Maurice Tourneur, Robert Siodmak, Louis Malle…

2 juillet 2012 par - DVD

Parmi les films français qui vont sortir prochainement, je voudrais signaler le coffret Maurice Tourneur que va sortir PATHÉ, qui répare une grande injustice. Comme j’ai dirigé et participé aux bonus, je ne vais pas m’étendre pour ne pas faire de l’auto-promotion. Mais je tiens à dire qu’un film comme AU NOM DE LA LOI a été une révélation, une œuvre originale, quasi unique parmi les films policiers français des années 30 de par ses recherches réalistes (décors, accessoires, figuration, importance des extérieurs réels) et formelles : photo et cadre magnifiques, ton dépouillé, interprétation sobre, contenue avec une révélation, Marcelle Chantal utilisée à contre-emploi. Autre surprise, les très savoureuses et originales GAITÉS DE L’ESCADRON avec de nombreuses scènes coloriées au pochoir. Des couleurs délicieuses qui s’accordent avec le regard bienveillant, revenu de tout du capitaine Hurluret que joue délicieusement Raimu et dans lequel on peut voir un double de Maurice Tourneur. Fernandel est tout à fait remarquable dans un personnage ultra-courtelinien et on se délecte durant toutes les scènes où l’administration militaire tente vainement de retrouver un boucher, nouveau conscrit, bonhomme, souriant, logique avec lui même, qui part systématiquement mais sans s’en rendre compte, des endroits où on le cherche.

 

ACCUSÉE LEVEZ-VOUS son premier film parlant est plus inégal. Tourneur ne maitrise pas encore totalement le nouveau procédé et Gaby Morlay surjoue (défaut rare chez Tourneur qui a tendance à gommer). On verra aussi le merveilleux JUSTIN DE MARSEILLE que je découvris grâce à Patrick Brion, défenseur obstiné de Tourneur. Sans oublier un moyen métrage au sujet intéressant, L’OBSESSION où l’on retrouve Charles Vanel, magnifique de justesse dans un personnage abject comme il l’est dans au NOM DE LA LOI et même dans ACCUSÉE. Tous ces films ont été restaurés au mieux.

 

J’espère que la sortie des ces films donnera aux familiers de ce blog l’envie d’aller en zone 1 découvrir chez KINO, LORNA DOONE mélodrame historique que l’on dit somptueux visuellement, THE BLUE BIRD et ailleurs THE LAST OF THE MOHICANS.

 VICTORY d’après Joseph Conrad est aussi en France chez Bach Films dans un coffret Lon Chaney et aussi en DVD seul.
Et on trouve des Tourneur des années 40 chez  Gaumont, notamment LE VAL D’ENFER que je ne connais pas et CÉCILE EST MORTE dont j’évoquais le tournage dans LAISSEZ PASSER. Gaumont qui a sorti un magnifique transfert de LA MAIN DU DIABLE dont j’ai aussi reconstitué le tournage, grand film fantastique écrit par Jean-Paul Le Chanois avec une ébouriffante séquence d’ouverture. En attendant le merveilleux, le décapant AVEC LE SOURIRE, brillant scénario de Louis Verneuil.

   

L’AMOUR D’UNE FEMME (Gaumont, collection rouge) s’ouvre sur une magnifique pièce musicale composée par, excusez du peu, Henri Dutilleux, le plus grand musicien français contemporain. Et pourtant la musique du film reste discrète, économique (supervisée par cet autre musicien qu’était Grémillon), surgissant à la fin, lors des derniers plans, qu’elle magnifie. Elle est à l’image de l’interprétation sobre, retenue de Micheline Presle.
Le film, très en avance sur son temps, pointe un certain nombre de sujets qui deviendront primordiaux ces dernières années : la désertification des campagnes (ici une île bretonne), l’absence de médecins pour soigner ceux qui restent, la place des femmes dans le monde du travail (sur la fin ce thème pèse un peu trop sur les sentiments des personnages et les rigidifie). Impressionnant aussi ce goût qu’a Grémillon pour les personnages à la fois exemplaires et modestes, de REMORQUES au CIEL en passant par ce film. Il est difficile d’oublier Gaby Morlay, inoubliable en institutrice qui s’approche de la mort, aussi moderne ici qu’elle est extérieure dans ACCUSÉE. Et comme le dit Paul Vecchiali qui sait chanter les qualités de Grémillon, dans son ENCINÉCLOPÉDIE : « La mise en scène est d’un telle justesse, d’une telle élégance, allant jusqu’au-delà du réel sans le sacrifier »… et avant «  comment ne pas aimer à la folie, un film aussi pur, aussi propre sur la Nature,  sur les sentiments, sur le hiatus qui ne manque jamais d’exister entre le désir de servir (un peu dérisoire) et le désir tout court (un peu envahissant) ».

On retombe avec LE DÉFROQUÉ, pire que ce que j’imaginais, surtout dans la seconde partie (la première, dans le camp de prisonnier, reste relativement originale et intéressante). Ce qui frappe surtout, c’est l’intransigeante intolérance du propos. Et son masochisme sacrificiel. Il n’est pas question de laisser un ancien prêtre hors de l’Eglise, il faut le ramener au bercail quitte à y laisser sa peau. Pourtant ce défroqué qu’incarne avec un maximum de cabotinage un Pierre Fresnay détestable (dont j’avais redécouvert le jeu épuré dans de nombreux films du CORBEAU à LA FILLE DU DIABLE, du GRAND BALCON à l’ASSASSIN HABITE AU 21) apparaît comme un adversaire peu redoutable : ce qu’il reproche à l’Eglise paraît vraiment timide quand on songe aux écrit de Renan, de Voltaire, Michelet, Hugo sans aller jusqu’à Léo Taxil. Les auteurs s’arrangent d’ailleurs pour arriver chaque fois au début ou à la fin de ses conférences. Et l’affrontement reste terriblement abstrait. Par honnêteté, je dois dire que Paul Vecchiali est d’un avis diamétralement opposé et qu’il juge que le film « suit une trajectoire blasphématoire en jouant sur les deux tableaux, regard du Christ, regard de Judas ». Là où je sens une intolérance biaisée, digne des mollahs, il voit « une cruauté qui fait froid dans le dos », un film « d’une beauté insoutenable, un film qui atteint la grandeur par l’horreur. L’EXORCISTE est une galéjade à côté ».

Encore chez Gaumont, PIÈGES est un des très bons Siodmak français. Avec, je ne cesserai de le répéter, MOLLENARD qui enthousiasma Dave Kehr : il loue « les contributions étonnantes de Franz Planer et de Tauner, lesquelles magnifient le style de Siodmak ; les sidérants changements de ton ; l’interprétation d’Harry Baur qui ne se teinte de pathos que vers la fin ».
PIÈGES est plus léger mais non moins talentueux. La trame policière quelque peu désinvolte permet d’aligner toute une galerie de suspects, de sketches qui imposent, là aussi (on peut y voir une constante et non une contrainte comme le prouvent ses films UFA) de brusques variations dans le ton. On passe du drame grinçant à des scènes de comédies, de moments réalistes, quasi documentaires à des séquences étranges, voire angoissantes. J’ai été surtout marqué par le foisonnement des décors (souvent sombres, nocturnes), des costumes, inventifs et brillants, des silhouettes marquantes, des personnages secondaires : Grec mielleux, majordome coincé et fétichiste, couturier exalté auquel Stroheim donne une force viscérale. Dans le très bon livre d’Hervé Dumont sur Siodmak (lisez tous les livres de Dumont), on apprend que c’est le cinéaste qui trouva et imposa Marie Dea, choix judicieux. Elle est vive, moderne et amène une couleur mutine, ironique qui casse ce que le personnage peut avoir de conventionnel. Maurice Chevalier dans son premier rôle dramatique est tout à fait convainquant et au passage (au mépris de tout réalisme), interprète très bien deux chansons célèbres : « Elle pleurait comme une Madeleine » et « Mon amour ». La mise en scène est souvent brillante et dans les 5 dernières minutes, comme le note Dumont, nous prouve l’invention, le savoir faire de l’auteur des TUEURS et POUR TOI J’AI TUÉ.
Fait curieux, ce film fit l’objet d’un remake, réalisé par un autre cinéaste allemand exilé, cette fois aux USA, Douglas Sirk que j’évoquais dans la chronique 9 : LURED (1947 – DES FILLES DISPARAISSENT), excellent remake de PIÈGES (1939, que tourna en France Robert Siodmak), d’une grande invention visuelle (la copie est très bonne) avec son tueur qui cite Baudelaire (« cet homme est un malade » dit le chef de police »). Le film est disponible chez KINO, sans sous-titres.

René Château vient de sortir en DVD MENACES d’Edmond T. Gréville, un de ses films les plus personnels où l’on retrouve Stroheim que Gréville vénérait. Il joue le rôle d’un savant dont le visage est divisé en deux par un masque, tel Janus. La partie normale représente la Paix, la cachée, la Guerre avec toute son horreur. L’action se passe pendant les 5 jours qui précèdent Munich et MENACES est le seul film qui fasse vraiment allusion à l’imminence de la guerre, au nazisme (les discours d’Hitler étaient contemporains du tournage comme le raconte Gréville dans ses Mémoires, 35 ANS DANS LA JUNGLE DU CINÉMA). Sans parler de la xénophobie.
Parmi les autres sorties chez René Château, signalons le talentueux 7 HOMMES… UNE FEMME d’Yves Mirande que défendit Henri Jeanson et dans lequel certains trouvèrent des scènes qui annoncent certains moments de LA RÈGLE DU JEU.

 

Revoir LES AVENTURES D’ARSÈNE LUPIN de Jacques Becker, en Blu-ray, est une expérience visuelle délicieuse. Chaque plan est un miracle de goût, de raffinement, d’élégance. La décoration de ce film est un chef d’œuvre. La couleur des décors, des meubles, des murs rime, s’accorde, répond à celle des costumes, des accessoires drolatiques et pittoresques viennent égayer le récit. Ce film est l’une des exceptions qui bat en brèche certaines de mes assertions concernant la mauvaise utilisation de la couleur par le cinéma français dans les années 50. On est à des lieues au dessus du ROUGE ET LE NOIR, de la JUMENT VERTE, des CAROLINE CHÉRIE et autres LUCRÈCE BORGIA. Et la mise en scène de Becker joue avec cette élégance surtout dans la première partie qui contient deux ou trois scènes vraiment réussies (dont la dénonciation avortée de Lupin dans une boutique du Palais Royal par la merveilleuse Huguette Hue, actrice trop rare, qui abandonna le métier). Mais le scénario manque de ressort, de vrais rebondissements dans le dernier tiers. Les adversaires sont un peu faibles et le personnage de Liselotte Pulver, prometteur au début, tourne court et nous laisse sur notre faim. Le meilleur du film est peut-être dans un ou deux plans mélancoliques. Tout compte fait le scénario de Rappeneau pour SIGNÉ ARSÈNE LUPIN est plus enlevé.

 

Signalons aussi la sortie de deux films de Louis Malle, AU REVOIR LES ENFANTS et le plus rare (et que je n’ai jamais revu) ZAZIE DANS LE MÉTRO. Ainsi que de l’impressionnant LIBERA ME d’Alain Cavalier et que de AGNÈS DE CI DE LÀ VARDA d’Agnès Varda, toujours sur la brèche et qui continue à nous épater.
Et le film étrange de Pawel Pawlikowski, auteur talentueux et doué, LA FEMME DU Ve qui commence comme un film psychologique puis peu à peu bifurque vers l’insolite (cet étrange hôtel avec sa barmaid polonaise, ces personnages mystérieux qui viennent demander Monsieur Monde), puis, comme dans des contes d’Hoffmann, vers le fantastique, le surnaturel. Ethan Hawke que j’avais beaucoup aimé dans BEFORE SUNSET est excellent.

J’ai aimé revoir PRÉSUMÉ COUPABLE, dénonciation salubre, vibrante du Fukushima judiciaire qu’a été le procès d’Outreau. Certains avaient accueilli avec des pincettes et des ricanements (sociologie, numéro d’acteur) ce film fort, tranchant, nécessaire qui affronte la réalité en face. Qui évoque le scandale d’une justice asservie à l’opinion, au corporatisme, protégeant un magistrat dont la conduite fut scandaleuse. La manière dont il couvre, oublie, omet les incohérences de Myriam Badaoui (quelqu’un qui ne tique pas devant : « ah je ne savais pas qu’il fallait donner les vraies dates », lancé par cette dernières, est soit un incapable, soit un salaud), dont il reste accroché à une certitude sans preuves et que tout dément et surtout cette bonne conscience technocratique, tout cela est admirablement rendu. Et joué par Raphaël Ferret, extraordinaire Burgaud (j’ai rarement autant haï un personnage) et Farida Ouchani. Je voudrais saluer le sens de la distribution dont fait preuve ici Vincent Garenq et aussi de la mise en scène (la première descente de police). Et il y a évidemment Philippe Torreton que j’ai trouvé magnifique. Un travail d’acteur qui est aussi une prise de position sociale et politique.
Je me dois aussi de signaler UNE VIE MEILLEURE de Cédric Kahn que j’avais beaucoup aimé et LA MER À L’AUBE, beau film, sobre et déchirant , de Volker Schlöndorff.

 

Dans la catégorie « super nanar », sort un coffret consacré aux CALLAGHAN tournés par Willy Rozier. J’attends avec impatience vos commentaires devant ces films français de série désolants où Tony Wright essayait de concurrencer Constantine. J’attends toujours de Rozier (qui tourna dans la banlieue de Nice les raccords d’un film se passant dans le Grand Nord, UN HOMME SE PENCHE SUR SON PASSÉ), SOLITA DE CORDOUE et L’AVENTURIÈRE DU TCHAD coté 4 bis par la Centrale catholique.

Commentaires (35)

 

  1. Cecil Faux dit :

    Bonjour,
    Je viens de voir « Justin de Marseille » qui m’a beaucoup déçu. Tout l’affrontement entre Justin, qui règne sur Marseille, Esposito, truand fraîchement arrivé qui veut sa part du gâteau, est sans intérêt : Esposito est joué par un acteur sans charisme, il peut être lâche et faible et a toujours le dessous dans les scènes avec Justin (chez le cireur de chaussures, à l’enterrement). Ses acolytes sont des zéros qui ratent pathétiquement deux fois Justin en une demi-heure et l’un passe du temps à se laver et à s’habiller, assez fier de lui, ce qui fait enrager même sa maîtresse (qui en pince pour Justin). Justin, c’est tout le contraire : il est bien habillé, comme une femme lui en fait le compliment sur le port (sans ironie de la part du scénario, je crois), il a le sens de l’humour, il comprend très vite ce que fait Esposito (la drogue dans le cercueil) et surtout bien sûr il est totalement adoré de la population : il est « régulier », lui ! Et il soutient fermement ses partenaires (le gang chinois dont il est complice dans le trafic de drogue). Les 50 premières minutes sont donc très faibles dramatiquement (je n’ai pas vu la suite, peut-être que les portraits et les rapports changent). Il y a cependant l’atmosphère des maisons closes, des fumeries d’opium, du port… Les bons gangsters et les mauvais gangsters (on se croirait dans « Le Parrain »), ça fait un peu grincer des dents… surtout au vu des ravages du trafic de drogue, cette indifférence vieillit encore moins bien. Vivement « Avec le sourire » qui a l’air très supérieur.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Cecil Faux
      On ne devrait pas parler d’un film qu’on n’a pas vu complètement. J’aime ce film pour ses changements de ton, son mépris de l’intrigue au profit de l’atmosphere, ses notations très perspicaces (flics et gangsters partagent le même restaurant). Et il y a plein de plans surprenants depuis la mort du mac noir (personnage insolite) jusqu’à ce travelling qui accompagne un tueur de la rue au dancing en un seul plan. Musique remarquable de Jacques Ibert avec des accents à la Kurt Weil

      • Cecil Faux dit :

        Oui, je ne parlais que de la première moitié. Tant mieux si la suite est meilleure.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Cecil Faux
          Mais j’adore le début avec le journaliste, le travelling sur le port

      • Cecil Faux dit :

        Merci pour vos réponses. C’est vrai que le prologue est très surprenant et l’ouvrier qui parle au journaliste semble annoncer un éclatement des clichés sur les Marseillais et un portrait de leur complexité. J’aurais bien aimé voir des personnages comme lui ensuite.

        Je comprends un peu mieux ce que vous aimez dans le film mais seulement je n’irais pas jusqu’à parler de mépris de l’intrigue : dans la première moitié, les péripéties s’enchaînent plutôt rapidement et de façon très causale (mais je vous fais confiance pour la deuxième partie !).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Cecil Faux
          Lisez les très!s divertissantes mémoires de Carlo Rim, scénariste talentueux

    • Mathieu dit :

      A Cecil Faux:

      Moi j’avais beaucoup aimé JUSTIN. Je crois que vous avez pris l’histoire trop au sérieux, que vous attendiez une description réaliste de Marseille et de son milieu. JUSTIN n’est pas plus réaliste qu’un film de Sternberg, mais se sert d’éléments de réalisme pour composer une image poétique. PEPE LE MOKO n’est pas plus crédible ni réaliste que JUSTIN, mais je me demande si on n’oublie pas plus facilement l’irréalisme quand l’histoire est tragique.

  2. Edward dit :

    Les dialogues de PIEGES et MOLLENARD sont également très réussis jusque dans les textes des rôles secondaires (je pense notamment à la phrase stéréotypée des vainqueurs cyclistes mise dans la bouche de la gagnante du concours de cuisine) sans le côté parfois lourd des mots d’auteur. Je connais mal Gabrielle DORZIAT mais elle paraît taillée pour les rôles d’épouse revêche (qu’elle retrouvera dans MONSIEUR de Le Chanois)

  3. Martin-Brady dit :

    PRESUME COUPABLE est très impressionnant, je ne sais pas où ira Vincent Garenq après ce film mais loin! A voir le film, on comprend qu’il ait tant d’expérience, ce n’est pas un bleu, avec 20 années de métier. Je peux voir qu’il a tenu à une austérité, une sècheresse de ton, qui l’amène a traiter son sujet en 97′! Ce qui est peu par rapport aux normes de 2h minimum, qui font se traîner certains films qui pourraient se conclure un peu plus vite.
    Je lui reprocherais presque d’avoir sabré la participation de Alain Marécaux l’ayant filmé dans un petit rôle, aux côtés de Torreton qui l’incarne, dans la scène finale heureuse, jugeant que c’était trop démonstratif! Peut-être, mais on a le droit d’être un tout petit peu démonstratif, heureusement qu’on la scène coupée dans le dvd!
    Film magistral, on pourrait se garder d’aller le voir parce qu’en le préjugeant trop déprimant, ce serait une erreur, dés qu’on voit les premières images on est happé jusqu’à la fin.
    En effet, Raphaël Ferret est parfait, c’est à dire épouvantable. Je me souviens d’avoir longuement vu Burgaud dans la retransmission tv de la commision d’enquête parlementaire et de son air quasi ahuri, surpris, innocent. Incroyable.

  4. Martin-Brady dit :

    Je viens de voir LES GAITES DE L’ESCADRON dans la copie (ou master on dit?) restaurée pour le coffret Tourneur, diffusée par P Brion un dimanche soir. J’ai admiré les couleurs et surtout un travelling long et compliqué dans un cabaret fréquenté par les soldats avec des numéros chantés par des artistes inconnues au générique. Les couleurs sont admirables de légèreté, dans cette scène du cabaret, j’ai admiré les verts sombres des pèlerines, les marrons ou gris des bois et poutres et pour les arrières-plans, un jaune doré très clair. On peut voir qu’il y avait une vraie direction artistique pour les choix de ces couleurs appliquées au pochoir, dommage qu’on ait retrouvée qu’une copie colorée incomplète! J’ai trouvé certaines scènes un peu longuettes, mais pas près d’oublier Gabin et son acolyte impayable René Donnio! Impossible de repérer Carette et Pierre Dac dans des silhouettes, non cités au générique… Une bonne surprise!

  5. Phildesfr dit :

    Ce post est l’occasion de signaler l’offre Classiques Gaumont, 3 pour 2 sur amazon.fr, qui, jusqu’en octobre, permet d’acquérir à prix réduit une grande partie des blu-rays Gaumont classiques, qui ont bénéficié de restaurations numériques superbes (dont Arsène Lupin et La Main du diable, cités ici), ainsi qu’une grande partie des dvds de la Collection Rouge, si souvent aussi cités dans ce blog. Il faut encourager Gaumont à continuer leur entreprise de restaurations numériques de leur catalogue, jusqu’ici le travail est superbe, et ils ont annoncé l’an dernier avoir lancé un planning de redtauration de près de 200 films, pourvu que ça dure !

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Phildesfr
      Entièrement d’accord. Je compte bientot du merveilleux, très noir et cocasse MARIE MARTINE d’Albert Valentin, du FARCEUR, de CARNET DE BAL, de CE JOLI MONDE de Carlo Rim sans oublier LA NUIT EST MON ROYAUME (fort bon film), LANCELOT DU LAC, PASSE TON BAC D’ABORD, un des meilleurs Pialat et les moins célèbres NORMANDIE NIEMEN, le curieux, insolite et parfois démodé MAISON DU MALTAIS du talentueux Pierre Chenal

      • Martin-Brady dit :

        Oui, PASSE TON BAC D’ABORD, je suis content que vous signaliez ce film, j’aimerais ajouter LE GANG DES OTAGES, je crois le seul film noir de Molinaro, formidable, et qui permet de voir l’excellent Daniel Cauchy dans un premier rôle, ce qui est rare, cet acteur n’a pas eu la carrière qu’il méritait.
        Je donne le lien de la promo ici, je n’ai pas réussi à la retrouver en allant sur Amazon, très discret sur le sujet, j’ai dû passer par Dvdclassik!
        http://www.amazon.fr/gp/feature.html/?ie=UTF8&plgroup=1&tag=dvdclassikcom-21&linkCode=ur2&docId=1000655603&camp=1642&plpage=1&creative=19458

      • Martin-Brady dit :

        Revu récemment (ma médiathèque adore les Gaumont Rouge!), PASSE TON BAC est un chef d’oeuvre confirmé 35 ans plus tard! C’est le mystère enfin, la qualité du montage sans doute qui fait sa réussite: il n’y a pas une demie-seconde en trop, comme dans un Warner des années 30! (d’ailleurs, le film est très court: 1h20). Impossible de relâcher son attention pour le spectateur, le moindre geste même discret, même en arrière-plan possède sa force. C’est incroyablement efficace, quand je pense que si on résume l’argument, on s’expose à faire baîller d’ennui qui ne l’aurait pas vu! Une bande de jeunes dans le nord de la France s’ennuie, ils voient leur avenir bouché… au-secours! Preuve que le film n’est pas l’argument qui le « remplit » mais bien autre chose… C’est du génie.

  6. Martin-Brady dit :

    LA MAIN DU DIABLE est surprenant. C’est une idée géniale d’avoir choisi et dirigé ainsi Palau pour jouer le diable, ce diable se démarque ainsi des Jules Berry ou Walter Huston exubérants, gais, ricanants. En plus, le dvd est accompagné d’un film sur la Continental avec des témoignages passionnants de Pierre Billard, et de deux collaborateurs de Bertrand Tavernier: Alain Choquart et Jean Cosmos! La copie est on s’en doute, bonne, et il y a des plans magnifiques que j’ai bien sûr copié pour les mettre dans ma collection!

  7. Martin-Brady dit :

    Cédric Kahn est bien l’un des cinéastes français les plus prometteurs: UNE VIE MEILLEURE est vraiment excellent, évite autant le cliché du happy end que celui du contraire. Canet est remarquable, certain acteur de sa génération saisi par le cabotinage fou et le vedettariat (comme lui), ferait bien de s’en inspirer: comment la sobriété de jeu peut exprimer plus que la gesticulation! Il fait penser à Fonda dans YOU ONLY LIVE ONCE ou Tracy dans FURIE, héros comprimés par l’injustice sociale! Son regard fixe est désespérant. Je note un autre nom redoutable et à guetter qui est le jeune homme qui joue le marchand de sommeil, Abraham Belaga, il fait froid dans le dos! J’ai été soulagé quand Canet l’a sévèrement rossé à coups de pied de fauteuil! Ah, que ça fait du bien!
    Kahn avait déjà terminé ROBERTO SUCCO par la poursuite de voitures la plus originale du cinoche! J’attends beaucoup de ce cinéaste.

  8. Damien DOUSSIN dit :

    Le livre d’Hervé Dumont sur Robert Siodmak est indispensable mais malheureusement épuisé comme beaucoup d’autres livres de Dumont (sur Borzage ou l’antiquité au cinéma). Avis à ceux qui ne l’aurait pas encore : « l’antiquité au cinéma » ne sera jamais réédité (il reste encore disponible autour de 100 euros sur amazon). Des mises à jours du livre sont et seront régulièrement mises en ligne par Hervé Dumont lui-même sur son site.
    Bonne nouvelle tout de même, Hervé Dumont prépare la suite de son « encyclopédie historique » qui traitera cette fois du « Moyen âge et de la Renaissance au cinéma » et qui sera publié sous forme de livre. Suivrons ensuite les tomes 3 et 4 sur l’Absolutisme et le XIXème siècle au cinéma qui ne seront eux disponibles qu’en ligne sur le site de l’auteur. Vous pouvez avoir accès à toutes ces informations et mises à jour sur le très bon site d’Hervé Dumont : http://www.hervedumont.ch.

    Un mot sur Siodmak. J’ai découvert il y a plusieurs mois en dvd son premier film américain comme réalisateur SON OF DRACULA (1943). Je trouve que l’on en parle assez peu en regard de ses films noirs. Plastiquement le film est absolument superbe (l’action se déroule en Louisiane). Dumont mentionne que le choix de Lon Chaney Jr est discutable (allure de brute épaisse plus que de vampire émacié) mais les choix de décors, de photographie et même l’originalité du scénario en fait une suite supérieure au film de Browning (1931) et à DAUGHTER OF DRACULA de 1935. Dumont explique que, dans sa forme, il s’agira réellement du premier film expressionniste du cinéaste allemand. Je n’ai pas vu le film suivant de Siodmak COBRA WOMAN qui semble inférieur et sans doute plus réservé aux amateurs de Maria Montez…

  9. agnès dit :

    Bonjour à tous

    Je tiens tout d’abord à vous présenter mes excuses ,ma requête n’ayant pas de rapport avec les dvds évoqués dans cette chronique .Je tente d’acquérir le Crime de Mr Lange mais les dvds trouvés sur les divers sites de ventes en ligne sont proposés à des tarifs que je trouve un peu excessifs pour ma bourse .J’aimerais donc savoir si le dvd édité pas Studio Canal est de qualitéet ,si oui,je dois l’acheter J’ai vu aussi une édition espagnole;Que vaut elle ?
    Si l’un de vous ,chers cinéphiles,pouviez me renseigner,je lui serais très reconaissante

    Cordialement

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Agnès
      le dvd de Studio Canal était fort bon, dans mon souvenir, supérieur aux autres éditions.

      • agnès dit :

        Monsieur,je vous remercie pour cette précieuse information et j’en profite pour vous dire que j’apprécie infiniment l’ensemble de votre oeuvre

        Très amicalement

  10. Edward dit :

    A Bertrand Tavernier : je partage votre opinion sur les ouvrages d’Hervé Dumont. Je regrette de ne rien trouver (d’approchant) sur Anatole Litvak (dont le DECISION BEFORE DAWN que je viens de découvrir m’a fort impressionné); avez-vous connaissance de publication(s) un tant soit peu étoffée(s) à son sujet ?

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Edward
      Aucune hélas et Litvak a fait plusieurs films passionnants : je vous conseille COEUR DE LILAS (Chateau), L’EQUIPAGE, THE SISTERS, CITY FOR CONQUEST, SORRY WRONG NUMBER et ses documentaires de guerre

      • Edward dit :

        Il reste donc encore des bios de réalisateurs passionnantes (leurs vies semblent aussi intéressantes que leurs filmographies) à écrire comme celle de Litvak, voire de George Sherman. L’Institut Lumière ne peut motiver Hervé Dumont, Philippe Garnier ou Joseph McBride ? Les lecteurs potentiels sont-ils (devenus) si peu nombreux ?

  11. dupea dit :

    Bonjour, vu hier soir Arizona de Wesley Ruggles. Ai consulté 50 ans de cinéma américain, qui ne consacre pas de notice à ce réalisateur. Est-ce un oubli ou une absence qui a une raison ? Très cordialement et bravo pour ce blog.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Dupea
      C’est une absence due au très petit nombre de films que nous avions pu voir alors. Et depuis, ce n’est guère mieux. Il y en a très peu de disponibles en dvd et très peu sont montrés dans les cinémathèques

  12. Marc Salomon dit :

    Franz Planer n’a pas travaillé sur Pièges de Siodmak, il s’agit de Michel Kelber (avec peut être la collaboration de Ted Pahle que cite Hervé Dumont, omettant Kelber).
    Planer signera plus tard, en 1948, les images de Criss Cross.

    • Marc Salomon dit :

      Correctif, apparemment la citation deDave Kehr concernait Mollenard, et là il s’agit d’une photo de Schufftan très facilement reconnaissable avec ses taches de lumière arbitraires et ses raies de lumière au sol souvent dans une diagonale…

  13. Catherine dit :

    Ah Zazie !! j’adore ce film. Peut-être le plus délirant (au sens propre) de tous les films français que je connaisse, déjà si l’on connait le livre de Queneau, on sait à quoi s’attendre. D’ailleurs le film colle totalement à l’esprit du grand Raymond.
    Philippe Noiret excelle dans la fantaisie débridée et poétique, une facette de sa personalité qu’il a eu peu l’occasion d’exercer à ce niveau là par la suite. Et puis Jacques Dufilho en cordonnier grommelant est à ne pas louper…
    Des scènes sont tournées comme les premiers burlesques américains, il y a des accélérés, du ralenti, de l’absurde, Louis Malle s’amuse avec le cinéma et nous fait partager sa joie, J.P Rappeneau a collaboré au scénario, un grand cru.

    http://i556.photobucket.com/albums/ss8/moonfleetbucket/Moonbucket/4ade9e2d.png

  14. demachy dit :

    Bravo et merci de rendre hommage à Maurice Tourneur, cinéaste à la carrière multiforme et au parcours étonnant. Je me permets d’ajouter quelques précisions concernant les films édités en DVD :
    – Parmi ses films français, outre ceux que vous citez, on peut trouver chez René Chateau : VOLPONE (1940) dans une très belle copie, qui offre de savoureux numéros d’acteurs (Baur, Jouvet, Dullin…) ainsi que APRES L’AMOUR (1947), l’avant-dernier film de Tourneur. On regrette en revanche l’absence en DVD de plusieurs films très intéressants comme SAMSON (1936), également avec Harry Baur, brillante adaptation de Bernstein, LES DEUX ORPHELINES (1932), somptueuse production Pathé-Natan dans des décors de Lucien Aguettand, AVEC LE SOURIRE (1936), KATIA (1938) avec Danielle Darrieux….

    – Pour ce qui concerne sa carrière américaine (plus de 50 films, dont beaucoup ont disparu), je précise que l’édition de LORNA DOONE (1922) que vous évoquez (chez Kino Video, zone 1) est à recommander vivement, car elle rend bien justice à ce très beau mélodrame grâce à une copie et un accompagnement musical très satisfaisants. THE BLUE BIRD (1918) est à voir pour ses recherches visuelles (décors stylisés, effets spéciaux, jeux de profondeur…) et THE LAST OF THE MOHICANS (1920, filmé en partie par Clarence Brown) mêle une belle utilisation des décors naturels à un humanisme et un antiracisme traités avec conviction.
    On peut aussi se procurer THE WISHING RING (1914), l’un des premiers films américains de Tourneur, qui figure dans une bonne copie sur le DVD « BEFORE HOLLYWOOD THERE WAS FORT LEE » (zone 0). C’est une très jolie comédie sentimentale qui montre la maîtrise de Tourneur dès son arrivée aux Etats-Unis (cadrages, montage, simplicité de l’interprétation, humour malicieux…). Sur ce même DVD figure une version hélas réduite de A GIRL’S FOLLY (1917), autre comédie très réussie, l’un des premiers films montrant les coulisses du cinéma et les étapes de la fabrication d’un film, qui démystifie le monde du cinéma et égratigne au passage les dérives du star-system naissant.
    Ses deux films avec Mary Pickford existent aussi en DVD : THE POOR LITTLE RICH GIRL (1917) (coffret Mary Pickford collection, région 0) vaut surtout pour ses scènes de rêves et cauchemars qui préfigurent THE BLUE BIRD. PRIDE OF THE CLAN (1917) est présenté par Grapevine Video dans une copie très moyenne (mais il est probable qu’il n’existe pas mieux). Tourneur y exploite la force des décors naturels (rochers, vagues) et certains intérieurs travaillés en clair-obscur annoncent LORNA DOONE mais le scénario manque de consistance.
    Autre film édité aux Etats-Unis, TRILBY (1915) (chez Alpha Video) d’après le roman de George du Maurier, est montré dans une copie très abîmée qui ne rend sans doute pas justice à ce que devait être le film à l’origine.
    Grapevine Video vient aussi de sortir sous le titre THE SHIP OF LOST MEN le film que Tourneur a réalisé en Allemagne en 1929 (DAS SCHIFF DER VERLORENEN MENSCHEN) avec Marlene Dietrich.

    Après ce petit tour d’horizon des DVD de films de Tourneur, je me permets une question plus précise à Bertrand Tavernier : dans votre remarquable LAISSEZ-PASSER, vous avez intégré un détail issu, je pense, des mémoires de Jean Devaivre, selon lequel, à l’époque de LA MAIN DU DIABLE, la compagne de Tourneur (l’actrice Louise Lagrange) aurait été arrêtée par les Allemands, ce qui aurait conduit Tourneur à se désintéresser plus ou moins de son film, Devaivre affirmant même en avoir tourné une partie non négligeable. Effectuant des recherches sur la vie et la carrière de Tourneur, je n’ai pas trouvé d’autre allusion à cette épisode d’arrestation. En savez-vous davantage ? Existe-t-il d’autres sources corroborant ce témoignage de Jean Devaivre ? Merci par avance pour d’éventuelles précisions sur ce sujet…

    • Bertrand Tavernier dit :

      A DEMACHY
      Merci pour tous ces renseignements précieux. AVEC LE SOURIRE, va sortir chez Gaumont et en insistant SAMSON et LES DEUX ORPHELINES verront le jour chez Pathé.
      Le passage dont vous parlez dans LAISSEZ PASSER m’a été raconté par Jean Devaivre. Ce n’était pas vraiment une arrestation, plutot une garde à vue due à sa nationalité américaine. Ce genre d’incident ne laissait pas de trace. Devaivre disait qu’il avait tourné une semaine je crois sur les 4 ou 5 du plan de travail. Ce genre de faits n’était pas reporté surtout à l’époque où la presse s’intéressait plus aux vedettes qu’aux réalisateurs. C’est parce qu’on connaissait très bien Claude Sautet qu’on a su qu’il avait terminé le FAUVE EST LACHÉ, toute la fin du film, la poursuite sous la falaise et c’est là que Lino Ventura le remarque et parle de lui à José Giovanni. Les assistants tournaient souvent des plans et des scènes (la seconde équipe de Sautet sur Fernand Cowboy n’a pas été utilisé, les plans étant trop beaux pour Guy Lefranc). Donc je n’ai jamais vu cet épisode mentionné. Les archives de la Continental ont en grande partie disparu à la libération (le parti communiste a joué un rôle et d’autres aussi) et personne n’est allé interviewer Gréven. Je connaissais le Chanois mais pas pas Devaivre (c’est lui qui me l’a présenté) ry cette histoire est apparue longtemps après

      • demachy dit :

        Merci pour ces précisions.
        Je me rends compte que j’ai oublié un autre film américain de Tourneur qui a été édité en DVD aux Etats-Unis : il s’agit de ALIAS JIMMY VALENTINE (1915), qui semble être l’un des premiers films de gangsters et qui comporte quelques séquences notables, en particulier un vol dans une banque filmée en plongée comme un labyrinthe (Kevin Brownlow pense que cette scène a influencé Fritz Lang pour une scène semblable des ARAIGNEES). Ce film de Tourneur fait partie d’un coffret intitulé THE ORIGINS OF FILM paru en 2001 et qui n’est apparemment plus en vente – sinon d’occasion à des prix exorbitants ! Je signale cependant que ce DVD peut être visionné à la BNF (Tolbiac, salle audiovisuelle) pour ceux ayant une carte de recherche.

  15. Bel éloge du cinéma français dans ces lignes. Je me demande, à la lueur du Blu-ray d’ARSÈNE LUPIN, si les spectateurs de l’époque ont pu se rendre compte de la magnificence du film sur grand écran… Ou bien est-ce la qualité de cette redéfinition qui peut nous la faire percevoir aujourd’hui… Ces questions me travaillent beaucoup. D’autant plus que je ne suis pas bien sûr qu’en ce temps la qualité des lentilles de projection, la configuration des écrans et de l’acoustique pouvait atteindre l’équivalent de ce que l’on peut découvrir actuellement. Bien sûr c’est tant mieux. Mais je pense à Becker lui-même… Etait-il insatisfait de ce que son époque proposait ?

    Au sujet de ZAZIE DANS LE MÉTRO, je considère que ce film est l’un des plus originaux que le cinéma français est donné. Inventif à chaque instant dans le rythme, les trucages et la manière dont le récit est agencé, il me fait beaucoup penser à certains René Clair de ses débuts… Le film est tout à fait inédit dans notre cinéma. Je n’ai cessé de le revoir depuis que je l’ai découvert, adolescent, dans un ciné-club. Sa magie me surprend toujours autant et je me suis souvent demandé pourquoi ce film n’avait-il pas une meilleure réputation, pourquoi il n’était pas devenu culte comme l’est devenu plus tard LE ROI DE COEUR de de Broca. Ce début des années 60 était vraiment d’une créativité extraordinaire… La même année que MARIENBAD, ZAZIE… On croit rêver. Et gloire à Louis Malle qui a vraiment excellé dans des domaines très différents (il y a autant d’écart entre ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD et LES AMANTS qu’entre un film de Melville et un film de Mauro Bolognini !) Il a parfois fait éclore de véritables O.V.N.I.S.

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