De l’importance de l’édition DVD pour redécouvrir le cinéma de patrimoine

6 avril 2020 par - DVD

Je partage pour commencer ce texte de texte de Philippe Meyer sur Didier Bezace, mon ami, mon frère avec qui j’ai partagé, entre autres, l’aventure de L 627 : « On entrait de plain-pied dans son ambition. Il ne l’expliquait pas, il la donnait à voir et à entendre. Il l’illustrait par ses choix si ouverts, d’auteurs, de textes, d’interprètes, de mises en scène, par son besoin de partager ces choix avec le public le plus large, de concevoir sa programmation pour ce public et non pour flatter le conformisme de la critique. Il chantait volontiers, il avait même d’abord pensé que c’était sa vocation, aidé autant que trompé par sa voix au timbre de clarinette basse et se sentant chez lui dans l’univers de Brassens ou de Montero, de Pia Colombo ou de Patachou, de Lluis Llach ou de Pete Seeger.
On entrait de plain-pied dans sa camaraderie. Aller voir les spectacles qu’il programmait au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, en parler avec lui, le suivre dans cette cafétéria où il était disponible à tout le monde, c’était revigorer les enthousiasmes, les rêves et les idéaux que nous avaient insufflés, dont nous avaient persuadés, qu’avaient incarné pour nous Jean Vilar et la troupe du TNP. Ceux qui lui doivent d’avoir fait vivre cette idée du théâtre malgré la pétrification des milieux culturels et le carriérisme qui y règne sont dans un profond chagrin. »

UN PEU DE MUSIQUE

Stéphane Lerouge frappe encore un grand coup avec son anthologie Ennio Morricone qui comprend 18 CD qui rendent hommage à l’imagination inouïe de ce créateur qui change de langage, recherche de nouvelles sonorités avec des audaces esthétiques aussi exigeantes qu’accomplies avec des titres très rares (l’excellent Il Gatto tiré du film de Comencini). 5 CD sont consacrés à Sergio Leone dont un, absolument magnifique, à la musique inoubliable de IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE. Lerouge a regroupé les partitions par metteur en scène (Verneuil, Tarantino, Roland Joffé), par thème : le cinéma engagé (Elio Petri, Sacco et Vanzetti), l’histoire de l’Italie (avec notamment l’intégralité du 1900 de Bertolucci,) le cinéma de genre (Dario Argento, Sergio Sollima, ce qui va faire plaisir à Ballantrae et nous donner envie de revoir LA CITÉ DE LA VIOLENCE, Lucio Fulci), les thrillers mafieux et un dernier disque avec des thèmes célèbres interprétés par des chanteurs, des groupes, des musiciens qui vont de Raymond Lefevre à Kyle Eastwood, Pat Metheny et Charlie Haden, Georges Moustaki., Alexandre Desplat et le Traffic Quintet (Peur sur la ville morceau magnifique qui m’a donné envie de revoir le Verneuil) C’est mieux qu’un plaisir, une addiction. Cela fait déjà quatre heures que je l’écoute.

LECTURES
J’ai été bouleversé par LE DERNIER HIVER DU CID de Jérôme Garcin, cette manière pudique, tendre, quasi amoureuse de rendre compte des derniers moments de Gérard Philipe, de cette mort. Je découvre encore mieux que dans l’ouvrage fort d’Anne Philipe, la tendresse dont on l’a entouré et la dureté de ces derniers instants pour Anne et quelques amis. J’ai redécouvert l’homme et me suis souvenu qu’il avait été le seul à réagir en découvrant dans le Figaro Littéraire que Edmond T. Gréville risquait d’être jeté à la fosse commune, faute d’argent et qu’il nous avait envoyé une lettre et un chèque. Je dois dire que les derniers chapitres m’ont fait pleurer, cette mort si soudaine, ce répit, ces annotations des tragiques grecs où émerge une sensibilité secrète, à vif, mêlée à une drôlerie gamine, farceuse : ce goût pour les jeux de mots vaseux (Que se passe-t-il Valda ?) et j’ai redécouvert la violence et la condescendance avec lesquelles Truffaut l’a parfois traité (Soyons juste, TILL L’ESPIÈGLE le méritait mais pas FANFAN LA TULIPE ni surtout LES GRANDES MANŒUVRES qu’il faut absolument revoir dans le DVD de TF1 avec les deux fins). Ce livre m’a redonné la nostalgie du TNP où j’avais découvert LE CID où il était si jeune, si joyeux (lui et Vilar dépoussiérait les classiques), LE PRINCE DE HAMBOURG et le Musset, ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR, seule mise en scène théâtrale de René Clair, qui m’avait plu. Et je me suis souvenu qu’avant les pièces, plusieurs fois j’avais vu Gérard Philipe déambulant pendant qu’on dînait et parlant avec certains spectateurs.

LE PIÈGE AMÉRICAIN de Frédéric Pierucci et Matthieu Aron (JC Lattes) : si vous voulez ressentir une vraie rage contre le patron d’un grand groupe, si vous avez besoin encore de sentir à quel point l’impérialisme américain peut être impitoyable, avec une justice totalement inféodée à la défense de ses entreprises et déterminée à détruire tous les concurrents étrangers, ce livre passionnant, tendu vous comblera. On y découvre des faits qui laissent pantois : la conduite des dirigeants d’Alstom envers le héros de l’histoire, le cynisme de Patrick Kron et aussi sa nullité en affaires (il pense être plus malin que la justice américaine et fera semblant de lui répondre pendant trois ans ; du coup il devra tout céder à cause de ce calcul imbécile et arrogant), la médiocrité de la classe politique française totalement atlantiste (Hollande qui préfère capituler devant les USA plutôt que poursuivre une politique d’alliance avec une firme allemande) ou piétinant tous les principes républicains (David Azema le conseiller chargé de défendre les intérêts français qui va se faire embaucher par une firme américaine pour « gagner plus d’argent »), le double jeu de Macron qui se couchera devant les Américains après avoir dénoncé Kron, vendant à la découpe un des fleurons de l’Industrie française. Tous ces personnages et notamment Kron qui avait déjà été condamné à des masses d’amendes pour corruption coûtent beaucoup plus cher à l’Etat que toutes les mesures d’économies, d’austérité imposées par Macron. Pour être juste, il faut ajouter qu’Arnaud Montebourg sauve l’honneur de la classe politique ainsi que quelques parlementaires de droite qui essaieront de s’opposer aux mensonges éhontés de Kron (lequel partira avec une énorme retraite et un bonus record), les socialistes brillant par leur mutisme assourdissant. Cher Rouxel, ce livre est pour vous ainsi que le suivant.

LA GUERRE SOCIALE EN FRANCE de Romaric Godin, journaliste à Médiapart, est une analyse acérée, soigneusement étayée des dérives néo-libérales imposées par Macron avec une volonté sans cesse renouvelée de s’en prendre au Travail tout en préservant, en faisant le jeu du Capital. Il faut absolument détruire toutes les règles et les lois issues de la libération afin de ne jamais brider les entreprises. Romaric Godin montre sur quoi s’appuie cette offensive d’une violence sans précédent (Macron va beaucoup plus loin que les pires débordements néo-libéraux défendus par Chirac, Jospin, Hollande, Sarkozy, débordements systématiquement rejetés par les électeurs et cela dès qu’il fut nommé ministre par Hollande) : les lois sur le travail, le plafonnement des indemnités versées par les prud’hommes. Il y a là de la part de Macron et d’Edouard Philippe volonté de casser tout ce qui peut brider les excès des entreprises, tout ce qui peut les réguler. On supprime des Inspecteurs du Travail, des contrôles alimentaires, les barrières de la Loi Littoral qui tentaient d’endiguer un urbanisme meurtrier. On impose des mesures ni étudiées, ni financées. Un livre qui fait du bien. Et j’ai pensé à Blier dans un IDIOT À PARIS lançant : « Vous oubliez que vous êtes des salariés, c’est à dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste, des chômeurs en puissance. Le chômage, le chômage et son cortège de misère… Finis la petite auto, les vacances au Crotoy, le tiercé. Y avez-vous pensé ? C’est pour ça, si vous avez des revendications de salaire à me formuler, vous m’adressez une note écrite, je la fous au panier. On est bien d’accord ? ». Prescience de Michel Audiard.

    

Ce qui me permet d’évoquer quelques-uns des films qui décrivent ces blessés du système, ces opprimés, tous ceux à qui Macron conseille de traverser la rue pour trouver du travail. Lui qui paraît il a été bouleversé par la description de la banlieue dans LES MISÉRABLES, on ne peut que lui conseiller de voir LES NEIGES DU KILIMANDJARO, GLORIA MUNDI et autres films de Guédiguian ou de Philippe Lioret, WELCOME, TOUTES NOS ENVIES (une œuvre qui contient des moments très forts notamment sur les procédures d’endettement et trop survolés), Stéphane Brizé, EN GUERRE, LA LOI DU MARCHÉ, pour sentir ce qu’est la précarité et son traitement par les institutions comme dans LE JOURNAL D’UN MAÎTRE D’ÉCOLE de Vittorio de Seta, plusieurs fois évoqué ici. Et dans des films très émouvants et très réussis comme LES INVISIBLES de Louis-Julien Petit sur les SDF, les gens de la rue où l’on croise des personnages inoubliables et parfois très cocasses. Louis Julien Petit avait déjà réalisé le très attachant DISCOUNT. Oui voilà un programme parfait pour le Président de la République en ajoutant bien sûr les films de Ken Loach comme MOI, DANIEL BLAKE et le tout dernier que j’ai trouvé bouleversant, SORRY WE MISSED YOU.

Je me réjouis du triomphe de PETIT PAYSAN lors de son passage sur la deuxième chaîne et en profite pour rappeler C’EST QUOI LA VIE de François Dupeyron et pendant que j’y suis LES RAISINS DE LA COLÈRE qu’il est sain de revoir au moins une fois par an et en Blu-ray. En le revoyant, j’ai été bouleversé une fois encore et frappé par la force si actuelle de certaines séquences : l’entrée et la descriptions des terribles camps de migrants dirigés par des patrons impitoyables soutenus par des policiers déterminés à s’en prendre aux grévistes, la détresse de ces paysans dont détruit les terres et les maisons. Le plan du Caterpillar anéantissant la maison de John Qualen renvoie à des images de la crise des subprimes. Le film inverse l’ordre des camps (on termine par le plus hospitalier, un de ces camps fédéraux initiés par Roosevelt et que les milices veulent détruire). Dans la version de Ford, le plan final était celui où Fonda gravit la colline mais Zanuck fit ajouter un dernier dialogue plus ouvert (« on ne peut pas nous balayer, nous sommes le peuple ») et Ford demanda à Zanuck de le tourner lui même.

  

 

Loïc Gautelier a consacré un vrai livre de fan à Mireille Balin, actrice d’une extraordinaire beauté (elle avait la plus belle descente de dos du cinéma français », disait Jean Delannoy qui lui mitonna une robe au décolleté dans le dos très audacieux dans MACAO L’ENFER DU JEU). Sa beauté, l’éclat de ses yeux éclipsa un vrai talent de comédienne, un jeu juste, retenu qu’on ne jugeait pas à sa vraie valeur comme pour Annabella. On leur préférait des actrices plus voyantes qui marquaient les effets dramatiques et du coup paraissent datées : revoyez Mireille Balin dans le sublime GUEULE D’AMOUR, dans MENACES ou PÉPÉ LE MOKO, DERNIER ATOUT. Elle y est formidable. Loïc Gautelier a admirablement documenté toute sa tragique fin de vie, après qu’elle été tabassée et violée par des FFI (qui auraient été condamnés des années après). Elle fut par la suite disculpée de toute collaboration avec l’ennemi (on peut regretter sa participation aux CADETS DE L’ALCAZAR à la gloire du franquisme) mais elle ne s’en remit jamais et termina en faisant des ménages. Les derniers chapitres, sa vie avec l’association la Roue Tourne de Paul Azaïs, les quelques interventions de Tino Rossi, sont extrêmement émouvantes (Editions Les Passagers du Rêve).

Pour les anglophones, je conseille un très bon livre de Sam Wasson sur CHINATOWN, THE BIG GOODBYE où on apprend plein de choses notamment sur la manière dont Polanski a sauvé, restructuré, élagué le scénario de Robert Towne, sur Edward Thomas qui collabora anonymement à tous les scénarios de Towne, écrivant des scènes, reconstruisant la narration sans que Towne daigne prononcer un éloge quand il mourut. Car CHINATOWN se termina mal pour au moins trois des quatre personnes qui le firent naître : Polanski commit un crime, Robert Evans et Towne devinrent accroc à la cocaïne, Evans qui avait permis au PARRAIN de se faire (dans la douleur) plus quelques autres grands films ambitieux fut viré et remplacé par des ilotes cyniques (la déclaration de Michael Eisner refusant qu’une oeuvre ait un contenu, des ambitions artistiques fait ressembler Harry Cohn à Spinoza). Wasson avait deja écrit un livre sur DIAMANTS SUR CANAPÉ.

Les deux livres de Glenn Frankel sur THE SEARCHERS (j’ai appris que Ford avait improvisé en une après-midi toute la dernière séquence qui ne figurait pas dans le scénario de Frank Nugent) et HIGH NOON (LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS) sont remarquables et on découvre que le scénario du film est un miroir exact de ce qui se passait à Hollywood, la chasse aux communistes, le mouchardage (le scénariste/producteur Carl Foreman découvre qu’il est dénoncé par Lloyd Bridges, un des acteurs qu’il a engagé), la dictature d’une presse réactionnaire (remplacé de nos jours par les réseaux sociaux). Conduite très digne et courageuse de Fred Zinneman et Gary Cooper (« l’acteur le plus coopératif, le plus dévoué avec qui j’ai travaillé », me disait Zinneman) qui soutient totalement Foreman et crée même une société de production avec lui. Deux livres passionnant qui traitent des rapports raciaux et de la chasse aux sorcières.

  

SE BATTRE POUR LES DVD

  

Il existe des films en DVD où le plaisir qu’on prend à une œuvre passionnante, riche, exigeante est décuplé par le soin de la restauration et aussi par la qualité de certains bonus. C’est ce qui, pour moi, donne tant de prix à certaines éditions de films de patrimoine et que vous ne pouvez pas retrouver si vous téléchargez le même film ou le regardez en streaming. D’autant que des sites comme Netflix et autres Amazon ne favorisent guère (c’est même un euphémisme), ce cinéma de patrimoine, qu’ils diffusent à peine, répertorient mal sans cet appareil historique qu’on découvre parfois et qui peut se révéler passionnant. En plus, on fabrique des objets qui sont vraiment magnifiques, avec des livrets très documentés : les coffrets Ozu ou NaruseANATOMY OF A MURDER/AUTOPSIE D’UN MEUTRE chez Carlotta, ELMER GANTRY ( chef d’œuvre exaltant) chez Wild Side, NETWORK. GUN CRAZY, LA NUIT DU CHASSEUR qui sont devenus des « collectors ».

REMARQUABLES BONUS
J’ai revu ainsi avec plaisir LES PATRIOTES de Rochant (où la juxtaposition des deux histoires continue à me paraître un peu aléatoire), ébloui comme la première fois par Sandrine Kiberlain, belle, sensuelle, provocante, brillante, Bernard Lecoq dont le changement de ton vous cueille toujours, Jean-François Stévenin, bouleversant et Yvan Attal. Dans le bonus, Rochant et son producteur Alain Rocca évoquent de manière très vivante l’ambition folle de ce projet , les formidables exigences du réalisateur et, hélas, la manière dont le film qui bénéficiait d’une réputation formidable, explosa en vol à la suite de la projection pour la presse à Cannes. Il fut exécuté le soir même avec une violence inouïe et totalement injuste. Ce qui détruisit les carrières des deux hommes.

Dans UNE FEMME MARIÉE qui reste aussi neuf, aussi tranchant et splendide à voir que dans mon souvenir, Macha Méril parle de Jean-Luc Godard avec une grande liberté de ton. Elle fait preuve d’une franchises admirative mais lucide, sans langue de bois, parlant de son abandon (elle se laissait sculpter et le film est un hymne à son corps) louant son génie visuel, ses intuitions fulgurantes mais pointant sa radinerie, sa part de misogynie. Je n’ai pas encore eu le temps de revoir WEEK END que j’avais adoré.

  

Dans EAUX PROFONDES, cette histoire d’amour vénéneuse et secrète concoctée par Michel Deville où Isabelle Huppert paraît si enfantine bénéficie d’une passionnante interview de Deville et de Jean Louis Trintignant par Philippe Piazzo.

BUFFET FROID se revoit avec délice et tant la vision du quartier de la Défense que certaines tirade se sont encore bonifiées avec le temps :

L’assassin paranoïaque : « Beaucoup de meurtres en ce moment ? »
L’inspecteur Morvandiau : « Ça marche pas mal. »
L’assassin paranoïaque : « Et vous arrêtez les coupables ? »
L’inspecteur Morvandiau : « Le moins possible ! … Un coupable est beaucoup moins dangereux en liberté qu’en prison. »
Alphonse : « Pourquoi ? »
L’inspecteur Morvandiau : « Parce qu’en prison, il contamine les innocents. »

Là encore le bonus avec un délectable entretien avec Bertrand Blier est des plus savoureux.

 

  

Son intervention après HITLER CONNAIS PAS, œuvre rare, sortie par Jean-Baptiste Thoret est absolument passionnante. Vous ne trouvez rien d’équivalent sur Amazon ou Netflix.

Pour LE VOYAGEUR DE LA TOUSSAINT (Gaumont) de Louis Daquin, cette fort bonne adaptation de Simenon, écrite par Marcel Aymé, où triomphent Gabrielle Dorziat, Jules Berry, Guillaume de Sax (pour moi une révélation) et Jean Desailly (un habitué de Simenon) qui prend de plus en plus de consistance au fur et à mesure du récit, les suppléments sont plus classiques mais fort utiles. Ils permettent de re situer les origines italiennes des capitaux, ce qui explique la présence imposée de l’actrice Assia Norris. (L’un des points faibles du film), cernent les combats que dut mener Daquin et nous révèlent la présence furtive de Simone Signoret.

LA BATAILLE DE L’EAU LOURDE témoigne d’une vraie sobriété qui faisait tout le prix d’HORIZONS SANS FINS et de LA FERME DU PENDU. Pas de grandiloquence ni d’élans lyrique mais une relation précise et minutieuse avec beaucoup d’extérieurs (filmé par Titus Muller ?). Jean Dréville invente un sous-genre, le docu drame mais je suis resté un peu distant face à ces dizaines de plans à skis tout en portant au crédit du film l’absence d’emphase et de sur-dramatisation qui anéantissait la médiocre version d’Anthony Mann. Dréville n’avait pas la tête épique, cela se sent tout au long du catastrophique LA FAYETTE. Frédéric Joliot-Curie joue son propre rôle sans vraiment convaincre.

Il faut aussi citer le travail accompli par TF1 et Coin de Mire notamment pour la qualité de leurs restaurations. J’ai pu découvrir LES BONNES CAUSES, un des meilleurs Christian-Jaque de la dernière période, bien écrit par Henri Jeanson. Brasseur et Marina Vlady sont mieux que convaincants et Bourvil est impeccable en juge d’instruction plus finaud, plus moral qu’il en a l’air (selon mon ami Alain Riou, le personnages est plus intéressant que celui du roman de Jean Laborde). Mais brusquement on tombe sur une scène qui met à mal l’édifice, une scène qui paraît artificielle, peu vraisemblable durant laquelle le magistrat présente un témoin surprise à la partie adverse qui va le terroriser, ce qui rend les défenseurs de Virna Lisi ineptes. Dans la même collection, L’AFFAIRE DOMINICI de Claude Bernard Aubert (pourra-t-on revoir PATROUILLE DE CHOC ?), un des grands rôles de Gabin, opaque, mutique, impressionnant. LA GROSSE CAISSE d’Alex Joffé que je n’ai jamais vu pas plus que LE BARON DE L’ÉCLUSE. Et bien sur ces deux chefs d’œuvre que sont NON COUPABLE, passé inaperçu, et GUEULE D’AMOUR. Je serai plus réservé sur les bonus qui privilégient les actualités.

  

Je veux ajouter la sortie de OLIVIA de Jacqueline Audry, autre film sous-estimé (zappé par les critiques de la Nouvelle Vague qui n’étaient ps du tout féministes) alors qu’il s’agit d’une des oeuvres les plus audacieuses sur l’homosexualité féminine traitée sans voyeurisme. On y entend Edwidge Feuillère, directrice d’un pensionnat, lire le lac de Lamartine et on peut y admirer Yvonne de Bray, actrice fétiche de Cocteau. Audry et Laroche adaptent un faux roman écrit par l’auteure anglaise qui traduisit Proust.

  

Il ne faut surtout pas oublier QUAND PASSENT LES CIGOGNES (en Blu-ray chez Potemkine) qui m’a encore bouleversé. Quand je pense qu’il fut de bon ton de faire la fine bouche devant cette histoire d’amour fiévreuse, passionnée, lyrique, qui vous emporte. Bonus remarquables, passionnants avec Françoise Navailh et Eugénie Zyvokine qui analysent aussi bien les procédés de la mise en scène (la manière dont le mouvements de grue soulignent les ratages, les manques, contrairement à ce qui est leur fonction première) que le contexte politique, historique.

COFFRET PABST
Merci à Tamasa d’avoir sorti un monumental coffret dédié à Pabst avec des belles copies restaurées où d’immenses et incontournables classiques comme LOULOU, L’AMOUR DE JEANNE NEY côtoient des œuvres plus rares : LA TRAGÉDIE DE LA MINE et surtout C’EST ARRIVÉ LE 20 JUILLET introuvable depuis des dizaines d’années. J’ai pu ainsi revoir QUATRE DE L’INFANTERIE le pendant allemand d’A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU. Toutes les médiathèques doivent l’acheter.

FILMS PARLANT D’ÉPIDÉMIE
J’ai omis des dizaines de nanars.

CONTAGION de Steven Soderbergh, l’un des rares film américains totalement centré sur la notion de travail (repérer le virus, le combattre, lutter contre les fake news, la panique), sans intrigues sentimentales ou secondaires.

Le 7ème SCEAU de Bergman avec le grand Max Von Sydow

  

NOSFERATU version de Murnau et de Werner Herzog

LE MASQUE DE LA MORT ROUGE de Roger Corman (Sidonis) sur les vains efforts du Prince Prospero pour se confiner

PARS VITE ET REVIENS TARD de Régis Warnier. Fred Vargas est d’ailleurs une experte incollable sur les épidémies et la manière dont on identifié comment la peste se propageait.

LE MYSTÈRE ANDROMÈDE

LA NUIT DES MORTS VIVANTS

  

L’ÎLE DES MORTS de Mark Robson

L’ARMÉE DES DOUZE SINGES et peut être LA JETÉE de Chris Marker

LE HUSSARD SUR LE TOIT de Jean Paul Rappeneau d’après le formidable roman de Jean Giono

  

JE N’AI PAS TUÉ LINCOLN de John Ford

ARROWSMITH de John Ford

STARS IN MY CROWN de Jacques Tourneur qui contient une belle scène d’épidémie de même que I’D CLIMB THE HIGHEST MOUNTAIN de Henry King

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Commentaires (521)

 

  1. David dit :

    Cher M. Tavernier,

    Je parcours votre blog depuis quelques jours, avec grand intérêt. Votre amour du cinéma se fait sentir à chaque entrée, vos connaissances et votre expérience de la chose sont immenses, et malgré tout, votre plume reste humble, légère et sans prétention; toutes choses que j’apprécie chez un réalisateur que j’apprécie.

    J’ai aimé plusieurs de vos films (L’horloger de Saint-Paul, Que la Fête Commence…, ‘Round Midnight, L627, etc.), mais celui que je préfère, que je regarde à chaque 2-3 ans, avec toujours beaucoup de plaisir, c’est Coup de Torchon. Quel film! Et quel chance vous avez eu de travailler avec ce groupe d’acteurs/trices formidables, c’est â mon sens un casting parfait.

    J’ai rarement la chance d’écrire à un artiste dont j’apprécie l’oeuvre, et j’espère que vous excuserez le côté flatteur de la chose et ne m’en tiendrai pas rigueur. 🙂

    Sincèrement,

    David Lapointe

  2. Sugar Kane dit :

    À propos de Raoul Walsh
    J’ai vu il y a quelques jours dans une bonne copie Blu-ray éditée par Sidonis Dark Command de Raoul Walsh. Le film relate pendant la guerre de Sécession le massacre de la ville de Lawrence effectué par la bande de mercenaires dirigée par William Quantrill. Même s’il est moins intéressant que Persuaded le film est épatant avec comme souvent chez Walsh des scènes cocasses avec beaucoup de mouvements et de nervosité. Le scénario tiré d’un livre de W.R.Burnett, ne respecte pas la vérité historique et j’ai donc effectué une recherche sur internet pour en savoir plus. Je suis tombé sur http://www.hervedumont.ch qui est un site remarquable et richement documenté mettant en relation l’histoire et le cinéma. Le contributeur est historien et ancien directeur de la Cinémathèque Suisse.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Sugar Kane
      J’ai cité Hervé Dumont, ses livres, son site à plusieurs reprises. Le scénario du film de Walsh est une trahison du roman de Burnett que j’espère publier chez Actes Sud

  3. DIXON STEELE dit :

    Les Raisins de la colère est en effet un sacré chef d’œuvre. La scène que vous citez avec le caterpillar est superbe – c’est vraiment la machine qui s’avance pour broyer l’humain. Le « propriétaire » de la maison reconnaît le chauffeur du caterpillar, le fils d’une de ses connaissances – qui fait son métier pour vivre, pour manger. Une victime lui aussi. On réalise là qu’on ne peut plus s’en prendre à personne en particulier, c’en est même fini du « méchant », les choses ne se passent plus entre humains désormais. Il n’y a plus qu’un système qui broie et réduit ses proies à des ombres. Une machine infernale face à des hommes impuissants. L’entrée dans le camp juste avant le camp fédéral, que vous citez également, est elle aussi remarquable. La façon dont elle est filmée est très étrange. En caméra subjective, avec tous ces gens, filmés comme au ralenti, qui regardent, l’air un peu hagard les nouveaux arrivants. On a vraiment l’impression que ce champ et le contre-champ qui suit ne font qu’un. Ou plutôt que l’un que devient l’autre au moment où les occupants du camion réalisent qu’ils sont désormais semblables à tous ces pauvres hères qui les regardent. L’avoir traité ainsi, de façon quasi onirique, est un coup de maître !

    • MB dit :

      J’ai noté que la fin optimiste imposée par Zanuck par le monologue de Jane Darwell dans la cabine du camion: « we are the people », est discrètement mise en veilleuse par le plan postérieur à celà qui montre la file des camions sur la route avec au 1er plan le panneau « DANGER » (texte illisible en-dessous), vue prémonitoire ou imposant une impression au contraire pessimiste en tout cas, chez moi. Bien sûr ce plan pouvait très bien être placé AVANT la sortie poétique de Darwell (ce qui aurait mis en valeur le choix de Zanuck), il m’a toujours fasciné par son côté lugubre.
      Maintenant, j’aime bien la force optimiste de l’adresse de Darwell et à côté je ne trouve pas que le plan final préféré de Ford (selon McBride): Fonda marchant vers son destin en ombre chinoise sur la colline soit tout à fait convaincant, car un peu cliché (Fonda devrait fuir en se cachant!), par contre le vrai plan final du panneau DANGER est tout à fait convaincant car comme l’a dit Darwell (car rien n’est simple!) au tout début de son adresse, elle est plus dans une note lucide et sans illusion car pas du tout certaine de ce qu’ils vont trouver au terme de leur périple. « we are the people, we’re strong » c’est après qu’elle le dit.
      Bon, Mc Bride considère que c’est le précédent plan avant ce fameux panneau, avec Darwell, Simpson et OZ Whitehead dans le camion qui est le dernier du film, et est chargé de fournir la note optimiste que le spectateur doit emporter avec lui! Bien sûr je me demande si Ford n’a pas réussi à placer le panneau « DANGER » après, pour inverser l’impression du spectateur et réagir contre le côté happy end de Zanuck, en quelques sorte. Ou alors ce n’est pas vraiment intentionnel, ce qui est possible.

      J’ai revu le film récemment, et j’ai trouvé la copie un peu charbonneuse (tout en étant scotché par le film), en lisant la critique de Dvdclassik je n’y ai trouvé que des louanges ce qui me laisse penser que nous sommes devenus plus difficiles, j’ai commandé le bray dont l’image est bien plus claire.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A MB
        Encore une belle analyse. Zanuck aurait lui même tourné cette fin sans Ford mais n’ayant pas relu le McBride je ne sais pas si c’est juste à 100%. Dans la version Ford, le plan en silhouette aurait sans doute été plus long. Je trouve le monologue de Darrell assez touchant et très rooseveltien

        • MB dit :

          à Bertrand: merci! d’accord pour Darwell (en général accusée de cabotinage ce que je ne comprends pas), je veux juste rajouter que cette palette entre optimisme et noirceur signale sans doute une grande entente entre Ford et Zanuck: pas de conflit brutal, ça ressemble à « je t’accorde ça mais en échange tu me laisse faire ça »!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          D’autant que selon Hathaway, Zanuck venait de soutenir Ford après une preview désastreuse. Après être resté silencieux dix minutes (tout le monde devait fouetter), il a dit : Quel est l’imbecile qui a organisé cette preview après un film de Betty Grable ?Ce soir, J’ai vu un chef d’oeuvre et maintenant il faut que tous les futurs spectateurs sachent qu’ils vont voir un chef d’oeuvre. On va changer notre stratégie publicitaire. En attendant on ne touchera pas à ce film. Ford s’est levé en mâchouillant son cigare et a quitté le cinéma en disant Merci Darryl

        • Alexandre Angel dit :

          A MB,
          Alors bien évidemment, vos propos pointus enjoignent fissa à repartir sur les routes avec les Joad.
          Ce film, je l’ai bien fréquenté à une époque lointaine où il passait au ciné-club sur la 2, où tel prof nous emmenait le voir projeté dans la salle spécialement aménagée d’un centre culturel. Mais la dernière fois que je l’ai vu, c’était aussi en salle, c’était en 2012, et j’avais été bouleversé par l’universalité du ton.
          Cette famille jetée sur les routes en quête d’un paradis qu’elle ne trouvera sans doute jamais représentait plus que des Okies générés par un contexte précis, elle était la famille universelle que l’adversité (qu’elle se nomme « crise économique », « catastrophe naturelle » ou »guerre ») expose au sordide et au désespoir. Vous me rafraîchissez la mémoire sur la chronologie des plans mais il n’y a pas: pour moi, le fin des RAISINS DE LA COLERE, plus que le speech poignant d’Henry Fonda, c’est la détresse d’une mère qui regarde son fils partir en comprenant qu’elle ne le reverra plus jamais.
          Je ne voudrais pas paraître impudique mais rien que d’écrire cela j’ai les larmes qui montent.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          Je vous comprends

        • MB dit :

          à AA: RAISINS/merci Alexandre ce que je comprends c’est que la chrono des plans de conclusion du film que vous mentionnez peut être bouleversée dans la tête du spectateur qui jurera possiblement que le dernier plan du film, et son impression finale privilégiée, est selon lui soit:
          – Fonda marchant sur la colline;
          – Darwell assise seule sur la piste de danse en pleine nuit;
          – Darwell « we are the people we’re strong »
          – le panneau « DANGER » devant cette file de camions qui roule dans la nuit, et qui roule et qui roule dans la nuit… (techniquement c’est le vrai dernier plan)
          que le cinéma confusionne la mémoire, les impressions du spectateur n’est pas une découverte, la critique techniquement précise a ses limites (même si je regrette les textes de JF Tarnowsky)! Je mise sans risque que cette chrono bouleversée dans la tête, est imputable à une puissante souplesse de montage, production, tournage qui fonctionnent ensemble pour la même conception de film (comme le plaiderait Sidney Lumet!).
          Personnellement, j’avais complètement oublié dans le monologue de Darwell, qu’elle donnait une leçon de lucidité aux deux hommes qui l’entouraient (ce qui rejoint parfaitement le plan du panneau « danger ») quand eux s’enflamment en rêvant sur l’argent qu’ils vont gagner. Ford illustrateur d’une vision conventionnelle de la femme… de quoi ricaner interminablement à la face des crétins. Notez qu’il y a aussi une illustration du masculin et du féminin dans le monologue que j’avais aussi oubliée.
          En fait, les dernières minutes du film sont trop riches pour rester toutes en mémoire en une seule vision, et tant mieux! ouf!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Bravo

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Ces échanges sur les RAISINS sont très richer et montrent la complexité du traitement des émotions chez Ford. Et en y pensant les larmes montent aux yeux. Ces jours ci j’ai revu ANGELE de Pagnol et dans de multiples séquences on ressent une émotion tout aussi grande : quand Fernandel retrouve Angele dans sa chambre, les échanges mi cocasses mi touchants entre Fernandel et Delmont, l’admirable scène avec Blavette, la manière dont le personnage de Delmont, accessoire au début va prendre une importance vitale, dramaturgie et morale et va devenir le catalyseur et toutes les séquences finales où Servais renverse les torts et les responsabilités. Dix fois on a les larmes aux yeux, déjà de par le dialogue sublime qu’un carton final crédite à Pagnol et Giono

        • MB dit :

          à Bertrand: chez Ford et chez Pagnol, une simplicité apparente, une vérité qui ne se laisse découvrir qu’avec un peu de subtilité de la part du spectateur. Dans les RAISINS j’ai ri aux scènes toutes simples où le grand benêt (OZ Whitehead) essaie de se trouver une cavalière pour le bal, la façon dont il se fait rembarrer par la mère, puis la façon dont la jeune fille s’étant esquivée vient le retrouver, comment elle s’affiche avec une certaine timidité mais une très forte envie de danser! Ford a choisi une maigrichonne (ce qui signale la faim quotidienne) au lieu d’une jolie fille. Dans REGAIN je me marre encore à voir Poupon et Milly Mathis engueuler Gabrio parce qu’il a osé vouloir payer le pain qu’ils lui ont offert!
          Dans le même plan il s’agit finalement d’en mettre plusieurs dans le sens où ils y mélangent émotion, tragique, documentaire. Il n’y aura pas ou moins qu’ailleurs, un plan d’émotion, un tragique etc…
          bon je suis sûr que nous y reviendrons…

        • Pascal MINETTE dit :

          Quand je pense qu’on traitait Ford de macho, et que les RAISINS se terminent par une apologie de la femme…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Pascal MINETTE
          Qui a vu PILGRIMAGE ?

        • DIXON STEELE dit :

          Pilgrimage, c’est pour moi l’un des films les plus émouvants de Ford. Une fois n’est pas coutume, c’est le portrait d’une femme qui, ne supportant pas que son fils lui échappe, fait en sorte que celui-ci parte à la guerre. Où il se fait tuer. Après quoi elle part en pèlerinage sur sa tombe en France. Comment peut-on à ce point nous rendre à point aussi plein de haine – ou tout du moins de colère – pour une femme (qui le mérite), avant de nous emplir de compassion et de compréhension pour la même femme (qui le mérite tout autant), c’est le mystère de la magie Ford. Et ce uniquement par le grand art de la mise en scène (sans encombrements psychologique) – voir la scène, bouleversante, où la mère apprend la mort de son fils. La guerre ici est toute symbolique, les guerres commencent dans le cœur des individus, elles sont meurtrières, et l’Amérique puritaine, dénoncée ici comme rarement, ne fait rien d’autre que de mettre de l’essence (sinon de l’eau de javel !) sur le feu. C’est un grand Ford, encore sous influence de Murnau (dans la partie américaine) mais qui affirme complètement son style personnel (dans la partie française).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A DIXON STEELE
          Entièrement d’accord

        • Pascal MINETTE dit :

          A Mr Tavernier : Si vous le recommandez ici, est-ce qu’il a un rapport avec les RAISINS ?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Pascal MINETTE
          Simplement parce que cela prouve l’étendue des émotions que peut couvrir Ford et que l’héroïne du film est le versant noir de Jane Darwell et des mères fordiennes, leur antithèse absolue. Et que de plus, elle est le moteur du film

        • Pascal MINETTE dit :

          Et la mère de HOW GREEN qui se bat pour son mari contre les grévistes , dévaste seule leur réunion et menace de les zigouiller.
          Et la mère Jorgensen de la PRISONNIERE auprès de laquelle, comme dans la scène finale des RAISINS, l’homme a l’air d’un petit garçon…

        • Ballantrae dit :

          Encore un personnage feminin remarquable chez Ford.
          Vous m’avez donné envie de concocter un petit cycle Ford.
          Mais je n’ai pas Pilgrimage en revanche qui etait sur une K7 éliminée depuis des lustres.
          Les raisins de la colère émeut aux larmes tellement souvent! Et plus Ford est pudique plus il suscite l’emotion juste. Pensez aux grands parents aussi dans Les raisins.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Ballantrae
          PILGRIMAGE était dans le coffret Fox et doit se trouver sur un site cinéphilique

        • DIXON STEELE dit :

          A Ballantrae
          Il existe un dvd americain sous titré, en double programme avec Born Reckless_ et un dvd espagnol sous titré en espagnol, Pas simple à faire venir en ce moment. Pas de traces sur les sites VOD que ce soit francais ou américains…

        • DIXON STEELE dit :

          J’ai profité de l’occasion pour revoir Pilgrimage qui est vraiment un des grands films de Ford, et une chose m’a cette fois ci sauté aux yeux, c’est à quel point Hannah, la mère, est le prototype de Ethan dans La Prisonnière du désert. Ce sont en effet deux personnages à priori antipathiques, complexes, tout aussi bornés et froids l’un que l’autre lorsqu’on fait leur connaissance, leurs personnalités sont des fardeaux pour les membres de leurs familles, bien plus simples et « vivants » qu’eux. Et les deux vont prendre à leur façon le chemin de la rédemption, apprendre une certaine humanité, en voyageant à la recherche d’un membre de leur famille, son fils pour l’une, sa nièce pour l’autre, qu’ils ont un moment préféré voir mort plutôt que de voir l’honneur de la famille souillé (par un mariage ou par des indiens). Par principe. Par idée reçue. Hannah acceptant à la fin sa belle-fille et son petit-fils est l’équivalent assez exact du «Let’s go home, Debbie ». Et dans un cas comme dans l’autre, on ne peut parler de happy end, on sent que son petit-fils est terrifié par Hannah, et Ethan ne franchit pas le seuil de la maison, mais lui tourne le dos. Si les deux ont fait ce qu’il fallait faire, cette intégration dans la communauté tellement essentielle aux yeux de Ford, n’est pas gagnée. Mais à bien des niveaux, les deux partagent le meilleur et le pire de leurs personnalités.
          Une autre chose que je n’avais pas vu la première fois et qui témoigne de toute la délicatesse de Ford. Alors qu’elle est en France et qu’elle ne veut plus aller sur la tombe de son fils, Hannah se remémore quelques scènes de sa vie passée, en particulier celle où son fils s’en va à la guerre, lorsque Mary vient lui apprendre sur le quai de la gare qu’elle est enceinte, au moment où il va monter dans le train qui l’emmène vers l’Europe. Or Hannah n’était pas présente lors de cette scène à laquelle nous avons assisté bien plus tôt dans le film. Si elle s’en souvient, c’est qu’elle était cachée, quelque part, ne pouvant s’empêcher d’aller assister au départ de son fils à la guerre, mais trop fière pour s’y montrer. Et Ford ne nous la montre pas la première fois. Quel respect pour son personnage, quelle ellipse, aussi inattendue que superbe et révélatrice. Et celle-ci peut très facilement passer inaperçue. Voire pour une faute de continuité. C’est avec ce genre de petite touche, d’une absolue discrétion, que Ford touche parfois au sublime.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A DIXON STEELE
          Admirable analyse qui m’ouvre des horizons (Ethan n’est pas responsable de la mort de sa famille alors que Hannah envoie son fils à la guerre. Sa mort est traitée durant la seule scène de guerre dans un plan unique de 17 secondes je crois et Ford ellipse d’une autre façon la mort des parents de Debbie. Dans les deux cas cela se passe presque hors champ

        • MB dit :

          PILGRIMAGE: cet ensemble américain 2 dvds avec BORN RECKLESS est sstitré anglais et espagnol
          l’autre est en effet une édition espagnole (PILGRIMAGE seul) audio anglais, st espagnols.

        • MB dit :

          à Dixon/PILGRIMAGE/ très intéressant, cet avis sur la discrètion et sobriété du cinéma de Ford. Il est possible que le ou les plans sur la mère présente à la gare aient étés tournés puis abandonnés pour telle ou telle raison, ou perdus (l’édition Ford at Fox a sûrement tenté de faire au mieux pour fournir le plus complet) mais on ne voit pas ce que ça change dans l’impression du spectateur, et aussi s’ils ont étés abandonnés au montage c’est qu’ils ont été jugés superflus, ce qui ne change rien à votre commentaire.
          Intéressant aussi le parallèle Ethan//Hannah.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Ford ne tournait pas plusieurs versions. L’explication de DIXON STEELE est plus juste. Dès le début, il ne voulait révéler la mère que dans un flash back

        • MB dit :

          à Bertrand: ce n’est pas d’établir une vérité historique que je faisais, et ça ne change rien à la justesse du commentaire de Dixon, mais en effet c’est quand même plus abouti de voir que la vérité soit que JF ne voulait pas montrer la présence de la mère à la gare hors ce flashback et il faudrait que je voie le film, ça compte aussi!
          Ce que j’aime mieux appuyer c’est que rien ne compte plus que ce qui reste sur l’écran, en en écartant les raisons (même si, quand on a des sources fiables, on aime bien les connaître), c’est un peu un péché mignon.

  4. Denis Fargeat dit :

    Encore une précieuse archive de France Culture:
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/entretiens-avec-julien-duvivier-22-partie-5-de-poil-de-carotte-a-carnet-de-bal-6-sa-collaboration
    Et en prime une belle émission sur Simone Signoret:
    https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/simone-signoret-par-dominique-missika
    … des diffusions qui font du bien… pas dire du mal, mais ça venge de certaines autres émissions qui allient l’imprécision à la mauvaise foi… ( Un récent « Personnages en personne » sur Mr Klein)

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Denis Fargeat
      L’émission sur Ophuls est très bonne. L’interview de Duvivier hélas très démodé. Ford et Jeanne médiocres historiens posent des questions bêtasses, coupent la parole, ne veulent que des informations superficielles. De temps en temps Duvivier parvient à placer une notation foudroyante sur Vivian Leigh qui n’était pas Anna Karénine personnage qui donne alors que Leig est une actrice qui prend. Difficile d’être juste en si peu de mots

      • Julia-Nicole dit :

        A Bertrand
        Vous avez sans doute raison à propos de la qualité d’interviewers de René Jeanne et Charles Ford. Il reste qu’il existe bien peu de documents où l’on entend s’exprimer Duvivier, et qu’il faut, je pense, se réjouir de l’existence de celui-là, même s’il a souvent été rediffusé sur France Culture. De la même façon, leur série d’entretiens avec Abel Gance était passionnante.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Julia Nicole
          On n’a jamais l’impression qu’ils écoutent leur interlocuteur, pressés d’arriver à leur prochaine question

      • Denis Fargeat dit :

        A Bertrand Tavernier et Julia Nicole
        … je suis d’accord avec vous deux!… le malheureux, c’est que j’ai commencé à écouter cette archive à l’heure de sa diffusion… trrrrès tard…. à une heure où l’esprit critique est remis au lendemain. Et le lendemain, on écoute attentivement , et on pense avec dépit à l’occasion manquée… ( mais il est vrai que le format de ces entretiens est très court, et que le retour sur la carrière de Duvivier se déroule au pas de charge…) reste que quelque chose de la personnalité complexe de Duvivier passe dans ces vieilles émissions.
        Je ne trouve pas l’émission sur Ophüls dont parle Bertrand?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Denis Fargeat
          Pardon, tapé trop vite c’était l’émission sur Signoret qui est excellente

  5. richpryor dit :

    Pour ceux que ça pourrait intéresser, j’ai découvert que Tarantino avait publié des critiques de films sur le site internet de son cinéma Le New Beverly (thenewbev.com, section Reviews). Elles ne sont pas toujours très bien écrites (parfois il y a même des erreurs de syntaxe!) mais pour ceux qui lisent l’anglais il y a de quoi lire. Beaucoup de critique de films de genre assez obscurs évidemment. Un exemple d’un texte de QT sur PROPHECY de Frankenheimer: « John Frankenheimer’s Prophecy is pretty much a piece of shit from the word go, but the more it goes, the more enjoyable this piece of shit gets, till it can officially be classified under that beloved category, enjoyable piece of shit. » C’est plus Tarantino qui parle des films comme si il était en conversation.
    Beaucoup de cinéastes ont commencé par être des critiques, lui il fait le chemin inverse visiblement.

  6. Denis Fargeat dit :

    A Mathieu
    Vous avez bien sûr raison! Il ne faut pas réduire Gould à quelques traits réfrigérants, et vous le pointez avec finesse – je suis d’accord avec vous pour les suites françaises, moins pour les toccatas, quant à Mozart, drôle de projet que d’enregistrer les oeuvres d’un compositeur qu’on prétend ne pas aimer. Ceci dit, sa « Marche Turque » est un puissant neuroleptique.
    … je ne voulais ici que relater une impression fougasse (c’est comme fugace, en moins fin.)

  7. SERVANT Jean-Pierre dit :

    A Bertrand Tavernier
    C’est en revoyant le segment de VOYAGES À TRAVERS LE CINÉMA FRANCAIS (je le visionne maintenant par petits morceaux, par choix d’un metteur en scène abordé) consacré à Anatole Litvak, que je me suis souvenu que j’avais le DVD de COEUR DE LILAS, dont vous parlez avec enthousiasme ainsi que dans plusieurs de ces chroniques. Il m’avait échappé. Totalement. La surprise a été de taille.
    Quelle oeuvre magnifique. La mise en scène, la photographie (il y a des angles de prises de vues exceptionnels), le sujet, jamais mièvre, l’aspect quasi documentaire du Paris du début des années 30, les fortifications ou jouent les gamins, les quartiers interlopes avec ses filles et ses mauvais garçons, et ce refus d’opter pour une « happy end ».
    La séquence du début du film ou en environ 7’50, Litvak part d’un défilé militaire, raccorde sur des gosses qui jouent au défilé militaire et amènent le spectateur à la découverte d’un meurtre dans un terrain vague est remarquable. On ne verra le mort que sur une coupure de presse.
    Ça a été aussi la découverte d’une belle comédienne, Marcelle Romée (Coeur de Lilas c’est elle) au jeu sensible, fîn, sans esbroufe. J’ai été surpris de découvrir que c’est son dernier rôle avant son suicide par noyade peu de temps après. Elle était Pensionnaire de la Comédie Française. Il est permis de penser qu’elle aurait eu une belle carrière. Le reste de la distribution est également remarquable : Luguet, Gabin (en mauvais garçon) qui donne déjà la réplique à Frehel avant PÉPÉ LE MOKO.
    Magnifique photographie de Curt Courant. Les séquences de la balade en autobus la nuit sous la pluie, le marché des Halles des années 30…
    Une oeuvre magnifique. Mieux vaut tard que jamais. Encore merci de l’avoir rappeller à ma mémoire.

  8. Sugar Kane dit :

    À propos de Kubrick
    Je ne sais pas si Kubrick est LE cinéaste, mais sa filmographie est encore aujourd’hui d’une richesse et d’une diversité impressionnante et j’ai le sentiment que l’on exagère souvent à son sujet. Toutefois ce qui me semble indiscutable c’est une intelligence et une ambition artistique hors du commun qui quelquefois pouvait déranger. Beaucoup attendait un nouveau film de Stanley Kubrick et il est regrettable qu’aujourd’hui vu le nombre de réalisateurs ce ne soit plus suffisamment le cas.

  9. DIXON STEELE dit :

    Cher Bertrand Tavernier,

    Un message en privé. Je travaille au cherche midi éditeur et chez Sonatine éditions. Nous avons sorti en 2018 un livre d’Alexandre Dumas qui n’avait jamais été publié en version intégrale depuis sa parution en feuilleton, Le Sphinx Rouge, que je vous enverrais volontiers. Celui-ci a connu un beau succès public, les réactions des lecteurs ont été enthousiastes, il va bientôt passer en poche. Aussi ai-je décidé de continuer à publier ainsi au cherche midi quelques romans moins connus de l’auteur, en essayant de leur assurer la meilleure promotion possible. Après en avoir lu quelques-uns, je me suis dit qu’Une fille du régent ferait parfaitement l’affaire. C’est un roman assez peu connu des lecteurs (sinon à travers Que la fête commence), il n’en existe plus de version disponible depuis longtemps dans le monde de l’édition, hormis sur kindle ou en impression à la demande. Connaissant votre rapport particulier à ce livre et plus généralement à Dumas, je me demande, ou plutôt je vous demande, si cela vous intéresserait d’en signer une préface. Dites-moi ce que vous en pensez.

    Bien cordialement et merci encore pour votre blog.

    Arnaud Hofmarcher
    Ahofmarcher@club-internet.fr

    (P.S : mille excuses d’utiliser ce moyen peu conventionnel pour vous joindre, mais il m’a semblé le plus rapide)

  10. Damien D. dit :

    Un peu hors sujet et loin de moi l’idée de vouloir m’apesantir sur des films mineurs ou nanardesques : une fois n’est pas coutume j’ai fait en cette période de confinement mon « Yves Rouxel » (pardon Yves c’est bien amical) en revoyant quelques comédies françaises des années 5o qui traînaient en dvd René Château chez moi et que je n’avais pas eu le temps ni le courage de regarder.
    Je signalerai juste deux titres : le BONJOUR SOURIRE cité par Bertrand dans sa 4ème chronique (et que vous n’aviez pas vu à l’époque). Je crois que Sautet n’a été que conseiller technique sur ce film et qu’il a remplacé Robert Dhéry pour les scènes finales ? Le résultat n’est pas honteux, c’est une comédie mineure mais joyeuse où le peps d’Henri Salvador et d’Annie Cordy dominent l’ensemble… On y retrouve De Funes dans un de ces personnages à accent caricaturaux (et assez insupportable) qu’il faisait souvent à l’époque.
    Le deuxième film est de Norbert Carbonnaux, (réalisateur d’un redoutable CORSAIRES DU BOIS DE BOULOGNE à oublier) et qui s’en sort cette fois plutôt bien avec le film COURTE TÊTE (1956). Il faut dire qu’il est bien entouré avec rien de moins que Georges Lautner et Jacques Deray comme assistants réalisateurs, Michel Audiard aux dialogues. Le film (qui anticipe un peu par le sujet sur LE GENTLEMAN D’EPSON) est très agréable avec un Fernand Gravey très bon, sobre dans ce rôle d’escroc aux courses hippiques, qui s’associe à un faux jockey afin de tromper le paysan parieur monté à Paris joué par Jean Richard. La copie est une belle surprise et en parfait état (sans doute restaurée ce qui n’est pas toujours le cas chez René Château). Ce film sort donc de la nasse de ces comédies des années 50 qui ont été dezinguées et souvent à raison par la critique…
    Puisque j’ai vu la purge LES CORSAIRES DU BOIS DE BOULOGNE, je rendrai juste justice à Raymond Bussières d’avoir fait MON FRANGIN DU SÉNÉGAL qui vaut tout de même le détour pour des scènes burlesques à la Buster Keaton et un final digne d’une bande dessinée débridée avec une chasse au lion étonnante (qui a vu un acteur principal caresser et faire mumuse avec un vrai lion sans doublure dans l’histoire du cinéma ? Personnellement c’était la première fois). Tout cela est pour un résultat sans prétention mais qui vaut le coup d’oeil (je taierai d’autres titres qui ne méritent pas, loin de là, de sortir de l’oubli)…
    On est certes à des annees lumière de discussions sur Kubrick mais la cinéphilie a un spectre tellement large…

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Damiens D
      J’aime bien que vous évoquiez ces films. C’est vrai que LES CORSAIRES DU BOIS DE BOULOGNE est une purge (Lautner est déjà assistant). Vous oubliez LE COSTAUD DES BATIGNOLLES toujours de la même équipe. Je crois que les 3 films ont été dirigés par Carbonnaux même si certains sont signés Lacour je crois. VONJOUR SOURIRE a été entièrement tourné par Sautet, premier assistant qui remplace le réalisateur qui s’est tiré. Le film était entièrement écrit et préparé pour un autre et Claude ne pouvait rien changer. Il a assuré le travail technique mais cela le mettait en rage quand on parlait d’un film de Sautet. Les films de David Hamilton étaient techniquement réalisés par Serge Leroy qui me disait qu’il allait faire la femme de ménage chez Hamilton. Je n’ai jamais revu COURTE TETE qui ne m’avait pas transporté bien que très supérieur aux CORSAIRES ni LE TEMPS DES OEUFS DURS loué par Jean Luc Godard

    • SERVANT Jean-Pierre dit :

      A Damien D. Votre commentaire me rappelle que j’ai ce BONJOUR SOURIRE qui sommeille sur une étagère. Je vais tenter. J’avais hésité à me procurer ces CORSAIRES DU BOIS DE BOULOGNE et à la lecture de votre avis je n’ai guère de regrets. MON FRANGIN DU SÉNÉGAL est sympathique. Pour la deuxième fois j’ai tenté de voir LA RUE SANS LOI de Marcel GIBAUD (50) d’après les personnages de DUBOUT. Une bonne distribution (Max DALBAN, GABRIELLO, DINAN, DEMANGE, DE FUNES), des décors assez réussis. Mais l’effet de surprise passé, cette « cacophonie » m’a encore une fois lassée et désintéressée.
      Dans cette chronique Bertrand Tavernier parle de LA GROSSE CAISSE de Joffé. J’en ai un bon souvenir. Je vais le revoir avec LE TRACASSIN du même.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A SERVANT Jean Pierre
        C’est pas terrible. Moins bien que FORTUNAT ou LES CULOTTES ROUGES

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier. JOFFÉ. Oui, FORTUNAT et LES CULOTTES ROUGES (un peu oublié celui-ci non ?) sont très bons.

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier (JOFFÉ)
          LA GROSSE CAISSE vieillit plutôt bien. L’humour y est omniprésent et le film joue sur les caractères opposés de Meurisse et Bourvil. J’ai souvent ri.
          Par contre il n’en est pas de même pour LE TRACASSIN OU LES PLAISIRS DE LA VILLE, film auquel j’avais trouvé des qualités il y a quelques années. Les tribulations effrénées de Bourvil dans Paris à bord de sa 2CV, empilant les pv gracieusement distribués par les pandores, portent vite « sur le système ». La scène du restaurant – qui était ancrée dans ma mémoire – ou Bourvil cherche désespérément une place pour déjeuner, alors que clients et patrons du resto ont les yeux rivés sur un écran tv qui diffuse un western, m’est rapidement devenue insupportable. J’ai capitulé, plus fatigué que Bourvil. Pour mémoire ce film avait obtenu le Prix de l’Humour 1962…

      • Damien D. dit :

        A Jean-Pierre oui LA RUE SANS LOI est bien mauvais malgré la distribution. « Cacophonie » est le mot, cela ne rimant pas avec bon comique, qui est ici d’une grande lourdeur. Au rayon déceptions ou purges j’ajouterai LA TOURNÉE DES GRANDS DUCS de Carbonnaux (le scénario est quasi oublié pour servir de prétexte à une succession de scénettes sur le « gai Paris »). L’IMPOSSIBLE MONSIEUR PIPELET où Hunebelle ne parvient en rien à utiliser le talent d’acteurs comme Michel Simon, Gaby Morlay dont on se demande ce qu’ils sont venus faire dans cette galère…

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A DAMIEN D. Je n’ai jamais vu LA TOURNÉE DES GRANDS DUCS.
          L’IMPOSSIBLE MR PIPELET m’avait semblé s’essouffler rapidement. J’avais trouvé plus de punch à MONSIEUR TAXI… pour Michel et son petit chien Gangster. Le genre de petit film que je glisse dans le lecteur juste pour passer un bon moment avec les acteurs.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean_Pierre
          Ce sont plutôt des films qui me dépriment par leur manque d’exigence et d’invention

        • Damien D. dit :

          Oui Bertrand et le manque de talent de Hunnebelle fait qu’il n’y a que des scènes statiques, une mise en scène sans invention et le peu de gags sont démodés déjà pour l’époque. Déprimant, peut-être et ennuyeux au final sûrement (ce qui n’est pas le cas des quelques films mis en avant plus haut et où l’on passe un bon moment). Il y a sûrement d’autres titres à dénicher qui sortent un peu du lot (je me rappelle avoir vu il y a quelques années un agréable L’AUBERGE FLEURIE (1957) de Pierre Chevalier où la joie de vivre de l’ensemble emportait l’adhésion. Ce film n’est malheureusement pas disponible en dvd mais dans une vhs René Château).
          Je ne compte pas trop sur quelques titres encore à côté de moi dont deux avec Fernandel (LE CHÔMEUR DE CLOCHEMERLE, LA VIE À DEUX, ce dernier pourtant écrit par Guitry)

        • Dumonteil D dit :

          « Les fanatiques  » se déroule en temps réel ,1h dans l’aéroport ,le reste à bord d’un avion …comme « le déserteur » et  » the set up »,c’est sa principale originalité

          « les assassins du dimanche  » conserve son actualité ..

          mais étrangement ,c’est son premier film que je trouve le plus intéressant « six heures à perdre  » (1946)
          Un étranger arrive dans une maison où il est pris pour un autre et règle leurs problèmes ; la fin est totalement inattendue ;un bon rôle d’André Luguet.

          A propos de « la rue sans loi » : indéfendable , le degré moins 10 du cinema français.

      • Jacques Maltais dit :

        LA GRANDE CAISSE est un excellent divertissement policier, avec un truculent tandem Bourvil- Meurisse de premier choix typique des 60’s. Les décors extérieurs de métro sont un atout supplémentaire à cette comédie policière bien ancrée dans les années 60. Le réalisateur Alex Joffé a parfois pointé un peu plus haut et plus grave, avec par exemple LES ASSASSINS DU DIMANCHE, thriller provincial sur le thème des chauffards et des garagistes « négligeants ». Il ne faut surtoit pas oublier le personnage de chauffard alcoolisé au début de LA FILLE DU DIABLE, dont le scénario est d’Alex Joffé. Un thème qui tient décidément à cœur de Joffé.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Jacques Maltais
          J’avais signalé ici LES ASSASSINS DU DIMANCHE où l’un des principales qualités était l’interprétation de jean Marc Thibault dans un de ses premiers rôles dramatiques (le premier ?) et mais n’ai jamais osé revoir LES FANATIQUES avec Fresnay, Auclair et Thilda Thamat. Joffé a été ambitieux

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Jacques Maltais et Bertrand Tavernier.
          Je n’ai jamais revu LES ASSASSINS DU DIMANCHE après une diffusion à la télévision il y a longtemps. Je l’avais trouvé assez fort. Je ne crois pas qu’il existe une édition vidéo de ce film. Dommage.
          LES FANATIQUES. Je ne le connaissais pas et je l’ai découvert avec une édition DVD il y a 3 ou 4 ans.
          Je ne l’ai pas trouvé mauvais, intéressant même surtout pour l’interprétation de Michel AUCLAIR.
          PIERRE FRESNAY en terroriste, j’ai trouvé ça… curieux.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean_Pierre
          Il y avait une edition dvd chez les même éditeur que LES FANATIQUES, LCJ je crois et je l’avais signalé

        • Jacques Maltais dit :

          LES ASSASSINS DU DIMANCHE est disponible chez Lcj.
          Par contre, LA FILLE DU DIABLE n’est toujours pas en vente. Incompréhensible.
          Et avec Fernand Ledoux, ce serait sympa d’éditer DANGER DE MORT ( avec une séquence digne de FREAKS).
          Concernant Raymond Bussières, j’aimerais bien revoir CASSE COU, MADEMOISELLE, une sympathique drôlerie autour de la Dyna Panhard, Bubu approche avec talent le génie de Buster Keaton.

        • Dumonteil D dit :

          A M.Maltais

          Par contre, LA FILLE DU DIABLE n’est toujours pas en vente. Incompréhensible.

          Combien de fois ai- je vanté sur ce site la performance extraordinaire d’Andrée Clément ??

        • Bertrand Tavernier dit :

          A D Dumonteil
          Ce n’est pas incompréhensible. Il y a eu des problèmes de droit, puis de qualité de matériel. Cela arrive

        • Denis Fargeat dit :

          A J Maltais
          … vous piquez ma curiosité, avec ce « Danger de mort »… renseignements pris, c’est une sorte de film à sketches avec personnage central, réalisé par G. Grangier en 1947 sur une idée d’Exbrayat… est-ce la séquence avec le nain Piéral qui vous fait penser à Freaks?

        • Dumonteil D dit :

          « danger de mort » est un film à la structure duvivieresque avec une situation qui rappelle « it’s a wonderful life » :le pharmacien mettant du poison dans son sirop « soleil » ; il essaie de sauver les gens auxquels il a vendu les flacons; c’est le cinquième ,où intervient le nain Piéral (voir aussi « l’éternel retour » « la princesse de Clèves ,etc), en souffre-douleur d’un cirque qui atteint des sommets de noirceur (la méchanceté d’un enfant donne le frisson).

          cette société a aussi produit un véhicule pour Noel Noel (Ademaï bandit d’honneur(aussi dirigé par Grangier);le seul film notable,en dehors de « danger » est une adaptation honorable de « Raboliot  » avec Julien Bertheau (de Jacques Daroy)

      • Denis Fargeat dit :

        … au sujet de « Danger de Mort »… je vois passer un fait étonnant, le film est une coproduction Pathé/Les prisonniers associés. Selon Unifrance cette dernière maison a produit 5 films entre 1946 et 1951. Pas de grands titres, mais des curiosités dont un « Interdit au public » cosigné par Richard Pottier et Fred Pasquali, qui fut un metteur en scène de théâtre et un acteur à la silhouette inquiétante.
        « Prisonniers associés », c’est intriguant…

    • Dumonteil D dit :

      je rendrai juste justice à Raymond Bussières d’avoir fait MON FRANGIN DU SÉNÉGAL

      Il faut entendre l’omniprésent Noel Roquevert prononcer les noms de Gary Cooper et d’ Errol Flynn ;et voir Raymond Bussières jouer deux personnages avec brio;et non God’art ne l’a pas loué celui-ci!

    • Denis Fargeat dit :

      … ce « temps des oeufs durs » donne envie ( titre intriguant?) mais j’ai peur d’être déçu, comme je l’ai été avec « Candide ». Au vu de sa petite réputation, et d’un casting impressionnant, je l’ai trouvé bien lourd … il est vrai que ce n’est pas un roman bien léger, mais à l’annonce de Jean-Pierre Cassel en Candide et Pierre Brasseur en Pangloss, j’avais rêvé un autre film… (peut-être une question de point de vue : Carbonnaux a fait le film de Pangloss, et quelqu’un comme Philippe de Broca aurait réalisé celui de Candide… on rêve, on rêve.)

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Denis Fargeat
        J’ai toujours trouvé que Carbonnaux, cinéaste sympathique, restait en dessous de ses projets. Qu’au mieux, il les illustrait sans jamais les transcender. Je voulais toujours les aimer et pour la plupart les trouvais pauvrement filmés, dirigés comme si on en restait souvent aux intentions.Il n’y en a aucun qui me fasse l’effet disons du CAVE SE REBIFFE

    • DIXON STEELE dit :

      Dans le genre nanar vu aujourd’hui L’Increvable, de Jean Boyer. Une comédie noire au scénario très frères Coen (toutes proportions gardées). Le patron d’un bar dancing (Le Joyeux Gardon) veut tuer son serveur (Darry Cowl, impayable !) pour toucher la prime d’assurance. Quelques villageois (dont Françis Blanche) lui donnent un coup de main. En vain. La victime est increvable. C’est assez pauvre, mais il y a les numéros d’acteurs et surtout le talent de Jean Boyer pour faire passer la joie de vivre. En particulier à travers les chansons de la patronne (Line Renaud, très bien). C’est sans ambition (avec lucidité) autre que susciter le rire et la sympathie. Toute une époque, une jovialité, une vie, une bonhomie dans les provinces françaises qui, en plein confinement, prend presque des allures de science-fiction !

  11. Jean-Pierre Servant dit :

    LA BATAILLE DE L’EAU LOURDE. J’ai revu ce film en décembre dernier (cadeau du père noël) avec beaucoup de plaisir, d’autant qu’il me semble qu’il était invisible depuis bien longtemps, sauf erreur. Sa dernière vision remontait pour moi à bien 40 ans. J’ai apprécié l’aspect quasi documentaire du récit avec une parfaite utilisation de stock shots bien intégrés aux scènes reconstituées. Sans grandiloquence, ni effets spectaculaires (on les trouve par contre dans LES HEROS DE TELEMARK de Mann),le film de Dreville et Vibe-Muller est captivant de bout en bout, appuyé de la participation de plusieurs membres des commandos ayant participé à ces opérations.
    Je me suis aussi demandé quelle était la part de travail de Titus Vibe-Muller sur le film, parce que souvent on dit : »LA BATAILLE DE L’EAU LOURDE » DE Jean Dreville, sans mentionner Vibe-Muller. Je n’ai pas trouvé de réponses. Mais je me demande si Dreville n’a pas réalisé les scènes du début (Joliot-Curie et quelques autres officiels), laissant à Vibe-Muller le soin de signer les séquences extérieures norvégiennes. Je comptais surle bonus joint sur ce DVD, mais il s’agit d’un court metrage assez remarquable d’ailleurs (UNCANNY VALLEY) qui, s’il traite aussi de la guerre, n’a rien à voir avec le sujet abordé par les deux réalisateurs.
    Il me revient à l’esprit que j’ai un long entretien de Jean Dreville réalisé de mémoire en 1996, mais je ne me souviens plus s’il abordait ce tournage « en profondeur ». Le fascicule joint au disque precise bien toutefois que l’idée du scénario est de Jean Dreville.
    Du coup je voudrais bien revoir son NORMANDIE -NIEMEN (1960), autre collaboration – ici avec un cinéaste soviétique – film qui me semble -t-il est sorti (ou va sortir) sur disque. Là aussi le souvenir est très vague. Pourtant je l’avais vu… mais c’est loin.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A SERVANT Jean-Pierre
      Il est disponible chez Gaumont et c’est vraiment pas mal, d’une sobriété parfois anonyme

      • SERVANT Jean-Pierre dit :

        A Bertrand Tavernier : NORMANDIE NIEMEN. Merci pour ces précisions de sortie vidéo et votre avis.

        • Dumonteil D dit :

          à AA

          « imitation of life » version Stahl-beaucoup plus proche du roman de madame Hurst – ne ressemble pas tellement à celle de Sirk;les quatre principaux personnages évoluent dans deux milieux totalement différents ;et Delilah (devenue Annie) est l’associée de Béa ,elle « reste à sa place » chez DS (cad domestique );ce côté réac est signalé dans  » 50 ans »

          Il y a moins de difference dans les »magnificent obsession » ,bien que le personnage de Randolph et son éthique chrétienne soit plus mis en valeur dans la version noir et blanc

          « Interlude  » est un film médiocre ,surtout comparé au film suivant (« a time to love and a time to die » ),qui est un chef d’oeuvre.

        • Dixon Steele dit :

          Un Dreville un peu oublié, tourné en 1941 sur la Côte d’Azur, Annette et la dame blonde (DVD Gaumont), se laisse regarder avec plaisir. Decoin est au scénario, il l’a écrit pour Darrieux, qui ne le fera pas (sur simple décision non motivée de Greven, dit-on), mais dont l’absence est bien présente à chaque plan (on y pense tout le temps, même si Louise Carletti ne s’en sort pas si mal que ça). Comme Caprices ou le trop méconnu L’Inévitable monsieur Dubois, il s’agit là de faire de la comédie américaine à la française. Ce qui, en s’appuyant sur une nouvelle de Simenon évoquant l’obsession mortifère d’une adolescente pour un avocat, s’avère pour le moins un curieux challenge ! Mais Dreville donne du rythme à la chose. Il enchaîne les panoramiques rapides, sa caméra est sans cesse mobile, il s’attache à de « petites scènes » où l’humanité de ses personnages surgit avec délicatesse (comme celle où l’héroïne parle à la photo de l’élu de son cœur en lui reprochant de ne pas la regarder dans les yeux). Il y a un moment savoureux dans le premier tiers, où nos héros vont au cinéma (dont le succès, d’après le père, vient du fait qu’on peut s’y toucher dans le noir), et où le scénariste et le metteur en scène s’en donnent vraiment à cœur joie (le film qu’ils vont voir est un cocktail de western et de mélo conjugal d’un ridicule achevé, le mot Fin surgit de l’écran du cinéma pour arriver au premier plan du film). Dreville se paie même le luxe de quelques scènes expressionnistes (une confession filmée exclusivement en ombre chinoise), voire oniriques (scène drôle et inquiétante d’un tribunal exclusivement composé de femmes avec des voix d’hommes). Bref, c’est trépidant, on sent qu’on prend du plaisir derrière la caméra, et c’est contagieux. Bien sûr, le rythme du film faiblit parfois, certains acteurs sont excessivement théâtraux, mais il y a de la bonne humeur. Et de l’énergie. On est loin de Simenon (même si la présence de celui-ci s’immisce sur la fin lorsque la folie de l’héroïne, d’abord légère et insouciante devient plus inquiétante et tourne presque au drame. On laisse vite tomber la piste, c’est une comédie, mais on l’indique. Et c’est habile.) Bref, une bonne surprise venant d’un cinéaste pour lequel je n’ai pas une passion dévorante.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A DIXON STEELE
          Vous me donnez envie de le revoir car je l’avais peu gouté et je le confonds avec L’ASSASSIN A PEUR LA NUIT

        • Dumonteil D dit :

          « Decoin est au scénario, il l’a écrit pour Darrieux, qui ne le fera pas  »

          Je ne crois pas avoir envie de revoir cette « Annette » qui m’a surtout donné envie de dormir ,mais qui sait?(pardon ,M.Steele )

          Puisque l’on parle de Decoin, je me rappelle avoir vanté « non coupable » et « la fille du diable » aux dépens notamment de « au grand balcon »

          M.Tavernier m’a repris …

          Une revision du film à l’instant (à la demande sur canal sat ,dans sa superbe copie restaurée ) m’a montré qu’il avait mille fois raison : »au grand balcon » est un très grand Decoin ,au même niveau que les deux autres et les grands films dramatiques de 1942 à 1951 (en gros des « inconnus » à « bébé donge » )

          L’arrivée de la compagnie des « Sioux » dans la pension tenue par deux vieilles filles est un morceau d’anthologie ,avec un Georges Marchal déchainé. On y retrouve une camaraderie proche de celle de  » rendez-vous de juillet » ;et une attaque des bien-pensants qui méprisent ces jeunes qui ont combattu pour eux pendant la guerre..

          Et que de scènes fortes et contrastées !Et quel sens de l’ellipse!Et la musique de Joseph Kosma est sublime!

          -Marchal rampant dans la neige pour atteindre un endroit élevé « pour que sa mère puisse toucher l’assurance si on retrouve son cadavre »,soudainement suivie d’une scène « heureuse » ,elle-même interrompue par l’intervention du patron qui gâche le simple bonheur de retrouver un ami vivant (un patron qui efface les noms des morts sur un tableau)

          -Didier saôul et fêtard , interrompu par ses tantes ,scène comique , qui sans transition passe au drame avec l’arrivée de Maryse ,la secrétaire, qui annonce la disparition de Fabien .

          Les relations entre personnages sont passionnantes :

          Rarement le vieil adage « la haine est proche de l’amour » a été plus vrai que dans la relation Fresnay/Marchal ,tous deux au sommet de leur talent.

          De même la relation que l’on peut qualifier de père/fils entre Marchal et le jeune Didier (le prénom n’est sûrement pas choisi par hasard !); la manière dont les tantes apprennent la tragédie , et ce porte-cigarettes ,un simple objet ,qui bouleverse le spectateur.Et à cause de lui, on n’arrive même pas à haïr Carbot.

          Decoin ne se permet même pas la classique relation amoureuse entre Fabien et Maryse ;celle-ci n’est que suggérée in fine
          .Parallèlement , le film esquisse presque une idylle entre un des personnages et une vieille fille pure et dure .

          Peut-être ,après tout, me faudrait-il revoir aussi  » Annette » ?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A D Dumonteil
          Merci pour cette analyse superbe

        • MB dit :

          AU ROYAUME DES CIEUX: je n’ai pas réussi à repérer Colette Déréal (Lucienne) qui joue deux ans plus tard dans CET HOMME EST DANGEREUX, pourtant elle doit bien avoir quelques répliques! Qui est la jeune femme qui montre sa jambe et engage Cloutier à lui tâter la poitrine? Aux USA l’affiche a beaucoup insisté sur le côté déshabillé du film et bien sûr ce personnage s’y retrouve! Par contre Dumonteil, ce n’est pas Gréco qui joue la suicidaire mais Renée Cosima (IMDB).
          Duvivier réussit dans la scène du dortoir au début, une profusion de plans étourdissants sur les jeunes filles, en gros plans, par groupe, sortant leur réplique comme des gifles, leurs rires, des plans muets parfois, et je ne m’en sortais plus de faire des copies d’écran! Des plans trop courts et nombreux pour bien les détailler d’où l’impression de profusion! Je voudrais pointer la scène de la bagarre au lavoir entre Basile et Christiane Lénier qui a lieu sur trois niveaux différents, les bagarreuses s’empoignant et se tapant dessus en dévalant ou remontant des marches, suivies par une caméra à la souplesse et vivacité surprenantes aux allures de Steadycam mais on est en 51. Ailleurs, Duvivier se permet des mouvements filés qui brouillent l’image par leur vitesse, comme pour suivre un projectile dans un western de Gordon Douglas! Incroyable, jubilatoire (la bacchanale dans la cuisine envahie!), et poignant (la fin est-elle vraiment heureuse?).

    • MB dit :

      à JP Servant: Lourcelles qui est amoureux de L EAU LOURDE et offre quelques belles phrases: « Dréville revendique l’entière paternité du film… » et pour Viebe-Muller (« le monteur qui avait préparé le film ») que par accord avec la Norvège, dans les pays dont la distribution était assurée par celle-ci, le générique porterait son nom.
      Je suis moins enthousiaste pour ce film dont j’attendais peut-être trop et depuis longtemps mais c’est vrai que la poésie des skieurs la nuit c’est magnifique… J’étais surpris du peu de suspense dans l’action de sabotage elle-même qui s’effectue avec toute la facilité possible, mais c’est pas un film d’action!
      et il faut que je revoie l’autre bataille, celle du RAIL!

      • MB dit :

        les belles phrases c’est à propos du lyrisme de Lourcelles qui s’enflamme dans sa description des skieurs et des paysages, pas sur ses révélations de paternité du film, c’est mal tourné mon truc!

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A MB. L’EAU LOURDE. En tout cas merci pour ces précisions précieuses sur la fonction de Vibe-Muller sur le film. Je vais revoir mon doc. entretien Dreville pour vérifier ce qu’il dit de ce tournage. Personnellement je préfère cette oeuvre au film de Mann (1965) qui bien que captivant privilegie le grand spectacle et surtout encombre le récit d’une histoire sentimentale.
          Je le redit, c’est l’aspect quasi documentaire du film de Dreville qui me passionne. Je suis par contre totalement en accord avec Bertrand Tavernier sur le jeu assez mauvais de Joliot-Curie et quelques autres personnages réels liés à ce fait d’histoire. Mais pour leur décharge, ils ne sont pas acteurs.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean-Pierre
          Je n’ai jamais trouvé le Mann captivant. Je crois même que c’est un des films les plus ternes, avec STRATEGIC AIR COMMAND, CIMARRON et LE PROT DES PASSION qu’il ait tourné

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier : TELEMARK. Effectivement c’est loin de ce que je préfère de Mann. Comment dire ? Ces HÉROS DE TELEMARK est le genre de film « de guerre » que je vois comme un film « d’aventures », la guerre étant une toile de fond. Je le rapproche un peu d’OPERATION CROSSBOW d’Anderson ou de QUAND LES AIGLES ATTAQUENT de Hutton. Quand la guerre (avec toute l’horreur contenue dans ce mot) devient sujet de spectacle, de divertissement. Il y a d’autres titres du même acabit je crois.
          Je n’ai pas revu (je l’ai pourtant sur disque), LE PORT DES PASSIONS et il me semble que je l’avais trouvé moyen. Je n’ai pas pu aller au bout de CIMARRON. Je n’ai pas accroché.

        • Mathieu dit :

          A Bertrand et Jean Pierre Servant:
          THE GLENN MILLER STORY n’est pas bien enthousiasmant non plus.

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Mathieu
          Je n’ai pas vu THE GLENN MILLER STORY, donc pas d’avis. Par contre, pour rester dans le « musical », j’ai découvert SERENADE tourné par Mann en 56 avec le ténor Mario Lanza, Joan Fontaine et Vincent Price. Sans être exceptionnel, le scénario est plutôt pas mal et en tout cas superieur a d’autres interprétés par ce tenor.
          J’avoue avoir acheté ce DVD pour Lanza, donc pour ses prestations vocales, étant un inconditionnel de l’artiste. Mais je me suis demandé quand même pourquoi le studio (Warner je crois) avait choisi Anthony Mann pour réaliser ce type de sujet.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A SERVANT Jean-Pierre
          C’est un projet qui a connu beaucoup d’avanies. Le scénario tiré d’un roman de James Cain et conçu pour quelqu’un comme James Garfield abordait l’homosexualité. Puis il a dérivé et on a fini par distribuer Lanza et il ne restait quasiment rien de l’idée initiale

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Bertrand Tavernier : SERENADE. Oui quand j’ai vu le nom de Cain au générique je me suis posé la question. Parce que le sujet – bien qu’intéressant et Lanza y est bien aussi dans les séquences non musicales – m’a laissé perplexe avec le nom de Cain. Je comprends mieux.

        • Alexandre Angel dit :

          A Mathieu,
          Le problème de THE GLENN MILLER STORY est June Allyson. Elle me plombe aussi LES AMANTS DE SALZBOURG, de Douglas Sirk.
          J’ai toujours trouvé qu’elle avait une tête de chausson aux pommes, faut pas m’en vouloir…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          Le problème, c’est aussi un peu le film qui est une biographie peu exaltante avec ou sans June Allyson

        • SERVANT Jean-Pierre dit :

          A Alexandre Angel (JUNE A. )
          « Une tête de chausson aux pommes »
          Vous êtes dur.
          En fait je la connais très mal. Je n’ai pas de titres de films qui me reviennent à l’esprit. Pour moi elle est associée à un certain cinéma us des années 50. Mais citer des titres, aïe !

        • Mathieu dit :

          A Alexandre Angel et Bertrand:
          Ça fait des années que j’ai le dvd des AMANTS DE SALZBURG et je n’ai jamais pu me décider à le voir car je suis allergique à June Allison mais encore plus à Rossano Brazzi (Brazzite chronique et incurable). Je garde le dvd pour son dvd bonus avec le très beau film original de Stahl WHEN TOMORROW COMES avec Irene Dunne et Charles Boyer. A propos le cercle Jean Zay d’Orléans à organisé il y a quelques mois une reconstitution du festival de Cannes de 1939 qui n’avait pu avoir lieu pour cause de guerre mondiale et on y a donc projeté LOVE AFFAIR de Mac Carey et je me demande quelle genre de copie, s’il y a une bonne copie disponible qui pourrait déboucher sur un dvd…

        • Denis Fargeat dit :

          A Mathieu
          Pour « Glenn Miller Story », Mann a été une des victimes de la grande épidémie de Biopic qui sévissait alors, surtout à la Universal je crois… mais c’est un mal qui resurgit périodiquement et ne s’éteint que pour laisser place à un autre…

        • Dumonteil D dit :

          Elle me plombe aussi LES AMANTS DE SALZBOURG, de Douglas Sirk.

          C’est vrai et c’est d’ailleurs le seul des remakes de Stahl qui ne transcende pas l’original ; »when tomorrow comes » est même plus intéressant et moins pesant;on y voit un ouragan et une inondation (une petite tempête dans le remake) et des préoccupations sociales qui sont absentes ; le personnage de la femme malade apparait trop tard et fait ressembler l’histoire à un ersatz de « Jane Eyre « 

        • Bertrand Tavernier dit :

          a Dumm teil D
          Exact

        • Alexandre Angel dit :

          A Dumonteil
          C’est vrai, j’avais complètement oublié qu’INTERLUDE était le remake (mais qui ne ressemble pas à un remake, je trouve) de WHEN TOMORROW COMES, très intéressant film de John Stahl et qui fait partie des somptueux bonus (on doit dire boni ?) du second coffret Carlotta consacré à Douglas Sirk.

        • Alexandre Angel dit :

          A Jean-Pierre?
          « Une tête de chausson aux pommes »
          Vous êtes dur.

          En même temps c’est sympa un chausson aux pommes!
          Plus sérieusement, je trouve June Allyson ni laide, ni antipathique mais réellement rebutante en termes de glamour, pas du tout sexy, convenue, sage… au contraire d’une Jane Wyman qui dégage une séduction, une sensualité discrète…

        • MB dit :

          chausson aux pommes peut-être mais qui sort d’une pâtisserie de luxe alors, surtout dans BATTLE CIRCUS

          (AA vous avez pris des risques, là, gaffe au JA fan club, ils sont terribles ils vont plus vous lâcher!)

        • Alexandre Angel dit :

          A MB,
          Je viens de trouver un chausson aux pommes cloué sur ma porte. Je flippe.

        • MB dit :

          à AA « qui fait partie des somptueux bonus (on doit dire boni ?) »
          non, non y’a que Ballantrae qui dit ça!

        • ballantrae dit :

          L’histoire de « boni » vient moins de mes jeunes et nombreuses années latinistes que de l’expression d’Agnès Varda que j’avais trouvée rigolote et du coup adoptée: un bonus, des boni…

        • MB dit :

          à Ballantrae
          n’oubliez pas le vocatif, l’accusatif, le datif, l’ablatif et les autres pour le mot « bonus »!
          bon, bref!

  12. yves rouxel dit :

    Premier plan fixe,le vent souffle légerement et l’on voit un troupeau de vaches avançait dans un sol boueux.C’est l’automne la pluie fine tombe et les vaches font une pause dans la cour de la vieille ferme.Là un homme entre dans le champ et s’avance vers la fenètre et constate que le temps est en pleine suspension.Voilà on est plonger durant 7 heures 30 dans une oeuvre unique qui se rapproche des films de Bresson ou de Bergman. »Satantango »de Bela Tarr nous absorbe dans cet univers étrange ou le mystère de la vie et de la mort plane tout au long de cette odyssée humaine.Les silences et le bruit du vent se fondent dans une réelle symbiose entre le bien et le mal.Un corbeau apparait et lache son cri sous un ciel gris et froid,les hommes sortent de la maison sans parler.Plus tard on les retrouve dans un café-bordel ,les visages des hommes sont creusés par le froid,la pluie et le travail.L’alcool réchauffe leurs ames endormies par la fatigue et les désillusions de l’existence humaine.Le réalisateur dans les rares entretiens qu’il à accorder à toujours dit qu’il ne faisait pas des films pour gagner de l’argent mais qu’il voulait ouvrir les consciences anesthésiés par les pouvoirs politiques.La Hongrie comme ses voisins était un état totalitaire et l’est encore aujourd’hui avec une montée flagrante du nationalisme avec l’appel à la haine envers les étrangers. »Satantango »est à voir car il recèle à travers sa mise en scène et le contenu du scénario une force incroyable sur le pouvoir de la vie face à la mort dont beaucoup d’entre nous craignent.J’espère que je n’ai pas plombé le moral des blogueurs fragiles .Il y a un très bon papier dans le positif d’avril.

  13. MB dit :

    l’autre jour je parlais d’un doc très moyen sur Melville, je peux conseiller l’excellent KUBRICK PAR KUBRICK avec le concours de Michel Ciment, passionnant! sur Arte en riplè et rediffusé une fois:
    https://is.gd/acMN3c

    • Denis Fargeat dit :

      A MB
      Merci, et vive le talentueux mr Riplé!

    • yves rouxel dit :

      A mb.Oui j’ai vu ce documentaire qui est très interessant à plusieurs titres.Tout d’abord Michel Ciment est le seul journaliste-écrivain à avoir entretenu des rapports amicaux avec Stanley Kubrick.Il me reste à découvrir le concert filmé l’an dernier à la maison de la radio.Merci encore à Arte.

    • richpryor dit :

      J’hésitais à le regarder ayant fait une overdose de Kubrick il y a quelques années mais c’est trop alléchant pour passer à côté. Ce cinéaste ne cessera jamais de fasciner, ce qui peut se comprendre, c’était un génie, mais je trouve que certains films sont surfaits notamment ORANGE MECANIQUE (excellent Malcolm McDowell, superbes décors, bonne utilisation de la musique mais trop de longueurs notamment) très très inférieur au roman qui est selon moi un chef-d’oeuvre absolu. Burgess a écrit un article très drôle en tant qu’Alex pour la sortie d’un livre sur le film édité par Kubrick. Il se moquait de Kubrick, du film et l’appelait Zubrick the Bookmaker.

      • DIXON STEELE dit :

        Un autre portrait de Kubrick amusant, celui qu’en dresse Terry Southern dans son roman Blue Movie. L’idée lui est venue en regardant un film porno avec Kubrick pendant le tournage de Folamour, dont il était scénariste. Il a commencé à écrire cette histoire d’un metteur en scène réputé tournant un film pornographique à gros budget. Et s’est inspiré du modèle qu’il avait sous la main. Kubrick a joué quelques années avec l’idée d’adapter le roman, qui n’est paru qu’en 1970. Puis John Calley, qui vivait à l’époque avec Julie Andrews, a demandé à Mike Nichols de travailler sur une adaptation où elle jouerait l’héroïne. Gros budget, 14 millions de dollars, l’affaire est tombée à l’eau du fait de l’avocat trop gourmand de Ringo Starr (qui avait acheté les droits du roman). Blake Edwards s’est inspiré ensuite du livre et de cette idée de faire jouer un « porno soft » à Julie Andrews pour écrire SOB. Il y a quelques années, c’était au tour de Soderbergh de parler d’une adaptation. Je ne sais pas où en est le projet. Mais le livre reste le portrait cocasse de toute une époque, et d’un réalisateur hors du commun ! En passant, drôle de zèbre que ce Terry Southern, né au Texas, grand pape de l’humour noir, voire grotesque, qui du nouveau journalisme passa au scénario, en signant ceux de Ce cher disparu de Richardson, de Eye of the devil de Jack Lee Thomson, du Kid de Cincinatti ou encore d’Easy Rider. Gallmeister a publié certain de ses livres (mais pas Blue Movie). Pour l’anecdote, c’est lui qui a « découvert » Orange Mécanique, en a acheté les droits, a failli le monter avec les Rolling Stones au milieu des années 60, (la commission de censure a mis son véto) avant de passer le roman à Kubrick. Et, titre de gloire, son portrait figure sur la pochette de Sergent’s Pepper, des Beatles !

        • Denis Fargeat dit :

          A Dixon Steele
          Merci de rappeler Terry Southern, qui a l’air d’avoir été un fameux sale gosse, et qu’on trouve derrière quelques uns des films les plus barrés des années 60 ( ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais « Candy » d’après son roman est divertissant, et dans quel autre film peut-on voir un Charles Aznavour bossu grimper aux murs? je retrouve dans ce film la même folie, le même mauvais esprit que dans « Dr Folamour », « Casino Royale », « The beloved one » … un esprit proche du magazine Mad il me semble…)

        • DIXON STEELE dit :

          Ce The Loved one est sans doute le film que je préfère de Tony Richardson. Bien sûr, il y a tout l’esprit d’Evelyn Waugh, revu et corrigé par Terry Southern et Christopher Isherwood, mais la mise en scène de Richardson est tout à fait à l’avenant de cette réunion de talent, et contribue grandement à la réussite de cet improbable (et inédit ?) cocktail d’humour anglais et d’humour noir de Mad. C’est un film qui mériterait vraiment d’être plus connu. Drôle de carrière que celle de Richardson, qui après ce premier film américain (suivant ses films free anglais) n’a plus fait grand-chose de mémorable, me semble-t-il. Si les tenants de La Nouvelle Vague française ont connu quelques errements, l’ensemble de leur carrière témoigne néanmoins d’une certaine cohérence, moins évidente chez leurs contemporains du Free, dont l’impact de départ s’est délité. Est-ce le fait des sirènes Hollywoodiennes ? C’est certainement Reisz qui s’en est le mieux sorti, réussissant en dépit de tous les vents contraires et de tous les projets avortés à conserver son talent des deux côtés de l’Atlantique. Il me semble que Schlesinger et Richardson s’y sont un peu perdus. Quelques hauts, mais beaucoup de bas. Resté en Angleterre, Lindsay Anderson lui a continué d’affûter son style, même si le résultat est assez inégal, il y a su garder une vraie cohérence, une patte immédiatement reconnaissable.

      • Alexandre Angel dit :

        A Richpryor,
        ORANGE MECANIQUE, film éblouissant, prête à un bien des reproches, des réserves.
        Mais des longueurs, je vous jure que je ne vois pas (à la limite, BARRY LYNDON, qui est pourtant mon Kubrick préféré).

        • richpryor dit :

          A Alexandre Angel:

          Un exemple: la scène de l’arrivée d’Alex en prison. Interminable et complètement inutile (c’est mon avis).
          Alors qu’il n’y a pas une phrase de trop dans le roman.
          Le film m’avait énormément impressionné la première fois (à 17 ans il faut dire). Puis la deuxième fois beaucoup moins. Et la troisième fois il y a eu des moments d’ennui.

        • Damien D. dit :

          Kubrick est immense mais je trouve aussi qu’ORANGE MECANIQUE à la re-vision a assez vieilli et la deuxième partie dans la prison moins intéressante que la première… Le problème avec Kubrick c’est que c’est avant tout un créateur de forme. Il se dégage une certaine froideur de ses personnages qui abouti parfois à un manque d’empathie ou d’identification de la part du spectateur (le personnage de KIRK DOUGLAS est un contre exemple dans PATHS OF GLORY notamment). Mais esthétiquement Kubrick est un maître absolu.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Damien D
          Dans les premiers Kubrik, avec James B Harris, il y avait encore une empathie, un regard un peu humaniste qui va disparaitre. Déjà quand il reprend Spartacus, on apprend dans la bio de Trumbo qu’il essaye de rétrécir le sujet du film, de minimiser sa portée universelle d’où des bagarres avec le scénaristes. Des échanges de lettres assez virulentes où Trumbo met les pieds dans le plat. Cette distanciateur donne des effets assez aigus et perturbants dans FULL METAL JACKET, Barry Lyndon mais aussi un coté désincarné

        • MB dit :

          KUBRICK
          « Il se dégage une certaine froideur de ses personnages qui aboutit parfois à un manque d’empathie ou d’identification de la part du spectateur »
          « Dans les premiers Kubrik, avec James B Harris, il y avait encore une empathie, un regard un peu humaniste qui va disparaitre. »
          à DD et Bertrand: ah je suis pas le seul à avoir remarqué ça! Voyez dans la scène de SENTIERS DE LA G où la jeune femme (que SK épousera plus tard) est forcée à chanter devant les soldats qui la charrient bruyamment, et que sa chanson leur impose le silence, je crois que l’émotion eût été exploitée bien plus chez un autre. Ca reste froid. Mais l’émotion eût aussi pu être exploitée excessivement par d’autres avec torrents de violons, et l’émotion n’est pas humaniste, c’est physique. De même le ressort de l’identification par le spectateur qui a été surexploitée comme ressort dramatique (ça va avec la dictature de l’intrigue?) SK va glisser dans une espèce de distanciation avec les hommes et peut-être sa famille: pourquoi un enfant plaque-t’il sa famille et va-t’il se livrer à une secte, sinon à cause d’un problème familial? (je pense à sa fille). Pour SPARTACUS, Douglas écrivit que SK ne vit aucun problème à signer à la place de Trumbo bon, c’est Douglas mais ça a l’air sincère.
          Je ne rentrerai pas plus dans la tête de SK, ça va devenir du people façon cinéphile…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Les allégations de Douglas sont contredites par le producteur Edward Lewis qui déclare n’avoir aucun souvenir de la scène

        • Denis Fargeat dit :

          … j’hésitais à le dire, mais j’enfonce cette porte ouverte: celle de la froideur de Kubrick, qui m’a toujours gêné. Il m’arrive de la voir comme un surplomb assez désagréable, pour ne citer qu’un film ,le personnage de Barry Lyndon est assez maltraité – je ne parle pas de ses malheurs mais du regard glacial porté sur lui.
          Cette froideur, ainsi que la perfection formelle (sans parler de la position de retrait ) m’ont toujours inspiré le même genre de sentiment que l’écoute de Glenn Gould. ( et il y a l’idolâtrie encombrante, pour certains Kubrick est LE cinéaste comme Gould incarne LE pianiste). Mais comparaison n’est pas raison ( ni compas d’ailleurs.) (???)

        • Mathieu dit :

          A Denis Fargeat :
          Gould n’est pas pour moi LE pianiste, il y en a beaucoup d’autres mais je ne le qualifierais pas de froid ni de distant enfin pas toujours et je ferais une distinction entre le pianiste et le théoricien, ce que ne font pas les idolâtres justement, pour Gould comme pour certains cinéastes.
          Gould pour moi n’est pas tant froid que réducteur, il réduit certaines musiques à son style, des musiques qui sont beaucoup plus que ce qu’il donne à entendre et il faut conseiller à ses idolâtres d’écouter d’autres versions. Mais dans les suites françaises ou les toccatas de Bach il transmet une énergie, un pur plaisir de jouer vraiment grisant et addictif (comme Martha Argerich dans son unique disque Bach). Mais dans Mozart il me fait vraiment l’effet d’un sale gosse qui veut faire son intéressant.
          Kubrik je n’aime que ses premiers films et même là j’y ressens parfois une froideur surplombante d’entomologiste observant des insectes se dévorant entre eux (dans THE KILLING). On peut montrer l’ironie du destin sans ricaner avec lui.

        • Mathieu dit :

          A Denis Fargeat:
          Glenn Gould suite:
          Si je devais comparer Glenn Gould à un cinéaste ce serait Ozu: l’un et l’autre ont choisi de limiter leur palette, ont renoncé non pas arbitrairement mais par une nécessité intérieure à certains moyens expressifs. Gould à la couleur, à la pédale, au legato, au rubato, etc… Ozu aux mouvements de caméra, aux changements de focales, etc…
          Mais comparer un cinéaste et un musicien interprète n’est pas très valable, on en fait trop avec les interprètes, le créateur c’est le compositeur.

        • MB dit :

          SPARTACUS merci Bertrand, ça ne me surprend pas

        • Alexandre Angel dit :

          La froideur de BARRY LYNDON est contrebalancée par la réelle empathie du réalisateur pour son héros quand meurt son petit garçon qui est une des scènes de ce genre qui m’a le plus marqué et bouleversé, avec cette progression dans l’inéluctable.
          Et tout ce qui suit jusqu’à la scène du duel rachète en partie le personnage.

        • MB dit :

          à AA: oui mais il est évident que la distance de SK avec son personnage, distance qui va jusqu’à le montrer comme un minable arriviste est justifiée par le fait que pour lui, le personnage de Lyndon n’est qu’un outil pour explorer l’Europe occidentale de ce temps là, un aventurier ne peut que chercher à infiltrer différents milieux jusqu’à trouver enfin son bonheur: l’ascension sociale, et ces milieux est ce qui intéresse SK. Lyndon est la caméra qui explore le temps! Mais il est vrai que l’aventurier arriviste eût pu être un peu plus excitant (intellectuellement!) que Ryan O’Neal, le Candice Bergen (*) mâle. On peut trouver émouvante sa rencontre avec l’Irlandais qu’il est chargé de trahir puisqu’il y renonce et pleure en avouant! la mort du petit aussi, mais je trouve que même un acteur sobre aurait pu en faire plus, décidément, même avec la justification de l’importance de mise en scène de trouver un acteur discret et sobre pour jouer un minable arriviste qui sera le faire-valoir de ce qui l’entoure: lieux, classe sociales, représentants du pouvoir, O’Neal, non! Cet acteur est catastrophique, même Mitchum aurait donné des signes certes discrets, à mon avis O’Neal n’a strictement rien compris à ce qu’il faisait dans ce film, et SK n’a pas dû beaucoup le diriger, son point de vue sur les acteurs est hitchcokien.
          (*)et Bergen a pu être bonne, enfin, dans la note au moins (LE GROUPE) que les admirateurs de CB ne m’agressent pas!

  14. Damien D. dit :

    Vous citez fort justement Bertrand Blier : il faut encore rendre justice à ce réalisateur pour lequel l’adjectif « surréaliste » n’est pas galvaudé : il est en ligne directe avec ce qu’un Bunuel, un Ado Kirou auraient adoré. Un cinéma anticonformiste, décalé, grinçant et cynique, onirique, plein d’humour, n’occultant jamais une satire et analyse sociale. Je ne vois dans les cinéastes contemporains qu’un Quentin Dupieux pour marcher sur ses pas. Dupieux allant même parfois plus loin que son aîné dans le délirant : voyez ses meilleurs films comme STEAK, RUBBER (que vous aviez cité Bertrand dans une chronique de 2012), RÉALITÉ et son dernier opus LE DAIM avec un Dujardin impeccable (déjà présent chez Blier et son amusant BRUIT DES GLAÇONS).

    • Denis Fargeat dit :

      A Damien D
      Pour Dupieux, j’ajouterai  » Wrong », « Wrong cops » et  » Au Poste », ce dernier qui est comme un polar du dimanche soir vu dans un état second – ou « Garde à vue » raconté par un martien.

    • richpryor dit :

      J’avoue n’avoir rien aimé de Dupieux jusqu’au DAIM. Là pour le coup j’ai vraiment trouvé ça très drôle, c’est vrai que Dujardin est parfait pour ce genre de rôle et il y a Adèle Haenel. Le film est plus ancré dans un certain réalisme et c’est le personnage qui est décalé par rapport à la réalité, ce qui fait le comique. Dans les autres films tout est ridicule, c’est trop facile et peu drôle je trouve.

      • yves rouxel dit :

        A richpryor.Quentin Dupieux est un homme orchestre à l’esprit libre et fortement aiguisé.Découvrez ses films car il flirte avec l’absurde de façon intelligente puis il y a cette couche d’humour noir qui me plait beaucoup,teinté d’un fort réalisme social.

        • richpryor dit :

          Mais je les ai vus. Ils ne m’ont pas plu, à part le DAIM et quelques scènes de REALITE. Et en écrivant ces mots je me souviens soudainement de STEAK. J’avais oublié STEAK! Voilà un film très drôle et réussi. Donc j’aime son premier et son dernier film.

        • Damien D. dit :

          A richpryor : tout a fait d’accord, STEAK est un chef d’oeuvre dans son genre. J’avais un peu moins goûté à WRONG plus languissant et un peu moins inspiré. AU POSTE est plus modeste mais la fin vaut le déplacement et les acteurs formidables. RUBBER est pourtant un des films les plus « osé » de la décennie avec ce pneu tueur ! Mais je comprend que cela puisse dérouter. Quand à REALITE il nous emmène dans les tréfonds de l’absurdie (dans le bon sens du terme) et le scénario est un casse tête entêtant ! Ajoutons que Dupieux non seulement écrit et réalise mais compose également ses musiques sous le peudo de Mr Oizo.

        • MB dit :

          Dupieux? RUBBER c’est si tôt vu si tôt oublié, yen a un autre je ne me souviens même pas du titre, l’incongrüité à tout prix c’est casse-gueule. Les films les plus absurdes de Nicloux à côté c’est bien au-dessus (sauf VALLEY OF LOVE mais L ENLEVEMENT DE MH et THE END c’est quelquechose!). Du coup je n’ai pas vu LE DAIM.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Je serais assez d’accord vous. Malgré la folie, l’originalité du propos je trouve que RUBBER s’épuisait après 30 minutes et le premier que j’ai gouté est LE DAIM

        • MB dit :

          Alors voyons LE DAIM! vous êtes pas le premier.

        • Damien D. dit :

          A MB et Bertrand : vous ne sauvez qu’un seul film de Dupieux, c’est peu. Essayez STEAK ou REALITE alors (il est vrai que le dvd du premier est épuiséje crois). Après si ça ne passe pas, ça ne passe pas : pas question de se forcer…
          Oui pour Nicloux : son ENL. DE MICHEL HOUELLEBECQ est un sommet et j’en avais dit bien sûr le plus grand bien sur le post ou Bertrand en avait parlé… La suite THALASSO n’était pas au même niveau du premier opus cependant…

        • MB dit :

          L ENLEVEMENT DE MH est l’un des films les plus drôles que j’ai vus, pourtant le héros me déplaît totalement dans sa communication en tant qu’écrivain (mais je l’ai jamais lu à part ça).

  15. MB dit :

    à Bertrand: vous n’avez pas de nouvelles de Brion à tout hasard?
    il présente plus son émission, confiné d’accord mais FT devrait avoir une webcam à lui confier!

  16. Malassenet Georges dit :

    votre présentation du livre consacré à Mireille Balin me donne furieusement envie de le lire. Une question cependant vous dites qu’y est reprise l’affirmation – déjà parue dans divers ouvrages antérieurs – que M. Balin aurait été violée par des FFI. Ce que contredit le livre de Christine Leteux  » Continental films  » préfacé par… Bertrand Tavernier qui parle dans cette préface de « révélations stupéfiantes sur le destin de M. Balin. à aucun moment, C. Leteux ne parle de cette tragédie. Il n’y avait aucune raison qu’elle la taise Alors, où est la vérité ? Un dernier mot la pièce de Kleist que vous citez
    (un des grands rôles au théâtre de Gérard Philipe) se nomme Le prince de HOmbourg et non de Hambourg. Une confusion qui vient facilement sous la plume.
    Bien cordialement.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Malassenet Georges
      Difficile à savoir sur Mireille Balin. Ce que dit Leteux et Gautelier avait moins d’outil qu’elle. Mais il a dépouillé pas mal de pièce est sans doute juste mais il reste des détails troublants

      • demachy dit :

        Vous avez bien raison, Bertrand, de conseiller le livre de Loïc Gautelier sur Mireille Balin : c’est une biographie réellement sérieuse (il y en a peu, finalement, sur les acteurs français d’avant-guerre), pour laquelle l’auteur a trouvé des documents et témoignages étonnants ou touchants (comme ces lettres de Mireille Balin à son père, des photos d’enfance, etc.). Le seul petit bémol concernerait peut-être des passages un peu plus faibles dans les chapitres consacrés à des films en particulier, mais c’est minime en regard du travail global qui est formidable.
        En revanche, je ne comprends pas pourquoi vous dites que « Gautelier avait moins d’outils » que C. Leteux alors que, sur le sujet en question, c’est de toute évidence le contraire. Leteux n’a pas enquêté sur Mireille Balin (ce n’était pas l’objet de son étude, d’autant moins que celle-ci, rappelons-le n’a pas travaillé à la Continental) mais, simplement, dans son chapitre sur l’épuration, a estimé intéressant (à juste titre) de lui consacrer une page après avoir trouvé un rapport des RG de 1945 démentant la « légende » selon laquelle l’amant allemand aurait été tué en tentant de fuir. Les quelques lignes qu’elle écrit sur l’arrestation (p 348) restent neutres sur les conditions de cette arrestation. Or, je viens de la vérifier dans son ouvrage, sur ce point précis, Gautelier a bien, lui aussi, consulté ce même document mais aussi divers autres (rapports, interrogatoires…), notamment de septembre 1944, trouvés dans plusieurs archives (Archives départementales des Alpes Maritimes, Préfecture de Police, registre d’écrou…) (notes pp 400-401) : je doute que l’on puisse faire plus précis ! De toute évidence, la violence des FFI venus arrêter le couple, et qui auraient violé Mireille Balin, n’apparaît pas dans ces documents – ce qui n’est guère surprenant. Loïc Gautelier se base, en l’occurence, sur des témoignages ultérieurs de Mireille Balin (« On m’a frappée et humiliée dans mon âme et dans ma chair », dit-elle en 1961). On peut toujours estimer que les interviews qu’elle a accordés à cette époque sont sujets à caution, mais au moins Gautelier référence de façon précise ces déclarations. Et, comme il l’explique, la légende de l’arrestation dans une cave semble provenir d’échos erronés publiés dans certains journaux de septembre 1944.

  17. Ballantrae dit :

    Maurice Barrier que vous aviez dirigé, Bertrand, pour La vie et rien d’autre est décédé des suites du covid.
    Je l’ai revu récemment dans E la nave va ( quel film génial!) en fier chanteur russe qui entre autres exploits hypnotise un poulet par la force de sa voix.
    Il arpentait le marché d’Avallon en Bourgogne quand j’y vivais il y a plus de 20 ans et il avait une sacrée présence même dans la vraie vie.
    Un corps, une voix, un regard vif.

    • yves rouxel dit :

      A ballantrae.Oui Maurice Barrier à été une sacré gueule du cinéma français.Il a beaucoup tourner pour la tv dans des dramatiques.Je pense que Serge Regourd en parle dans son excellent ouvrage consacré aux seconds roles du cinéma français.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A yves Rouxel
        Je me souviens de lui en Mackie dans l’Opéra de quatre sous version TEP (cd disponible je crois) et j’ai adoré travailler avec lui dans LA VIE ET RIEN D’AUTRE

  18. Alain Coquil dit :

    Bonjour. Merci à vous Bertrand Tavernier de défendre ce cinéma de patrimoine qui a accompagné toute ma vie de cinéphile. Merci aussi au site DVD Classik, a la Cinetek et à tous ces distributeurs (WIld Side, Sidonis, ESC, Coin de Mire, Rimini…et bien d’autres) qui nous font redécouvrir, le plus souvent dans de splendides copies restaurées et avec des bonus inedits) chefs d’oeuvres et perles méconnues. Un travail encore plus apprécié en cette triste periode de pandémie et de confinement.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Alain Coquil
      Je viens de revoir L’HOMME A L’AFFUT dans le transfert magnifique de l’édition Sidonis. C’est un chef d’oeuvre si en avance, si humaniste et qui pointe des dysfonctionnements dans l’hôpital, la police et surtout le monde politique et les medias, qui parle des préjugés sur la folie de manière très moderne. Et quel travail sidérant sur les extérieurs si bien filmés par le trop méconnu Burnett Guffey. Y a t il eu une interview de lui ? Voyez ou revoyez ce film

      • MB dit :

        « Je viens de revoir L’HOMME A L’AFFUT dans le transfert magnifique de l’édition Sidonis.  »
        c’est une nouvelle édition? si c’est celle de 2017 Philippe Paul dans DVdclassik l’a descendue en flammes:
        « Sidonis utilise la même copie que celle proposée en 2009 dans le coffret Columbia Pictures Film Noir Classics I (coffret zone 1). Nous retrouvons donc malheureusement les même défauts : une définition limitée et une compression médiocre. Les scènes de nuit sont les plus maltraitées, avec de nombreux fourmillements dans les noirs ainsi que des mouvances récurrentes et parfois un effets de « bloc » dans les zones sombres.  »
        j’avais trouvé l’image irréprochable sur ce coffret Sony, et je ne comprends pas la sévèrité de certains tests de ce site.

        Sinon demain Brion passe LE ROYAUME DES CIEUX, merci Brion!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Moi non plus et là, c’est un nouveau transfert en HD. Eddie Muller n’était pas d’accord sur le jugement négatif du DVD Columbia

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Pas vu le dvd de THE SNIPER mais d’accord avec vous sur les tests de dvdclassik, incompréhensiblement chichiteux aujourd’hui après avoir été aussi incompréhensiblement indulgents autrefois. En plus ils utilisent un jargon technique qu’ils ne maîtrisent pas à mon avis . Ce que je reprocherais à Sidonis c’est plutôt de forcer leurs sous titres, comme Wild Side d’ailleurs ou la collection Patrimoine de Warner reprenant des titres RKO. De plus en plus je privilégie les éditions US ou UK sous titrées en anglais pour les films américains ou anglais, si quelque chose m’échappe j’actionne la touche pause, si ma compréhension est fluide tant mieux, si elle ne l’est pas tant mieux aussi car dans ce cas des sous titres français auraient été approximatifs, incomplets et-ou inexacts ce qui est très fréquent.

        • MB dit :

          à Mathieu: ce que je ne comprends pas c’est « une compression médiocre » qui revient souvent, il faudrait dire quelle est la conséquence de la médiocrité de la compression: pixels discernables car grossis, effet peigne, noirs mal rendus? ou tout ça, et ce dont il s’agit en fait?
          Je ne regarde que les copies d’écran qui, à mon avis, sont seules suffisantes comme on le voit dans un topic du forum. Ce qui fait que ma foi, les tests sont inestimables surtout à cause de celles-ci!
          mais il est possible que m’ait échappé une page sur le site où des explications techniques sont données.

          J’en profite pour rectifier mon erreur, ce soir sur la 5 c’est « AU » pas « LE » ROYAUME DES CIEUX, Dumonteil aurait pu m’épingler lui qui l’a tapé correctement. Il a fermé les yeux…

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Je ne sais pas, un défaut de compression ça peut être aussi des effets de posterisation, quand en particulier sur des surfaces presque unies, un ciel bleu, un mur uni ou une zone quasi obscure, les dégradés de valeurs sont réduits à des aplats avec des écarts de valeurs importants entre eux, sans transition. Je m’exprime mal… Un exemple extrême c’est par exemple le dvd Malavida du très beau film d’Arne Sucksdorff LE GARÇON DANS L’ARBRE où la photo magnifique de Gunnar Fischer est massacrée. Mais les captures de THE SNIPER on l’air très bien, il n’y a pas le choix de toutes façons…

      • Salomon dit :

        A Bertand Tavernier, à propos de Burnett Guffey

        Non, je ne connais pas d’entretien avec lui (bien qu’il ait remporté deux Oscars), mais c’est le lot, comme vous le savez, d’une majorité de directeurs de la photo.
        Aujourd’hui c’est un métier assez médiatisé, trop sans doute… mais cela fait partie du service après-vente et beaucoup l’ont compris…
        On trouve quelques propos très brefs de B. Guffey au hasard d’articles sur quelques films dans l’American Cinematographer entre autres. Mais rien, à ma connaissance sur THE SNIPER.
        Pour l’anecdote, Guffey avait débuté en 1923 comme assistant auprès d’un opérateur français alors installé aux Etats-Unis : Georges Rizard.

        • DIXON STEELE dit :

          Il y a un entretien avec Burnett Guffey dans le Positif 487. A propos d’Ophuls, je crois. Mais hélas, confinement oblige, je n’ai pas le numéro sous la main!

        • Edward dit :

          A Marc Salomon : Songez-vous à une réédition de votre ouvrage sur les directeurs de la photo ? Sinon, est-il encore possible de se le procurer ?

        • Alexandre Angel dit :

          A Dixon Steele
          J’ai le Positif en question. Il s’agit d’une interview assez courte de Burnett Guffey menée par Lutz Bacher. Petit mystère : qui est-ce? Positif n’en dit pas plus. Wikipédia présente une Lutz Bacher née en 1943 et décédée en 2019, artiste californienne mystérieuse et influente, bien connue des galeristes new yorkais pour des expos vidéo, photo, etc… Mais il n’est aucunement question de cinéphilie (et Positif, sauf erreur, n’en dit pas plus).
          Bref, toujours est-il que Lutz Bacher, dans ce supplément de Positif, est présent(e) sous la forme d’un article et de deux interviews.
          Dans celle consacrée à Burnett Guffey, le directeur de la photographie explique sa collaboration avec Max Ophuls sur le tournage des DESEMPARES et présente le réalisateur comme un type qui savait exactement ce qu’il voulait tout laissant beaucoup de latitude à son chef-opérateur. A ceci près que ce dernier hallucinait devant les travellings mis en place par le cinéaste, travellings qui interdisaient toute incursion du monteur, sans doute au grand dam des producteurs.
          Je cite :
          « …on finissait par passer toute la matinée, ou toute la journée sur un plan…et une fois sur l’écran, le plan allait peut-être amener la femme du garage à la cuisine, elle rencontrait quelqu’un, disait quelques mots, faisait un tour dans le living, montait l’escalier, entrait dans sa chambre; et cela faisait un bon bout de film. Mais pas moyen de le couper, parce qu’il ne faisait pas d’autres plans. Il voulait tourner ce plan-là et
          c’est tout. »

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          Non, Ophuls s’entendit fort bien avec le producteur Walter Wanger qui voulut immédiatement retravailler avec lui

        • Jacques Maltais dit :

          A Alexandre Angel, concernant les mouvements de caméra d’Ophüls : le documentaire MAX PAR MARCEL (2009) évoque de manière évidente pourquoi le réalisateur élaborait des mouvements si compliqués, parce qu’il adorait voir ses personnages marcher, comme dans la vie.

        • Alexandre Angel dit :

          A Bertrand,
          Il est vrai que vous avez toujours dit que Walter Wanger était un producteur intelligent.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          Cultivé en tout cas. Aldrich était très sévère, jugeant qu’il était superficiel. Il faut dire qu’on a du mal à comprendre comment il peut osciller entre des oeuvres très ambitieuses, pas toujours réussies et cette série avec Maria Montez, surnommée Sand and Tits avec des films san intérêts. Et à coté de cela le Tourneur, les Heisler, les Lang mais aussi GABRIEL OVER THE WHITE HOUSE

        • Salomon dit :

          A EDWARD :

          L’ouvrage dont vous parlez était une commande de la BiFi à l’occasion d’une exposition sur quatre directeurs(trice) de la photographie (Caroline Champetier, Renato Berta, Eric Gautier et Pierre Lhomme). La demande était de retracer en survol supersonique (!) l’histoire d’un métier. Il est épuisé depuis longtemps.
          J’ai par ailleurs, et depuis longtemps, un projet de dictionnaire historique des directeurs de la photo qui n’a jamais trouvé d’éditeur… Nécessité d’une iconographie significative, donc coût non négligeable en droits sur les images et en impression.

        • Edward dit :

          A Marc Salomon :
          Merci pour votre réponse et bonne chance pour votre dictionnaire.

        • Jacques Maltais dit :

          A Marc Salomon, concernant Burnett Guffey : dans « Joseph H. Lewis, overview, interview, and filmography », le réalisateur raconte page 33 comment il a lancé Guffey en le poussant à travailler sur la profondeur de champ (revoir les deux plans séquences virtuoses en voiture dans THE UNDERCOVER MAN). On trouve une interview de Guffey dans American Cinematographer de décembre 1965, sur le film KING RAT.

        • Salomon dit :

          A Jacques Maltais :

          Merci mais je connais évidemment toutes ces sources, possédant une vaste collection de l’ « American Cinematographer » ainsi qu’une collection presque complète de son concurrent « International Photographer » (publication du syndicat), qui parait depuis 1929.
          Répondant à Bertrand Tavernier, je disais simplement que je ne connais pas d’interview de B. Guffey quant au film qu’il citait et encore moins d’entretien approfondi sur sa carrière.
          Ceci étant dit, je méfie toujours des déclarations où certains réalisateurs affirment avoir appris quelque chose à leur chef op…
          Guffey a été à très bonne école en travaillant longtemps aux côtés de Joseph August, John Mescall (qu’il admirait beaucoup), Nicolas Musuraca, Rudolph Maté et même Gregg Toland ! C’est dire…
          Chacun tire la couverture à soi, c’est de bonne guerre…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Salomon
          Je m’étonne juste que les amateurs, les historiens de films noirs ne l’aient pas interrogé car il tellement oeuvré dans ce genre, de Lewis à Karlson en passant par Lang, Dmytryk, Ray, Sturges

        • Jacques Maltais dit :

          A messieurs Salomon et Tavernier :
          B. Guffey est le directeur photo qui a éclairé le plus de films noirs, même tardivement avec THE SPLIT. John Alton en avait éclairé presque autant, il devait être un des seuls à avoir écrit un ouvrage sur son métier.
          THE SNIPER est un des sommets de Guffey, j’apprécie aussi le méconnu drame sur fond de drogue, LET NO MAN WRITE MY EPITAPH, l’histoire du fils de Nick Romano (LES RUELLES DU MALHEUR) avec un casting non négligeable.

      • Salomon dit :

        A JACQUES MALTAIS :

        Il me semble que le « problème » (si l’on peut dire) de Burnett Guffey est qu’il ne cherchait surtout pas à imposer un style, il était plutôt partisan de ce que les américains qualifient de « unobstrusive photography ». Il revendiquait une photographie simple, sèche, sans effets trop appuyés :  » rien ne doit interférer entre le spectateur et le déroulement de l’histoire  » disait-il.
        Dans une certaine mesure, c’était l’anti-John Alton ! (dont le livre me parait très surfait…).

        Dans FILM NOIR READER 3, James Ursini et Alain Silver n’ont interviewé que John F. Seitz et James Wong Howe. Cela n’est pas très représentatif, même si ce sont deux immenses chefs opérateurs, pour un genre où beaucoup d’opérateurs se sont illustrés, même ponctuellement. D’ailleurs, y-a-t-il finalement une esthétique du film noir ?…

        Pour revenir à cette « unobstrusive photography », hors film noir, cela explique que l’on nous rebat les oreilles avec Stanley Cortez (qui faisait un peu toujours la même chose) et qu’on néglige Sidney Hickox, bien plus subtil…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Salomon
          Tout a fait exact. On découvre que Cortez s’est viré de plein de films parce qu’il était infiniment long et prétentieux. Des gens comme Hickox, Gaudio , Bert Glennon (dont la photo favorite était CRIME WAVE) et ceux de la RKO était bien plus inventifs. Mais c’était un beau parleur qui s’est fait virer de CINATOWN et remplacé par John Alonzo qui a commencé par renvoyer les deux tiers du matériel électrique loué

        • Jacques Maltais dit :

          A messieurs Tavernier et Salomon :
          Je me permets de citer deux autres ouvrages sur les directeurs photo : BEHIND THE CAMERA de Leonard Maltin (interviews de Hal Mohr, Conrad Hall, Hal Rosson, Lucien Ballard, Arthur C. Miller) et HOLLYWOOD CAMERAMEN de Charles Higham (interviews de Leon Shamroy, Lee Garmes, James Wong Howe, Stanley Cortez, William Daniels, Arthur Miller, Karl Struss). Pour les passionnés sur le sujet.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Jacques Maltais
          J’ai les deux depuis longtemps. Passionnant

        • Jacques Maltais dit :

          A Marc Salomon, concernant « l’anti John Alton » :
          Oui, une partie des films noirs de B. Guffey est assez terne (dont les Phil Karlson), tandis que le style inventif de John Alton se reconnaît dans chacun de ces films noirs (bons ou moyens), avec quasiment toujours comme signature une intro ou un final très visuel (et parfois avec un seul projecteur). Est-ce Alton qui proposait ces séquences fortes ?
          Hâte de lire votre dictionnaire.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Jacques Maltais
          Mais je ne trouve pas Guffey terne du tout. Il s’adapte au propos et au style des réalisateurs et il n’est pas terne avec Lewis, Ophuls ou dans the SNIPER très audacieux. Alton pouvait être dictatorial et vouloir prendre la place du réalisateur. De Toth me disait : « c’est un hongrois et il veut avoir le pouvoir ». Pas avec Brooks, Mann, Minelli ou Vorhaus. Frankenheimer le vira de BIRDMAN car il recherchait une photo qui tourne le dos aux effets expressionnistes. Et Alton en couleurs est pas toujours brillant en dehors d’ELMER GANTRY

        • Salomon dit :

          A Jacques Maltais :

          Vous avez mal interprété mon propos : « anti John Alton » se voulait plutôt péjoratif à l’égard… de John Alton !
          Chef opérateur étonnant mais dont les dispositifs de lumières et de cadrages se retrouvent avec des réalisateurs différents. Sa force était de façonner une atmosphère avec peu de moyens.
          Burnett Guffey se met moins en avant mais sert le film au lieu de s’en servir…

          Sinon je croyais avoir laissé un message ici qui est passé à la trappe concernant les ouvrages sur les opérateurs, outre les deux que vous citez, j’en ai répertorié plus d’une centaine (autobiographies, biographies, recueils d’entretiens…), toutes langues confondues !

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Salomon
          C’est ce que j’avais compris et c’est vrai, le livre d’Alton n’est pas très passionnant et en effet surfait

    • yves rouxel dit :

      A Alain coquil.J’ai entendu sur la radio suisse romande un enfant de 12 ans qui disait ses mots justes et plein de poésie.Cette épidemie qui traverse le monde se nomme « la mélancovid »!!Chacun de nous espère un retour à la normale avec la réouverture des bars,restaurants,des salles de cinéma,de concert,les théatres et tous les festivals estivaux qui seront je pense annuler.Moi qui voulait aller faire un tour en Avignon,c’est perdu d’avance.Ce que j’apprécit le plus c’est le silence et le chant des oiseaux,le passage d’une famille de herissons dans mon petit espace vert.La nature reprend ses droits ,à voir ces images des rorquals dans la baie des calenques près de Cassis.Tout celà me rejouit de voir la beauté des choses dans un monde devenu si froid ou les gens ne se parlent plus et préferent échanger sur des ordinateurs,des tablettes ou des smartphones.

  19. Julia-Nicole dit :

    A Bertrand:
    Vous avez raison de recommander OLIVIA, mais dire que le film a été sous-estimé par les critiques de la Nouvelle Vague au prétexte qu’ils n’étaient pas féministes me semble un peu curieux.
    S’il est vrai que le sujet de l’homosexualité féminine, ô combien tabou à cette époque, est traité avec délicatesse, il faut bien reconnaître que le film est totalement écrasé par un décor surchargé (n’est pas Ophüls qui veut), et desservi par une interprétation presque uniformément calamiteuse, Edwige Feuillère (et Yvonne de Bray) exceptées. Toutes les adolescentes sont à baffer (dans mon souvenir, Duvivier s’en sort beaucoup mieux avec ses interprètes de AU ROYAUME DES CIEUX), et Simone Simon est insupportable.
    C’est Feuillère qui tient magistralement le film, et les scènes où elle lit Racine ou Lamartine sont superbes.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Julia Nicole
      Les critiques de la Nouvelle Vague ont été très mufles avec Audry et des sujets chez aux féministes ne les intéressaient pas : la contraception, l’avortement qui sont abordés dans des films de Verneuil, de Le Chanois et surtout de Lara sont totalement ignorés.Quant aux pensionnaires dans Olivia , il me semble difficile de les comparer avec les délinquantes de Duvivier. Elles n’appartiennent ni au Même monde, n’utilisent pas le même langage, les mêmes tournures, ne réagissent pas de la même façon. Leurs petites réactions collectives me paraissent souvent juste et je ne trouve pas que le décor surcharge l’image. Il doit être très pregnant, car il est d’une importance colossale aux yeux de Feuillère par exemple. Et dans l’oeuvres adaptée où on dit que le décor donnait à voir toutes les ambitions de Madame XXX… Jeanson avait par ailleurs beaucoup de respect pour le travail de Pierre Laroche. Et le personnage de Simone Simon est écrit, pensé pour être insupportable. Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi une victime

      • Dumonteil D dit :

        A Julia

        On ne peut comparer les films d’Audry et de Duvivier:le premier se passe dans un milieu lettré ,privilégié , complétement coupé du monde masculin (une élève voit sa dissert sur « le cid » blamée parce que faisant la part belle à Rodrigue);la prof de maths est méprisée (à l’époque ,bien que Sophie Germain eût depuis longtemps contribué à l’étude des nombres premiers,sous un pseud masculin(!)sans oublier l’ Hypatia d’Amenabar(« Agora ») citée par M.Ballantrae , c’était un sujet pour les mecs)et se réfugie dans la boulimie ;le personnage de Simone Simon -=une actrice fascinante ,voyez « cat people »- n’a même pas ce « refuge  » .
        Comparez le plutot au « MADCHEN IN UNIFORM  » de Leontine Sagan (le remake n’est pas si mauvais qu’on le dit ,mais grace au duo Palmer/Schneider (qui essayait desespérément de se débarrasser de son impératrice)

        Les détenues de Duvivier sont les rebuts de la société , des filles perdues ,qui ne sont en aucun cas inverties (le seul personnage de lesbienne est la directrice ,magistralement tenu par Suzy Prim);elles arrivent entre deux flics (il me semble que l’un des gendarmes se demande ce qu’elles ont fait pour mériter ça);ce n’est cependant pas un Duvivier désespéré : le personnage humain de Monique Mélinand et la révolte (avec l’idée géniale de l’inondation,)enfin l’espoir d’un couple avec le personnage de Reggiani;on est plus proche de « prison sans barreaux  » de Moguy , mais ce dernier est englué dans ce que BT appelle « dictature de l’intrigue » ,ici un triangle médecin-directrice-détenue ,sans compter Ginette Leclerc jouant une ado à 26 ans!Là les bons sentiments prennent le dessus.

        A BT : « the sniper » est peut-être le chef-d’oeuvre de Dmytryk . On y retrouve le bras blessé ,une de ses constantes;les scènes sur les toits sont à couper le souffle ;et le dernière image est l’une des plus bouleversantes que l’on rencontre dans le thriller .

        • Julia-Nicole dit :

          A Dumonteil
          Merci pour votre analyse toujours très précise.
          Je suis d’accord avec vous à propos de Simone Simon dans CAT PEOPLE où elle est excellente, tout comme dans LA BÊTE HUMAINE. D’où mon étonnement de son jeu très chargé dans OLIVIA. Point n’est besoin d’être excessif pour jouer un personnage insupportable.
          Et je n’ai malheureusement vu aucune des 2 versions de JEUNES FILLES EN UNIFORME

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Julia Nicole
          Ce n’est pas un personnage juste insupportable. Son désespoir, sa solitude, sa frustration ne parviennent à s’exprimer que dans l’excès. Elle ne possède pas d’autres armes face à l’urbanité tranchante de Feuillère. Ses excès la rendre touchante, traduisent une fêlure mono maniaque , une psychose

      • Dumonteil D dit :

        A tous!

        Coïncidence: « au royaume des cieux  » passe ce soir au cinéma de minuit!à vos enregistreurs ,car il est rare à la télé!!!

        • yves rouxel dit :

          A dumonteil.Ce film de Duvivier est sorti chez rené chateau puis chez un autre éditeur je crois bien.

        • Dumonteil D dit :

          Cela permettra ,prolixe YR , à ceux dont le budget est plus limité ,de voir le film ;il y en a!

          Martin Brady ,tout est pardonné car c’est Duvivier! mais le prix à payer est une analyse aussi brillante que celle du Richebé.

        • MB dit :

          « Cela permettra ,prolixe YR , à ceux dont le budget est plus limité ,de voir le film ;il y en a! »
          c’est ce que j’ai failli dire, et YR franchement ça ne sert à rien de donner une info et d’ajouter « je crois », vérifiez d’abord!
           » le prix à payer est une analyse aussi brillante que celle du Richebé. »
          eh là, mollo maître! mes cellules grises s’en reposent encore!

        • yves rouxel dit :

          A Dumonteil.Bien sur mais dans la vie je pense qu’il faut savoir faire des choix.Soit on possède un écran plat à 700 euro,une bagnole,on fume,on boit et l’on mange mal et de l’autre on fait le choix d’acquerir des dvd que l’on peut preter à ses enfants ou à des ami(e)s.Malgré la présence des médiathèques et bibliothèques qui sont actuellement fermées jusqu’a la saint glinglin,la culture n’est pas abordable pour tous.Allez demander à des familles qui ont trois enfants et qui habitent une cité hlm combien de fois ils vont voir un film au cinéma.Je n’aborderai pas les théatres en dehors des cafés théatres qui proposent des prix à bas cout pour les étudiants ou les chomeurs et les retraités.Combien coute une place pour la scala de Milan ou un billet pour l’orchestre national de Vienne ou de Bayreuth.C’est inabordable pour beaucoup d’entre nous.La société qui gère les abonnements des cinémas pathégaumont à suspendu les prelevements automatique et feront un geste commercial dans les semaines qui viennent.C’est une bonne nouvelle mais pensons aux petits cinémas indépendants ou au réseau Utopia qui font un travail formidable sur le choix de la programmation avec la venue de réalisateur de l’étranger.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A yves Rouxel
          On peut posséder un home cinema mais pas de bagnole, des dvd et des livres et ne pas se ruiner en repas et en gadgets. Une enquête passionnante montrait que beaucoup de ceux qui se plaignaient du prix des places ou des dvd achetaient plein de gadgets pour leur portables dont ils se se servaient sans arrêt et se payaient des places de concerts hors de pris pour assister à des shows souvent préenregistrés de Madonna ou dans le temps de Britney Spears. Les cinémas d’essai pratiquent des prix abordables. On trouve des DVD d’occasion. Il y a en France des efforts magnifiques faits pour la Culture. Rein de tout cela dans les pays anglo saxons ou votre texte aurait plus de sens

        • MB dit :

          à Y Rouxel: vous posez mal le problème du manque de moyens, Bertrand a raison et on en a déjà parlé. Pensez surtout à ceux qui ne peuvent PAS faire de choix: RSA 420€ par mois on paie le loyer on mange mal et on attend la fin du mois, d’ailleurs je ne comprends pas les alternatives que vous proposez.
          Beaucoup de gens auraient besoin de bons conseils sur les choix à faire, c’est sûr, gérer un budget familial ça devrait nécessiter une assistance sociale ou une formation, ça existe peut-être d’ailleurs. Or ça s’apprend pas c’est du bon sens pour ceux qui ont pu faire assez d’études pour avoir la tête à ça.

        • Mathieu dit :

          A MB:
          La grande majorité des gens qui vivent avec le RSA savent mieux que les assistantes sociales comment gérer leur budget et n’ont pas besoin de leurs conseils en fait ils pourraient même leur en donner.

        • Dumonteil D dit :

          Il fut un temps où se procurer « au royaume des cieux « ou « Olivia  » relevait du parcours du combattant ;j’avais trouvé le premier en cassette vidéo après plusieurs années de recherche ;alors réjouissons-nous ,et de leur disponibilité en dvd ,et du passage de « royaume » hier soir ; »Olivia » est aussi « à la demande  » sur canal sat .Dans les deux cas ,les ayants-droits ne sont pas lésés.

        • Alexandre Angel dit :

          Excusez-moi mais je ne comprends rien à cette discussion : vous dîtes tous la même chose non?
          A savoir qu’il y a des choix à faire et que ces choix, tels qu’ils s’expriment dans la société, sont dirigés vers les gadgets et la malbouffe plutôt que vers les plaisirs de la culture.

        • MB dit :

          à Mathieu: « la grande majorité… », « leur donner des leçons » c’est volontairement exagéré une figure de style? ce serait vrai en sousestimant la compétence des assistantes sociales qui sont des personnes qui font un boulot admirable. J’en sais quelquechose, j’ai souvent eu affaire à certaines d’entre elles, quand j’en avais besoin.
          Mais ma remarque était plus générale que le seul revenu rsa ou mal présentée peut-être: beaucoup de ménages auraient besoin d’une formation sur le budget familial, rsa ou plus que rsa à la fin du mois, même des ménages aisés apprendraient à ne pas foutre leur argent en l’air!

          AU FAIT: Je n’ai rien compris à votre explication technique sur la nature du flou, qu’est-ce qu’un flou optique je suis pas plus avancé mais pas grave c’est peut-être pas le lieu je vais bouquiner un manuel…

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Pas de figure de style et je ne parlais pas de leçons mais de conseils. Pour ce qui est du RSA croyez moi je parle en connaissance de cause.
          Pour ce qui est du flou optique je m’exprime peut-être mal je parle du flou enregistré sur la pellicule qui peut venir de la mise au point où de la nature de l’objectif ou de filtres etc… Mais qui ne peut ni ne doit être corrigé lors d’un transfert numérique. Mais aujourd’hui il y a on dirait une obsession de la netteté et par exemple dans les tests de dvdclassik on évoque le flou ou le manque de netteté à la prise de vue ce qui me paraît totalement hors de propos comme par exemple le test du blu-ray de RAWHIDE de Hathaway (entre parenthèses quel film! quelle mise en scène, vive, nerveuse, tranchante, limpide comme la lumière d’un jour d’hiver à Lone Pine) où l’on évoque « une mise au point pas toujours réajustée en cours de plan… Il en résulte quelques flous assez marqués ». So what? Qu’est ce qu’une telle remarque vient faire dans un test sur la qualité technique d’un dvd? On mélange tout…

        • MB dit :

          à Mathieu exact j’ai fait une citation erronée (avec des guillemets en plus).
          Je crois qu’on s’est mal compris sur cette histoire mais je vais pas repréciser ce que je disais, mais moi, dés qu’on touche aux assistantes sociales…

          L’autre sujet est beaucoup + dans la note du blog: je pensais que le flou de tournage (donc, optique) ne pouvait venir que d’une mise au point voulue (deux personnages en enfilade on ne fait le point que sur celui qui parle tour à tour, floutant celui qui écoute) ou loupée et ça, dans le cinéma hollywoodien de grosse prod je l’imaginais hors de question.
          Pour le test, ma foi, les remarques que vous citez de S Beauchet ne sont pas inutiles car permettent de distinguer des imperfections venues du tournage ou du tirage original, de celles qui viendraient de la numérisation et restau mais je préfère m’en tenir aux captures. Le bray est extrêmement tentant, encore un dvd à revendre…

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Vous posez de bonnes questions. Il y a parfois des choix faits au tournage qui apparaissent comme des erreurs 30 ans après quand on les juge avec d’autres critères. Il y a des flous volontaires (quand on veut privilégier un personnage et qu’on tourne sans rajouter beaucoup de lumière). Je me souviens d’un jugement négatif sur un dvd de IN A LONELY PLACE, attaquant le grain. Un spécialiste de Nicholas Ray a démontré que ce grain était voulu par Ray qui ne voulait pas d’une image aseptisée. C’est le site de DVD qui, là, trahissait l’oeuvre. Petite anecdote : dans COUP DE TORCHON quand Isabelle Huppert tire au révolver, j’ai répété deux fois le plan où Eddy Mitchell et Stephane Audran entrent et se font abattre. Pour créer un choc. EH bien, lors du deuxième passage, on a reçu une lettre de la chaine de TV signalant une grossière erreur de montage et refusant la copie. Un spectateur sur un site m’a fait le même reproche

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Dans RAWHIDE les rares pertes de point très momentanées sur les visages ne sont absolument pas gênantes et viennent de la mise en scène très vive et naturelle de Hathaway. A l’intérieur du relais de poste Jack Elam n’arrête pas d’avancer et de reculer ce qui le rend d’autant plus menaçant. En plus je crois que le film a été tourné entièrement à Lone Pine, intérieurs et extérieurs, ce qui donne cette impression de réel qu’on trouve rarement dans les films de l’époque où on tourne les intérieurs en studio un mois après. Dans RAWHIDE on passe de l’intérieur à l’extérieur dans le même plan, les intérieurs ne sont pas à proprement parler « réels » (comme dans CALL NORTH SIDE 777) car construits pour le film mais ils sont certainement moins éclairés qu’en studio d’où plus de réalisme et aussi diaphragme plus ouvert et donc profondeur de champ plus étroite et donc légère perte momentanée du point à un ou deux moments. Mais des pertes de point sur un personnage il y en a plein à Hollywood c’est pas facile de garder le point sur un personnage qui s’avance vers la caméra et ces pertes de point dans RAWHIDE ne sont pas remarquées par la grande majorité des spectateurs mais augmentent inconsciemment l’impression de réalité. Dans FRENCH CONNECTION II, il y a un long traveling caméra à l’épaule dans un commissariat. Or le décor du commissariat à été (admirablement) construit en studio, tous les moyens étaient réunis pour un beau travelling bien lisse à la dolly ou à la grue mais Frankenheimer à préféré le faire à l’épaule parce que dans l’inconscient du spectateur caméra à l’épaule = document d’actualités = réalité (c’est ce qu’il explique dans le commentaire sur le dvd).
          J’ai le dvd zone 1 de RAWHIDE et franchement il est tellement bon que je ne vois pas de nécessité impérieuse à passer au blu-ray. Changer le dvd Montparnasse de CITIZEN KANE pour le blu-ray Warner ou l’horrible dvd Universal de IT’S A WONDERFUL LIFE pour le blu-ray Paramount oui mais d’excellents dvds comme ceux de YELLOW SKY ou CANYON PASSAGE chez Sidonis c’est moins urgent…

        • MB dit :

          à Mathieu et Bertrand: développements très intéressants, je vais mettre ça dans mes tablettes! Vous montrez que le flou lui-même peut faire partie de la mise en scène, après tout faire la mise au point ça peut être pour faire flou! Il faut que je revoie COUP DE TORCHON je me souviens pas de ces deux plans.
          « EH bien, lors du deuxième passage, on a reçu une lettre de la chaine de TV signalant une grossière erreur de montage et refusant la copie. »
          comment peut-on imaginer qu’avec le boulot de revision et contrôle qu’il y a après tournage, on puisse laisser passer quelquechose, sinon volontairement?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          C’est ce qu’on leur a écrit. Et après un an d’exploitation. Il y a des bureaucrates qui dans leur coin veulent se donner du pouvoir

        • MB dit :

          oui, oui et en plus le film était bien sûr passé repassé dans les salles…incroyable.

    • Pascal MINETTE dit :

      La pudeur d’OLIVIA m’a rappelé la scène de SEVEN WOMEN où on comprend que la directrice est attirée par Sue Lyon ; et aussi par LA RUMEUR.
      « Ne pas faire de mal  » , c’est drôlement d’actualité, dites-donc !
      De tous les personnages, je me demande si le plus attachant et le plus original n’est pas la prof de math qui déteste sa propre discipline : les maths, ça vaut pas une tartine ; les chiffres, j’y comprends rien. Toutes ses interventions sont hilarantes, ainsi que celles de la cuisinière, qu’on aimerait connaître.
      M’a bien fait sursauter et rire un des dialogues du juge, à la fin, à propos de la clé de l’armoire :
      – Qu’en avez-vous faite ?

    • Alexandre Angel dit :

      Je sors de chez OLIVIA.
      Je trouve que le décor de Jean D’Eaubonne, qui est effectivement surchargé comme tout ce qui est baroque, extériorise l’espèce d’emprise, pas malveillante mais réelle, que subissent les pensionnaires du film. C’est le décor d’un conte de fées qui accueille Olivia avec toutes ces jeunes filles positionnées sur l’escalier, flanquées de leur Saint-Bernard, au tout début du film. Il y a comme un envoûtement qui déréalise les faits, comme si tout le monde était sous le joug d’une espèce de charme. Ce qui me fait dire que la grande habileté et finesse de Jacqueline Audry dans OLIVIA est de suffisamment poétiser sa description d’un milieu pour mieux faire passer l’immédiat second sujet qu’elle aborde : l’homosexualité féminine.
      Car je ne puis cacher que j’ai été stupéfait par la frontalité même pudique du traitement. Certains gestes, pourtant succincts, d’Edwige Feuillère sont sans équivoque et semblent être faits au vu et au su de toutes, comme si tout cela se passait en vase suffisamment cotonneux et clos pour que « ces choses-là » paraissent naturelles dans une pension de jeunes filles.
      Je trouve ça assez beau tout comme la « séquence d’Andromaque » magnifiquement filmée avec ce travelling circulaire qui tourne autour du livre et de la liseuse que tient mademoiselle Julie et juste avant, alors que cette dernière invite Olivia à prendre place près d’elle, ce travelling avant miraculeux qui porte littéralement le spectateur vers Feuillère comme si il était à la place d’Olivia.
      Une leçon dans la manière de filmer l’attraction qu’un être exerce sur un autre.

      • Dumonteil D dit :

        AA

        Audry se permet une plaisanterie privée
        A son élève qui arrive : « rappelez-vous le premier livre que je vous ai donné : »les malheurs de Sophie »
        C’était aussi le premier film LM de la réalisatrice.

        Cette frontalité a valu à la réalisatrice l’opprobre de l’office catholique du cinema qui lui a donné la cote 5 « films à déconseiller prônant des idées mauvaises et subversives » ;son remake de « la garçonne  » subira le même sort.Ce dernier est encore plus « osé  » (pour l’époque)

        Audry a ouvert la voie,au moins autant que Varda , aux nombreuses réalisatrices d’aujourd’hui.

        • MB dit :

          Audry//Duvivier

          à AA et Dumonteil
          AU ROYAUME DES CIEUX: « La cuisse gauche c’est pour les mâles, la droite c’est compartiment des dames seules! » (Nadine Basile as « Gaby Facture »)
          mdr comme disent les mômes!

          bon, c’est pas sérieux, faut en dire plus sur ce film… Dumonteil va me le rappeler.

        • Dumonteil D dit :

          A MB
          « sans humour on n’est rien du tout » comme chantait la môme .Nadine BASILE ,c’était quelqu’un !Grémillon le savait.

          A AA/MB

          Alexandre ,vos remarques sur « Andromaque » ont attiré mon attention sur un côté du film que nous avons négligé dans « OLivia » ;combien les oeuvres littéraires utilisées par Laroche épousent les mouvements du coeur des personnages .

          Ainsi Julie brûle d’amour pour la fille qu’elle n’a jamais eue ,représentée dans son texte par Astyanax que l’héroïne de Racine risque de perdre

          Lamartine « le lac  »  » o temps suspends ton sol  » correspond aux moments heureux de la relation,qui culmine avec le scène de bal .

          « Bérénice » anticipe sur la douloureuse séparation .

          « paroles sur la dune » de Hugo « Où donc s’en sont allés mes jours évanouis ? »est le « que reste-t-il de mes amours? »morbide du film.

          il est curieux que les élèves ne semblent étudier que la littérature ; j’avais signalé le mépris des mathématiques (le dialogue comprend « arithmétique  » et « équation(s) ,je crois),mais l’histo-gé ,les sciences ,les langues étrangères(l’allemand est fugacement signalé) ,même le latin alors au temps de sa splendeur, ne sont pratiquement pas mentionnés.

        • Alexandre Angel dit :

          A Dumonteil,
          Sans doute qu’une vision ultérieure du film me trouvera plus concentré sur le texte « importé », chose pas toujours évidente. Mais il me semble que c’est un trait de modernité que de « filmer » un (ou des) texte à des fins dramaturgiques. Hormis la tenue et la qualité littéraire de bons nombres de dialogues avant et après 1951, je ne saurais dire si c’était très courant à l’époque de mettre en scène un morceau de littérature (surtout du Racine) comme le ferait Eric Rohmer, par exemple, dans CONTE D’HIVER (il s’agit sans surprise d’un extrait de la pièce éponyme de Shakespeare).

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Alexandre Angel
          C’était assez peu courant

        • Pascal MINETTE dit :

          A AA : Ce qui est intéressant, c’est de citer les auteurs pour enrichir le film. Tel Ford et son Hamlet dans MY DARLING CLEMENTINE, qui nous dit tout du personnage de DOC.
          Et cet extrait d’Athalie bien choisi à la fin des DIABOLIQUES.

        • Alexandre Angel dit :

          A Pascal,
          Il doit y avoir pas mal d’exemples (je pense aussi, comme ça, au débotté, au poème de Wordsworth qui donne son titre à SPLENDOR IN THE GRASS).
          Mais là, dans OLIVIA, il y a une dimension esthétique, lors de la lecture d’ANDROMAQUE, qui impressionne, comme si la réalisatrice donnait l’impression de filmer le texte. J’essaie de trouver des exemples équivalents en peinant quelque peu (je reviens toujours à mon exemple de Rohmer).
          Il y aurait bien un exemple récent mais atypique, c’est le dernier beau film de Jim Jarmusch (le dernier sursaut serais-je tenté de dire, PATERSON, où la poésie (au sens littéral) est comme « filmée » (ce qui dans un film américain des années 2010 paraît incroyable). Mais là ce sont des poèmes (intéressants) spécialement écrits pour le film que Jarmusch nous donne à entendre, ce qui fait de PATERSON probablement le meilleur film que j’ai vu sur l’acte de créer des poèmes.

        • Pascal MINETTE dit :

          A AA: Bien lire la poésie est un talent rarissime. Voir les professionnels qui s’y cassent les dents. Je me disais ça en voyant le MISANTHROPE à la TV , triste spectacle de la Comédie Française sabotant la musique des alexandrins et incapable de leur conférer un minimum de fraîcheur .

        • Dumonteil D dit :

          A MB

          Ce n’est pas moi qui vais vous l’apprendre à vous un inconditionnel de Chabrol , mais « la rupture  » commence par une citation de RACINE
           » Mais quelle épaisse nuit tout à coup m’environne? »

      • MB dit :

        à AA/OLIVIA
        « ce travelling avant miraculeux qui porte littéralement le spectateur vers Feuillère comme si il était à la place d’Olivia. » et l’ombre d’Olivia qui enfle sur Melle Julie quelle que soit la logique de l’éclairage!
        Je suis d’accord avec vous aussi sur le décor qui doit être surchargé car il faut englober tout ce beau monde dans une ambiance artificielle et étouffante, qui délite la conscience de la réalité du monde en-dehors (ce qui est le but des institutions similaires, tendant à déresponsabiliser leurs pensionnaires, de la prison au couvent!). Ainsi, il y a la possibilité pour certains de juger ce film comme une sorte de sous-SISSI qui tend à séduire le spectateur en l’englobant dans cette irréalité de bonbonnière séduisante , alors qu’il est prié de sentir que cet isolement pour irréalité ne concerne que les personnages (c’est selon la sensibilité du spectateur en question qui a souvent tendance à s’en tenir aux apparences alors que le style ne prévoit celles-ci que pour planter le décor). D’ailleurs en leit-motiv, Audry qui tient son film fermement, prend soin de faire des petits rappels hors du monde rose et exalté de ces jeunes filles riches en ramenant ces deux personnages magnifiques joués par De Bray et Dehelly qui ne sont pas qu’un contrepoint comique mais un retour sur terre (quoique Dehelly/Melle Dubois voie partir Laura la gorge serrée ce qui lui coupe l’appétit).
        Dans cette maison de poupées, les adultes refoulent leurs sentiments et les élèves en prennent le chemin, les petites filles tournent autour.
        encore un film qui aurait pu m’échapper, merci Bertrand.

  20. Pierre dit :

    A propos des films « épidémiques », j’ai le souvenir de séquences fortes (choléra) dans le beau mélo exotique LA PISTE DES ELEPHANTS de William Dieterle. Film où l’époux de Liz Taylor était le déjà remarquable Peter Finch, héros malheureux (sur et hors écran) du puissant NETWORK de Lumet. Je confirme le grand intérêt du coffret Carlotta : d’abord pour le film lui-même que Lumet à la fin de sa vie considérait à juste titre comme un « fucking good movie », ensuite pour le remarquable documentaire « Lumet by Lumet » et enfin pour le copieux essai « Fou de rage » de Dave Itzkoff qui réussit l’exploit de passionner alors qu’il n’est pas aisé à lire car assez mal écrit et/ou organisé (ou alors maladroitement traduit ?) On y découvre deux personnages hors-normes : le scénariste Paddy Chayefsky, homme entier jusqu’à l’excès, et Finch lui-même. Mais aussi un William Holden un peu plus sympathique que sa légende et une Faye Dunaway… égale à elle-même ou à l’image d’elle-même qu’elle s’est façonnée.
    Au passage, bravo d’avoir su donner à ce très grand acteur faussement passe-partout qu’est Ned Beatty un rôle à la hauteur de son talent dans LA BRUME ELECTRIQUE où son personnage et son interprétation m’avaient immédiatement rappelé son intervention monumentale dans NETWORK.
    Par contre, pour revenir aux « pandemovies », les trois adaptations de JE SUIS UNE LEGENDE, le classique de Richard Matheson auront été autant de coups dans l’eau. Que ce soit la série B (même plutôt C) des 60’s avec Vincent Price, le bien plus gros budget des 70’s avec Heston, mortellement ennuyeux (son seul intérêt : redonner illico l’envie de revoir Heston dans SOLEIL VERT et plus encore, le monde déserté du magnifique LE MONDE, LA CHAIR ET LE DIABLE) et je crois qu’il n’est pas nécessaire de s’étendre sur la version Will Smith du 21° siècle parce que ce n’est pas trop le moment de tirer sur une ambulance.

    • MB dit :

      la version Will Smith offre UN bon plan: Will voit au loin sur le trottoir le mannequin de cire d’un magasin de fringues pillé par les aimables zombies et hésite: zombie ou pas?
      Dans GUSAN le 1er plan rejoint aussi le fantastique: encore un mannequin avec le signe « stop » pour arrêter la circulation automoble, mais il y a autre chose après, au contraire de l’ambulance mentionnée.
      La leçon de J Tourneur: semer le doute, n’est pas à la mode.

    • Pascal MINETTE dit :

      Sur le pouvoir des tueurs microscopiques, il y a surtout LA GUERRE DES MONDES où les vainqueurs faciles des hommes sont décimés par des bactéries.
      C’est pourquoi la science-fiction est le meilleur des genres.
      On ne s’en rend compte que…maintenant !

      • yves rouxel dit :

        A pascal minette.Dans le genre il y a « Alerte »qui traite d’un virus qui infecte la terre.Vu lors de sa sorti en 97,je ne sais pas si le film n’est pas un peu daté.En revanche du mème Wolfgang Petersen « The boat »est surement sa meilleure mise en scène .Jurgen Prochnow qui incarne le capitaine d’un sous marin allemand est saisisant et tient le film sur ses épaules.Oublié aussi »Dans la ligne de mire »ou Clint Eastwood court du début à la fin du film en qualité d’un garde du corps d’un président us.

        • Pascal MINETTE dit :

          D’ALERTE ne s’est inscrit dans ma mémoire que le moment où Dustin Hoffman retire son casque pour laisser sa femme toucher son visage.
          Peut-être mérite-t-il d’être revu ?

    • Ballantrae dit :

      Vous m’avez donné envie de revoir Network avec cette edition soignée chez Carlotta dont j’ai qqs opus ( les 3 Hitchcock, L’année du dragon, To live and die in LA , La dame de Shanghai).
      Le livre est très complet et soigné, les copies magnifiques et les boni tjs de choix.
      Et puis il y a ces coffrets hors collection, objets fantasmés mais réels.
      Ainsi Le grand chantage de Mc Kendrick chez Wild side avec un excellent livre de Ph Garnier et 3 boni dont un docu où le cinéaste revient sur son parcours.

  21. Ballantrae dit :

    Aparté extracinematographique: excellents textes sur la crise et gestion de crise par le gouvernement sur Médiapart gratuit ce week end.
    Lisez notamment l’époquent récapitulatif mettant en parallèle alertes successives et déni aussi meurtrier que persistant.
    A gerber.
    L’hypothèse de quelque union sacrée me ferait rire si la situation n’était aussi tragique.
    Ceux qui méritent du soutien ce sont les soignants et tous ceux qui subissent de plein fouet l’épidémie, pas le parterre de pense creux qui s’interrogent sur la bonne manière de recommencer les méfaits du néolibéralisme.
    Le chemin de Damas mouais…

  22. MB dit :

    sur Arte, très bon doc sur le peplum qui évite toutes les bêtises ou les clichés grâce à des intervenants comme L Aknin ou autres historiens:
    https://is.gd/BaSy0o
    tous les extraits sont en hd et en vo ce qui est rare!
    signé Jérôme Kerkorian qui avait déjà fourni un bon doc sur la Hammer. Je retiens son nom comme celui de L Bouzereau ou Luc Lagier.
    Récemment j’ai vu un doc sur Melville qui ne citait même pas BOB LE FLAMBEUR au moins dans le texte, on peut pas avoir tous les extraits, mais au moins citer ses films essentiels.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A MB
      Est ce le documentaire qui reprend la colère de Belmondo sans citer mon film ni Boisset mais qui dit qu’ils ont trouvé l’extrait dans une émission de Patrick Cohen. Ou je citais Boisset et l’origine du document

      • MB dit :

        à Bertrand: je n’ai pas gardé ce doc mais j’ai bien revu la colère de Belmondo dans ce film, après j’avais bien regardé avec pauses le générique de fin et les seules archives citées sont des émissions de tv j’en suis sûr.
        à J Nicole: après avoir posté mon comm j’ai eu un doute sur la mention ou non de BOB, donc au moins il était mentionné ok.
        musique originale de E De Marsan

      • yves rouxel dit :

        J’apprends grace à Positif que vous avez signer votre premier article en 1960 sur »Temps sans pitié »de Losey.Jean dominique Nuttens écrit qu’une douzaine d’années plus tard vous adapterer un ouvrage de Simenon »L’horloger de saint paul ».La aussi on retrouve l’histoire d’un homme et de son fils.Voilà une idée de revision en attendant des »jours meilleurs ».

        • Bertrand Tavernier dit :

          A yves Rouxel
          J’ai même écrit deux articles sur TEMPS SANS PITIÉ, un dans Cinema 60 ou 59 et l’autre dans Positif. Et j’avais vu la pièce au théâtre Caumartin, UN MONSIEUR QUI ATTEND dont l’acteur principal était Louis Ducreux

      • yves rouxel dit :

        A Bertrand.Y aurait-il une possibilité que le film que vous avez réalisé avec votre fils soit diffusé sur une « chaine publique »ou qu’il ressorte en dvd?Il y a un extrait de 8 minutes sur youtube et ça à l’air interessant surtout que l’on parle d’un certain éric Raoult alors ministre qui n’a apparemment aucun lien de parenté avec le virologue marseillais dont notre cher président à rendu visite vendredi dernier.Un raoult peut en cacher un autre,Ah ses putains de virus,ils sont partout!!!

    • Julia-Nicole dit :

      A MB:
      Si le documentaire auquel vous faîtes allusion est celui diffusé sur Arte récemment, alors BOB LE FLAMBEUR y était bel et bien cité, même s’il n’y avait pas d’extrait.

    • yves rouxel dit :

      A tous.On peut rappeler qu’Arte offre ce soir un programme alléchant autour de la personnalité énigmatique qu’était Stanley Kubrick.Outre la rediffusion de Barry Lyndon qui est une oeuvre picturale avec des costumes et des couleurs chatoyantes,ne ratez pas le documentaire »Kubrick par Kubrick »puis enfin cerise sur le gateau de Paques un concert symphonique enregistré en 2019 à l’auditorium de la maison de la radio.De Haydel et Schubert à Vivaldi,Bach et Haydn,c’est un peu plus qu’un air de »Barry Lyndon « .Stanley Kubrick voulait que la puissance de la musique soit au coeur de chacun de ses films.Je vous renvois bien sur à l’excellent livre de Michel Ciment consacré au maitre et paru chez calman lévy en 2011.Un livre somme indispensable et necessaire.

  23. richpryor dit :

    Bonjour à tous
    Cela fait longtemps que je n’ai plus participé mais je lis toujours le blog et les commentaires avec intérêt.
    Je me suis dit que j’allais à nouveau commenter mais là je réalise que je n’ai pas d’angle d’attaque. Il nous faudrait un débat polémique pour s’amuser un peu pendant ce confinement. Polanski c’est fait, alors je propose les rhumes d’été. Dans CHINATOWN le lieutenant Lou Escobar déclare à Jake Gittes que ce sont les pires, je cite de mémoire « Summer colds are the worst », mais en hiver ils sont pourtant bien plus persistants et de toute manière la Californie du Sud ne connait pas de saisons ce qui discrédite la thèse D’Escobar(ses connaissances empiriques sont faussées).
    Sinon un mot sur LOULOU de Pabst: quel mauvais titre français! Je n’ai eu envie de voir le film que lorsque j’ai su qu’il s’appelait réellement « La Boite de Pandore ». Quand je ne connais pas j’ai tendance à juger le film sur son titre, c’est ce qui a fait que je ne suis pas allé voir « Mademoiselle Chambon » de Brizé et que j’ai dû attendre « La loi du Marché » pour découvrir ce cinéaste important.

    Certains comprendront à présent pourquoi je ne commente plus (dans le cyberespace on ne sait jamais quand les stupidités qu’on a rédigées s’effaceront).

    • Bertrand Tavernier dit :

      a richpryor
      Pas du tout. J’ai été voir beaucoup de films sur leurs titres : le Réveil de la Sorcière Rouge, La Mission du Commandant Lex

      • richpryor dit :

        C’est vrai, mais peut-être que ne pas voir un film pour le titre n’est en revanche pas un bon choix.
        Récemment (ma dernière séance avant le confinement) je suis allé voir « Mes Jours de Gloire » pour son titre et je n’ai pas été déçu, c’est une excellente comédie.
        Et je me souviens avoir découvert Modiano grâce à « Rue des Boutiques Obscures » (un titre magnifique qui résume son univers) et Larry McMurtry (un auteur que vous appréciez je crois) avec « All My Friends Are Going to be Strangers ». J’aime les titres qui évoquent une certaine nostalgie.

  24. JMD dit :

    Dans les films d’épidémie a-t-on déjà cité Panic in the streets,le premier film où apparaît Jack Palance et qui se déroulait à New Orleans, une ville encore bien touchée par le désastre actuel ?
    Sinon, pour en revenir à Cimino et la musique, le bal d’Harvard clôturant la première partie sur fond de Danube bleu n’est-il pas le pendant du bal villageois et patineur de la seconde !? Cordialement

    • yves rouxel dit :

      A JMD.Vu il y a quelques semaines la série documentaire »Pandémie »réalisé par Isabel Castro et Doug Schultz et visible sur netflix.A travers les exemples du sras,d’ébola ou de la grippe aviaire les deux réalisateurs nous retracent avec pédagogie le parcours des virus et,surtout,les réponses que les medecins peuvent apporter.Je vous conseille le film des frères Pastor »Chez nous »qui s’interesse à la folie d’un homme dans un appartement!!On doit aux frères Pastor « Infectés »et »Les derniers jours »deux films autour de l’épidemie.Bonne vision à tous.

    • Ballantrae dit :

      Si c’est évident! Et Cimino l’a pensé comme tel poussant assez loin une conception de motifs obsessionnels comme le cercle.
      Bertrand parle ici de DVD superbement édités: l’un de mes préférés dans ma DVDothèque est celui de Heaven’s gate chez Carlotta.
      Film en DVD et blue ray avec boni ( entretiens avec Cimino, 3 acteurs et D Mansfield), CD de la BO, 1 excellent livret conçu par JB Thoret, un livret portfolio et 1 livret de photos + citations clés.
      Sans oublier un fac similé de la  » Bible » du film, scenario annoté avec parfois des plans au sol entre autres pour la scène de l’attaque de la maison de N Champion.
      Un boulot éditorial exceptionnel!

      • DIXON STEELE dit :

        Et il faut surtout lire Final Cut de Steven Bach qui, outre un document passionnant sur le United Artists des années 70 est un formidable récit du tournage au jour le jour de La Porte du Paradis (il travaillait à la production).

  25. MB dit :

    A revoir L APPÂT/THE NAKED SPUR de Mann, j’ai été bien plus surpris qu’il y a des années par l’intelligence du scénario, comment avec l’entrée en scène des acteurs (la vedette d’abord, seule, puis un par un les quatre autres jusqu’à former le groupe final à 15′) chacun apporte quelquechose aux courants influents qui vont former les virages dans la dramaturgie. A la fin seuls par soustraction (sur les 13 dernières minutes!) de mort violente, il ne demeure comme survivants que les deux amoureux. Robert Ryan est formidable dans un rôle similaire à d’autres (je pense à G Ford dans YUMA), maniant un sourire carnassier, et insolent pour son statut de prisonnier (il bat presque le record de lignes de dialogue!).
    Ce scénario est signé par deux personnes qui à part ça, n’ont jamais travaillé que pour la TV (MAN FROM UNCLE…), fut-ce une illumination furtive dans leur carrière? dans mon souvenir le scénario était signé Borden Chase?
    D’autre part j’ai découvert DAISY KENYON, assez séduisant, mais si l’éditeur ESC appele son dvd « nouveau master haute définition » c’est qu’il se paie la tête du cochon de payant!!! Je ferai désormais très attention avant d’acheter un dvd ESC!
    (bonus intéressant par contre avec le commentaire de M Macheret).

    • Mathieu dit :

      A MB:
      Un éditeur comme ESC est entièrement dépendant du matériel que les majors (Fox en l’occurence) leur procurent. J’ai l’ancienne édition ESC de DAISY KENYON (boîtier blanc et absence de bonus) et je parierais qu’il s’agit exactement du même transfert. Ceci dit le film alterne des plans assez bien définis avec d’autres presque flous et je me demande si ce flou n’est pas d’origine, voulu par le chef op Leon Shamroy… Peut-être aussi pour répondre aux exigences de Mlle Crawford. Bizarre… le film lui même m’a un peu déçu, peut-être parce que je m’attendais à autre chose (à un film noir) mais je le reverrai volontiers. Mon film préféré de Preminger de la période (de toutes les périodes en fait) c’est WHERE THE SIDEWALK ENDS avec un Dana Andrews impressionnant, vraiment émouvant, plein de douleur rentrée, un modèle de jeu contenu et expressif à la fois.
      J’aime beaucoup moins WHIRLPOOL par contre malgré la virtuosité de la mise en scène. Je n’aime pas beaucoup ce genre d’histoire à la fois hyper romanesque et prétendant à un certain sérieux et à un un certain réalisme. Je parle d’histoires ayant trait de près ou de loin à la psychiatrie ou la psychanalyse. Je préfère encore un film comme DARK MIRROR de Siodmak qui penche nettement du côté du romanesque et du divertissement, ou alors un film comme MINE OWN EXECUTIONER, un film anglais écrit par Nigel Balchin, le scénariste de MANDY de McKendrick, de THE MAN WHO NEVER WAS de Ronald Neame, très bon aussi, et qui lui essaye d’être un peu sérieux avec le thème de la psychiatrie. Preminger mélange les deux, le romanesque et le réalisme, sans que cela prenne. Seul un Fritz Lang arrive à mêler hypnose, psychiatrie et péripéties feuilleton esques et dire quelque chose de vrai sur la société, l’homme, mais en allant au delà ou plutôt en deçà du psychologique et du sociologique. Bon en fait je crois que c’est surtout le jeu « over the top » de José Ferrer (tout le contraire d’un Dana Andrews) qui m’empêche de croire à cette histoire.

      • MB dit :

        à Mathieu « Un éditeur comme ESC est entièrement dépendant du matériel que les majors (Fox en l’occurence) leur procurent.  »
        certes,comme Sidonis ou autres, ce que je reproche c’est la mention « nouveau master haute definition » sur la couv, ils sont pas obligés ils mettent rien c’est mieux.
        (exclu F..C avec Andrews au 1er plan qui téléphone)
        DAISY KENYON est un film très étrange, le texte de couv bof mais le commentaire de M Macheret insiste beaucoup sur le côté féministe mais c’est plus subtil que ça: Fonda se comporte à un moment comme une brute disant que l’agression sexuelle à laquelle se livra Andrews sur son épouse « n’a aucune importance » bref, il s’en fout, ce qui provoque un regard affolé de celle-ci. Elle passe là-dessus, prend sur elle et confirme quand même son union avec lui!
        Bien sûr Macheret insiste quand même à juste raison sur la condition féminine après guerre, et si Daisy à un âge avancé non signalé mais supposé par celui de l’actrice -d’où les flous imposés par elle? 43 ans! c’est vieux…!- veut se marier il faut qu’elle glisse sur le machisme arrogant de Fonda. En ce sens le film est quand même féministe, disant que les femmes ont peu de choix, le retour de la guerre des hommes loin des femmes ayant renforcé une certaine domination masculine. A cette époque on ne faisait pas les films pour qu’ils soient vus 50 ans plus tard! (pas plus maintenant d’ailleurs) et de nos jours et depuis les 70 les spectateurs ont l’habitude qu’un film dit féministe se termine par le happy-end de la victoire de l’héroïne sur la domination masculine. Pas dans le Preminger et ça signale la subtilité qui aurait peut-être mérité d’être soulignée.
        Bon, le confinement me fait mettre des points sur des « i » j’arrête.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          J’aime énormément ce film qui est plus subtil, plus secret qu’on le dit, rempli de nuances curieuses, pas attendues. On sait que Preminger exaspéré par les demandes de Breen et de cette Censure qu’il haïssait pour réduire le nombre de cocktails et de verre d’alcool, décida de supprimer toutes les boissons alcoolisées dans le film, ce qu’on remarque à peine

        • MB dit :

          à Bertrand/DAISY KENYON
          « J’aime énormément ce film qui est plus subtil, plus secret qu’on le dit, rempli de nuances curieuses, pas attendues. »
          sans doute à incluer parmi ces nuances curieuses le jeu de Fonda, qui mêle adroitement naïveté ou sincèrité attendrissante, avec rouerie!
          et vous êtes d’accord qu’il se conduit comme une brute quand il dit qu’il n’attache aucune importance à l’agression qu’a subie son épouse? ça m’a surpris.
          Il y a d’autres curiosités du côté de l’épouse de Andrews et de ses rapports avec leurs filles.

        • Mathieu dit :

          A MB :
          Intrigué par votre commentaire sur DAISY KENYON, j’ai revu le film et mon impression est la même que la première fois: tout le début est très bon, brillant même, original, très bien dialogué, mais ensuite on glisse malheureusement dans quelque chose de beaucoup plus convenu, dans les conventions du women’s picture. Ça commence quand Crawford et Fonda sont à Cape Cod, le personnage de Fonda est moins bien écrit que celui d’Andrews, beaucoup moins crédible aussi. Il y a des touches originales cependant tout au long du film, superbement mis en scène, photographié et joué. John Crawford n’est vraiment pas mon actrice préférée mais là elle est très convaincante, Fonda et Andrews excellents, Andrews surtout, un acteur sous estimé, sans oscar ni nominations à ma connaissance, mais sa filmographie parle pour elle même et le fait que de si grands metteurs en scène ont voulu retravailler avec lui: Preminger, Tourneur, Milestone, Wellman, Lang…
          Bref comme tant de films de cette époque j’ai une impression mitigée devant tant de talent déployé pour tirer le meilleur d’un matériau défectueux au départ.
          Quant au master il est certainement en haute définition, l’image est le plus souvent très bien définie (voyez les plans de seconde équipe de l’auto qui roule dans un paysage de neige à la fin du film), les plans flous viennent de la prise de vue et sont presque toujours avec Crawford (filtre, objectif spécial?)
          À Bertrand:
          On boit beaucoup de café et de lait dans DAISY KENYON, mais aussi de l’alcool (à trois reprises au moins si je me souviens bien), mais on sent la volonté de Preminger de limiter le débit. Fonda entre dans un restaurant devant le cinéma où Crawford est allée, commande un whisky et quand le serveur lui répond qu’on ne sert pas d’alcool commande un sandwich et du lait. Le cinéma passe MR LUCKY avec THE WOMAN IN THE WINDOW en début de programme!

        • MB dit :

          à Mathieu
          « Andrews surtout, un acteur sous estimé,  »
          « L’un de ces acteurs qui ont fait la grandeur du cinéma américain »
          (30 ans de cinéma américain » de qui vous savez)

        • MB dit :

          DAISY KENYON
          « Quant au master il est certainement en haute définition, l’image est le plus souvent très bien définie (voyez les plans de seconde équipe de l’auto qui roule dans un paysage de neige à la fin du film) »
          une restau sûrement pas très minutieuse du début à la fin: voyez l’arrivée de Crawford et Fonda dans la nuit (début ch.3) ou ce plan à la taille des deux mêmes à 48′, les visages rapprochés ça pardonne pas. On a soigné certains passages (ok pour la fuite dans la neige) mais glissé sur d’autres ou travaillé à partir de différents bouts de filmm épars. Moi qui me croyais plutôt peu maniaque sur la qualité d’image!…

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Début du chapitre 3 les plans de Crawford et Fonda au Stork Club c’est typiquement un flou à la prise de vue. Mais des gros plans flous d’actrices y en a plein dans le cinéma de l’époque, avec des filtres, des gazes ou des mises au point décalées. Toujours au Stork Club, une minute plus tard, dans le coin en bas à gauche, c’est John Garfield qui sirote son whisky soda. Mais je parlais définition, pas restauration. La pellicule à été certainement scannée en HD, après il y aurait un travail de restauration numérique à faire et qui n’a pas été fait et que Fox aurait entrepris s’ils n’avaient pas abandonné l’idée d’éditer eux mêmes leurs films en blu-ray. Si vous voulez un transfert Fox vraiment pourri, voyez le dvd Carlotta de FIVE FINGERS, Carlotta qui parle de « nouveau master restauré « …

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Mathieu
          Selon Dave Kehr du MOMA, Fox est le plus mauvais studio pour la gestion de son catalogue avec Paramount

        • Dumonteil D dit :

          John Crawford n’est vraiment pas mon actrice préférée mais là elle est très convaincante,

          Vous allez vous attirer les foudres de notre érudit MB!

        • MB dit :

          à Mathieu: au début du chap 3 je parlais des deux sur le chemin vers la maison de JC pas au Stork Club.

          de tt façon on retire de ça que hd ne signifie pas image de qualité, scanner en hd une mauvaise image de vhs va donner quoi? Une mauvaise image de vhs! (à ce sujet j’ai vérifié, le dvd de DK est bien techniquement de la hd… quant à la restau…)

          Je me souviens d’une interview de Joseph Ruttenberg dans un Positif, qui disait qu’un truc était de coller un voile de gaze sur l’objectif et de percer deux trous dedans à la cigarette pour que la peau soit lisse et les yeux brillants! Bon, fallait pas que ça bouge, la caméra ou l’actrice!
          Dites vous êtes sûr que vous pouvez distinguer un flou de prise de vues d’un flou de labo ou de traitement numérique?
          Dans ce type de production, le dir de la photo était pas mis au ban pour ça?

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Bien sûr qu’on peut faire la différence. Le flou de certains plans de DK est un flou optique, beaucoup plus important vers les bords de l’image. Et puis on alterne plans flous et nets dans la même scène, par exemple dans la scène du tribunal l’avocat qui interroge Crawford est net, puis contre-champ sur elle beaucoup plus brumeux. Un défaut de laboratoire, une copie mal tirée, le problème court sur toute la bobine, c’est le cas d’un autre film Fox édité par ESC, HOUSE OF STRANGERS, dont les deux premières bobines sont beaucoup moins nettes si ma mémoire est bonne, ensuite ça s’arrange. Si Fox avait continué à éditer eux mêmes leurs blu-rays, ils auraient cherché les meilleurs éléments et effectué une restauration, le cinéphile est perdant avec ce système, ou alors les éditeurs doivent être exigeants, je ne vois pas Eureka, Arrow ou Criterion éditer HOUSE OF STRANGERS comme ça.

        • MB dit :

          « John Crawford n’est vraiment pas mon actrice préférée mais là elle est très convaincante,
          Vous allez vous attirer les foudres de notre érudit MB! »

          j’ai pas vu je baisse… « laissez-moi mais laissez- moi je suis vieux je suis vieux je suis vieux… »

          (quand je pense qu’il y a un John j’aurais pu faire un gag, loupé…)

        • Mathieu dit :

          A MB & Dumonteil:
          Pour John Crawford je plaide non coupable. Je tape ces commentaires, ce qui est nouveau pour moi, sur un smartphone qui me corrige intempestivement et va finir par penser à ma place.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Mathieu
          Au lieu d’hawksienne, il voulait m’imposer hawaïenne

        • Dumonteil D dit :

          DANA ANDREWS WOW !quelle filmographie ! « the oxbow incident  » (il m’a fait pleurer ) « the best years of our lives » (on a envie de l’aider à boxer le client)  » Laura » et « where the sidewalk ends (avec la sublime Jim Tierney ,dommage que l’on ait affublé le second du titre ridicule de « Mark Dixon détective « ;pourquoi ,pendant qu’on y est ne pas rebaptiser « oxbow » « Donald Martin cowboy »?)les deux Lang « while the city sleeps  » et surtout surtout « beyond a reasonable doubt « (objet d’un remake …douteux) « night of the demon » …………..ajoutez le vôtre sur les pointillés

          Merci MATHIEU ,Merci MARTIN ,pour cet hommage bien mérité à un acteur qui n’a jamais eu la moindre nomination aux AA….

        • MB dit :

          à Dumonteil D ANDREWS il a mal terminé sa carrière, mais durant toute une période il avait le don mitchumien de ne rien exprimer pour mieux suggérer.
          Dans LAURA, la 1ère fois qu’il se doute de qqch à propos de Clifton Webb il vient de le quitter) fait qqs pas et puis se retourne sur Webb parti dans la direction opposée. J’ai vu ce plan où il se retourne à l’âge de 25 ans je ne l’ai jamais oublié!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          L’alcool a joué un grand rôle. Et ses cuites avec Tourneur ont compté dans ce qui s’est passé. On trouve une biographie sur lui ainsi que sur Robert Ryan

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Oui comme Mitchum comme Cooper Dana Andrews est très bon dans ses silences, par exemple dans DAISY KENYON quand il apprend que Crawford s’est mariée avec Fonda. Dans le cinéma français de l’époque je ne vois que Gabin pour exprimer autant en faisant si peu (par exemple dans TOUCHEZ PAS AU GRISBI quand il apprend la mort de Riton au téléphone).

        • MB dit :

          à Bertrand mais il y a une malédiction de l’alcool dans le cinéma américain ou quoi? C’est pas la même dimension ailleurs?

          pour Tourneur vous m’en bouchez un coin, j’ai toujours imaginé l’homme accro à la camomille ou la verveine-menthe malgré les démons qui l’habitaient!

        • Bertrand Tavernier dit :

          Oui l’alcool a fait des ravages partout (cf Carette). Mais aux USA, c’était favorisé par cette obsession de la culture virile prédominante chez la plupart des cinéastes fondateurs de Ford à Wellman en passant par Fleming. Certains comme Hawks étaient moins dépendants ou résistaient mieux. Ou buvaient moins (Hathaway, Daves). Mais chez les acteurs de Wayne à Mitchum que de muflées. Avec toute cette vie mondaine, de partys qui encourageait l’alcoolisme mondain (cf A STAR IS BORN). Relisez ce qu’écrit Michal Powell sur les différences entre l’acteur anglais et français. Quand George Roy Hill vint tourner en France, Pierre William Glenn qui éclaira le film me racontait que tous soirs il se bourrait la gueule en solitaire

        • Mathieu dit :

          A Bertrand:
          Se bourrer la gueule en solitaire Tocqueville en parle déjà à propos des Américains dans « De la Démocratie en Amérique » (1835). Il attribue cela à la culture protestante puritaine, ce qui peut étonner vu que les puritains sont prohibitionnistes mais comme ils sont aussi contre les autres formes de distractions, plus collectives, plus affichées et plus dispendieuses en temps et en argent…
          Mais le machisme américain ou plutôt la version américaine du machisme joue aussi un rôle… Quoique Nora soit rarement en retard d’un martini par rapport à Nick…

      • MB dit :

        mon smartphone je tape Ford il corrige en Corbucci! C’est un malware appelé « Quentin » paraît-il.

  26. Denis Fargeat dit :

    … rien à voir et j’en suis désolé, magnifique archive hier soir : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/le-cinema-des-cineastes-maurice-pialat-pour-police-parties-1-et-2-1ere-diffusion-08-et-15091985
    Dans une certaine mesure,historique : la dernière du « Cinéma des cinéastes » de Claude-Jean Philippe, dépité de ne pouvoir continuer, et en première partie un entretien avec Pialat -tout un poème, dont CJP dit très justement qu’il argumente , contr’argumente et développe dans la même phrase (pas formulé comme ça, je résume)…

    • MB dit :

      merci Denis pour l’info je crois que je l’avais loupée celle-là (ou celles-là).

      • yves rouxel dit :

        Amb et aux autres bien sur.Le distributeur Carlotta lance sa plateforme en ligne(5 euros par mois)soit une offre de 50 films choisis,qui seront régulièrement renouvellés.Avec bonus et éclairages.Dans la première fournée,deux films phares de 1957 au noir et blanc hanté.Dans »Temps sans pitié »de Joseph Losey,un écrivain alcoolique(Michael Redgrave),sortide désintox,n’a que 24 heures pour prouver l’innocence de son fils,condamné à mort pour meurtre.Implacable et brillant.La Cinétek propose une sélection thémathique de 10 films du patrimoine par mois(2.99),outre la cinémathèque idéale d’une cinquantaine de réalisateurs actuels en vod(achat film par. film,à partir de 4.99.Axé sur sur le cinéma plus récent ,Filmo TV donne accès à une base de 700 films avec son passe à 6.99 par mois,ainsi qu’a certains titres en vod à moitié prix.Et sur UniversalCiné,43 producteurs et distributeurs indépendants proposent leurs films,exclusivement en vod a partir de 0.99 l’unité.Voilà c’est tout pour aujourd’hui.

        • Dumonteil D dit :

          à YR
          Dans la première fournée,deux films phares de 1957 au noir et blanc hanté.Dans »Temps sans pitié »de Joseph Losey,un écrivain alcoolique(Michael Redgrave),sortide désintox,n’a que 24 heures pour prouver l’innocence de son fils,condamné à mort pour meurtre…

          Les 3 unités de la tragédie classique sont respectées dans ce film désespéré ,dont la fin n’est même pas ce qu’on peut appeler heureuse ;une obsession du temps marquée par l’utilisation des pendules rappelle au héros sa situation paroxystique ;et l’attitude du fils est on ne peut plus culpabilisante;c’est un grand film « hanté  » comme vous dites,mais quel est le deuxième film phare?

        • Salomon dit :

          Sans oublier la Cinémathèque française qui, depuis le 10 avril, a mis en ligne une plateforme (HENRI) qui propose, tous les soirs à 20h30, la surprise d’un film rare qu’elle a sauvegardé et restauré au cours des vingt dernières années.

          A ce jour : deux films de Jean Epstein :
          LA CHUTE DE LA MAISON USHER et LA GLACE A TROIS FACES

          https://www.cinematheque.fr/henri/

          Pour ma part je ne cesse de redécouvrir et apprécier le cinéma de Jean Epstein qui me touche bien plus que la grandiloquence vaine et puérile d’Abel Gance avec ses gesticulations techniques façon « concours Lépine » !

  27. Chris toffer dit :

    Bonjour Mr Tavernier.
    Je viens de découvrir votre blog et j’en suis ravi.
    Je voulais en profiter pour vous faire part du plaisir cinéphilique que me procure votre ouvrage « amis américains », et en particulier de toutes les lettres que vous a envoyées Delmer Daves. Sa simplicité et son humanité m’ont profondément touchés et m’ont donnés envie de revoir certains de ses films(dont la colline des potences que je viens d’acheter en DVD, et vu il y a longtemps).
    Par contre, je n’ai pas trouvé de trace d’un DVD français de l’orgueil des marines.
    Au plaisir.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Chris Toffer
      Exact. Nous l’avions sorti avec Pierre Rissient sous le titre LA ROUTE DES TENEBRES. Il y a un dvd Warner aux USA. C’est un très beau film, un des meilleurs Daves

    • Mathieu dit :

      A Chris Toffer:
      Moi aussi j’aimerais qu’il y ait un dvd français de THE PRIDE OF THE MARINES, un dvd français ou anglais ou américain mais sous titré, ce qui n’est désormais plus le cas des dvds Warner qui sortent aux USA, Warner qui possède le catalogue le plus important de films du Hollywood classique (Warner, MGM, RKO), dont les éditions dvd étaient autrefois assez exemplaires par leur qualité mais qui depuis quelques années néglige son catalogue tout en refusant de le confier à des éditeurs indépendants comme le font d’autres majors. La branche française de Warner est encore plus négligente qui ne sort pas ici les par ailleurs très bons blu-ray de la collection Archive, sous titrés eux (en anglais) mais seulement disponibles aux USA (donc frais de port importants). Et dans ses éditions blu-ray Warner va négliger des films importants des années 30-40 en noir et blanc, mais pas forcément très spectaculaires sur le plan visuel.
      Parmi les dvds de films de Delmer Daves qu’on trouve ici, j’ai découvert récemment THE RED HOUSE, que j’ai énormément aimé. La mise en scène parvient à suggérer beaucoup de choses que le scénario et les dialogues refusent habilement de trop expliciter. Daves réussit avec une subtilité qui rappelle celle de Jacques Tourneur
      à instiller le mystère, pas seulement un mystère romanesque (que nous cache-t-on ?), mais une inquiétude, une appréhension devant la fragilité des êtres et le danger qui pourrait les détruire. Un film aussi où des êtres jeunes se révèlent être plus forts et plus adultes que leurs aînés.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Mathieu
        Vous avez entièrement raison pour THE RED HOUSE qui a été une redécouverte

      • Dumonteil D dit :

        à MATHIEU

        des êtres jeunes se révèlent être plus forts et plus adultes que leurs aînés.

        Ce sera aussi le cas dans les mélodrames de Daves des années 60, »a summer place » et « Parrish » .

      • MB dit :

        à Mathieu les Warner Archive ne sont jamais sstitrés (anglais y compris) je crois.

      • MB dit :

        à Mathieu: vous avez raison pour les bray Archive, ils sont sstitrés, pas les dvds! my mistake…

        • Mathieu dit :

          A MB:
          Oui les blu-rays Warner Archive sont tous sous titrés
          en anglais, sous titres de couleur jaune pour les films en noir et blanc, mais en réglant au minimum la saturation du téléviseur on obtient du quasi blanc) et malheureusement sur quelques titres les ST sont en majuscules, idée stupide sur laquelle ils sont revenus je crois. Des ST en majuscules ça devrait convenir pour les films de Samuel Fuller, dont les personnages semblent pour moi la plupart du temps parler en majuscules soulignées au crayon rouge ( Je me sens très seul de ne pas aimer les films de Fuller, ceci dit en passant car je ne veux pas ouvrir un débat sur le sujet). Parmi les dernières sorties je note THE STALKING MOON de Mulligan évoqué ici et DODSWORTH de Wyler qui me fait très envie.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Mathieur
          Remarque pertinente sur les dialogues de Fuller mais on peut aussi l’aimer pour cela car c’est une partie intégrante de son style

  28. Yves Rouxel dit :

    On à tous besoin d’écrire,d’exprimer nos émotions face à cette situation si particulière que nous vivons,pauvres mortels que nous sommes.Bien sur je reviendrais sur la fournée des films et des livres proposés par Bertrand.Juste une parenthèse avec un cinéaste que j’ai redécouvert grace à »100 ans ».Robert Mulligan était un réalisateur touchant,qui a sut apporter une singularité unique à travers le portrait d’individu(e)s déphasées,en marge de la société ,qui sont differents et ne comprennent pas vraiment dans quel monde ils vivent.Prenons »Prisonnier de la peur »ou un père qui avait des rèves plein la tète,va forcer son unique fils à devenir un joueur de base ball .Il veut que son fils arrive au sommet et devienne le numero 1 en faisant des sacrifices sur sa vie privée.Anthony Perkins préfigure le personnage de Norman Bates avec son regard puissant.Il est dommage que ce film ne soit pas disponible en dvd.Restons avec Mulligan avec »Un été 42″qui est pour moi une espèce de graal sur la jeunesse perdue,sur le temps qui passe si vite et ou l’on tombe dans une nostalgie qui n’est pas si maladive que ça.Puis le film ne manque d’humour et de rigolades,comme le précise Bertrand et Jean pierre.Il faut revoir la scène ou le jeune Herbert entre dans l’épicerie de l’ile qui vend aussi des médicaments et des préservatifs.Cette séquence apporte une joie et on a tendance à s’identifier à cet adolescent un peu naif qui découvre ses premiers émois amoureux auprès d’une jeune femme plus mure que lui.La composition de Michel Legrand nous laisse en suspension et on reste bouche bée tellement la partition colle parfaitement aux émotions ressenties.Dans un prochain post j’évoquerais »The other »oeuvre étrange et fantastique sur des jumeaux ou l’un est sensé representer le bien et l’autre le mal!!!!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Yves Rouxel
      Merci de cette défense de Mulligan dont j’aime aussi THE STALKING MOON, ESCALIER INTERDIT, UN ÉTÉ EN LOUISIANE

      • Ballantrae dit :

        The stalking moon est un chef d’oeuvre ce qui est impressionnant compte tenu du fait que R Mulligan n’a fait qu’UN western. Et en plus comme vous le dites très bien dans 50 ans il flirte avec le fantastique sur un mode assez comparable au cinéma de Tourneur.
        To kill a mockingbird, The other, Un été 42, The nickelride ( à ne pas oublier) mais aussi Un été en Louisiane sont autant de films marquants, complexes et sensibles.
        En revanche j’ai découvert l’autre soir sur TCM goodbye my love qui est vraiment raté, une comédie fantastique au ton emprunté , un peu trop surlignée et surjouée ( malgré beau casting réunissant S Field, J Caan et J Bridges) , tres répétitive. Au bout d’un moment j’ai compris que c’était le remake de Dona Flor et ses deux amours un film brésilien des 70′.
        Mais un faux pas est toujours possible même pour les plus grands.
        J’espère que vos amis américains vont bien alors que la vague est bien arrivée outre Atlantique malgré les rodomontades de Trump.

        • Ballantrae dit :

          J’ai commis deux erreurs pour le prix d’une sur des titres: le film médiocre de Mulligan s’intitule Kiss me goodbye et le film brésilien gentiment érotique Dona Flor et ses deux maris de Bruno Barreto.
          Vous parlez Bertrand de ratage intégral et c’est vrai. Tout est poussif, dénué de vie : un comble pour le si sensible et subtil Mulligan.
          Le postulat de départ n’est pas plus inintéressant que celui des plus belles comédies fantastiques( La vie est belle, Heaven can wait, Ma femme est une sorcière , Le fantôme de Mme Muir, Une question de vie ou de mort) mais rien ne se passe…
          Le film de départ est loin du chef d’oeuvre dans mon souvenir lointain.

        • Mathieu dit :

          A Ballantrae:
          Pour moi A MATTER OF LIFE AND DEATH n’est pas vraiment un film fantastique contrairement aux autres films que vous citez (auxquels on peut ajouter le très beau HERE COMES MR JORDAN) car il n’y a pas à proprement parler de surnaturel, tout ce qui se passe au Ciel se passe en fait dans la tête de David Niven.
          Je signale un blu-ray assez récent du film chez ITV en Angleterre avec des ST anglais et une qualité d’image vraiment supérieure au blu-ray Elephant.
          Je termine avec deux citations de ce chef d’oeuvre:
          « Stupidity often saved a man from going mad ».
          Et:
          « The rights of the uncommon man must always be respected ».
          Vous avez quatre heures…

  29. Ballantrae dit :

    Si j’ai bien compris Yves vous avez expérimenté le covid 19 avec une phase critique.
    Je suis d’autant plus heureux de vous retrouver!
    Sinon oui il y a un dogme néolibéral ( et ses serviteurs zélés)qui met un genou à terre et ne doit pas se relever compte tenu de ses responsabilités dans cette crise en amont et pendant.

    • yves rouxel dit :

      A ballantrae.Oui après quelques courbatures bégnines lié à l’age,j’ai eu une fièvre puis une respiration compliqué(moi qui ne fume que du jambon de bayonne,c’est un comble).Je me suis rapproché d’un pole santé installé près de mon domicile et j’ai été tester au covid 19 avec une petite tige que l’on vous enfonce dans la paroi nasale.Le medecin qui m’a reçu m’a avouer m’a affirmer que je n’étais pas un patient à risque.Beaucoup de personnes décédés étaient en surpoids et avaient des pathologies(diabètes,avc..)puis il y a aussi l’alimentation et l’hygiène de vie qui joue un grand role.Keep on running comme chantait Bruce Springsteen!!!

      • michèle dit :

        C’était le Spencer Davis Group avec Stevie Winwood au chant !

      • michèle dit :

        Euh … ce n’est pas très important, mais Springsteen joue Keep THE CAR running … ou alors Born to run. Mais on s’éloigne du cinéma, quoique …

        • yves rouxel dit :

          A michèle .Je pense qu’il y a toujours un lien direct entre les images et la ou les musiques dont une oeuvre cinématographique.La partition musicale joue un role préponderant et je vous renvois au documentaire ainsi qu’au concert que diffuse Arte ce soir à travers l’oeuvre de SK.Quand je récoute les compositions de Michel Legrand sur « Un été 42″ou celles de Dave Grusin ou de Maurice Jaubert j’en ai la chair de poule.J’ai quelques réticences avec les musiques d’Antoine Duhamel,en revanche Philippe Sarde est d’une grande habileté pour tous les films de Claude Sautet.Revoyez « Mado »qui est une oeuvre délicate à redécouvrir.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Yves Rouxel
          Peste, Antoine Duhamel a quand même écrit la partition sublime de PIERROT LE FOU. CelleS de LA MORT EN DIRECT, DADDY NOSTALGIE, DE LAISSEZ PASSER, de RIDICULE ou WEEK END ne sont pas mal non plus

  30. Fréville dit :

    Bonjour,
    Merci pour votre nouvelle chronique toujours aussi intéressante ! Pourriez- vous nous donner quelques informations sur le travail d’Edward Thomas comme scénariste. L’attitude de Robert Towne à sa disparition fut proprement inaceptable.

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Fréville
      Il faut lire le livre, le premier à révéler cette situation et la conduite de Towne. Edward Thomas avait accepté son sort mais peut être pas l’attitude de Towne

      • DIXON STEELE dit :

        Je crois que vous faites une confusion sur le nom de « l’assistant » anonyme, ami d’enfance de Robert Towne – il ne s’agit pas d’Edward Thomas, mais d’Edward Taylor. Robert Towne le cite une fois, à propos de Chinatown, dans un livre que je conseille : « Writing Los Angeles A Literary Anthology « de David L. Ulin. On y trouve de très bons articles inédits ici de Ellroy, Joan Didion, de Budd Schulberg, et des témoignages de Art Pepper et Charles Mingus sur la scène jazz des années 40.

  31. MB dit :

    dommage que Dumonteil n’ait pas lancé le sondage sur les Polanski préférés aujourd’hui, j’ai enfin découvert J ACCUSE (loupé bêtement en salle) grâce à un site de VOD (désolé Bertrand). Je n’avais jamais été très séduit par ses films à part CHINATOWN et ROSEMARY mais son dernier film, qui mérite le mot « classique » dans le sens du respect de certaines règles simples qui suppose une discipline rigoureuse dans la production et le tournage, en plus d’une belle modestie de la part du metteur en scène (car on n’est pas chez X ou Y, il ne s’agit pas de surprendre à tout prix ou choquer) qui doit la tête dans le guidon s’incliner devant son sujet, donc refuser tout effet trop voyant pour mieux mettre en valeur le fond de ce que l’on filme. Mon prof de français (salut Savolle) disait qu’une poésie devait être lue avec le moins d’intonation possible afin de mieux illustrer le texte (c’était peut-être exagéré mais ce retrait de l’effet par rapport au thème est compris de certains chanteurs de blues), ce n’est pas que le style soit absent ce qui est impossible, c’est que le style suit le sujet au lieu du contraire, comme la technique (on n’est pas chez Kechiche, disons)… même si certains films de Kubrick ou de Gance, témoignent d’un style très voyant qui suit AUSSI le sujet.
    Dans J ACCUSE, je retrouve le classicisme de certains films des années disons 40 à 60 dans lesquels la dérision est heureusement absente, j’ai pensé à Cayatte et Frankenheimer (des imbéciles on sûrement soutenu que le « filmage » de J ACCUSE était démodé je ne lis plus les critiques de la presse). Le respect pour les acteurs est confondant, car ce respect crée chez eux une confiance en RP, et une liberté quant à vivre le personnage. Regardez Vincent Pérez qui assume de jouer un second rôle, ou Melvil Poupaud loin des comédies sentimentales, formidables. Mon préféré est quand même Vincent Grass en ministre de l’Intérieur (Grasse à chaque parole qu’il prononce semble laisser craindre un arrêt cardiaque imminent, mais il n’y a rien à craindre: il finit d’abord de dire sa réplique) quoique Didier Sandre soit aussi très impressionnant de vérité… bref, tous y compris Emmanuelle Seigner qui n’est pas la présence sensuelle de rigueur, elle m’a surpris.
    Par ailleurs, je ne sais pas si des critiques l’ont dit, je voudrais m’insurger contre le sens péjoratif du mot « académique » terme considéré comme un défaut, moi je n’ai rien contre, J ACCUSE serait académique, fort bien.
    Tiens je vais maintenant écouter l’émission de Mauduit que j’avais gardé au chaud depuis que j’avais noté le lien (merci D Fargeat).
    Je suis sûr qu’il y a autre chose à dire sur J ACCUSE mais H Patta risque de me dire « Hein? C’est pas fini? ».

    • Bertrand Tavernier dit :

      A MB
      Je n’ai rien contre la VOD qui respecte les droits d’auteurs et du producteur. Je recommande vraiment FILMO TV dont le catalogue est impressionnant et qui offre de plus des interviews, des discussions. C’est là que j’ai trouvé DANGER DE MORT de Gilles Grangier. Carlotta a aussi un catalogue plus limité mais avec des pépites.
      the GHOSTWRITER mérite aussi le détour. Et J’ACCUSE est nullement académique. Ce n’est pas académique que de nous faire sentir physiquement le confinement moral, le délabrement mental d’une institution gangrenée par ces virus que sont l’antisémitisme, le conservatisme, l’étroitesse d’esprit. Polanski le traduit dans la manière dont il filme le décor, utilise la lumière, dirige les acteurs. C’est un monde de mort et traduire cela n’est pas académique. Et ceux qui attaquent le film feraient bien de relire les textes décapants de Simon Leys s’en prenant aux mandarins français qui contestaient les critiques de Mao sous des prétextes aussi spécieux que celui d’académique pour Polanski et aux féministes qui s’étaient soulevées pour défendre Madame Mao, laquelle avait régner une terreur impitoyable. Actrice ratée, elle avait fait déporter ses rivales et tous les compositeurs qui ne l’avaient pas engagé en les accusant de déviationnisme, réduit le nombre d’opéra à 6. Ces mêmes féministes n’avaient pas levé le petit doigt pour les ouvrières qui s’étaient rebellés, pour la syndicaliste emprisonnée. Tout le monde sait maintenant que Madame Mao a été une criminelle. Vous avez lu des excuses, des regrets.

      • MB dit :

        j’ai noté FILMO TV, je me référais plus aux critiques de ce qui serait académique bien sûr. En fait qu’est-ce que ça veut dire exactement?

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          C’est comme la qualité française, la tradition de la qualité, cela peut s’appliquer à des films bien faits, bien joués mais où on ne sent jamais qui est derrière la caméra, on ne sent pas sa personnalité qui est comme mise en sommeil par le savoir faire technique. Il y a des Delannoy qui répondent à cela et dans d’autres comme LE GARCON SAUVAGE, les Maigret, elle se laisse entrevoir. Cela peu concerner les Carné de la fin, des films MGM mais presque jamais Lara même sa mise en scène est classique, voire traditionnelle. On entend sa voix, ses colères, ses ressentiments. Idem pour la plupart des Duvivier où il est hyper présent, pa danss ANNA KARENINE ou LYDIA mais dans PANIQUE ou AU ROYAUME. Et Polanski, on l’entend respirer dans chaque plan

        • MB dit :

          à Bertrand: OK je me méfiais de ce terme parce que vous savez qu’il a été pollué surutilisé, par exemple je crois que dans son fameux article « Une certaine tendance… » Truffaut
          l’a utilisé pour attaquer Lara dont on voit mieux grâce à vous qu’il ne le méritait pas… (je ne sais plus qui il attaquait d’autre). Un jour un copain cinéphile m’a dit à propos de UNE SEPARATION de Farhadi « oui ça c’est académique bof… » i m’a foutu en rogne, pour certaines personnes ça veut dire que tel film manque cruellement d’invasion extra-terrestre et de pin-ups en tenue d’été!

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          Chabrol disait que dès que vous filmez un personnage en costumes avec une torche ou une lanterne, vous faites du cinéma académique. Si, avec les mêmes cadres, les mêmes objectifs, vous filmez quelqu’un avec une lampe de poche, vous faites du cinéma moderne surtout si vous illuminez la caméra

        • MB dit :

          à Bertrand: Il y a en effet quelquechose de signifiant c’est quand comme vous dites le film est bien fait mais sans qu’on sente une personnalité derrière, mais c’est dangereux car on peut confondre avec la modestie du réalisateur, et puis il y a des termes-clichés qui ne devraient plus être utilisés dans l’approche critique.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A MB
          MAais la modestie fait partie du ton et de la personnalité. C’est ce qui distingue les policiers de Gilles Grangier, cela et une vrai appréhension des milieux, des décors populaires

        • MB dit :

          à Bertrand: cette modestie est purement professionnelle, dûe à la concentration, c’est celà que j’admire chez certaines personnes au travail!

      • Alexandre Angel dit :

        A MB
        Dans J’ACCUSE, il y a aussi Eric Ruf, actuel directeur de la Comédie Française, et ancien copain de fêtes belfortaines jadis et j’avais même fait un peu de théâtre avec lui quand j’étais au lycée. Il a un petit rôle (et il meurt vite) mais je l’ai trouvé remarquable en ganache syphilitique.
        La confusion entre académisme et classicisme est une inépuisable source d’argutie. J’ACCUSE a même été taxé par certains de téléfilm…J’ai l’impression que beaucoup de gens font le coup de l’académisme dès qu’un film leur semble trop sage formellement, trop « plan plan ». Ils leur suffit de ne pas aimer un film et l’académisme est là, tout prêt, pour étayer leur blocage. J’ai un copain qui dit que l’académisme, c’est du classicisme sans invention. Ce que je ne trouve pas sot. Le problème est que trop souvent, il va taxer d’académisme un film de facture classique, dont il n’est pas fan pour des raisons qui n’appartiennent qu’à lui, faute de trouver d’autres arguments.

        • MB dit :

          à AA: je suis tout à fait d’accord
          « J’ai l’impression que beaucoup de gens font le coup de l’académisme dès qu’un film leur semble trop sage formellement, trop « plan plan ». »
          la dernière fois j’ai revu complètement scotché du début à la fin 10 RILLINGTON PLACE de Fleischer (ce film me rappele toujours le film de Mike Leigh avec le personnage de l’avorteuse à cause du Londres d’après guerre, deux films cousins) surpris par la mise sous veilleuse de tout effet d’acteur, de caméra, de violence de sexe (et pourtant) je suppose que certains pourraient le traiter d’académique! chef d’oeuvre.

        • Dumonteil D dit :

          J’ai rencontré une fois M.Grangier au mariage de…sa femme de ménage dont l’époux était mon filleul.
          Au repas ,je suis allé lui parler avec la peur d’être rapidement éjecté ,mais il a été très cordial :nous avons surtout parlé,malheureusement ,d’un de ses polars-en fait un ersatz de James Bond- qui ne compte pas parmi ses grandes réussites: « train d’enfer » où la « scène du tunnel a été très dure à réaliser » ;je ne connaissais pas à l’époque (1992) « reproduction interdite »  » trois jours à vivre » « le désordre et la nuit » « 125 rue montmartre  » etc et ce film de 1965 était le seul qui me venait à l’esprit .

          Pour beaucoup de cinéphiles (français),s’il fallait trouver un autre nom à l’académisme , on pouvait l’appeler  » William Wyler « ;les choses ont quand même changé, et je n’ai aucune honte à avoir cité « Jezebel » dans les films d’épidémies.

        • Bertrand Tavernier dit :

          A Dumonteil
          Mais les grands films de Wyler ne sont pas académiques. Ils ont pu le paraitre aux yeux de ceux qui souvent mettent en avant l’apparence plutôt que la profondeur, le dépaysement, l’innovation réelle ou surestimée plutôt que l’ancrage. Tout ce qui ne relève pas de la tradition est du plagiat disait Bunuel. Et deux cinéastes qu’on opposait bêtement, Ford et Wyler, ont tout deux été traité d’académique

        • MB dit :

          le moment jubilatoire de J ACCUSE c’est cette série de plans courts sur les officiers découvrant lisant à voix haute dans le journal les passages qui les concernent du texte de Zola, soutenu par des accents forts de la musique de Desplat! j’ai vibré dans mon fauteuil.

      • Denis Fargeat dit :

        …difficile de parler en général… ce qui est sûr, c’est que parler ‘d’académisme » en matière de création artistique* est rarement un compliment, on ne va pas tenter une histoire du mot, qui représente comme d’autres une catégorie floue, un tiroir où l’on veut glisser dédaigneusement ce qu’on ne veut pas considérer…
        Ce qu’on peut remarquer, c’est la fluctuation du goût : en général et sans citer de noms, ils sont nombreux, ces artistes dont la nouveauté nous paraît avec le recul bien creuse, et à l’inverse des œuvres dont la cohérence avait besoin de temps pour se révéler… la notion de style est au cœur, il me semble, de cette question. Des styles voyants, d’autres moins, qui trouvent ou perdent leur public au fil du temps…
        * j’ai corrigé ici une fraute de fappe marrante, « création artRistique », à corriger en arthritique… en causant d’académisme, drôle…

    • MB dit :

      « à MB (5 messages passés à la trappe ) :FELICITATIONS pour votre analyse de « gibier de potence »!!!!!! »
      vous avez un peu quelquechose à y voir, je pèse mes mots: c’est un chef d’oeuvre du film noir, ce film est une anguille: il file et glisse à travers tous les clichés, les difficultés dramatiques. En plus comme un dvdclassikien le faisait remarquer il est ancré dans son époque, même si l’histoire pourrait être reprise maintenant: je vois bien Cédric Kahn sur le coup…

  32. Dumonteil D dit :

    (pourra-t-on revoir PATROUILLE DE CHOC ?),

    Il me semble qu’il s’appelait « patrouille sans espoir »mais que ce titre était trop peu commercial;il n’a pas de vedettes et un petit budget mais comporte des scènes et des lignes mémorables; c’est le director’s cut que j’ai vu.

    Un poste en Indochine ou les soldats sont harcelés par les Vietminhs ,qui lancent leur propagande sur les ondes et plantent leur drapeau juste en dehors du fort par défi.
    Le lieutenant :
    « les hommes font des affaires ,les femmes font l »amour et des enfants ,les enfants font la guerre;mes soldats sont des gosses »

    pendant l’ enterrement d’un frère d’armes:
    « il continuera à dormir près de nous ,on a simplement déplacé son lit  »

    au maître d’école :
    « vous leur apprenez « nos ancêtres les Gaulois »

    fin désespérée (justifiant le titre original) :la fumée recouvre le destruction et la mort.

    A M.STEELE: »le meurtrier » : en fait je réévalue surtout Gert Froebe ; le film est regardable mais pas mémorable ; je serais moins enthousiaste pour le film de Miller où Depardieu n’a rien du personnage réservé ,introverti à l’extrême ,romantique fou du roman; « plein soleil ‘ est excellent mais l’adaptation d’ Anthony Minghella est plus proche de l’oeuvre initiale ,surtout en ce qui concerne le personnage de Marge ; Wim Wenders a fait un autre Ripley (basé sur « Ripley s’amuse « ) »l’ami américain  » très intéressant avec une distribution insolite : face au grand acteur allemand Bruno Ganz et à Dennis Hopper ,on retrouve Samuel Fuller,Nicholas Ray et Gérard Blain (dont il faudra redécouvrir l’oeuvre)

    à MB (5 messages passés à la trappe ) :FELICITATIONS pour votre analyse de « gibier de potence »!!!!!!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Dumonteil
      Je l’avais vu deux fois à la sortie, jamais plus depuis. Le ton m’ait frappé mais j’ai peur que le dialogue et le commentaire (de Claude Accursi non ?) pêche par une tendance à l’emphase, à la grandiloquence et à la formule ciselée dont vous donnez deux exemples frappants. LES TRIPES AU SOLEIL m’avait laissé perplexe. Ado Kyrou était assistant je crois

    • yves rouxel dit :

      A Dumonteil.Je vous réponds ici car je n’arrive pas à ouvrir de lien.Le second film est »Nuits blanches »de Luchino Visconti avec un Marcello Mastroianni qui déploie un charme ingénu.

  33. DIXON STEELE dit :

    Eaux profondes fait en effet partie des très bon Deville (bien épaulé par Christopher Frank). La façon dont est traité le « non-dit » dans le film est exemplaire – ce n’est jamais le plus simple à réussir. Patricia Highsmith a plutôt bien été servie par le cinéma français, que ce soit Plein Soleil ou Dites-lui que je l’aime. Le cri du Hibou, aussi, un film, d’une grande complexité et d’une grande intelligence, en dépit d’une interprétation parfois un peu hasardeuse. Cette histoire d’un voyeur qui tient davantage au désir qu’il a d’une femme qu’à la concrétisation de celui-ci et qui, finalement, franchit le seuil, presque malgré lui, pour entrer dans une réalité infernale revisite de façon assez géniale à la fois Hitchcock et Lang. Chacun est à la fois victime et coupable de son désir autant que du désir de l’autre. Considéré comme un Chabrol assez mineur, il est urgent de le réévaluer. On peut aussi rêver de ce qu’aurait donné Les deux visages de janvier par le même Chabrol, qui a longtemps essayé d’en obtenir les droits. Il y a enfin Le Meurtrier de Claude Autant-Lara, adapté par Aurenche et Bost, très difficile à trouver, et dont la réputation est plutôt médiocre (bien que Dumonteil, qui,, heureux homme, arrive à voir les films les plus compliqués à dégotter, le réévalue quelque peu sur IMDB.)

    • Bertrand Tavernier dit :

      A DIXON STEELE
      Le MEURTRIER est assez sommaire, mal joué. Aurenche et Bost, tous les deux, le détestaient, disant qu’ils n’avaient jamais su centrer l’adaptation et que Autant Lara avait horriblement mal dirigé les acteurs

    • Ballantrae dit :

      Je ne connais pas le Autant Lara mais Le cri du hibou est une belle réussite absolument pas mineure à mon sens, je le préfère aux 2 Lavardin dans les 80′ sachant qu’il me semble de mémoire serti entre eux.
      Ce qu’il y a de bien dans la filmo de Claude Chabrol c’est qu’elle peut encore surprendre tant elle fut généreuse.L’autre jour j’ai redécouvert
      avec appétit L’enfer qui est vraiment un objet retors et passionnant d’autant plus qu’il relie Chabrol à Clouzot.
      J’étais sidéré quand je l’entendais parler de ses « mauvais  » films entre deux rires. Jours tranquilles à Clichy par exemple…c’etait bizarre idem pour Docteur M.

      • Bertrand Tavernier dit :

        A Ballantrae
        ceux là étaient vraiment mauvais tout comme la Route de Corinthe et les Tigre mais ils étaient mauvais de manière presque jubilatoire encore que celui tiré de Lucie Faure est pénible mais il faut revoir BETTY

        • Ballantrae dit :

          Betty est un tres beau film atypique
          avec un superbe duo M Trintignant/ S Audran et une justesse dans l’exploration d’un thème difficile qui le range aux côtés du Poison de Wilder ou du Jour du vin et des roses de B Edwards sur un mode moins terrible.

        • Bapper dit :

          Les films de Chabrol des années 90 et 2000 sont d’un très haut niveau. Il n’y a pas le « déchet » des décennies précédentes. Betty est un chef d’oeuvre, mon Chabrol préféré. Même si La fleur du mal et La demoiselle d’honneur ne sont pas loin derrière.

        • Dixon steele dit :

          Bel hommage que vous faites à Chabrol dans une emission que j’ai écoutée en podcast au cours de laquelle vous racontez comment il a enlevé certains de vos doutes sur Conan. C’est quelqu’un que je n’ai jamais pris en flagrant délit de proférer une bêtise, ce qui n’est pas courant. Lui qui disait pourtant « Je préfère la bêtise à l’intelligence parce que l’intelligence à une limite, la bêtise n’en a pas. » On a récemment sorti Le Scandale, époque Gegauff, invisible depuis longtemps, en dvd. Il faudrait le revoir. Ses films « midlist » ni reconnus comme des chefs d’oeuvres ni navets patents gagnent souvent à être revus. Ils se bonfient souvent comme un bon vin!

        • MB dit :

          « Les films de Chabrol des années 90 et 2000 sont d’un très haut niveau. Il n’y a pas le « déchet » des décennies précédentes. »
          absolument à 1000% d’accord, hors déchets antérieurs: les deux Yanne + LA FEMME INFIDELE qui me séduit à chaque fois!

      • Denis Fargeat dit :

        …de Chabrol, j’ai enfin vu « Masques » il y a quelques temps. Pas un grand Chabrol, mais pas mal du tout… cuvée 87, année moyenne – je crois que ça on ne lui aurait pas déplu qu’on compare son cinéma à un vin dont les caractéristiques fluctuent d’une année sur l’autre…
        Sur le DVD, un bel entretien avec Chabrol, qui dévoile à travers l’analyse de quelques scènes ( ou peut-être une seule, je ne sais plus) son art du découpage et du décor. Et sa malice est irrésistible… j’aurais rêvé qu’il joue le père Brown de Chesterton, ç’aurait été une belle série.
        J’aime beaucoup le début, et la fin, où Noiret déraille avec une folie qu’il disait envier à Rochefort. Au début, animateur façon Jacques Martin, il fait chanter un beau vieillard dont le timbre a quelque chose de familier, et pour cause : on découvre au générique de fin que le vénérable acteur est Pierre Nougaro, père de Claude, et ya quelque chose… Ô Toulouse, salut Rouxel!

  34. SERVANT Jean-Pierre dit :

    J’ai été comme vous bouleversé et ému avec LE DERNIER HIVER DU CID, dans lequel on suit les derniers jours de GÉRARD PHILIPE, des dernières vacances à Ramatuelle ou déjà il souffre, son entrée en clinique, l’intervention chirurgicale avortée, la « convalescence » et le retour chez lui entouré de son épouse et ses enfants si jeunes. Chaque chapitre, daté, amène le lecteur vers l’irrévocable. Et pourtant, l’homme – à qui on ment – est plein de projets. Il revient sur des oeuvres, des personnages qu’il a bien l’intention d’interpréter une fois guéri.
    Le style est sobre, sans effets inutiles. Un livre magnifique dont j’avais lu la critique (elogieuse) dans un récent numéro de POSITIF, critique qui m’a donné grande envie de lire, pour mieux connaître ce grand artiste, qui malgré le temps qui passe n’est pas tombé dans l’oubli.

  35. Gilles dit :

    Jean-Pierre Melville voyait-il des oracles ?
    « Je crois que la disparition des salles de cinéma se fera vers l’an 2020 »

    • Yves Rouxel dit :

      Je reviens vers vous après avoir passé plusieurs jours dans un petit village des Pyrénées ou habitent 50 habitants sans télévision,ni radios,ni de réseau internet mais d’un petit café de cet hameau qui fait office d’épicerie qui est rester ouvert malgré les interdictions.Chaque après midi une dizaine de personnes agés hommes et femmes se retrouvés autour d’un verre à jouer aux dominos ou aux cartes loin de cette ambiance depressive et agressive que j’ai retrouver dans la grande cité.Les salles de cinéma vont rouvrir comme l’essentiel des commerces,les grands groupes seront épargnés une fois de plus,on à vu tristement le retour du baton en 2008 après la fameuse crise financière.Mais aujourd’hui je pense que le capitalisme à un genou à terre et celà me fait réellement plaisir.A bientot de vous lire et merci à Bertrand de nous tenir éveiller grace à ses trouvailles et à sa finesse d’esprit.Bonne santé à tous ceux qui me lisent.

      • Gilles dit :

        Yves Rouxel vous vous êtes sans doute endormi devant un film de Jean Devaivre, le rêve usurpant votre réalité. La description de votre régression temporelle m’évoque assez LA FERME DES SEPT PECHES, à défaut d’un voyage interdimensionnel à la magicien d’Oz. A moins que les symptômes de ce curieux virus anticapitaliste ne soient pas encore tous documentés… affaire à suivre. Test virologique à l’appui svp.

  36. DIXON STEELE dit :

    Vous parlez des excellents ouvrages de Glenn Frankel – ils font partie d’une « niche » qui a explosé aux Etats Unis depuis quatre ou cinq ans – et qui nous donne souvent des choses passionnantes : celle du livre consacré à un seul film. On a ainsi des ouvrages de 300 à 400 pages d’anecdotes vivantes sur la conception et le tournage de films comme Casablanca (Noah Isenberg), Duel (Steven Awalt), Alamo (John Farkis), 2001 (Michael Benson), Géant (Don Graham), Mirage de la vie (Sam Staggs), Cléopatre (Walter Wanger), et j’en passe des dizaines.
    Il y a toujours eu ce genre de livre (je pense au Final Cut de Steven Bach sur Les portes du paradis, à l’excellent On Making a Movie: Brewster McCloud de Kirk McClelland, ou plus loin encore à Un film est un film de Lillian Ross sur La charge victorieuse) mais la chose se systématise de plus en plus, ce qui est une très bonne nouvelle. Ainsi rien que pour Peckinpah, on a eu ces derniers temps des livres sur La Horde Sauvage (WK Stratton), Pat Garrett et Billy the kid (Paul Seydor) et Junior Bonner (Jeb Roserbrook). Espérons que les éditeurs de DVD auront la bonne idée d’en traduire certains pour nous proposer des coffrets!
    Enfin, pour rester dans le sujet, j’en veux à cette pandémie de me priver pour l’instant de la lecture de la suite des mémoires de John Boorman, Conclusions. Le premier tome, Adventures of a suburban boy était succulent ! Et j’attends impatiemment le Jonathan Coe sur Billy Wilder !

  37. ballantrae dit :

    J’adore Buffet froid et ai acheté un coffret Blier comprenant ce film mais aussi Les valseuses, Trop belle pour toi, Préparez vos mouchoirs (que j’avais adorés aussi), Tenue de soirée et Merci la vie (là, j’avoue que je n’avais pas tout aimé malgré un duo d’actrices formidables…il y avait un peu surcharge!). Je pense nous programmer un petit cycle et je vérifierai aussi à l’occasion Calmos (vu une seule fois) et Notre histoire ( je me rappelle surtout Delon …le récit un peu moins; pas revu depuis au moins vingt ans!).
    Et oui il faut rappeler combien Michel Deville est un cinéaste passionnant dans sa diversité: Eaux profondes est un beau film vénéneux à souhait.Là aussi à revoir!

    • Bertrand Tavernier dit :

      A ballante
      NOTRE HISTOIRE s’épuise à mi parcours après des moments impressionnants et touchantes. Je n’ai jamais revu MERCI LA VIE que j’avais assez aimé

      • Yves Rouxel dit :

        A Bertrand. »Merci la vie »a été un échec commercial mais l’oeuvre est à redécouvrir.Blier nous entraine dans une course folle entre la réalité et l’imaginaire.Ce film est un véritable tourbillon qui nous suspend en apesanteur et nous détache du monde exterieur .Grace à lui et à l’interprétation de Charlotte Gainsbourg et de la trop rare Anouk Grinberg, »Merci la vie »est une ode au bonheur qui nous fait aimer la vie et ça dans l’existence c’est surement l’essentiel!!!

  38. Ballantrae dit :

    Merci pour les mots de Philippe Meyer concernant le formidable et regretté Didier Bezace.
    Vous avez convoqué bon nombre de films et lectures qui pourraient être utiles à Macron et ses fidèles. Je rajouterai 2 sites qui me semblent riches de vraies réflexions loin du babil mediatique qui fait surtout du bruit pour éviter de penser trop loin: La pompe à phynances de Frédéric Lordon ( une vision économique je l’espère audible enfin!) + Acrimed ( sur la manière dont les médias peuvent diriger des lectures des événements) tous deux gratuits. Il faut citer aussi Arrêt sur image.
    Il est urgent d’interroger l’après sinon il imitera l’avant avec les conséquences qu’on connait douloureusement.

  39. Alexandre Angel dit :

    Toujours sur Ennio Morricone, je trouve qu’on pourrait le classer, dans le domaine des musiques de films, pas très loin de Jerry Goldsmith, au sens où tous deux semblent aimer sortir d’une certaine zone de confort pour s’aventurer à expérimenter, usant de sonorités percussives, invitant ici ou là des instruments incongrus (une guimbarde, un banjo, une flûte de Pan, que sais-je…). Je trouve que Goldsmith était meilleur dans le commentaire de l’action pure là où Morricone privilégie les plages contemplatives.
    Mais les deux compositeurs ont le génie de tirer un film vers le haut, de lui conférer une importance dont ils seraient moins nimbés si une musique plus quelconque les accompagnait.
    Le fait que le thème de PEUR SUR LA VILLE vous donne envie, Bertrand, de revisiter ce Verneuil n’en est-il pas une illustration?
    Les partitions de ces deux musiciens nous portent et nous emportent presque malgré nous. Des deux, c’est Morricone qui apporte le plus d’émotion à ce sentiment d’emportement.
    Le souvenir d’enfance que me laisse le feuilleton MOISE avec Burt Lancaster ne serait pas le même sans la musique d’Ennio Morricone et comment expliquer l’impact du film ORCA (Michael Anderson, 1977) sur mon imaginaire de jeune spectateur si ce n’est par les notes entêtantes et magiques de la partition de Morricone. C’est pour moi une de ses plus belles musiques avec celle de NOVECENTO, d’ALLONSANFAN (celle-là est géniale et je remercierai toujours Tarantino de l’avoir employée dans INGLOURIOUS BASTERDS), d’IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE.
    Bon sang que j’ai envie de me procurer ce coffret!

    • ballantrae dit :

      Oui moi aussi: il remplacerait/complèterait utilement les CD épars, compilations approximatives que je possède.
      Sur la BO de Days of heaven, je trouve que c’est un travail assez inspiré par delà les exercices de pastiche autour de la musique française du début du XXème s: le motif principal qui surgit au moment où le fermier regarde la jeune femme est l’âme du film avec son côté intime, doux et tragique en même temps.
      Celle de Casualties of war rappelle le côté fructueux du compagnonnage De Palma/Morricone: la musique de générique des Incorruptibles est assez inoubliable tout comme celle qui accompagne les moments pathétiques.
      Ce qui est assez formidable chez les grands compositeurs de cinéma c’est leur aptitude à donner le souffle nécessaire aux images voire à exister malgré un film qui ne mérite pas la musique qui l’accompagne. Ainsi l’honnête minisérie Moise est emportée comme vous le dites par une BO assez impressionnante qui du coup a gravé dans ma mémoire ce souvenir télévisuel de mes jeunes années.
      Et si Mission qui est un assez beau film pas nécessairement impressionnant en termes de mise en scène reste en mémoire c’est en grande partie pour la maestria de sa BO incroyable en termes de paris instrumentaux, de changements de registres, d’utilisation de la voix.

    • Guillaume Chabason dit :

      Goldsmith et Morricone ont bien emprunté à Stravinsky et Bartok
      Comme tous les autres grands du métier
      La meilleure BO est le Sacre !

      • Pascal MINETTE dit :

        Oui mais emprunts ou influences ?
        Emprunts est péjoratif, non ?
        Tous les compositeurs de l’histoire ont leurs prédécesseurs dans le sang.
        Les compositeurs de cinéma n’ont pas que Stravinski et Bartok, qui eu-mêmes avaient leurs influences…

  40. Denis Fargeat dit :

    Merci beaucoup pour cette passionnante livraison, encore de quoi tenir des mois entiers!
    Merci pour ce vibrant plaidoyer en faveur du DVD, qui tombe pile en ces temps où le streaming cherche, comme toute industrie digne de ce nom, à ne voir qu’opportunités dans les accidents humains – une petite pandémie, c’est bon pour nous, ça… Je ne sais plus qui, il y a longtemps, disait du DVD qu’il était pour le cinéma l’équivalent de la Pléïade… et c’est effectivement assez comparable dans les meilleurs cas (les bonus comme documents, le commentaire audio comme notes de bas de page, qui peut au gré du spectateur parasiter ou agrémenter la lecture…). Mais je mettrai un petit bémol, en mode Stand Upper : je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les musiques qu’on entend sous le menu principal, c’est souvent naze: une boucle mal choisie, mal faite, qu’on va entendre 27 fois parce qu’il manque toujours quelqu’un ou quelque chose, qu’on est à 4 pattes devant le canapé pour chercher la télécommande sans laquelle on ne peut rien faire, et qu’on se coince la main en croyant la retrouver alors que ce n’est que le boîtier vide d’un disque dont on a perdu la trace… sans compter le moment du film où on va l’entendre, cette fameuse boucle, et qui réactivera le trauma initial de la main coincée – ça déconcentre.
    Mais à part ça, les DVD, c’est bien.
    Bertrand a cité dans sa playlist pandémique « Pars vite et reviens tard ». Je rappelle à ce propos que Jean-Noel Jeanneney avait invité Fred Vargas, à moins qu’il ne s’agisse de Frédérique Audoin-Rouzeau, archéozoologue, chercheuse au CNRS, inventeur du Rompol ( et soeur de Stéphane, grand historien évoqué par Bertrand, quelle famille!)
    https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/la-peste-de-lanimal-aux-humains-un-inquietant-precedent-0
    Il y avait également « Le Masque de la Mort Rouge », masque qui ne fait pas partie des recommandations sanitaires -je crois. Aspro Poe, petite réflexion suite à incubation de trois semaines – vu au début du confinement : effectivement, c’est le côté plastique du film qui tient vraiment la route, merci MB de souligner le tandem Haller/Roeg qui fait des merveilles… le sujet plastique du film, c’est bien sûr la couleur, le monochrome, qui était dans l’air du temps à l’époque ( Warhol et ses sérigraphies, Rothko pas très loin sans parler de Klein… et les à-plats qui arrivaient chez Disney, la Belle au Bois Dormant reste une splendeur de ce point de vue… je me demande quel était l’avis de Vincent Price, grand collectionneur d’art, là-dessus.)
    … juste pour terminer signaler les « A voix nue » de cette semaine, entretiens avec Josée Dayan – 150 films au compteur! De la télé bien sûr, mais dans le domaine il y a eu pire… Un premier épisode sur la naissance d’une vocation, et 10 ans d’assistanat auprès de Chabrol, Delannoy, beaux portraits colorés. https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/josee-dayan-capitaine-du-petit-ecran-15-le-petit-balzac

    • MB dit :

      « souligner le tandem Haller/Roeg qui fait des merveilles… le sujet plastique du film, c’est bien sûr la couleur, le monochrome, »
      pour LE MASQUE je veux ajouter la chorégraphie dans la scène du bal! (un certain Jack Carter qui a fait long feu au cinéma…)

  41. Alexandre Angel dit :

    Bonjour à Bertrand et autres blogueurs confinés,
    Je n’aime pas non plus abuser des liens internet mais puisqu’Ennio Morricone est à l’honneur dans ce dernier fil, je vous relaie ce qu’un forumeur a posté sur Dvdclassik et que j’ai trouvé assez fort.
    Bien à tous.

    https://youtu.be/JEjaip1ePYM

  42. dixon steele dit :

    Content que le Chinatown de Sam Wasson vous ait plus. Du même auteur il faut aussi signaler un Blake Edwards assez plaisant (A splurch in the kisser) – et un livre d’analyse et de très longs entretiens avec Paul Mazursky passionnant. (Bien davantage que les mémoires de Mazursky).

    • Bertrand Tavernier dit :

      A Dixon steele
      Les chapitres sur Peter Sellers sont hilarants et très justes dans les mémoires de Mazursky

  43. dixon steele dit :

    On retrouve dans Le Mystère Andromède une thématique quasi constante chez Wise (marqué par Lewton) : comment la peur finit par être plus dangereuse que la menace. Ainsi ici, devant le virus, la technique affolée prend la main, tout devient procédure, surveillance. La mise en scène, k à cet égard, est passionnante de précision. Les corps humains sont sans cesse scannés, passés aux rayons X, décontaminés. Chacun de leurs déplacements est tracé. Toutes les relations humaines doivent suivre des procédures. Sous prétexte de vouloir préserver l’humain, on le met entre parenthèse, puis en péril. La menace change de camp. La « bio-sécurité » remplace la vie. Même le sang dans les veines n’est plus liquide, mais en poudre ! (Ce qui, pour Wise, fils de boucher, est ô combien symbolique). Et c’est le système de défense qui est à deux doigts de causer leur perte. A la fin on finit par trouver ce virus Andromède, seule chose à rester réellement vivante (et qui va s’avérer inoffensif), bien sympathique ! Un film on ne peut plus d’actualité – et que l’on pourrait, lui aussi, conseiller au président Macron !

  44. Pascal MINETTE dit :

    Sur la dernière scène des RAISINS, je comprends un peu Ford. La réplique de Ma, c’est ce que montre déjà tout le film.
    En revanche, j’adore le mot et le regard du vieux pour sa femme. C’est elle le moteur de la famille et personne d’autre. C’est le plus beau regard d’amour du cinéma.
    Mais ce n’est que moi…

  45. MB dit :

    CONTAGION/Vous citez CONTAGION j’ai envie de citer ALERTE/OUTBREAK de Petersen dont je suis sûr qu’il est bien superficiel à côté du Soderbergh pas vu, mais distrayant.
    Je rajouterais bien AN ANGEL IN EXILE de Dwan dans lequel un truand est pris pour un faiseur de miracles et se rachète en guérissant la population, mais je l’ai trouvé moins émouvant à sa revision.
    LE MASQUE DE LA MORT ROUGE contient une large conclusion que vous signaliez dans 50 comme admirable (pas textuellement), et qui l’est. Il faut passer par une 1ère partie conventionnelle (la cruauté du prince Prospero est vraiment cliché). Cette conclusion admirable qu’il ne faut pas révéler est une surprise dramatique (une trouvaille de scénario: Charles Beaumont souvent avec Corman, et RW Campbell) contenue dans l’écrin magnifique de la scène du bal (où l’on passe en douceur d’une vision « réaliste » à une vision fantasmagorique, et en douceur) et cet écrin doit énormément à Nicolas Roeg (je croyais Floyd Crosby dans mon souvenir, comme quoi merci IMDB!) et Daniel Haller aux décors et costumes (« production design ») et Jack Carter pour la chorégraphie, qui est aussi totalement réussie!
    Corman a bénéficié pour LE MASQUE d’un budget beaucoup plus confortable, comme quoi assez d’argent ça fait pas de mal.
    A chaque fois que je redécouvre le messager de La Mort Rouge face au prince Prospero (no spoiler) je sursaute (je connais des gens que ça n’a absolument pas ému, je ne leur parle plus j’ai d’ailleurs fait le test avec certaines femmes qui m’intéressaient, et j’ai coupé toute relation avec celles qui me disaient rester indifférentes à la fin du film, pas de concession!).

    • MB dit :

      LE MASQUE
      j’oublie de dire que les scènes similaires d’introduction et de conclusion: le dialogue entre le messager et la petite fille se répondent avec élégance, d’ailleurs cette élégance est quelquechose d’assez inhabituel chez Corman.

  46. Ballantrae dit :

    Quant aux Patriotes j’avais trouvé le film ambitieux et complexe lors de sa sortie…et son échec très injuste.
    Le bureau des légendes sonne comme une revanche pour Rochant avec sa maestria narrative, son réalisme touffu, ses personnages remarquablement écrits et interprétés. De la haute couture dans le genre espionnage!

  47. Ballantrae dit :

    Bravo aussi pour avoir signalé les coffrets Pabst, Naruse, Ozu effectivement des sommes éditoriales à saluer.
    Et Elmer Gantry beneficie d’une copie remarquable d’un très beau travail editorial comme toujours dans cette collection.
    Oui ces dvd font la différence par le soin apporté à leur confection qui est un travail critique important. Un travail digne de celui d’un programmateur de cinémathèque ou d’un historien.
    Je ne suis pas abonné à Netflix et parfois, très ponctuellement en suis frustré…mais découvrir Roma de Cuaron tard mais en edition Criterion me va très bien.
    Kakatozov est un passionnant cinéaste dont j’ai peine à croire qu’il fut méprisé mais les mystères de la critique sont parfois des abysses . Quand passent les cigognes comme Soy Cuba sont de très grands films lyriques, inventifs, complexes.
    On peut enfin disposer d’un coffret Mizoguchi via Capricci mais je ne l’ai pas encore exploré. Pas vu les copies que j’espère de qualité et pas de boni à part un livret intéressant. Mais le simple fait de pouvoir revoir ces 8 films depuis longtemps indisponibles est une fête en soi.

    • ballantrae dit :

      Kalatozov, pas Kakatozov! Le télétravail ne me réussit guère: je n’en peux plus du clavier!!!
      Sur Rochant, votre commentaire sur Les patriotes confirme mon envie de revoir le film (vu en salle lors de sa sortie puis une fois en video) qui effectivement avait été maltraité.
      Quand je pense à ses débuts, quel contraste avec le triomphe de Un monde sans pitié sur le mode « film générationnel »…je ne sais ce que j’en penserais maintenant??? J’avais bien aimé Aux yeux du monde avec Y Attal et Ch Gainsbourg et après c’est devenu plus chaotique ( Anna Oz, Total western etc…peu de souvenirs mais un peu plus pour Moebius, « brouillon » intéressant du Bureau des légendes).
      C’est un parcours étonnant avec un happy end mais pour ce retour aux affaires, combien de trajectoires brisées ou plutôt érodées?

      • Ballantrae dit :

        Je repensais à des cinéastes comme François Dupeyron dont vous parlez plus haut ( Drôle d’endroit pour une rencontre puis Un coeur qui bat avaient placé la barre très haut… et après il y eut des réussites comme La chambre des officiers mais une fin de carrière difficile avant sa disparition soudaine) ou encore Sandrine Veysset ( Y aura t’il de la neige à noël?) Agnès Merlet ( Le fils du requin) qui ont fait de remarquables premiers films dans les années 90 et dont la carrière est devenue morcelée.
        Il est difficile de percer et plus encore de durer!

  48. Ballantrae dit :

    Oui très beau moment de l’épidémie dans Stars in my crown que j’aime énormément: tout est dans l’allusion et pourtant on mesure la catastrophe que cela signifie dans l’espace de l’americana.
    Cela me fait penser aussi au faussement mineur Doctor Bull de Ford avec un beau personnage de médecin haut en couleur et humain interprété par W Rogers.Le passage de la vaccination acquiert en ce moment un relief particulier…

    • Pascal MINETTE dit :

      Tous les moments sont beaux dans STARS IN MY CROWN.
      Celui de l’homme de cirque peut-être un peu long.
      Il y a des plans géniaux d’une seconde, comme celui de la carriole du pasteur passant un petit pont.
      Une image on ne peut plus simple, digne d’un joli tableau , mais c’est le temps qu’on voit passer, en fait, et on en est pour un bon coup de nostalgie.

  49. Ballantrae dit :

    Et c’est une bonne idée de rappeler que le changement de paradigme ne doit pas etre une simple posture mais une réalité concrète: honte à tous ceux qui ont vanté le bed management, dispersé les soignants lors des manifs, jeté à la poubelle les rapports des lanceurs d’alerte sanitaire.
    Et c’est pas mal de se rappeler le monde paysan agonisant à l’heure de la redécouverte de l’importance des circuits courts et de la suffisance alimentaire.
    Sans oublier la richesse du support dvd alors que netflix fait des affaires à peu de frais en ce moment .

    • Yves Rouxel dit :

      A ballantrae.Sur netflix il y a évidemment la quantité mais pas forcément la qualité dans des séries addictives dont les scénarios sont d’une incoherence alarmante.Mais n’oublions pas « Irishman »de Scorsese ou d’autres films qui ont une grande consistance.Il me tarde de voir »Donnybrook »qui est une version moderne des »Raisins de la colère »ou l’on découvre Jamie Bell(découvert dans billy elliot)dont le personnage est pret à tout en combattant dans une cage pour la survie de sa famille dans une amérique malade et sclérosée.Le film est disponible sur la plupart des plateformes.

  50. Ballantrae dit :

    Quelle fournée!
    Par quel bout commencer? On a le temps en ce moment mais un mot pour saluer et votre sélection de films consacrés aux laissés pour compte et pour aller à fond dans votre sens pour ce qui est du nécessaire équilibre Livre/ films/ musique en ce moment.
    Très bien vos conseils aux politiques qui n’ont juré que par la dérégulation néolibérale, très bien aussi vos films épidémiques: je rajouterai justement Epidemic de Lars Von Trier objet très curieux et formaliste mais aussi 3 films dignes héritiers de night of the living dead : le diptyque 28 jours/ 28 semaines plus tard de Danny Boyle et JC Fresnadillo mais aussi le coréen Dernier train pour Busan.
    L’ouverture de 28 semaines est impressionnante.
    Et merci à ce titre pour le clin d’oeil « cinema de genre » surtout pour Argento dont j’aime beaucoup maints titres.

    • Dumonteil D dit :

      Epidémies
      Puis-je me permettre d’ajouter à cette liste  » Jezebel  » de William Wyler ?

      A M.Ballantrae : Argento a beaucoup de fans sur le site :j’ai revu « l’oiseau au plumage de cristal » et « profondo rosso » plusieurs fois avec le même plaisir.

      • Ballantrae dit :

        J’espère bien que nous sommes quelques uns à avoir admiré la beauté baroque de Profondo Rosso ou Suspiria sans oublier L’oiseau au plumage de cristal, Quatre mouches…
        J’ai revu le mois dernier Phenomena avec un vrai plaisir.
        Pour en revenir à Morricone c’est assez de constater la diversité de ses partitions. Je suis emporté aussi bien par les partitions connues que par celles qu’on cite moins: exemple celles de Days of heaven ou de Casualties of war.

        • Denis Fargeat dit :

          A Ballantrae
          C’est beau, « Days of Heaven » mais le côté « commande » m’a un peu gêné; il faut que je me renseigne, mais j’imagine bien Cimino demander à Morricone de faire des variations sur « L’aquarium » du carnaval des animaux… il m’a semblé percevoir un côté un peu contraint à cette musique. Mais du souffle, il y a! Sur « Il était une fois en Amérique », là c’est le Mahler de la 5ème symphonie qui perce sous Ennio… s’agirait-il là aussi d’une commande du réalisateur?
          ( On est d’accord, dans les deux cas Morricone fait mieux que bien s’en tirer… mais on sent parfois que le réalisateur commande au compositeur de faire des pastiches de musiques qu’il s’interdit d’utiliser…)

        • ballantrae dit :

          Pour Days of heaven c’est Malick et non Cimino ( Heaven’s gate) qui lui avait fait appel à son complice de Deer hunter David Mansfield pour une BO extraordinaire avec des variations autour de Strauss mais aussi la résurrection de musiques populaires ( la scène du bal dans la salle nommée Heaven’s gate est je pense l’un de mes moments préférés de lien cinéma/musique de l’histoire du cinéma.
          Malick a un lien fort avec ses musiques: comme Kubrick il est passé de BO composées pour ses films à des musiques préexistantes majoritaires tout en conservant un lien avec un compositeur à l’occasion. Chez Kubrick cela donne pour Eyes wide shut Jocelyn Pook + Chostakovtich ou Ligeti/chez Malick ce sera par exemple Hans Zimmer et les chants polynésiens inoubliables pour La ligne rouge.
          Je vois beaucoup d’analogies entre ces deux cinéastes qui montent avec la musique créant une osmose assez vertigineuse: cela peut donner dans Tree of life la manière dont la musique de Preisner accompagne la création du monde/ dans Barry Lyndon ce moment extraordinaire où le héros rejoint Lady Lyndon sur la terrasse sur le sublime trio de Schubert.

        • Denis Fargeat dit :

          A Ballantrae
          Vexé je suis, d’avoir confondu. Je confonds toujours le Cimino et le Malick, et ça fait Days of heaven’s gate, un drôle de micmac.
          Merci de rappeler ce bal de Deer Hunter, on se croirait vraiment au milieu de ces gens, invité comme eux au mariage.

        • Ballantrae dit :

          En fait j’évoquais le bal de Heaven’s gate absolument génial ( en 2 temps : la danse en patin à roulette et le duo Ella / Jim mais celui de Deer hunter est très très bien aussi.

        • Guillaume Chabason dit :

          La BO de Wolf de Morricone est bien Bartokienne comme Goldsmith pour Freud

    • michèle dit :

      On peut aussi ajouter L’OEUVRE AU NOIR d’André Delvaux d’après M. Yourcenar.

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