moment mais sur l’adaptation du roman d’Hugo, revoyez plutôt le QUASIMODO de Dieterle qu’arte a diffusé mercredi et qui m’avait paru supérieur. (on peut cependant préférer Gina Lollobrigida plus crédible peut-être que Maureen O’Hara en Esmeralda).
A Henri Patta
Paul Vecchialli en dit le plus grand bien mais personnellement je ne partage pas du tout son avis. Delannoy encombré par son budget ne tire aucun parti de ses décors. Caméra lourde, découpage scolaire. Gina Lollobrigida fidèle à elle-même, s’exhibe au lieu de jouer. Les personnages secondaires sont survolés, Delannoy ne tirant absolument rien du potentiel de Philippe Clay. Le film a une petite valeur grâce à Anthony Quinn, qui n’a rien à envier à Charles Laughton dans le film de Dieterle, lequel a sans doute signé la meilleure adaptation du roman. J’aime aussi beaucoup la version hilarante de Patrick Timsit, non dépourvue de qualité visuelles.
A Gilles
Merci de rappeler ce « Quasimodo d’el Paris », un de ces films qui jouent avec l’idée du pays imaginaire, reconstruit… Richard Berry en fait des wagons mais il a le physique parfait pour le rôle. Adaptation marrante de Jean François Halin – je dois avouer un faible pour les transpositions de roman, parfois très astucieuses comme le « O’brother » des Cohen , où on s’amuse à retrouver les péripéties de l’Odyssée – Goodman en cyclope, le KuKluxKlan en moutons.
Et n’oublions pas la version de Wallace Worsley de 1923, THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME, qui sans être un chef-d’oeuvre, fut une très ambitieuse production d’Irving Thalberg pour la Universal, avec reconstitution de rues de Paris et du parvis de Notre-Dame (il me semble que seule la partie inférieure de la cathédrale avait été construite, complétée par des effets spéciaux), qui permit à Lon Chaney de réaliser l’une de ses grandes compositions « à transformations », avec maquillage et prothèses éprouvantes pour l’acteur. Et l’on revoyait ce décor de la partie inférieure de Notre-Dame dans une scène du FANTOME DE L’OPERA avec le même Chaney en 1925.
A Henri Patta
Le film m’avait impressionné enfant, j’avais voulu le revoir mais le DVD studio canal était assez atroce et j’ai jeté l’éponge après 30 mn… pourtant il y a du beau monde : scénario d’Aurenche et Prévert, Boris Vian raide mais c’est bien lui ( imposé par Prévert?) , Marianne Oswald, chorégraphie de Leonid Massine ! Cuny très impressionnant en Frollo ; d’après ce que j’ai lu Delannoy a dû batailler pour rendre au personnage d’ecclésiastique son caractère sulfureux, évacué des précédentes versions.
A Denis Fargeat, Prévert imposa je crois surtout Tissier qui fait Louis XI mais Aurenche qui déclare n’avoir pratiquement rien écrit, jugeait que Delannoy avait tout glacé, réfrigéré
A Bertrand, merci ; c’est assez récurrent, ces accusations de froideur chez Delannoy. Pour un sujet tel que « Notre Dame », c’est vrai que ça pêche un peu…. mais il me semble que cette froideur devient une qualité dans certains films, ses « Maigret », « L’éternel retour »… Pour revenir à « Notre Dame » c’est peut-être une réaction devant les enjeux et la lourdeur de la production – sans doute , d’autres réalisateurs s’en seraient tiré avec plus d’inventivité.
A Denis Fargeat
La froideur, la distance que prend Delannoy avec ses sujets se révèle un atout pour les Maigret, LE GARÇON SAUVAGE, MACAO mais ankylose certains autres titres dont LA PRINCESSE DE CLEVES, MARIE ANTOINETTE et ses comédies
Merci a tous pour vos rèponses.
Boris vian dans le film, j ‘avoue que c’est une dècouverte pour moi.
De mème j ‘avais oubliè que jean tissier que j ‘adore , joue louis Xl.
Je crois que je vais me laisser tenter.
A Henri.De mon coté j’ai découvert la version muette avec Lon Chaney qui est une prouesse pour l’époque.Fort expressionnisme dans la mise en scène et le jeu des acteurs malgré le sous titrage en anglais j’ai compris les « dialogues »du film.Quand on sait comment Chaney est mort,à cause d’un maquillage sur la peau.Je vais chercher afin de savoir si il existe un ouvrage consacré à cette vedette du muet.
A Yves : (LON CHANEY) Il existe une biographie de Michael J. Blake « A THOUSAND FACES qui doit être de qualité (mais uniquement en anglais je pense) cet auteur apparaissant dans le très beau document de Kevin Brownlow (1h30 environ) où il apporte de précieuses informations sur le travail de cet acteur. Des témoignages d’amis d’enfance (très âgés bien sûr) de Chaney, de Carla Laemmle, nièce de Carl, qui interprétait une ballerine sur PHANTOM…, son fils Lon Jr. y témoigne avec émotion. On y voit aussi des images privées de Chaney chez lui avec Hazel sa seconde compagne…
On trouve ce document en bonus de la très belle édition du BFI pour PHANTOM OF THE OPERA (combo BRD / DVD). Par contre pas de sous-titres français.
Pour vous faire réponse sur le décès de Chaney, je n’avais jamais entendu parler de cette histoire de maquillage, cause de son décès prématuré, mais d’un cancer du larynx (il était parait-il un gros fumeur) qui s’est développé quand il a avalé de la neige synthétique pendant le tournage de THUNDER (1929). Vous me direz, le resultat final a été le même…
J’ai revu Chaney l’autre jour dans VICTORY de Maurice Tourneur (1919), qui vient de sortir chez Lobster. Il est exceptionnel. Son jeu (sans maquillage) est resté très moderne.
C’est un acteur fascinant, sans doute parce que discret sur sa vie privée, innovateur en matière de maquillage, et grâce aussi à ses choix de scenariis, sa collaboration avec Tod Browning exceptionnelle et honteusement gommée du biopic de Joseph Pevney avec Cagney dans son rôle. Il est vrai que c’était une production Universal, alors que Chaney/Browning ont oeuvré chez MGM. Ceci explique sans doute cela. Vous l’aurez compris, il est un de mes acteurs de référence (toutes époques confondues) et dès que je peux enrichir ma collection de dvd d’un de ses films je n’hésite pas.
A Jean Pierre Servant
Merci de signaler cette bio, et de rappeler ce Bronlow que j’ai dû voir il y a longtemps… j’ajouterai à votre vibrant éloge le pionnier du body art , l’inventeur du maquillage par retrait – des fils qui tiraient ses narines en arrière pour le Fantôme, jusqu’à en déchirer une aile! Brrr…. mais je ne sais trop que penser de son jeu. On a un peu évoqué ici quelques Quasimodo, je ne sais trop que penser du sien, au-delà de la performance physique…. votre avis?
A Denis Fargeat : (CHANEY) Je réponds à YVES n’ayant pas trouvé l’onglet correspondant à votre commentaire.
Sur THE HUNCHBACK, il est certain que son lourd maquillage (il est réellement méconnaissable), ne laisse guère la place aux émotions, et pourtant il y a des séquences ou malgré ce handicap il y arrive, comme dans la scène de la roue, quand Esmeralda lui apporte la cruche d’eau. Le maquillage de Perc Westmore pour Charles Laughton est extrêmement sophistiqué (on reconnaît l’acteur), mais laisse toute latitude à l’expression. C’est pourquoi, et malgré toute l’admiration que j’ai pour Chaney, j’ai toujours mis un cran au dessus l’interprétation de Laughton.
Il n’en est pas de même pour PHANTOM OF THE OPERA, ou je n’ai jamais trouvé meilleur maquillage et interprétation que celle de Chaney.
Je trouve personnellement son jeu d’acteur très fluide. Il arrive à faire passer des émotions fortes uniquement par le regard (THE UNKNOWN), au-delà des performances physiques.
D’ailleurs en revoyant hier soir le précieux document de Kevin Brownlow (2000), Michael J. Blake, le biographe de Chaney, insiste sur le fait qu’il était avant tout acteur, en se référant à sa prestation de faux miraculé dans THE MIRACLE MAN (1920), dans lequel il fait semblant de remettre son ossature en place (« just acting! « ).
Il est vrai que dans les années 20 le genre « mélodramatique » plaisait beaucoup et la filmographie de Chaney est remplie de melos, ce qui peut aujourd’hui déstabiliser sur son jeu.
Grâce à Patrick Brion qui a diffusé beaucoup de films du tandem Vhaney/Browning, dont certains très rares tournés pour la Métro, comme WEST OF ZANZIBAR, avec accompagnement d’orchestre original assez répétitif et un brin « crin crin », on peut apprécier son talent d’acteur, tout comme dans son unique film parlant THE UNHOLY THREE de Jack Conway (1930) remake du film muet de Browning, ou il est exceptionnel, très moderne dans sa façon de s’exprimer (sa voix passe très bien le cap du parlant), se mouvoir.
Je reste persuadé que DRACULA (tourné avec Lugosi, lui très théâtral), aurait eu une autre dimension avec Chaney. DEVIL DOLLS encore de Browning (1935) avec Lionel Barrrymore (excellent) devait à mon avis être aussi prévu pour Chaney.
Je vais sans doute paraître partial vis à vis de cet acteur, mort il y a longtemps, mais l’admiration parfois s’explique difficilement. C’est un ressenti personnel, face à un film, une création.
Une dernière précision. Michael J. Blake, après recherche, à écrit plusieurs livres consacré à Lon Chaney.
A Jean-Pierre
Entièrement d’accord avec vous sur Chaney, l’un des plus grands acteurs de l’histoire du cinéma.
Vous citez, à juste titre, THE UNKNOWN, dans lequel il est bouleversant. Dans THE PENALTY, c’est au contraire la terreur qu’il inspire, en incarnant un personnage que son handicap (il a été amputé des deux jambes) a rendu haineux. De plus, sa performance physique est tout à fait impressionnante.
Mais il est aussi excellent dans des rôles « sans transformation », comme THE BLACKBIRD ou MOCKERY.
J’ajoute que la biographie de Michael Blake, LON CHANEY, THE MAN BEHIND THE THOUSAND FACES, est très recommandable. Elle n’existe pas en français, sauf erreur de ma part.
A Julia-Nicole : (CHANEY) Votre commentaire me fait encore regretter de ne pas avoir vu – et enregistré -MOCKERY lors de sa programmation au Cinéma de Minuit en juin 1978, lors d’un cycle consacré à l’acteur et jamais reprogrammé depuis.
Certains films du début de sa carrière cinématographique ont disparus, détruits par le temps et d’autres d’avant 1920 restent invisibles.
Il y avait eu aussi un très beau dossier consacré à CHANEY, reparti sur deux numéros de la revue L’Écran Fantastique dans les années 80, rédigé par Roland Lacourbe et agrémenté d’une filmographie très documentée, ainsi que dans un numéro de Fantastyka, où le tournage houleux de PHANTOM OF THE OPERA est évoqué, avec les démêlés de Chaney avec son réalisateur Rupert Julian, les previews du film annonçant la catastrophe, les changements de réalisateurs (Sedgwick, et Chaney qui aurait lui-même dirigé certaines séquences), l’abandon de certaines scènes et tournage de nouvelles, etc…
Très intéressant.
A Jean Pierre Servant
Merci !
A JPS
Et le fameux et intriguant « London after midnight », dont il existe une reconstitution étonnante. Apparemment le dentier pré-dents de la mer était si inconfortable que Chaney ne le portait que peu de temps à la fois. Le remake par Browning « Mark of the vampire » est plein du charme étrange qu’on retrouve aussi dans « Les poupées du diable » ; ce doit être le fantôme de Chaney qui visite ces films.
A Henri.Revu hier après midi la mise en scène est soigné,les décors très tape à l’oeil,les costumes bien repassés et les perruques bien ajustées(pieral à l’air ridicule).Reste la beauté plastique de Gina,le maquillage de Quinn puis on entends chanté Damia et Philippe Clay formidable dans le role du roi des voleurs.Alain Cuny toujours droit dans ses bottes avec un magnétisme animal.Film à revoir quand mème.
A Yves Rouxel
nommez au moins le film que vous avez revu. Quand je lis « les costumes bien repassés » dans un film sur le Moyen Age (et les perruques ???? Au Moyen Age ????),, cela me confirme dans la piètre opinion que j’ai de ce film
Merci bien Yves.
La commande a ètè dèja effectuèe.
Je vais revoir ce film après plus de 45 ans. Je me souviens l ‘avoir dècouvert lors d ‘une diffusion sur la 2e chaìne comme on disait a l ‘èpoque.
C’est avec une immense joie que j’ai revu dans une version restaurée « L’africain »de Philippe de broca qui reste un cinéaste à part.On est pris dans l’aventure de ce défenseur des animaux et de la nature au Kénya.Philippe Noiret compose un personnage facétieux et drole avec sa femme qui débarque un jour pour monter un projet de village de vacances.Elle est affublé de son assistant(Jean françois Balmer)qui à un coté lunaire et décalé juste ce qu’il faut.Comment ne pas rire quand on voit Jean Benguigui qui joue un grec trafiquant de défenses d’éléphant qui est une veritable fripouille.Les paysages du Kénya sont magnifiquement filmés avec des couleurs rouge-orangé qui donnent un coté vitaliste et enchanteur.On apprend dans le bonus les difficultés pour l’équipe des techniciens d’avoir tourner dans des conditions de chaleurs extremes.Georges Delerue signe une musique distrayante et enjouée qui donne à l’ensemble une comédie virevoltante.
» On apprend dans le bonus les difficultés pour l’équipe des techniciens d’avoir tourner dans des conditions de chaleurs extremes. »
Bigre !
Quelle info… On en apprend des choses grâce aux bonus…
Merci…
A Yves Hernage
Désolé de vous contredire, mais vous citez là ce qui est avec PSY, un des plus grands ratages de De Broca. Claude Berri a procédé à un appariement contre nature, l’univers trouble de Gérard Brach, et la folie De Broquienne, pour accoucher d’une mauvaise du copie du Sauvage. Il y a tellement d’autres titres à évoquer pour saluer la mémoire de ce génie de la comédie.
A Gilles
C’était un peu mon impression, mon souvenir
A Bertrand.Quel sont vos impressions sur »Quasimodo »de William Dieterle avec Charles Laughton dans le role du sonneur de cloches(histoire de coller avec la chaude actualité)?merci à vous.
A Yves Rouxel
Dans mon souvenir, il est très réussi et visuellement étonnant
A Yves
Il est visible sur le site d’Arte en ce moment , hélas dans une VF avec passages en VO bizarrement…. Quasimodo en VF imite parfois Michel Simon, pas eu le temps de vérifier si c’est lui, mais ça c’est un sujet pour vous ! Laughton est vraiment très bien, à la fois humain et quelque peu distant. L’archidiacre est blanc comme neige, c’est Frollo (Hardwicke, raide et glaçant) le sale type , comme dans la version de 1923. Louis XI curieusement débonnaire. Beaux mouvements de foule, beaux décors (Van Nest Polglase, quelques décors de 1923 réutilisés), et le thème musical d’Alfred Newman pour Esmeralda est curieux et émouvant.
A Denis.Non ce n’est pas Michel Simon qui double Charles Laughton dans »Quasimodo ».Vu hier soir l’oeuvre est réussit grace à des décors incryables pour l’époque.Puis je mettrai l’accent sur le maquillage de Laughton qui est remarquable.Le seul point faible est le choix Maureen o’hara pour le role d’Esmeralda qui n’a pas du tout le physique d’une gitane.Enfin c’est mon avis.Sinon les scènes d’attaques par les misérables contre la cathédrale sont réussit.
Dans mon souvenir L’Africain n’était pas une franche réussite avec un manque de rythme évident et des situations téléphonées.On est loin de l’impeccable tempo de L’homme de Rio ou de la folie douce de Le roi de coeur, sûrement son chef d’oeuvre.
Quant à la chaleur , je veux bien croire que ce fut compliqué pour un tournage en Afrique mais pas un scoop je suppose!Cela ressemble au commentaire poli quand on n’a rien de spécial à dire.
A Gilles alias yvesremords.Diantre mais un peu de légereté dans ce genres de films ne fait pâs de mal.C’est sur que l’on est à des années lumières des »Tribulations d’un chinois en Chine »qui est une oeuvre enlevée et tordante.
A Denis Fargeat:
On trouve en Espagne le film de Dieterle en Blu-Ray Warner, bien sûr en VO et avec des STF, je ne l’ai pas encore visionné, juste quelques minutes, et l’image est superbe. En Espagnol, ça s’appelle ESMERALDA LA ZINGARA, en France le film est ressorti en DVD seulement (Collection « Patrimoine » de Warner, consacrée essentiellement à des titres RKO, avec une qualité d’image souvent à peine supérieure aux DVDs Montparnasse, et des STF forcés). Le Blu-Ray Warner est aussi disponible en Angleterre dans une édition plus luxueuse (et plus chère).
Je dois dire que je n’ai pas beaucoup aimé la version Wolsey/Chaney, pour laquelle vous avez composé une musique (peut-être l’aurais-je mieux aimé avec votre musique, j’ai visionné le DVD Arte/Lobster).
J’ai revu le film de Dieterle grâce au BR Warner qui rend justice au film, à sa beauté plastique : mise en scène, photo, décors, costumes, figuration, tout l’aspect visuel du film est très beau, chose plutôt rare à Hollywood quand il s’agit de représenter le passé lointain et le Moyen Age en particulier, et l’opulence des moyens est justifiée par la mise en scène et la direction artistique. La représentation du passé est bien sûr stylisée mais on sent un effort d’authenticité comme de montrer par exemple l’intérieur de la cathédrale sans chaises ni bancs.
Pour ce qui est du scénario, THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME offre une vision de l’histoire typiquement libérale-progressiste-protestante américaine, où Ancien Régime et vieille Europe n’ont de valeur et de signification que dans la mesure où ils contiennent en germe les développements futurs à savoir la démocratie libérale américaine (j’écris cela alors que n’ayant pas lu le livre de Victor Hugo, je ne peux que deviner ce qui est la part des scénaristes dans cette adaptation du roman). Comme beaucoup de films hollywoodiens de l’époque, le film projette assez clairement dans le passé des problèmes du présent (la persécution des Tsiganes renvoie à celle des Juifs). En fait le XV° siècle du film fait plutôt penser au XVIII° siècle prérévolutionnaire, avec sa noblesse oisive et décadente, ses intellectuels aux idées nouvelles éduquant le peuple… Et comme dans tant de films hollywoodiens de l’époque, la vision politique est finalement assez incohérente, en présentant comme positives non seulement la religion en la personne de l’archevêque mais aussi la monarchie dans celle d’un Louis XI étonnamment sage et bon.
A Mathieu
Voici l’avis super bien documenté de Hervé Dumont
Tourné au moment où éclate la Deuxième guerre mondiale, en août 1939, « The Hunchback of Notre Dame » de William Dieterle est non seulement l’adaptation de loin la plus aboutie du roman sur le plan cinématographique, mais aussi une œuvre à part dans la mesure où elle véhicule un message sciemment politique et progressiste qui influe sur le déroulement de l’intrigue. Depuis la version muette de l’Universal (cf. supra), les droits du roman ont passé entre plusieurs mains, notamment à la MGM en 1937 qui voit Peter Lorre en Quasimodo. La RKO les acquiert pour George Stevens, cinéaste bientôt écarté en raison de ses dépassements de devis chroniques. C’est son confrère germano-américain William Dieterle, farouchement antifasciste et féru d’art gothique, qui hérite du projet ; depuis « The Story of Louis Pasteur » (1935) et « The Life of Emile Zola » (1937), tous deux oscarisés, Dieterle passe en Californie pour l’expert numéro un ès histoire et culture française. Il confie l’adaptation à son ami exilé Bruno Frank, auteur dramatique interdit sous Hitler, et une cohorte de victimes du nazisme végétant à Hollywood participent à titres divers à la production. Après avoir hésité entre Bela Lugosi, Claude Rains, Orson Welles et Lon Chaney Jr. pour interpréter le bossu, la société fait venir d’Angleterre Charles Laughton qui, à son tour, suggère d’engager l’Irlandaise Maureen O’Hara, sa jeune partenaire de « Jamaica Inn/L’Auberge de la Jamaïque » (Hitchcock), 19 ans, en Esméralda. Un autre Anglais, Sir Cedric Hardwicke, campe Frollo, Basil Rathbone n’ayant pas pu se libérer. Le budget est à nouveau considérable pour l’époque (1’833’000 $, dont 250’000 $ seulement pour la réplique de Notre-Dame), du jamais vu à la RKO. C’est à San Fernando Valley, au ranch de RKO-Pathé à Encino, que Perry Ferguson – qui réutilisera l’année suivante des éléments de ce décor pour « Citizen Kane » d’Orson Welles – fait édifier par trois cents ouvriers tout un quartier médiéval avec ses ruelles étroites, l’immense place du parvis bordée de maisons à colombages et son pilori, le porche et la façade de Notre-Dame jusqu’à la hauteur de la rosace ; le reste de la cathédrale, la partie supérieure de la nef et la vue générale de Paris en 1482 sont une illusion optique due aux remarquables peintures sur verre de Chesley Bonestell (grand illustrateur de science-fiction), sans parler de l’inévitable maquette réduite en volume. On investit la tour de style prérenaissance du « Mudd Hall of Philosophy » de l’University of Southern California (Los Angeles) pour les scènes rapprochées du clocher.
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Laughton est défiguré, pratiquement méconnaissable sous un maquillage surpassant en réalisme même celui, plus horrifique, de Lon Chaney. La publicité RKO dissimule toutes les photos le représentant de face et interdit le plateau aux visiteurs. Perc Westmore l’affuble de lentilles déformantes, d’une bosse de deux kilos et de douloureuses prothèses en caoutchouc autour des bras et des jambes, afin de suggérer une grande force physique ; de la cire dans les oreilles le rend réellement sourd. Èquilibrant magistralement pathos et délicatesse, le comédien parvient à suggérer les tourments, mais aussi la supériorité morale de ce « borgne, bossu, cagneux, monstre difforme au cœur sensible » (Hugo) qui fait corps avec la cathédrale. Son Quasimodo est plus poignant, plus humain, moins bestial et caricatural que celui de Lon Chaney. Lors d’une séquence déchirante, baignée dans un silence presque irréel, Esméralda apporte de l’eau au malheureux enchaîné : le son devient subjectif, la foule n’existe plus, une simple complainte au violon amène l’instant magique. La scène a une connotation christique, c’est l’humanité entière qui souffre à travers lui. Plus tard, confronté à la beauté étincelante de la gitane, il murmure, honteux, la tête baissée : « Je n’ai jamais réalisé jusqu’à présent combien je suis laid… », puis éclate d’un gros rire désespéré, la gueule de travers. Ailleurs, l’acteur, devenu pantomime, sautille comme un enfant, cabriole sur la corniche, jouit, l’œil torve, de l’effroi que sa difformité suscite parmi la populace.
Le gothique flamboyant transmuté par l’expressionnisme allemand
D’entrée, l’œuvre de Dieterle séduit moins par son étalage matériel que par son opulence visuelle. L’action baigne dans un clair-obscur oppressant qu’accentuent des décors torturés et sinueux à souhait. Ce Moyen Âge gothique marqué par Gustave Doré et Luc-Olivier Merson (l’illustrateur de l’édition de 1889) se présente comme une orgie de chimères grotesques, l’étrangeté du propos rivalisant avec la laideur des foules égrillardes et stupides qui, ça et là, surgissent de l’ombre. La photo « low key » de Joseph H. August fait merveille quand Esméralda est poursuivie de nuit par le monstre, dans ces ténèbres où rampent d’inquiétants éclopés. Cette évocation tourmentée, à mi-chemin entre l’expressionnisme (les grands dessins géométriques formés par la troupe en armes, prise en plongée devant le porche de la cathédrale) et un romantisme « noir » typiquement germanique, dénote le double parrainage artistique de Max Reinhardt et de F. W. Murnau, les mentors de Dieterle à Berlin. Les déplacements des 3500 figurants, leur savante chorégraphie baroque, sont orchestrés pour créer des tableaux particulièrement puissants : ainsi, la fuite dans tous les sens de la populace effrayée quand Quasimodo, enfin libre après l’atroce flagellation, gagne en claudiquant le portail salvateur de la cathédrale. La fête populaire au début, avec ses coupe-jarrets, ses jongleurs et sa danse macabre ou la terrifiante Cour des Miracles, avec sa galerie de hères bouffons et crasseux et ses mégères qui se grattent, possèdent des résonances breughéliennes. Le film débute au ras du sol, plongeant le spectateur dans la cohue des fêtards ou l’opacité des bas-fonds, puis, à mesure que la tragédie se dessine, l’objectif s’élève, accompagne le nabot transfiguré par l’amour dans la flèche de Notre-Dame pour révéler la dimension du décor ; le travelling arrière final montre enfin la cathédrale dans son intégralité, au cours d’une apothéose mémorable : sur la galerie, Quasimodo est terrassé par la douleur en observant le départ joyeux de la gitane et du poète. « Pourquoi ne suis-je pas fait de pierre, comme toi ? » se lamente-t-il, pitoyablement accoudé à une gargouille. À mesure que la caméra s’éloigne dans un crescendo musical, sa silhouette diminue et finit pour ainsi dire avalée par la façade même de l’édifice.
La remarquable place du parvis de Notre-Dame, complétée par la peinture sur verre de Chesley Bonestell (1939).
Porte-parole d’un cinéaste antifasciste, Gringoire dénonce les pogroms de 1939
On l’a dit, l’intérêt de ce film ne s’épuise pas avec des considérations d’ordre esthétique. Car la dramaturgie des éclairages, qui se traduit par une lutte symbolique entre la clarté et l’obscurité, illustre ici non des enjeux métaphysiques mais, métaphoriquement, la lutte entre l’obscurantisme brutal (à savoir la barbarie nazie) et la lumière de la culture et de la tolérance. À chaque occasion, Dieterle exprime son dégoût des foules manipulées, de la masse hurlante et déchaînée ; une plèbe sadique applaudit hystériquement le bourreau qui fouette le « déviant » Quasimodo, jusqu’à ce que le geste de compassion d’Esméralda l’ébranle. De fantomatiques cortèges aux flambeaux – pareils à ceux de la SA en Allemagne – montent à l’assaut de Notre-Dame. Le scénario oppose fanatisme et tyrannie à la liberté de pensée. Le prologue parle d’un peuple français qui « peut enfin rêver de progrès, quoique superstitions et préjugés demeurent une sérieuse menace pour le pays. » Le message humaniste se cristallise sur deux personnages historiques qui ne jouent qu’un rôle épisodique – et fort différent – dans le roman. D’abord Louis XI, auquel le film attribue des allures paternalistes et joviales réminiscentes de Roosevelt, une récupération positive du monarque allant à l’encontre de tous les clichés. L’autre est Gringoire, poète raté et rêveur chez Hugo, mais qui fut en réalité un pamphlétiste politique dont les textes satiriques s’attaquaient fortement au Vatican comme à Martin Luther. Le roi de France apparaît six fois, dans toutes les scènes importantes du film. En ouverture, il examine avec bienveillance la nouvelle invention de Gutenberg. L’imprimerie, dit-on, est le moyen de communication des temps nouveaux, la cathédrale est celui du passé, véritable livre de pierre. « Ceci détruira cela », affirmait déjà Hugo, la presse éliminera l’Église.
Dieterle reprend le dédoublement du personnage de Frollo opéré par la version muette de 1923, entre Claude, archevêque de Notre-Dame (1), et son frère maléfique Jehan. Ce dernier n’est cependant plus un quelconque laïc, mais carrément le ministre de la Justice du roi. Politicien réactionnaire, il traite l’imprimerie d’« invention du diable », sa puissance subversive pouvant couler un système politique, car « l’opinion publique est dangereuse. » L’imprimeur travaille justement au dernier ouvrage du poète Gringoire dont le titre, anachronique pour le XVe siècle, est De la liberté de pensée ! Frollo jure de préserver la France des dangers de cette invention, tout comme il souhaite protéger son pays des bohémiens, cette « race maudite » qui envahit l’Europe et qu’« il faudrait anéantir ». Chez Dieterle, les gens du voyage servent de prétexte à dénoncer la discrimination raciale et l’intolérance xénophobe ; ils sont interdits de séjour dans la capitale et fouettés par la soldatesque. Vouée au gibet, Esméralda est leur porte-parole. Rappelons que chez Hugo, Esméralda est une Française, de son vrai nom Agnès, fille de Paquette la Chantefleurie ; enfant, elle a été volée par des gitans à Reims. Devenue à demi-folle, la mère naturelle retrouve sa fille quelques heures avant son exécution et périt d’une crise cardiaque en tentant de l’arracher au bourreau. Dieterle transforme Esméralda en bohémienne pure souche et Gringoire s’épuise à demander autour de lui « pourquoi faire des distinctions de race ? », de sorte que les allusions aux pogroms dans le Reich sont manifestes.
Frollo exige bientôt la peine capitale pour des milliers de « libre penseurs et d’agitateurs » et organise des autodafés. Un tract de Gringoire révèle que « des innocents disparaissent jour après jour. Certains finissent à la potence, d’autres sont enterrés vivants… » Quant au tribunal, il n’offre qu’une parodie de justice : on interroge des sourds-muets, des chèvres sont citées comme témoins et la torture fait le reste. Le juge lui-même est sourd comme un pot. Mais il ne s’agit pas ici de dénoncer les excès d’un Moyen Âge agonisant (celui de Hugo n’a du reste que fort peu à voir avec la vérité historique), ni d’illustrer l’anticléricalisme viscéral du XIXe siècle ou la critique sociale du grand romancier. L’obscurantisme dépeint par Dieterle est une réalité de 1939.
L’Eglise ne peut protéger Esméralda (Maureen O’Hara), elle sera sauvée par un intellectuel progressiste (1939).
Comment est née l’opinion publique
Face à l’arbitraire des dictateurs, le cinéaste, en disciple de l’idéaliste Schiller, place donc le poète engagé. C’est grâce à ses écrits interdits que cet « hérétique » de Gringoire (incarné par Edmond O’Brien, du « Mercury Theatre » d’Orson Welles), d’abord amoureux malchanceux d’Esméralda mais nullement ridicule, parvient à alerter les Parisiens et les incite à sauver la gitane persécutée (2). Dieterle l’investit d’un véritable pouvoir d’action, en fait son porte-parole, lui qui clamait en vers sur la place de Grève : « Le vieux ne peut pas durer / le neuf réclame sa place ». La population et les exclus de la Cour des Miracles s’unissent en une vague de solidarité, mais la voie de la violence que choisit Clopin est vouée à l’échec (il est écrasé par un madrier que lance le bossu). C’est le plaidoyer imprimé de Gringoire qui finit par intéresser le gouvernement « rooseveltien » au sort des opprimés. « Il crée l’opinion publique qui impose ses décisions même aux monarques », constate Louis XI avec un étonnement amusé. C’est l’émergence du peuple démocratique dans l’Histoire, une prise de conscience collective enclenchée à partir du supplice de Quasimodo. Par conséquent, le happy-end qui clôt le récit, propre à toutes les adaptations américaines du roman (et qui a irrité plus d’un spectateur lettré), n’est dans ce film pas un compromis à la Hollywood pour consoler Margot, mais une nécessité dramaturgique. Compte tenu du message politique qui sous-tend cette version – et celle-ci uniquement -, il est impératif d’ignorer le dénouement tragique de Hugo. Dans le livre, Gringoire s’enfuit à la fin avec la chèvre Djali, « seul rescapé dans la compromission de la littérature avec le pouvoir » (Hugo). À l’écran, au petit matin, quand l’obscurité s’est enfin dissipée, Esméralda, de « race inférieure » mais toujours vivante, quitte Notre-Dame sous la protection de l’intellectuel progressiste acclamé par la foule : grâce à ce représentant des Lumières avant l’heure, le soleil de la tolérance a vaincu. Frollo-Hitler s’est écrasé au sol, le roi a pardonné et les bohémiens sont désormais « autorisés à s’établir où ils veulent en France. » On peut rêver.
S
(1) – Promu archevêque, Dom Claude Frollo n’a ici qu’un rôle très secondaire. Ayant pris Esméralda sous sa protection à la cathédrale lorsqu’elle était poursuivie par les sergents du roi tout au début du film, il lui explique qu’« être gitane n’est pas une honte, mais un acte de Dieu ». Plus tard, il renie son frère Jehan qui, confronté au roi, avoue son crime. Louis XI ordonne son arrestation, mais le scélérat s’enfuit et gagne Notre-Dame où Quasimodo lui règle son compte.
(2) – Dans le premier canevas de son roman, conçu avant 1830, Hugo aussi donnait à Gringoire un rôle positif. Il y était le sauveur d’Esméralda, pour laquelle il se sacrifiait : s’étant substitué à elle dans la geôle de Louis XI, il finissait pendu à sa place, avec la chèvre (cf. Delphine Gleizes, « Manifestations populaires : la représentation du peuple chez Marcel Bluwal et William Dieterle », in : CinémAction no. 119/2006 , p. 180).
A Bertrand:
Merci pour cet article passionnant. J’avais également pensé à Roosevelt en voyant le Louis XI paternel et débonnaire incarné par Harry Davenport.
A Mathieu
Mais allez consulter l’encyclopédie du film historique de Hervé Dumont et ses livres sur Napoléon et le cinéma, les Chevaliers de la Table Ronde, l’Antiquité au cinéma sans oublier son sublime livre sur Borzage (actes Sud)
A Mathieu
Merci ! Le Worsley est assez vieillot, même pour 1923, et la copie est dans un sale état malgré les efforts de Lobster ; dommage pour les superbes décors, qui ont survécu jusqu’à un incendie en 1967 ! Le DVD permet de les admirer dans quelques stereoscopes faits par Worsley je crois. Mise en scène statique, mais quelques atouts: Chaney bien sûr, dont le jeu est impossible à comparer avec celui de Laughton – même si ce dernier semblait tenir à faire également de ce rôle une performance physique – je me base sur quelques anecdotes glanées sur IMDB. Et Ruth Miller est une Esmeralda pleine de fraîcheur, au jeu assez moderne. Son ascendance noble est bien reprise dans le film, j’en veux un peu à Hugo pour ce cliché mélodramatique.
Merci à Bertrand pour ce beau texte du toujours excellent Hervé Dumont. Je ne lui reproche qu’une chose : les intentions politiques sont portées au seul crédit de Dieterle ( IMDB nous apprend que la scène des cloches fut tournée le jour même de l’invasion de la Pologne, et Dieterle, dévasté, ne put dire « Coupez », Laughton continuait de lancer ses cloches…). Mais la scénariste est Sonya Levien, née dans un shtzetl lituanien, que la situation devait toucher de près… et l’adaptation est de Bruno Frank, grand ami de Klaus Mann, qui avait fui l’Allemagne après l’incendie du Reichstag.
A Denis Fargeat
Dumont cite Bruno Frank, auteur interdit en Allemagne. Je crois que j’ai oublié de copier ce paragraphe. Reportez vous à l’article où il énumère TOUTES LES ADAPTATIONS de Notre Dame de Paris. Dieterle était connu pour son engagement politique
Analyse passionnante du film de Dieterle qui me semble la meilleure adaptation du roman malgré un final qui s’en écarte résolument. Interprétation remarquable, photo savamment expressionniste, sous texte riche.
Hugo n’est pas si facile à adapter mais mériterait qu’on s’y penche à nouveau
Je pense d’abord à quatre vingt treize mais aussi et surtout au fabuleux travailleurs de la mer.
A Bertrand
Oui, désolé, je viens de relire le passage en question.
Ce texte de Dumont effectivement passionnant provient-il de « L’Encyclopédie du film historique »?
a Alexandre Angel
Oui bien sur et je vous conseille de vous y référer souvent. C’est gratuit, acte très généreux d’un passionné. Achetez donc ses livres en compensation comme celui sur les Chevaliers de la Table ronde et sur Borzage ou…Dieterle
A Bertrand (et tous)
Un grand merci pour avoir indiqué le site d’Hervé Dumont, j’ai cru jusqu’à hier à un gros livre que je me promettais d’acquérir un de ces moments… je viens d’y passer un moment, et Bertrand a tout à fait raison. Générosité, passion, érudition – et parfois il ne mâche pas ses mots, ce qui est de bonne guerre… Pour les versions de Notre Dame, c’est ici : http://www.hervedumont.ch/page.php?id=fr10&idv=2&idc=833
Je pense qu’il n’y a pas de problème à partager ce lien ici.
à AA: on peut le lire en ligne, c’est effectivement généreux:
http://www.hervedumont.ch/page.php
Merci à MB et à Denis Fargeat pour les liens!
Aparté pour Yves Rouxel et cette fois kje suis le seulcoupable de digressions:ouvrant de vieux cartons lors d’un rangement chez moi, j’ai exhumé des fanzines auxquels je partcipai durant les années 80′ et 90′.Quelle ne fut pas ma surprise quand, les feuilletant , je tombai sur les Voix off (on ne manquait pas d’air!) celui qui fut conçu par une petite bande de Toulousains. A la fin d’un numéro, je tombe sur un papier consacré au doublage de films où apparaît votre nom et celui de deux comparses (réels ou fictifs? Je me méfie car nous aimions gonfler nos effectifs à coups de pseudos!)Pierre Bréfeil et Maurice Leborgne. Je ne peux croire à une homonymie mais ne me rappelle pas du tout de la manière dont ce texte était arrivé dans notre n°5 avec un dossier Cassavetes en 1992.Les copains de l’époque (pour ce fanzine là) se nommaient Pascal Prunet, Bruno Dienot et Stéphane Brami entre autres, totalement perdus de vue!
Est-ce une bonne intuition? Est-ce vous?Je le pense compte tenu de votre « obsession » pour les questions de doublage.
A Ballantrae.Oui c’est moi même ainsi que Pierre Brefeil qui vit toujours à toulouse et Maurice le borgne à bordeaux.Au départ nous avons proposé un article sur les voix françaises de la série « Les mystères de l’ouest »,alors rediffusée sur feu FR3.Ayant rencontrer à Paris Jacques Thébault(Robert Conrad)et Roger Rudel(pour Ross Martin)nous nous sommes dit,envoyons ce papier à »La revue du cinéma », »Télérama », »Première ».Un jour j’ai reçu une lettre de Gerard Pangon rédacteur à Télérama qui à été emballer par notre fougue et notre obsession pour le doublage(discipline décriée par beaucoup de puristes du 7ème art).C’est en juin 92 que l’article est paru.Ensuite nous avons été contacter par un libraire bordelais Francis Valery qui souhaitait un projet de recueil plus approfondit sur le sujet avec l’aspect historique puis l’évolution du doublage depuis les années 30,ainsi que de courts entretiens avec des comédiens de l’ombre dont beaucoup ne connaissait le visage en dehors de Jean Piat,Dominique Paturel ou Martine Sarcey connus grace à des roles à la télévision.Le projet à capoter et ne s’est pas fait.Concernant les fanzines ,quels sont les titres svp?merci à vous pour ce retour vers le passé.
A Yves
Je vous souhaite de pouvoir reprendre ce projet, le doublage est un sujet passionnant à plusieurs titres ; une certaine histoire du cinéma peut s’écrire à travers lui, et il y a ce côté affectif, tous ces comédiens de l’ombre qui ont été de grands passeurs, à leur façon ( on peut pour la 100ème fois parler de Michel Roux apportant un relief inattendu au personnage joué par Tony Curtis, et « La classe américaine » qui va au-delà de la blague potache grâce aux talents des doubleurs; c’est après tout un bel hommage.)
A Ballantrae, Gwynplaine vous sourit toujours, par l’intermédiaire du livre des visages. Je me nomme comme je m’appelle.
A Denis.Il faut savoir qu’un certains doublage français ont fait appel à des réalisateurs afin d’assurer le choix et la direction des comédiens.Je pensais à Michel Deville qui a contribuer à la vf de »1900″de Bertolucci.En revanche je ne méprise pas la version doublée du »Parrain »mais reconnait humblement qu’il faut voir le film dans sa version originale car Brando prend un léger accent italien puis surtout marmonne abondemment.Jean louis Trintignant colle de façon magistrale sur Nicholson sur »Shining »ou Raymond Loyer sur John Wayne.Enfin je terminerais sur Chabrol que j’avais rencontrer sur »L’enfer »tourner près de toulouse qui m’avait dit qu’il ne pouvais pas voir un film avec Kirk Douglas sans la voix métallique de Roger Rudel(les deux acteurs se rencontrèrent à Paris durant le doublage de »Spartacus »,Douglas lui aurait glisser en français »Vous avez les mèmes tripes que moi ».
A Denis.Je me suis planté concernant le doublage du « Parrain »qui à été réalisé par Louis Malle et non Michel Deville.Quand à Patrice Chereau c’est lui qui à superviser la version française du »Casanova »de Fellini et qui à choisit Michel Piccoli afin de doubler Donald Sutherland.En revanche j’ai appris par Richard Heinz qui a dirigeait pendant des années des versions françaises que Kubrick choisisait les comédiens pour les différentes versions dans le monde.Je n’ai pas retrouver de trace ou Jean louis Trintignant parle de son experience sur »Shining »et comment s’est dérouler le doublage avec Evelyne Buyle,Med Hondo,Michel Aumont et Jacky Berger qui prète sa voix au petit Danny.
Ce petit fanzine s’intitulait comme je vous l’ai dit Voix off.
Mais je pense que vous étiez passé par Pascal Prunet ou Bruno Dienot pour le faire publier car je ne me souviens pas vous avoir rencontré directement.
C’est bizarre car en ce moment je ne cesse de renouer avec des morceaux de vie de mes 20-25 ans au gré des rencontres de ces derniers mois.
A Ballantrae.On se connait peut ètre,à moins que vous n’habitez pas sur toulouse?
Malgré son coté un peu théatral »L’habit vert »de Roger Richebé est un film épatant pour sa mise en scène.Jules Berry dans le role du pianiste est siderant.On reconnait l’homme de théatre qu’il était avec sa gestuelle particulière,son éloquence et son phrasé si singulier qu’il en devient un personnage attachant et désinvolte.Elvire Popesco avec son accent roumain est juste ce qu’il faut.Ne ratez pas la scène ou elle déclare: »Je suis en état de prostitution au lieu de prostation »et c’est la que son mari le vieux duc la reprend en rajoutant « Oui mais elle est étrangère ».Concernant Berry je vous renvois à l’unique biographie qui existe et signée par olivier Barrod(malheureusement l’ouvrage est épuisé depuis des lustres).J’ai aussi découvert »L’équipage »de Litvak.Là aussi c’est une réelle réussite.Les plans de bataille dans les airs sont bien réglés,ensuite Litvak nous montre malgré la guerre l’amour entre les ètres est toujours présent.Le personnage de Vanel à le regard noir et sait pertinnement que sa jolie femme lui cache quelque chose.Puis il y a le frère de Jean pierre Aumont,ce gamin qui joue de façon superbe.Il y a une grande émotion qui se dégage à la vision de ce film qui à été restauré par Pathé.Pensez à voir dans le bonus la courte interview qu’a accorder Charles Vanel à armand Panigel.L’acteur passe en revue les débuts de sa carrière grace à des albums de photographies.Quel bonhomme ce Vanel!!!
A Yves Rouxel
Là Bravo, vous être tout à fait juste et je vous suis à 100%. J’ajouterai Victor Boucher dans l’Habit vert
Bonjour Mr Tavernier,
Merci pour votre blog que je lis régulièrement avec beaucoup de plaisir. Permettez-moi de vous faire part de mon chagrin (oui, vraiment) au sujet de votre collection « L’Ouest le vrai ». J’avais acheté et lu tous les ouvrages parus jusqu’à récemment et j’en étais vraiment ravi. J’attendais toujours avec impatience les nouvelles parutions que je guettais sur le site d’Actes Sud et me réjouissais par avance de ces lectures passionnantes.
J’aimais beaucoup aussi les couvertures dont le charme était vraiment en ligne avec l’intention de cette série. Mais depuis ces derniers mois, je me sens vraiment triste et déçu par les nouvelles couvertures agressives et désagréables. J’ai arrêté d’acheter votre collection à mon grand regret, car je n’arrive pas à me procurer et à conserver un livre dans ma bibliothèque dont je n’apprécie pas la couverture.
Si vous partagez ma peine (oui, vraiment!), serait-il possible de revenir sur le format précédent ? (il se peut que je sois le seul a me plaindre… dans ce cas, oubliez ce message peu aimable et acceptez toutes mes excuses!)
Très cordialement,
Bruno
A Bruno
Je transmets à Actes Sud. Ils tentent de se renouveler. Moi j’aimais les anciennes couvertures mais aussi beaucoup celle du VENT DE LA PLAINE. Vous ratez quelques titres remarquables mais je voir ce qu’ils répondent
Oui, je suis tout a fait d’accord, celle du Vent de la plaine était encore très bien, j’ai d’ailleurs acquis ce volume. Mais les deux derniers, Lune pale et Les Furies, non vraiment, ce n’est pas joli.
A Bertrand.Quel sont les titres à venir dans la collection western chez actes sud,car sur le site je n’ai pas trouver d’informations?merci à vous.
A Yves Rouxel
Il y a prochaine LES FURIES de Niven Busch, roman magnifique avec un personnage féminin très fort, qui est le moteur de l’histoire. Ce roman fut admirablement adapté par Anthony Mann (et le scénariste Charles Schnee)
Quelle bonne nouvelle que cette prochaine livraison!
Je fais la collection de tous les ouvrages de « L’Ouest, le vrai » et suis plongé actuellement dans THE BIG SKY, d’A.B. Guthrie, en compagnie de Caudill (plus central que dans le film), Deakins (moins central, par contre), Jourdonnais, Teal Eye (qui n’a que 12 ans)et les autres.
Je suis fourbu, courbaturé…mais heureux!
LES FURIES qui est toujours de manière incompréhensible toujours inédit chez nous en dvd (les droits Paramount doivent être difficiles) mais avait cependant bénéficié d’un dvd zone 2 en Espagne que j’avais acquis (en VO et malheureusement uniquement sous-titré en castillan) ainsi que d’une édition américaine en zone 1 chez criterion. C’est un film important de Mann et un roman à découvrir donc.
A Bertrand Merci pour votre réponse.J’en profite pour signaler à titre indicatif que la cinémathèque de toulouse propose une retrospective pendant un mois autour des films d’Anthony Mann.
J’ai enfin découvert « Pauvres millionnaires »de Dino Risi,qui est une comédie plein de délices.On retrouve toute une generation de jeunes acteurs qui faisaient leurs premiers pas devant la camera.Derrière l’aspect dramatique du propos Risi réussit malgré tout à nous faire dans des situations cocasses et uniques.Renato Salvatori s’en donne à coeur joie quand il endosse le role du directeur d’un grand magasin.La séquence la plus croustillante est celle du modèle féminin dans la vitrine ou les passants matent la belle se lever puis s’habiller rapidement.On retrouve chez Risi la joie et l’espoir malgré le chomage et les enfants qui vont arriver puisque les deux femmes sont enceintes.Merci à Bertrand de nous avoir conseiller ce film que je ne connaissais pas.Une curiosité avec le troisième long métrage de Zinneman »Les yeux dans les ténèbres ».Là aussi le film est irrisistible grace à l’histoire de cet aveugle qui va aider sa jeune nièce dans une aventure rocambolesque.Le chien Friday apporte un note humoristique à cette enquète policière.Mais il y a aussi le majordome noir qui roule les billes et qui parle au chien comme si c’était une personne.edward Arnold l’acteur principal cite mème dans le film un cognac originaire de haute garonne cuvée 1905,alors que la région de Toulouse ne produit pas de digestif!!!!Ce film court par sa durée vous fera passer un agréable moment de détente .
A Yves Rouxel
Je n’ai pas revu le Zinneman depuis des lustres et l’acteur noir qui roule des yeux me fait peur. Merci de signaler cette curiosité
Petite annonce : « La vérité sur Bébé Donge » ce lundi 15, 20h55, sur Arte. Pour ceux qui n’ont pas encore balancé leurs postes…
A Denis Fargeat
Et j’espère que vous avez écouté la sublime musique de Jean Jacques grunenwald jouée par l’orchestre de Radio France et reconstituée par Louis Dunoyer
Merci Bertrand , mais je n’y étais pas, à ce beau concert du 12 janvier dernier … et je guette toujours sa rediffusion. En tous cas cette soirée, ce devait être quelque chose – ça devait faire drôle d’entendre la Valse de « Carnet de bal » à l’endroit, et dans cet endroit! ( dans le film, l’enregistrement est passé à l’envers, les musiciens jouaient la partition de la dernière à la première note.)
La série tirée du livre de Marilyne Desbiolles sur Jaubert passe sur France Culture le soir, en ce moment.
Merci encore! Et j’amende mon précédent message, une recherche un peu plus pointue m’a permis de trouver ceci : https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-du-soir/musiques-de-film-de-la-belle-a-la-bete-aux-enfants-du-paradis-69490?xtmc=musiques%20de%20film&xtnp=1&xtcr=22
Grünenwald bien sûr, mais aussi Ibert, Honegger, Auric, pas mal d’inédits indispensables, encore merci Bertrand!
Diffusé le 1er mars dernier, avizozamateurs.
… et à écouter enfin la superbe musique pour « Bébé Donge », je persiste à penser qu’il y a dans les ancêtres de celle-ci le Concerto pour 2 pianos de Poulenc (aussi le concerto pour 4 claviers de Bach/Vivaldi, rendu célèbre par Cocteau dans ses Enfants Terribles sorti 2 ans plus tôt), qui lui-même rend opérant le choc esthétique que fut pour Debussy la découverte du Gamelan balinais. Généalogie à étudier plus sérieusement ; comment le néo-classicisme est devenu, plus tard , le minimalisme, comment celui-ci est devenu une désespérante impasse.
A Ballantrae.Vous faites un grand écart entre Oliver Stone qui est un réalisateur qui à toujours voulu montrer des choses mais son cinéma est quand même pro-américain et c’est ça qui me gène chez les grands donneurs de leçons qui ont toujours un pied dans le plat quand ça les arrange.Quand à Guédiguian c’est un cinéaste qui à sut apporter un souffle nouveau au début des années 80 avec ses premiers long.Puis il est tomber dans la complaisance de »la gauche bobo »qui se sent proche du peuple et des gens qui souffrent mais qui vivent dans le luxe de maisons bourgeoises.Enfin je ne suis pas là pour juger des individus à travers leurs œuvres mais pour leurs actes ou leurs prises de position dans la société d’aujourd’hui.Ou sont en France les réalisateurs qui s’engagent et donnent leurs avis sur les éborgnés des samedis,suite aux mouvements des gilets jaunes.Qui ses souvient de cette grand-mère marseillaise de 82 ans qui est morte suite à l’envoi d’une grenade par un crs?
A Yves Rouxel
Mais Yves, vous délirez. Stone a terriblement attaqué l’Amérique. Voyez son documentaire. Et il a même pris le parti de Castro, Chavez, Poutine par détestation de la politique américaine, ce que lui reprochent certains de ses défenseurs. Là, vous dites n’importe quoi. Avez vous regardé une image de sa série sur Roosevelt, Truman (qu’il descend avec une violence inouïe), Eisenhower, Obama (qu’il déteste). Je trouve aussi inouï que vous écriviez qu’on ne juge pas un auteur sur ses oeuvres mais sur ses actes. Donc les tendances sexuelles de Proust, son isolement névrotique comptent beaucoup plus que LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU. Guediguian a pris des positions très fermes sur la guerre d’Irak, le génocide arménien et je trouve un peu facile de le traiter avec une telle condescendance. Vous confondez l’actualité et l’Histoire. Les gilets jaunes, c’est un sujet complexe qui demande du recul pour faire le tri entre les vraies souffrances, les délires antisémites, la perméabilité de toutes les rumeurs complotantes, la récupération par l’extrême droite et les casseurs. La télévision est là pour réagit à chaud. Nous ne sommes pas des journalistes et il me semble que des gens comme Brizé, Lioret, Fabienne Godet, Jean Pierre Thorn et de nombreux documentaristes rendent compte des éborgnés et j’en ai rendu compte dans CA COMMENCE AUJOURD’HUI. Arrêtez de donner des leçons aux cinéastes
Bon, j’ai ouvert la boîte de pandore. Je ne pensais pas amener Yves vers ce type d’errance mais le ramener sur terre. Tant pis.
Je n’ai pas fustigé guediguian pour un manque de courage personnel mais ai émis des réserves sur certains films.
Oui, je n’ai pas de leçon de civisme et d’engagement à donner à des cinéastes comme stone qui me semble remarquable.
Une pensée pour ce chef d’oeuvre de l’architecture qu’etait nd de Paris. Dire que je relisais le roman de Hugo cette année avec les élèves. Hasard bizarre. « Ceci tuera cela »…
A Bertrand.La polémique et la provocation à toujours été un de mes points faibles.Je me reprends sur Oliver Stone avec mon film préféré qu’est »JFK »qui est l’œuvre la plus aboutie et juste pour moi.Ensuite comme beaucoup je me méfit de plus en plus des discours complotistes sur les attentats du 11 septembre,de l’affaire Merah à toulouse et Montauban ou même de l’incendie qui à ravagé la cathédrale notre dame hier soir.Effectivement les journalistes sautent sur l’occasion et disent tout et nimporte quoi.Entendu hier soir sur une radio nationale: »Oui je suis au pied de la cathédrale,les flammes brulent ,il y a du feu partout »!!!Hallucinant pour des professionnels qui sortent d’écoles de journalisme.Je vais m’empresser de voir les documentaires de Stone.
A Bertrand.Sans rapport avec le film citer,je voulais savoir si vous connaisser « Sous les toits de Paris »de René Clair sortie en 1930 et qui est le premier film français parlant?
A Yves Rouxel
Yves, s’il vous plait, soyez un peu sérieux au lieu de déranger à tout bout de champ : je parle du film, montre une séquence dans VOYAGE. Vous ne pouvez pas accaparé l’attention de personne alors que vous ne prenez rien en compte
A Yves Rouxel
SOUS LES TOITS DE PARIS n’est pas le premier film français parlant mais le premier film parlant de René Clair, ce qui n’est pas exactement la même chose.
A Salomon
Exact, il y a un film d’André Hugon, les TROIS MASQUES notamment avant lui
« les trois masques » est le premier film français parlant mais réalisé en Angleterre .
Le premier film français parlant réalisé en France est « chiqué « de Pierre Colombier;des Américains veulent faire la fête et visitent des endroits louches où on leur dit « c’est du chiqué « ; ils ne se laissent pas impressionner quand des vrais voyous arrivent et les Yankees disent à leur tour: »c’est du chiqué » (si mes souvenirs sont exacts ,ils disent : »that’s bluff)! »;le vocabulaire emprunte aux « mystères de Paris » d’E. Sue (goualante,tapis-franc); les valses musette tiennent presque plus d’importance que l’intrigue ;Charles Vanel est le seul nom connu de la distribution.
« D’ailleurs ça me fait penser à Dumbo …non, là je rigole! »
A Ballantrae, moi pas du tout , je me suis trouvé à aller le voir hier soir sur les conseils d’un ami – je mesure la sagesse d’Oscar Levant, il faut se méfier par dessus tout de ses amis. Mais j’avoue une faiblesse pour Tim Burton. Juste dire rapidement que c’est remarquable à quel point ce cinéma se métaphorise lui-même : un petit cirque racheté par un immense parc d’attraction, « Dreamland », (dirigé par Michael Keaton méconnaissable en dehors de quelques mouvements de buste, et lui-même dépendant de financiers), y perdant son âme pour la retrouver dans un épilogue auquel personne ne croit. Le film, Disney jusqu’au bout des oreilles, et chimère comme les « fake monsters » que dénonce la foule assez perspicace au bout du compte, raconte l’histoire de son propre échec – comme Frankenweenie, amère leçon de morale : on ne peut rééditer une expérience si le coeur n’y est plus, mais comment savoir s’il y est , ce coeur?… Pour autant, je ne regrette pas, l’équipe Burton-Elfman-Lebenzon-Atwood-Heinrichs est encore réunie et fonctionne par éclairs et signes de reconnaissance. J’aime beaucoup le tandem Heinrichs-Burton, les motifs visuels qui circulent depuis longtemps maintenant. Et du côté Elfman , belle réussite du générique, comme toujours ; ensuite, trop de tout , et trop peu de l’essentiel – j’ose dire le coeur , et la mélodie. Quant à Dumbo, il est dans le titre mais c’est à peu près tout ; c’est ici un véhicule , au sens littéral. Il pourrait même venir chercher Yves sur son arbre.
Bon, comme sale gosse je me pose là, irais-je jusqu’à dire, cher Ballantrae, que c’est vous qui avez suscité ce post?
Et, histoire de raccrocher aux thématiques suggérées : qu’est-ce que j’entends, il paraît qu’Oliver Stone va réaliser le remake de Bambi ? On va enfin savoir qui a commandité le meurtre de sa mère….
Désolé Bertrand mais je suis dans une période perchée actuellement.Je vais me reprendre en main,promis!!
Descendez de l’arbre, si vous êtes perché, SVP!
Je vous propose une ouverture synchrone avec le billet de Bertrand: que pensez vous du cinéma d’Oliver Stone par exemple? Vous qui êtes engagé, pensez-vous qu’il est un cinéaste engagé en profondeur? Aimez vous ses films les plus politiques? D’autres?
Vous parliez à un moment du cinéma de R Guediguian par ailleurs ( le plutôt languissant La villa).Paradoxe pour moi que son cinéma car je préfère souvent ce qu’il raconte en entretien que ses films à qqs exceptions près ( La ville est tranquille que je place très haut, Le promeneur du champ de Mars, A la vie à la mort).
Par exemple le si célébré Marius et Jeannette revu récemment suscite toujours la même distance pour moi: un peu l’impression de voir lourdement se déployer un catéchisme bien pensant qui ne convainc que les convaincus, le truc fait pour des lecteurs de Télérama en somme.
C’est un peu comme si on jugeait qu’Ingloriuous basterds était un film politiquement hyper courageux et qu’Hitler n’avait qu’à bien se tenir dorénavant…
Stone a souvent été dégommé pour cause de manichéisme mais Salvador et qqs autres me semblent des films authentiquement courageux.
Si là je n’ai pas réveillé qqs vieux de la vieille! Juste histoire de ne pas sauter d’une digression l’autre avec l’ami Yves!
D’ailleurs ça me fait penser à Dumbo …non, là je rigole!
Je m’engouffre dans cet aparté Stonien, cinéaste qui m’a passionné à ses débuts, mais j’étais bien jeune, et qui, avec la distance, me semble être une imposture ou quelque chose qui y ressemblerait. Du strict point de vue de son engagement politique. Formellement, je trouve ses films tout à fait brillants, excepté ALEXANDRE, difficile à sauver. JFK m’impressionne toujours autant formellement parlant. Il s’en dégage cette incroyable énergie dont parle Bertrand Tavernier, et le travail de montage a dû être une épreuve. Le contenu est en revanche proprement honteux. Je le relie à une vieillerie intitulée EXECUTIVE ACTION qui défendait les mêmes théories fumeuses, film qui n’avait même pas l’excuse d’être bien réalisé. Stone m’a toutefois fait découvrir les Doors, leur musique est devenue une addiction, même si le film supporte difficilement plusieurs visions. Le pic de sa filmographie est sans doute SALVADOR, en effet. Avec UNDER FIRE c’est ce que le cinéma américain a fait de mieux sur les conflits en Amérique latine. L’ENFER DU DIMANCHE m’a fait penser à une remarque de Hawks, dans ses entretiens avec McBride, disant avoir commis l’erreur de tourner un film où tous les personnages étaient des fils de pute. C’est un film borgne, et il faut revoir ALL THE MARBLES ou SLAP SHOT. Pourquoi le cinéma français n’a jamais de film sur le sport Mr Tavernier ?
Anecdote rapportée par Stone : le personnage de Pacino fut refusé par Bronson qui le trouvait trop lâche.
Quant au Stone simple scénariste, je ne décolère toujours pas en revoyant SCARFACE, qui est un film dont les auteurs n’ont sans doute pas mesuré à quel degré il pouvait être irresponsable. De Palma s’est excusé avec Carlito’s Way.
A Gilles
ALEXANDRE a des défenseurs qui ne le trouvent pas difficile à sauver et la dernière version m’a fait réviser une bonne partie de mon jugement initial. JFK m’a toujours semblé ultra brillant et profondément discutable, NATURAL BORN KILLERS détestable mais je défends l’ENFER DU DIMANCHE et sa vision du sport âpre. La trilogie sur le Vietnam tient le coup et RADIO TALK parle de l’émergence d’un électorat qui fera élire Donald Trump et qui commence à s’exprimer ouvertement. Stone a senti cela. Son documentaire sur la politique américaine est partial mais contient deux ou trois aperçus foudroyants et aussi quelques injustices. Mais il a le mérite de secouer le cocotier et hélas de s’aligner un peu trop sur Fidel Castro, Chavez, voire Poutine (encore que la dernière partie des interviews arrache des aveux sidérants au président Russe
à Ballantrae: GUEDIGUIAN/sûr que les rédacteurs et lecteurs de Télérama adorent MARIUS et Tra est assez agaçant avec son esprit de gauche douceâtre-eau de rose-on est tous copains-youkaidi-youkaida mais nonobstant le film reste très distrayant, plus que LES TUCHE 3 paraît-il. Dés qu’une comédie romantique plaît au + > nombre exactement comme un film de Capra elle en devient suspecte, mais on ne rechigne pas devant un Capra qui a l’avantage de dater d’il y a des lustres, respectons les anciens. Ne soyez pas comme les critiques de Libé qui aiment bien trouver de la complaisance là où il y a de la naïveté (à eux on la fait pas) dans le sens d’art naïf, Guédiguian c’est souvent le douanier Rousseau, il met les pieds dans le plat j’aime! LA VILLA languissante? diable! avez-vous oublié ces plans météoritiques de la fin où les enfants crient le nom de leur frère disparu, puis celui sur le papa catatonique qui ENFIN réagit certes faiblement, alors qu’il se retrouve absolument seul, alors que ses proches durant tout le film espéraient assister à ce petit signe. Et Robinson Stévenin est formidable, il y va carrément.
Dans un de ses films, RG s’autorise à citer Les Pauvres Gens, citer Hugo à nôtre époque, pas sérieux, ça.
D’ailleurs tout ça me fait penser à EVIL DEAD 2.
… ceci dit LA VILLA n’est pas totalement réussi, mais méritait mieux.
A Bertrand Tavernier :
« l’émergence d’un électorat qui fera élire Donald Trump et qui commence à s’exprimer ouvertement. Stone a senti cela. »
Ce qui ne l’a pas empêché de dire juste avant l’élection « Trump n’a aucune chance de l’emporter. »
A Gilles
Il l’a senti l’émergence encore balbutiante pas la victoire (encore que dans le film, ils tuent l’animateur)en tant que cinéaste mais en tant que citoyen il s’est gouré
J’ai revu une nouvelle fois »Le dernier des géants »de Siegel qui n’est pas le chant du cygne du western .L’œuvre reste attachante pour son coté nostalgique et mélancolique puis on retrouve John Wayne dans son dernier role ou la fiction rejoint la réalité.Les scènes entre Fleur(Lauren Bacall et Le duke)sont formidables et remplies d’émotions et de tendresse.Elle à perdue son mari qui avait à peine 41 ans et lui arrive au bout du chemin avec la maladie qui le ronge.Le jeune Ron Howard échappé de la série »Happy days »apporte un élan d’espoir vers la fin du film.Mais il y a aussi James Stewart les cheveux blanchis par les années qui endosse le role du docteur.On sent entre les deux personnages une forme d’amitié sincère et de compassion pour celui qui va compter les jours.N’oublions pas Richard Boone et Scatman Crothers(que l’on reverra dans »The shining »de Kubrick).Dans le bonus John Landis commente quelques scènes du film .
à Yves Rouxel: DERNIER DES GEANTS/qqs qualités mais film fade à côté du roman de Glendon Swarthout Une Gâchette (Série Noire), réédité comme Le Tireur chez Gallmeister (nouvelle traduction?). Ses romans ont inspiré aussi THE HOMESMAN et la magnifique série LONESOME DOVE et un sujet singulier tourné par Kramer sous le même titre Bénis soient les enfants et les bêtes, inédit en France je crois (le film).
A MB
D’accord avec vous sur la fadeur du film de Siegel qui reste très en dessous du sujet. Je crois d’ailleurs avoir exprimé des réserves mais ce cher Yves ne semble jamais lire ou tenir compte de ce que l’on écrit. Mais LONESOME DOVE est adapté de LARRY McMurtry (HUD, THE LAST PICTURE SHOW) et il faut absolument lire tout le cycle admirable paru chez Gallmeister
oui oui LONESOME DOVE c’est d’après Mc Murtry je me suis laissé abuser par les pubs pour d’autres romans (le style « vous aimerez aussi… ») et je n’ai pas vérifié! il faut TOUT vérifier damned!
qu’en est-il de BLESS THE BEASTS AND CHILDREN de Kramer l’avez-vous vu?
et puis j’adore LONESOME DOVE que vous aviez conseillé ici, il faut vraiment que ça sorte en France, c’est un chef d’oeuvre…
Wayne trouvait le film cadré trop serré. Je pensais à ça en regardant le western d’Audiard, qui ne tient jamais compte de ses décors. Il aurait pu le tourner comme Lars Von Trier a tourné Dogville. Bien que fade, à cause de ses cadrages notamment, de sa lumière terne, le personnage de Wayne est plus attachant que d’ordinaire. Il laisse paraitre une fragilité inhabituelle, et certaines scènes avec Lauren Bacall sont chargées d’émotion. Malgré ses défauts le film se place très au-dessus de ce qu’il tournait depuis dix ans. Contrairement à la plupart des acteurs de sa génération, Wayne est sorti par la grande porte.
A Gilles
Mais Audiard voulait imposer un climat oppressant, claustrophobie ce qui n’était pas le cas de Siegel
A MB : THE SHOOTIST. Merci d’avoir signalé le livre de Glendon Swarthout. Il est en effet, remarquable.
A SERVANT Jean-Pierre
Exact, il faut lire aussi HOMESMAN du même auteur et un autre roman, WARLOCK qui a donné lieu à L’HOMME AUX COLTS D’OR. Le livre est plus fort, plus complexe avec ses multiples points de vue. Il y a aussi TRUE GRIT qui fut respecté talentueuse ment aussi bien par Hathaway (je préfère sa version) que par les Coen et chez Actes Sud la magnifique ETRANGE INCIDENT, SAINT JOHNSON, LA RESISTIBLE ASCENSION DE LAT EVANS (personne ne semble les avoir lus dans ce blog pas plus que FEMME DE FEU ou HOMBRE (ce dernier chez Rivages)
A Bertrand Tavernier : merci vraiment pour toutes ces pistes littéraires.
A Bertrand
Pas tout à fait personne!
J’ai lu SAINT-JOHNSON et un autre blogueur (je ne sais plus qui par contre)avait fait un ou deux beaux comptes rendus.
A Alexandre Angel
Pardon. Et maintenant on peut le comparer avec le film d’Edward L Cahn sorti chez Sidonis
à JP Servant THE SHOOTIST LE ROMAN je l’ai lu dans la traduction de la Série Noire, je crois que Gallmeister a repris la traduction, puisqu’ils l’ont réintitulé (Une Gâchette devenant Le Tireur ce qui doit correspondre à « shootist »).
Homesman a été adapté par TL Jones même titre avec The devant, mais ce film m’a déçu sans que je sache pourquoi.
TRUE GRIT: oui le Coen est très décevant aussi, et j’adore Jeff Bridges mais là, il apparaît très cabotin.
A Yves Rouxel : (THE SHOOTIST) J’avais trouvé le film assez plaisant pour la peinture du vieil Ouest qui disparaît peu a peu laissant la place aux nouvelles technologies. Wayne y est égal à lui même, attachant bien sûr et on sent bien qu’il n’a pas à forcer pour interpréter ce homme usé par le temps et la maladie. Moi, ce qui m’a toujours gêné dans ce film – et c’est bien sûr personnel – c’est la musique de Elmer Bernstein, à mon goût trop « moderne », sans doute dans l’air du temps des années 70, mais qui n’apporte pas le lyrisme nécessaire à ce type de sujet. De plus j’ai toujours trouvé le gunfight final dans le bar très platement filmé, bâclé.
Duke méritait une sortie plus grandiose…
A SERVANT Jean Pierre
C’est l’ensemble du film qui est plat, sans énergie, très en dessous du roman. Dans sa bio de Wayne, Scott Eyman mon the que c’est du en partie à l’ego de Siegel qui s’est dit qu’il allait dompter Wayne et qui a pinaillé sur des trucs sans importance, a voulu lui imposer certains choix, s’est aliéné l’acteur et a perdu. Et du coup s’est désintéressé du film. Il n’y a aucune alchimie ou entente entre Bacall et Wayne et Siegel, en effet, a bâclé le règlement de compte final
A Bertrand Tavernier : (THE SHOOTIST)
Pour conclure en ce qui me concerne avec ce film, il est certain que je suis dans l’incapacité de comparer avec le roman ne l’ayant pas lu (j’ai noté) et je me réfère uniquement à mon souvenir de spectateur quand le film est sorti en salles à l’époque. Pour moi, Wayne fait partie des « piliers » d’un certain cinéma et sa présence charismatique – même dans un film pas vraiment réussi – m’invite à l’indulgence.
J’ai été surpris en vous lisant des rapports peu « cordiaux » entre Siegel et Wayne. L’ ambiance sur un tournage doit aussi beaucoup jouer sur le produit fini. « Dompter Wayne »… je n’imaginais pas Siegel avec cet état d’esprit. Comme quoi.
A SERVANT Jean Pierre
Wayne pouvait être dur avec certains metteurs en scène, ayant travaillé avec Ford Hawks et il avait une bonne vision du film même si vers la fin, il a cédé à la paresse. Il a détesté tourner le BARBARE ET LA GEISHA s’estimant à juste titre trahi par Huston qui n’avait tenu compte d’aucune de ses remarques qui étaient souvent judicieuse (les avait il lues ?). Il trouvait qu’il soignait son image et ne s’intéressait guère (dans ce film – aux personnages et aux émotions. Et Siegel sous un coté détendu avait un rude égo
Grande envie de découvrir KISS TOMORROW GOODBYE de Gordon Douglas, que je crois n’avoir jamais vu.
J’ai un moment confondu avec COME FILL THE CUP (Feu sur le Gang), autre film du tandem Cagney /Douglas sorti je crois en 51, scénario de Goff et Roberts (WHITE HEAT) que j’ai voulu revoir. Le film est intéressant à mon goût surtout dans sa première partie, celle où Cagney est largué du journal ou il travaille suite à son alcoolisme, sa chute et sa rédemption, aidé par un ex alcoolique (James Gleason).
J’ai été moins convaincu dans la deuxième partie où son patron (Raymond Massey) lui demande de venir en aide à son neveu (Gig Young) qui lui même sombre dans la boisson.
L’ex fiancée de Cagney s’est mariée avec le neveu en question qui la trompe avec une artiste de cabaret mêlée à une bande de gangsters. Ça fait beaucoup. Et la fin m’a semblé presque bâclée et peu crédible.
Mais reste le jeu de Cagney, impérial. Rien que pour la scène (très courte) où il erre dans la rue au petit matin, en manque d’alcool, hagard, en guenilles, attendant l’ouverture du bar salvateur vaut de voir ce film. Il faudrait un jour étudier la démarche particulière de James Cagney. Il ne marche pas, il fonce, le buste en avant, décidé.
Dans cette scène de rue, où il se meut avec difficultés, je le trouve sidérant.
Pour COME FILL THE CUP on sent une hésitation entre drame social et film de gangsters bien que le social prenne le dessus.
A SERVANT Jean-Pierre
Vous avez entièrement raison et Gordon Douglas le déplorait. L’histoire de gangster a été rajoutée à la dernière minutes, contre l’avis du réalisateur et de Cagney, soi disant pour ne pas désarçonner son public. C’était stupide Mais les qualités de la première partie valent le détour
A Bertrand Tavernier (COME FILL THE CUP) Merci pour ces précisions. C’est tellement flagrant. Je me suis demandé comment les auteurs du vertigineux WHITE HEAT avaient pu écrire cette deuxième partie du film qui destabilise complètement le propos. Du coup le personnage de la fiancée (Phillis Thaxter, assez juste) est réduit à des apparitions éparses et « potiche ». Vraiment dommage. La première partie contient de jolies idées comme quand James Gleason prépare ses recettes de jus de tomate qu’il assaisonne d’épices pour retrouver – sans risques – le goût puissant d’un alcool, ou la peinture de la vie dans la salle de rédaction assez intéressante.
A Jean-Pierre Servant,
Merci de parler si bien de ce film que j’ai vu mais dont je n’ai plus beaucoup de souvenirs.
Il faut dire que ces échanges (et cette chronique) sur Gordon Douglas réactive chez moi toute une « ambiance » liée au réalisateur de 2010 à 2012, en gros.
Cela avait commencé par une rétrospective intégrale à la Cinémathèque. De passage à Paris, j’avais eu envie d’aller y jeter un œil : j’étais donc aller voir LES NOUVELLES AVENTURES DU CAPITAINE BLOOD ainsi que LA MAITRESSE DE FER. Parallèlement sortait BARQUERO chez Sidonis, que Bertrand présentait.
Puis, ce fut ce cycle sur TCM riche en découvertes agréables : THE DOOLINS OF OKLAHOMA, THE ROGUES OF SHERWOOD FORREST, LA FLECHE NOIRE, BOMBERS 52, THE FALCON IN HOLLYWOOD et j’en oublie…J’ai découvert des « Gildersleeves », MARA MARU avec Errol Flynn. A tout cela s’est ajouté ce blog qui vous donne envie de revenir à des choses que vous aviez visionnées par dessus les yeux (THE NEVADAN).
Tiens, je n’ai toujours pas vu I WAS A COMMUNIST FOR THE FBI : il est sur mon étagère, je le regarde aujourd’hui.
Je l’ai déjà dit mais tant pis : j’ai vu à sa sortie et à 10 ou 11 ans le tout dernier film de Douglas, VIVA KNIEVEL (Le Casse Cou). J’avais pas trouvé ça fameux (je crois que Gene Kelly jouait dedans).
A Alexandre Angel : (GORDON DOUGLAS) J’ai retrouvé dans ma bibliothèque le numéro de janvier 2010 qui contient un texte de Jean-Pierre Coursodon sur quelques films de Douglas, à l’occasion de la rétrospective consacrée au réalisateur à la Cinémathèque Française.
L’auteur parle chaleureusement de CHUKA que je n’ai jamais pu voir (pourtant autrefois diffusé à la télévision), de RIO CONCHOS que j’ai oublié et vais donc revoir, de THEM ! unique film SF de Douglas et I WAS A COMMUNIST FOR THE FBI, comme d’une « réussite inattendue dans un des sous-genres hollywoodiens les plus ingrats qui soient : le film de propagande anti-rouge ». Envie de le découvrir, repéré l’autre jour, mais j’étais parti sur l’achat d’un (très beau) Hathaway…
Je n’ai pas un souvenir extraordinaire de ses trois « policiers » avec Frank Sinatra, du moins pour les TONY ROME.
Parmi ses westerns, il faut que je revois YELLOWSTONE KELLY dont je me souviens vaguement.
A SERVANT Jean-Pierre
J’aime beaucoup THE DETECTIVE, moins TONY ROME qui a des moments réussis et bien filmés. Jamais vu le troisième. Les westerns avec Clint Walker sont fort bons
A Bertrand,
Je n’arrive pas à être vraiment fan du DETECTIVE, de Gordon Douglas. Je suis gêné par ce ton coincé (au sens d' »inhibé ») entre deux époques, entre classicisme noir et bouillonnement « fin 60′ », comme si la réalisation marchait sur des œufs, ménageant la chèvre et le choux. A l’image d’un Frank Sinatra déjà vieillissant, légèrement grassouillet et portant moumoute, le film porte « vieux », se déclinant en des couleurs ingrates, fatiguées.
On peut juger positivement que ce ton désenchanté sert le propos du film et par endroit, j’ai trouvé des correspondances de tonalité, d’atmosphère avec le contemporain ETRANGLEUR DE BOSTON. Et aussi d’état d’esprit.
Les deux films présentent, qui plus est, un point commun, périphérique chez Fleischer, central chez Douglas : le focus sur les milieux homosexuels.
C’est là que pas mal de choses se jouent. LE DETECTIVE étant assez bavard (pas forcément dans le mauvais sens du terme, bon nombre de d’échanges faisant mouche par leur « timing », leur vivacité), bien des constats, qui alimentent et entérinent le désenchantement de Joe Leland (Sinatra), sont énoncés ou pas (certains de ses silences sont éloquents) par ce dernier sur le mode du jugement avec un côté « Père la Morale « amer qui peut avoir quelque chose de déplaisant (comme dans cette scène où Sinatra suggère par le regard à Lee Remick qu’elle devrait faire soigner sa nymphomanie).
C’est ce conformisme encapsulé qui me bloque dans mon rapport avec ce film.
Joe Leland a beau casser la gueule d’un flic homophobe (Robert Duvall), on sent bien qu’Hollywood ne sait pas quoi faire d’autre des gays que de les montrer comme des invertis malades et hystériques (Tony Musante!!!) grouillant dans les plus sombres recoins de la cité.
Imagerie qui perdurera jusque dans le désagréable et éprouvant CRUISING, de William Friedkin.
Avec L’ETRANGLEUR DE BOSTON, Richard Fleischer, sur le même sujet, s’en sort infiniment mieux.
Dans le cadre de son enquête, le procureur Bottomly (Henry Fonda)déboule dans un bar gay.
Cela commence mal : en le voyant rentrer dans le bar, des habitués (tous efféminés, évidemment)préviennent qu’ « elle » (!!!) arrive.
S’en suit une discussion avec Hurt Hatfield, riche homosexuel, filmée en champ/contrechamp plaçant Fonda en léger contrebas (Hatfield est grand).
Ce dernier rappelle que lorsqu’il y a crime sexuel, c’est toujours les homos qu’on vient trouver.
Mais alors que Fonda précise qu’il doit aller là où il doit tout vérifier, Hatfield lui suggère, avec un brin de provocation, qu’il est poussé par une curiosité malsaine.
L’intéressé répond : « Disons que je m’encanaille » , provocant la réaction suivante de son interlocuteur : « Je ne vous imaginais pas faire une telle remarque » .
Et Fonda de susurrer, penaud, qu’il a été grossier et qu’il s’en excuse.
Je trouve cet échange remarquable et intelligent car il montre que Fleischer, à, ce moment-là, assume avec panache d’avoir à se coltiner des plombes de préjugés homophobes (et de voir Henry Fonda dans un bar gay provoque une jubilation, je le reconnais, un peu perverse).
Gordon Douglas négocie tout cela de manière infiniment plus maladroite (à sa décharge, le scénario est centré là-dessus, ce qui n’est pas le cas du Fleischer).
Après, que les choses soient claires : LE DETECTIVE m’intéresse nettement plus que le très surfait BULLITT.
A Alexandre Angel
Je comprends et partage une partie de vos réserves mais c’est moins Douglas qu’il faut incriminer que le scénariste Abby Mann (JUGEMENT A NUREMBERG). Flmeischer prenait plus part aux scénarios de par son statut et sa personnalité. Douglas le fit au moins pour THEM et RIO CONCHOS à ce qu’il me déclara. Ce que je trouve excitant, c’est sa manière d’utiliser les décors naturels, ce que ratent ou n’osent faire certains cinéastes plus prestigieux. Et j’aime beaucoup les séquences avec Jacqueline Bisset
A Bertrand,
Sur Gordon Douglas et THE DETECTIVE.
C’est très bien que vous rappeliez que Gordon Douglas n’avait finalement que peu de prise sur les scénarios qu’il mettait en image (THEM! et RIO CONCHOS, c’est peu) et partant, qu’il convient de soupeser ce qu’apportent certains réalisateurs talentueux à un scénario convenu.
J’avoue n’avoir pas vraiment prêté attention aux extérieurs et m’être senti un peu déconcentré lors des scènes avec Jacqueline Bisset. J’ai tout de même trouvé qu’elle jouait bien et qu’elle existait en face de Sinatra.
Quoiqu’il en soit merci pour vos éclairages inestimables!
A Alexandre Angel
Dans un certain nombre de films, Douglas a du donner son avis sur le scénario qui était retenu ou non (il était très contre les modifications apportées à COME FILLE THE CUP mais était impuissant face au studio).Quand il aimait un projet, il devait donner des idées, proposer des coupes, condenser des répliques (les westerns avec Clint walker).Il pouvait aussi galvaniser un scénario dans sa mise en scène Mais parfois, il sentait qu’il n’y avait rien à faire. Le scénariste Harry brown avait beaucoup d’estime pour lui, considérant qu’il avait une vision claire, pragmatique et les Cagney l’aimaient beaucoup. Karl Malden, quand il dut tourner des plans de the HANGING TREE (Davis à l’hôpital indiquait les cadres) s’est adressé à Douglas pour l’aider car il le trouvait ouvert, intelligent et de bon sens. Ce qui est sur, c’est que quelqu’un comme André de Toth collaborait plus au scénario quitte à exaspérer le Front Office
à AA: BULLITT bénéficie d’une réputation surgonflée sans doute à cause de la course de bagnoles, mais il ne peut être privé au moins pour sa première partie très brillante, d’une belle reconnaissance pour son style noir qui me fascine toujours autant après 25 revisions: je parle d’un style qui mélange le mystère et la précision des faits, la clarté de leur exposition et le brouillard total, comme celui dans lequel se retrouve le lecteur de Chandler quand il ne peut qu’admirer la beauté des pièces de la mosaïque prises chacune séparément tout en s’épatant de l’impossibilité qu’il y a à les coller ensemble pour une synthèse intelligible, y compris après le mot fin.
A côté de ça je prends la course de bagnoles comme une récréation dont il est facile de sortir, et juge largement plus plombante à côté, la scène de l’hôtel dans laquelle Bisset découvre le vilain métier que fait son amoureux, si froid face aux cadavres, avec explications pénibles filmées en plan fixe éloigné avec zoom complètement crétin (techniquement la caméra ne pouvait pas s’approcher?). Et McQueen est souvent pénible par sa raideur mégalo attention c’est moi la star!
A MB
Chouette définition de la Chandler Touch!
Sur BULLITT, je sais pas, c’est un film qui me tombe des yeux. Ce n’est pas une question d’ennui (enfin, peut-être que si au final), c’est juste que je ne me sens impliqué par rien dans ce film. Je me fous des enjeux, de ce qui arrive. J’espère sincèrement avoir tort et ne pas me figer dans mon mauvais jugement mais jusqu’ici, je trouve le film incroyablement superficiel, qui s’agite pour faire croire qu’il y a de la vie alors que rien ne sort. C’est totalement assujetti à la mode, à l’air du temps comme une couverture en papier glacé.
Et je me souviens que ça m’avait fait cet effet à la première vision (à 13 ans) à la TV. Que des stimuli de surface (Lalo Schifrin, c’est séduisant) mais rien en profondeur. Mais je ne nie pas le savoir-faire.
à AA: « Chouette définition de la Chandler Touch! »
j’ai mis Chandler au pif mais ça aurait pu être Ellroy ou Hammett ou… cependant je préfère Raymond parce que j’ai une tendresse particulière pour certaines scènes extra-intrigue comme cette sympathie immédiate (et ambigüe) entre Marlowe et le passeur qui doit l’amener en barque sur le bateau-casino sur lequel le privé doit poursuivre son enquête (dans The Little Sister) ou la fille sur le plongeoir dans The Long Goodbye.
De Yates j’ai revu récemment L OEIL DU TEMOIN avec ébahissement devant les incroyables facilités de l’intrigue (les trois protagonistes sont étroitement liés bien avant le début de l’histoire), le personnage de James Woods est très mal gèré et reste superflu, je ne pige pas ce qu’il fout dans la bagnole des deux flics (un peu mous tous les deux) vers la fin.
A la fin, Yates réussit une scène très compliquée avec un original haras en pleine ville dont le héros se sert en libérant les chevaux dans les rues pour échapper à Plummer! (qui se révèle un tueur furieux comme par magie et sans passé explicatif): cette scène est réussie et creuse et isolée: morceau de bravoure.
Dans BULLITT, les acteurs sont formidables au niveau 2nd rôles comme à l’âge d’or du film noir et font vivre les deux tiers du film plus que la star (S Oakland, Don Gordon, Bill Hickman (un pilote-cascadeur, rôle muet assez jouissif) qui conduit la voiture à son tour poursuivie par McQ ). Un détail comme le silence de Don Gordon (grand copain de Steve dans la vie) face à McQ quand celui-ci lui annonce qu’il faut carrément kidnapper un témoin pour qu’il échappe au sénateur ambitieux (R Vaughn) est intense et rigolo, silence qui veut dire à la fois « t’es pas cinglé? » et « bon d’accord c’est toi le boss »!. La scène suivant qui montre le sénateur et son équipe déboulant à l’hosto pour embarquer un témoin qui a filé au diable est remarquable et poilante.
Yates n’a rien tourné de la course de bagnoles, dans un doc on ne le voit même pas sur le plateau, c’est Steve qui a tout réglé. Pour Yates il ne faut pas oublier HOUSE ON CARROLL ST, bon rôle pour Jeff Daniels avec encore grosses ficelles et morceau de bravoure (un par film) qui détaille le plafond magnifique de la gare de New York. Curieux, ce Yates, du savoir-faire et pas de désir pour une vision d’ensemble homogène, typiquement américain?
A MB
Pour Yates, il faut rappeler THE FRIENDS OF EFFIE COYLE et surtout BREAKING AWAY autre scénario de Steve kesich. J’avais gardé un souvenir agréable du parfois languissant LA GUERRE DE MURPHY
à Bertrand: YATES/ c’est vrai vous avez déjà parlé de BREAKING AWAY et je l’ai toujours pas vu, réparons celà! et revoir EDDIE COYLE. MURPHY’S WAR? je m’étais ennuyé mais j’étais jeune…
A Bertrand Tavernier : (KISS TOMORROW GOODBYE) Découvert ce soir avec plaisir, et effectivement je ne le connaissais pas.
Il y a de nombreuses scènes fortes mais je trouve aussi quelques « flottements » dans quelques scènes qui par moments cassent un peu le rythmé global.
Je pense surtout qu’il ne faut pas le comparer à WHITE HEAT de WALSH, à mon goût beaucoup plus nerveux – ce qui est lié au sujet – et le personnage interprété par CAGNEY dans ce film, bien que cruel dans certaines scènes, m’est apparu beaucoup moins dingue que le Cody Jarrett de WHITE HEAT. Les personnages, tous assez pourris, forment une intéressante galerie. Merci pour cette découverte!
Intensité dramatique,psychologies des personnages,telle est la singularité de la réalisatrice Fabienne Godet.Dans »Une place sur la terre »elle nous décrit l’univers d’un photographe seul et sans attache.Benoit Poelvoorde compose un ètre fragile qui frise la cinquantaine et qui à comme seul copain le fils de sa voisine qu’il garde à l’occasion.Le petit Max Bessette de malglaive découvert dans le chef d’œuvre qu’est »Versailles »à toujours ce regard innocent et fort.Mais le meilleur de cette histoire simple est la relation d’individus qui vivent les uns près des autres et s’évitent ,ne se parlent pas ou font semblant de ne pas se voir.Pourtant grace à quelques notes de piano échappés d’une fenètre ouverte,les ètres vont se connaitre dans leurs souffrances et leurs faiblesses.Oeuvre sensible et reposante Fabienne Godet qui vient de Forbach ville de l’est à sut imposer à travers ses films une chaleur humaine et une forme de grace plein de finesse et d’intelligence.Bravo à elle et à son équipe.Une cinéaste à suivre.
A Yves Rouxel
J’aime beaucoup ses films mais n’avais pas perçu l’influence de Forbach
« .Le seul point faible pour moi c’est que le scénario appuit trop sur la religion et les bondieuseries inutiles à l’ensemble. »
J’ai déjà envoyé un message pour exprimer ma désapprobation qui s’est perdu dans le monceau des commentaires savants des autres ; la religion joue un rôle extrêmement important dans ces petites communautés ,et le mot « bondieuserie » est trop péjoratif et déplacé ; pour la moi,la scène la plus bouleversante du film est celle où le jeune héros souhaite au ciel des prairies de ragondins (ou ratons-laveurs quelle importance?)à son jeune ami disparu (pas très bibliothèque rose çà) ;la foi ,la vrai foi est un soutien pour un enfant désespéré dans ce contexte ….
Hors -sujet: »Emma » est charmant ;j’aime beaucoup quand Richard Cromwell (le torturé de « lives of a Bengal lancer ») appelle Marie Dressler » Beauty ».
De même qu’elle est un soutien pour le prisonnier noir innocent de « intruder » qui montre une dignité rarement vue dans cette situation ;elle soutient la vieille dame qui contient à elle seule une foule déchainée …
Dans « national velvet » ,aussi méprisé chez nous que « the yearling » ,mais adoré outre-atlantique ,Anne Revere décrit la vie à sa fille,la jeune E.Taylor ,en utilisant L’Ecclésiaste: »il y a un temps pour tout,même pour mourir » .
J’ai été élevé très religieusement,mais j’ai pris mes distances avec le catholicisme depuis !Dieu merci!
A DUMONTEIL
Vous avez entièrement raison. JODY ET LE FAON est tout sauf bondieusard. Simplement, il montre l’importance de la foi chez ces fermiers mais cela n’empêche pas quelques touches âpres et noires fort peu cléricales. Avec des moments très inventifs : voyez TRAIL OF 98, sa seconde équipe – la poursuite du carrosse sur la plage – dans LORNA DOONE, séquence magistrale. Brown a du pouvoir entretenir des rapports spéciaux avec Thalberg et Mayer qui lui ont permis d’aborder des sujets très durs pour la MGM et dans des conditions inhabituelles. Les nombreux extérieurs de JODY, de INTRUDER IN THE DUST. Melville avait passion pour certains de ses films comme HUMAN COMEDY d’après Saroyan. Brown était sans doute conservateur mais son intelligence, sa sensibilité (il était très aimé) lui permettaient de dépasser ces étiquettes. Il faut se souvenir qu’il permit à Maurice Tourneur d’avoir une fin de vie fort agréable
a Bertrand.Je suis d’accord avec vous concernant »Jody et le faon »qui reste une oeuvre forte en soi.Vous avez raison,les plans exterieurs lorsque le petit Jody court le long de la rivière sont réussit.Il court vers l’évasion mais aussi il fuit la tristesse de sa mère qui à perdue trois enfants.Là on n’en sait pas plus.Peut etre que dans le roman l’auteur évoque la disparition de ces enfants.J’ai revu Claude Jarman JR dans le western de Roy Huggins qui est une curiosité bien troussée. »Le relais de l’or maudit »avec un Randolph Scott pris entre deux feux quand il apprend que la guerre est finie.
Avez-vous parlé de CITY FOR CONQUEST de Litvak? Je n’arrive pas à retrouver par la recherche. J’ai beau reconnaître les faiblesses du film (A Sheridan pleure trop, le personnage de A Quinn est dépeint trop noir quoique j’adore retrouver l’acteur jeune), je trouve que la 1ère 1/2 heure est prodigieuse et les deux tiers se retrouvent par jeu de la moyenne, sensationnels, typiquement le Warner qui marche à 100 à l’heure!
Le tout début est séduisant qui utilise un clochard philosophe et improbable qui se fait rabrouer par un flic (Ward Bond qui apparaît une minute, il n’était pas déjà sorti des silhouettes en 1940? De toute façon il est partout…) clochard-coryphée ou porte-parole de Litvak (joué magnifiquement par Frank Craven, ses scènes avaient été coupées à la sortie et restituées en 2006 cf IMDB) qui nous introduit au coeur du film en chantant les honneurs à la grande pomme, à sa foule! Le départ individualiste sur ce personnage génial est une sorte de tunnel qui va par surprise nous mener sur les trois personnages principaux: Cagney toujours en avance d’un quart de seconde sur sa ligne de dialogue, Sheridan et Arthur Kennedy qu’on adore aussi retrouver jeune, très convaincant. Cependant nous débouchons aussi hors du tunnel sur une exaltation épique et lyrique de la grande ville avec profusion jouissive de plans façon documentaires qui m’ont fait penser à SOLITUDE ou d’autres réels documentaires. Ces plans ne sont pas qu’urbains mais même surtout sur des visages en gros plan ou plan rapproché sur des 2nds rôles ou figurant et même silhouette. Les éclairages éblouissants (à deux niveaux!) très contrastés sur les visages, hors de l’influence expressioniste ou du moins décalés par rapport à celle-ci il y a moins de gris, privilégient les visages et exaltent la chaleur humaine dont on ne s’étonne pas dans un film de Litvak (James Wong Howe et Sol Polito…).
On adore retrouver Elia Kazan acteur en clochard puis bandit prospère!
Cagney: le contrôle de sa posture physique ou de sa gestuelle géniale (les fameuses gifles retenues, entre goût viral pour la bagarre et affection) concernent aussi un talent à les modifier pour sortir du champ de la vivacité physique et jouer la mal voyance (il n’est pas totalement aveugle suite à l’accident): le port de la tête entre en jeu alors, légères inclinaisons pour mieux voir, démarche, entre autres. Je pense aux débordements physiques de Pacino qui tout d’un coup les retient dans le PARRAIN 2! C’est le même talent physique mais pour une gestuelle plus discrète. Je pense aussi à Gabin et LA NUIT de Lacombe, à cause de la cécité et même si ce sujet est moins développé dans CITY, il reste que Cagney aveugle paraît convaincant.
Après, Arthur Kennedy lui est moins convaincant en chef d’orchestre et son succès est curieusement fulgurant! Je suppose que Max Steiner s’inspire de Gershwyn, puisque le film illustre à fond la symphonie de la grande ville de Rhapsody in Blue mais je ne suis pas sûr manque de culture musicale. Et le concert, musicalement, est moins convaincant que la fameuse Rhapsody! Surprise éblouissante, et impatience pour la réédition de L EQUIPAGE en restauré.
A MB
Votre DVD est récent ou est ce une vision sur TCM ?
CITY FOR CONQUEST, non c’est un dvd z1 (avec stf) de 2006 c’est marqué Warner ent. ET Turner ent. Master très très beau:
http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReviews23/city_for_conquest.htm
c’est marrant car j’ai vu après que la 4ème capture donnée par Dvdbeaver était exactement celle que j’avais choisie pour ma collec de cop d’ecrans de films! (les trois personnages penchés de face avec Cagney à gauche). Ce zone 1 passe très bien sur mon lecteur zone 2 qui m’en a refusé pas mal.
Photo magnifique.
A Bertrand.Je pense que ce film fait partie de la collection excellente »Les trésors Warner ».J’ai revu « Le mystérieux docteur »de Litvak avec un Edgard G.Robinson époustouflant,puis Ward Bond ce colosse habituer aux westerns qui à peur des piqures du docteur.Vous avez raison c’est un film amusant ou Bogart joue les fourbes de service.La séquence qui me fait rire se déroule dans la chambre ou la bande du gang est sensée jouer de la musique alors qu’ils diffusent un disque.Litvak est un réalisateur à redecouvrir surtout la période ou il était en urss.
A Yves Rouxel
Ce sera très vite fait. A ma connaissance, il n’a tourné qu’un seul film puis trois en Allemagne. Il me semble que son premier vrai chef d’oeuvre est COEUR DE LILAS dont j’ai parlé ici
A MB:
Moi je n’aime pas le début de CITY FOR CONQUEST, que je trouve littéraire et prétentieux, la prétention de faire quelque chose de « grand » et d’américain, exactement comme la musique assez pénible que compose Arthur Kennedy dans le film. Et je n’aime pas la fin non plus, c’est à dire à partir du moment où Cagney perd la vue, on tombe dans le mélodrame le plus convenu et je ne marche pas. Tout qu’il y a entre les deux est par contre plein de très belles choses, et Cagney est à son meilleur, cette mélancolie, cette façon d’encaisser les coups (au figuré), et le tempo du film est très soutenu et monte en tension jusqu’au climax du match fatal.
à Mathieu: CITY/pas du tout d’accord ni pour le début ni pour Cagney aveugle, mais tant pis.
je trouve ce passage du début de l’épique à l’individuel très réussi au niveau découpage éclairage, c’est une profusion! l’ambition que vous appelez prétention est au contraire sauvée par le talent de la mise en scène, encore tant pis.
Frank Craven qui s’adresse à la caméra tient le même rôle dans OUR TOWN/UNE PETITE VILLE BIEN TRANQUILLE, l’avez-vous vu il faut que je le trouve.
J’ajoute mes remerciements à ceux d’Henri Patta concernant THE SINS OF RACHEL CADE que je viens également de découvrir grâce à ce blog. Et tout ce qui a été écrit plus haut est exact : un film parfois un peu plombé par son chromo christique mais aussitôt sauvé par une interprétation globale de premier ordre (cf les dialogues entre Peter Finch et le royal Juano Hernandez) ainsi que par des dialogues et des situations bien plus fins que la plupart des films exotiques en studio de cet acabit. Et même si il est de toute façon résolument impossible de ne pas tomber raide dingue d’Angie Dickinson dans la plupart de ses films, il est tout aussi exact que je l’ai rarement vue aussi amoureusement dirigée et captée. L’uniforme d’infirmière lui va décidément à merveille puisqu’elle sera toute aussi délicieuse et émouvante l’année suivante dans l’étonnant COMBAT DU CAPITAINE NEWMAN de David Miller (film lui aussi inégal mais qui contient certaines séquences d’une puissance rare avec les prestations fantastiques d’Eddie Albert et surtout Bobby Darin qui prouvent qu’il n’y a pas que la « Méthode » pour parvenir à des incarnations habitées).
Le film de Tay Garnett Voyage sans retour est magnifique effectivement et me semble rivaliser sans mal avec les fleurons du mélodrame que sont Sirk, Mac Carey parfois et bien sûr Stahl.
J’ai cité Mac Carey car dans mon souvenir ce film est assez proche par l’émotion qu’il suscite de Elle et lui, cette impression que la vie parfois joue avec le hasard des rencontres.
Non seulement le récit et l’interprétation sont dignes d’éloge mais il faut aussi louer l’inventivité élégante et signifiante de la photographie je pense à certains plans sur le pont du paquebot qui réunissent les deux amants dont l’aventure sera sans lendemain avec un frémissement de tous les instants.
Un grand film indéniablement, l’un des meilleurs des 30′ aux USA pour un cinéaste étonnant même si inégal. Selon moi il faut aussi retenir Bataan, Le facteur …bien sûr et L’amour en 1ère page.Les films des 40′ 50′ postérieurs que j’ai ou voir ne sont pas aussi mémorables.
Dans ses meilleurs moments, il possède l’évidence classique d’un Curtiz voire d’un Walsh qui eux aussi passaient sans prévenir d’un univers à un autre, d’une écriture à l’autre selon les besoins dramaturgiques du sujet.
Pour ce qui est de Stone qui n’a rien à voir avec le style de Garnett vous avez infiniment raison de redire qu’il a du talent et du courage dans bon nombre de ses films à commencer par sa trilogie vietnamienne ( c’est Platoon qui domine à mon sens car entre le ciel et l’enfer souffre de qqs longueurs…mais c’est un film courageux par son point de vue et son ampleur narrative) mais aussi un petit objet oublié tel que Talk radio (d’après la pièce de Bogosian si je me rappelle bien) très bien écrit.
Ne pas oublier JFK!
Garnett/ et SON HOMME que j’arrive pas à revoir.
Je ne le connais pas! Peut-être avait-il été jadis diffusé au Cinéma de Minuit par P Brion qui je crois aimait programmer T Garnett mais je l’avais alors raté.
a ballante
C’est très dur de trouver du bon matériel maintenant mais Langlois passait souvent ce film et je l’ai vu deux fois à la Cinémathèque
Scorsese montre, sauf erreur, un extrait de SON HOMME dans son VOYAGE à lui.
Il en loue la virtuosité technique lors d’une séquence où la caméra parvient à suivre le plateau d’un serveur dans un bar bondé. Martin Scorsese laisse entendre que ce sont typiquement ce genre d’éclats formels qui l’inspirent lorsqu’il réalise.
SON HOMME moi aussi je l’avais vu à la cinémathèque de Beaubourg, il y a plein de bagarres rigolotes et un rythme sautillant ça ne faiblit pas. A priori il n’y a pas de dvd.
à Ballantrae/GARNETT: par contre j’ai été déçu par CAUSE FOR ALARM!/JOUR DE TERREUR. BATAAN qui est cité dans MEAN STREETS par deNiro vaut bien le coup? et CROSS OF LORRAINE?
A MB
J’ai parlé de CAUSE FOR ALARM ici même et cela ne vaut pas tripette, CROSS OF LORRAINE non plus. Il y a très peu de bons films de Garnett et ils se situent pour la plupart dans les années 30. LE FACTEUR est quand même aseptisé et Niven Busch dit que son dialogue a été défiguré par un tâcheron. Pour ne pas perdre le marché grec, MGM a transformé le garagiste grec crasseux en anglais ce qui est inepte. Garnett qui était adorable signa plusieurs films inventifs et surprenants dans les années 30 mais LE SECRET DU CHEVALIER NOIR, ONE MINUTE TO ZERO sont des films ultra faibles et routiniers. Je voudrais revoir LES CORSAIRES DE LA TERRE. BATAAN était plus réussi, relativement sobre et dépouillé
« LE FACTEUR est quand même aseptisé » ah enfin! la sacralisation de ce film par l’exégèse de cinéma, comme GILDA, m’a surpris, la deuxième erreur y était le côté net et propret, sophisistiqué, dans cette petite tenue blanche ridicule, de L Turner qui aurait dû sentir la graisse à frites et évoquer la bête de sexe, afficher plus sa frustration sexuelle en tout cas, Garfield ne sauve pas le film d’ailleurs ne convient pas au personnage surtout à le comparer à Massimo Girotti dans le Visconti et dieu sait que j’admire Garfield, mieux vaut relire le Cain.
et revoir le Rafelson je crois.
Le facteur…me semble nettement supérieur à Gilda qui vaut d’abord pour R Hayworth et rien de plus!On y trouve tout de même une atmosphère et l’installation des codes du roman noir.Jen’y vois pas un chef d’oeuvre absolu du film noir comme par exemple le sont certains Walsh ( High sierra, White heat…), Fuller ( Pick up…, House of bamboo…), Hawks ( Le grand sommeil) Tourneur ( Out of the past lediamant noir par excellence) ou Huston ( Sierra Madre, Key Largo ou surtout Asphalt jungle…et non le très, très surcôté Faucon maltais).
Certes, on a fait mieux après sur cette base du roman de J Mac Cain pas nécessairement d’ailleurs le remake de Rafelson que je trouve surfait mais plutôt des remakes inavoués comme le film de Visconti ou Blood simple des Coen.
Garnett n’est pas un cinéaste immense mais il a réussi des films tels Bataan que je trouve tranchant dans sa narration dans sa narration sans fioritures.Un artisan honnête qui a su faire son chemin dans un système compliqué.
A ballante
Ces listes me gênent. GILDA qui est pour moi une vraie réussite visuelle et dramaturgie est tout autant un mélodrame gothique qu’un film noir et il contient de nombreux atouts à commencer par la création de George McReady, les touches homosexuelles, l’invention des dialogues. LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE n’est pas du tout un film noir mais d’aventures, d’exploration dans la lignée de Conrad. KEY LARGO m’a toujours paru brillant mais un peu empesé contrairement à l’adaptation magistrale, subitement interprétée du FAUCON MALTAIS que j’ai revu l’autre jour avec la même jubilation (mais les versions Roy Del Ruth et, plus baroque et inégale, Dieterle ne sont pas du tout mauvaises surtout la première. Il faut dire que les dialogues d’Hammett, respectés par Huston, étaient incroyablement modernes et incisifs. Il y a plein d’autres films noirs admirables de LA GRANDE HORLOGE aux Preminger et à BIG HEAT et il est inutile de vouloir en dresser un palmarès de KISS ME DEADLY à NIGHT HAS A THOUSAND EYES et pour rester chez Farrow d’ALIAS NICK BEAL à HIS KIND OF WOMAN (+ Fleischer) et WHERE DANGER LIVES. Le film noir est un genre suffisamment vaste pour qu’on n’ajoute pas des oeuvres qui appartiennent à d’autres genres
Je garde quand même un bon souvenir du film , et de la cruauté qui l’imprégnait. Même si elle n’est peut-être qu’un reflet édulcoré de celle du roman de Cain, ce qui en reste est toujours aussi glaçant, pour moi du moins. Et l’apparition de Lana Turner reste peut-être, justement, aussi marquante parce qu’elle est improbable, aux antipodes du naturalisme de Visconti – et Garfield à côté d’elle ressemble à un chat mouillé . Petit rappel quand même de ce fait bien connu et assez remarquable, trois versions de ce roman américain en 1939, 1942 et 1946, France, Italie fasciste, et Hollywood seulement après guerre.
Pas vu le Chenal , qui fait envie, pour Michel Simon, et Corinne Luchaire, fascinante (beau portrait par Modiano : http://lereseaumodiano.blogspot.com/2012/01/corinne-luchaire-la-soeur-imaginaire-de.html) ; on peut voir quand on glane des renseignements sur elle un bel extrait de « Prison sans barreaux » produit par Pressburger (Arnold,a priori sans lien avec Emeric quoique aussi hongrois que lui.)Belle musique d’un obscur Will Grosz, mort peu après.
FACTEUR/ à Ballantrae et D Fargeat: c’est vrai que le côté propret de L Turner que je vilipendais comme asexué ou puritain évoque AUTANT une frustration sexuelle que si, comme J Lange dans le Rafelson, elle avait été un peu plus souillon et sexy. Dans ce dernier notons que le mari redevient un immigré grec un peu balourd (ce qui n’aide pas à faire du film une plus grande réussite). Dans le roman de James Cain une très grande dernière partie évoque plus longtemps que dans les films, les tournants juridiques alambiqués qui vont sauver la mise des « amants diaboliques »! et leur permettre de vivre dans le remords, dernière (?) pseudo adaptation L EMPIRE DE LA PASSION bien sûr.
Je suis d’accord pour GILDA comme étant autre chose qu’un film noir (BT dixit), trop de thèmes ou figures narratives l’en éloignent (particulièrement le fait que les deux héros se connaissaient d’avant le début), mais je reste froid devant ce film: le côté paraît-il torride de Hayworth reste du niveau sensuel d’un spectacle de goûter d’après-midi pour gosses riches de la bonne société, après le magicien. Mais il y a le royal George Macready qui impressionne partout où il passe!
A MB
Regardez ce que l’on écrivait dans 50 ANS sur GILDA, « ces rapports humains pervertis et maniaques, ce raffinement quasi abstrait des passions élémentaires, dans ces dialogues toujours allusifs, métaphoriques ou à double sens, dans ces cadrages, ces éclairages minutieusement réglés à des fins symboliques.. Nous saluions « une oeuvre totalement consciente, préméditée, voulue dans ces moindres détails et par des gens très subtils et intelligents eux-mêmes
à BT: essayer de revoir GILDA alors? ma foi, vous m’avez bien convaincu pour le Corman THE INTRUDER…
Vous avez raison Bertrand pour les listes notamment cet ajout c’est vrai malheureux du Trésor…
Pour Gilda et Le faucon maltais, je crois que ma déception vient de l’aura immense qui flottait sur ces deux films donc de l’attente fantasmatique…et du constat que les films étaient peut-être plus « modestes » dans leur réalité.
Rien à voir avec le moment de la découverte de Citizen Kane, des Chaussons rouges, de Lawrence d’Arabie,de La comtesse aux pieds nus, de Heaven’s gate dont la découverte alla au delà des attentes: films effectivement démesurés, inventifs à tout instant, surprenants,etc…
J’ai peut-être été trop péremptoire dans mes affirmations mais oui Gilda comme Le faucon maltais m’ont semblé agréables (d’abord pour les acteurs mythiques et l’atmosphère) mais au final n’ont pas laissé de ces traces indélébiles qui font penser que là, la cinéphilie devient intense et rencontre un moment d’exception.Banal est un adjectif excessif.
J’avais éprouvé un peu la même chose face à Casablanca- que je trouve plus fort pourtant- car Curtiz m’a plus impressionné avec Breaking point entre autres.
A Bertrand Tavernier : (WILD HARVEST /LES CORSAIRES DE LA TERRE)
Je n’avais pas revu ce sympathique film « d’aventures agricoles » depuis sa diffusion télé en mai 1968, en programme minimum de grève. J’en avais gardé un excellent souvenir.
J’ai un dvd italien sur un site internet ou la fiche produit indiquait qu’il y avait des pistes sons italienne et anglaise, mais je n’ai pas eu la bonne idée d’agrandir le verso du boîtier en photo qui mentionnait une version italienne uniquement. Tant pis pour moi.
Je l’ai revu quand même avec plaisir malgré ce doublage qui au bout d’un moment m’a laissé penser que j’étais dans un film néoréaliste !
Il y a beaucoup d’humour (Robert Preston cherchant continuellement sa dent qui tombe lors des pugilats), des bagarres enlevées…
La copie italienne en question est très abîmée mais bon, c’était l’occasion de le revoir et malgré cette histoire de doublage, je n’ai pas été déçu.
J’ai retrouvé un numéro de l’Avant Scène Cinéma d’avril 1980 qui contient un très riche dossier de Christian Viviani consacré à Garnett. Dans la filmo il y a un petit commentaire du metteur en scène qui disait s’être beaucoup amusé à faire ce film « pince sans rire », ou pour le gag de la dent de Preston il avait repris l’idée d’un de ses anciens films de 1928.
A SERVANT Jean_Pierre
Garnett, homme chaleureux et sympathique, recyclait souvent des gags qu’il avait inventé. J’aimerais beaucoup revoir ce film. Sa dernière période est dans l’ensemble accablante notamment son film de guerre avec Mitchum
A Ballantrae. Comme vous, je trouve que THE BREAKING POINT est plus réussi, plus original, plus fort, que CASABLANCA. Vous nous aviez fait savoir, cher BT, que c’est la Warner, et sa considération de la personne de Garfield, qui est à l’origine de l’ostracisme qui frappe ce film, sorti depuis chez Criterion, mais toujours sans sous-titres. Et jamais diffusé, à ma connaissance, dans les salles qui ne programment que des reprises, du côté de la rue Champollion.
Je ne peux qu’être entièrement d’accord avec vous, cher Bertrand, sur VOYAGE SANS RETOUR, film très original et bouleversant. De façon générale, cette collection de films pré-code recèle des trésors.
A propos de Clarence Brown, que je connais mal (je n’ai jamais vu JODY ET LE FAON, par exemple), j’ai une opinion mitigée. Il est capable de grandes réussites, comme AMES LIBRES ou LA CHAIR ET LE DIABLE, que vous mentionnez, mais aussi de purges assez redoutables: L’AIGLE NOIR avec Valentino, ou ANNA KARENINE, que Garbo ne parvient pas à sauver.
Il fut d’ailleurs l’un de ceux qui la dirigea le plus souvent, mais avec des bonheurs divers, comme s’il n’avait pas su saisir le talent exceptionnel de cette actrice hors du commun. Outre LA CHAIR ET LE DIABLE, sublime, je retiens L’INSPIRATRICE et MARIE WALEWSKA, où Garbo est fabuleuse. En revanche, INTRIGUES et ROMANCE sont très moyens, de même que ANNA CHRISTIE, où elle parle pour la première fois à l’écran. La version allemande, dirigée par Jacques Feyder, ne vaut pas mieux.
Mais j’ai beaucoup de lacunes dans sa filmographie, qu’il me faut combler.
A Julia-Nicole
Les Garbo sont inégaux mais ses autres films, avec des acteurs ou des actrices moins scarifiées sont souvent passionnants et originaux SMOULDERING FIRES, EMMA, POISSESSED avec Gable et Crawford, certaines comédies fort bien écrites et dirigées comme WIFE VS SECRETARY et l’AIGLE NOIR est assez marrant. Et INTRUDER IN THE DUST est une oeuvre marquante
A Bertrand Tavernier : Hier en découvrant cette nouvelle chronique, vous m’avez incité à reconsidérer « 23 PACES TO BAKER STREET » d’Hathaway,que j’avoue n’avoir pas vraiment trouvé sensationnel lors de sa découverte quand il est sorti chez Sidonis il y a quelque temps.
Je n’ai pas vraiment compris pourquoi je m’étais braqué sur cet excellent suspense, captivant de bout en bout, où j’ai pensé à REAR WINDOW d’Hitchcock (constat identique de François Guerif dans les bonus),pour son personnage principal atteint d’un handicap, ses rapports un peu houleux avec sa fiancée et le majordome Cecil Parker qui remplace ici l’infirmière Thelma Ritter. Une autre séquence que je ne révèle pas pour ceux qui ne l’ont pas vu,fait aussi penser à REAR WINDOW (toutes proportions gardées). Ce film m’a permis de reconsidérer le jeu de Van Johnson, acteur que j’avais toujours trouvé un peu fade. Ce qui est une erreur, parce qu’il est réellement excellent dans le rôle de cet écrivain atteint de cécité. De mémoire, je crois qu’il est aussi dans BASTOGNE où là aussi il est épatant.
Les seuls griefs pour le Hathaway sont liés à la couleur (De Luxe), soit criarde ou terriblement fanee par moment (mais ça vient peut etre de la copie proposée) et à quelques transparences pas trop heureuses. De plus je ne suis pas certain que le format CinémaScope soit vraiment un bon choix pour cette production.
Merci d’avoir rappelé ce film à mon souvenir.
A SERVANT Jean-Pierre
Moi aussi j’étais passé à coté la première fois. Voila un film qui gagne à être revu. Le découpage est très aide, très dépouillé comme souvent chez Hathaway. Pas de lyrisme mais une rigueur à la Lang. La comparaison avec REAR WINDOW ne m’avait pas frappé. Il y a une érotisme charnel chez Hitchcock
« 23 PACES TO BAKER STREET » d’Hathaway,
par contre la pièce de Frederic Knott et donc le film de TERENCE YOUNG « wait until dark »(1967) s’inspirent du roman de P.McDONALD et donc du film d’HATHAWAY ,pour ce qui est de l’égalité dans l’obscurité.
J’ai déjà dit le bien que je pensais de ce film et de l’interprétation d’A.Hepburn,nullement un projet avorté d’Hitchcock ;le film d’HATHAWAY est un excellent thriller aussi.
A Bertrand Tavernier sur Oliver Stone
J’ai toujours été étonné par le manque de reconnaissance de Stone par la critique française. Il a connu pourtant un âge d’or impressionnant, qui s’étale sur plus d’une décennie : WALL STREET, BORN, JFK, NIXON, TALK RADIO, ANY GIVEN SUNDAY. Son activité au début des années 90 était d’un rythme tout simplement époustouflant. Il a aussi produit LARRY FLINT, ce qui est à mettre à son crédit.
La critique récurrente qui lui est faite est de réaliser des « films à thèses », qui ne laisseraient pas au spectateur de liberté pour développer son propre point de vue. C’est un reproche que je trouve infondé pour deux raisons principales :
– d’abord, Stone ne présente pas forcément « son » point de vue sur les évènements mais « un » point de vue bien spécifique auquel il se tient (celui de Ron Kovic, de Garrisson, ou de Nixon), ce qui n’est pas du tout pareil. Et à mon sens, c’est précisément cela qui permet au spectateur de se forger une opinion.
– ensuite, il faut voir à mon avis son œuvre comme un ensemble. De fait, il a décrit les années 60 et 70 à de multiples reprises, mais à chaque fois avec un prisme différent. Pour un réalisateur soi-disant « à thèse », il est pourtant assez admirable d’avoir pu à la fois décrire la vision de la guerre du Vietnam de Kovic, de Le Ly ET de Nixon. Cela montre au contraire la vision d’un cinéaste qui ne cesse de s’interroger, de se remettre en question et d’essayer d’appréhender la complexité des évènements.
D’un point de vue formel, la manière dont il a fait évoluer son montage est prodigieuse. A partir de JFK en particulier, puis ensuite avec NATURAL BORN KILLERS et NIXON, il multiplie les séquences inventives sur un rythme frénétique. Certains apprécient, d’autres pas, mais on ne peut pas nier qu’il y a ici une recherche singulière.
Ni que ses films présentent tous une photographie très soignée. C’est Stone qui a fait émerger Robert Richardson et ses éclairages si reconnaissables, avant que celui-ci soit récupéré par Scorsese et Tarantino.
Mon seul regret est l’évolution qu’ont pris les films de Stone à partir de la fin des années 90. U-TURN marque déjà le signe d’un manque d’inspiration. ALEXANDER est ambitieux et personnel, et assez intéressant, mais à mon sens moins abouti. La suite est décevante. Le second WALL STREET a une ou deux séquences vraiment passionnantes sur la crise financière, mais rien au-delà. WORLD TRADE CENTER est de mon point de vue un échec. W est un peu anecdotique. Tout cela est une suite de rendez-vous attendus mais en partie manqués, de facture plus classique, qui donnent le sentiment que Stone est moins investi que quand il abordait les années 60 et 70. Mais je ne perds pas espoir qu’il revienne un jour à la place qui est la sienne !
A Pierre
Merci pour cette belle contribution.ALEXANDRE dans la vraie director’s cut ne manque pas de qualités ni de force et W se bonifie avec le temps ce qui n’est pas le cas de WTC ni du second WALL STREET. Il y a son documentaire sur l’Amérique
Ne pas oublier la force de Salvador qui narrait de maniere incisive la découverte des compromissions écoeurantes des USA avec les pires régimes d’Amérique latine… intrusions sur les plans diplomatique, politique, militaire.
Bon diptyque avec under fire de roger spottiswoode sorti 2 ans avant.
A Ballantrae,
D’accord sur SALVADOR qui gagne à être connu ou revu. Il y a moins de moyens que dans UNDERFIRE ou que dans LA DECHIRURE mais le ton est moins glamour, plus râpeux, amer.
James Woods, comme toujours, est très bon, plus ambigu et sombre, voire vénéneux, que ces homologues Nick Nolte ou Sam Waterston (sans parler de Mel Gibson, dans le film de Peter Weir).
L’image est plus « sale », ce qui n’empêche pas Stone de réussir une bonne scène d’attaque par des rebelles.
U Turn était inégal certes mais me semble franchement supérieur au grand n’importe quoi de NBK assez souvent irresponsable. Savages était en deça très nettement.
Tout récemment pas de grandes réussites mais le film sur Snowden est intéressant tout de même et encore une fois courageux.
A Ballantrae
Je déteste NATURAL BORN KILLERS mais SNOWDEN est plus qu’estimable
Nous sommes bien d’accord:NBK n’est pas vraiment intéressant voire franchement dégueulasse dans sa vision cool du meurtre en série. Tout se passe comme si Stone avait laissé échapper son filmà tout contrôle, une sorte de machine folle ire de ses propres effets.
JFK et Nixon à l’inverse utilisent magistralement la multiplication des points de vue, textures d’images, strates temporelles et sont parmi les plus fortes contributions de ces 30 dernières années à l’analyse par le cinéma du système politique américain.
Je n’ai pas vu la version longue d’Alexandre qui du coup m’intrigue malgré des a prioris un peu réservés au vu de la version initiale…mais après tout Kingdom of heaven était transfiguré par sa version longue!
a ballante
C’est pareil pour ALEXANDRE mais il faut voir la vraie director’s cut. Il y en a eu 3.. Seule compte celle de 2012 ,the Ultimate cut de 206 minutes, la seule reconnue par son auteur qui avait mis presque tout ce qu’il avait tourné dans le Final Cut, le reprend, l’élague, la restructure, en profite pour éliminer des digressions inutiles, des moments qu’il juge complaisants. «Le premier et meilleur exemple est la suppression, au début du film, de la scène de briefing d’avant la bataille de Gaugamèle. Oui, si vous êtes resté coincé sur la version de 2004, vous serez vite surpris. La gigantesque bataille qui culminait à la moitié du long-métrage n’a cessé de s’avancer dans le montage, jusqu’à devenir en 2014 la fin du premier acte » (Alexis Hyaumet Screenmania). La construction n’est plus chronologique mais va et vient dans le temps , tout ce qui avait été coupé sur les ambiguïtés sexuelles d’Alexandre, est rétabli. Déjà en partie, dans le montage de 2005. Mais cette version fait ressortir l’interprétation de Colin Farrell et les incroyables audaces du propos.
Version longue de 2012? La tâche n’est pas simple même après avoir consulté plusieurs sites car tout n’est pas clair dans les fiches.
Quelle en est la durée exacte?
A ballantrae
Je crois que je la donnais. C’est the ultimate cut, la précédente étant the final cut
C’est commandé…et oui, excusez moi, vous l’aviez dit effectivement juste au dessus!
Etonnante cette histoire de quatre montages successifs et d’un film rattrapé ainsi.
Vous qui connaissez M Scorsese, savez vous s’il y a quelque chance qu’un jour Gangs of NY soit visible dans son montage initial avant charcutage par Weinstein? Le film avait une certaine puissance en l’état mais on sentait parfois des raccourcis narratifs assez abrupts qui peut-être s’expliquent ainsi.
Autre film récent dont j’aimerais voir le final/definitive/ultimate cut c’est Lost city of Z! Gray prévoyait une heure de plus je crois.
A ballantrae
Parfois les montages « intégraux » ne sont pas supérieurs. Il n’y a pas de dogme. Certes des producteurs ont souvent défiguré, abîmé des oeuvres mais on trouve aussi des films où le réalisateur était un peu complaisant vis à vis de ce qu’il avait tourné. Dans la version intégrale de THE ALAMO, les chansons de Frankie Avallon sont pénibles et on avait bien fait de les couper. Pour ALEXANDRE, le film était trop vite et le premier montage avait été effectué dans la précipitation, sans recul. Stone l’a refait mais en prenant des options diamétralement opposées. Après réflexion, il s’est dit qu’il avait été trop drastique dans l’autre sens et a élagué. C’est un vrai foutoir pour s’y retrouver
A Balantrae : achetez le coffret paru en novembre 2015 chez Pathé : il contient pour une dizaine d’euros la version cinéma 2004, la revisited de 2009 et l’ultime montage de 2012 que Pathé nomme « Final cut 2015 » et dont la durée totale est de 206 mn.
https://www.dvdfr.com/dvd/f159848-alexandre.html
à Ballantrae: ALEXANDRE il s’agit de celle-ci:
https://www.blu-ray.com/movies/Alexander-Blu-ray/101301/
les br dvd sont sortis en 2014 aux USA (2012 C’est peut-être la resortie ciné aux USA) version 206′ ou 207′, c’est pas sorti en Fr mais les sites le vendent.
stf
elle est moins longue que la final mais montée autrement comme l’indique l’article cité
à Ballantrae ALEXANDRE /Sullivan a raison vous tiendrez pas compte de mon message qui va sortir après, je croyais que cette fameuse version ultimate ou « final2 le retour »! 206′ n’était pas sortie ici…
casse-tête…
LOST CITY OF Z une version plus complète? damn! je cherche ça.
Merci pour cette chronique qui rend hommage à la grande Dorothy Malone disparue il y a peu et que les Oscars eux-mêmes ont oubliée dans leur hommage annuel aux disparus!
Bonjour à tous,
Petit coup de gueule sans rapport avec les films chroniqués.
Elephant vient de sortir un Sirk que je n’ai jamais vu : MEET ME AT THE FAIR (c’est l’allusion à Scatman Crothers qui m’y fait penser). Je l’ai acquis et le déconseille fortement car la copie est épouvantable alors qu’ils osent mentionner sur la jaquette « Nouveau master restauré haute définition » !
C’est juste dégueulasse, digne d’une mauvaise VHS. Que fait la police?
Carton rouge pour Elephant.
Oui Alexandre moi aussi acheté le dvd MEET ME AT THE FAIR et la copie est dégueulasse effectivement. Pourtant je pense que si c’est la seule copie disponible (comme l’indique le carton en intro), il faut faire le dos rond si l’on veut découvrir le film. Tous les films selon la qualité de conservation des copies n’auront pas un master HD loin de là. Si l’on découvrait une demi-douzaine de films de John Ford réputés perdus des années 10 ou 20 même en copies infâmes, bon nombre de cinéphiles seraient contents de les voir malgré tout.
Mais sur le Elephant il y a tromperie dans la mention « Nouveau master restauré haute définition » ce qui porte à confusion (je me rappelle aussi de leurs blu ray LES AMANTS DE SALZBOURG ou TOUT CE QUE LE CIEL PERMET dont les copies étaient presque identiques voire inférieures aux dvd Carlotta : là fallait le faire aussi…). Je me tâte donc de racheter DEMAIN EST UN AUTRE JOUR en blu ray car lui aussi était déjà sorti chez carlotta…
A Damien,
Oui mais dans le cas du Sirk c’est trop quand même!
Des muets de Ford retrouvés seraient restaurés. Ils seraient tronqués, abimés, bouffés aux mites (ou pas) mais on verrait les efforts de sauvegarde. On apprécierait le boulot des restaurateurs.
Dans le cas de MEET ME AT THE FAIR, quitte à être mauvaise langue, je suis persuadé qu’ils ne se sont pas foulés (un blogueur de dvdclassik a dégotté sur YouTube un extrait du film, certes pas folichon, mais néanmoins meilleur que ce qu’on voit sur le dvd).
Quand ils disent, « nous avons utilisé le meilleur matériel existant », je suis très méfiant.
A Damien,
Toujours sur Sirk, il y en a un autre qui va être édité dans les inédits, c’est TAKE ME TO TOWN. On tremble.
TAKE ME TO TOWN. On tremble.
Moi je ne tremblerais pas d’enthousiasme ,bien qu’étant un grand fan du directeur ;je le vois un peu comme une première mouture du très supérieur « all that Heaven allows » ,cette histoire d’amour entre fille de saloon et de pasteur (veuf avec enfants ) qui déchaine les foudres des bien-pensants et des grenouilles de bénitier ;Anne Sheridan et Sterling Hayden assurent ,mais le scénario ,qui inclut un « show dans le show » n’est jamais excitant ;les gosses volent la vedette et Dieu reconnaitra les siens .
Le méconnu « no room for the groom » me semble plus intéressant :là encore ,on trouve un parent lointain du jardinier de « Heaven » , un jeune homme altruiste et généreux,proche de la nature (Curtis) ,intrus dans sa belle -famille comme l’est le jardinier dans le cocktail d’Agnes Moorehead; GI ,il a une belle réplique envers la mère de Piper Laurie à laquelle il dit que lui AUSSI pourrait mourir pour son pays .
Une belle-mère qui rêvait d’un « beau » mariage pour sa fille (toujours miss Laurie) ,thème que l’on retrouve dans « has anybody seen my gal ? »Soyez attentif si vous voulez apercevoir James Dean dans ce dernier, à la boutique de sodas ….Le serveur joué par Rock Hudson n’est pas loin de son futur jardinier non plus,dans cet univers de nouveaux riches et de snobs ..
Je m’arrête ,car si je commence avec Detlef Sierck …..
A DUMONTEIL
Je suis d’accord sur les deux titres. NO ROOM FOR THE GROOM est très supérieur à TAKE ME TO TOWN qui, sur le papier, paraissait prometteur mais reste banal et rudimentaire
Merci Bertrand pour cette nouvelle et riche livraison. Gageons qu’elle inspirera des commentaires plus adéquats que la précédente – la belle communauté des blogonautes a subi un certain relâchement dernièrement , et je ne m’exclus pas du lot.
Une lecture rapide m’a fait croire à un léger décalage du poisson d’avril : « Jody et le faon », » Sincerelly yours ». Les films animaliers me faisaient fuir quand ils passaient sur la télé de mon enfance : « Mon amie Flicka », « Lassie » « Godzilla » , les séries qui exploraient systématiquement le bestiaire , mettant en vedette des kangourous, des lions bigleux, des dauphins éloquents ( Rrrrrrrrrê : Flipper , que dis-tu , les bandits se sont emparés du diamant du Maharadjah de Bonptifour et l’ont caché dans une grotte sous marine située à 12 milles marins au Nord Est… ?). Mais vous êtes fort , vous donnez envie de voir ce « Jody » qui me semblait larmoyant.
Vous donnez aussi envie de voir ce Liberace, mais il faut ici s’armer de second degré au moins, semble-t-il. Drôle que ce soit Gordon Douglas qui doive s’y coller , il était puni? En tous cas , je me souviens d’un Liberace vraiment excellent dans « The loved one » de Tony Richardson ( encore un sujet frappadingue de Terry Southern). Son onctuosité faisait merveille dans ce rôle de croque-mort. Juste une apparition, mais savoureuse.
A Denis Fargeat
Oui JODY ET LE FAON est un film magnifique, âpre, plein de rugosité (dans les rapports entre Peck et Jane Wyman, femme murée dans sa douleur), souvent lyrique, avec de brusques échappées sur la Nature. De Brown, j’ai envie d’ajouter EMMA que je viens de voir en Warner Archive. L’héroïne en est une femme de ménage âgée (Marie Dressler, le plus souvent formidable, avec juste deux ou trois moments de sur jeu) qui finit par épouser le père des enfants dont elle s’est occupée, un millionaire. Et les enfants vont lui faire un procès. A plusieurs reprises, Brown s’est intéressé à des personnes âgées, avant MAKE WAY FOR TOMORROW, à des sujets audacieux (SMOULDERING FIRES hélas difficilement trouvable). Et Liberace pendant une apparition, cela marche. Durant tout un film, c’est problématique
A Denis Fargeat,
Je viens de réaliser que dans les films animaliers que vous énumérez, vous incluez GODZILLA. Mort de rire!
« Tout d’abord,je vous félicite pour cette nouvelle fournée de dvd et de livres. »
MAIS IL NE PARLE D AUCUN LIVRE!?!
A Bertrand.Tout d’abord,je vous félicite pour cette nouvelle fournée de dvd et de livres.Deux films qui viennent de sortir et dont j’hésite un peu à acheter. »Sortez des rangs »réalisé par Jean denis Robert(fils d’Yves), »L’équipage »d’Anatole Litvak qui se déroule durant la première guerre et qui est une véritable curiosité.Enfin avez vous quelques souvenirs de »L’an 01″de Jacques Doillon avec une brochette d’acteurs et d’actrices qui débutaient pour la plupard.
A Yves Rouxel
Désolé cher Yves de n’avoir pas donné suffisamment de titres pour que vous en ajoutiez deux, vous rappelant au passage que je parle longuement de l’EQUIPAGE dans ma série mais cela a du vous échapper et que je l’avais mentionné déjà dans le blog mais vous étiez occupé à proposer d’autres titres
L’EQUIPAGE sort en bray le 24 avril
J’ai depuis un moment JODY ET LE FAON en dvd mais toujours pas vu : je le garde précieusement en réserve pour un prochain visionnage(vous en disiez aussi beaucoup de bien dans 50 ans…)
à D Fargeat/ JODY n’est pas le moins du monde larmoyant. C’est un film grave et tendu, c’est peut-être le roman qui est douceâtre et qui déteint à tort sur le film. Je me souviens de Gregory Peck inoubliable et surtout de Jane Wyman, dans un personnage tourmenté. Et d’une bagarre avec un ours qu’ils ont dû avoir du mal à tourner. Cet acteur pour Jody, Claude Jarman Jr, était très intéressant, attrayant, on le retrouve dans THE INTRUDER et RIO GRANDE aussi mais je crois qu’il a disparu après faudrait vérifier.
A MB
Il joue dans TOUTE VOILE SUR JAVA et il est très bon dans l’excellent LE RELAIS DE L’OR MAUDAIT que j’ai revu avant hier. Je l’avais rencontré à Cannes. Il co dirigeait le festival de San Francisco et avait gardé un extraordinaire souvenir de Clarence Brown
à Bertrand: JARMAN JR/ très intéressant! je ne savais rien de tout ça, et j’avais oublié le film de Huggins tiens, faut que je le revoie (un de vos conseils, comme JODY d’ailleurs). Je me demande comment il aurait été s’il avait continué comme acteur après ses vingt-cinq ans. Le film de Kane JAVA vaut le coup? (en Trucolor comme JOHNNY GUITAR!) et je veux voir Vera Ralston en Krakatoaise!…
A MB
C’est un terrible rossignol, filmé sans aucune imagination. C’est tiré d’un roman de l’auteur du REVEIL DE LA SORCIERE ROUGE
ah zut! je regrette Vera Ralston en Krakatoaise…
A MB
J’avais voulu revoir pour cela. J’avais une video achetée en Angleterre mais j’ai arrêté après 30 minutes devant la pauvreté du travail de Joe Kane. Claude Jarman nous avais dit que Fred McMurray durant une scène avec Vera Ralston avait pris une crise de fou rire et ne parvenait plus à le cacher. Elle était, parait il, très gentille mais peu douée et Herbert Yates l’imposait dans plein de films. C’est ce qui a causé le départ de John Wayne de la Republic et c’était leur plus grande vedette. Pour LE BAGARREUR DU KENTUCKY, film très visible (avec Oliver Hardy !!!), Wayne qui coproduisait avait demandé Darrieux ou Micheline Presles pour jouer la française et Yates a imposé Raison. Du coup à cause de son accent, on a remplacé plein d’acteurs français par des Tchèques comme Hugo Haas
franchement Bertrand je crois que je vais essayer de le voir quand même, ce JAVA! je retrouve ça dans la bio de Wayne en plus de vos précisions: « Yates était un des plus intelligents hommes d’affaires que j’ai connu. Mais quand il s’agissait de la femme qu’il aimait, son intelligence en affaires partait par la fenêtre. » (JW). Yates a payé la dernière page de Variety pendant des années pour une photo de Ralston légendée « la plus belle femme du monde! ». Tiens, elle n’est pas dans JOHNNY GUITAR! catastrophe si elle avait remplacé Mercedes ou Joan!
A MB
A ma connaissance, le seul metteur en scène Republic à l’avoir évitée est Whitney
Surpris moi aussi de voir JODY ET LE FAON , recommandè dans cette der iere chronique.
Je fuyais a chaque fois durant mon enfance puis mon adolescence , lors des diffèrentes diffusions tèlèvisèes , pensant a un film » nunuche « .
Du coup je suis vraiment appatè par ce commentaire de mr TAVERNIER , et j ‘ai très envie de dècouvrir ce film.
Et pour ce qui est de SINS OF RACHEL CADE , film dont je n ‘avais jamais entendu parler , je l ‘ai commandè illico presto , ètant amoureux de ANGIE DICKINSON , depuis ma première vision de RIO BRAVO.
Comment rèsister à : » ce film doit ètre aimè et chèri pour les gros plans sur ANGIE DIKINSON »
MERCI mr TAVERNIER pour cette future dècouverte.
A Bertrand.effectivement »Jody et le faon »est un film touchant et d’un grand naturalisme.Brown filme de façon inteligente le petit Jody qui découvre la nature avec tout ces mystères.En revanche évitez la version française car les ratons laveurs sont appelés ragondins(ce sont deux mammifères différents).Tulard écrit que ce film est mièvre mais il manque totalement de souvenirs par rapport à l’enfance.Le seul point faible pour moi c’est que le scénario appuit trop sur la religion et les bondieuseries inutiles à l’ensemble.J’ai lu dans une revue tv des années 70 que l’acteur réalisateur Michael Landon s’était inspirer de ce film pour la série »La petite maison dans la prairie ».
A Yves Rouxel
Le film a des coté très noirs, pas du tout mièvre et la vie de la famille n’est pas enjolivée
l’acteur réalisateur Michael Landon s’était inspirer de ce film pour la série »La petite maison dans la prairie ».
Là aussi la religion joue un grand rôle ,plus encore dans la série de romans autobiographiques de Laura Ingalls Wilder,ou le « Sunday’s school » (traduit bêtement par « école du dimanche » ) est sacré .
La foi,la vraiE foi,
sinon on ne me pardonnera pas ,une fois de plus, me lacunes grammaticales
à Denis Fargeat, ça me fait penser à CUJO CONTRE FLIPPER: le sympathique pit-bull victorieux, lors du combat final bien sanglant, nous débarrassait à jamais de ce poisson ridicule ah mais quel soulagement. Souvenir ému de nos après-midis enfantins quand maman préparait le goûter en arrière-plan, snif.
A MB,
Cujo est un Saint-Bernard.
Je vous conseille La Créature du Lac Noir contre Mon Ami Ben.
Bon, j’arrête avant que ça dégénère..
Cujo était un St Bernard, zut loupé.
Sans vouloir vous contrarier, ce brave Flipper n’est pas un poisson mais un mammifère. Mon fils Ilan, 9 ans, me le confirme à l’instant.
Merci à tous, je n’arrivais pas à tortiller un message sans avoir l’air d’un cuistre ( Saint-Bernard-pitbull, dauphin-poisson et tout).
Alors par contre « Cujo contre Flipper » j’y ai vraiment cru, et je m’attendais à une merveille du genre « Sharktopus vs. Pteracuda » , authentique production Corman, vraiment marrante, en VF du moins.
Dauvillier, ma grand-mère me confirme à l’instant que Flipper n’est qu’un vulgaire poisson, votre fils va à l’école couramment?
à D Fargeat: SHARKTOPUS CONTRE machin, là mais ça existe!
https://www.imdb.com/title/tt3743126/
j’y croyais pas, que pensez-vous de BARUGON CONTRE BAMBI? je ne savais pas que Bambi était carnivore, ah le final a d la gueule quand même!
(bon, il faut vraiment arrêter)
à S King: arrêtez vous êtes susceptible j’ai corrigé pour Cujo, inutile de m’attaquer en justice pour si peu.
à A Angel: on règlera ça plus tard (St Bernard ou pitbull, chihuahua gngngnn… ça fait le malin c’est tout…)
MB, il faudra peut-être convaincre votre grand-mère de reprendre les cours du CNED et de revoir à ses moments perdus quelques épisodes de Oum le Dauphin Blanc.
à Dauvillier: je m’inquiète pas vous savez forcément faire la différence entre une plaisanterie même mauvaise et une assertion sérieuse, on est bien d’accord. Ce poisson ridicule ne va pas nous gâcher la vie pas vrai?
Vous avez tout à fait raison, cétacé !!!
à Bertrand: beaucoup des films présentés n’ont pas de ss titres, mais on trouve AIR FORCE en zone 2, et WIFE z1 a des stf, les « Archive » n’en ont jamais, Sidonis nous vendra peut-être KISS TOMORROW que j’ai vu ya 30 ans dans un festival polar de l’Action Christine, souvenir ému.
IL MARCHAIT: le master de Bach est un peu flou j’espère que WSide a fait mieux?
J’ai découvert LE SALAIRE DU DIABLE de Arnold avec grand plaisir, Jeff Chandler ne tombe pas dans le cliché du sherif marmoréen et fort, il faut le voir dans sa 1ère entrevue avec Welles se tortiller sur sa chaise impressionné par le potentat. Dans ce film, tout est prévisible et tout reste très agréable (master correct des Etoiles Universal qui avait massacré ET TOURNENT LE CHEVAUX DE BOIS).
Par hasard je tombe sur un autre film avec Chandler: RED BALL EXPRESS signé B Boetticher, qqn a t’il un avis?
LAUREL & HARDY: il faut rappeler qu’on les trouve à bon prix autrement que dans le ESSENTIAL COLLECTION un peu cher, c’est à dire dans les Universal z2 de 2006 (merci Alexandre Angel, il faut faire très attention avec les L&H les différents éditeurs les ont souvent massacrés), les masters sont corrects, j’ai l’impression qu’ils recouvrent tout ce qu’on trouve dans THE ESSENTIAL mais je n’ai pas fini mon étude du sujet! Il faut voir EARLY TO BED de 1928 pas terrible mais qui montre un Hardy d’une énergie survitaminée, sautillant d’une gaîeté hystérique (l’opposé de ce qu’il fera plus tard), toujours à torturer à coups de farces idiotes Laurel devenu son valet, c’est très mauvais mais est une curiosité. Bien sûr on préfère les chefs d’oeuvre: CAMPEURS et sa sorte de suite ELECTRICIENS. Et j’ai revu MEN O’ WAR, vernal (à moins que je ne subisse l’arrivée du printemps), dialogue écrit pour les deux jeunes actrices draguées par L et H en tout et pour tout: « Hi hi hi! Ouh ouh Ouh! Ah ah ah! », j’imagine le cachet prévu par le budget…
A MB
KISS TOMORROW GOODBYE est sorti dans le grand coffret films noir et le film est épatant
KISS TOMORROW oui j’ai vu ça Bertrand mais tel quel je veux pas de ce coffret ça va me faire des doublés en pagaille, j’aimerais qu’ils sorte les films à l’unité msieur Sidonis.
A MB,
RED BALL EXPRESS n’est pas terrible. Le budget est trop petit et Boetticher ne semble pas très à l’aise dans le film de guerre. Il y a deux ou trois notations pas mal (les soldats noirs qui sont tous ensemble)mais on se farcit encore des français qui font « oh la la la la ».
A Alexandre Angel
Oui, c’est ultra mineur et pas follement intéressant
RED BALL/M…! j’aimais bien le titre. Mais merci pour les économies.
A MB:
Moi j’ai le DVD Region 1 MGM de HE WALKED BY NIGHT, il n’est pas parfait mais je crois qu’il est de meilleure qualité que le Wild Side. Il serait même très bon s’il n’y avait pas une incessante fluctuation dans la définition, comme si une image avait été bien scannée et la suivante non. Un internaute avait parlé il y a quelque temps d’un BR américain chez Classicflix, mais c’est en region A. Dans la même collection Vintage Classics de Wild Side il y a un excellent film noir lui aussi éclairé par John Alton et dans un très bon transfert pour une fois, je veux parler de HOLLOW TRIUMPH (LE BALAFRE) de Steve Sekely. En ce qui concerne le film lui même (HE WALKED BY NIGHT) je trouve qu’il a les défauts de ses qualités. Je sais gré au scénariste de nous épargner de lourdes explications psychologiques sur les motifs du criminel, mais je reste frustré à la fin (abrupte) du film, j’ai une impression de manque, d’exercice de style qui tourne à vide. Mais il y a des moments brillants, surtout à la fin, comme d’ailleurs dans THE ADVENTURES OF SHERLOCK HOLMES du même Werker, le meilleur film de la série avec Basil Rathbone.
Pour les Laurel et Hardy Universal, on y trouve aussi les courts métrages muets (et pas dans le coffret THE ESSENTIAL COLLECTION) mais dans des transferts vraiment médiocres, et avec une musique stupide (et des effets sonores pénibles).
à Mathieu: L&H/ il y a un muet, BERTH MARKS (pas de titre français ce qui semble indiquer un inédit total en France et Belgique, dans THE ESSENTIAL qui n’est pas dans les Universal, mais je voulais dire que les bandes son des muets ne me gênent pas je baisse ou coupe le son, c’est plus embêtant dans les sonores comme HOG WILD/BRICOLEURS que j’ai trouvé moyen et que WK Everson juge comme un chef d’oeuvre! Dans MEN O’ WAR/LA FLOTTE EST DANS LE LAC, la musique catastrophique est annulée par le génie sautillant et printanier du film qui regorge de tant de gaieté qu’on aperçoit les bourgeons exploser en arrière-plan dés que L & H passent devant tel ou tel arbre (ceci est vérifié plan par plan méticuleusement).
WK Everson est treès curieux dans ses commentaires, je vous livre celui sur HOOSEGOW/DERRIERE LES BARREAUX: « Le film est drôle mais sa qualité est moyenne. »! (L&H par WKE, ed. Henri Veyrier, 1975). J’apprécie la nuance.
A MB
BERTH MARKS est un des plus mauvais
à Bertrand BERTH MARKS/Everson est d’accord avec vous et moi je n’ai pas de regrets.
à Mathieu: ce que je voulais ajouter à propos de MEN O’ WAR par exemple, c’est que même si la qualité d’image y est mauvaise dans le Universal, ça n’a aucune importance, le rythme emporte tout et puis diable, on distingue les acteurs les uns des autres! ce que je ne supporte pas c’est le flou ce léger filtre vaporeux de certains encodages.
à Mathieu HE WALKED/ selon Dvdbeaver les qualités d’image se valent dans ceux qu’il a testés (à part le Alpha catastrophique).
http://www.dvdbeaver.com/film6/blu-ray_reviews_79/he_walked_by_night_blu-ray.htm
pour LE BALAFRE/HOLLOW TRIUMPH Bertrand l’a défendu (on trouve son intervention dans le dvd Bach pas dans le WSide) mais ce film à la révision ne me convainc toujours pas, Joan Bennett est excellente, très posée, un personnage qui marque de femme digne, c’est l’essentiel de ce qui me reste. C’est vrai que l’idée de la balafre du mauvais côté est unique!
A MB
Sans parler de la photo d’Alton et du travail de Sekely
ah, que voulez-vous… Alton sera toujours Alton…
A MB:
Joan Bennett est souvent excellente (chez Lang, Minnelli, Ophüls, Sirk…) HOLLOW TRIUMPH m’avait vraiment beaucoup plu, je lui trouve ce qu’il manque par exemple à HE WALKED BY NIGHT (les deux films ont en commun d’avoir pour un héros un personnage totalement amoral): un arrière plan, un commentaire social plein d’ironie. Paul Henreid, réussit à échapper au milieu criminel dont il fait partie, réussit à s’intégrer dans le milieu le plus convenable et chic qui soit, pour réaliser qu’on y trouve des gens encore plus crapuleux (et dangereux…)
Et j’aime beaucoup l’idée que la seule personne qui remarque que la cicatrice de Henreid est sur l’autre joue est la femme de ménage de l’immeuble. Tous les gens riches dans ce film ont l’air de zombies…
LE BALAFRE/vous avez bien sûr raison sur Alton et souligné le travelling du début sur un personnage avec son éclairage très original, une photo d’Alton n’est jamais anodine, mais le problème est peut-être l’acteur principal lui-même. Conrad Veidt n’a pas l’air dans le personnage, il semble extérieur au fil de l’intrigue.
« Conrad Veidt n’a pas l’air dans le personnage, il semble extérieur au fil de l’intrigue. »
pour être extérieur, il peut pas faire mieux, Conrad Veidt. j’attends les remarques ça va barder!
Il y a deux fois le paragraphe suivant :
« Parmi mes découvertes dans les films Pré-Code, je tiens à signaler CENTRAL AIRPORT un Wellman de tout premier ordre (Warner on demand), jamais cité quand on parle de ses films d’aviation. Pourtant la séquence de sauvetage finale dans la nuit, dans le brouillard et en hydravion, justifie à elle seule la vision de ce film mené à cent à l’heure. »