Chronique n°25

2 juin 2009 par - DVD

SparrowsDans la série des Mary Pickford diffusé par Bach Films, l’extraordinaire SPARROWS, dirigé par William Beaudine qui termina sa carrière en filmant des séries Z aux titres pittoresques : BILLY THE KID vs DRACULA ou JESSE JAMES MEETS FRANKENSTEIN’S DAUGHTER qui sont sortis chez Bach films.
Rien de tel dans SPARROW, film extrêmement soigné dont l’action se déroule entièrement dans des marais du sud des Etats-Unis avec des personnages sortis de DELIVRANCE. Les premiers Intertitres sont célèbres. Le premier nous dit que Dieu voulant créer un endroit digne de l’enfer, choisit ces marais (que l’on voit envahis de brumes pestilentielles). Le second ajoute que pour parfaire sa tâche, Dieu ajouta Mr Grimes (que joue brillamment Gustav von Seyffertitz). La course de Mary Pickford et les autres enfants au milieu des sables mouvants et des alligators reste un grand moment de cinéma. Il me reste à voir d’autre Beaudine avec Pickford dont LITTLE ORPHAN ANNIE.

The FuriesIl convient aussi de saluer en fanfare la sortie inattendue en zone 1 de deux westerns majeurs qui tous deux battent en brèche les clichés du genre. Commençons par THE FURIES, un film d’Anthony Mann très difficile à voir. Il avait disparu de la circulation depuis des décennies et j’avais dû aller à Londres pour le voir il y a de cela plus de quinze ans.
Criterion vient de combler ce manque. Et cela avec un coffret qui joint au film le roman de Niven Busch qui servit de point de départ au scénario de Charles Schnee.

Il s’agit d’un de ces westerns proches du film noir (et aussi du mélodrame féminin) avec des personnages tourmentés, des arrières plans psychanalytiques (que l’on retrouve dans le génial PURSUED de Raoul Walsh tiré d’un scénario original de Niven Busch, en fait décalqué sur LE MAITRE DE BALLANTRAE de Robert Louis Stevenson), une belle photographie noir et blanc de Victor Milner. Anthony Mann avait déclaré (et cette affirmation avait été reprise par Martin Scorcese) que THE FURIES s’inspirait de L’IDIOT de Dostoïevski, affirmation totalement mystérieuse. On pense beaucoup plus au ROI LEAR, à L’ORESTIE, impression confortée par l’interprétation magistrale de Barbara Stanwyck et Walter Huston. Dès les premières scènes, on est frappé par la complexité de leurs rapports qui flirte avec l’inceste, mêle amour, jalousie, goût de la possession. Ces rapports sont exacerbés par les affrontements raciaux qui oppose les paysans mexicains à Walter Huston. Mann confère beaucoup d’humanité, de dignité aux mexicains et notamment au personnage joué avec beaucoup de classe par Gilbert Roland. Sa mort, son lynchage, admirablement filmé, sont un des sommets films.

DAY OF THE OUTLAWL’autre est le magnifique DAY OF THE OUTLAW (sous titres-français) d’André De Toth. Western insolite et cela dès les premiers plans. Deux cavaliers approchent dans une neige très épaisse d’un village. On a vu cette scène cent fois. Sauf que le village ou plutôt le hameau ne ressemble à aucun hameau de westerns. C’est un groupe de maisons construites n’importe où. Sauf que la neige semble paralyser les chevaux. Que De Toth n’insère aucun gros plan qui vienne rompre l’impression de solitude, de désolation. Et que la musique magnifique s’interrompt pour reprendre quelques secondes plus tard.
Il impose d’emblée un ton unique, un univers claustrophobique. Chaque entrée ou sortie de personnages est filmée de manière magistrale. DAY OF THE OUTLAW est un western austère, oppressant, rigoureux que l’on pourrait qualifier de dreyerien, de par son ascétisme visuel, son climat étouffant, troué de quelques éclairs lyriques fulgurants. On n’est pas prêt d’oublier la séquence du bal durant laquelle une bande de déserteurs meurtriers, tous violeurs potentiels font valser les rares femmes (De Toth utilise tous les acteurs de second plans qu’il affectionne et Tina Louise a vraiment l’air terrorisée) sous le regard de leur chef qui est en train de mourir. La chevauchée du titre français est filmée dans d’extraordinaires extérieurs. Les chevaux s’enlisent dans la neige, un homme ne pourra appuyer sur la gachette de son arme car ses doigts ont gelé. De Toth subvertit d’ailleurs le genre, réfute l’individualime qui est son épine dorsale, confère à la Nature un pouvoir de mort autant que de rédemption. En fait, il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés, Tourneur, Lang, Preminger, cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix. Il s’ingénie à brouiller les cartes, à déplacer les centres d’intérêt, à traiter certains sujets par réfraction. La nudité du décor de LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS – le saloon / épicerie est sans doute l’un des plus pauvres de l’histoire du western. Il n’y a rien sur les murs et cette pauvreté, cette absence d’accessoire sonne incroyablement juste, la splendeur apre des extérieurs, la sécheresse de la direction d’acteurs en font une oeuvre aussi décalée, aussi révolutionnaire par rapport aux règles, aux clichés du genre, aussi originale que JOHNNY GUITARE.

DARK WATERSJ’en ai profité pour revoir un autre De Toth, DARK WATERS (sans sous-titres) dans un transfert moyen, nous sommes dans le domaine public ! Les deux premiers tiers sont vraiment prenants, avec une réelle atmosphère. J’avais oublié que cette ténébreuse histoire avait pour cadre les bayous de la Louisiane que j’ai filmée dans IN THE ELECTRIC MIST. De Toth nous montre même, chose rare à l’époque, une famille cajun, s’attarde sur une fête où l’on joue du violon tout comme chez Marc Savoy ou Michael Doucet). Dans le dernier tiers, les ficelles du scénario deviennent vraiment apparentes.

Gaumont
a sorti deux magnifiques coffrets consacrés à Michel Deville. J’ai revu CE SOIR OU JAMAIS et DOSSIER 51 et j’ai adoré à nouveau ces deux film. Leur ton, leur dramaturgie, leur approche si originales des personnages. Une façon oblique de dynamiter les codes et les clichés des genres (plus voyante, plus évidente dans le second). Je dis oblique parce qu’elle ne s’auto publicise pas, elle ne se met pas en avant. Certains films – parfois réussis – annoncent d’emblée qu’ils vont dynamiter les règles et quelquefois, leur valeur tient dans cette annonce (on mettra les noms qu’on veut). D’autres cinéastes agissent en douce.
J’ai ressenti cela durant CE SOIR OU JAMAIS, dans cette manière de filmer le personnage de Claude Rich, en apparence godelureau typique du cinéma français de l’époque, en réalité personnage plus manipulateur et tourmenté. Comme si on retournait, on inversait un personnage de Chabrol. De même pour Anna Karina, délicieuse.
Et, durant DOSSIER 51, avec cette brusque irruption dans une narration froide, distanciée, de l’émotion, de la tragédie lors de la confession de la mère (admirable Françoise Lugagne), émotion d’autant plus surprenante que cette séquence paraît au début hors sujet. Elle ne parle que de faits qui ne semblent pas faire partie du dossier en question. Cela paraît être une parenthèse qui, brusquement, réintègre par surprise le propos, le thème central du film. L’émotion en est comme décuplée, ce détour lui donne sa vraie force, sa nécessité profonde… Moment poignant qui fait naître un sentiment de désolation, de gâchis qui imprègne alors tout le film…
Ce sont des moments comme cela qui font le prix du cinéma de Deville (notamment dans LA MALADIE DE SACHS, PERIL EN LA DEMEURE, ADORABLE MENTEUSE et aussi le choix du décor, des objets (pas seulement ceux qui font partie de l’intrigue), de la lumière, les déplacements d’un acteur, d’une actrice. Le goût de Deville pour les monologues, les confessions (Dorléac dans CE SOIR, les personnages de LA MALADIE DE SACHS).

Coffret Michel DevilleCoffret Michel Deville

Les enfants du ParadisLa collection des Classiques de Pathé a sorti LES ENFANTS DU PARADIS (avec des bonus que l’on dit très bons sur Arletty), LE GRAND JEU de Feyder dont Pierre Rissient me dit beaucoup de bien et bizarrement un épouvantable nanar de Robert Bibal, réalisateur de dernier ordre et impérissable auteur de NUIT DE NOCES et de QUARTIER CHINOIS : LE FUGITIF. Le terme de classique accolé à cette œuvre obscure détonne quelque peu. Il est vrai que l’on trouve aussi dans la collection CES DAMES PREFERENT LE MAMBO, un Eddie Constantine vraiment médiocre, paresseusement filmé par Bernard Borderie.
J’ai découvert en revanche NEZ DE CUIR d’Yves Allégret (scénario de Jacques Sigurd d’après La Varende) qui a été une vraie surprise. C’est un film sombre, romantique, tourmenté qui possède un vrai ton. La peinture d’une France rendue exsangue par les guerres Napoléoniennes, l’amertume de la description sociale, l’excellente interprétation d’un Jean Marais dont c’est un des meilleurs rôles, de Françoise Christophe qui est excellente, de Jean Debucourt, la force de la mise en scène d’Allégret, la qualité de la photographie donnent un élan au film qui survit à toutes les étiquettes, tous les classements hâtifs. NEZ DE CUIR tient très bien le coup et je l’ai préféré au très célèbre UNE SI JOLIE PETITE PLAGE où la noirceur me semble imposée au forceps.
Signalons, toujours dans cette collection, la sublime et surréaliste coquille sur le dos de la jaquette de MORT D’UN POURRI qui attribue le scénario à Michel Audiard et… Luis Bunuel. La personne qui a inventé ce collage qui révolutionne l’Histoire du Cinéma devrait être décorée.

Le grand jeuLe fugitifMort d’un pourriNez de cuir

L’homme de nullepartÉdouard Waintrop saluait dans Libération la découverte de L’HOMME DE NULLE PART (d’après Pirandello) de Pierre Chenal, exhumé et réhabilité grâce à Patrick Brion. Voilà une œuvre extrêmement originale, personnelle, qui mélange allègrement comédie grinçante, âpreté et satire sociale. Chenal réussit d’emblée ce que recherchera, avec moins de bonheur, Renoir dans ses derniers films. Il faut dire qu’il est servi de manière époustouflante par Le Vigan, totalement génial, inspiré, d’une légèreté confondante dont chaque apparition fait décoller le film où Pierre Blanchard est vraiment tenu. Chenal attribue cette réussite à sa collaboration avec Roger Vitrac, seul auteur du scénario à ses yeux. Armand Salacrou qui le signe n’aurait absolument rien écrit. Il voulait transformer l’histoire de Pirandello en un drame très noir alors que Chenal voulait le tirer vers la comédie grinçante à la Prévert.

Aux Editions Montparnasse signalons le coffret consacré à Rithy Panh.
Avec ces quatre films (dont 3 inédits en DVD) tournés entre 1989 et 2002, Rithy Panh s’approche au plus près du génocide Cambodgien. De son premier film SITE 2 à son désormais connu S 21, en passant par le bouleversant LA TERRE DES AMES ERRANTES et le tragique BOPHANA, UNE TRAGEDIE CAMBODGIENNE, c’est une partie essentielle de l’œuvre du cinéaste qui est rassemblée ici.

Romance on the high seasDans un registre plus frivole, je signale la comédie semi musicale (des chansons mais pas de vraies danses) de Michael Curtiz, ROMANCE ON THE HIGH SEAS (sous-titres anglais). Ce premier film de Doris Day (Curtiz qui l’avait découverte la prendra sous contrat et la fera jouer plusieurs fois) est un savoureux Curtiz Day est excellente dans un double rôle (une fille du peuple un peu vulgaire qui se fait passer pour une dame de la bonne société). Elle chante très bien plusieurs bonnes chansons dont It’s Magic, son premier grand succès. Il y a aussi Jack Carson qui chante Run run run when you see a pretty woman avec un accent caribéen. On oublie trop souvent que les films musicaux tournant autour du show business constituent une part importante de l’œuvre de Curtiz. Il aimait ce genre et y revint à de nombreuses reprises. Immédiatement après ROMANCE, il réalisa un film plus dramatique se déroulant dans le monde de la radio, MY DREAM IS YOURS que je vais voir. À noter que le scénario de ROMANCE est co-signé par les Frères Epstein et I.A.L. Diamond avant sa rencontre avec Billy Wilder. Ajoutons que je suis un fan de Doris Day aussi bonne actrice que chanteuse.

My dreams is yours

CARRIE (UN AMOUR DESESPERE – Zone 2) est un beau film de William Wyler, très sous-estimé. Cette adaptation de Théodore Dreiser fut un gros échec commercial et disparut de la circulation. On découvre de plus dans le dvd qu’une longue séquence, jugée trop noire, avait été coupée à l’époque. Il faut d’abord porter au crédit de Wyler la magnifique reconstitution du New York dans les années 1890 : décors et costumes extraordinairement soignés, atmosphère très réussie, rapports de classe intelligemment mis en évidence. Wyler n’adoucit pas l’âpreté, la noirceur de Dreiser et il est très bien servi par Jennifer Jones, très émouvante à la fin malgré les hésitations scénaristiques qui décentrent son personnage, Eddie Albert, surprenant, et surtout Laurence Olivier, magistral. Il porte le film, lui donne son tragique et permet à Wyler de signer un film qui prend place à côté des PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE, de THE LETTER, de L’OBSÉDÉ.

Parler de Corman après Wyler ressort presque de la provocation tant leur manière de filmer était différente. Plusieurs dizaines de prises chez l’un, tournage de quelques jours, parfois de deux films en même temps chez l’autre. Pas dans les meilleurs films du cycle Poe, THE MASQUE OF THE RED DEATH, THE TOMB OF LIGEIA, ni dans le passionnant et audacieux, THE INTRUDER que j’avais déjà recommandé. Parfois cette manière de filmer pèse sur le résultat : direction d’acteurs approximative, dramaturgie hâtive, décors approximatifs (j’ai été déçu par plusieurs « adaptations » de Poe, en particulier LE PUITS ET LE PENDULE). En revanche, THE SECRET INVASION (L’INVASION SECRETE. Zone 1 sous-titres anglais) que j’avais jugé mineur se révèle fort réjouissant. Cette variation sur le thème des 12 Salopards est filmée par Corman avec une énergie, un panache surclassant les nombreuses productions britanniques sur le même sujet. Le scénario de R Wright Campbell, frère de l’acteur William Campbell qui joue dans le film et dont la mort est spectaculaire, accumule les rebondissements les plus farceurs, les plus désinvoltes, donne à Raf Vallone quelques phrases lourdes de sens (« Nous allons les libérer…Mais qui les libérera de nous ? Et qui nous libérera de nous mêmes ? ») que l’acteur délivre heureusement avec une certaine légèreté et changeant de ton, invente une séquence vraiment forte durant laquelle Henry Silva étouffe un bébé pour ne pas révéler sa présence. Corman dispose de moyens importants, soigne la photo aux couleurs très saturées, surtout dans les scènes de nuit du début, se sort très bien de la plupart des séquences d’action même si l’on reste sceptique devant les réactions des figurants jouant les soldats italiens à la fin, devant la brusque apparition des Serbes et devant ces soldats allemands courant pendant de longues minutes dans les souterrains circulaires de la forteresse de Dubrovnik. Il réussit de jolis plans dans les moments plus intimes (la découverte du cadavre de Mickey Rooney, tout à fait remarquable en membre de l’IRA. Je voudrais bien que quelqu’un m’explique en quoi le claquement des doigts censé rythmer le temps, influence les actions.

Le masque de la mort rougeLa tombe de LigeiaThe Secret Invasion

Il y a encore 5 VHS sur AMAZON UK du très beau film de Cyril Enfield, SOUND OF FURY (FUREUR SUR LA VILLE) que nous avions fait sortir, Pierre Rissient et moi pour Mac Mahon distribution. C’est un film magnifique, un portait très aigu, acéré d’un chômeur qui va plonger dans la criminalité au contact d’un petit délinquant frimeur, génialement joué par Lloyd Bridges. Tous deux seront lynchés par une foule excitée par les articles d’un journal. Ce chef d’oeuvre devrait absolument ressortir. On ne le trouve nulle part sauf en Angleterre.
C’est comme pour THE MONSTER AND THE GIRL, étonnant film de Stuart Heisler qui mêle film noir, expérimentation scientifique, traite des blanches et singe vengeur dont il existe quelques VHS sur AMAZON US.

Blue SkiesJ’ai enfin vu BLUE SKIES grâce à Gary Giddins qu’on ne mentionne absolument pas dans notre texte sur Heisler dans 50 ANS et c’est dommage. Le film est extrêmement curieux et original. L’intrigue filiforme jusqu’à en devenir une sorte d’apologue se révèle d’une noirceur. C’est une suite de déceptions, de rebuffades sentimentales, d’échecs, ce qui explique que Scorcese le revendique comme l’une des sources de NEW YORK NEW YORK ( Combien y en a t il ? Je connaissais THE MAN I LOVE…). Crosby se désintéresse de tout ce qu’il achète, Astaire boit et fait une chute dans un numéro (unique dans un film d’Astaire), Joan Caulfield qui est très bien choisie, se trompe constamment… On se demande si Heisler n’a pas renforcé cette noirceur que l’on trouve dans tant de ses films. Même la chanson Blue Skies se déroule devant un ciel très nuageux. Évidemment il faut se farcir un numéro comique éprouvant d’un comique pas drôle dont toutes les interventions plombent les scènes mais le duo Crosby / Astaire est charmant (C’est Crosby qui emporte le morceau) et Astaire est génial dans la manière dont il perturbe le premier ballet (signe précurseur) et surtout dans PUTTING ON THE RITZ. Il y a plusieurs chansons formidables, Always, How deep is the ocean (bien filmé), By Myself et d’autres moins mémorables. Très bonne édition dvd avec des couleurs magnifiques. Avec un autre titre, BIRTH OF THE BLUES. Très peu cher.

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Commentaires (129)

 

  1. Olivier dit :

    A Bertrand Tavernier.
    Une « Histoire du cinéma britannique » signée Philippe Pilard sort dans la collection poche de Nouveau Monde Editions (220 pages), le 17 septembre prochain.

  2. Merci à Sonatine d’indiquer le Hal Ashby que je n’ai jamais vu et les films anglais comme le très intéressant WHITNAIL AND I et les Mike Leigh dont plusieurs sont remarquables, notamment HIGH HOPES. J’ajouterais le formidable TOPSY TURVY disponible en zone 1. Je crois avoir parlé dans un blog des remarquables adaptations de John Le Carré avec Alec Guinness. Sinon il faudra que je rattrape cette faute.

    Pour Catherine, il existe plusieurs livres en Angleterre qui n’ont pas été traduits : le précieux AN AUTOBIOGRAPHY OF BRITISH CINEMA par Brian McFarlane, SHEPPERTON BABYLON, les ouvrages de Charles Drazin and l’indispensable étude de Charles Barr sur les Studios Ealing. Et bien sur les géniales mémoires de Michael Powell.

  3. Je ne peux que recommander les VISITEURS de Kazan que j’aimerais revoir, AMES A LA MER de Hathaway et leFAUSSAIRE de Schlonndorff. Je serais plus réservé sur le PORT DES PASSIONS qui m’avait paru bien terne les deux fois que je l’ai vu et ELECTRA GLIDE IN BLUE, davantage une curiosité qui m’avait semblé un peu toc, qu’un vrai film

  4. A B Tavernier et Olivier,
    Merci pour tous ces compléments. De ce pas, je vais voir si le coffret Ealing s’avère facile à trouver. J’ai de merveilleux souvenirs de whisky à gogo et de L’homme au complet blanc… Mac kendrick a ensuite tourné aux USA A high wind in jamaica revu sur TCM récemment et apparemment mutilé: a t’il des chances d’être restauré tel que le voulait son auteur ou est-ce impossible?
    Ma question concernait en fait l’oeuvre de Carol Reed que j’ai découverte malheureusement uniquement sur petit écran (si on excepte third man). Quelles sont les éditions soignées des films de cet auteur à mon sens majeur et inventif?

  5. Olivier dit :

    En rebond au mail de J.J. Manzanera.
    Le cinéma anglais est effectivement peu favorisé par les sorties DVD, c’est pourquoi il faut fêter les quelques initiatives d’éditeurs auxquelles nous avons droit de temps-en-temps… Il faut acheter les deux Anthony Asquith chez Carlotta « The Browning Version » (admirable Michael Redgrave) et « Pygmalion » (ce titre existait déjà dans une édition zone 2 de bien moins bonne qualité). Il y a bien-sûr le coffret réunissant 8 films des Studios Ealing chez Studio Canal présentés par B. Tavernier himself (Le visionnage de « Whisky à gogo » de Mackendrick fut pour moi un grand moment !). Outre les deux coffrets Institut Lumière, Powell / Pressburger sont présents également chez Seven 7 avec « Une question de vie ou de mort » et chez Opening avec « La Bataille du Rio de la Plata ». Evoquer les archers me fait immédiatement penser à Jack Cardiff qui nous a quitté il y a tout juste deux mois aujourd’hui : son « Amants et fils » adapté de D.H. Lawrence, l’auteur de « L’Amant de Lady Chatterley » vient de ressortir dans la collection truffaldienne d’Opening « Les films de ma vie ». Puisque vous parliez de Jack Clayton, il faut citer « Room at the Top » (Les Chemins de la haute ville) qui valut l’oscar de la meilleure actrice à Simone Signoret, c’est aussi chez Opening qui décidément fait un travail remarquable sur le cinéma de patrimoine. Enfin, chez Koba Films qui est plutôt spécialisé sur les séries TV qui ont fait les grandes heures de la télévision française, citons le superbe « Becket » de Peter Glenville (d’après Anouilh) avec un duel de titans à la clé entre Richard Burton et Peter O’Toole qui étaient ronds comme des queues de pelles pendant la plus grande partie du tournage…

  6. Ajoutons pour les films anglais les deux ASQUITH, PYGMALION et THE BROWNING VERSION, magnifique adaptation de la pièce de Terence Rattigan et l’un des plus beaux rôles de Michael Redgrave. Et les films Ealing sortis chez Studio Canal dont les rares CHAMPAGNE CHARLIE et WENT THE DAY WELL.

  7. A Olivier,
    je suis allé consulter le site d’Eclipse qui effectivement laisse augurer une belle revue. Je commanderai notamment le numéro consacré à Cimino: si la plmu est aussi acérée que pour les articles consultables en ligne, ce sera très intéressant. Quand bien même je ne partage pas tous les points de vue (notamment sur Eastwood: leur regard sur le diptyque Iwo jima me semble très superficiel, peu étayé de même que les lapidaires assretions concernant the changeling… mais bon, quand on veut s’affirmer en tant que critique , faut bien déboulonner quelques « idoles »!), je trouve qu’ils s’affirment dans la meilleure veine critique, celle de positif.
    Un regret cependant: que les caractéristiques des DVD (car ce blog parle surtout de cela) ne soient pas mises en évidence.
    A Sonatine,
    Notre méconnaissance du cinéma anglais en général en France me semble alimentée par l’assertion de Truffaut voyant un oxymore dans cette expression… assertion à l’emporte pièce comme FT savait alors les faire qui fut reprise comme une antienne par ses « héritiers  » des Cahiers. Comme on parle de DVD sur ce blog, insistons sur la splendeur de quelques sorties de films anglais en DVD zone 2: bien sûr les Powell/Pressburger chez Institut lumière (mais tous les blogueurs les ont certainement acquis), le Richard III de L Olivier chez Carlotta et enfin The innocents de J clayton chez GCTHV . Ces deux derniers films sont édités dans des copies splendides rendant justice aux couleurs chatoyantes de l’un, au noir et blanc très contrasté de l’autre. Les suppléments sont très denses pour les deux éditions et permettent de mesurer combien les Britanniques sont parmi les meilleurs quand il s’agit de transposer pour l’écran de grands textes peu évidents comme ceux de shakespeare ou Henry James.

  8. Olivier dit :

    Wild Side vient de sortir effectivement « Wanda’s Café » mais également, « Les Visiteurs » de Kazan (plus que quatre films à éditer et on a tout Kazan en zone 2) et « Electra Glide in Blue » de Guercio, que tous les amateurs de « La Prisonnière du désert » se doivent d’avoir vu, puisque le cinéaste dont c’est l’unique film à ce jour, avait demandé à son chef op’ Conrad Hall (Les Professionnels, Willie Boy, Luke la main froide, Marathon Man, Les Sentiers de la perdition…) de lui reproduire la photo du film de Ford pour les extérieurs, qui sont filmés à Monument Valley. Opening a eu la très bonne idée, après avoir sorti « Ames à la mer » de Hathaway et « Le Général est mort à l’aube » de Milestone le mois dernier, d’éditer « Thunder Bay » (Le Port des passions) de Anthony Mann, un bien beau film avec James Stewart, Dan Duryea et Joanne Dru à mettre en perspective avec les 5 westerns de la paire Mann-Stewart, il sort après-demain. Enfin, il y a deux mois est paru chez Arte Video un magnifique long métrage de Schlöndorff « Le Faussaire » que pour ma part je range aux côtés de « Requiem pour un massacre » de Klimov, tant il réussit à faire ressentir l’horreur et l’absurdité de la guerre en quelques plans indispensables (celui où Bruno Ganz, reporter de guerre, court face caméra dans Beyrouth en flammes, avec des explosions à l’arrière plan sur une des plus grandes compositions de Maurice Jarre est un chef-d’oeuvre en soit). A signaler aussi la très bonne revue « Eclipses » qui cette fois-ci est entièrement consacrée à Jean-Pierre Melville. Ce 44ème numéro qui s’intitule « Jean Pierre Melville, de solitude et de nuit », regorge de magnifiques articles, analyses, mises en perspectives, que l’on doit à une bande de cinéphiles fous basés à Caen. Vous pouvez vous procurer cette revue sur le site : http://www.revue-eclipses.com.

  9. Chris Walters dit :

    Dear Bertrand Tavernier,

    forgive me for not writing on the topic, and for not writing in French. I wish to spare you the pain of a machine translation.

    Will your film ‘Holy Lola’ ever be available with English subtitles? Or, if a subtitle text file was made available, it would be simple enough to marry it with a French DVD.

    Also, I hope someday to see your approved cut of ‘Electric Mist.’

    ‘Life And Nothing But’ is my favorite film of the past 20 years.

    Regards & good luck.

  10. sonatine dit :

    Signalons aussi la sortie ce mois ci en zone 2 de Lookin’ to Get Out d’Hal Ashby, version director’s cut, sous titrée en français. On est curieux de voir cette oeuvre de la dernière période du réalisateur (dont une excellente biographie de Nick Dawson vient de sortir), très peu distribuée sur les écrans, et surtout visible jusqu’ici dans une version massacrée, en vidéo.

  11. sonatine dit :

    Revenant de Londres avec, dans mes bagages, quelques pépites hélas non sous titrées, hélas non disponibles en France, un petit coup de mou en pensant au peu d’intérêt, finalement, pour les distributeurs français qui, grosso modo, font un vrai travail sur la cinématographie américaine (je pense à Carlotta), puisant beaucoup plus rarement dans le trésor d’Outre-Manche. Je pense à des choses comme Withnail and I de Richard E Grant, aux premiers Mike Leigh (High Hopes, Abigail’s party, etc), à The long good friday, de John McKenzie, enfin et surtout à cette mine qu’est la BBC dont, par exemple, les films tirés de l’oeuvre de John le Carré (Tinker, tailor, soldier, spy ; Smiley’s people, etc) mériteraient largement une sortie française!

  12. Catherine dit :

    Cher Mr Tavernier

    Le seul livre français sur le cinéma britannique que j’ai est « Typiquement British », édité en 2000 lors d’une rétrospective au centre Pompidou. C’est un excellent livre de références, facile à consulter, très instructif aussi par la qualité des intervenants….
    Pourriez-vous, svp, me dire s’il existe d’autres parutions actuellement disponibles ??…
    Merci.

    Catherine.

  13. SCHNECPA dit :

    Et s’agissant de « Day of the Outlaw », c’est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’extraordinaire rendu de ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un véritable frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs. En effet, « il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés […] cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix », peut-être une façon de se démarquer et de s’affirmer face à ces institutions qu’étaient les cinéastes américains établis.

  14. SCHNECPA dit :

    Et s’agissant de « Day of the Outlaw », c’est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’extraordinaire rendu de ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un véritable frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs. En effet, « il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés […] cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix », peut-être une façon de se démarquer et de s’affirmer face à ces institutions qu’étaient les cinéastes américains établis.

  15. SCHNECPA dit :

    « La chevauchée des bannis » est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’extraordinaire rendu de ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un véritable frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs. En effet, « il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés […] cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix », peut-être une façon de se démarquer et de s’affirmer face à ces institutions qu’étaient les cinéastes américains établis.

  16. SCHNECPA dit :

    S’agissant de « La chevauchée des bannis », c’est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’extraordinaire rendu de ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un véritable frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs. En effet, « il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés […] cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix », peut-être une façon de se démarquer et de s’affirmer face à ces institutions qu’étaient les cinéastes américains établis.

  17. SCHNECPA dit :

    Et s’agissant de « La chevauchée des bannis », c’est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’extraordinaire rendu de ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un véritable frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs. En effet, « il partage avec d’autres cinéastes européens émigrés […] cette méfiance devant un cinéma affirmatif, positif à tout prix », peut-être une façon de se démarquer et de s’affirmer face à ces institutions qu’étaient les cinéastes américains établis.

  18. Merci B Tavernier pour votre réponse concernant Heaven’s gate… je verrai s’il est envisageable d’attendre ou si l’impatience l’emporte !
    En tout cas, je vais essayer de harceler Carlotta pour essayer d’obtenir une édition plus copieuse: ils sont capables de ce travail. Cimino dont un nouveau tournage semble de plus en plus improbable pourrait offrir une précieuse contribution comme celle qu’on peut voir sur le DVD de the deer hunter (belle copie soit dit en passant… après les copies rayées des salles ou délavées de la TV, quel bonheur!).
    Les éditeurs doivent comprendre que le DVD n’est pas un simple objet de consommation: nombre de cinéphiles convaincus qu’il faut d’abord voir le film sur grand écran sont attentifs à la qualité des copies (et le respect du format, de la colorimétrie, du son d’origine sont importants).
    Par ailleurs , le cinéphile acheteur de DVD n’a rien à voir avec l’internaute qui « télécharge » comme un bourrin: il attend d’une édition DVD ce qu’un lecteur attend d’une Pléiade à savoir une restitution irréprochable de l’oeuvre, une forme d’exhaustivité documentaire, un apparat critique riche et complet orchestré par les meilleurs, un travail soigné quant à l’usage de l’objet DVD (menus, coffret, interactivité, livret éventuel).
    Jusqu’à présent, ce sont les coffrets Sirk(Carlotta), Powell (Institut lumière), Vigo (Gaumont), Dreyer (MK2) et les « simples » de Peckinpah(WB), Pasolini (Carlotta), le Macbeth de Welles(Wild side) qui se rapprochent le plus de cet « idéal » à mon sens sachant que des satisfactions intermédiaires entre la pure daube et cet idéal peuvent survenir.
    Ce blog est un bel espace de défrichage. Merci à B Tavernier et à P Rogard pour cette heureuse initiative.
    PS: Je viens d’apprendre que Wanda’s café , dont je parlais plus haut, vient de sortir chez Wild side. Compte tenu du sérieux jamais pris en défaut de l’éditeur, je me le procurerai sans hésiter de même que Peter Ibbetson , DVD dont j’ignorais l’existence et sur lequel vous intervenez si j’en crois le site de WS.

  19. A Jean-Jacques Manzanera :
    Il y a une version HEAVEN’S GATE aux USA sans bonus et avec un
    transfert ultra chaud et coloré

  20. Chers cinéphiles internautes,
    Certains d’entre vous connaissant mieux que moi les DVD zone 1 et possèdent donc une vue d’ensemble sur le sujet.
    Savez-vous s’il existe des éditions satisfaisantes de:
    -Greed de EV Stroheim: j’avais vu une version allongée sur TCM mais ma VHS est bien fatiguée… comment la grandeur un tel film peut-il échapper aux éditeurs? Les admirateurs du très beau There will be blood de PT Anderson connaissent-ils cet ancêtre impressionnant?
    -the crowd de K Vidor
    -Le vent et Larmes de clown de V Sjostrom qui sont de superbes exemples de la réussite d’expatriés au temps du muet au même titre que Sunrise de Murnau (indispensable DVD chez Carlotta: copie à tomber par terre, partition originale très crétive et respectueuse de l’oeuvre, suppléments qui prouvent que l’exercice critique trouve dans le DVD un support idéal: j’aime souvent le travail de Douchet, ici il est éblouissant!)
    -quelques français importants comme J Epstein (M Tavernier, vous avez évoqué les sympathiques films de Corman mais connaissez-vous la version de La chute de la maison Usher de notre compatriote J Epstein? Les écrits de cinéma du monsieur montrent qu’il n’a rien à envier aux meilleurs théoriciens. Vous aviez réalisé un Laisser passer authentique, foisonnant pourriez vous être tenté par une fresque rappelant à nos concitoyens combien riche fut notre muet: des Lumière à Gance en passant par Feuillade, Deluc, Dulac, Lherbier… j’imagine le film avec une même aptitude à croiser figures et créateurs de l’ombre que dans votre métrage) ou Gance (introuvables j’accuse , La roue ou Napoléon: on croit rêver!!!!)

  21. A SCHNECPA
    Vos remarques sont justes (le film est clairement un conte de fée et lui accoler des critères réalistes n’aurait pas plus de sens que pour
    certains contes de Grimm ou d’Andersen) et celle concernant l’age de Mary Pickford concerne tous ses films. Elle a toujours joué des
    adolescentes, ce que le public acceptait à l’époque (comme il
    acceptait Sarah Bernhardt dans l’Aiglon). Cela devient un témoignage fascinant sur ce qu’ Hollywood nommait : « the suspension of disbelief »

  22. A Jean-Jacques Manzanera :
    Rien à dire, cela ne concerne pas le blog

  23. SCHNECPA dit :

    On comprend difficilement dans « Sparrows » comment autant d’orphelins ont pu se retrouver dans une telle situation, comment une ferme peut avoir été bâtie dans une zone humide aussi hostile, mais qu’importe, le résultat est saisissant. Plus proche du conte de fée que d’une quelconque réalité, cette histoire cherche avant tout à nourrir nos angoisses d’enfant, une angoisse encore appuyée par un chef de famille interprété par un Gustav Von Seyffertitz des plus inquiétants, des grandes palissades qui entourent la ferme, des sables mouvants partout – il y en a même dans la cour ! -, une cloche qui teinte pour avertir les orphelins d’aller se cacher, etc. Qu’il s’agisse de la reconstitution de cette ferme sordide ou des décors que traversent les enfants durant leur fuite à travers les marais, tout est rendu avec un soin particulier, et le travail des décorateurs est remarquable. La vase, les alligators, les grands arbres tortueux envahis de lianes parasites, a de quoi rendre ces endroits lugubres. Mais à côté de cela, chaperonnant ce groupe d’enfant, Mary Pickford joue une adolescente peu crédible. Ses longues tresses, sa petite taille, et son attitude faussement juvénile dissimulent mal ses 33 ans. Cette mystification auquel s’ajoute un jeu maniéré appuyant lourdement ses émotions insuffle au spectacle un air condescendant. Ajoutons qu’il est souvent fait référence à la Bible et que le clou à lieu lors d’une scène onirique qui contraste avec le sordide de la situation générale, où l’on découvre le Christ au milieu d’un paysage pastoral…

  24. SCHNECPA dit :

    « La chevauchée des bannis » est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon remarquable. Ceux qui vivent là sont les traditionnels personnages craintifs du western, mais l’acuité particulière avec laquelle le cinéaste dessine ce milieu glacial et rude dans lequel ils sont repliés, donne tout son sens à cette méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui-même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu ; car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige, si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois, c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs.

  25. Vaste sujet que « les fils ou filles de » dans le cinéma!
    Cela m’intéresse bien plus côté cinéastes que côté acteurs ( Max puis Marcel ophuls, Maurice puis Jacques Tourneur, Francis Ford puis Sofia Coppola).
    Il n’est pas question de « génétique » dans ces cas convaincants (je n’ai pas mentionné Jacques et Jean Becker, John et Nick cassavetes) mais d’une imprégnation de tous les instants, de la nécessité de sortir de l’ombre d’un grand patronyme sans pour autant renier la dette réelle.
    Il y aurait beaucoup à dire sur les fratries, des Lumière aux Coen en passant par les Taviani.
    Je crois que celui qui dit le mieux comment famille et cinéma s’entrelacent c’est Cassavetes dont il faut signaler le très beau coffret chez TF1/Océan films: il regroupe les cinq films ressortis en 1992 qui permirent à nombre de cinéphiles de découvrir cette oeuvre magnifique. Pour mémoire, on y trouve shadows, Faces, A woman under inluence, kill of a chinese bookie et Opening night (inédit jusqu’en 1992 si je ne m’abuse). Je commenterai ultérieurement ce coffret qui vaut plus que le détour par la qualité des copies et des boni.

  26. Catherine dit :

    Réponse partielle à Pierre….

    Franchement, le talent/personnalité/charisme n’est certainement pas génétique dans les cas Douglas et Sutherland !!

  27. A Olivier
    J’ai vu le premier coffret et compte bien en parler prochainement. Il contient des trésors. Je n’ai pas vu le second.

  28. Pierre dit :

    A Jean Jacques Manzanera

    Vous avez bien raison de citer le talent de l’autre fils de John Carradine, Keith (que je croyais par erreur être le fils de… David !). Il y aurait d’ailleurs un bouquin à écrire (ou bien existe-t-il déjà ?) sur la tradition des familles et fratries des cinémas nord-américains et britanniques. Les Barrymore, Chaplin, Fonda, Farrow, Redgrave, Sutherland, Bridges, Douglas, Penn, Curtis/Lee, Danner/Paltrow… Avec quelques incidents de parcours comme les familles Wayne, Mitchum, Arquette, Dillon, Roberts, Van Peebles ou Baldwin où seul un représentant peut tirer la couverture à lui. Et des cas plus méconnus mais intéressants comme Errol et Sean Flynn, Natalie Wood et Natasha Gregson-Wagner. Pour le fun, on pourrait même inclure Arlene Dahl et son fils… Lorenzo Lamas, adepte des roustes dans les bagarres !

    Quant à l’idée d’une édition définitive d' »Heaven’s Gate », oh que oui !!

  29. Sonatine a raison de rendre justice à D Carradine même si c’est une carrière qui laisse un peu rêveur: pour un bound for glory ou un serpent’s egg ,combien de nanars? Vos annotations sur sa réalisation donnent envie d’aller observer de plus près l’objet tant le bonhomme semble complexe…
    mais qu’en est-il de son frère Keith qui fut un acteur prodigieux notamment dans Southern confort de W Hill ou Maria’s lovers de Kontchalovski (ah! comme on a cru en cette carrière américaine malgré les hallucinants Golan/Globus) sans parler des bijoux d’Alan Rudolph tels que Choose me ou Trouble in mind (revus lors de passages TV… je n’ai pas acheté les DVD sans éditeur identifiable, à prix cassés, vue la qualité probable des copies).
    J’ai envoyé un mail à Carlotta car j’ai l’impression qu’ils sont détenteurs des droits de La porte du paradis de Cimino dont j’ai parlé plus haut. Des admirateurs de Cimino qui ne devraient pas manquer ici pourraient-ils me confirmer l’information? Me signaler les difficultés inhérentes aux droits d’exploitation (la restauration en 1989 fut pourtant possible: je me rappelle la splendeur de la copie et courus voir le film trois fois en trois jours!)?
    Ne devrions-nous pas prendre les devants avec les éditeurs pour les amener à prendre de telles éditions. Je rêve d’un coffret Heaven’s gate comme il y eut de merveilleux coffrets Sirk, Pasolini, Fellini Casanova ou Fassbinder chez cet éditeur remarquable et rigoureux.

  30. SCHNECPA dit :

    « La chevauchée des bannis » est un film fascinant où l’impression d’isolement hivernal n’aura jamais été mieux rendue. Ces quelques baraques disséminées dans un paysage enneigé rendent compte à elles seules de l’état de délaissement auquel se trouvent réduits les gens qui y demeurent. Voulu par André De Toth, le noir et blanc, qui démontre ici qu’il n’a pas son pareil pour mettre en valeur la neige, ajoute à l’austérité de l’ensemble. Comme pour la mission en ruine du « Sabre et la flèche », De Toth – et c’est peut-être sa grande force – filme ces extérieurs si particuliers de façon exaltante. Ceux qui vivent là sont des personnages classiques du western, mais du fait que le cinéaste rende avec une grande acuité le cadre reculé et glacial dans lequel ils sont repliés, on comprend parfaitement la méfiance doublée de lâcheté qui les habite. C’est ainsi que lorsque les hors-la-loi débarquent dans cet univers (on suppose que ceux-là se sont perdus tant le lieu semble à l’écart de toute route connue) on sent un frémissement traverser le hameau. Finalement cette communauté n’aura pas le courage d’affronter les brutes sanguinaires, et relevant de l’ironie, ce sera au chef des bandits lui même et à un éleveur peu apprécié qu’elle devra son salut. Il y a également la scène presque surréaliste du bal, où la caméra au centre de la piste suit les danseurs tourner autour d’elle. Alors que ces hommes sont en manque d’alcool et relèvent de l’animalité, les voir danser est presque saugrenu, car en s’amusant par des moyens décents ils accèdent à une socialisation qui ne leur ressemble pas. Enfin que dire de cette randonnée mortelle finale où les chevaux ont des difficultés à progresser dans l’épaisse couche de neige, si ce n’est qu’elle est un magnifique moment de bravoure. Encore un fois c’est avec talent que De Toth exploite là les extérieurs.

  31. Bonjour B Tavernier et bonjour aux internautes,
    Je viens de constater que la Fnac sortait un certain nombre de chefs d’oeuvre en DVD dont Stalking moon de Mulligan, Point blank de Boorman et Jules Cesar de Mankiewicz mais aussi le curieux et attachant Tobacco road de Ford.
    Ces DVD sont quasi totalement dénués du moindre bonus auusi aimerais-je savoir, avant un éventuel achat, si les copies offrent des qualités susceptibles de persuader ou dissuader l’acheteur potentiel que je pourrais être.
    Dans la catégorie « regards sur la seconde guerre mondiale », la liste donnée plus haut est honteusement lacunaire. Quelques DVD à acquérir pour une « dévédéothèque » idéale:
    -Objective burma de Walsh (cinéaste immense justement commenté plus haut) chez WB. L’authenticité des sensations, la précision des annotations émaillant cette longue marche dans la jungle sont bien servies par une copie convenable sans être transcendante. Les bonus plairont plus à l’historien qu’au cinéphile: pas de documents sur Walsh, le tournage, pas de commentaires audio d’un spécialiste de Walsh.
    -Men in war de Mann chez Wild side. Copie superbe tant pour le son que pour la netteté de l’image N et B. C’est grâce à B Tavernier et JP Coursodon que j’ai découvert ce film, l’un de mes chocs de ces 5 dernières années. Je me permets de citer 50 ans de cinéma américain: « dramatisation de l’absurde », ‘sens de l’espace toujours aussi souverain ».
    -The big red one de Fuller édition collector chez Warner. Edition magnifique à tous points de vue: restauration de ce qui se rapprocherait de la version voulue par Fuller avec une qualité sonore et visuelle exceptionnelle. les commentaires sont souvent passionnants (Fuller + R Schikel), les doc sur la restauration et Fuller sont agréables et l’analyse de scène intéressante. Je ne comprends pas qu’à l’époque du soldat Ryan (que je ne méprise pas, contrairement à nombre de critiques mais qui, passée la magistrale première demie heure, crée une légère déception dramaturgique compensée par la force du travail visuel et sonore), on n’ait pas rappelé l’incroyable force de la scène du débarquement dans Big red one: pas de maestria omnisciente et pyrotechnique mais une captation au plus près (Fuller y était!!!) des sensations d’individus que nous avons appris à connaître. La libération des camps (Fuller y était!!!) est d’une émotion poignante, dénuée de bavardages ou de violons. Si j’en crois divers documentaires, les enretiens avec Narboni et Simsolo ou votre propre livre, M Tavernier, ce film était le projet d’une vie. Cette édition DVD lui rend justice asns nous faire oublier le génie à l’oeuvre dans Shock corridor , Naked kiss (chez Wild side: coffret indispensable), Fixed bayonnets ou encore Park row (à quand une édition de ce film indispensable pour qui veut comprendre le journalisme américain (Fuller y était presque!!!)… rappelons que Fuller en fut un bon si on en juge par ses photos rassemblées dans NY années 30 chez Hazan).
    Je suppose, B Tavernier, que lorsque vous avez décidé de filmer la guerre de 14-19 vous avez revu nombre de films outre les documents d’époque.
    Note en passant: La vie et rien d’autre et Capitaine Conan comptent parmi vos chefs d’oeuvre et cela en dit long sur votre rigueur compte tenu de la difficulté que constitue le filmage de la guerre et/ou de ses conséquences. Vous étiez venus à Avallon début 1996 sur l’invitation de Jean Marie pour le cinéclub, je faisais partie de l’équipe d’animateurs. Vous aviez confié lors d’un repas les difficultés logistiques énormes rencontrées lors du tournage de ce dernier film et vos doutes croissants. Plus de 10 ans après, je revois régulièrement ce film en DVD et en mesure l’exceptionnelle réussite. Le « chaos », vous avez su le dompter comme avant vous le firent Peckinpah ou Fuller à leur manière.
    Bonne continuation et que tous vos projets (cinématographiques, critiques…) puissent se réaliser!

  32. sonatine dit :

    En route vers la gloire, l’œuf du serpent, Le gang des frères James, Kill Bill…il me semble qu’avec sa disparition, digne d’une des innombrables séries Z dans lesquelles il s’est illustré, on a un peu trop vite réduit David Carradine au seul Kung Fu sans s’attarder sur un travail souvent plus subtil que ce qu’on veut bien croire. Il faut certes plonger dans un océan de navets pour remonter quelques pépites à la surface, mais l’exercice n’est pas sans intérêt. Pour preuve cet Americana, écrit et mis en scène par l’acteur, disponible en zone 1, et qui apparaît comme un des grands oubliés des seventies, du fait, sûrement, d’une production assez rocambolesque, qui le fit arriver, très brièvement, sur les écrans, en 1983 seulement, soit près de dix ans après la réalisation de ses premières scènes.
    C’est en effet après le succès de la première saison de Kung Fu en 1973 que l’acteur, désireux de se lancer dans la mise en scène, monta en toute hâte une maison de production, et profita de ses vacances pour partir un petit mois dans le Kansas, avec une équipe réduite, tourner deux films pour un budget dérisoire, une comédie musicale, A country Mile, dont il laissa la mise en scène à Michael Greene (le personnage principal, interprété par Carradine, étant censé être ivre en permanence, l’acteur avait décidé de tourner ses scènes dans le même état, pour voir le résultat, un sursaut de lucidité lui fit comprendre qu’il était plus sage, dans ses conditions, de laisser la mise en scène à un autre) et Americana.
    Ce dernier est adapté d’un roman d’Henry Morton Robison sorti en 1945, dont Carradine n’avait pas les droits (c’est Martin Scorsese qui lui conseilla de passer outre ce détail et de se faire plaisir en tournant quand même, lui assurant qu’il n’aurait pas de problèmes tant que le film resterait dans le circuit confidentiel des festivals), et qui raconte la difficile réinsertion d’un militaire revenu des champs de bataille dans une petite ville du Middle West, où il se consacre à la réparation d’un manège (Carradine adapta la situation à l’époque en faisant du personnage un ancien du Viet-Nam). Après avoir acheté un manège à la casse à Los Angeles, l’équipe s’installa donc dans une grande maison au cœur du Kansas, commença par tourner, en onze jours, A Country Miles, puis en 18 jours, Americana, avec des habitants du cru dans les rôles secondaires. Le tournage faillit s’interrompre au bout d’une semaine, les financiers s’étant avérés être des escrocs, avant qu’un exploitant de Wichita ayant entendu parler du tournage, ne passe sur les lieux, et décide d’investir au pied levé dans la production. Au bout d’un mois, Carradine rentra à Los Angeles reprendre le tournage de Kung Fu, Michael Greene alla à Taos, chez Dennis Hopper, monter A Country Miles, le résultat fut tellement pitoyable, que Carradine décida de ne jamais le sortir. Après un premier montage d’Americana, l’acteur laissa le film de côté, sa vie et sa carrière partant déjà un peu dans tous les sens.
    Au début des années 80, une de ses proches, alors assistante de production à la United Artists, curieuse de voir ce film qui n’avait pas bougé depuis près de sept ans de son étagère, fut éblouie par le résultat. Carradine décida alors de s’y consacrer à nouveau, profita d’un jour férié pour tourner clandestinement, avec la complicité de l’assistante de prod, quelques scènes supplémentaires dans les studios de United Artists, une dernière dans les studios de la MGM, là encore en toute clandestinité, alors qu’il tournait un film pour le studio.Après une projection à Sundance en 1981, United Artists acheta les droits, puis, l’équipe ayant quitté le navire après le désastre des Portes du Paradis, Americana fut de nouveau oublié. Carradine racheta les droits, il les revendit à la MGM, qui organisa une sortie pour le moins confidentielle en 1983, l’époque était à Flashdance et à Wargames, le public hypnotisé par les montages ultrarapides n’était plus prêt du tout à accueillir cette lente balade désespérée, un poème en images selon Walter Hill. En dépit de son thème, Americana est en effet plus proche des langueurs magnifiques de Tender Mercies ou de Paris Texas, voire du splendide Cockfighter de Monte Hellman, que de l’efficacité bourrine d’un Rambo.
    Interprété par Carradine et Barbara Hershey, sa compagne de l’époque, ce film contemplatif raconte l’histoire d’un vétéran du Viêt-Nam qui, souffrant de troubles psychologiques dont la nature n’est jamais précisée, arrive un beau jour pieds nus de nulle part dans une petite bourgade du Kansas, tombe sur un manège abandonné au milieu d’un champ à la sortie du village, et se met en tête de le réparer, et, peut-être, de se réparer lui, par la même occasion, de renouer avec une part d’enfance, une innocence perdue, avec une autre image de l’Amérique, aussi, celle d’avant les traumatismes. Bien vite, il devient un objet de curiosité pour les habitants, le mécanicien du village, peut-être sexuellement troublé par le militaire, se lie d’amitié avec lui, les choses commencent à mal tourner lorsqu’un combat de coq illégal est organisé, notre héros dégoûté par la violence, l’interrompt brutalement, et se met à dos les hommes du village, qui, ivres de rage, vont détruire son manège.
    Portrait sans concession d’une petite ville du middle-west au milieu des années 70, Americana est aussi l’un des plus beaux films sur un sujet pourtant abondamment traité par le cinéma américain de l’époque, la réinsertion des soldats du viet-nam. Pas de violence ici pour imposer la nécessité de la non-violence (Billy Jack), pas d’anti-militarisme un peu simpliste (Coming Home), pas de glorification de l’héroïsme américain (Rambo 2), pas non plus de catharsis violent (Voyage au bout de l’enfer). Pas de colère ni de vengeance, pas de flash-back explicatifs, pas de stéréotypes ni de clichés, mais des personnages complexes, de l’humilité, du réalisme (accru par les acteurs non professionnels, les vrais habitants de la ville, tous d’une justesse confondante) et au final un film profondément humain, qu’on garde longtemps en soi.

    P.S : Ben oui, ces 70 ans de cinéma Américain, et pour cause…

  33. Olivier dit :

    Oui, j’ai bien peur que le divorce ne soit bel et bien consommé entre Sidonis et SGGC, d’où l’impossibilité de continuer la distribution des westerns du catalogue Universal. C’est bien dommage si cela reste en l’état… Sinon, je souhaitais signaler la parution en zone 1 du volume 3 de la superbe série « Forbidden Hollywood » (Films tournés juste avant l’entrée en vigueur du code Hayes). Il s’agit cette fois d’un coffret entièrement consacré à William Wellman (Other Men’s Women / The Purchase Price / Frisco Jenny / Midnight Mary / Heroes for Sale / Wild Boys of the Road). A noter que l’initiative Warner – TCM a fait des émules, car Universal vient de sortir un coffret dans le même esprit intitulé « Pre-Code Hollywood Collection » avec l’accroche « 6 Shocking Films From the Era Before Rules ! ». Les titres de ce coffret sont les suivants : The Cheat (George Abbott) / Merrily We Go to Hell (Dorothy Arzner) / Hot Saturday (William A. Seiter) / Torch Singer (Alexander Hall – George Somnes) / Murder at the Vanities (Mitchell Leisen) / Search for Beauty (Erle C. Kenton).

  34. A Goosens :
    Vous m’apprenez la nouvelle que l’on ne m’a pas communiquée. Je n’ai revu aucun de ces 3 films et c’est pour cela que je ne les ai pas commentés. J’ai un souvenir médiocre des deux premiers et moyen du troisième qui méritait cependant d’être revu. J’avais suggéré durant toutes ces années des tas d’autres titres à Monsieur Carradore qui n’a tenu compte d’aucune suggestion, laissant échapper ces titres chez d’autres distributeurs.

  35. Louis dit :

    C’est un article très intéressant. Je vous remercie pour les info.

  36. goossens dit :

    bonjour Mr Tavernier,

    connaissez-vous les 3 derniers westerns sortis chez sidonis:

    -L’étoile brisée
    -Une arme pour un lâche
    -Le diable dans la peau.

    Les avez-vous commentés? Sinon, valent-ils quand même la peine d’être découverts?

    J’ai par ailleurs appris par le biais du site « westerns movies », que Sidonis n’était plus en mesure d’assurer la distribution de sa collection de westerns…Cela va-il compromettre votre contribution et celle de Mr Brion dans ce domaine? Dans l’affirmative, j’en serais bien désolé… Très cordialement.

  37. Olivier dit :

    Bonjour,
    Pour emboiter le pas à Jean-Jacques Manzanera, j’y vais de mon couplet pour un éventuel (et très désiré) « 70 ans du cinéma américain ». Est-ce que le projet est dans les tuyaux ? Si oui, et si mes calculs sont bons, on est en mesure d’attendre une édition revue et augmentée, portant ce titre (avec un beau 70) au cours de l’année 2015… Dans le cas contraire, que fait Omnibus ??? Que faut-il faire… ? Le pied de grue devant la maison d’édition ? Séquestrer le directeur ? Lancer une pétition ? J’imagine tout-de-même que l’éditeur, conscient de votre notoriété de plus en plus grande (je fais référence à votre présence dans bien des bonus de DVD : chez Studio Canal pour vos propres oeuvres et les films des studios Ealing, chez Sidonis pour le Western et « The Best Man », chez Wild Side pour « The World in his arms », aux Editions Montparnasse pour le superbe coffret Richard Fleischer, et j’en passe…) se dit qu’il tient là une réédition qui va lui rapporter de l’argent… Même si dans l’idéal, il faudrait qu’il le fasse quelles que soient ses projections financières, juste parce-que vous êtes le cinéphile le plus encyclopédiste, le plus précis, le plus passionné et le plus intéressant qui soit en France. Vous êtes présent sur bien des fronts (vos conférences au Forum des images à Paris portant sur des DVD choisis dans votre collection privée) mais il faut que tous les acteurs qui peuvent vous donner la parole vous la donnent. Tu entends ça Omnibus ? Il faut faire parler Tavernier que diable !!!

  38. Merci pour votre réponse.
    je suis très intrigué par Dark waters (de même que par None shall escape) que je n’ai jamais pu voir mais que vos commentaires rendent très désirables: des éditions zone 2 sont elles en vue?
    Autre film ,à mon sens très accompli, l’étonnant Man in the wilderness de R Sarafian découvert sur TCM (et guetté depuis fort longtemps suite à la lecture de l’article de 50 ans de cinéma américain: vos propos ont suscité une réminiscence d’un visionnage TV dans les années 70, avec ce surgissement du bateau derrière les arbres).Amoureux de l’univers et de l’écriture de Jack London, je vois dans ce film une transposition tout aussi satisfaisante que Jeremiah Johnson: pas de concessions au sentimentalisme, sens de l’espace , alternance entre plages contamplatives et emballement du récit . je suis très surpris que des splendeurs telles que Martin Eden ou Radieuse aurore (sans parler des nouvelles de Lost face) n’aient attiré l’attention de tempéraments forts tels que Cimino, Mallick ou Fuller.
    Je reverrais volontiers sur grand écran ou dans une édition DVD riche ce Man in the wilderness âpre, d’une beauté frémissante, avec un Richard Harris très tenu et un John Huston impérial en Achab des Rocheuses. Alors que sortent des westerns spaghetti à tire larigo (je viens de voir dans les rayonnages les consternants Sabata! ), je n’ai pu trouver ce film ni le génial , à mon sens , Northwest passage de king Vidor (je connais vos réserves… mais quelle mise en scène bon sang!).

  39. Merci, je ne peux qu’être d’accord avec toutes les opinions et avis,
    y compris sur le Klimov

  40. Merci pour votre réponse, Bertrand Tavernier.
    Permettez-moi une autre question , éditoriale celle-là: aurons-nous droit à une édition augmentée de 50 ans de cinéma américain comme vous le fîtes pour Amis américains? Cette « bible » m’accompagne dans mes visionnages de films sur la câble ou dans les rayonnages de DVD (moins souvent au cinéma car la Dordogne est un peu éloignée des salles intéressantes).
    Je suppose que vous auriez beaucoup à dire sur l’évolution de certains auteurs (Eastwood notamment dont j’oubliais de signaler le dyptique d’Iwo Jima parmi les plus beaux films ayant pour cadre la seconde guerre mondiale, les éditions DVD collector sont très belles , ce qui n’est pas toujours le cas pour cet auteur pourtant reconnu comme le prouve la récente sortie de L’échange assez indigente… mais aussi Terence Mallick, les frères Coen, Burton, le grand James Gray dont l’édition de We own the night est exceptionnelle chez Wild side, etc…), sur des redécouvertes, sur l’état de la production.
    Dans le précédent courrier, je tapais sur Marin Karmitz. sans retirer un mot de ce que je dis, je m’empresse de signaler aux internautes l’édition de The other chez MK2. Assez belle copie que ce soit pour le son ou l’image. Quelques « boni » intéressants: petite préface de P Berthomieu (qui oublie néanmoins le génie de Mulligan dans The stalking moon.A quand une belle sortie DVD de cette perle?), analyses du « style » et de la musique un peu trop brèves à mon goût. Je n’ai jamais pu voir The nickel ride: des internautes sauraient-ils s’il est possible de se le procurer en zone 2?
    A quand par ailleurs la sortie française de Days of heaven et heaven’s gate (version longue of course: il pourrait y avoir un travail éditorial ample au vu de l’histoire du film, de son remontage, des attaques indignes qu’il dut subir… j’attends en gros un travail de la même qualité que celui qu’ont connu quelques Peckinpah récemment: Wild bunch, Major dundee et Pat Garett). Je vois un signe dans la présence du terme « heaven » dans les deux titres: ce sont deux de mes films favoris toutes périodes confondues!!!

  41. A Olivier E :
    STORM WARNING est sorti en zone 1 ainsi que THE STAR et BEACHHEAD, trois films passionnants d’Heisler. Ainsi, hélas que le très médiocre TOKYO JOE

    A Jean Jacques Manzanera :
    L’édition dvd de TRACK est fort bonne.
    J’ai fait suivre votre question à l’Institut Lumière.

  42. Pour répondre à Pierre, l’éditionDVD de track of the cat vaut le détour même si elle ne s’avère pas exceptionnelle.
    Le respect de la photographie très travaillée est au rendez-vous, le format me semble convaincant et certains bonus sont intéressants (on peut glaner des infos dans les commentaires audio de T hunter, le jeune cateur, et dans ceux de f Thompson; l’hommage à WW est convenu; les réflexions sur W Van Tilburg Clark s’avèrent éclairantes).
    Le problème chez les gros éditeurs est qu’ils proposent des éditions souvent pauvres de nos classiques favoris: je pense à cette triste édition française de Night of the hunter réduite au minimum syndical (alors que, si mes souvenirs sont bons, on a retrouvé il y a trois ou quatre ans des rushes nombreux montrant les méthodes de travail du grand auteur) ou encore à Ulzana’s raid tout aussi pauvre.
    Le cinéaste américain qui me semble le mieux servi actuellement, même si manquent forcément à l’appel un nombre incroyable de titres importants, est Ford.
    On ne dira jamais assez combien le travail des éditions Montparnasse s’avère admirable. Rappelons qu’elles proposent La chevauchée fantastique, La charge héroique, Le massacre de fort Apache et Le mouchard. Pour ne prendre que She wore a yelow ribbon, il faut d’abord souligner l’exceptionnelle qualité de la copie (j’ai eu l’impression de redécoucrir la qualité plastique du film), le prix de l’entretien avec ford, le brio des analyses de l’indispensable B Eisenschitz et de T Gallagher dont je n’ai pas toujours partagé les pistes de lecture par ailleurs, l’intérêt de la galerie de peintures de F Remington, peintre de l’ouest qui inspira souvent
    Ford).
    J’ai acquis aussi les 2 coffrets CGHTV de trois films: le premier donne à voir les indispensables Young mister Lincoln (belle copie et suppléments passionnants dont une magnifique leçon de cinéma de Douchet) et Drums along the mohawks ( couleurs et format satisfaisants) et l’intéressant Prisoner of shark island; le second coffret est moins indispensable même si agréable du fait que seul émerge pour ses qualités intrinsèques Steamboat round the bend, un récit sudiste nonchalant, bizarre par à coups, porté par le jeu de Will Rogers… What price glory et four men and a prayer sont plus dispensables et les suppléments sont assez superficiels sauf la réflexion de J Collet (je passerai sous silence la longue interview de Mocky).
    Bien sûr, on attend un beau coffret avec des éditions riches de quelques chefs d’oeuvre connus (Les raisins de la colère, wagon master, three godfathers aux éditions déplorables) ou méconnus (le plus qu’émouvant The last hurrah que je place très haut, quelque part entre Place aux jeunes et Imitation of life… ou encore le très sophistiqué The long voyage home, la magnifique « americana » Doctor Bull découverte grâce à cinéclassics et j’en passe forcément!!!!).
    Quand on voit toutes les sombres bouses qui ont droit à une sortie DVD parfois prestigieuse, on se dit que des éditeurs comme Carlotta, montparnasse, wild side, arte ou MK2 (même si Marin Karmitz, entre ses procès contre des cinés indépendants et ses connivences plus que coupables avec NS , ne m’est plus très sympathique) font un travail exemplaire.
    Je me permets d’attirer l’attention sur un petit éditeur prometteur: il s’agit de Potemkine. Pour qui veut découvrir des oeuvres russes importantes (les indispensables Mère et fils de Sokourov, Requiem pour un massacre de klimov, à mes yeux le plus grand film ayant pour sujet la seconde guerre mondiale aux côtés de La ligne rouge de Malick, The big red one de fuller et Croix de fer de Peckinpah) ou acquérir le coffret Rozier (ah! que n’a t’il pas plus tourné celui-là!!!), potemkine est déjà un éditeur qui compte.
    Bonne continuation au site: JJM
    PS: je voulais remercier BTavernier pour un tout autre sujet: sa mise en évidence des dangers de l’AMI il y a quelques années furent pour moi le début d’une prise de conscience et d’engagement. Maintenant le problème se nomme AGCS et la menace est entière!!!

  43. Cher Bertrand Tavernier,
    Merci pour cette copieuse chronique DVD concoctée après les semaines de folie qu’ont dû être la sortie de votre magnifique In the electric meast (après Thompson , Burke… ne seriez vous pas l’homme providentiel susceptible de rendre enfin justice à Ellroy?).
    Deux questions:
    -l’institut Lumière envisage t’il la sortie d’autres Powell avec votre collaboration? Je pense notamment aux Contes d’ Hoffmann.
    -est-il envisageable que ce même éditeur puisse nous offrir des DVD dignes de ce nom contenant Day of the outlaw et Play dirty (ma VHS est morte à force de revisionnages) d’ André de Toth?
    -peut on espérer la sortie DVD de Wind accross the Everglades de Ray en France, dans une belle édition (contenant éventuellent des scènes non montées)? Je suppose que vous avez songé à ce film lors du tournage de Electric meast…
    Je suis profondément heureux de constater le succès de votre dernier film.Bonne continuation!

  44. Olivier E. dit :

    Décidément, la liste des « sources » de TAXI DRIVER ne cesse de s’allonger. Scorsese avait déjà signalé MURDER BY CONTRACT d’Irving Lerner pour les scènes de « mise en forme » de Robert De Niro. Pour NEW YORK, NEW YORK, il avait puisé dans le beau Curtiz que tu signales : MY DREAM IS YOURS… Je n’ai pas revu depuis longtemps THE MONSTER AND THE GIRL dont j’ai une VHS, mais je me souviens d’une magnifique scène d’errance nocturne du « monstre », filmée du haut des toits. Heisler est très peu gâté par les éditeurs de DVD : STORM WARNING, AMONG THE LIVING, ISLAND OF DESIRE mériteraient un petit effort…

  45. Pierre dit :

    En lisant les commentaires précédents sur le fabuleux « Pursued » et sur le western neigeux de Mann, j’ai repensé à un film étonnant de William Wellmann, « Track of the cat » toujours avec le grand Bob (et un scénario de « Buzz » Bezzerides qui allait signer l’année suivante le polar OVNI définitif, « Kiss me deadly », ce qui tout de suite force le respect). Si mes souvenirs sont bons, il se déroulait entièrement sous la neige ce qui malgré la pellicule couleur en faisait presque un western noir et blanc avec quelques taches de rouge. Je suis sûr que Jarmush s’en est souvenu quand il a choisi Mitchum pour jouer dans son prodigieux « Dead man ». J’ignore ce que vaut l’édition DVD collector éditée par la Pamount…

  46. Olivier dit :

    Bonjour, je vous signale qu’il existe 4 coffrets consacrés à Michel Deville chez Gaumont/Elefilm (le dernier vient de sortir). L’ensemble de ces coffrets, en tout 23 DVD / 24 films, a obtenu le prix 2008 des Meilleurs coffrets DVD, décerné par le Syndicat français de la Critique de Cinéma.

  47. SONATINE dit :

    C’est vrai que le Carrie de Wyler est un très beau film, oublié. Selon le metteur en scène, les coupes sont dues en partie à une très grande frilosité de la Paramount, qui craignait d’avoir des soucis avec un Joe McCarthy alors au mieux de sa forme, du fait de l’image très sombre de l’Amérique donnée par le film – et le roman de Dreiser. Bouclé en mars 51, le film ne sortit qu’en juillet 1952, sans promotion, et après que le metteur en scène eut accepté de couper la scène de suicide du personnage de Laurence Olivier.
    Jennifer Jones y est en effet très bien, en dépit de quelques tensions sur le tournage avec Wyler. Son choix s’était en effet porté sur Elizabeth Taylor (que la MGM refusa de lâcher), la Parmount voulait Ava Gardner, Selznick manoeuvra sans relâche pour imposer Jones – qui apprit à Wyler après quelques jours de tournage seulement qu’elle était enceinte de quelques semaines (d’où le multiplication nécessaire des gros plans sur son visage en fin de tournage – elle perdit finalement le bébé).
    Pour l’anecdote, le premier choix de Wyler pour le scénario s’était porté sur Lillian Hellman, qui, pas disponible, lui proposa un tout jeune romancier, Norman Mailer, le metteur en scène rejeta l’idée, il voulait quelqu’un d’expérience. Le studio était peu partant pour Laurence Olivier, trop anglais à leurs yeux pour interpréter un homme du Midwest, Wyler réussit tout de même à l’imposer (et Olivier, magnifique dans le film, prit quelques leçons « d’accent » avec Spencer Tracy, à qui il avait lui-même donné quelques cours « de british » l’année précédente, à Londres, Tracy habitait alors chez Oliver pendant le tournage d’ Edward my son)

  48. Larry DEWAELE dit :

    Bonjour et merci pour cette nouvelle moisson de merveilles et de curiosités.

    Je me suis jeté sur The Furies dès que j’ai vu qu’il était « critérionisé ». Ne l’ai pas encore reçu, malheureusement. Quant à Pursued / La Vallée de la peur, un des plus grands films du génial Walsh, vous n’aviez pas répondu à la question que je vous posais à son propos à l’occasion de votre dernière chronique. En savez-vous plus? La merveilleuse copie restaurée qui circulait à un moment dans les cinémas Action n’a même pas réapparu à l’occasion d’un festival Mitchum. Espérons qu’elle ne restera pas sur les étagères, et qu’un dvd français digne de ce nom sorte enfin – le dvd américain ne met pas en valeur le film plus que cela (et il n’a pas de sous-titres français, qui plus est).

    Bien à vous,

    Larry Dewaële

  49. Pierre dit :

    Les coffrets Michel Deville, à priori, quel cadeau ! Surtout le premier. Qui contient entre autre « Lucky Jo », un petit polar de comédie bien sympathique (enfin, c’est le – vieux – souvenir que j’en ai gardé), le très fin « Adorable menteuse » avec Michel Vitold, un comédien de grande classe un peu oublié aujourd’hui et, cerise sur le gâteau, un véritable joyau : « Ce soir ou jamais ». Je crois qu’à lui seul, il peut justifier de casser sa tirelire (d’ailleurs, je ne sais pas ce que j’attends). La description que donne Bertrand Tavernier du personnage de – et de l’acteur – Claude Rich est aux petits oignons. La même année, il était déjà excellent dans « Le caporal épinglé » de Renoir (avec son envolée illuminée sur le gaz à tous les étages). Chez Deville, il développe l’immense palette de son talent qui le rapproche, je trouve, davantage des grands acteurs britanniques que de la tradition théâtrale française. Comme si il y avait en permanence une seconde couche sous le vernis du « godelureau » pour reprendre l’expression de Bertrand. De l’understatement. Quant à Anna Karina… Si vous devez expliquer à quelqu’un l’expression « un ange passe », montrez-lui « Le petit soldat » de Godard et « Ce soir ou jamais », un des plus rafraîchissant marivaudage du cinéma des années 60.

    Je ne connais pas les deux autres films contenus dans ce premier coffret (« A cause, à cause d’une femme » et « L’Appartement des filles ») mais je parie un petit déjeuner devant la vitrine de « Tiffany’s » qu’ils valent plus que le coup d’oeil parce que le duo scénaristique Deville-Companeez a rarement déçu.

  50. claret dit :

    Merci Nadia & Bertrand
    Paul-Marie

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